« Cory ! Jared est dehors, il a dit qu'il t'attendait, mais je me souviens plus pourquoi. » que j'entends, provenant d'un type qui est visiblement bourré, puisqu'il titube gravement. M'enfin bon, je crois que le type en question risque de tomber sur sa cinglée de sœur qui va lui passer un putain de savon, sachant qu'elle m'a demandé si je l'avais vu tout à l'heure. Il continue de marcher, manque de se casser la gueule et je le regarde faire. Voyant sa sœur qui arrive à l'autre bout de la pièce, mais je crois que je vais rater cette scène qui a l'air drôle, parce que mon petit-ami m'attend dehors. Je marche jusqu'à la sortie, voyant Jared entrain de parler à quelqu'un, mais j'm'en fiche. Je m'approche de lui par derrière et j'entoure mes bras autour de sa taille en appuyant ma tête sur son dos. « Bon, je te laisse, mec. » dit le type à qui il parlait en lui serrant la main avant de partir. Jared se retourne vers moi, pose ses mains sur mes joues, je me mords la lèvre inférieure en le fixant. En fait, au début, j'avais tendance à le détester. Je pouvais carrément pas le voir en peinture, parce qu'il me sortait par les yeux, surtout au niveau de son caractère, que je trouvais complètement à chier. Il faisait tout pour me foutre en rogne, tout le temps. Mais à un moment, je sais pas tellement comment c'est venu, d'où c'est sorti, mais on a commencé à sortir ensemble. Je regrette pas, parce que je suis – surement beaucoup trop rapidement – tombée amoureuse de lui. Il pose ses lèvres sur les miennes avant de descendre ses mains sur mes hanches pour me rapprocher un peu plus de lui. Je souris contre ses lèvres en posant mes mains sur sa nuque pour l'embrasser encore une fois. Jared a été mon premier et c'est à ce moment-là que je lui ai avoué que je l'aimais d'ailleurs et je m'attendais pas tellement à ce qu'il me dise que lui aussi, il m'aimait. « On rentre ? » qu'il me demande, alors que je lui souris, ouvrant les yeux pour croiser son regard. Je descends mes mains sur son torse, les accrochant à son t-shirt. Il sourit, levant un sourcil en me regardant. « Ouais. » que je lui dis avant de faire un pas en arrière, gardant une de mes mains sur son t-shirt. Il me prend la main et me fait monter dans sa voiture pour me reconduire chez moi et il aura clairement pas l'occasion de partir de chez moi, tout du moins, de ma chambre avant demain matin et encore.
« Je m'en vais. » que je dis à Eliàs, le frère de Jared, au téléphone. Je suis en colère, mais y a pas que ça. Je suis complètement déboussolée, je comprends plus rien et je suis triste, mais en ce moment, c'est pas le sentiment qui domine. Le docteur a dit que Jared pourrait plus jamais marcher et je sais pas quoi faire pour l'aider, je sais pas ce que je suis censée de lui dire, parce que même si je fais la fille forte et que je donne l'impression que ça change rien pour moi, devant Jared, au fond, ça me détruit. Ça me tue de savoir qu'il pourra plus jamais marcher, ça me fait mal. Je ferais n'importe quoi pour que ça puisse s'arranger. Je prends une grande inspiration, repensant à ce que Jared m'a dit il y a environ une heure. Il veut plus me voir, il veut plus de moi et je crois que j'arrive toujours pas à réaliser la situation. On a tenté de coucher ensemble, mais ça a pas marché, il a pas... Des larmes commencent à couler de mes yeux et je me pose sur mon lit un instant, alors qu'Eliàs a pas l'air de savoir quoi dire. Je m'en vais, je pars de San Francisco, parce qu'il veut plus me voir et je veux plus le voir non plus. Putain, pas après ce qu'il m'a dit. S'il veut me quitter, très bien, mais je compte pas rester ici, le voir tous les jours pour crever mentalement à petit feu. Et je me doute qu'il doit être encore plus mal que moi, mais je peux rien y faire. Il veut pas que je l'aide et je peux pas le forcer. Peut-être que je renonce trop facilement, mais... merde, je sais pas quoi faire. « Tu sais que ça va rien arranger de partir, Cory. » réplique Eliàs en soupirant, comme s'il était impuissant face à la situation. Il s'entend pas avec Jared, j'ai jamais vraiment compris pourquoi. En même temps, les explications qu'ils m'ont donné chacun de leur côté étaient maigres et pratiquement les mêmes des deux côtés. Ils ont l'air de vouloir faire aucun effort pour que ça s'arrange entre eux et je vois pas tellement ce que je peux faire, surtout maintenant en fait. « Que je reste n'arrangera rien non plus, Eliàs. » que je lui dis en essuyant mes yeux, prenant une grande inspiration pour arrêter de pleurer. Je bloque le téléphone entre mon oreille et mon épaule et je continue de mettre des affaires dans mon sac. Je vais surement aller chez une des mes cousines de ma famille adoptive qui vit à New-York, je me casse à l'autre bout du pays, je suis sûre que je le croiserais pas au moins. Mais je sais qu'il va me manquer. Mais merde, je comprends pas sa réaction. J'aurais pu le soutenir, être là pour lui. Si j'étais folle ou impulsive, je casserais tout dans la maison, mais j'ai pas que ça à faire et ça serait clairement trop stupide. « Je suis désolé, en fait, je sais pas quoi te dire pour que ça aille mieux, mais t'as pas l'air de vouloir changer d'avis, alors sache que si t'as besoin de parler, tu peux compter sur moi. » me lance Eliàs, alors que je lui réponds que je sais ça et j'ajoute un merci avant de raccrocher, je le rappellerai plus tard pour demander des nouvelles, mais là, j'ai besoin d'être seule.
