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One More Day (ft. Denver H. Hopkins) i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Dim 14 Aoû - 22:17 | |
| Learning to let go
«Last night I had a crazy dream, a wish was granted just for me. It could be for anything. I didn't ask for money or a mansion in Malibu. I simply wished one more day with you.» Alors que je conduisais sur l'autoroute, la chanson de Diamond Rio jouait en en trame de fond. C'était probablement le seul son qu'on pouvait entendre (puisqu'il enterrait le ronronnement du moteur de ma voiture). À côté de moi, sur le siège passager, Denver s'était assoupie. J'étais passée la prendre très tôt le matin puisque je voulais arriver le plus tôt possible sur l'île de Vancouver et je savais que nous avions beaucoup de route à faire. Vers 2h30 du matin, je m'étais garé devant chez elle. Sans surprise, elle m'attendait à l'extérieur avec ses quelques sacs. Après le texto qu'elle m'avait envoyé, j'étais certain que, peu importe l'heure, elle tiendrait parole et serait là à m'attendre. Jamais elle n'aurait voulu me laisser entrer. Même pas une minute. Cela ne m'aurait pas déplu de voir dans quel genre d'appartement elle vivait, mais je n'insistais pas. Je me disais qu'il y aurait inévitablement une prochaine fois et d'autres occasions. Une fois en route, nous n'avons pas conversé. Pour ma part, je ne cherchais pas à parler. J'étais quelqu'un qui économisait ses mots et parler pour combler le vide, ce n'était pas mon truc. Mon silence fut, crûs-je comprendre, bien accueilli par Denver puisqu'elle ne tenta pas de faire la conversation. Plutôt, elle sélectionna une chaîne radio et se contenta de regarder le paysage. Un moment ou à un autre, elle s'était finalement endormie. Je ne l'avais réalisé qu'en jetant un bref coup d'oeil vers elle lorsque nous avions atteint l'état de Washington. Même si je ne l'avais épié que quelques secondes, je la trouvais jolie. Quand elle dormait, elle semblait paisible et le volcan bouillant qu'elle était était difficilement reconnaissable. Avec cette musique en trame de fond, on aurait pu croire à une scène de film. Je me demandais à quoi elle rêvait. Pourtant, je n'osais pas briser l'atmosphère magique qui flottait dans la voiture. Mon attention retourna vite sur la route et avec empressement, j'appuyais un peu plus fort sur l'accélérateur pour arriver le plus vite possible à notre destination. *** Avec un peu de chance, nous avions atteint l'île de Vancouver vers 13h30. Le traversier n'avait pas été long à prendre heureusement. Ensuite, je m'étais dépêché de me rendre à notre destination, Ucluelet, une petite ville charmante perdue dans les bois. J'étais déjà venu dans la région quand j'avais 14 ans avec mes parents, mais je ne souvenais pas de l'étrange sensation de petitesse qu'on avait face à ces arbres géants. D'ailleurs, j'avais oublié comment l'île de Vancouver était recouverte de verdure. Il n'y avait pas à le dire: on était dans un petit paradis du Pacifique. Sur notre chemin, j'avais amené Denver dans un petit parc protégé abritant les arbres les plus vieux d'Amérique du Nord (et sans compter, les plus gros). Le plus grand d'entre tous mesurait 76 m de hauteur et avait pour circonférence 9 m. Il avait 800 ans. Je n'ai su dire si ce spectacle la laissait indifférente ou l'enchantait. Pour ma part, j'étais en admiration devant ces forces de la nature. En plus, comme il y avait peu de touristes à ce temps-ci de l'année, nous étions presque seul à nous promener dans cette forêt humide. Après cela, nous avons parcouru les quelques derniers kilomètres nous menant à notre hôtel. J'avais pris le soin de réserver deux chambres, car j'étais certain que même si nous ne partageons pas le même lit, Denver aurait préféré me faire dormir dehors. Nous prîmes chacun un temps séparé pour rentrer nos bagages dans nos chambres respectives et se changer. J'avais annoncé à Denver que je l'aimerais à la plage pour lui apprendre à surfer. J'espérais qu'elle ne refuserait pas de se prêter au jeu rendu là.
Arrivant finalement dans une petite plage déserte, je sortis les deux planches que j'avais apporté, des wet suits (parce que l'eau du Pacifique n'est pas très chaude ici) et nos serviettes de la valise. J'avais jeté un regard vers Denver pour voir comment elle se sentait. Évidemment, elle semblait un peu nerveuse même si elle ne voulait pas le montrer. Orgueilleuse un jour, orgueilleuse toujours. J'étais sûre qu'elle se débrouillerait comme une chef. Elle n'avait qu'à se faire confiance. *** Maintenant, nous voilà dans un petit restaurant en bois rond dans la ville d'Ucluelet. J'avais choisi ce restaurant puisqu'il y faisait de bons fruits de mers et du poisson, pour la qualité de son service, mais surtout pour sa proximité de la plage et son éloignement du village. Même si ce n'était pas un restaurant d'un grand chic, il y avait une ambiance chaleureuse que j'appréciais énormément. Par ailleurs, j'avais décidé de me mettre une chemise bleue avec une paire de jean. Après tout, il était samedi soir: il était normal que je m'habille un peu mieux pour sortir. Il devait être 21 heures. Il n'y avait pas beaucoup de clients. La lumière était tamisée. Par chance, nous avions une table sur le coin avec une fenêtre donnant la vue sur la mer. Étonnamment, même si nous savions maintenant tellement de choses l'un sur l'autre, nous avons été capables de faire la conversation. Entre mes éclats de rire, les remarques sarcastiques de Denver et mes petites pics pour l'agacer, nous semblions passer une bonne soirée. Je venais tout juste de finir mon assiette de brochet. Je me mis à me taper la poitrine comme si, ce copieux repas allait me faire gagner du poids. Après tout, j'étais très en forme. Mon regard retomba ensuite sur Denver.
- Alors, repris-je, tu ne m'as toujours pas dit comment tu as trouvé ta première expérience de surf. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Mar 16 Aoû - 19:17 | |
| Je rêvais. Je rêvais d’une chose à la fois douce et effroyable : j’essayais de chercher ma sœur mais je n’y arrivais pas. Je ne la trouvais pas en fait. Et à chaque pas que je faisais, la recherche se révélait difficile. Mais je me trouvais dans un endroit complètement paisible, que c’en était presque étrange. Je rêvais dans la voiture de Domenico. Il était venu me chercher très tôt ce matin, et même si je ne suis pas une grosse dormeuse je ne pus m’empêcher de m’endormir pendant le chemin. Nous n’avions même pas parlé et c’était tant mieux. Je ne savais pas quoi engager comme sujet de conversation et apparemment lui non plus. Je m’imaginais déjà à ce que serait ce week-end si aucun de nous deux n’engageait la parlote : gé-nial. Enfin bref, on verra bien. *** Je m’étais réveillée au milieu des bois, cela ressemblait étrangement à l’endroit de mon rêve : c’était paisible et très doux. En effet, Domenico m’avait emmenée dans un bois où les arbres étaient de véritables géants. Déjà que j’étais petite, le fait de me retrouver devant ces choses me rendaient encore plus minuscule. Mais il n’y avait rien à dire, c’était magnifique. Je restai là à contempler, levant la tête, essayant d’apercevoir par-dessus la cime des arbres le peu de ciel que l’on pouvait apercevoir d’en bas. Je me disais aussi que je ne serai jamais venue ici, enfin je n’aurais jamais eu l’idée de poser mes pieds ici et j’en remerciai Domenico à moitié pour m’avoir fait découvrir ce joli paysage. Tout ça dans ma tête bien entendu, jamais je ne le lui aurait dit à la face. J’étais trop orgueilleuse pour ça. Et je lui en remerciais silencieusement également d’avoir prit deux chambres. C’est vrai que cette chose m’avait tracasser pendant une bonne partie du chemin et j’avais préféré me taire, attendant notre arrivée à l’hôtel. J’avais donc défait mes affaires, ranger tout correctement dans l’armoire jusqu’à qu’il m’attende à la plage pour la célèbre initiation au surf qui m’attendait. Et oui, j’avais appréhendé ce moment. Hé, je ne suis pas parfaite non plus, j’appréhende certaines choses, surtout les choses inconnues. Et pour moi le surf faisait partie de ces choses. Mais j’avais ravalé mon appréhension et j’avais affiché mon visage façon poker face comme je sais très bien le faire. *** Puis le soir était tombé. Domenico m’avait annoncé qu’on allait dîner dans un restaurant près de la plage. C’était…sympa de sa part. Un peu sceptique, j’avais tout de même attrapé une petite robe d’un violet obscur. Je ne voulais pas faire mouche, mais m’habiller en jean n’aurait pas trop été l’occasion. Et puis je n’avais pas amené cette robe pour rien, alors j’avais une excuse pour la mettre. J’avais laissé mes cheveux à l’air libre et je m’étais maquillée normalement, comme toujours. Lorsque j’avais rejoins Domenico, je l’avais découvert avec une chemise et je n’avais pu m’empêcher de lui faire une bonne remarque à la Denver. N’empêche, je devais avouer dans un coin de ma tête, que ça lui allait bien. On était ensuite allés dans ce restaurant près de la plage et j’avais commandé ma petite dorade, tout cela près d’une fenêtre qui donnait vu sur la mer. N’importe qui de sensé, nous voyant ici, aurait cru à un dîner romantique. Et contre toute attente, nous avions commencé à discuter. Moi avec mes reproches, mes remarques en tout genre et lui essayant toujours de me taquiner comme il savait si bien faire. Je pouvais dire aussi que contre toute attente, je m’amusais bien. Ce n’était pas ennuyant, cela ne me déplaisait pas. Je commençai à terminer mon dernier morceau de ma dorade quand il me demanda comment avait été ma première expérience de surf. Haussant les sourcils, je pris mon temps pour répondre. Je mâchai mon morceau, regardant par la fenêtre les vagues qui se défoulaient contre le sable puis je tournai enfin mes yeux vers lui : « Après être tombée plus d’une dizaine de fois, je crois que… pathétique. Je ne suis pas faite pour les sports aquatiques. » dis-je en haussant les épaules. Je bu un peu dans mon verre, puis je repris de plus belle : « Je pense quand même qu’avec un vrai professeur, j’y arriverai. » Sans aucun doute même. Je suis une battante, il ne faut pas l’oublier. Même si je n’arrive pas à quelque chose, il faut toujours que je réessaye une autre et une autre fois. C’est comme ça qu’on arrive à certaines choses, c’est ce que j’avais fait pour en arriver où j’en étais avec mon métier d’avocate, donc je savais de quoi je parlais. « Mais c’était sympa. » soufflai-je doucement, esquissant un petit sourire. |
| | | | Mar 16 Aoû - 20:51 | |
| Drinking, laughing, sharing. Best combination
Je devais avouer: la nature me manquait beaucoup. À force de vivre dans les grandes villes, j'avais fini par oublier comment me retrouver en plein air me plaisait. Respirer l'air pur, parcourir les forêts vertes et riches en espèces végétales, faire des ascension sur les montagnes escarpées... c'était des activités que j'aimais faire et qui me manquait. Évidemment, il faudrait que je trouve un moyen à mon retour à San Francisco de faire davantage d'activités pleines air. Seul ou accompagné, peu importe, je le devais. Me connaissant, des sports un peu plus extrêmes comme le vélo de montagne ou de l'escalade me conviendraient tout à fait. On pouvait dire que j'étais de ceux qui aimaient le danger. Je ne savais pas si c'était ma façon à moi de me rapprocher un peu plus de la mort, de la défier, de la narguer en lui montrant que j'ai échappé à ses griffes quatorze années auparavant. Néanmoins, je savais que j'aimais ressortir la pulsion nerveuse de mon adrénaline dans mes veines. Bien peu pouvaient me suivre. D'ailleurs, on me reprochait souvent ma témérité. Ma mère adoptive, Grace, a souvent été inquiété par mes comportements extrêmes. Plus jeune, je pouvais m'amuser à me jeter du haut des falaises pour plonger dans l'océan ou je faisais du surf dans de mauvaises conditions météorologiques. Combien de fois m'a-t-elle pris dans ses bras lorsque je revenais d'une escapade périlleuse qu'elle m'aimait et m'interdisait de recommencer? Trop de fois, mais hélas, je ne l'écoutais pas. Pas étonnant que maintenant, même en vivant à San Francisco (ce qui n'est pas si loin de Los Angeles), elle m'appelle chaque weekend pour prendre de mes nouvelles et s'assurer que son fils est bien en vie!
