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Dim 25 Mar - 6:29

Mettre la clé à la porte pour de bon [ft Denver] 958602tumblrlpoi8b6E6y1qd41g8o1500

    Le bruit de la porte d'entrée claqua. Le son résonna très fort dans ce minuscule appartement d'une pièce et d'une unique chambre de bain. J'étais en plein centre de la pièce, les mains sur les hanches, à contempler la pièce vide. Je venais tout juste de vendre mon appartement à un mec. Un étudiant. On avait signé le baille, je lui avais donné les clés, lui avais expliqué tout le nécessaire pour qu'il puisse vivre dans les règles. Cela me faisait bizarre de vendre. Étrangement, ce petit habitacle m'a beaucoup plu. Je n'ai jamais été quelqu'un qui avait besoin de beaucoup pour être heureux et cela en fut la preuve. Si cela n'avait été pour de meilleures accommodations financières, je serais resté ici. Toutefois, mon retour aux études forçait un peu la vente. Je n'étais pas amer de cette décision; changer d'environnement me ferait du bien. En plus, j'avais emménagé dans Crocker Amazon, un quartier nettement plus proche de l'université. Cela me saurait d'autant plus pratique puisque je n'aurais plus l'obligation d'utiliser ma voiture et pourrais m'y rendre à pied - ce qui me permet d'économiser davantage. Mais bon, cet appartement avait ses avantages tout de même. Ici, j'étais maître chez moi. Où j'emménageais, je cohabitais avec Julie et une autre femme que je connaissais peu, mais qui avait eu l’amabilité de répondre à notre annonce et un autre mec. J'aurais toujours ma chambre pour chercher un peu de solitude, comme je l'aimais, mais l'ambiance ne serait plus pareille. Ce n'était pas un désavantage en soi, mais connaissant mon côté un peu vieux grognon, cela pourrait l'être à quelques occasions.

    Enfin bref, ce fut avec un peu de mélancolie que je contemplais une dernière fois l'intérieur de cet appartement qui m'a accueilli pendant une année. Comme je l'avais d'abord stipulé avec le proprio. Toutefois, à l'époque, je n'imaginais pas que je partirais pour trouver mieux à San Francisco. Ah la vie! Elle est décidément pleine de surprises. Finalement, je poussai un dernier soupir en vérifiant que je n'avais rien oublié - plus par habitude que par réelle nécessité, car en regardant bien, on voyait qu'il ne restait plus rien nulle part. Je laissais traîner les pieds encore un peu et décider de rentrer dans mon nouveau chez moi vu que plus ne me retenait ici. Je sortis de l'appartement et avec mon double de clé, verrouillai pour une dernière fois la porte. Je laissai ensuite la clé dans la boîte de la lettre comme je l'avais assigné au nouveau propriétaire. En même moment, ma vieille voisine italienne célibataire, qui vivait à l'étage supérieur sortis elle aussi de son habitacle. M'apercevant, elle s'empressa d'aller en ma rencontre en me serrant fort dans ses bras. Lorsqu'elle avait appris la nouvelle, elle avait été bien déçu de constater que je n'étais pas resté aussi longtemps. Selon elle, j'étais un excellent voisin - ce qui n'était pas le cas de bien des jeunes qu'elle avait vu défilés dans l'appartement avant moi. Elle allait certainement me manquer à moi aussi. Cette présence maternelle qui m'accueillait toujours d'un sourire franc sur son balcon lorsque je revenais de travailler, de faire mes courses ou du jogging allait être difficile de retrouver là j'allais habiter.

    - Alors, c'est le grand départ? me demanda-t'elle en secouant légèrement mon épaule sur laquelle sa main était appuyée.
    - Ouais. Finalement, soufflai-je en laissant un sourire.
    - J'espère que tu m'as dégoté un bon remplaçant! Je n'ai jamais aussi bien dormi depuis que tu as emménagé ici.
    - Je crois qu'il va vous plaire, répondis-je après avoir échappé un rire.
    - Tu repasseras me voir, dis-moi? Et si tes colocataires et toi avez besoin de bons plats, n'hésite pas à me lâcher un coup de fil. J'ai toujours de la sauce à spaghetti de plus dans mon réfrigérateur.
    - Comptez sur moi pour repasser vous dire salut. Merci pour l'offre, c'est apprécié. Ne vous donnez pas trop de mal pour nous. Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse.
    - Ce n'est pas être profiteur mon joli, s'exclama la mama italienne, cela me fait plaisir. Au passage, tu diras à ta petite amie de jeter un coup d'oeil sur toi pendant que je ne suis pas là pour le faire.

    Je la fixais avec un sourire figé, incapable de réagir autrement. Le visage carrément du malaise. Bien entendu, elle ignorait que Denver et moi avions rompu. Jusqu'à ce qu'elle voit mon visage, évidemment.

    - Excuse-moi. Je n'ai pu me l'empêcher. Je vous ai vu à nombreuses reprises ensemble...
    - Ça ne fait rien, la coupai-je avant qu'elle se perdre en excuse. Je n'avais pas envie qu'on s'éternise à ce sujet. Je ferais mieux d'y aller. Portez-vous bien.

