tu écrases ton joint terminé dans le cendrier que tu as posé sur le rebord de la baignoire. fumer un joint dans un bain. avait-on jamais rien fait de mieux ? non certainement pas. tu étais rentée d’ukraine depuis quelques jours désormais et ça te faisait du bien. faut reconnaître que tu avais du mal à te sentir chez toi ailleurs qu’à san francisco. parce que tu avais tout ici, tout tes amis, ton travail. depuis que tu avais ouvert le shop avec noah, t’avais vraiment l’impression d’avoir muri. tu te sentais plus adulte et surtout, tu cherchais un peu moins la merde. bon c’était pas encore parfait mais personne ne pouvait nier que tu faisais des efforts…
tu sors de ton bain, tu t’enroules dans ta serviette et tu allumes une cigarette. il est presque vingt et une heure. la journée au shop avait été très longue et tu étais épuisée. même si tu étais ravie de voir à quel point ça marchait. tu attrapes un legging noir et tu enfiles un sweat gris clair. on sonne à la porte. vu que heath est pas là, tu te doutes facilement que c’est pour toi. tu penses d’abord à camil ou dante. mais ils auraient pas sonné. tu vas ouvrir et tu découvres noah. tu plantes un grand sourire sur tes lèvres. « bah alors ! je te manquais tellement que t’es venu jusqu’à chez moi ?! » tu lances en souriant, avant de te décaler, pour le laisser entrer.

J'étais sortis en dernier du shop. Mon dernier rendez-vous voulait se faire tatouer toute la cuisse, j'y étais depuis la fin de matinée. Magda avait fini plus tôt, et je l'avais forcée à rentrer chez elle. Donnant un dernier coup de papier sur la dernière trace, je venais de terminer le tatouage. Manquait plus qu'à payer, nettoyer tout ça, et rentrer chez moi. Enfin rentrer chez moi... j'avais la flemme pour le coup. Retrouver mon appartement vide, j'avais pas envie ce soir. Rangeant tout le matériel, j'avais déjà mon idée en tête. Éteignant les dernières lumières, sortant mes clés pour fermer la porte du shop, j'allais retrouver ma voiture. Au lieu de rentrer chez moi, je passais dans le resto à sushis par très loin d'ici, je commandais deux menus, et je repartais dans ma bagnole. Tapotant mes doigts sur le volant, je roulais direction l'appartement de ma collègue. Elle allait me prendre pour une tarée, je travaillais toute la journée à ses côtés et j'allais encore la voir le soir. Pas ma faute si avec elle je me sentais bien. Je terminai par me garer près de l'immeuble, je grimpais les escaliers rapidement, mes sacs à la main, puis je sonne. Quelques instants après, la porte s'ouvre sur Magda, toute souriante. Obligatoirement, ça me fait sourire aussi. « bah alors ! je te manquais tellement que t’es venu jusqu’à chez moi ?! » je ris un peu, avant de passer la porte, claquant un bisou sur son front, « Ouais, deux heures sans toi c'était trop long. » je dis en souriant, avant d'enlever ma veste en cuir, montrant mes sacs à la brune, « J'espère que t'as pas bouffé, je t'ai ramené des trucs. »

sans mentir, on peut dire que noah a un peu changé ta vie. il t’as remis sur pied. il t’a tenu la main alors que tu devenais la pire des garces, nourrie de la haine que tu avais pour denver de te voler ton meilleur ami. et puis noah… noah est arrivé. et t’avais eu l’impression qu’il t’avait dit « t’inquiètes, j’suis là. je vais m’occuper de toi, moi. » et maintenant vous aviez tellement de choses en commun que s’en était presque insensé. rien que le shop vous liait plus que si vous aviez un gamin ensemble. et t’étais vraiment heureuse que ce soit avec lui que tu entrainais ce lien. t’aurais pu le faire avec personne d’autre que lui. ça non. même pas camil. même pas dante. personne d’autre que lui. il souffle un bisou sur ton front en entrant. forcément, tout le monde te domine toi et ta taille d’enfant de douze ans. « ouais, deux heures sans toi c'était trop long. » tu souris. noah, c’est un joli-cœur. noah t’avait sacrément manqué pendant ton séjour en ukraine. « j'espère que t'as pas bouffé, je t'ai ramené des trucs. »  il dit. pour une fois non, tu n’avais rien fait. d’habitude tu passais ton temps à faire de la bouffe. tu savais pas trop pourquoi, c’était comme un toc, tu pouvais pas t’empêcher de faire à manger tout le temps, pour tout le monde. t’adorais ça. mais là non t’avais rien fait. comme si tu savais qu’il allait débarquer. « non j’ai rien fait t’as de la chance ! » tu refermes la porte et tu l’accompagne jusqu’au salon, avec ses sacs. « si je comprends bien, moi j’ai juste à fournir des litres d’alcool ? » tu lances en riant.

