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Nelly Furtado - Say it Right

Je ne suis pas un fervent consommateur, je suis même plutôt contre l'idée de dépenser tout son fric dans des choses inutiles que l'on risque de s'en servir qu'une seule fois dans tout sa vie. Cependant, le magasinage a aussi ses avantages qui sont non négociable dans mon cas. C'est une bonne façon de rencontrer des filles, bon je vous entends déjà de loin en me disant bien voyons tu es barman, tu a plutôt une belle gueule et tu es dans l'impossibilité de te trouver une fille dans ton milieu? Je vais vous surprendre en disant que oui effectivement je suis dans l'incapacité de me trouver une fille bien qui pourrait être ma copine. Travailler comme Barman c'est bien, ça des supers avantages, mais côté drague on repassera hein! Parce que tu perds vite ton attirance pour une fille quand cette dernière te vomis toute ses consommations sur tes souliers ou encore quand elle te parle au moyens de son et de ricanements plus ou moins explicites. Ça peut rebuter un homme je vous le garantis!

Je fais donc du lèche-vitrine et je matte un peu la gente féminine au passage. J'ai besoin de nouvelles fringues pour le boulot question de multiplier un peu les pourboires. Il n'a pas beaucoup de monde, donc c'est plutôt agréable de ce promener de boutique en boutique. Mon regard s'arrête sur une jolie brune à quelque mètres de moi. Je baisse mes lunettes de soleil sur mon nez pour mieux la regarder, je reste quand même discret. Elle semble nerveuse et pas du tout à son aise, elle est plutôt jolie, mais je n'arrive pas très bien à distinguer les traits de son visage. J'en profite donc pour m'approcher discrètement toujours quand la jeune femme tourne son visage dans ma direction. Je m'arrête sec dans mon élan. Ma parole je viens de voir un fantôme! Est-ce que je rêve ou la personne qui se trouve à quelques mètres de moi est une amie d'enfance? Je n'aimais pas son copain de l'époque, une mauvaise graine qui l'a entraîné dans le fond avec lui. La retrouvé à San Francisco retient du miracle!

Je ne sais pas trop comment réagir, devrais-je l'aborder comme une vieille connaissance? Je n'ai pas trop le temps de me poser la question, car elle semble avoir remarquer ma présence. On se dévisage un long moment, je ne crois pas qu'elle me reconnaît sur le coups. Après tout ça fais quelques années déjà. Elle se tourne pour prendre la poudre d'escampette, c'est plus fort que moi il faut que je cours à sa suite pour comprendre certaine chose. Elle remarque bien vite que je la suis avec le peu de monde qui nous entoure c'est relativement facile de la suivre. Elle s'enfuie dans une ruelle sombre et déserte. Enfin peut-être qu'elle veut que je la suis?

J'emprunte la ruelle à mon tour quand je me retrouve dans une impasse, personne. Je ne comprends pas par ou elle c'est enfuie. Résigné je suis sur le point de rebrousser chemin quand je mange un coup en plein visage. J'avais oublier qu'elle sait ce défendre la petite diablesse.

- Aïe! Ça va pas la tête?!

Elle ne semble pas vouloir s'arrêter je me refuse de la frapper, ce n'est pas moi alors autant tenter de la raisonner et endurer les coups. Je suis un homme ou pas?

- Du calme, je ne te veux aucun mal! C'est moi Calvin! Tu te souviens de moi? Calvin M. Sullivan!

Elle s'arrête pour m'étudier du regard et je peux reprendre mon souffle avant une autre rafale de coups on ne sait jamais. Je me doute dans quel pétrin elle est, mais si elle se souviens de moi elle devrait se rappeler comment je suis avec mes amies. Toujours fidèle et loyal.

C’était le soir, - le soleil était couché depuis belle lurette – et Jordan était dans un de ces centres commerciaux qu’elle détestait tant. Enfin, non, ce n’était pas totalement vrai. Les virées de shopping étaient sûrement son sport favori, mais c’était dans une autre vie, une vie révolue depuis fort longtemps. Depuis qu’elle fuyait la police, elle fuyait également ce genre d’endroit bondé de gens qui pourraient aisément la reconnaitre à tout moment. Malheureusement, ce soir-là, Jordan n’avait pas pu y couper. Elle devait s’acheter de nouveaux verres fumés parce que les siens étaient brisés – un crétin avait posé le pied dessus quand elle les avait échappés un peu plus tôt dans la soirée -, elle avait vraiment besoin de shampooing et de nouveaux vêtements. Elle n’en pouvait plus de ceux qu’elle portait. Et puis, on l’avait trop vue en ville avec ces vêtements-là, il fallait donc qu’elle en change et rapidement. Sans compter qu’elle commençait sérieusement à envisager de se procurer une nouvelle perruque. Rousse et bouclée, pourquoi pas? Pas qu’elle en ait assez de la perruque blonde, mais trop de monde l’avait vue avec les cheveux blonds. S’ils continuaient à rapporter aux flics qu’ils avaient vu une fille qui ressemblait à celle de la photo, mais qu’elle avait les cheveux blonds, elle ne tarderait pas à se faire remarquer.