    Elle me fit une grosse bise sur les deux joues et rentra à l'intérieur. Je chassais rapidement ce petit glissement qui s'était produit lors de notre conversation dans ma tête et descendis les quelques marches me menant au trottoir. J'allais rejoindre mon automobile quand je remarquais une voiture familière. Trop familière. J'essayais d'accélérer le pas en supposant qui était derrière le volant.
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Denver Hopkins
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Dim 25 Mar - 18:08

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    Une tonne de piles de paperasses entouraient mon bureau. C’était limite si je ne me noyais pas dedans. Des documents, des dossiers sur des patients, tout un tas de trucs qui m’aidaient à ne pas penser à ma vie privée. Ouais, parce qu’en fait on pouvait le dire : je me noyais dans le travail pour ne pas penser à autre chose. Et ça me donnait un bien fou, puisque c’était plutôt concluant. J’étais encore là au boulot, alors que plusieurs collègues avaient déjà terminé leur journée. Je tapotais rapidement sur les touches de mon ordinateur portable à la recherche d’information pour la prochaine scène en justice. Je devais défendre un type qui arnaqué une poignée de personnes avec son entreprise. Un cas pas super simple, mais dont j’aimais bien m’en occuper. Moi, il me fallait des affaires avec du fil à retordre, pas des cas inutiles et ennuyants à mourir. J’aimais l’action et j’avais besoin de cette sorte d’adrénaline pour me permettre de me redresser dans cette étape plutôt pas facile de ma vie. J’avais trompé Domenico avec Kyler. Puis j’ai été avec ce dernier, avec lequel je suis tombée un peu trop amoureuse à vrai dire. Puis il m’a laissée tomber, pour ses histoires avec ses filles dont je comprenais parfaitement. Sauf, que j’avais du mal à faire la part des choses et j’avais en moi, toujours une petite lueur d’espoir qui s’épuisa bien vite depuis quelques jours. J’avais compris qu’il était temps d’arrêter, et que nous ne serions plus qu’amis. C’était dur à accepter, mais c’était comme ça, et j’y faisais face. Je n’essayais plus d’y penser en fait. Je faisais mes allers-retours boulot-maison et c’est tout. Je recommençais à vivre ma vie de solitaire. Je ne parlais presque plus à personne, à part Constance.

    I will be okay. C’est ce que j’étais en train de me dire en rangeant toutes mes affaires dans mon sac. Journée terminée, j’allais rentrer à la maison, prendre un bain, me préparer un bon petit plat et aller me coucher pour mieux recommencer le lendemain. Quelle vie de fou, ouais. Je fermais donc mon bureau à clé, puis je sortais enfin au parking, allant jusqu’à monter dans ma petite Chevrolet, direction chez moi. Mais à peine eu-je fais quelques petits mètres, qu’une file de voiture monstre. Impossible de rentrer chez moi tout de suite, il fallait que j’utilise un autre chemin. Au risque de me faire insulter, je fis une petite manœuvre avec le volant et je m’engageais dans une autre route, bien plus déserte. Tant pis, j’allais passer dans les autres quartiers. Et tellement j’avais la tête ailleurs, je ne pensais pas du tout à qui je pouvais rencontrer dans ce quartier. Pour moi, j’avais tout oublié. Je m’engageais donc tranquillement quand une allure connue entra dans mon champ de vision. Puis c’est là que tout devint clair dans ma tête : ce quartier, cette démarche… c’était Domenico. Je me mordis la lèvre, essayant de faire abstraction de sa présence, mais je ne pouvais pas. Mes yeux restaient bloqués sur lui, car au fur et à mesure que je m’approchais, je le distinguais. J’étais aussi sûre qu’il m’avait reconnue aussi. Je soupirais. Que faire? Je remarquais sa voiture garée et instinctivement, je me garais à mon tour devant celle-ci. J’avais fait ça sans réfléchir, mais j’étais déjà hors de la voiture et en train de marcher vers lui quand je me rendis compte que je ne savais pas quoi lui dire. J’étais sûre aussi qu’il allait m’ignorer ou m’envoyer paître. Je passais une main dans mes cheveux en m’activant dans sa direction, tout en l’appelant de vive voix:

    « Dom! »

    Je marquais une pause en accélérant vu qu’il faisait genre de ne pas faire attention à moi, jusqu’à arriver près de lui :

    « Dom arrête, tu vas pas m’ignorer toute ta vie comme ça! »

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Dim 25 Mar - 18:56

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    Je regrettais de m'être garé trop loin de l'entrée, car cela avait donné suffisamment de temps à Denver pour se garer devant ma voiture et m'empêcher de sortir. J'entendis mon nom s'échapper de ses lèvres et constatant que j'étais pris dans un piège, je préférais la fuite. Toujours et toujours la fuite. Je ne pouvais pas dire que c'était un comportement qui me ressemblait. D'habitude, j'aimais prendre le taureau par les cornes et faire face aux situations les moins agréables. Or, là, en ce moment, je n'avais ni envie de voir Denver ni envie de lui parler. J'avais encore en travers de la gorge ce qu'elle m'avait fait. Je ne l'avais pas accepté et je ne pensais pas que cela arriverait de si tôt. Me tromper. Même moi, pendant tout le temps qu'on s'est fréquenté, la pensée ne m'avait même pas effleuré l'esprit. J'ai crû naïvement qu'il en avait été de même pour elle. Inévitablement, sur le coup, quand elle me l'avait dit, j'avais été peu bavard, à mon habitude, mais milliards de réflexions vinrent me sonder. Est-ce que j'avais fait quelque chose de mal pour que nous en soyons rendus là? Qu'est-ce que j'avais oublié de faire qui aurait pu évité une telle chose? Sans l'ombre d'un doute, j'étais encore en train de m'accabler la faute sur les épaules. À quelque part, au fond de moi, je savais que tout ça ne dépendait pas exclusivement de mes agissements, mais j'aimais mieux croire que j'étais dans l'erreur qu'elle avait brisé ma confiance en toute conscience. Certaines choses demeuraient, quant à moi, impossibles à admettre. Malheureusement, lorsque je vis sa silhouette, ses petites pensées que je tentais de tapisser dans un recoin de mon esprit resurgissaient. Et me mirent face à la vérité.