Tout en songeant à ma mère, mon regard glissa momentanément sur Denver qui finissait sa dorade alors que ma question était encore en suspens dans les airs. Elle semblait toujours impeccable peu importe où elle allait. Du même coup, elle n'en mettait jamais trop. Elle était équilibrée, juste. Sa robe ce soir d'un violet foncé était parfaite pour l'occasion sans être trop extravagante ou chic. Cette façon de doser était rafraîchissante, agréable. C'était sans parler de sa chevelure qui tombait bien sur ses épaules. Elle était tout simplement convenable pour l'occasion. Je lui avais d'ailleurs glissé un mot plutôt sur le sujet en lui disant que je la trouvais ravissante. Inévitablement, elle m'avait lancé une réplique à la Denver sur ma tenue. C'était bien elle: détournant les compliments lui étant destinées. Je me demandais si elle détournait mes compliments parce qu'elle n'aimait pas être flattée ou parce qu'elle n'est pas habituée à en recevoir. Je ne serais dire. Je l'apprendrais tôt ou tard. Puis, de fil en aiguille, je me mis à me demander si elle avait quelqu'un dans sa vie. Nous n'avions pas encore abordé le sujet. Pas que j'avais des intentions particulières envers elle, mais je me questionnais, tout simplement. Techniquement, si elle était en relation, il était curieux qu'il l'ait laissé comme ça partir seule avec un étranger. Toutefois, on ne pouvait pas savoir! Peut-être n'était-il pas du type jaloux? Ou peut-être avait-elle une histoire à longue distance avec quelqu'un... De nos jours, il y a tellement possibilités et d'histoires amoureuses compliquées qu'on ne pouvait savoir.
Soudainement, Denver me ramena sur terre en répondant à ma question. Je lui avais demandé comment elle avait trouvé son baptême en surf. Ayant vécu à Hawaï, il était normal que j'aie de l'aisance à traverser les vagues. Après tout, une grande partie de ma vie avait été centrée à cet endroit. Quand elle affirma qu'elle était pathétique, je baissai mon regard vers mon assiette en souriant. Il était vrai qu'elle avait éprouvé quelques difficultés. D'ailleurs, j'ai dû aller l'aider à remonter sur sa planche la première fois. Dès que j'ai aperçu son regard, j'ai cependant décidé de ne pas prolonger mes services de bon samaritain: elle voulait se débrouiller toute seule, ce qui signifie sans mon aide. Elle était déterminée à réussir. J'ai tout de même été fier de voir qu'elle a pu tenir cinq secondes debout sur la planche. Ce fut ma plus grande réussite. Néanmoins, d'après le commentaire suivant de Denver, cela ne semblait pas être assez pour faire de moi un bon professeur. Je pris ensuite mon verre de vin blanc en faisant rouler le liquide dans ma coupe. Étonnamment, elle continua en affirmant que c'était sympa. Mes yeux retrouvèrent rapidement les yeux et les fixèrent intensément au son de la musique jazz qui jouait en trame de fond. Après un moment sans rien dire, mon visage changea d'une expression sérieuse à une expression détendue.
- Tu as raison, déclarai-je en prenant une gorgée de vin, je ne suis pas le meilleur professeur, mais nous avons eu du plaisir. C'est l'essentiel.
Je déposai mon verre et jetai un bref coup d'oeil vers la baie vitrée. Le soleil se couchait tard dans cette partie du globe. Il était 21h05 et le soleil commençait tranquillement à se coucher. D'ici quinze minutes, il ferait noir. Du moins, la vue ici était superbe. La plage était si paisible. Elle était visitée par bien peu de gens malgré sa proximité avec le restaurant. J'étais certain que nous éteignions la musique à l'intérieur du restaurant, nous pourrions entendre le son des vagues frapper la terre ferme. Quoi de plus relaxant et serein. Puis, en détournant la tête, je vis un homme à l'autre bout du restaurant qui jetait de nombreux regards en notre direction. Un petit rire m'échappa.
- On dirait que tu fais de l'effet à l'homme là-bas, chuchotai-je à Denver faisant mine de ne pas regarder l'homme. Il doit croire qu'on est ensemble. Tu devrais peut-être aller le voir. À moins que ton petit ami t'en empêche.
C'était une façon plus ou moins efficace d'obtenir la réponse à l'une des questions qui m'avaient passé par la tête plus tôt. Du même coup, le serveur approcha notre table pour nous débarrasser.
-Voudriez-vous la carte des desserts? demanda le serveur. - Avec plaisir, merci.
Alors que le serveur s'éloigna de notre table, je pris une dernière gorgée de mon vin.
- Tu as intérêt à te prendre quelque chose, avertis-je Denver, car je n'aime pas les filles qui ne prennent pas de desserts pour garder la ligne. De toute façon, tu as bien perdu une centaines de livres en faisant du surf aujourd'hui. Tu l'as bien mérité et j'insiste. C'est ma tournée. Prend ce que tu veux.
C'était la moindre des choses que de payer son dessert, car, en effet, Denver avait refusé que je lui paye son repas. Une question d'indépendance ou d'orgueil, je ne me souviens plus trop du motif. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Jeu 18 Aoû - 20:10 | |
| Pendant un bref instant je crus que ma dernière réplique ravala l’expression de Domenico. En fait, je n’étais pas sûre d’avoir dit la bonne chose au bon moment. Certes, j’étais sincère et très directe mais avouer une chose comme le fait que je me sois amusée en essayant de faire du surf, c’était autre chose. Donc venant de moi, c’était presque incroyable et rare. Je comprenais donc à peu près ce silence que Domenico m’octroya me fixant intensément. Moi-même je me demandais pourquoi j’avais dit une telle chose. Car oui, moi qui suis toujours désagréable, qui dit tout fort ce que d’autres pensent tout bas. Enfin bref, je ne pouvais pas revenir en arrière alors la meilleure chose était de faire comme si de rien n’était et soutenir son regard en faisant disparaitre peu à peu mon sourire, comme je sais le faire. Et alors il rompit ce silence qui commençait à se faire pesant pour moi, étrangement. J’acquiesçai lentement la tête à sa réponse, ne voulant plus ajouter quoi que ce soit d’autre concernant cette maudite séance de surf. Oui je m’étais amusée, plus que je n’osais le croire. Et c’est pour ça que je me sentais mal à l’aise, je ne voulais pas l’affirmer car cela faisait pas mal de temps que je n’avais pas profité de la vie comme je l’avais fait cet après-midi. Je ne voulais pas l’avouer à Domenico non plus, alors autant passer à un autre sujet de conversation.
Et heureusement qu’il en trouva un. Un, un peu bizarre à vrai dire. Fronçant les sourcils face à sa remarque, je tournai mes yeux vers ledit homme. Ce dernier croisa mon regard et son visage se transforma en un petit sourire mi-gêné, mi-amusé. Toutefois, je ne pense pas que mon regard à moi lui ait plu. Je mêlai mon expression indifférente et presque froide lorsque mes yeux croisèrent les siens. Puis je reposai mon regard sur Domenico qui riait un peu de cette scène, jusqu’à qu’il me demande d’aller le voir. C’était sans aucun doute la fin de sa phrase qui porta mon attention : sauf si mon petit ami m’en empêchait. Sans blagues, il croyait vraiment qu’une fille de mon caractère avait quelqu’un? S’il savait… Je n’avais pas eu de petits amis. Enfin pas de relation sérieuse. A chaque fois que je semblais plaire à un type, dès que j’ouvrai la bouche il décampait direct. A croire que ce n’était que le physique qui leur importait. Donc oui, j’étais une célibataire endurcie et je vivais avec. Ce serait mentir si je disais que je n’y pensais pas un peu tous les jours. Ce n’était pas non plus une obsession mais ça faisait partit de mon quotidien. Je me disais que j’avais le temps pour tout ça et que je devais d’abord me concentrer sur ma carrière. Mais ce n’étaient que des excuses que je me trouvai et j’en étais consciente. J’avais presque peur de finir seule.
« D’une je ne vais que aller voir ce type pour lui dire de se mêler de ce qu’il le regarde. Et de deux, rien ni personne ne peut m’en empêcher car je n’ai pas de petit ami. C’est ce que tu voulais savoir non? Je suis cé-li-ba-tai-re. » dis-je en appuyant bien la dernière parole.
