Le moins que l’on pouvait dire c’état que ma vie avait changé du tout au tout en moins de quelques jours. Déjà, je n’étais plus enceinte, ce qui n’était pas pour me déplaire, car être l’assistée du coin ne me ravissait pas le moins du monde. Être incapable de se déplacer sans se créer des douleurs aigues au niveau des muscles comme une vieille avec ses rhumatismes n’avaient rien de franchement plaisants. En outre, je disais ainsi adieu à mon statut de baleine pour celui du thon, ce qui était déjà un bon début. Il faudrait d’ailleurs je me programme des séances de remises en forme afin de retrouver ma forme d’antan, enfin il me faudrait trouver du temps pour cela car je tenais à être là pour mon fils. Les baby-sitters étaient très peu pour moi, j’avais saigné et pleuré pour l’avoir et ce n’était sûrement pas pour que quelqu’un d’autre s’en occupe. Tiens, en parlant d’Elijah, je finis de le nourrir et allai le déposer dans son berceau, nul doute qu’il s’endormira dans moins de cinq minutes, étant resté éveillé toute la nuit, un véritable petit vampire celui-là. La journée je me repose et la nuit, je tiens réveillé tous ceux qui avaient le malheur de se retrouver dans un rayon de 200mètres, heureusement, j’étais insomniaque ainsi cela ne me dérangeait pas plus que cela et puis William était une aide non négligeable. La sonnerie retentit, me sortant ainsi de ma contemplation –je passais tout mon temps libre à regarder mon fils, la chair de ma chair, fascinée. J’allais ouvrir, non sans un certain agacement envers la personne qui venait m’importuner, agacement qui s’évanouit rapidement lorsque je vis le visage qui se tenait derrière la porte. Narcissa. Je la laissais entrer, surprise de la voir là. « Tu veux boire quelque chose ? » lui demandais-je sur le chemin du salon.

Je me contentai de lever nonchalamment les épaules, poussant un léger soupir à sa remarque. Il était vrai que je n’avais pas énormément d’heures de sommeil au compteur, mais je m’y attendais. En effet, un enfant ce n’était pas de tout repos et j’avais eu le temps durant ces neuf mois pour me préparer. « Déjà que je ne dors pas beaucoup d’habitude, là c’est encore pire mais ça va » un nouveau soupir puis haussement des épaules « Je me demande seulement comment gérer ça quand je vais reprendre le travail » Finis-je par lâcher, l’esprit ailleurs, plus pour moi que pour elle à vrai dire. Je n’y avais pas songé, enfin, je ne m’y étais pas longtemps attardée sur le sujet pourtant il était désormais temps de le faire. Je ne pouvais décemment continuer avec le rythme d’Esquire, c’était terminé les voyages à l’autre bout du monde pour des shoots ou bien encore pour assister à diverses fashion week ou bien simplement pour les vacances. Mes choix ne m’affectaient plus seulement moi mais Elijah également. Je savais bien que je pouvais le confier à William pendant mon absence, mais ce dernier était tout d’abord occupé avec son boulot et ensuite, je n’avais pas autant souffert pour laisser le soin à quelqu’un d’autre de s’occuper de mon enfant, il en était hors de question. Je devrais donc à coup sûr raccrocher, pour faire quoi ? Ca je n’en avais aucune idée et je me voyais très mal me la jouer uniquement femme au foyer. J’avais également besoin de m’épanouir professionnellement parlant. Ah, que c’était difficile de gérer les imprévus. La déclaration de Narcissa me sortit de mes pensées et machinalement je portai mon regard sur elle, un léger sourire aux lèvres. « Je suis contente que tu sois venue » lui dis-je sincère. J’étais bien heureuse de la voir, elle m’avait manqué et ce malgré tous les non dits et autres. « Eh bien, alors, comment tu vas, toi ? J’ai cru comprendre que tu avais combattu ton cancer avec brio, mes félicitations ! »

Elle avait raison. Dieu qu’elle avait raison. Dieu que je m’en voulais. Dieu que j’avais été conne. Certes, nous étions-nous disputées mais une telle indifférence n’était pas justifiée et surtout pas digne de l’amitié que nous entretenions depuis tant d’années. Narcissa était comme une sœur, une meilleure-amie, un mélange des deux mais en mieux. Je savais que je pouvais toujours compter sur elle, dans notre jeunesse, elle était souvent là pour couvrir mes arrières, même encore aujourd’hui et de mon côté j’en faisais de même. Enfin normalement… « Je sais que ça n’excuse rien mais je prenais régulièrement de tes nouvelles auprès de Keith » dis-je pour me défendre, piètre défense. Et elle était bien placée pour savoir à quel point je détestais Keith, la réciproque était aussi vraie, alors m’en remettre à lui démontrait de mon attachement. Et me rendait plus coupable encore à vrai dire. Je poussai un soupir à la fois coupable et accablé « Je suis vraiment désolée, sache-le, vraiment désolée » J’ancrai mon regard dans le sien, histoire qu’elle puisse juger par elle-même « Je sais que ça n’excuse rien, tu as toutes les raison du monde de m’en vouloir et je le respecterai mais… » Ma voix mourut. Mais quoi ? J’étais trop en colère ? Je suis trop conne ? Je lui en voulais trop ? « Mais…ce que t’avais fait m’avait donné l’impression que je ne comptais pour du beurre, que tes querelles enfantines avec William semblait plus importante que moi, tu vois, je t’avais fait une confidence, à toi en priorité en attendant de trouver une solution et t’as pas trouvé mieux que d’aller le dire au principal concerné » Je me tus un instant, ravalant cette boule qui s’était formée dans ma gorge. J’étais véritablement hypersensible ces derniers temps, voilà qu’un rien rendait mes yeux larmoyants. Bon, ce n’était pas un rien, certes, mais j’avais meilleur contrôle de moi-même habituellement. « C’est con, et ça n’excuse rien, je sais ça. Ca n’empêche pas que j’aurais dû être à tes côtés mais sache que j’étais tout aussi inquiète de ton état, puisque tu ne pourrais le penser mais… » Encore un silence. « Mais je sais pas, j’avais la sensation que je pouvais pas faire marche arrière après ce que je t’avais dit, que t’avais pas besoin de moi, enfin ce genre de truc » Je haussai les épaules « Je sais, c’est con »