    Voyant qu'elle s'approchait de moi, je rebroussais chemin et me dirigeais vers l'appartement que je venais tout juste de quitter. Je préférais faire comme si je ne l'avais pas vu et que j'avais oublié quelque chose à l'intérieur. Bien entendu, Denver était plus futée que ça et remarqua mon manège rapidement. La maligne, en quelques enjambées, me dépassa et me barra la route. Dans les faits, j'aurais pu facilement me mettre à courir et l'éviter avec facilité. Toutefois, peut-être à cause du certain stress que sa présence provoquait en moi, je n'eus allé plus vite. Mes jambes m'imposèrent une cadence régulière, voir presque automatique. En voyant qu'elle ne comptait pas bouger, je m'arrêtais à une distance raisonnable. Trop loin pour qu'en tendant le bras elle puisse me toucher et assez proche pour engager une conversation. J'aurais pu fuir comme un gamin vers ma voiture et continuer un manège pareil jusque je gagne, mais j'étais plus mature que ça. Maintenant que j'étais coincé et que j'avais fui, mais que j'avais été rattrapé, il était temps que je me ressaisisse, au moins pour quelques minutes. Quand mon regard tomba sur elle, mon visage récupéra ma mine impassible, celle où il était impossible de discerner la moindre émotion sur mon visage. Comme ça, tout de suite, elle m'aspirait le dégoût et la pitié. J'avais l'impression qu'elle était passée me voir pour me quêter la charité, pour que je lui accorde mon pardon. Alors là, elle pouvait toujours courir. Je pouvais être du type rancunier pendant des années. Parlez-en à Kahina qui n'a pas eu de mes nouvelles pendant, au bas mots, dix ans.

    Lorsqu'elle ouvrit enfin la bouche pour me demander d'arrêter de l'ignorer, je m'emportais instinctivement, oubliant que je risquais de perturber la tranquillité de la rue.

    - J'en avais bien l'intention, pestai-je en serrant les poings.

    Je jetais un rapide coup d'oeil à la fenêtre du haut en constant que nous pourrions avoir un échange tranquille sans l'intervention de ma charmante voisine. Me voilà rassuré, je me permis d'ajouter autre chose.

    - Et puis, qu'est-ce qui te prend de débarquer chez moi? m'emportai-je. Tu m'espionnes ou quoi? J'ai dit que je ne voulais plus avoir affaire avec toi dans quelconques circonstances. Si tu es venue pour que je t'accorde ton pardon, eh bien, tu peux aller te faire foutre. Il n'y aucune chance que cela se produise.
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Dim 25 Mar - 19:19

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    J’étais déterminée. Il n’avait plus répondu à mes appels facebook ou à d’autres idioties du genre. Mais maintenant qu’il était devant moi, je n’allais pas le laisser filer. Je savais que j’étais en tord, et que j’aurais du mal à essayer de garder une conversation plutôt raisonnable, mais il fallait quand même que j’essaye. Même si j’étais du genre à être froide et distante avec les personnes, je ne pouvais pas supporter être en froid directement avec l’une d’entre elles. Et encore moins avec Domenico. Je sais, j’avais merdé, et merdé vraiment profond. Mais il fallait que ça s’arrange entre nous, pas de la manière intime, mais juste qu’on apprenne à se reparler tranquillement sans se jeter des pics instantanément. Il avait compris que je l’avais coincé. Ce n’était pas trop mon but de l’enfermer dans ce petit coin de rue, mais je n’avais pas d’autre recours si je voulais avoir une conversation avec lui.

    Une fois devant lui et que j’étais sûre qu’il allait arrêter de fuir, je soupirais. Son regard et sa posture me firent mal et je me sentais encore plus coupable. Comment avais-je pu lui faire ça? Le problème c’était que les sentiments avaient pris le dessus, et je n’avais pas su les gérer. Les relations, ce n’était mon fort, et je crois que tout le monde commençait à s’en apercevoir. J’aurais dû rester toute ma vie célibataire, à me tuer au travail, et ça aurait fait du bien à tout le monde. Mon ventre se tordit quand j’entendis la voix de Domenico me parler aussi froidement. Jamais je ne l’avais vu dans un tel état. Ca me donnait presque la chair de poule. Je me sentais nulle et minuscule à côté de lui. Je ne répondis rien à sa première affirmation. Je ne fis qu’essayer de respirer normalement, ne cillant pas son regard. C’est sa deuxième intervention qui me fit encore plus de mal. En me demandant si je l’espionnais et même aller jusqu’à me dire d’aller me faire foutre. Ca me faisait mal, mais j’essayais de me contrôler également à ne pas répondre de la même manière que Domenico et m’emporter moi aussi. J’avalais péniblement ma salive avant de lui répondre d’un air sincère :