Je ne savais pas si cela avait été l’intention de Domenico de me demander par une question tournée si j’étais en couple ou pas, mais cela me semblait louche. Alors comme toujours, je préférai mettre les choses au clair. Et comme pour appuyer ma déclaration, je bus une nouvelle fois de mon verre, le terminant d’une traite. Je ne voulais pas terminer soûl ce soir, pas encore une fois devant Domenico, mais c’était une façon pour moi d’oublier toutes ces bêtises sur l’amour. Je fermai les yeux laissant passer le liquide dans ma gorge lorsque j’entendis le serveur qui venait pour les desserts. Je rouvris les yeux pendant que Domenico me fit un serment. J’en profitais une nouvelle fois pour soupirer et regarder autre part, faisant mine de ne pas l’écouter. Lorsqu’il eut enfin terminé, je répliquai :
« C’est bon t’as fini? » soupirai-je, levant les yeux au ciel. « Domenico, je suis de celles qui mangent des tonnes et qui ne prennent pas un gramme. Alors garde tes conseils pour une autre fille à qui tu inviteras à dîner. »
C’était ça l’avantage chez moi, je mangeais de tout, sans faire attention si j’allais oui ou non prendre des kilos en trop. Et puis si il insistait pour que je prenne ce que je veux, let’s go!
« Alors hum… » commençai-je, cherchant de yeux le dessert idéal dans la carte que le serveur venait de me tendre. « Je vais prendre un bon gros fondant au chocolat. Comme ça tu dormira tranquille ce soir. » ajoutai-je à l’attention de Domenico.
Je remis la carte au serveur puis glissai mon regard sur Domenico une nouvelle fois :
« Et toi alors? Tu as une copine? » lançai-je.
Avec moi, on ne tourne pas autour du pot, c’est direct. La vie est trop courte pour attendre cent ans. Même si j’avais déjà une petite idée sur la réponse à ma question. |
| | | | Jeu 18 Aoû - 21:57 | |
| Not so as cold as ice
Alalala. Je ne sais pas si le type là-bas était un Canadien, mais il n'avait certainement pas rencontré encore beaucoup de tempête épicée à la sauce philadelphienne dans sa vie. En tout cas, il sembla en avoir un bref aperçu lorsque Denver s'était retourné pour le toiser presque de façon glaciale. Son changement d'expression n'avait d'ailleurs pas échappé à un regard futé comme le mien. Le pauvre. On pouvait presque dire que c'était une mise en garde qu'elle lui avait envoyée. Du type: "Si jamais tu approches, tu vas y goûter." C'était pour le moins assez hostile, mais cela faisait bien passer le message. Elle défendait bien sa petite personne cette Denvee'. Plus je la voyais agir, plus je me disais qu'elle n'aurait pu choisir un meilleur métier. Inévitablement, j'avais mis un peu de l'huile sur le feu en m'aventurant sur un terrain glissant lorsque je lui avais suggéré d'aller voir le mec là-bas. Je jouais un peu avec le feu, je l'avouais. Pourtant, cela ne me mettait pas mal à l'aise. J'avais l'habitude d'obtenir des réponses à mes questions par des moyens détournés. En plus, il n'y avait rien de mal à ce que je m'intéresse un peu à sa vie privée. Nous ne l'avions pas encore évoqué jusqu'ici depuis le début de notre escapade. Il me semblait donc légitime que je puisse me permettre au moins une question et cela dans la discrétion. J'aurais pu le jouer franc et direct, comme d'habitude, mais je ne voulais pas qu'elle se méprenne sur mes intentions. C'était vrai que plus je passais de temps avec elle, plus j'appréciais sa compagnie. Toutefois, ce que j'avais pour elle n'était pas encore qualifiable d'amour. Je tombais difficilement en amour. Elle n'était pas la seule qui était difficile à obtenir: je représentais moi aussi un défi.
Quand elle mit les cartes sur la table en me disant qu'elle n'avait pas l'intention de se lever et de perdre son temps à aller envoyer paître son soupirant, je retins un sourire. Pourquoi était-elle si hostile envers les hommes qui s'intéressaient à elle? Avait-elle eu une mauvaise expérience avec eux? Avait-elle peur de s'abandonner à eux? Ou peut-être avait-elle peur de se faire blesser par eux? À moins qu'elle était hostile parce qu'elle n'avait jamais vraiment eu d'expérience avec ceux qui s'intéressaient à elle... Tant de questions me vinrent à l'esprit, mais je savais que je n'aurais ma réponse qu'en les posant à mon accompagnatrice. Néanmoins, je ne sais pas si j'en avais vraiment l'envie. Oui, j'avais des questions, mais je n'étais pas curieux. Si j'avais à en connaître la réponse, je le saurais tôt ou tard. D'ici là, je ne pouvais pas la forcer à répondre à toutes mes interrogations. J'aurais l'air de quoi: un enquêteur de la police qui veut tout savoir sur elle, voir même, son pedigree? D'autant plus que cela ne me regardait en rien. C'était à partir du moment où elle voudrait m'en faire part que cela changerait les choses et me regarderait un peu plus. Pas avant. J'avais essayé explorer son jardin secret pour la soirée. On ne devait pas trop lui en demander, la pauvre. Au moins, j'avais obtenu la réponse à ma question: elle était célibataire. Cela semblait être une vraie malédiction sortant de sa bouche. Et cela devait l'être pour elle. Après tout, ne m'avait-elle pas dit au parc Haight Ashbury's Buena Vista qu'elle craignait de finir seule. De voir sa vie sociale s'écrouler (si ce n'était pas déjà fait). Je ne renchéris pas sur la question. Après tout, cela semblait lui avoir coûté que de m'avoir avoué son statut. Autant en resté là.
Puis, le serveur était venu nous desservir et j'avais demandé la carte des desserts. Par la suite, j'avais presque obligé Denver à se servir. Si tôt eus-je terminé mon petit ultimatum, qu'elle s'élança sur le fait qu'elle était de celle qui mangeait pour deux et ne prenait pas un gramme. Automatiquement, je me mordis la lèvre inférieur pour retenir un énième sourire. C'était drôle d'une certaine façon, car, qu'elle le voulait ou non, c'était une sorte de façon de se lancer des fleurs. Une façon de dire: "Moi, j'ai de la veine à comparer aux autres." Pour une fille qui manquait de confiance en elle, je trouvais que son inconscient lui faisait dire de bien belles choses. Néanmoins, je savais qu'elle ne l'avait pas fait dans ce but. D'ailleurs, elle me lança une pic en me disant que je pourrais relancer cette réplique à une autre nana que j'inviterais à dîner. Me prenait-elle vraiment pour un mec qui collectionnait les filles comme des trophées de chasse? Était-ce vraiment ce qu'elle insinuait? Ou cette remarque était-elle seulement dû au fait qu'elle était encore en boule parce que je lui avais demandé si elle avait quelqu'un dans sa vie? Mon premier réflexe fut de laisser échapper une phrase en Espagnol.
- Maldita sea. Eres una tigresa caliente. Usted sabe que, Denver?* susurrai-je en roulant les yeux.
Il me prit un instant pour réaliser que j'avais parlé en Espagnol et que, à moins qu'elle n'est pris des cours, elle ne pouvait pas comprendre ce que j'avais dit. Il me vint l'idée de lui traduire ma phrase. Puis, je laissais tomber l'idée. Ce n'était pas une phrase importante à sa compréhension pour la conversation. Elle se mit ensuite à parcourir la carte des desserts de ses yeux vifs et marron. Pour ma part, j'avais déjà fait mon choix, alors j'attendais poliment qu'elle choisisse. Le serveur, le crayon à la main, attendait patiemment qu'elle fasse son choix. Quand elle énonça son choix, je vis qu'elle avait pris un des desserts les plus gourmands, comme si elle cherchait à me prouver qu'elle n'avait pas peur de manger. D'ailleurs, sa dernière remarque me prouva qu'elle me lançait une autre pic. Cela ne m'insultait pas, mais m'amusait: j'aimais mieux qu'elle ait des réactions vis-à-vis moi qu'elle soit indifférente comme un bloc de glace. C'était la preuve que je ne la laissais pas indifférente. Je remis à la carte de desserts au serveur.
- Comme Madame n'est pas sur le menu, dis-je en épiant du coin de l'oeil la réaction de Denver, je vais prendre votre crème brûlée. Ce sera tout.
Le serveur nous adressa un drôle de regard - ne comprenant visiblement pas la situation - et s'éloigna avec notre commande en poche. Puis, je me retournai, face à Denver, l'air mâlin.
- C'était une blague, déclarai-je en prenant un ton faussement sérieux.
Puis, je me remémorais la question qu'elle m'avait posée. Moi, avais-je quelqu'un dans ma vie? Si elle savait....cela fait tellement longtemps que je suis célibataire. Je ne compte plus les jours. Par contre, c'était un choix personnel. Elle devait s'en douter avec mes confidences précédentes: je ne voulais pas m'attacher à quelqu'un sans avoir la garantie que cette personne ne s'éclipserait pas de ma vie. Combien de filles ont vu leurs espoirs bredouilles parce que je n'étais pas le garçon qu'elle s'attendait que je sois? Elles non plus, je ne les compte plus. J'attendais de trouver la fille qui me ferait changer d'avis, qui me ferait sauter le grand saut. Je me reculais sur ma chaise en passant mon bras derrière le dossier.
- Tu n'es pas la seule qui est dure à convaincre, fut ma seule réponse à sa question.
