Clyde & Lilas ღ

« Le cours est fini. » Oh merci. Enfin. C'est pas le tout mais je devais attraper un bus qui me ramènerait à San Francisco pour le weekend. Retrouver mon appartement, mes frères, mon colocataire et surtout mon chien – on voit où j'avais le sens des priorités – ne me ferait pas de mal. Je passais une main sur mon visage fatigué avant de prendre mes affaires, susprendre ma blouse au porte-manteau et me diriger jusqu'à ma chambre. Je pourrais faire des allers retours tous les jours mais je ne voulais pas, enfin, pas pour l'instant je devais encore prendre un peu de recul selon mes médecins. J'inspirai un bon coup avant de prendre ma valise et partir à l'arrêt de bus. Je n'avais toujours pas repasser mon permis mais il y avait des navettes qui nous ramenaient en ville donc bon, cela ne prendrait pas trop de temps. Je me posai dans le fond du bus avant de mettre mes écouteurs pour regarder le paysage. Ce soir, je devais sortir avec des gens de ma promo pour m'amuser un peu mais en avais-je réellement envie ? J'en sais rien, tant que je ne tombais pas sur un de ces cons qui ne pensaient qu'à me foutre dans leur plumard, tout m'était autorisé. Mes pensées vagabondèrent jusqu'à Hawaii où mon confident se trouvait. Certes notre relation avait été ambiguë quand nous nous sommes retrouvés tous les deux mais je savais que maintenant, il n'y aurait rien pour la simple et bonne raison que je ne me sens pas prête et que je n'ai aucune envie de me faire briser le cœur à nouveau. Alors, je passai une main dans mes cheveux avant de sombrer dans le sommeil.

Cela faisait maintenant quelques temps que je savais que je souffrais d'anorexie et que je prenais des médicaments pour pallier le manque de nourriture. Mais je devais aller de l'avant et ne pas regarder en arrière. Alors quand j'entrai dans l'appartement tel une tornade, je déposai un baiser sur la joue de Sevan avant d'enfiler une robe, des escarpins. Et ce qui est bien quand on habite avec un homo, c'est qu'on peut lui demander son avis sur tout. Bon, je ne l'écoutai jamais mais quand même. Munie de chaussures avec dix centimètres de plus, ce qui devait me faire avoisiner les 1m90 désormais et cheveux détachés, je me dirigeai vers le Manchester qui fort heureusement n'était pas trop loin de chez moi. La bande de gays lurons m'attendaient devant et je leur servis un sourire hypocrite avant de tirer ma fausse carte d'identité du sac pour entrer. Je n'avais pas 21 ans mais je devais les faire. Une fois la sécurité passée, je me jetai dans la marée humaine, cherchant le bar pour commander un verre. Je devais arrêter de boire donc je commandai un jus de fruits et repartis à ma table. Ce n'est que presque devant que quelqu'un me bouscula et que mon verre se vida presque intégralement sur quelqu'un. « Oh je suis désolée. » Puis, l'étudiant se retourna et mon air désemparé disparut pour laisser place à une mine renfrognée. « En fait, nan. Pas tant que ça. » Oh, un con qui voulait me foutre dans son plumard, quelle coïncidence.

Clyde & Lilas ღ

Party, party. Retour à San Francisco, retour dans cette cité de malheur où je devais affronter le regard de ces pauvres imbéciles illettrés qui pensaient tous que Freud était une marque d’électroménager, que Gandhi était une marque de gants et qu'enfin les rousses étaient bonnes pour le bûcher. Les mecs, j'ai un scoop, je suis rousse et je ne vais pas brûler de sitôt. Descendant de la navette, je me dirige chez moi où devait être Sevan avant de me rendre au Manchester, le bar où tout était permis et où je devais tomber sur des connaissances, bonnes ou mauvaises. Vu ma situation sociable en ce moment, je pariais fort sur le néfaste. J'ai une de ces veines pour attirer les parasites que je me demandais encore comment je faisais pour ne pas péter un câble. Après mon séjour à l'hopital, le fait de reconnaître que oui, je suis bel et bien anorexique, que je souffre d'une maladie mentale coriace et que je devais manger au moins un morceau de pain par jour, je me suis jurée de faire attention. Je suis trop grande, trop maigre, trop timide, trop tout en fait. Tout le programme est à revoir. Si seulement nous étions comme les ordinateurs et qu'on pouvait faire un reboot. Je pense que chez moi, toutes les mises à jour n'ont pas du être faite, ce n'est pas possible autrement. Je me retrouve à faire n'importe quoi mais pas avec n'importe qui. Enfin quoique... L'histoire Domenico était assez spéciale. Je levai les yeux au ciel avant de rentrer dans ma chambre et choisir une robe.

Vous savez c'est comme dans les films. Quand une fille choisit une robe et qu'elle envoie valser toutes celles qui ne lui plaisent pas en faisant Nan, nan, nan. Eh beh, je fis la même. Je suis décidément trop difficile niveau vêtements. « Sevaaaaaaaaaaaan, ma biche, il faudra qu'on aille faire un peu de shopping. » Je me grattai le menton, songeuse en admirant la dernière qu'il me restait et je me sentis comme Blair dans Gossip Girl quand elle a choisi sa demoiselle d'honneur par défaut. Je pris donc l'unique gagnante avant d'aller dans la salle de bains pour enfiler cette chose avec des escarpins qui me firent passer d'un mètre quatre vingt à un mètre quatre vingt dix, cheveux relevés, SMS envoyé et bisou sur la joue du coloc', hop, goodbye. Il faisait froid dehors. Très froid, trop froid. Je relevai le col de mon manteau avant de me rendre jusqu'au Manchester où les gens commencent à s'entasser. Je rentre donc sans aucun problème et me rend jusqu'au bar pour commander un verre. Sans alcool bien sûr, je me souvenais d'Halloween, puis je me rendis avec mes amis quand on me bouscula.