D’un autre côté, il serait peut-être plus malin de sa part de quitter définitivement San Francisco, mais pour être franche, Jordan ne pouvait pas encore s’y résoudre. Oui, elle était maso, oui elle jouait avec le feu, mais c’était comme ça. Elle voulait avoir une explication avec Alexys, mais elle savait qu’elle ne l’aurait jamais sans devoir se faire mettre en cage, chose dont elle ne voulait absolument rien savoir. Bref, elle perdait son temps et ferait mieux de songer à ficher le camp très loin de la Californie. La Floride lui avait bien plu. Et si en plus, ça lui permettait d’oublier enfin Alexys, c’était ce qu’il y avait probablement de mieux à faire pour elle. Si ça pouvait faire en sorte qu’elle souffre moins, ça ne serait pas peine perdue. Non? N’empêche, chaque fois qu’elle se disait qu’elle allait partir, qu’elle était prête à quitter son motel minable pour prendre la route dans la bagnole qu’elle venait d’acheter d’un garagiste, elle reculait en se disant qu’elle pouvait tout aussi bien partir le lendemain.

Cette fois-ci par-contre, c’était décidé. Elle était restée trop longtemps à San Francisco et ça ne pouvait que lui amener des ennuis. Il y avait déjà la police qui était sur ses traces – merci Al! - , il y avait aussi ce type qui l’avait fait monter en voiture quand elle avait fait du stop. Il l’avait reconnue. Certes, il ne l’avait pas dénoncée ou conduite chez les flics, mais ce n’était pas raisonnable de rester là, Jordan ne le savait que trop. C’était donc décidé, le lendemain soir, elle mettrait ses sacs dans le coffre de la voiture et elle prendrait les petites routes qui la conduiraient jusqu’en Floride. A moyen de s’arrêter au Texas? Elle avait bien aimé son séjour là-bas. Elle avait travaillé sur un ranch avant que la police commence à venir fouiner. Jordan avait aimé apprendre à monter à cheval et puis il n’y avait rien de mieux qu’un beau cowboy pour lui faire oublier cette saleté de flic qui l’avait trahie alors qu’il prétendait l’aimer. Ouep, finalement, les cowboys étaient un choix intéressant, c’était à méditer. Bref, Jordan prendrait sa décision une fois qu’elle serait en route demain soir dès le coucher du soleil.

Ses projets furent momentanément oubliés lorsqu’elle sentit un regard posé sur elle pendant qu’elle observait une vitrine de chaussures, se demandant si elle devrait songer à changer ses espadrilles fatigués par de nouvelles espadrilles. Quoique sa paire de bottes aussi devraient être changées. Après quatre longues années à n’acheter que l’essentiel pour ne pas puiser trop souvent dans son butin, il arrivait à Jordan de songer à se gâter un peu. Malheureusement, elle ne pouvait jamais vraiment le faire. Bref, elle regardait une vitrine avec envie lorsqu’elle sentit qu’on la regardait. Et pourtant, chaque fois qu’elle tournait la tête pour essayer de voir discrètement qui la regardait avec autant d’insistance, elle ne voyait rien. Enfin, elle ne voyait rien jusqu’à ce qu’elle voit un flic en uniforme s’avancer dans sa direction. Elle retourna donc sur ses pas en ne se pressant pas trop afin de ne pas paraitre suspecte et s’éloigna, le cœur battant. Ce n’était pas bon pour ses nerfs de voir des flics à proximité. C’était entrain de la rendre folle. Découragée, elle décida donc de ne pas tenter le sort et de quitter le centre commercial… mais Jordan ne tarda pas à sentir qu’on la suivait. Elle n’aimait vraiment pas. Lorsqu’elle fut certaine que le flic n’était plus dans les parages, la fugitive se mis à courir et sortit rapidement du centre avant d’aller se cacher dans une ruelle sombre. Elle espérait seulement que personne n’aurait eu l’idée de la suivre jusque là…

Malheureusement, ça ne se passa pas comme elle l’avait espéré. Le type – c’était un homme si elle en jugeait pas la carrure de la silhouette qui s’approchait d’elle – avait été bête de la suivre et il l’apprendrait à ses dépens. Lorsqu’il arriva près d’elle par-contre, Jordan le frappa d’un bon coup de poing pour le sonner légèrement, mais avant qu’elle puisse le faire tomber, le type se présenta en lui disant qu’il ne voulait pas lui faire de mal. Calvin? Mais qu’est-ce qu’il faisait là? Jordan était tellement estomaquée qu’elle ne le frappa pas de nouveau, se contentant de le regarder comme si elle voyait un fantôme.