* Merde! Tu es un de ces chaudes tigresses. Tu le sais, Denver? |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Ven 19 Aoû - 19:36 | |
| Moi y aller un peu fort avec Domenico? Allez, j’y vais fort avec tout le monde sans exception. Domenico est le type plutôt grand gaillard avec des muscles, belle gueule et un sourire à faire tomber des centaines de filles. Alors si mon commentaire était approprié? Bien sûr que oui. Qui me disait qu’il n’avait pas déjà fait ce petit numéro, d’emmener une fille sur cette île et de faire tout ce qu’il lui passait par la tête, hein? Personne, non personne. Donc je devais bien croire ce que je voulais. Mon commentaire était loin d’être déplacé, et puis au moins je pourrais réussir peut-être à en savoir un peu plus sur lui. Mais malheureusement, rien ne sortit de la bouche de Domenico à part un charabia total. Je n’avais strictement rien compris dans sa phrase à part mon prénom. Je levai ma tête d’un air incrédule fronçant les sourcils. J’avais envie de lui répliquer que c’était facile pour lui de dire quelque chose dans une autre langue pour que l’interlocuteur ne comprenne que dalle. Mais au lieu de ça, je me tus pour laisser le serveur nous donna les cartes des desserts et je plissai légèrement les yeux, bougeant ma tête de gauche à droite. Maintenant il faudrait que je prenne des cours d’Espagnol pour savoir ce qu’il dirait de temps à autres, génial. Je n’avais que le cours basique du lycée et encore je ne me rappelais que du hola, adios, gracias, me llamo Denver et le me gusta la paella, choses qui m’ont beaucoup aidées dans la vie de tous les jours. Et en ce moment je me maudissais de n’avoir pas pu retenir autre chose de tout ça, car je ne pus déchiffrer le langage de Domenico.
Au lieu de ça, je me contentai de regarder à moitié exaspérée la liste des desserts proposés. Domenico m’ayant lancé un ultimatum, je me devais d’y répondre sereinement, à ma manière bien entendu. C’est ainsi que je choisis le fondant au chocolat, de quoi faire craquer toutes les gourmands du monde. C’était un des pêchés mignons par excellence. Je le prenais aussi pour tenir tête à Domenico, comme pour lui prouver que je pouvais manger de n’importe quoi sans grossir. C’est dire, je serai même prête à lui montrer la balance après avoir avalé cette sucrerie qui devait contenir de nombreuses calories. Puis ce fut le tour de Domenico de donner son choix au serveur. Si à cet instant j’étais en train de boire quelque chose, soit j’aurai tout recraché soit j’aurai avalé de travers. Etant en présence du serveur, je ravalai mes répliques pour moi-même mais je fixai Domenico d’un air renfrogné. Il se prenait pour qui? Quand le serveur s’éloigna enfin, il ajouta que c’était une blague. Je levai les yeux en l’air puis les reposai sur lui, le toisant très sérieusement :
« Ah, tu t’attendais donc à ce que j’éclate de rire? » lançai-je.
Evidemment avec la tête que je faisais, il ne devait pas s’attendre à ça. Dans un coin de ma tête, je me demandai si c’était le genre de blagues qu’il faisait également aux autres filles. De quoi en faire tomber à ses pieds, ou encore mieux, dans son lit. C’est sûr qu’avec ce genre de commentaire salé, n’importe quelle fille pourrait avoir des idées derrière la tête, et pas très catholiques. Quand à moi, je gardais la tête froide et je préférai lui demander s’il avait une copine. La réponse me paressait évidente, même plus qu’évidente. D’une par ce qu’il m’avait déjà raconté, de deux par le fait qu’il m’emmène sur cette île et de trois par le commentaire qu’il venait de me faire. Et j’avais raison (comme toujours), sa réponse parlait d’elle-même. Il était donc célibataire. Je ne savais pas si maintenant, le fait que je le sache, changeait certaines choses? J’acquiesçai lentement face à sa réponse, observant mon verre d’un air presque rêveur. « Génial. » murmurai-je sans quitter de yeux mon verre.
Le serveur me réveilla presque. Il arriva avec les dessers en main et les déposa devant nous. C’est là que je commençai à me questionner sur ce que je venais de dire, dans un état presque second. Ce génial, pouvait signifier presque deux choses. D’un, le génial pour dire, entre autres choses, que j’en n’avais rien à faire qu’il soit célibataire. Et de deux, tout le contraire de la première option, que je sois contente qu’il soit seul pour que en quelques sortes, j’attaque. A voir laquelle des deux options, Domenico avait comprise. Fuyant discrètement son regard, j’entrepris d’attaquer autre chose : mon fondant au chocolat. Il ne fallut qu’une bouchée pour que ce morceau de gâteau mette tous mes sens gustatifs en éveil, c’était un vrai délice. Tout en mangeant, presque en silence pour la première fois de la soirée, je tournai mes yeux vers la fenêtre. L’océan était magnifique. Les quelques lueurs qui restaient du soleil couchant illuminait doucement les vagues qui se fracassaient contre les vagues. D’un air décidé, je terminai la dernière bouchée de chocolat puis je tournai le regard vers Domenico :
« Je crois que je vais aller me baigner. » dis-je, l’air très sérieuse.
Après l’avoir annoncé, je levai la main pour faire signe au serveur d’amener l’addition. |
| | | | Sam 20 Aoû - 22:21 | |
| Patience, we're gonna find a way
Je ne savais pas si la remarque caustique de Denver aurait dû me pétrifier sur place et me laisser profondément mal à l'aise, mais, pour ce qui était de la réalité, cela me faisait plutôt rire. Oui, j'avais fait une blague et la voir réagir était probablement le meilleur cadeau qu'on puisse faire à ma plaisanterie. La voir se frustrer parce que j'avais insinué que je n'en ferais qu'une bouchée me flattait. C'était sûrement qu'à quelque part, au fin fond de sa réaction, j'étais capable de percevoir qu'elle n'aimait pas qu'on la traite comme un vulgaire morceau de viande. Après tout, si j'avais été quelqu'un d'autre et que j'aurais lancé une remarque pareille, n'aurais pas voulu dire que je souhaitais la mettre sous ma couette et que ce souper au restaurant n'était qu'une mascarade? Probablement, même, fortement. Des garçons comme ça, j'en connaissais à la pelle. J'en avais même fréquenté quelques uns à la fac. D'une certaine façon, il était faux de dire que j'étais, moi compris, blanc comme neige. Jusqu'à l'an dernier, j'étais aussi de ceux qui balançaient ces phrases toutes faites aux filles parce que j'avais des intentions peu honorables. Oui, c'était cruel. Oui, cela n'avait rien d'un comportement digne d'un garçon de bonne famille. Toutefois, j'avais des besoins à assouvir et j'avais une bonne excuse: j'étais jeune et je voulais profiter de la vie. Enfin, c'était une raison en laquelle je croyais fort peu, mais qui protégeaient bien des mecs de ma génération. Rapidement, la réalité m'avait rattrapé et ma vraie nature avait resurgi: je ne pouvais pas continuer comme ça. De un, parce que je n'avais maintenant plus la conscience tranquille quand je filais en douce de la chambre d'une jeune femme et de deux, parce que cela ne me ressemblait pas: j'étais en train de m'égarer de moi-même. Avoir quitté l'université m'avait certainement aidé à quitter ces nouvelles mauvaises habitudes. Désormais, je devrais me contenter de jouer les distants et de ravaler les pulsions de mes hormones masculines. Néanmoins, en présence d'une belle femme comme Denver, je ne pouvais empêcher quelques émanations de testostérone.
Puis, je lui avais répondu d'une façon détournée que j'étais seul. Inévitablement. Elle ne cilla pas d'un poil. À croire qu'elle s'y attendait et, je devais l'admettre, c'était assez facile à deviner. Après tout, à l'heure qu'il était, si j'avais une copine, je l'aurais déjà appelé avec mon portable pour lui donner de mes nouvelles. À cette annonce, elle lança un «Génial.» J'étais parfaitement conscient qu'il avait un double sens. Il pouvait d'abord signifier qu'elle était ravie que je n'aie personne dans ma vie. Or, j'en doutais fort. Son «génial» correspondait probablement à une exclamation d'exaspération, comme si cela ne l'enchantait pas du tout. En tout cas, c'était ce que je croyais. Je n'étais pas susceptible alors sa remarque me laissa pas mal indifférent en fait. D'habitude, quand quelqu'un m'envoyait des pics ou paître, je restais indifférent, sans réaction. Cela avait l'habitude d'agacer. D'ailleurs, comme j'étais assez indéchiffrable, il était difficilement facile de savoir par mon expression faciale mes émotions. Par la suite, un silence s'installa entre nous. C'était sûrement le premier de toute la soirée. Je ne voulais pas être le premier à le briser. Je ne pouvais pas dire que ce silence rendait le moment étrange. Nous avions besoin de cette pause. De toute façon, je ne me souvenais pas la dernière fois où j'avais parlé autant. Il fallait bien que je m'accorde une petite période d'accalmie. Entre temps, le serveur vint nous apporter nos desserts que nous dégustâmes en silence. Ma crème brûlée était excellente. Je ne croyais pas que ce petit restaurant rustique avait de quoi à envier aux grand restaurants cinq étoiles des grandes villes. La nourriture était exquise, le service était impeccable, l'ambiance relaxante et chaleureuse sans parler des conditions d'hygiène bien respecter.
Alors que je prenais une dernière bouchée de ma crème brûlée, Denver prit la parole. Mes yeux marrons s'orientèrent directement vers elle. Elle voulait se baigner. Je retins un rire. Nous nous étions baignés plus tôt lorsque nous avions faits du surf et nous avions besoin de wet suits pour nous garder au chaud. Sans, j'imaginais difficilement Denver tremper ses pieds dans l'Océan. Mais bon, peut-être la sous-estimais-je? Comme son idée me plaisait beaucoup, je levais aussi la main pour l'addition. Notre serveur s'empressa de prendre nos assiettes et de nous amener la facture. Une fois carte crédit utilisée, pourboire versé, nous nous dirigeâmes vers l'Océan. Tout en marchant, j'accélérais un peu le pas, laissant Denver derrière moi. Le coucher de soleil de ce soir était absolument magnifique. Cela me laissait sans mots. En plus, l'Océan Pacifique était très calme. Les marées étaient basses. Les vagues qui atteignaient la terre ferme étaient petites et douces. Je ne voulais être nul part ailleurs qu'ici, en ce moment.
Je m'arrêtai de marcher quand l'eau glaciale du Pacifique toucha mes orteils. Je regardais pendant un long moment l'horizon, époustouflé par le spectacle. Hormis le bruit des vagues, nous étions seuls. Il n'y avait pas meilleure sensation sur terre. Je me retournais à moitié vers Denver.
- L'eau est vraiment froide et il va faire plus frais quand on va sortir de l'Océan, mais si c'est ce que tu veux.
Je me mis à déboutonner ma chemise bleue tout en fixant Denver. Puis, je la balançai, plus loin, sur le sable. Je me retournai ensuite vers la mer, enlevai mon pantalon et me retrouvai en caleçon. Sans me retourner vers elle, je pris un grand élan vers la mer et plongeai dans les vagues. Le froid de l'eau vint rendre mes muscles plus engourdit, mais j'étais capable d'en prendre. J'aimais la sensation que je ressentais. De toute façon, avec le sang latin qui me pompe les veines, il m'en prenait plus pour faire chuter ma température. Émergeant de l'eau un peu plus loin, j'appelais Denver.