C'est bien moi ça. Pas là depuis cinq minutes que je fous déjà le bordel. Je m'excuse donc par habitude avant de voir qui était le mec que j'avais aspergé. Clyde mais quel gros celui-là. Enfin, il est mignon. Très mignon même mais nan. Je me mis donc à le toiser avec un air méprisant quand il ouvrit la bouche. Mon dieu qu'il est con. « Je ne veux pas te faire retirer ton tee-shirt pauvre demeuré ! C'est bien la dernière chose que je voudrais. » Puis il ajouta à nouveau un truc et j'éclatai de rires avant de me mettre à battre frénétiquement des cils et de m'approcher pour le prendre dans mes bras. Puis, je lui versai le restant du liquide dans le dos avant de secouer la tête. « Oups, pas fait exprès. Tu vas devoir rentrer chez toi pour aller te changer... Quel dommage ! » Si je l'avais fait exprès ? Oui. Si j'étais si méchante ? Non seulement avec lui. Parce que bon... Qui aime bien, châtie bien pas vrai ?

D’habitude, je n’étais pas très chaud pour les soirées en boîte. Je trouvais la musique assourdissante et particulièrement nulle pour être franc. De plus, tout le monde était habillé sur son trente et un comme si c’était la soirée de l’année à ne pas manquer alors que finalement tous les vendredis ou samedi soir se ressemblait de plus en plus. C’était juste une énorme pièce avec deux ou trois banquettes et une bonne vingtaine de verres cassés. Je me demandais encore pourquoi j’étais là, peut-être parce que rester enfermé chez moi je ne le supportais pas en ce moment, puis c’était une façon de me rapprocher des gens que je fréquentais tous les jours en cours. Ici, les demoiselles se confondait toutes, brunes ou blondes on ne faisait pas la différence, c’était à celle qui se tartinera le plus de fond de teint ou à celle qui s’habilleras le plus court. Autant dire qu’on n’avait pas grand choix, en deux temps trois mouvement elle se trouvait déjà à quatre patte devant toi, ce qui était plutôt ennuyant à la longue. Heureusement dans ce monde infect il y avait quelques rares personnes à qui il restait un peu de fierté. Lilas, cette petite rousse que je croise souvent à l’université, elle ne m’aime pas parce que je suis trop entreprenant avec elle, parce que je suis du genre à aligner les filles plus vite que les verres et que simplement passé dans mon lit ça ne l’intéresse pas. J’appréciais ça chez elle, le fait qu’elle ne s’est pas gênée la première fois pour m’envoyer balader et toutes les autres fois aussi d’ailleurs. Je devais être un peu maso pour insister encore et encore, pas que je tenais particulièrement à prouver mon charme, je n’avais vraiment rien à prouver. J’aimais juste le fait qu’elle se décarcasse à me dire non, puis le jour où elle cédera, j’aurais remporté une vraie victoire.

La jolie rousse n’était pas une exception. Certes j’avais une réputation de tombeur, je m’en cachais pas, je n’en ai pas spécialement honte et je n’en suis pas spécialement fière. Comme si changé de partenaire chaque soir méritais d’être publié dans le livres des records. Je devrais plutôt être reconnaissant pour ne serais ce que le quart des jolie demoiselles que j’ai pu avoir, non parce qu’on pas se la jouer à « monsieur-narcissique » je n’étais pas un prix de beauté comme on en voit dans les magazines, je n’étais pas forcément bien foutus et il y avait des centaines de mecs qui avais plus de tchatche que moi. J’avais juste un certains style qui étrangement plaisait, une façon de parler qui passait tout seul et j’étais un bon coup ! –oui monsieur narcissique est finalement passé par là – Lilas n’était pas la seule à dire non avec un immense plaisir, j’en voyais défilé de toutes les couleurs dans mon esprit en à peine une demie seconde. Je riais intérieurement à cette pensée.

C’était un jeu, je me décarcassais à trouver la phrase la plus stupide et inimaginable qui la mettrais ne serais ce qu’un peu en rogne et elle se faisait un plaisir de me rabaisser, ça me faisais rire. Oui, j’étais bizarre. La phrase était lâché et je commençais à décerner la petite pointe d’agacement que je distinguais toujours quand j’étais vers la jeune femme, je souriais fière de mes connerie. Un instant plus tard elle s’approcha de moi, surpris je ne fis aucun geste, avais t’elle capitulé ? Je riais doucement quand je sentis le liquide froid me descendre délicatement dans le dos – je me disais bien aussi -. « Je sais que tu crèves d’envie de m’arracher mes vêtements, mais à ce point-là ca m’épate ! » répliquais-je en souriant « Rentrer et me changer alors que tu es la ? Tu n’imagines pas ma belle, je veux passer le reste de la soirée à pouvoir t’admiré ! Mais dis-moi ma chérie, est tu coincé au point de ne même pas prendre un seul et unique verre d’alcool ? » Je fis un signe de tête rapide au barmaid qui me connaissait, il me fis glisser un verre de vodka orange que je tendais directement à la jolie rousse avec un énorme sourire. « Lâche toi un peu ma belle, ça ne te ferais pas de mal »