Je saute de ma voiture, ferme à clef et la range dans mon sac à dos. L'astre solaire était haut dans le ciel ce samedi-là. J'étais de bonne humeur -normal quand on sait qui j'allais voir le lendemain. Dans un mois, le printemps sera terminé pour faire place à l'été. J'étais déjà en été moi, avec mes jambes blanches à l'air. Top, short, baskets de sport, j'avais presque l'air de Lara Croft ! Presque, ouais. Il était presque quinze heures et je m'impatientais de rencontrer Noah en chair et en os. Il avait l'air vraiment cool. Je savais que Madaleane était amie avec, puis Gaïa était sa petite amie (j'ai toujours pas compris d'ailleurs... Pour moi elle est lesbienne, enfin bref). Comme dit le proverbe, les amis de mes amis sont mes amis, ça ne pouvait donc que fonctionner entre nous deux. Il n'avait jamais fait d'accrobranche, j'espérais que ça allait lui plaire et réellement qu'il n'avait pas le vertige. Je me poste au niveau de l'entrée du site et lui envoie un message pour lui dire où je l'attends. De toute façon avec mes cheveux il me reconnaîtra. Je ressers mes deux couettes basses orange et rose. J'étais prête pour grimper aux arbres !

Je chantonne vaguement une quelconque musique du groupe français Superbus, contre la barrière, tandis que des individus la franchissent. Pour en sortir ou y entrer. Mes yeux fixent les petits cailloux sur le sol sur lesquels mon pied droit fait des vas-et-vient, dévoilant de la poussière couleur sable. Je lève la tête, quand soudain, je reconnus un homme qui semblait bien être le Mr. Woodford. Il me fait signe, j'agite timidement ma main. « Coucou ! » Lui répondis-je tout sourire en l'enlaçant à mon tour. Il me complimente sur mon physique et je ne me demandais même pas si c'était sincère ou non, je réponds derechef: « Merci, c'est gentil. Toi t'es... » Je fais alors de grands gestes avec mes bras pour mimer sa grandeur. Il était vachement baraqué n'empêche... « Plus impressionnant que sur facebook, ouais. » Je rigole doucement. C'était toujours étrange de passer du virtuel au réel. On ne savait vraiment pas sur quoi tomber. Comme pour les boîtes de chocolat. La différence étant que Noah, sans l'avoir rencontré en chair et en os auparavant, je savais que je ne risquais rien avec lui. Gaïa était mon amie et je ne pense pas qu'elle était du genre à sortir avec des psychopathes. Je fais deux pas en avant pour m'avancer vers l'entrée, avant de me stopper. « Je jette ta cigarette, ou tu te dépêches de la terminer ? » Un petit sourire en coin apparaît sur mes lèvres roses. Je ne fumais pas, ça ne me dérangeait pas spécialement -même si c'était mauvais- et encore heureux vu le nombre d'accro au tabac que je fréquentais.

Non, il ne me faisait pas peur. J'aurais déjà pris mes jambes à mon cou dans le cas contraire. Ce n'était pas le premier mec battit comme ceci que je rencontrais et/ou fréquentais. Il me sort qu'il m'aime bien, je le regarde en faisant papillonner mes cils et en mettant ma bouche en cul de poule. Je rigole puis le vois terminer sa cigarette pour l'écrabouiller au sol. La pauvre, je n'aurais pas aimé être à sa place. Je lève les bras au ciel et crie. « OUAIS JE SUIS SATISFAITE ! » Je tourne les talons et il passe un bras autour de mes épaules. Je l'imite de bon coeur, mais ma main ne reste pas longtemps accroché à son épaule. Il est trop grand et j'ai vite mal au bras. Ce gars allait me plaire, je le sentais. Je le connaissais que trop peu mais il avait l'air typiquement du mec avec qui je pouvais passer des heures à rigoler à cause de conneries. On finit par entrer et payer nos tickets. Suite à ça, je laisse mon sac à dos dans un casier pour qu'il ne me gêne pas puis, nous partons directement nous "armer". J'enfile par les jambes -vaut mieux- l'harnais et le resserre. Je suis prête, je pose mes lunettes de soleil orange sur mon nez et attend Noah. « Prêt ? Tu voudrais qu'on commence par quoi ? La piste verte pour les enfants de 1 à 3 mètres du sol ? » Je lui lance, taquine.