- Viens me rejoindre, mi encantadora*, suppliai-je.
*Ma belle |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Mar 23 Aoû - 17:31 | |
| C’était une idée un peu folle en fait de vouloir me baigner à cette heure-ci dans l’océan glacé. Oui, il était glacé car je me rappelais des frissons qui avaient parcourus mon corps lorsque nous avions fait du surf, et tout ça alors que je portais une combinaison spéciale et que ce n’était que l’après-midi. Là, le soir, sans rien du tout, ça serait différent. Mais ce n’était ça le problème, je m’en foutais et je me disais que je ne faisais pas ça tous les jours alors je ne devais pas le rater sinon je m'en mordrais les doigts plus tard. Et puis comme j’avais annoncé mon intention à Domenico, j’aurai bien sûr aimé à ce qu’il l’approuve. Et c’est ce qu’il fit, puisqu’il leva sa main presque en même temps que la mienne ce qui me fit sourire intérieurement. Après cela, nous payâmes chacun notre part car je tenais tout de même à payer mes propres choses, ma propre consommation. Puis nous prîmes la direction de l’Océan, juste à temps pour le coucher du soleil. Jamais je n’en aurai vu un comme ça si je n’étais pas sortit de chez moi à San Francisco. Le soleil luisait doucement de toute sa splendeur derrière l’eau de l’Océan. Le ciel était presque un mélange de couleurs. C’était carrément à prendre en photo, mais je n’avais rien sur moi pour immortaliser ce moment. Domenico me devança, partant vers l’eau, alors que moi, j’observai en silence ce magnifique spectacle. Je n’écoutais guère ce qu’il me disait, me parlant de la température de l’eau où de la terre. Je l’ignorais presque car c’était ce que je voulais faire. On n’a qu’une vie et il faut en faire un maximum.
Domenico me sépara de mes rêveries alors qu’il m’appelait. Sa voix me semblait légèrement lointaine et je me surpris à le voir déjà dans l’eau. En fronçant les sourcils je m’approchais à mon tour, hottant mes chaussures et les mettant dans un coin, où je vis également les affaires de mon accompagnateur. Sans répondre à Domenico, je m’avançai vers l’eau, laissant tremper mes pieds. Un énorme frisson parcouru jusqu’à dans mes entrailles. Mais ça faisait du bien, je me sentais vivre. Puis je me mis à penser que je n’avais rien sur moi, juste mes sous-vêtements. Mais ça faisait guise de maillot de bain, pas vrai? Décidée, j’enlevais donc ma robe et je la fis rejoindre sur le mont de vêtements déjà créer par Domenico. Je mis un pied à l’intérieur, puis un autre jusqu’à que l’eau me couvre juste en bas du ventre. Il fallait que je me jette d’un coup sinon je n’allais jamais pouvoir rentrer totalement sans souffrir. Alors d’un saut, je plongeais la tête la première dans l’eau. Nageant un peu, je remontais à la surface pile devant Domenico. Je repris mon souffle tranquillement, mettant ma chevelure mouillée en arrière. Je maintenais le silence, tout en le fixant, puis je tournai mes yeux vers le soleil qui était de plus en plus bas. On n’entendait plus rien, juste le bruit des vagues et le léger vent qui faisait bouger quelques arbres. Des frissons parcouraient mes bras et mes jambes, mais je n’y faisais pas attention. Je m’en foutais également si j’allais tomber malade le lendemain. Je tournai ensuite mon regard vers Domenico, glissant mes yeux dans les siens. Je ne serais dire ce que je ressentais à ce moment là. Je ne voulais même pas m’avouer à moi-même que je me sentais presque bien à cet instant là. Allez savoir pourquoi. Puis une question me vint à la tête. Et comme c’était purement impossible de m’en défaire :
« Pourquoi moi? » demandai-je, puis voyant que la question n’était pas très claire, j’ajoutai : « Pourquoi est-ce que tu n’as pas emmené quelqu’un d’autre à ma place? »
C’est vrai quoi, on se connaissait à peine. Et puis il devait avoir des amis, des personnes qu’il appréciait sans doute plus la compagnie qu’une fille comme moi qui ne fait que critiquer et reprocher des choses. Je ne suis pas de bonne compagnie et je le sais pertinemment. C’était donc quelque chose qui m’intriguait.
« Enfin qui me dit que tu ne l’as pas déjà fait… » murmurai-je, fixant l’eau. |
| | | | Mer 24 Aoû - 3:26 | |
| Only asking for the truth
Si on pouvait me définir comme l'un de quatre éléments, je serais sûrement l'eau. Je m'y reconnaissais dans toutes ces infinis particules de H2O. Comme elle, j'étais agile, fluide et vitable (bon, peut-être pas xD). Je m'y sentais bien, à l'abris. Pas étonnant que mon père m'ait donné à un tout jeune âge l'Océan Pacifique à l'âge de quatre ans. Outre sa signification symbolique, il savait avant tout que je me plaisais à la plage, sur le bord de l'eau, à nager. Je m'en rappelais encore. Ma famille vivait sous le seuil de la pauvreté, mais mon père était capable de nous amener à la plage au moins une fois par moi ce qui était tout un exploit pour une famille de notre rang. D'une certain manière, j'avais toujours cru que, dans une autre vie, j'avais peut-être été un poisson ou un hippocampe de mer. C'était vrai: la mer me faisait un réel effet. À chaque fois que je me baignais, j'avais toujours un immense sentiment de soulagement qui m'envahissait la poitrine. On dirait que toute la pression, l'énergie négative que je retenais en moi et mes tourmentes disparaissaient quand mon corps y était submergé. C'était aussi un sentiment de pur liberté. J'étais tant libéré de la lourdeur de mon corps que de ma lourdeur d'esprit. Plus rien d'autre ne semblait exister. Il n'y avait pas de meilleure sensation sur terre. Que l'eau soit glacée ou chaude à souhait, j'y étais à ma place. J'étais persuadé que, plus tard, quand je serais grisonnant et proche de prendre ma retraite, j'irais m'installer dans une petite ville peu peuplée bordant l'Océan. C'était tout de même la preuve concrète que j'avais toujours été très attaché à l'Océan.
En émergeant des vagues minimes, j'avais appelé Denver pour qu'elle vienne me rejoindre. Après tout, c'était son idée et on avait bien plus de plaisir quand on était accompagné. Celle-ci prit tout son temps avant de daigner de mettre le pied dans l'eau. Soit le coucher de soleil était à couper le souffle, soit elle avait se demandait si c'était une bonne idée d'aller se jeter dans l'eau glaciale. Pendant qu'elle considérait ses options, je fis de la plongée sous-marine improvisée en observant le fond de l'eau qui n'était pas creux d'où j'étais. J'en avais tellement fait par le passé que le sel de l'eau ne faisait pas rougir mes yeux. Ainsi, je pouvais observer le fond marin avec ses quelques algues, ses coquillages et de certains poissons aventureux. La température de l'eau ne me dérangeait pas encore pour le moment. Je le supportais très bien. Entre temps, Denver se déshabillait. Si j'avais été un jeune homme opportuniste, j'aurais bien pu jeter quelques regards en sa direction pour la regarder en sous-vêtements. Toutefois, vu nos relations encore incertaines et non définies, il était plus sage de m'abstenir, ce que j'avais fait. Néanmoins, je devais admettre que l'envie de la regarder en soutiens-gorge était très alléchante. Oh, j'imaginais déjà la scène: si j'avais risqué un seul regard pendant qu'elle retirait des morceaux, elle m'aurait mitraillé avec ses yeux avant de me sauter à la gorge dès qu'elle en aurait eu l'occasion. C'était charmant que j'étais capable d'attribuer à Denver des traits violents. Peut-être n'étais-je pas loin de la vérité?
Lorsqu'elle fit à ma hauteur, elle sortit de l'eau en prenant une grande respiration. Je soutins son regard alors qu'elle reprenait tranquillement son souffle. De ce que j'avais compris, elle venait tout juste d'entrer dans l'eau. Elle semblait bien supporter le froid. De toute façon, si elle commencerait à trembler par une chute de température trop subite, je pourrais me charger d'elle. J'avais pris mes cours de sauvetage: je savais me débrouiller en cas d'incidents. Un silence s'en suivit. Puis, une question. Pourquoi elle? Pourquoi avoir amené Denver et pas personne d'autre. La réponse me paraissait simple. Peut-être la simplicité de ma réponse ne lui conviendrait pas. Je me rapprochai un peu d'elle.
- C'est simple, confiai-je, c'est parce que c'était avec toi que je voulais y aller. Personne d'autre.
Je détournai mon regard marron vers le soleil qui descendait de plus en plus bas. Le calme infini de la mer était si rassurant et si spirituel. Les courants chauds de l'Océan venaient m'effleurer les cuisses. Absorbé par ce spectacle naturel, je fus surpris d'entendre une seconde question de Denver. Ou plutôt une question formulée en affirmation. Elle pensait vraiment que j'avais fait le coup à une autre fille? Je croyais qu'elle avait compris que, à mes yeux, elle était différente. Je me retournai, pris son visage dans l'une de mes mains en effleurant sa joue avec mon pouce.
- Denver, soufflai-je, tu penses vraiment que je t'aurais fait un coup pareil?
Je fis une petite pause.
- Je ne suis pas revenu ici depuis que j'ai 14 ans. Il n'y a pas de piège. Je t'ai voulu et choisi pour venir avec moi. Pas plus compliqué que ça.