    « Je ne t’espionne pas Dom! J’ai pris cette route comme raccourci, c’est tout! Je ne pensais même pas te voir… Ni te demander d’accorder mon pardon. »

    Je baissais lentement ma tête observant mes chaussures, puis je la relevais vers lui, tentant d’esquisser un pas dans sa direction :

    « Je veux juste qu’on essaye de se reparler normalement, sans hausser le ton, sans rien… Je veux pas être en froid avec toi. »

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Dim 25 Mar - 19:51

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    J'étais fatigué d'avoir à toujours lui répéter les mêmes trucs: je ne veux plus te voir, je ne veux plus te parler, je veux qu'on coupe les ponts, etc. Je me demandais si c'était parce qu'elle cherchait à m'énerver qu'elle revenait toujours à la charge. D'une manière, j'étais aussi coupable qu'elle: je n'arrêtais pas d'y répondre alors que le plus simple serait de faire le mort jusqu'à ce qu'elle arrête définitivement d'essayer de me rejoindre par téléphone, messagerie instantanée ou tout forme de moyens de communication. Jusqu'ici, je pouvais affirmer que je m'étais bien débrouillé. Comme elle n'avait jamais recherché à me voir en vrai et s'en était tenu à des moyens de communication interposés, cela avait facilité la distance entre nous. Évidemment, rien ne l'empêchait d'aller regarder mon profil Facebook pour savoir ce qu'il advenait de moi. Elle pourrait apprendre l'essentiel quoique je me faisais assez discret pour la plupart des trucs plus importants, plus de l'ordre de l'émotionnel. J'ignorais s'il elle y était réellement ou aller où elle s'était informée, à Constance par exemple, sur ce qui se passait dans ma vie. Pour ma part, j'avoue avoir été tenté d'aller regarder son profil une fois ou deux, mais je n'ai jamais succombé à la tentation. Je savais que cela allait me faire plus de mal que de bien. En plus, je considérais qu'en me tenant à l'écart de sa vie privée, j'étais en mesure de moins m'affecter émotionnellement, de me préserver de violentes émotions auxquelles je ne voulais pas être confronter.

    Si j'avais sentis un certain soulagement dans la façon dont elle a soupiré en voyant que je m'étais arrêté, il en fut tout autrement lorsque je lui balançais ma première phrase à la figure. Le rôle du bloc de glace que Denver tentait habituellement d'être devant ses clients ou quelconque personne - pour protéger sa vulnérabilité - n'était, à cette heure, pas présent. Si j'avais cherché à comprendre pourquoi elle ne retenait plus ses barrières, j'aurais peut-être compris l'ampleur de son désarroi. Toutefois, je m'arrêtais à l'explication la plus simple de son comportement: nous avions tous les deux retirés nos barrières mutuelles il y a un moment de cela alors sûrement ne voyait-elle pas l'utilité de les ériger à nouveau. J'avais ensuite renchéri en laissant libre cour à mes émotions. Le ton que j'employais suffisait amplement pour comprendre le feu destructeur qui animait mon coeur. Au lieu de me répondre sur le même ton, elle conserva un timbre de voix calme et neutre. Probablement devine-t'elle que la colère ne la mènerait pas bien loin. À ses dires, elle ne faisait que passer pour éviter les embouteillages. Je ne savais pas si elle mentait pour camoufler le réel motif de ce petit détour jusqu'ici. Si elle l'avait fait dans le but de me rencontrer, elle avait eu de la chance d'être tombé sur moi. Je n'habitais désormais plus ici. Je détestais que le destin ait fait en sorte qu'on se rencontre. Ça ne pouvait pas être l'oeuvre de Dieu: un bon Dieu n'accepterait pas de me froisser inutilement. Enfin bref, ne sachant quoi réellement penser de sa justification, je ne bronchais pas, faisant comme si cela n'avait aucune importance. Elle détourna ensuite le regard, fixant le sol en proposant qu'on discute comme deux adultes responsables. Sur le coup de la colère, aucune conversation raisonnable ne me semblait possible. Je laissai échapper un rire sarcastique.

    - Tu veux qu'on parle comme deux adultes civilisés, sans reproche, sans prise de bec? Il faudrait D'ABORD commencer par agir en adultes. T'avais pas les couilles de venir me le dire en face que tu m'avais trompé? Non, retournons à la base. N'as-tu pas réfléchi avant de me tromper? Un adulte digne de ce nom aurait évaluer toutes les conséquences avant de se lancer dans une telle aventure. As-tu seulement pensé à moi? Honnêtement, je ne crois pas qu'on soit mûrs tous les deux pour avoir une conversation d'adulte quand certains sont encore coincés dans leur adolescence et leur égocentrisme juvénile!

    Je pris une grande respiration. Je ne m'arrêtais pas là.

    - Tu m'as donné une seconde chance, Denver. On s'est promis qu'on ne laisserait plus rien nous briser. C'est ironique que la personne qui me demande de me racheter soit la personne qui brise ce contrat. C'était comme si tu n'y croyais plus. Comme si tu ne croyais plus en nous. Après ce par quoi nous sommes passés, je ne penserais pas que tu commettrais l'effronterie suprême.

