Mal au crâne. Mal de mer. Sensation qu’un camion est passé et repassé. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette soirée a été sacrément arrosée. Bon dieu, qu’est-ce que Sid a mal à la tête. C’est à la fois un concert de rock, de métal et un marteau piqueur qui se relaient dans son cerveau présentement. Il a abusé sur les cocktails, c’est certain. Et puis la surface sur laquelle il est couché est tellement dure, ça peut pas être un lit ça. Les lits de Vegas sont beaucoup plus moelleux que ça. Un peu comme ce qu’il tient en ce moment dans sa main droite. Un truc rond, assez rond, plutôt chaud. Il a la flemme d’ouvrir les yeux pour savoir de quoi il s’agit exactement. En tout cas, c’est pas désagréable. Il va se laisser guider par le touché pour explorer le reste. Sa main descend donc sur quelque chose qu’il identifie comme un torse, puis un ventre. Oh ! Un être humain ! Oui, c’est vraiment quelqu’un ! Georgia ! Ah oui, c’est vrai qu’ils étaient venus ensemble ! Bon dieu, il a vraiment tout oublié. D’accord, pour Vegas, il avait pris la caisse, kidnapper la belle pour l’emmener passer un week-end dont elle se souviendrait toute sa vie et…puis trou noir. Enfin disons que ça tambourine trop là-haut pour qu’il tente de se souvenir de quoique ce soit. De l’aspirine…au moins toute la capsule à cette allure. Et dormir aussi. Dormir…pendant une semaine, au moins. Mais bon, sa vessie semble pas trop d’accord pour le coup. C’est soir se traîner comme un asticot jusqu’à la salle de bain ou de se faire dessus…là…maintenant. Autant dire que la tentation de rester immobile est plus qu’envisagée mais encouragée, à comprendre, engueulée par sa conscience, le jeune homme ouvre enfin les yeux et avec une force qu’il ne se soupçonnait pas, parvient à se hisser sur ses jambes, puis tel un automate, il prend la direction de la salle d’eau. Pied droit. Pied gauche. Pied droit. Pied gauche. On y est. Il fait sa petite affaire, manque par plusieurs fois le trou et en profite aussi pour se mâter dans le miroir. Sale gueule. Sale gueule de lendemain de soirées. Sale gueule de lendemain de soirées à Vegas. Il sort finalement et se rend enfin compte de l’étendu des dégâts dans leur chambre. Bordel…y en a qui se sont amusé ! Le désordre est roi, des cadavres de bouteilles, de clopes, de bouffes jonchent le sol et…des capotes aussi. Eh ben, ça été la totale, c’est le cas de le dire. En plus, deux bouteilles de champagnes, carrément ! Comment on trouve des trucs comme des maux de tête dans ce foutoir ?! Soudain, un gémissement perce le silence et il sursaute. Georgia est réveillée…enfin sans doute autant que lui.

Il la regarde faire un air absent. Perdu dans ses pensées peut-être ? Non, loin de là. De toute façon, il n’est pas en état d’avoir une réflexion claire et structurée, tout ce qu’il y a dans son esprit, c’est dormir…encore et encore. Il a mal partout. Il savait qu’en venant ici à Végas il s’éclaterait mais à ce point. Bordel, il a mal partout, comme un papi en proie à des rhumatismes, plus violents que la normale. Ouais, bonne question Georgia. Qu’est-ce qu’on a fait poursuit-il dans sa tête, trop épuisé pour parler. Tout comme il est trop épuisé pour marcher et il reste là, immobile contre le mur, à fixer le sol. Dormir. Un bon matelas moelleux. Et puis zut, ils penseront à ça plus tard, de toute façon, il n’est pas en état de philosopher sur leur situation, même s’il sait qu’ils devront se tirer incognito pour ne pas avoir à payer les dégâts qu’ils ont foutu qui devaient être à hauteur de plusieurs millier de dollars. D’abord, dormir. Au bout d’un long débat interminable, il parvient à convaincre ses membres de se mettre en mouvement. Jambe droite. Une pause. Jambe gauche. Une pause. Oh tiens, cette brulure sur le tapis ressemble à la tâche de naissance qu’il a sur le cul. C’est profond. Bon, maintenant, on avance. Le lit est plus  très loin. A quelques enjambées à peine. Vu sa taille, ca devrait le faire. Une autre discussion houleuse entre son cerveau et ses jambes et il est reparti. Pied droit. Puis accident. Un caméscope a choisi de sous foutre sous son pied gauche, et bam, au sol. Pas d’équilibre, ni la force de lutter. Puis un son. Des bruits de conversation. Il lui faut plusieurs secondes à tendance minutes pour en identifier la source. Le caméscope. Sa main va en exploration et lui rapporte l’étrange chose après de multiples essais. Il regarde dans vraiment le faire, cherchant surtout un moyen de l’éteindre. Soudain le « Jaxon Alexander Parker désirez-vous prendre pour épouse… » Oh...bordel…de…merde. C’est quoi ce truc ? Non, ils n’ont quand même pas fait ça. « Georgia…faut que tu vois ça » dit-il, plus réveillé que jamais.