Je lui laissais un peu de temps pour méditer sur mes paroles, puis, plongeai en l'entraînant avec moi dans le fond. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Mer 24 Aoû - 18:29 | |
| Je devais être un peu parano sur les bords peut-être. C’était dur pour moi d’admettre que Domenico puisse m’apprécier. Pourquoi? Tout simplement parce que personne ne m’apprécie, je suis une fille dont le caractère éloigne presqu’automatiquement les personnes de moi. Donc tout cela était tout à fait nouveau pour moi, normal que je doute des intentions de mon accompagnateur. Je commençai à m’apercevoir que sa réponse m’importait énormément. Même avant qu’il puisse répondre à ma question, je priai presque pour qu’il dise que je sois la seule qu’il ait amené ici, dans cette île. Chose un peu étrange, puisque pas trop commune pour ma part. C’était donc peut-être ça, au fond de moi-même je commençai à l’apprécier celui-là. Il faisait tout pour que je me sente bien et il y parvenait. Un vrai miracle. Depuis qu’on était arrivés ici, ma mauvaise humeur et tout le tralala tentait de disparaître peu à peu. Je m’étais surprise à sourire plusieurs fois aux idioties de Domenico et cet endroit était tout bonnement magnifique. Alors comment y résister? Impossible. Des fois j’y pensais, et je me disais que c’était un signe du destin. Que cette soirée là, où j’avais trop bu et que j’avais approché Domenico pour la première fois, était prédestinée. D’une manière ou d’une autre, je savais que contre mon gré, Domenico allait changer quelque chose en moi et je lui en remerciai presque.
Toutes mes prières furent exaucées. Selon ses dires, j’étais celle avec qui il voulait y aller. Le « pourquoi » me brûlait les lèvres, mais je préférais m’abstenir pour ajouter autre chose qui me trottait dans la tête. Malgré mon caractère, je demeurai une vraie fille. Toujours à me préoccuper si j’étais la seule et unique à avoir mis les pieds sur cette île. Je voulais me sentir importante, c’était un des mes traits également. Pour moi, on est première ou on n’est rien. Mais vu la réaction de Domenico, je n’avais pas à m’inquiéter. C’est dire, je me sentais presque rassurée que je laissais Domenico me prendre le visage alors que je savais que dans un autre instant, je l’aurai détourné pour ne pas qu’il me touche. Je me sentais légèrement idiote de l’avoir sous-estimé. C’est pour ça que je pris le soin de me taire et de réfléchir à sa dernière affirmation. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé il y avait 14 ans de cela, mais une nouvelle fois, je retins ma langue et je suivais Domenico qui plongeait dans l’Océan. Une nouvelle fois, tous mes sens se réveillèrent et je pus admirer le jardin marin qui se trouvait sous l’eau. Une vraie merveille encore une fois. Le peu de soleil qu’il restait, éclairait doucement avec quelques rayons différentes parties de coraux ou de divers poissons. Je me mis à nager près Domenico, puis découvrant de nouvelles choses à chaque fois, je les lui montrai du doigt comme une petite fille qui redécouvrait le monde. N’ayant plus d’air, je décidai de remonter à la surface, suivi de Domenico qui immergea quelques secondes après. Tout en reprenant mon souffle, j’observai le soleil qui disparaissait à présent, faisant place à la lune. Puis suivant mon instinct, sans réfléchir, je me rapprochai de Domenico, tout en le fixant :
« Merci de m’avoir amenée ici. » dis-je avant d'esquisser un sourire.
Hé, je sais que je suis orgueilleuse, mais je sais faire la part des choses quelques fois. Et Domenico méritait de savoir que tout cela me plaisait. Je baissais mes yeux vers l’eau, puis mes dents commencèrent à claquer. Je pense que j’en avais terminé pour la baignade pour ce soir.
« Je sors de l’eau. » annonçai-je, me tournant vers la rive.
Je commençai donc à nager, puis à sortir de l’océan, tout en me demandant qu’est-ce qu’il me prenait. Enfin sortie, je me mis à trembler sous la légère brise. Je n’avais pas de serviette pour me sécher, et je n’allais pas remettre ma robe alors que j’étais trempée. Je m’assis alors sur le sable, entourant mes bras autour de moi, frottant doucement pour essayer de me réchauffer, et observant Domenico de loin. |
| | | | Jeu 25 Aoû - 0:39 | |
| I can see the sunset in your eyes
Jusqu'ici, je n'avais jamais vraiment osé prendre un contact physique avec Denver. Je me faisais prudent. Je ne tenais pas à la mettre mal à l'aise de quelconque façon. Bon, il était aussi vrai que je ne le faisais pas uniquement pour son propre respect: je redoutais qu'une gifle au visage puisse me mettre K.O. Néanmoins, je savais que l'outils principale pour attaquer ses adversaires était plutôt la parole que la violence. Mais bon, pour revenir à ma première pensée, cela me faisait du bien de la sentir près de moi. En fait, j'étais comme cela avec les gens que j'appréciais. J'étais du genre à câliner mes meilleures amies, à faire d'excessive accolades masculines à mes meilleurs amis. J'aimais être proche physiquement de mon entourage, car je sentais qu'une partie de ce que je n'étais pas capable de mettre en mot se transmettait par le biais de mes gestes, de mon toucher, etc. On pouvait parfois me le reprocher - quoique je n'étais pas excessif dans mes approches -, mais comme j'avais un entourage privé si petit, bien peu s'en plaignaient. D'ailleurs, en admettant qu'elle me laisse enlacer sa taille - même si ce n'était que dans l'unique but de s'amuser -, elle me donnait en quelque sorte l'autorisation que moi aussi j'entrais dans un cercle plus fermé de sa vie. Des connaissances, des collègues s'arrêteraient à une poignée de main. Or, par la façon que nous agissions, nous voyions à quel point nous n'en étions plus là. Même, je dirais que nous ne l'avions jamais été. Quand même, notre lien avait évolué si vite en si peu de temps. La chimie nous unissait accomplissait bien des miracles.
Je la suivis donc quelques instants en explorant le fond de l'eau. D'où on était, la flore marine n'était pas encore hyper développée, mais on pouvait apercevoir quelques morceaux de coraux ci et là. C'était sans parler de ces petits poissons que j'ai mentionné précédemment qui venaient s'agiter autour de nous. C'était normal: après tout, vu la température basse, peu d'êtres humains s'aventuraient dans les vagues. Alors, quand il y en avait, cela égayait pour sûr leur curiosité. Quelques minutes passèrent, nous explorant le fond marin et moi, pirouettant à chaque nouvelle bouffée d'air acquise. Il vint un moment toutefois, que je sentais venir vite, que Denver réclama la terre ferme. La pauvre commençait à geler. Ses dents s'entrochoquaient un peu, mais il valait mieux qu'elle écoute les premiers symptômes de son corps pour éviter que cela ne s'aggrave. Elle s'éloigna tranquillement alors que moi je profitais encore un peu de la baignade. Je fis quelques longueurs. J'aimais nager. Me sentir comme un poisson. Si l'ouragan n'avait pas frappé et créé la tragédie familiale, mes parents m'auraient probablement inscrit dans des cours de natation. Bon, ils en faisaient projet. Cela restait tout du même des dires et non des engagements. Vivant dans un bidonville avec un revenu inférieur à bien des ménages, l'idée de payer des leçons de natation à leur fils était bien la dernière dépense à ajouter à leur liste énorme. Toutefois, si mes souvenirs étaient exactes: mon père était en train de prendre du poil de la bête puisque, dans les dernières semaines de sa vie, son garage commençait à être un peu plus rentable qu'auparavant. Mais bon. À quoi bon se questionner sur ce qui aurait pu arriver? Cela ne s'était pas produit. Si je n'avais pas connu cette triste catastrophe, je n'aurais pas connu Denver. En un sens, cela aurait été vraiment dommage.
Donc, je nageais, mais cette nage fut de courte durée puisque j'avais aperçu Denver se frotter les bras en essayant de se réchauffer. Visiblement, elle n'osait pas remettre sa robe. Je me dépêchai d'aller la rejoindre. Dès que je fus à sa hauteur, je m'agenouillai devant elle en prenant ma chemise et en lui mettant sur les épaules. Bon, le tissu était mince, mais cela aiderait à bloquer le petit vent qui s'était levé. J'allai ensuite prendre place derrière elle et me mis à frotter son dos pour la réchauffer. Je n'osais pas la prendre dans mes bras, car j'étais tout mouillé.
- Prend ma chemise, lui conseillai-je gentiment. Je vais pouvoir m'en passer. Je suis plus résistant que toi à la chaleur.
Je réalisai soudain qu'elle était en sous-vêtements. Que plus tôt, je m'étais gêné pour adresser un seul regard et maintenant, là, j'en avais plein la vue. Cela m'amusa l'ombre d'une seconde. Puis, je me resaisis: j'en avais vu d'autres et je n'étais plus un gamin. J'enfonçai mes orteils dans le sable et regardais le couché de soleil. Il avait presque disparu de l'horizon.
- Pour revenir sur ton remerciement, je voulais te dire que ça me fait plaisir de t'amener en voyage avec moi.
Bon, ce n'était pas spécialement le bon moment pour passer mon commentaire, mais il fallait quand même que je souligne qu'elle m'avait remercier ce qui était tout un exploit vu son orgueil sur-dimensionné. Alors que les derniers rayons du soleil étaient perceptibles, j'approchai ma tête de son oreille.
- Il y a une légende en Équateur qui dit que chaque couchée de soleil est capable de réaliser certains voeux, chuchotai-je. Pour d'autres cultures, ce sont les étoiles filantes, nous, ce sont les couchées de soleil. Ça l'a rapport avec nos anciennes religions animistes, mais bon, ça, ça t'intéresse pas. L'important est de faire le voeux avant que le soleil disparaisse. Donc, là, il nous reste plus beaucoup de temps.
Un sourire apparut sur mon visage. Qu'allajs-je souhaiter? |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Jeu 25 Aoû - 1:29 | |
| Alors que j’observai Domenico de loin, mes pensées vaguèrent sur différents sujets. Tout d’abord, ma famille, dont je n’avais plus de nouvelles depuis un bout de temps, presque depuis que j’avais quitté ma ville natale, Philadelphie. Mes parents n’avaient pas acceptés que je m’en aille de cette façon, surtout pour le métier que j’allais faire. Ils disaient que j’allais m’introduire dans cette société capitaliste et que je ne pourrais jamais en sortir. Eux, c’était des marginaux, des personnes un peu coupées de notre société américaine. C’est pour ça que je me sentais différente d’eux. C’est dire, quelque fois je me demandais si je n’étais pas adoptée ou quelque chose dans le genre. Puis je me mis à penser à Victoria, ma petite sœur me manquait terriblement. C’était en quelques sortes elle qui m’aidait à garder les pieds sur Terre et me disait de poursuivre mes rêves, parce que c’était ma vie et seulement la mienne, pas celle de mes parents. Je donnerai cher pour l’avoir près de moi. C’est ma seule et unique meilleure amie. Chassant ses pensées, je tournai mes yeux vers Domenico qui était toujours dans l’eau. Il n’arriverait jamais à remplacer ma sœur, mais peut-être qu’il s’y rapprocherait et c’était ce que je souhaitais. Même si je ne voulais pas l’avouer, être seule n’est pas la meilleure de solutions. Chaque personne a besoin d’être épaulée, et je ferai face à mon orgueil s’il le faut. Domenico commençait à faire partit de ces personnes là pour moi et j’étais consciente que je devais faire un effort pour l’accueillir dans ma vie. J’avais déjà laissé passer quelques rapprochements, ce qui était un bon début. Je n’allais pas le lui dire mais, Domenico était un privilégié au jour d’aujourd’hui.
