Il y'a un mois, nous partions tous les deux en vacances, pensant être tranquille, loin de tout ça, des rumeurs, des menaces de je ne sais qui, pensant qu'on allait être heureux. Mais même la bas, notre vie à San Francisco nous poursuivait. Un soir, alcoolisé, j'avais pété un câble concernant tout ça, et posté une photo de Yaël sur place public. J'avais envie et besoin d'assumé. Je ne pouvais plus me cantonner au rôle du petit amant invisible, pas après toutes nos promesses. Quand j'étais rentré sur le bateau, Yaël m'avait laissé un mot, juste un petit mot,qui me disait de faire comme si il n'y avait jamais rien eu entre nous. J'étais tombé de haut, face à son cruel manque de courage. Yaël n'était pas lâche habituellement.

Notre dernière conversation remontait à la semaine dernière où il m'avait bien signifié vouloir disparaitre de ma vie. Je n'étais pas d'accord, dans le sens où je n'avais eu le droit qu'à une lettre, aucune explication rationnelle. J'avais mis du temps avant de me décidé à aller le voir, mais aujourd'hui, j'étais prêt. J'entrais dans l'hôpital me dirigeant vers son bureau des lunettes de soleil fumées fixées sur les yeux et une grand capuche recouvrant mes cheveux. J'y étais souvent passé et je connaissais bien le chemin. On était mardi, et mardi c'était toujours le jour où il avait des consultations.  La gorge légèrement nouée, je passais devant la secrétaire sans même lui jetais un regard, je crois qu'elle a essayé de m'arrêter en me disant Monsieur Rockfeller n'est pas disponible mais je me moquais de tout ce qu'elle pouvait me dire. Sans prendre la peine de frapper, j'entrais dans le bureau. Il était seul. C'était mieux. Les clés étaient même pendu à la serrure. Je refermais la porte à clé derrière moi, gardant les clé dans ma poche et enlevant ma capuche et mes lunettes, me posant face à lui. " Maintenant, je veux que tu m'expliques. "

Un cumul. De la colère. De la frustration. De ne plus pouvoir palper ce mirage qu'était ma relation avec Blake. Je jugeais que l'on avait tout simplement différentes façon de voir les choses, même si je lui portais toujours un amour sans failles, mais cette aventure que l'on pourrait qualifier d'idylle devenait de moins en moins possible, et les obstacles s'enchaînaient. Malgré cette demande en mariage, cette année passée ensemble dans le secret, J'avais cet impression constante de le perdre, que notre union était éphémère, surtout après certains échanges "chaleureux" que j'ai pu avoir avec mon géniteur.

Après avoir passé à peine quelques jours ensemble en Corse, Blake a décidé qu'il était temps de s'assumer, nous affichant ainsi sur un réseau social. Je n'en avais que faire de ce que les autres allaient penser, et ce n'était vraiment pas par lâcheté que j'ai décidé de le quitter, mais, cet événement allaient probablement nuire à Blake, il courrait un danger dont il n'était même pas conscient. Je n'ai fais qu'agir pour le protéger, et je préférerais être pris pour un lâche, que de voir un malheur lui arriver.

Plusieurs jours se sont écoulés après ces événements, presque un mois. Un mardi, journée assez chargée au cabinet, ma froideur, et ma capacité à contrôler mes émotions, m'aidaient énormément, je ne semblais pas le moindre du monde, ne serait-ce qu'ébranlé par ce qui pouvait se dire à mon sujet dans la presse, ou autres déchets que tous ces ignorants pouvaient lire au quotidien, je ne me souciais que de la sécurité de Blake. Plongée dans mes pensées, durant ma pause, après avoir rapidement finis mon déjeuner, je fus interrompu par le cliquetis de la porte que mon ex prit le temps de fermer à clé, je restai calme, l'apercevant s'approcher pour s'installer en face de moi. Toujours aussi inexpressif, je me contentai de le regarder. " Maintenant, je veux que tu m'expliques. " Je continuai de le fixer, le perçant même des yeux, cherchant à comprendre ce qu'il voulait exactement, je soupirai finalement avant de rétorquer. Arrête donc avec ces enfantillages veux-tu, j'ai encore beaucoup de travail.