    Mon regard d'acier croisa le sien.

    - Je me sens trahi. Pas seulement parce que tu m'as trompé, mais parce que tu m'as fait réalisé que tout ce qu'on s'est dit, tout ce qu'on a vécu ensemble n'était qu'un mensonge.
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Dim 25 Mar - 20:52

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    Je ne savais pas quoi faire. L’idée de m’engueuler encore avec Domenico ne me plaisait pas du tout. Pourquoi m’étais-je arrêtée, pourquoi je n’avais pas simplement tracé ma route et maintenu la tête froide en essayant d’oublier ces problèmes. J’avais voulu faire face à ce que j’avais fait à Dom. Affronter mon erreur de but en blanc, sans me cacher. Je lui avais fait du mal et j’en étais consciente. Sauf que je ne savais pas comment arranger ça. Je n’en avais strictement aucune idée. J’avais espéré avoir une lueur d’idée lorsque je m’étais avancée vers lui, mais rien ne m’était venu à l’esprit. Niet, nothing, nada. J’étais limite pathétique et je ne savais pas pourquoi je ne reprenais pas ma voiture et je rentrais chez moi rejoindre Constance en oubliant ces histoires une bonne fois pour toutes. Je n’étais pas encore émotionnellement stable vu ce qu’il s’était passé avec Kyler, et je savais que je pouvais craquer n’importe quand. Je sentais déjà une boule dans ma gorge, mais je devais rester calme et ne pas me laisser abattre devant Domenico.

    Tout ce qu’il disait m’affectait au plus haut point. Non seulement il avait raison sur toute la ligne mais il me rabaissait de plus en plus, que limite si je ne me sentais pas attrapée dans un piège. Comment répondre à tout ça? Je n’avais aucune excuse, aucune défense. Il avait raison de s’exciter comme ça. A sa place, j’aurais fait la même chose. Mais quand j’y pensais, j’avais aimé deux mecs en même temps. J’aimais deux hommes en même temps. Moi qui étais restée presque toute mon adolescence sans rien, aucun petit ami, je me retrouvais maintenant avec deux d’un coup. Ca chamboulait carrément mon existence, et je m’étais retrouvée paumée. Vraiment perdue. Sauf que cette explication, Domenico ne la comprendrait pas. Personne ne pouvait la comprendre. Ils m’avaient fait perdre la tête, et je n’avais pas su bien réagir. Autant au travail je suis une as, mais alors en relations amoureuses j’étais la reine des idiotes. Je n’osais même pas affronter son regard, j’avais les yeux légèrement baissés comme si un parent engueulait sa fille. Je faisais limite pitié. Je remontais lentement les yeux vers lui, croisant son regard, jusqu’à me dire que depuis le début ce n’était qu’un mensonge. Il se trompait complètement. Mais comment le raisonner? J’essayais de lui jeter un regard voulant lui dire que c’était faux, complètement faux ce qu’il me disait. Je secouais ma tête de gauche à droite alors que je me rapprochais encore un peu plus de lui :

    « Arrête Dom, ce n’était pas un mensonge. Rien n’était un mensonge. Tu ne peux pas dire ça. T’es la première personne avec qui je me suis laissée aller, où je me suis ouverte facilement… T’es la première personne qui m’a changé la vie, Dom. T’es le premier, le premier dont je suis tombée amoureuse… Tu le sais autant que moi, que rien n’était faux. »

    Je ravalais ma salive en le fixant sérieusement dans les yeux. J’espérais qu’il comprenne. Qu’il voit que je ne mentais pas.

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Dim 25 Mar - 23:58

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    J'y avais été fort, je le reconnais. De nature hot-tempered, ce genre de comportements m'était familier. Je devenais rouge, je sentais le sang réchauffer mes veines et j'explosais carrément, ne mâchant pas mes mots pour exprimer le fond de ma pensée. Généralement, cela me prenait avec un mec qui me cherchait des noises au bar ou un autre me cassant du sucre sur le dos. Or, c'était la première fois que je me mettais en colère contre Denver. Par le passé, j'adoptais un ton neutre, un visage impassible et je restais calme, quoiqu'il se passe. Toutefois, aujourd'hui, je n'ai pu retrouver cette maîtrise de plomb. Je m'étais mis à aboyer comme des chiens enragés, au bout de leur laisse. J'imaginais qu'après tout ce temps à contenir ces émotions empoisonnées, à me taire sur ce qui me tuait, j'avais atteint ma limite et cela était sorti de manière assez brutale. Pour une fois, je n'avais pas cherché à ménager la personne en face de moi ni à la préserver de mes ressentiments. J'avais parlé avec mon coeur et pour cela, je ne pouvais me reprocher d'avoir agi de la sorte. Je considérais qu'elle devait avoir accès au fin fond de mes pensées. Peut-être que de cette manière, cela la convaincrait qu'il n'y a plus d'espoir, qu'il faut couper les ponts pour de bon. J'avais toujours prêcher pour l'honnêteté et ce n'était pas aujourd'hui que j'allais faire mentir mon mot ordre. Je pouvais porter un masque sur mes réels sentiments avec tout le monde, j'en étais capable, mais avec elle, je voulais jouer franc jeu. On s'était toujours promis de se dire la vérité. Contrairement à elle, j'étais capable de garder mes promesses.