Pendant ce temps, le froid continuait d’entrer dans mes muscles. Je forçai ma mâchoire pour ne pas claquer des dents, tandis que j’essayais péniblement de me réchauffer avec mes mains. Domenico avait dû voir que je galérais, puisqu’il sortit vite de l’eau et m’entoura les épaules avec sa chemise. Elle n’était pas très grosse mais au moins je ne sentais plus la brise fouetter ma peau, ce qui était bien meilleur. Je la prenais avec mes mains pour la serrer davantage autour de moi alors que Domenico prenait place derrière moi.
« Veinard… » soufflai-je entre deux claquements de dents.
C’est alors que je sentis ses mains sur mon dos nu. Oui, j’étais en sous-vêtements devant lui. Ce serait mentir si je disais que je n’étais pas gênée, mais c’était bien la première fois que je me trouvais comme ça devant un homme. Et si je me risquai à un geste quelconque pour me cacher, il le remarquerait. Alors je préférais ne rien faire, ne pas agir et me taire une nouvelle fois, laissant les mains de Domenico passer et repasser sur mon dos pour me réchauffer. Puis il me fit une remarque sur mon remerciement de tout à l’heure. Je maintins mon silence, portant mon regard du sable au soleil qu’on voyait à peine. La voix de Domenico à mon oreille me fit presque sursauter, tellement j’étais absorbée par le paysage. Je l’écoutai attentivement, sans déplacer mon regard des derniers rayons du soleil. Je ne savais pas si ce qu’il racontait était du pur charabia, mais ça valait le coup d’essayer. Qui sait, peut-être que ça marcherait? Observant les derniers rayons du soleil une ultime fois, je fermai les yeux puis je me mis à souhaiter. A souhaiter que ma vie change et qu’elle s’améliore, dans tous les sens possibles, comme ce qu’il se passait en ce moment. Je me mis à répéter tout ça dans ma tête, comme une idiote, puis je rouvris les yeux devant l’Océan à présent obscure.
« C’est fait. » annonçai-je, me retournant à demi vers Domenico.
J’étais curieuse de savoir ce que lui avait demandé, mais comme la tradition veut que l’on ne dise rien de nos vœux, je m’abstins une nouvelle fois. J’attrapai donc les mains de Domenico, pour les enlever de mon dos. J’étais presque sèche et même s’il faisait encore frais, je ne claquais plus des dents pour autant. Restant assise je reculai, me mettant à côté de lui, à sa hauteur. Avec sa chemise, j’essayais tout de même de cacher discrètement quelques parties de mes sous-vêtements, même si je savais pertinemment qu’il y avait déjà jeté un coup d’œil. Je tournai alors les yeux vers lui :
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant? » demandai-je, ne le quittant pas des yeux. |
| | | | Jeu 25 Aoû - 2:00 | |
| Let's be together, for once
Dans ma vie, j'avais eu à faire des souhaits bien souvent. Certains étaient réalisables et d'autres l'étaient un peu moins. Dans un moment ou un autre dans une vie, l'être humain est confronté à ses ambitions et, en quelques sortes, les envoie à une puissance surnaturelle quelconque pour se faire donner un coup de pouce dans la réalisation de nos aspirations. Quand j'étais petit, entre l'âge de 4 à 6 ans, j'avais toujours souhaité vivre dans une grande maison et avoir une belle voiture. Ce voeux fut exaucé, mais, avec quelques lacunes cela dit. Puis, vers l'âge de 7 à 9 ans, je souhaitais retrouver ma famille. Je voulais qu'on m'annonce que les experts s'étaient trompés sur l'identité des corps morts. Je voulais récupérer ma famille. Toutefois, comme vous le devinez, c'était un rêve en vain, impossible. Ce fut pourquoi mes souhaits prirent une autre direction à 9 ans. Puis, vers l'âge de 13 à 14 ans, je souhaitais retrouver Kahina que j'avais perdu au profit d'un autre mec. Encore une fois, mon voeux a été réalisé, mais combien d'années plus tard? Maintenant, je pouvais dire que nos liens d'amitié étaient revenus à leur forme précédente, mais cela avait été long. Par la suite, il eut encore des souhaits divers durant mon adolescence sans but particulier. Peut-être le désir de quitter Hawaï ce qui arriva dès que le lycée était terminé. Finalement, vint le souhait que mes parents m'accordent cette année de répit ce qui fut aussi réalisé. D'un certain sens, la plupart du temps, j'avais été chanceux en matière de souhaits. Mise à part quelques uns bidons, la plupart s'étaient exaucés. Il fallait donc que je fasse attention au prochain.
Je dus y réfléchir rapidement, car les rayons étaient presque partis. Je me demandais un instant ce que je voulais: ce qui manquait à ma vie. En fait, je n'étais pas totalement capable d'y penser sur un sujet en particulier. Il y avait tant de choses que je voulais. Oui, je me contentais de peu pour être heureux, mais si j'avais la chance de pouvoir l'être encore plus, je savais quoi faire pour. Donc, simplement, j'avais souhaité que ma vie s'améliore encore plus que cela soit sur ma quête identitaire, dans mes amours, professionnellement ou simplement financièrement. Après tout, si j'optais pour un voeux plus large, j'avais plus de chance qu'il se réalise, même si, le pessimiste en moi n'y croyait qu'à moitié. Alors, quand je fus certain d'avoir formulé correctement mon souhait dans mon esprit pour le transmettre, j'ouvris les yeux. Oui, c'était une habitude de gamin que j'avais gardé. C'était une façon bidon de s'assurer qu'on avait mis toute son énergie dans cet acte. Enfin, des fois je me dis qu'il faudrait que je grandisse un peu. Un enfant de coeur, voilà ce que j'étais! Enfin, à l'occasion cela dit. Donc, comme je le disais, en ouvrant mes yeux, Denver m'affirma qu'elle l'avait aussi fait. Pendant l'ombre d'un moment, il me vint à l'idée de l'interroger sur ce qu'elle avait demandé. Or, cela n'était pas une bonne idée puisque cela pourrait briser le charme du rituel. Machinalement, j'essayais de savoir ce qui aurait bien pu lui traverser l'esprit. J'aurais été prétentieux que croire que cela me concernait, car, contrairement aux apparences, j'étais loin d'être un ventard. Il n'y avait qu'avec Denver que je me comportais ainsi. La raison? Cela l'agaçait et donc, cela m'amusait. La voir se frustrer contre moi était l'un de mes passe-temps favoris. Donc, oui, je passais quelques brèves secondes à y réfléchir, puis abandonnai l'idée. J'avais mieux à faire.
Elle me demanda ensuite ce qu'on ferait. J'en profitais du même coup pour me lever, mettre mon pantalon et prendre sa robe dans ma paume.
- Je propose que nous prenions une demi-heure pour marcher sur le bord de la mer et ramasser les coquillages. Après tout, c'est tranquille. Après, nous devrons rebrousser chemin. Il est déjà 22 heures. Si on veut visiter demain, on devrait éviter de se coucher trop tard.
Je lui adressai un sourire et lui tendis sa robe. Je commençais ensuite à marcher dans l'obscurité sans vraiment m'intéresser aux coquillages. Je voulais avoir encore un peu de temps avec elle en privé, car je ne savais pas quand cela allait se reproduire. Demain, en visitant, une conversation du genre n'était pas envisageable. Et puis après, je savais qu'on allait se revoir, certes, mais quand? Ça je l'ignorais. Aussi bien en profiter maintenant. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Jeu 25 Aoû - 2:34 | |
| Exécutant l’ordre de Domenico, je me levai à mon tour du sable. L’idée n’était pas si mal, et puis à cette heure-ci il n’y avait pas grand-chose à faire à part rester près de l’Océan. Alors qu’il me lançait ma robe, je lui passais sa chemise. Sans grande difficulté, j’enfilai mon morceau de tissu puis je pris mes chaussures à la main. D’un coup de vent, je remis mes cheveux, encore légèrement trempés, en place puis je me mis à suivre Domenico qui s’aventurait déjà dans la nuit. Au début, je restais à une certaine distance, ne m’approchant pas trop de lui. Je voulais observer les choses seule pour l’instant. Avec les timides rayons de la lune, je trouvais différents coquillages. J’en attrapais quelque uns, mais les jetait par la suite : soit sur le sable, soit dans l’Océan. Je n’avais pas assez de place pour garder tout ça. Mais un des coquillages avait attiré mon attention, il était d’un blanc pur et peu commun qui luisait à la lueur lunaire. Il est rond et doux. Décidée, je le rangeai dans une petite poche que contenait ma robe. J’aurai un petit souvenir de cet océan.
Ayant tout observé, je me mis à m’avancer vers Domenico, accélérant légèrement le pas pour arriver à sa hauteur. Je me mis ensuite à ses côtés et m’adaptai à la vitesse de ses pas. Pour l’instant, le silence ornait le bruit des vagues qui se cassaient à nos côtés. Je me demandais, d’une certaine manière, quand est-ce que j’allais le revoir après ce week-end? Est-ce que je franchirai ce pas, de l’inviter chez moi? Je préférai attendre comment tout cela se terminerait demain, et ne pas faire de conclusions hâtives. Pour l’instant, il suffisait de profiter du moment et c’était tout. Je continuai de marcher en silence, observant un petit point devant moi. Un léger déséquilibre me força à m’approcher plus de Domenico, effleurant sa main et sa paume plus précisément. Instinctivement, je me remis droite, m’éloignant légèrement de lui. Je ne voulais pas qu’il pense que ce geste était de ma part. Je n’avais pas encore montré la moindre marque d’affection gestuelle par rapport à lui. Certes, j’étais plus orgueilleuse, mais c’était quand même un moyen de briser la glace qui pouvait rester. Je soupirai en me maudissant moi-même pour mon comportement. Je restai toujours en silence, me risquant à m’approcher de lui mais sans plus. Au bout d’un certain temps, je brisai le silence :
« Je crois qu’on devrait rentrer. » soufflai-je, l’observant.
