✱ NOM/PSEUDO : lucie, alias RESUME.
✱ ÂGE : dix-huit ans.
✱ J'HABITE : vers Toulouse.
✱ PERSONNAGE : inventé.
✱ CODE : OK by Alice
✱ UN PTIT MOT? : ♥.

Je suis canadien, pourtant je ne suis pas immense, je n'ai pas de gros bras et je porte encore moins ces miteuses chemises à carreaux rouges et super moulantes. Seule ma mère m'a élevée, mon père n'a soi-disant pas assumé le fait d'avoir un enfant. Il parait surtout que c'était un coureur de jupon. J’en connais plus sur lui qu’il n’en connait sur son propre fils et je sais aussi que je suis un accident mais ça ne me démoralise pas pour autant. Si ma mère ne m’avait vraiment pas voulu, elle m’aurait tué alors que je n’étais qu’une minuscule petite crevette nageant dans son mince ventre et elle ne m’aurait pas porté l’amour qu’elle m’a porté. Je n’ai pas grandi dans le luxe. Pour arrondir les fins de mois, ma mère faisait la pute, ouais c’est bien le mot pour ces femmes qui couchent pour de l’argent non ? Je n’ai aucune honte que ma mère ait exercé ce « métier », si on peut appeler ça un métier. Je me dis au contraire qu’elle a du courage, et qu’elle a fait ça pour que je ne manque de rien. Les hommes allaient et venaient à la maison alors que je n’étais encore qu’un tout petit garçon mais je trouvais ça normal puisque je grandissais avec. Ça faisait partie de mon quotidien. Je jouais sur le tapis devant la télé, celui qui est en plein sur le chemin entre la porte d’entrée et la chambre de ma mère. Aucun d’entre eux ne m’a jamais adressé la parole, j’ai eu droit à quelques regards mais c’est tout. Ils passaient à côté de moi, ils auraient pu me marcher dessus, ça ne les aurait pas dérangés. Mais je ne me laissais pas abattre. Je faisais mon train de vie, je faisais MA vie. J’avais besoin de personne, jamais. Je continuais de grandir, l’adolescence. Ma mère ne s’en sortait toujours pas, elle continuait de faire la trainée, pour notre bien et moi, j’essayais de passer le moins de temps à la maison. Mes amis n’étaient pas au courant des extras de ma mère et c’était tant mieux. Malgré tout, je restais moi-même, je ne devenais pas une de ces racailles merdiques. L’école, ce n’était pas trop mon fort, je séchais pas mal de cours et je n’arrivais pas à m’intéresser à une quelconque matière. Le temps avançait, les choses ne changeaient pas. J’ai eu droit à mes premiers tatouages. Un « mum » avec un cœur sur la main droite, parce que ma mère, c’est un peu tout pour moi. Un « dad » avec une bouteille d’alcool parce qu’il parait qu’il est devenu alcoolique maintenant. Je dis, tant mieux pour lui. J’ai encore de la pitié pour avoir marqué dad, il ne le mérite pas. Bref, j’étais fier, et plus le temps avançait et plus de nouveaux tatouages apparaissaient. Je rêvais d’évasion, de renouveau mais maman n’était pas prête à bouger, elle plongeait avec plus dans la merde, dans le sexe, elle commençait même à boire. Je ne la reconnaissais plus. Les peu de fois où je l’ai croisé totalement sobre, elle me disait de m’enfuir, de quitter la ville, de la laisser, que personne ne pouvait plus rien pour elle. Elle n’avait pas totalement tort. Le lendemain de son quarante-cinquième anniversaire, j’ai plié bagarre. C’était il y a maintenant un moi. J’ai atterri à San Francisco, CA. Je me suis trouvé un appartement, au quartier gay parce qu’on m’avait pas que personne n’osait y habiter, du coup les gens baissaient les prix. Je me suis aussi trouvé un boulot qui me plait dans une petite boutique de fringues. Une nouvelle vie commence pour moi, une vie dont je veux profiter à fond.