« CORY ! TU VAS DEVOIR ARRÊTER DE BOSSER SUR TES COURS ! » hurle ma cousine - enfin, la fille de la sœur de ma mère adoptive - en entrant dans ma chambre de fac. Merde, qu'est-ce que ça peut lui foutre ? J'aime bien Sid, mais parfois, cette fille est une plaie. C'est sympa de vouloir me changer les idées à longueur de temps, mais y a un moment où ça commence à devenir lassant... trop lassant ! J'aimerais bien qu'à certain moment de la journée, elle évite de venir et me forcer à bouger, surtout quand j'en en ai pas envie. Je me retourne pas vers elle, gardant mon attention sur mon ordinateur portable et le bouquin que j'utilise pour faire ce devoir de philosophie. « Oh et avec Anderson, il s'est passé quoi ? » qu'elle me demande en me filant un coup de coude. Anderson est le type avec qui elle a essayé de me caser, surement pour une courte durée, mais au moins une soirée. Sauf que non, ça a pas marché. Je peux tout simplement pas arrêter de comparer tous les mecs à JJ. Ça m'emmerde, réellement, mais je peux rien y faire. Elle soupire voyant sur ma tronche, toujours aussi concentrée, qu'il ne s'est strictement rien passé mis à part que j'ai probablement dû vexer le type en lui disant que non, je ne baiserais pas avec lui et que non, il n'était pas mon genre. Et c'était pas le premier sur qui Sidney essayait de me brancher, mais à chaque fois, c'est la putain de même chose qui se passe. Ça me gave et j'aimerais qu'au moins une fois, y ait un gars qui arrive à me faire oublier Jared. Juste un seul qui me permettrait de tirer un trait définitif sur sa gueule. Ça me ferait du bien, sans rire ! Mais je sais pas pour quelle raison, je peux pas l'oublier. J'arrive pas à arrêter de l'aimer. J'ai l'impression d'avoir abandonné trop rapidement, j'aurais peut-être dû continuer d'essayer, mais je l'ai pas fait. Et c'est lui qui m'a jeté, c'est pas à moi de culpabiliser ! « BON, puisque je te sens très motivée, ce soir, tu viens avec moi. On sort, je vais te faire boire et tu vas enfin pouvoir te lâcher. » qu'elle me dit sur un ton plus ou moins sérieux. J'ai pas l'impression d'avoir réellement le choix. Je suppose que même si je lui dis non, elle me fera sortir. Je lève enfin la tête vers elle, pousse un soupir, reporte mon attention sur mon ordi pour sauvegarder les trucs que j'ai écrit jusqu'à présent pour pouvoir fermer mon pc. Je me retourne vers Sid, sans aucune motivation. « J'ai pas le choix de toute façon, mais tu seras la seule à être bourrée, ma vieille. Comptes pas sur moi pour plus tenir debout et pour faire un striptease sur une table. » que je lui lance en souriant, me souvenant de la dernière fois où elle était vraiment incontrôlable et qu'elle a fait tout un tas de conneries, au moins plus que j'ai pu en faire en toute une année. Je suppose qu'elle a raison, ça ne peut que me changer les idées, sortir.
Mon téléphone vibre, pendant que je sors de l'aéroport. Je sais déjà qui est l'expéditeur, ou plus précisément l'expéditrice. Sidney qui me demande surement si j'ai pas vomi dans l'avion ou quelque chose comme ça. Sachant que je n'aime pas du tout les avions, être dans les airs, au-dessus d'habitation ou encore de l'océan, c'est vraiment pas quelque chose que j'aime. Mais c'est pas le sujet. Je reviens à San Francisco, parce que j'ai fini mes études et que j'avais plus grand-chose à faire à New-York. J'ai préféré revenir ici, faire mon métier ici et pas là-bas. En fait, peut-être bien qu'il y a d'autres raisons qui m'ont poussé à revenir, mais je préfère pas y penser. J'ai pas envie de penser à quoique ce soit qui pourrait me rapporter de quelconque manières à lui. Je suis pas revenue ici pour que tout redevienne comme avant, c'est pas mon but. J'avais simplement besoin de revenir chez moi, parce que je considère que j'ai tout ici, à New-York, mis à part Sid, j'ai que dalle. J'ai pas tenté de me faire des amis, parce que j'en avais pas envie. Je voulais pas réellement m'attacher à qui que ce soit, bon, je peux pas non plus dire que j'ai rien foutu avec personne et que j'ai fait l'associable, parce que c'est pas mon genre. Ou peut-être que si, dans le fond. Enfin bref. Je sais pas ce que ça va me faire de revoir tous les gens que j'ai quand même tenté d'oublier un maximum pour pas avoir à penser à ce qui aurait pu et qui, d'ailleurs, peut toujours me briser en deux n'importe quand. En fin de compte, j'ai l'impression que revenir va rien arranger du tout. Je sais que je pourrais pas éviter de croiser les gens que j'ai pas forcément envie de voir, même si, putain, je le sais, dans le fond, j'attends que ça. Revoir Jared, pourtant, je sais que ça va me faire un mal de chien et que je vais pas pouvoir lui adresser la parole. C'est clairement pas dans mon caractère de pardonner facilement. Et d'ailleurs, en parlant des Oliver, il arrive quand Eliàs ? C'est lui qui est censé venir me chercher.