Noah met trois plombes pour enfiler ses jambes dans chaque boucle du harnais. Je me marre silencieusement en l'observant. Je ne savais plus si je lui avais demandé s'il en avait fait ou pas. Vue son assurance et sa vérification maladroite pour savoir si tout était bien réglé ; il est débutant ou n'en a pas fait depuis très très longtemps. C'est peut-être pour ça aussi que je lui avais proposé la piste la plus facile. Autant commencé en douceur et j'avais envie de le ramener à Gaïa en un seul morceau ! Je souris à pleine dents quand il s'énerve à moitié, en me jurant qu'il souhaite de l'adrénaline. C'est parfait, il était tombé sur la bonne personne. Sans prévenir, il m'attrapa la main et me tira vers l'avant. Je suis donc obligée de le suivre jusqu'à une piste quelconque. Le tatoué ajoute qu'il se la jouera super-héros si jamais je chutais. Je rigole de bon cœur. « Ha ha ha, c'est plutôt MOI qui te rattraperais je-ne-sais-comment si tu tombes ! » Soyons honnête, si par malheur il glissait dans le vide et que j'essayais de le retenir... Bah, je tomberais avec. Je faisais des efforts sportifs, ma masse musculaire était plus importante qu'il y a cinq ans mais il ne fallait pas se voiler la face ; j'étais à des années de lumière de le rattraper toute seule. Mes yeux se baissent en direction de son équipement et je remarque qu'un truc ne va pas. « Tu permets... ? »Je me penche en avant vers lui et glisse trois doigts entre son pantacourt et le harnais. Je décide alors de resserrer les sangles autour de ses cuisses. Au final, je me redresse et je lève mon pouce vers lui en mode c'est gooood, c'est Gulli good. Lui faisant par la suite dos, je découvre la piste bleue. Je m'approche de la pancarte d'information et lis à haute voix: « Piste Blue beech, niveau difficile. Grande randonnée blablabla entre cinq et douze mètres du sol. Vous quitterez le sol par une échelle verticale de huit mètres pour le plus long de nos parcours, où s’enchaînent plusieurs tyroliennes géantes... TROP BIEN ! Vous trouverez aussi un saut de Tarzan de neuf mètres. Ce parcours est adapté à tous les publics, à partir d'1m40... Ouf, je fais vingt centimètres de plus. » Je me retourne vers lui et ne demande même pas son avis avant de me lancer. Je commence donc à grimper à cette fameuse échelle de huit mètres en accrochant à chaque fois mon mousqueton à chaque câble se trouvant sur mon chemin.  

Toutes les deux secondes, je rigole. C'est bon à la fin de la journée j'aurais mal aux joues et au ventre. Au moins, qui sait, j'améliorais mes abdos comme ça ! Il me suit donc de près, et je tourne ma tête pour le regarder plus bas. « Je suis Jane, tu dois me suivre. Et fais pas le malin, ou tu te prends un pied dans la tronche. » Je continue de grimper l'échelle, alors que je l'entends me traiter de guenon. S'teu plaît, l'insulte quoi. Je m'arrête et pose mon regard sur lui. J'envoie un coup de pied dans le vide en faisant exprès de le manquer. Je ne voudrais pas lui faire mal. « Oups, je t'ai loupé. » Je dis avant de lui tirer ma langue. J'arrive finalement en haut de la plateforme avec une jolie vue de la forêt. Encore un peu plus haut et on pourrait carrément dominer les arbres. Je ramène mes lunettes de soleil sur le sommet de mon crâne et attends que Noah aie aussi terminé de faire le singe. La prochaine étape est un tunnel en bois suspendu avec des espaces entre chaque tubes. Je m'accroupie, accroche mon mousqueton au câble au dessus et entre à quatre pattes. « Alors vas-y, parle moi de toi ! Tu viens d'où ? T'as quel âge ? Quel senteur a ton gel douche ? Ton animal préféré ? » Dis-je un peu fort pour qu'il m'entende. Je rigole un peu à la fin de mes questions que j'avais lancé au tac au tac sans réfléchir. Cette après-midi dans les bois nous permettait de nous connaître pas vrai.