Rien que voir sa bouille souriante, direct ça me mettait de bonne humeur. J'aurais jamais cru m'entendre aussi bien avec une collègue, comme quoi, le courant était vachement bien passé entre nous. Mais c'était pas une collègue maintenant, c'était bien plus que ça. Je saurais même pas définir notre relation en fait. Mais c'était quelque chose de fort, très fort. Enfin, de mon côté j'étais persuadé de ça. C'était comme si j'avais besoin d'être près d'elle, tout le temps, de savoir qu'elle va bien, de la protéger... c'était bizarre, et ça avait le don de me perturber aussi des fois quand j'y pensais. Enfin bref, j'allais pas me casser la tête encore plus. Passant les sacs à Magda, j'avançais le long du couloir pour arriver jusqu'au salon, « non j’ai rien fait t’as de la chance ! » je souris, hochant la tête alors que je passe une main dans mes cheveux courts, « si je comprends bien, moi j’ai juste à fournir des litres d’alcool ? » je mêle mon rire au sien, avant de venir vers elle pour ébouriffer légèrement sa tignasse brune, je sais qu'elle aime pas ça, mais c'est juste histoire de la taquiner, comme toujours... « Mais c'est qu'elle est futée la demoiselle ! » je lance, avant la recoiffer un peu, passant doucement mes doigts entre ses cheveux, « Au fait, je débarque mais... t'avais quelque chose de prévu peut être ? » je demande, fronçant mes sourcils. Pitié qu'elle dise non.

tu ne sais pas quoi penser de ta relation avec noah. tu sais qu’elle fait jaser parce que vous coucher ensemble. mais dès que tu as le malheur de sourire à un mec ici, tout le monde te tombe dessus dans le quart de seconde. en fait, tu t’es jamais vraiment posé la question à propos de noah. c’est peut-être pour ça que tu aimes tant votre relation. parce qu’elle est pas compliqué, pas prise de tête. parce qu’elle te bouffe pas de l’intérieur comme ça peut être le cas avec camil. noah est simple, pas compliqué. il te change la vie, il te fait du bien. il te fourre pas trois milles questions sans réponses dans la tête. il est ton compagnon de route. noah t’ébourriffe les cheveux, tu fronces en fermant les yeux et secouant la tête. tu détestes ça, tout le monde le sait, même lui. « mais c'est qu'elle est futée la demoiselle ! » il dit. tu vas jusqu’au buffet pour prendre deux verres et sortir le plus de bouteilles que tu peux. trois. franchement, vu tes performances et ta maladresse, c’est un miracle. t’es fière. « au fait, je débarque mais... t'avais quelque chose de prévu peut être ? » tu poses ton bazar sur la table basse du salon. « non, je t’attendais. » tu réponds d’une voix faussement sensuelle, en lui faisant un clin d'oeil. vu ta tenue si pleine de charme (rires) c’est clair que t’attendais personne…

Je me penche pour sortir les sushis pendant que je laisse Magda aller chercher de quoi boire et de terminer la soirée aussi ivres que pas possible. Je sors les petits rouleaux, les baguettes, je dispose tout ça sur la table basse. Un vrai dîner romantique. J'aurai dû amener des chandelles tiens. Ca ferait trop peur à Magda après. Remarque, ça pourrait la faire rire. Surtout que jamais eu l'âme du mec romantique, même pas avec mes exs. Je pouvais être galant, gentleman, mais tout ce qui était dans le délire de bougies parfumées et des cœurs partout... quand même. Fallait pas exagérer. Me redressant un peu, je vois Magda arriver, avec ô exploit ! trois bouteilles et deux verres. Je souris, la laissant passer pour qu'elle dépose tout à côté de la bouffe. « non, je t’attendais. » et elle me dit ça avec cette voix, ce clin d'oeil... obligé que mon sourire s'agrandisse. Même si je savais qu'elle l'avait sortit sur ce ton, histoire de blaguer, « Faut pas me dire ça sur ce ton là tu sais... » je réponds en prenant à mon tour une voix mielleuse, continuant de l'observer.

t’aimes jouer avec noah. tu sais qu’avec lui, les choses sont simples et sans prises de tête. c’est pour ça que tu te le permets. malgré ce que les gens disent, c’est faux. tu ne t’amuses pas à faire n’importe quoi avec n’importe qui. au contraire. tu sais très bien avec qui tu ne risques rien. et avec noah, t’es complètement en sécurité. « faut pas me dire ça sur ce ton là tu sais... » il dit, sur le même ton que toi. voilà, noah et toi. tu souris. tu te rapproches doucement de lui, en papillonnant, genre midinette, ce que t’es pas. « ah oui ? et pourquoi ça… ? » tu dis doucement, avant d’éclater de rire. tu vas ensuite t’asseoir en tailleur devant la table pour dévorer les sushis qu’il a apporté. « miam, des sushis, j’adore ça. » tu dis en ouvrant des yeux énormes, prête à tout manger.

