Evelyn était bien avec Sonic. Elle avait posé doucement sa tête sur son épaule, mais les images ne cessaient de défiler sous ses yeux. Le sang qui sortait de son corps, ses yeux vides de tout expression. Pourquoi y pensait-elle maintenant ? Aucune idée. Evelyn, tu dois être masochiste. Quoi qu'il en soit, l'allemande commença à avoir des nausées. Violentes. Crise? Aucune idée. Mais la folie l'emportait peu à peu. Jouer la comédie était quelque chose de simple, de naturel. Elle se dégoutait de devoir lui mentir, de lui dire que tout irait bien alors qu'elle ne rêvait que d'une chose : sa propre mort. Les enfants compliquaient la tâche. Elle pourrait avorter. Oui, elle pourrait mais était trop faible, puis comme Sonic était son tuteur, il ne la laisserait pas faire. Fuck him. Evelyn commençait sérieusement à se sentir mal. La hargne, la haine recommençait à prendre possession de ses veines, de son corps et elle sentait déjà la crise monter. Refoulant ainsi l'apparition de cette nouvelle personnalité, elle se tourna un moment vers Sonic et le regarda, avec un sourire sur le visage. Fuck Him. Va-t-en, quitte moi, save your live. I'm just an human bomb. « Dis moi, my love, j'ai envie de – cherchons un moment – cacahuètes. Nan pas celle de la maison. Peux-tu aller m'en acheter s'il te plaiiit ? » Elle ponctua sa phrase d'un long baiser langoureux, sentant le feu se propager dans ses veines, la flamme danser dans ses prunelles. Que se passait-il ? La gentille, la petite et la douce Evelyn était en train de perdre conscience, de devenir un monstre. Enceinte ou pas, elle s'en fichait. Il fallait qu'elle évacue, qu'elle brise ce cauchemar qui la hantait depuis maintenant six mois. De la vision de ce corps ensanglanté, laissé à livrer à lui même dans une ruelle, de la satisfaction qu'elle avait ressenti une fois morte. De l'envie de recommencer. Une fois qu'il fut partie, elle continua de zapper un moment avant d'envoyer la télécommande au mur qui vola en mille éclats et de contempler la télévision, une lueur de haine dans le regard.

La crise était plus violente que les précédentes. D'abord Evelyn songea à prendre un médicament mais elle ne sut pas pourquoi, elle en fut tout simplement incapable. Quand elle voulut porter le petit comprimé à ses lèvres, il restait en suspens dans sa main. Lentement ses yeux se posèrent sur le cachet bleu et elle le balança à travers la pièce. Se battre, se battre. Ses membres se mirent à trembler et quand elle entendit du bruit à l'étage, la Thompson savait que le cambrioleur tombait à point nommé. « Je plaiderai la légitime défense, pensa-t-elle. » Puis, sans réfléchir, elle choppa le fusil et le chargea dans l'intention d'abattre l'individu qui s'introduisait chez elle. Puis, une fois dans la pièce, elle pointa l'arme devant elle avant de reconnaître la personne qui venait d'entrer par effraction chez elle. « Tu sais que j'ai une porte, clama-t-elle d'une voix blanche. » Puis, sa main se saisit du paquet de clopes à ses côtés et en mit une dans sa bouche, sans baisser l'arme. « Contente de te revoir Suzie. Ca fait quoi deux ans ? Si t'es venue ici pour buter Sonic... » Evelyn retira la sécurité et s'apprêtait à tirer. « Tu peux oublier. » Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle allumait la cigarette. Enceinte elle ? Non. Mariée ? Oui. Amoureuse de Sonic ? Assurément. Son prénom ? Certainement pas Evelyn. Il demeurait inconnu. Oh douce schizophrénie qui nous berce aux portes de la folie, qu'as-tu fais de la douce Madame Thompson ? Qui es-tu pour faire naître le monstre sous tes yeux. Celui qui a tué Hans, celui qui a failli tuer un policier, celui qui allait défoncer cette pétasse qui s'apprêtait à tuer son mari, ou essaierait sûrement. Qui es-tu gente dame ? Aucune idée. Juste une ombre de mon passé. Sans nom, sans visage, juste une conscience dans le corps d'une étrangère, juste une âme trouble et noircie par la haine. Haine inspirée par la vie, par la mort et par tout ce qui caractérisait une vie humaine. Et sans réfléchir, tirant une bouffée sur sa cigarette, Evelyn, ou la chose qui avait pris sa place, tira. Et un mot sortit de sa bouche. « Cours ! »

UnderConstruction babe