Je soupirais m'asseyant face à lui. Sa froideur me transperçait. Yaël restait stoïque, sans aucune espèce de faille me permettant de penser qu'il pouvait ne serait ce que regretter son choix un instant. Pourquoi le ferait il ? Il avait été assez clair sur ce sujet ces derniers jours. Pourtant au fond de moi, j'étais persuadé que ce n'était pas terminé; je m'accrochais à tout espoir pouvant le retenir et le faire revenir à moi, comme vide sans lui à mes côtés. C'est un peu bête de penser ça. J'ai une vie dont je ne peux me plaindre, et je pense même être plutôt heureux ces derniers temps, avec Simcha, et mon entourage. Mais Yaël, et notre relation, c'est bien plus que ça. J'arrive clairement pas à décrire ce que je ressens depuis que j'ai lu ce mot. Je suis comme perdu et anéanti. J'essaie de me voiler la face, de jouer le mec qui s'en fou, m'envoyer en l'air avec la dealeuse que j'aurai pas pu supporter avant, sortir le soir en laissant Sim chez sa nounou pour rencontrer d'autres personnes. Mais non, c'est juste pas comparable.

Je le fixe quelques instants avant de baisser mon regard. C'est vrai, j'agis comme un enfant, capricieux car il n'a plus ce qu'il veut mais j'ai besoin de comprendre pour avancer. J'hésite, mes doigts pianote sur le rebord de son bureau. Nerveusement, je passe une main dans mes cheveux. Je sais que j'ai peu de temps, qu'il a du travail. J'en ai aussi, une tonne qui m'attend au bureau sans que j'arrive à m'en débarrasser. Peut être que TTP n'était pas une bonne idée après tout. Peut être que j'étais juste bon à jouer le suiveur chez Universal. Je relève le regard à nouveau. " Pourquoi ... Pourquoi t'es parti comme ça ? "

Pourquoi avais-je pris une décision aussi radicale? Celle de l'arracher de ma vie, choisir un quotidien où Blake ne serait pas présent. De cette façon, j'étais sûr qu'il serait en sécurité, car mon géniteur est bien entendu au courant de son existence, et de mon attachement à ce jeune homme. Le fait qu'il connaisse les détails de notre liaison, ne m'étonnerait guère. Pourtant j'avais décidé d'être égoïste, d'être un enfant et de profiter de ces instants d'affection, qui ont duré un peu plus d'un an. Je jugeais donc que cette idylle avait suffisamment duré, que j'allais probablement garder cette relation si spéciale à mes yeux, en souvenirs dans mon esprit, sans songer, ne serait-ce qu'une seule seconde à le faire revenir. Il était désormais libre de vivre sa vie comme il le souhaitait, même si mes sentiments à son égard, demeuraient inchangés.

Il semblait nerveux, et ma froideur pourrait accentuer les choses. Je soupirai, fixant mon ordinateur un court instant, je ne tenais pas à m'attarder sur un tel sujet, car je savais pertinemment qu'il ne serait pas en mesure de comprendre un tel choix. Il a toujours su garder ce brin d'innocence et de fragilité qui m'ont tant attiré par le passé, et qui m'attirent toujours. Je posais mes yeux sur son visage, prêt à lui donner une réponse qui pourrait le satisfaire. Mes sentiments ont disparu. Nous nous sommes bien amusés, mais je pense qu'il est temps que je prenne mes responsabilités. Je reportai mon attention sur l'écran en face de moi, vérifiant mes e-mails sans réel intérêt. Maintenant, je te prierai de partir. Tu es entrain de me retarder. Je continuai d'agir comme si ces mails étaient plus important que notre conversation. Bonne fin de journée Blake.

" Alors c'est vraiment fini ... " Je soupirais, mes espoirs s'étaient envolés. Yaël ne s'était jamais montré comme ça avec moi auparavant. Même lorsque l'on s'était quitté à Bali, à cause de tout ce qui l'entourait, sa famille de dingue avec leurs rites à faire froid dans le dos. Je savais que son père n'y était pas pour rien dans notre rupture. Je me levais, détournant le regard, je n'arrivais pas à le regarder en face, pas après sa façon d'agir maintenant, avec moi.

" J'imagine que ça, ça ne signifie plus rien. " Je retirais l'alliance qui ornait mon annulaire gauche depuis quelques semaines avant de la déposer sur son bureau. Comment pouvait on passer de l'envie de passer la fin de ses jours aux côtés d'une personne, à l'absence totale de sentiments à son égard. J'avais du mal à y croire, mais je n'avais pas envie de m'attarder plus longtemps ici. Sa froideur me revenait en pleine face comme jamais. J'essayais de rester calme, même si je bouillonnais intérieurement. Je tournais les talons, remettant mes lunettes, cachant ces yeux rougies par les abus d'alcool et de coke, remettant ma capuche. Je sorti les clés de son bureau et ouvrit la porte. " J'espère que tu t'es bien amusé. " Dis-je dans un souffle avant de quitter la pièce sans plus attendre.