Je la laisse s'approcher vers moi, en mode fille volage qui essaye de m'amadouer. Je résiste à l'envie de la prendre dans mes bras, je reste là, faisant une mine stoïque pour ne pas me dénoncer moi-même. Elle est mignonne. « ah oui ? et pourquoi ça… ? » mon éclat de rire termine par se mêler au sien, alors que je la laisse se retourner vers la table remplis de toutes les bonnes choses du monde : bouffe et alcool. Et Magda en plus, pour le coup. Soirée parfaite. « miam, des sushis, j’adore ça. » je ris, terminant par la rejoindre, m'asseyant en tailleur également, en biais par rapport à sa place, histoire de pouvoir la taquiner le plus possible, « J'ai pris les maxi menus au cas où... Bon app' !» j'annonce, en sortant les baguettes de leur boîte, attrapant une boîte à sushis, que je commence à engloutir, « Putain c'est la vie ce truc... » je dis en même temps que je mâche, la bouche à moitié pleine. Sexy à souhait, c'est moi.

« j'ai pris les maxi menus au cas où... bon app' ! » dit noah, alors que tu regardes déjà les sushis avec bien trop d’envie. ça fait trop longtemps que tu en as pas mangé et les voir là sous tes yeux te rappelle à quel point tu aimes ça. tu en prends un au hasard et commence à manger. « putain c'est la vie ce truc... » il ajoute. tu souris avant de hocher la tête. faut reconnaître que les sushis doivent être dans ton top ten des trucs que tu aimes manger. malheureusement t’arrives jamais à en faire. en tout cas visuellement c’est jamais très top…
« bon alors, ça c’est bien passé la fin de journée ? » il fallait dire que tu étais vraiment rentrée tôt, tu t’en étais un peu voulue d’avoir abandonné noah comme ça, mais une fois avachie dans ton canapé, il fallait bien avouer que ta culpabilité c’était envolée en une seconde.

Cette complicité, ce feeling que j'avais avec Magda, je ne l'échangerai pour rien au monde. Je me rappelle encore la première fois que je l'ai vue, sa petite frange, ses cheveux bien noirs... et ses yeux. J'avais même flashé sur ses yeux, je m'en rappelle. Elle dégageait tellement de choses, rien que part le bout de femme qu'elle était. Et je savais qu'on allait bien s'entendre. Mêmes blagues, mêmes conneries, même délires... J'avais bien trouvé ma collègue. Et j'étais content qu'elle fasse partie de ma vie maintenant, je ne pouvais pas le nier. « bon alors, ça c’est bien passé la fin de journée ? » je lui fais signe d'attendre deux secondes, histoire que j'avale mon sushi que je viens de passer entier dans ma bouche. Je mâche et je mâche, terminant par avaler le gros morceau qui passe difficilement dans ma gorge. Je termine par soupirer un coup, avant de tourner mon regard vers elle, « Bof... tu m'as trop manqué. » je réponds en lui faisant un clin d'oeil, bien que ça soit totalement vrai, « J'aime bien quand t'es là, même si on est pas dans la même salle et que je te vois pas forcément. » je dis en haussant les épaules, terminant par me concentrer sur les sushis.

tu n’avais jamais la pression avec noah. les choses venaient d’elles-mêmes. toutes seules. sans que tu aies besoin d’y réfléchir. comme quand tu lui avais proposé de travailler avec toi. t’avais pas réfléchi pendant trois siècles avant de lui proposer, parce que tu savais que c’était la bonne chose à faire. et par chance, il avait accepté. « bof... tu m'as trop manqué. » tu souris, en continuant de manger ton sushi. « j'aime bien quand t'es là, même si on est pas dans la même salle et que je te vois pas forcément. » il ajoute. tu finis ta bouche. en fait, tu vois pas trop quoi répondre à ça. « ben, à partir de demain je ferai des heures supp’ pour te tenir la main tout le temps. tu rends pas malade pour ça. » tu dis en riant.