    Mon discours direct ne la laissa pas indifférente. Il me semblait qu'à chacun de mes mots, je la sentais se décomposer. Elle devait en avoir lourd sur la conscience - il y avait de quoi. Dans une pareille situation, je me serais senti comme ça. J'imaginais qu'elle avait son lot de problèmes ces derniers temps. Ne croyez pas que je m'étais forcé d'être sec et plein de rancœur. Elle en avait déjà assez sur les épaules pour que je décide de vouloir mettre mon grain de sel. De toute façon, je n'étais pas quelqu'un de nature méchante qui souhaitait me venger de la personne qui m'avait blessé. Denver s'était elle-même jetée dans la gueule de loup. Depuis le début, je l'avais prévenu qu'elle devait surveiller ses agissements. Elle en a fait à sa tête et voilà le résultat. La véritable victime de l'histoire, ce n'est pas moi, c'est elle. Oui, je suis cocu et elle m'a profondément blessé, mais j'ai un superbe réseau d'amis, des études qui vont bon train et je pratique un sport qui m'allume. Je trouverais le moyen de m'en sortir comme j'ai trouvé le moyen de tourner la page sur la mort de ma famille. Elle, par contre, je ne sais pas. À mes yeux, elle semblait déjà bouleversée avant même que nous nous soyons adressé la parole. Les choses ne s'amélioreraient probablement pas à la fin de cet entretien. Néanmoins, peut-être parce qu'elle est masochiste, Denver se permit d'insister encore sur le fait que notre relation n'a pas été un mensonge. Je me demandais si elle se lançait dans des altercations du genre par pure innocence ou par désir de tourner le couteau dans la plaie. À mon tour, je me mis à secouer la tête, refusant de prêter le moindre soupçon de vérité à ce qu'elle me disait. J'étais le premier pour bien des trucs. So what? Y a bien des gamin de sept ans qui sont en couples et ce qu'ils ont vécu manque totalement de profondeur. Je fus de nouveau, sans pitié.

    - Non, Denver, m'énervai-je à nouveau, là, c'est toi qui fait fausse route. Pendant tout le temps qu'on était ensemble, on a vécu deux relations totalement différente. Il y avait ta version de nous et ma version de nous. Comment peut-on dire qu'on a vécu quelque chose de vrai si on a deux versions totalement différente de ce que nous ressentions, ce que nous vivions ensemble...bref, ce que nous étions. Ça ne devrait pas être comme ça. Et puis, si c'était si vrai, comme tu me le dis, alors de m'avoir trompé, c'est vrai être immonde. Totalement.

    Je pris une grande respiration. Je me calmais. Mon ton de voix baissa.

    - J'étais pris dans mes illusions, dans ce que je percevais de ce que tu éprouvais pour moi. Au final, je me suis trompé, car je croyais être le seul pour toi, ce qui n'était pas le cas. J'ai peut-être mes tords là-dedans moi aussi. Je n'ai vu que ce que je voulais voir. Je me suis fermé à la vérité.

    Je reculais pour reprendre la distance que nous avions initialement.

    - Tout a été dit. Nous n'avons plus de raison de nous adresser la parole. Je t'ai dit que c'était terminé, Denver. Et quand je te l'ai dit, je le pensais vraiment.
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Denver Hopkins
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Lun 26 Mar - 18:12

Mettre la clé à la porte pour de bon [ft Denver] Tumblr_m0v8niXOCx1rrgfoko1_500

    J’étais prise au piège. Chaque chose, chaque parole que je disais m’enfonçait encore plus. Et maintenant, sous les paroles de Domenico, c’était comme si mon cerveau ne répondait plus. Je savais que si j’ouvrais encore la bouche, il allait me rejeter. Il avait une idée fixe et je le connaissais, il n’y renoncerait pas. Aussi têtu que moi, fallait le dire. Je n’avais plus d’armes pour me battre, plus d’excuses à lui transmettre. J’avais beau essayé de le raisonner sur notre histoire, il n’y avait plus rien à faire. Et le fait de terminer notre histoire sur cette dernière note me faisait mal. Pas seulement mentalement, mais aussi physiquement. Je ressentais les palpitations saccadées de mon cœur contre ma cage thoracique, ou encore mon ventre qui se tordait comme un ressort. Je n’osais même plus parler maintenant, une boule s’était formée au milieu de ma gorge et j’avais du mal à la faire disparaître. Trop de choses s’étaient engouffrées dans ma vie en même temps. Après tout ce calme plat depuis ma naissance, c’était la tempête. Mes yeux essayaient de se poser sur quelque chose qui pourrait me remettre sur pied et ne pas me laisser abattre. Mais tout ce qui se trouvait autour de moi ne m’aidait pas. Il n’y avait que Domenico et moi. Nous étions seuls