- Cal? Qu’est-ce… qu’est-ce que tu fous là bon sang? questionna-t-elle avant de tourner la tête pour voir s’il y avait du monde dans les parages. Ça ne serait pas bon pour elle ça. Mais qu’est-ce qui te prend de suivre les gens comme ça? J’aurais pu te massacrer! Quelqu’un d’autre que moi aurait pu te faire les poches et te laisser pour mort! continua-t-elle en tentant de ne pas trop s’emporter, ce qui ne ferait que lui faire lever le ton… et peut-être les faire remarquer, mais il fallait que Calvin réalise que ce n’était pas très malin de sa part.

Ce n’était pas que Jordan n’était pas contente de revoir son ami d’enfance, mais disons que l’heure et le lieu n’était pas vraiment bien choisis. Il ne fallait pas qu’un flic passe dans le coin et les voit là! Ça ne serait vraiment pas bon pour Jordan et ça la mettrait dans un sacré pétrin. Il faudrait qu’ils partent de là, ça serait plus prudent. Elle ne pourrait pas laisser Calvin là sans s’assurer qu’il ne parlerait pas d’elle à qui que ce soit. C’était stupide, elle savait que son ami ne la trahirait probablement pas, mais… elle avait été trahie si souvent qu’elle était devenue méfiante. Charles et maintenant Alexys. Il n’y avait pas à dire, Jordan avait le chic pour se dégoter des petits amis. Ils finissaient toujours par lui planter un couteau dans le dos. Quoique la présence de Cal pourrait être utile. Il pourrait lui dire s’il avait eu des nouvelles de Charles, s’il savait où il se trouvait. S’il était à San Francisco, ça serait une raison de plus de partir le plus vite possible!

Je suis bien content qu'elle ne me frappe plus. Je ne suis pas quelqu'un de très batailleur, c'est plutôt le contraire en faite. Je ne suis pas monsieur muscles, même si je me rends comptes que je me répète sur ce coup-là. Je suis aussi assez content qu'elle me reconnaisse, ça prouve que je me suis pas tromper sur l'identité de la personne. Quand elle ouvre la bouche pour me parler mes soupçons sont confirmé c'est bien mon amie d'enfance qui se trouve devant moi.

- Cal? Qu’est-ce… qu’est-ce que tu fous là bon sang?

Je me rends compte qu'elle est nerveuse et regarde autour de nous pour être sûr que l'on attire pas trop l'attention. Alors elle est toujours dans la "merde" si je peux le dire ainsi. Heureusement que c'est sûr moi qu'elle est tombé et non pas sur un autre type pas net. Même si je sais qu'elle s'en aurait sortie très facilement. Elle me le confirme d'ailleurs.

- Mais qu’est-ce qui te prend de suivre les gens comme ça? J’aurais pu te massacrer! Quelqu’un d’autre que moi aurait pu te faire les poches et te laisser pour mort!

Je reprends mon souffle et masse les endroits douloureux. C'est qu'elle a toute une poigne la tigresse. Je lui fais un bête sourire en haussant les épaules. Je n'ai pas l'habitude de suivre les gens, mais mon instinct me disait de le faire cette fois-y et je ne suis pas fâché de l'avoir fait.

- C'est vrai, tu te sais te défendre beaucoup plus que moi, mais j'étais sûr que c'était toi!

Oh la belle excuse! Quand ce n'est pas tout à fait le cas. J'avais un doute que c'était elle, mais sans plus. J'ai ma fierté et je ne vais certainement pas lui avouer le contraire. Je regarde autour de nous sa nervosité est quelques peu contagieuse. Personne à l'horizon j'en déduis que l'on peut parler pendant un petit moment. Nous avons quelques années à rattraper.

- Je ne pensais pas te trouver à San Francisco, je te croyais plus au sud. Toujours dans les emmerdes?

Question idiote, mais bon je devais bien lui dire quelque chose. Le fantôme de Charles vient planer dans mon esprit. Cet enfoiré de première. Je l'ai jamais vraiment aimé et c'est réciproque même si ça ne l'empêche pas de m'envoyer un mail une fois de temps en temps pour savoir si j'ai des nouvelles de Jordan. Il fouille toute les pistes qu'il peut avoir, il veut absolument la retrouvé et si il a retrouve ça risque de ne pas être jolie jolie.

- J'ai eu des nouvelles de Charles....

J'ai cru bon de baisser le ton, comme si ce gros gaillard pleins de muscles pourrait nous apparaître en plein visage. J'obtiens tout de suite l'attention de Jordan, comment ça pourrait être autrement après tout? Quand elle peut avoir un coup d'avance sur lui grâce à moi.

- Il est au Nouveau-Mexique, mais il compte venir à San Francisco bientôt pour vérifier par lui-même vu qu'il sait que je me suis installé ici. Il ne m'a jamais vraiment aimé, comment il m'appelait déjà? Ah oui! Le petit nain....

Le nombre de fois qui m'a insulté de cette façon, c'est vrai que je suis plus jeune, beaucoup plus jeune, mais j'ai toujours été une tête folle. Je lève les yeux vers Jordan et lui fait un petit sourire rassurant comme j'avais l'habitude de lui faire par le passé. Celui qui veut dire que ça va aller, tout ira bien.

- Tu as une planque principale ou pas du tout?