Je ne savais pas si cela faisait une demi-heure que l’on se promenait, mais cela me semblait suffisant. Ce qui m’énervait, c’est que je n’avais pas pu sortir une seule parole. Comme si nous avions trop parlé au cours du dîner. Et cela avait presque le don de m’énerver. Nous arrivâmes donc à l’hôtel, jusqu’à monter dans nos chambres qui se trouvaient près l’une de l’autre. Je stoppai devant la première porte, qui se révélait être ma chambre. Mais je n’entrai pas. Au lieu de ça, je me mis dos à la porte, m’appuyant contre elle, puis j’observai Domenico qui se trouvait devant moi. Je ne savais pas ce que j’attendais exactement, mais quelque chose me disait que je ne devais pas rentrer dans ma chambre comme une voleuse, ou comme je l’aurai fait avec une autre personne. Là, c’était différent. Et ce qui était ironique, c’est que je n’avais pas sommeil du tout. Alors au lieu de tout ça, je restai dehors, contre la porte et fixant Domenico. Ma bouche demeura celée, mais elle s’étira doucement en un sourire sincère. Je ne savais pas pourquoi d'ailleurs. C'était peut-être juste le fait d'observer Domenico ou juste pour lui faire savoir que j'avais passé une bonne journée. Je m'étonnais encore à sourire autant, je crois que j'avais battu mon record personnel aujourd'hui.
« Bonne nuit » dis-je sans trop grande conviction.
Je savais que j'allais galérer à dormir ce soir. |
| | | | Ven 26 Aoû - 1:05 | |
| Make it right
Marchant tranquillement sur la plage, mes plans ne prenèrent cependant pas la tournure que j'aurais voulu. Cela aurait pu me frustrer, mais j'étais de ceux qui géraient le changement avec facilité. De plus, ce n'était pas comme si j'avais incité Denver à se joindre à mes volontés. Alors, pendant ce temps, alors qu'elle traînait un peu plus loin derrière moi, je jetais mon regard sur l'horizon et profitais de l'air frais qui emplissait mes poumons. J'étais heureux. Oui, en ce moment, je pouvais me considérer heureux. Dieu sait que le bonheur ne s'acquiçait pas facilement quand on s'appelait Domenico Torrès. Vrai, je me contentais de peu pour être heureux comme le disait le Livre de la Jungle, mais dans mon cas, ce «heureux» en question était plus de la joie que du bonheur. Pourquoi? Parce que j'étais un profond pessimiste qui croit difficilement à cette poursuite du bonheur et surtout, à y avoir accès. Et là, toute de suite, maintenant, aucune pensée négative ne parvenait à mon cerveau. Je ne sentais aucune trace de négatif dans tout mon corps. Était-ce Denver qui me mettait dans un tel état ou était-ce simplement le voyage vivifiant que j'étais en train de vivre? Un peu des deux, je dirais. C'était drôle, car, d'une certaine façon, cette fameuse nuit où je lui avais déballé combien elle avait d'importance pour moi semblait loin déjà. C'était comme si les paroles que je lui avais dites prenaient tout son sens à présent parce que je constatais concrètement l'effet qu'elle produisait sur moi. En prendre conscience ne me troubla pas, mais me laissa avec un sentiment de satisfaction. Je n'avais jamais été aussi heureux d'avoir raison.
Après avoir recueilli quelques coquillages sur la plage, Denver avait accéléré le pas pour me rejoindre. Dans un silence toujours soutenu, nous marchiâmes l'un à côté de l'autre tout en observant la nature s’étalant des kilomètres à la ronde. Comme j'avais d'abord songé au départ, j'avais souhaité que nous conversions encore. De quoi? De n'importe quoi. Or, j'avais réalisé avec son retour à mes côtés que nous avions peut-être épuisé tous les sujets de conversation pour la soirée et qu'il faudrait attendre à demain, à l'aube pour avoir de nouvelles idées. De toute façon, ce silence entre nous n'était pas inconfortable. Personnellement, je me plaisais dans le silence. Comme j'étais du type généralement peu bavard, le silence était un réconfort. Un solitaire comme moi avait besoin d'y plonger assez souvent pour se ressourcer. Je n'étais pas de ceux qui croyaient que le silence était source de malaise et qu'il fallait absolument l'éviter. Au contraire. Par chance, mon instinct me dicta que Denver devait faire partie de ma catégorie aussi, car elle ne força pas la conversation. D'ailleurs, fait cocasse, lorsque nous nous baladions sur le sable brun, sa main avait effleuré la mienne. Comme à mon habitude, mon visage resta impassible, ne pouvant montrer à personne mes émotions. Toutefois, à l'intérieur, une vague de surprise m'envahit. Je n'avais rien tenté pour me rapprocher d'elle et pouf! d'un coup, c'était elle qui faisait les premiers pas. Bon, bien vite j'avais compris que ce n'était pas son intention puisqu'elle se rétracta rapidement. Je me gardais de lui faire un commentaire. En tout cas, j'étais sur que ce geste n'était pas dénué de sens. Son inconscient avait peut-être parlé...
Ce même moment coïncida presque avec le moment de notre départ. Les trente minutes s'étaient écoulés. Nous rebroussâmes donc chemin vers ma voiture et en moins de dix minutes, nous étions à notre hôtel. L'étape de l'hôtel. C'était crucial. Du moins, en ce moment, ce devait vraiment l'être. Soyons honnêtes: Denver et moi n'étions probablement pas sûr ni l'un ni l'autre de ce que nous représentions l'un aux yeux de l'autre. Alors, quand on ignorait vraiment notre statut, comment pouvoir agir en conséquence? Il fallait que je fasse les choses bien. J'aimais le risque, mais avec Denver, les enjeux étaient trop grands. Valait mieux la jouer tranquille. Donc, arrivé devant la porte de la chambre de Denver, elle se retourna pour s'appuyer dessus et me fixer. Nous passâmes quelques secondes à nous fixer dans les yeux. Elle me souhaita bonne nuit. Merde! Elle me laissait agir en premier. Bon, un homme doit faire ce qu'il avait à faire.
- À toi aussi, murmurai-je doucement avec un accent espagnol.
Cette fois-ci, contrairement à la dernière fois au parking, je n'allais pas faire preuve de maladresse, ce qui ne m'arrivait d'ailleurs jamais à l'habitude. Je pris mon courage et suivant mes paroles, je m'avançai vers elle pour la prendre dans mes bras. Ma tête s’accota sur la sienne et je respirai l'odeur de ses cheveux. Une odeur d'eau salée et de shampoing. J'aimais bien. J'aimais pouvoir la sentir près de moi, dans mes bras. Je sentais que c'était comme ça que les choses devaient être. Bien heureux que j'initie le tout. Seulement, je n'exagérais pas non plus. Après une étreinte d'une longueur raisonnable, je me détachai d'elle et reculai de deux pas. Je ne sentais pas la fatigue, mais il était vrai que j'étais maintenant éveillé depuis presque 24 heures. Toutefois, je ne voulais pas aller dormir. Je restais peut-être un peu trop longtemps devant elle à la fixer alors que j'aurais dû aller directement dans ma chambre. Quand j'en pris conscience, je fis une petit moue et allai dans ma chambre. J'entrai et m'appuyai ensuite sur la porte de la chambre. Qu'est-ce qui m'arrivait? |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Ven 26 Aoû - 10:56 | |
| J’y avais déjà pensé à moitié à cette étape. Et je savais aussi que je ne devais pas faire le premier pas, je préférais laisser tout ça aux soins de Domenico. Pas que j’ai peur de mal faire, mais j’étais curieuse de voir comment il allait réagir face à cette situation. J’avais déjà vu la première fois, quand on se séparait au parc de San Francisco, qu’il avait eu une certaine maladresse face à moi. Il avait hésité et je le comprenais. Moi, dans sa situation, je n’aurai même rien fait. Risquer des choses, ce n’est pas trop quelque chose que j’entreprends au quotidien, surtout sur le plan sentimental. C’est comme ça, je ne suis pas douée. Faute d’expérience sans doute. C’est pourquoi ce soir là, revenant devant ma chambre, j’avais également laissé une nouvelle fois le pauvre Domenico en faire les frais. Et oui, je suis une sadique dans l’âme.
Je m’étais donc positionnée contre ma porte et je lui avais souhaité bonne nuit. Ni plus, ni moins. C’était au tour de Domenico de faire le reste et j’avais eu raison de lui laisser ce choix. Après m’avoir souhaité bonne nuit à son tour, il s’approcha de moi et je sentis ses bras m’encercler. Instinctivement, je posai ma tête sur son torse et je sentais la sienne au dessus de moi. Puis j’enroulai à mon tour mes bras sur lui. C’était étrange comme sensation, mais je me sentais en sécurité ici. J’étais tellement mince et petite, que le fait d’être entourée de cette façon là, semblait me protéger de tout. Ayant la tête contre sa poitrine, j’entendais son cœur battre. Puis au bout d’un instant, je sentis son étreinte me lâcher, je m’entrepris donc de me séparer à mon tour, reprenant ma position contre la porte. Sauf qu’à ce moment là, alors que je croyais que nous allions rejoindre nos chambres respectives, Domenico ne bougea pas d’un pas et commença à me fixer. Un peu surprise sur le début, je ne daignai pas non plus d’entrer dans ma chambre et je soutins son regard. Peut-être attendait-il que je réagisse, que je fasse quelque chose ou que je dise quelque chose? Je n’en avais strictement aucune idée. La seule chose qui me traversa l’esprit c’était de lui demander ce qu’il lui passait. Mais c’était inutile puisqu’au bout d’un moment, ce fut comme s’il se réveillait et il partit dans sa chambre. Mes sourcils légèrement froncés, je fis volte-face et j’entrai également dans la mienne, un peu confuse sur le coup. Je passai ensuite une main dans mes cheveux, soupirant doucement. Toutes ces situations devenaient étranges à mes yeux. Et comme je n’avais pas la moindre envie de dormir, je sentais aussi que tout cela allait donner du travail à mon cerveau. |
| | | | | | | | One More Day (ft. Denver H. Hopkins) | |
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