    Il disait que nous avions vécu deux relations différentes. Je n’étais pas d’accord. J’aurais voulu riposter encore, lui dire que ce n’était pas vrai, qu’il se faisait des idées… Mais à quoi bon, j’allais encore me faire rembarrer ou il trouverait encore quelque chose à me redire. Je ne fis que le fixer dans les yeux, essayant de lui prouver rien qu’en croisant son regard, que tout ce qu’il disait était faux. La distance que j’avais réussie à parcourir entre lui et moi s’écarta de nouveau. Dom venait de reculer. Je baisser momentanément les yeux, passant une main tremblante dans mes cheveux. Terminé, c’était terminé. Ce mot résonna dans ma tête pendant quelques secondes avant que je ne relève les yeux vers lui et croiser à nouveau son regard. Je me mordais la joue intérieure, essayant de trouver encore un autre moyen de le faire revenir à la raison. Mais rien ne vint, le néant. Je l’observais donc encore un peu, avant de lui répondre d’une voix cassée :

    « Très bien… très bien. »

    Je restais encore un petit moment devant lui, je sentais mes yeux picoter mais je fis en sorte qu’il ne voit rien en esquissant un pauvre petit sourire. J’aurais pu lui demander si on pouvait rester amis, mais je savais qu’il refuserait. Alors autant passer aux adieux.

    « … Je te souhaite de réussir tout ce que tu as entrepris alors, tu le mérites. »

    Lui dis-je d’un ton sincère. Je baissais ensuite légèrement les yeux, le contournant et arrivant à sa hauteur, je tournais la tête vers lui :

    « Salut Dom… »

    Je n’eus pas le temps d’enlever une larme qui coula rapidement le long de ma joue et je détournais rapidement ma tête, me dirigeant vers ma Chevrolet.

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Anonymous
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Lun 26 Mar - 18:46

Mettre la clé à la porte pour de bon [ft Denver] 958602tumblrlpoi8b6E6y1qd41g8o1500

    Ma dernière phrase témoignait bien de la situation: nous étions là, face à face, mal à l'aise, se fixant sans se dire beaucoup plus que notre échange précédent. Tout avait été dit. Il n'y avait plus rien à ajouter. À l'intérieur de moi, je me sentais soulagé. Soulagé d'avoir enfin parler de ce qui m'énervait depuis ce 23 février 2012. Cela n'avait peut-être pas été ce que Denver aurait souhaité entendre, ce qu'elle aurait espéré que je fasse, mais j'avais été fidèle à moi-même, à mes sentiments et pour cela, je ne pouvais que m'en féliciter. Je savais que la situation prenait une tournure mélo-dramatique - un peu cliché, avouons-le -, mais je n'aurais pas vu une autre façon dont les choses se seraient blessé. Si nous aurions pu parler calmement, cela aurait été parce que cela ne m'aurait pas touché qu'elle m'est trompé - ce qui est limite à se demander pourquoi je serais encore là avec elle - ou par totale naïveté, ce qui n'était pas beaucoup mieux. Oui, Denver compte et comptera toujours pour moi, c'est indéniable. Après tout ce qu'elle m'a apporté, il serait faux de dire que mon cerveau l'effacerait totalement de sa carte mémoire. Heureusement, San Francisco est une grande ville: il y a moyen de rester dans la même ville sans se recroiser et continuer nos chemins séparément. Faire notre deuil chacun de notre côté, car aussi, je n'étais pas à 100% plus amoureux de Denver. Au contraire, je l'étais encore. Toutefois, parce qu'elle avait atteint l'une de mes valeurs, il me semblait que ces sentiments passaient au deuxième plan.

    Toujours aussi déstabilisé par le discours que j'entretenais, elle tenait bon - l'orgueil, encore - en tentant de me fixer du mieux qu'elle le pouvait pour m'écouter jusqu'au bout. Je me serais attendu à ce qu'elle cherche plus à me contredire, qu'elle s'acharne comme elle aimait le faire en cour, mais j'assistais plutôt à la rédemption. Peut-être avait-elle perdu tout espoir ou ne voyait-elle pas de raisons valables pour se battre à présent? Qui sait? De toute façon, tout ce qui l'impliquait ne devait plus faire partie de mes préoccupations. C'était terminé comme je lui avais signifié. On n'était plus autorisé à s'informer ou encore s'intéresser à la vie de l'autre. Et cela commença maintenant. Après ses quelques mots dans une voix méconnaissable, voyant que je n'ouvrirais pas la bouche le premier, elle commença par me faire ce qui ressemble à des adieux. Elle me souhaitait succès dans mes bonnes entreprises. Je hochais en retrouvant le calme qui m'avait quitté tout à l'heure. Elle me salua ensuite, baissa le regard et je vis une larme s'échapper. Je n'aimais pas voir le monde triste et encore moins pleurer. Surtout elle. En d'autres temps, je l'aurais pris dans mes bras, j'aurais trouvé des mots réconfortants pour la consoler et j'aurais chassé le nuage gris au-dessus de sa tête. Pas aujourd'hui. Plus maintenant. La rancœur conserva une expression très dur, digne des soldats de l'ex Union soviétique. Alors qu'elle rejoigna sa voiture, je me permis de lui faire ses adieux, de dos puisqu'elle ne m'en a pas laissé le temps avant.

    - Prend soin de toi, recommandai-je sur un ton bienveillant. Et Denver!

    J'attendis qu'elle se retourne.

    - Fais les bons choix pour toi.

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Mar 27 Mar - 14:02

Mettre la clé à la porte pour de bon [ft Denver] Tumblr_m0v8niXOCx1rrgfoko1_500

    C’est vrai que j’avais renoncé à tout espoir. Je savais faire la part des choses, et exerçant le métier d’avocate je le savais encore davantage. Je devais bien accepter le fait que Domenico ne voulait plus rien savoir de moi ni de ma vie. Et c’était ces droits, je devais les respecter. Alors à quoi bon m’acharner? Je le connaissais, il ne changerait pas d’avis. J’avais perdu une personne proche, très proche pour moi. Et je m’en rendais compte à chaque pas que je m’éloignais de lui. Bien que mon cerveau était sur le point d’exploser, j’essayais du moins de rester calme extérieurement. La larme qui s’était malheureusement échappée avait laissé entrevoir le désarroi qui me parcourait. J’avais l’impression de vivre toutes les tristesses du monde ces derniers jours. Je n’avais jamais compris ce qu’on pouvait ressentir lors d’un chagrin amoureux ou tout simplement amical. Là, maintenant, j’étais fixée. Et je savais également que je ne voulais plus jamais le ressentir. C’était encore plus important et plus insupportable que la douleur physique. Lorsqu’on a mal quelque part, il suffit de prendre un médicament ou d’aller se reposer pour mieux repartir. Alors que la douleur du cœur et la douleur morale, il n’y a aucun remède. A part faire le deuil petit à petit, et tenter d’oublier. Ce qui n’est pas une mince affaire.

    Alors que je marchais péniblement jusqu’à ma voiture, j’entendis Domenico m’appeler. Un frisson me parcouru l’échine alors que je me retournais légèrement, retrouvant son regard. La phrase qu’il me dit m’arracha un pauvre sourire, qu’on pouvait qualifier de bien triste. A quoi bon me cacher maintenant? Il fallait bien que j’extériorise mes émotions un jour ou un autre. Mes lèvres laissèrent échapper un demi-soupir alors que je lui répondais en haussant les épaules :

    « Je crois que j’ai déjà mal commencé… »

    Je lui jetai un dernier regard rempli de significations, puis je détournais ma tête en reprenant la marche vers ma Chevrolet. Une fois à l’intérieur, je reniflais puis soupirais un bon coup, sentant ma vision se brouiller. Il fallait que je me reprenne, je ne pouvais pas conduire dans cet état là. J’attachais ensuite ma ceinture et démarrai rapidement ma voiture.

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Mar 27 Mar - 23:03

Mettre la clé à la porte pour de bon [ft Denver] 958602tumblrlpoi8b6E6y1qd41g8o1500

    «Je crois que j'ai déjà mal commencé...» Qu'était-ce censé vouloir signifié? Parlait-elle de ses actions passées ou était-elle en train de parler de ce renoncement qu'elle venait juste de faire? Étrangement, je ne pus savoir ce que cette phrase cachait. J'avais tellement été habitué à deviner Denver du coin de l'oeil que le fait que je ne puisse voir au-delà de cette phrase me perturba un peu. Soit j'avais perdu la main avec un mois passé à se tenir à distance soit cette phrase n'avait peut-être pas univoque, mais équivoque. Finalement, son dernier regard ressembla à un vérité cri du coeur: une dernière tentative à me faire changer d'avis. Je comprenais qu'elle était blessée, mais j'ignorais si c'était pour les bonnes raisons. J'ai toujours su qu'il était mieux de m'avoir de ce côté que le contraire. J'étais, en somme, un atout, quand on apprenait à me connaître. En la voyant s'éloigner, j'eus ce questionnement, si elle regrettait cet atout qu'elle perdait ou la personne que j'étais, avec ses sentiments. De toute façon, maintenant, cela n'avait plus vraiment d'importance. J'avais forcé la coupure des ponts et pour moi, je ne voyais rien qui me ferait changer d'idées. Ma décision était définitive. Je ne pensais pas reculer.

    Normalement, si cela n'avait pas été de ces circonstances, je n'aurais jamais laissé Denver prendre sa voiture. Prendre le volant après le choc d'émotions fortes n'était pas recommandable. Une partie de moi s'assurait de vérifier qu'elle est en vie plus tard par un intermédiaire pour ne pas l'avoir sur la conscience. Pour le moment, je ne voulais pas agir de la sorte. Cela lui enverrait de mauvais signaux, elle se ferait des idées. En plus, ce ne fut qu'après coup que j'y songeais vraiment. Ainsi, elle embarqua dans son véhicule, boucla sa ceinture et retourna chez elle. Je restais immobile tout le long de l'exécution, observant seulement avec mes yeux. Quand je vis sa Chevrolet tourner le coin de la rue, je repris mon souffle. Tout le long de notre conversation, j'avais aussi un pincement au coeur. Cela me faisait du mal de la laisser partir. Toutefois, ce mal n'était pas comparable à celui que j'aurais eu si je serais resté avec elle dans ces circonstances. Je respirais bruyamment et il me prit quelques minutes avant de reprendre le contrôle total de mes sensations. Je levai un regard vers le ciel et croisai, par hasard, la fenêtre de l'appartement de ma voisine italienne. Elle était là, me regardant avec un sourire rempli de compassion. Elle avait tout vu. Voyant que je l'avais vu - et probablement en réalisant la mine que j'affichais -, je pus lire sur ses lèvres les mots: «Ça ira.» J'eus un demi-sourire, peu convaincant et la saluai une énième fois. J'embarquais finalement dans mon véhicule. C'était la fin.

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