| Jeu 26 Déc - 0:21 | |
| Le séjour en Lituanie plus la reprise de boulot, faisait que j’avais besoin d’une grosse pause…comme par exemple retomber dans mes travers. Ce ne fut pas si horrible que ça chez les grands-parents, personne n’a presque rien dit puisque ceux-ci s’étaient plus ou moins faits à cette idée, donc aucun autre membre de la famille ne serait permis le moindre commentaire, mais les regards étaient bien assez éloquents. Ce sentiment d’être une ratée me poursuivait, je sentais qu’il me comparait à ma mère qui avait succombé au charme d’un italien et s’était enfuie, déshonorant de ce fait la famille. Plus déshonorant encore, elle avait ôté elle-même sa vie. J’étais elle. Comment pourrais-je m’en sortir en ayant eu une génitrice pareille ? J’étais vouée à suivre la même voie. Avoir un enfant sans être mariée et personne ne croyait réellement à cette histoire de couple avec William avais-je l’impression, ou bien son absence jouait en ma défaveur. Je ne savais pas et pour être honnête, je ne tenais pas à en savoir plus sur le sujet. J’avais déjà bien assez d’énergie à dépenser en essayant de prendre sur moi, éviter de hurler, d’en frapper un, de leur balancer leur quatre vérités à la figure. Cela, une nouvelle fois, n’aurait fait que me desservir. Alors, je me taisais, je souriais même, peut-être un peu froidement et avançais la tête haute, autant que possible en tout cas, mon fils dans mes bras. Je n’avais pas honte de lui, bien au contraire, il était sûrement la seule chose de bien que je ferais dans ma chienne de vie. Je n’allais pas le renier pour des groupies de jésus qui ne savait que juger. Bref, c’était derrière-moi, désormais, je devais faire face à ma supérieure qui semblait avoir décidé de me pourrir la vie, c’est dur d’avoir une aussi grande fierté que la mienne car il fallait apprendre à la foutre de côté et de cirer quelques bottes, dans le cas présent, quelques talons et non, je n’avais jamais appris à le faire, si bien que l’air était le plus souvent électrique. Et cette salope le savait, lui donnant encore plus envie de me piétiner. Bref, tout cela pour dire que j’avais besoin de me changer les idées, d’où ma présence dans cette boîte pour récupérer ma dose. Je m’avançai vers mon fournisseur avec qui je fis discrètement affaire, du moins l’espérai-je. A croire que je ne fus pas assez discrète, puisqu’à peine retournée, je croisais un regard familier. Siloë. J’étais dans la merde.
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| Lun 30 Déc - 20:56 | |
| Je sirotais mon verre au bar pendant que mon amie dansait. Elle avait insisté pour que nous venions au Ruby ce soir, je n'étais pas très chaude pour sortir au début mais elle était obstinée et elle avait eu gain de cause lorsqu'elle lâcha le fameux « Bouge ton cul, amuse-toi au lieu de rester coincé chez toi ». Ce n'est pas tellement que je restais coincée chez moi, mais à vrai dire depuis que je bossais au San Francisco Chronicle je passais la plus part de mon temps libre à réfléchir sur mes articles, je voulais vraiment évoluer et ne pas rester en bas de l'échelle. J'en avais tellement bavé pour en arriver au moins là, un an que j'étais à San Francisco, une putain d'année où j'ai été traînée dans la boue. Et j'étais là ce soir au Ruby Skye pour décompresser, la dernière fois que j'étais sortie en boite de nuit il me semble bien que j'étais encore à la Nouvelle Orléans, à cette époque où je sortais avec Evan. Ma copine me fit un grand signe de la main, elle était vraiment dans un sale état « Promis je te ramène Siloë pour que tu puisses profiter à fond » m'avait-elle dit, et j'avais bu mais toujours moins qu'elle. Je finis mon verre et m'avançais sur la piste, ça me faisait bizarre de revenir sur une piste de danse. En Louisiane nous dansions Evan et moi, lui qui m'apprenait des pas de hip hop, moi l'imitant et après trois ans de relation je me débrouillais plutôt pas mal. Pourtant ce soir je dansais comme n'importe quelle autre fille, le hip hop c'était un truc que je n'avais toujours pratiqué qu'en sa présence et je n'avais plus tellement ce point de repère aujourd'hui. Et alors que je dansais aux côtés de mon amie je vis une chevelure blonde traverser le club. Mais pas n'importe quelle chevelure blonde, il y a des personnes comme ça que l'on reconnaît de suite même de dos. C'était le cas de Lera, grande, blonde, mince comme beaucoup d'autre et pourtant se reconnaissable. Elle semblait pressée et je trouvais ça plutôt louche pour une personne qui se retrouve en boite de nuit, je fronçais les sourcils et m'apprêtais à la suivre lorsque mon amie m'agrippa le bras « J'arrive » lui criai-je à l'oreille. Je traversais la foule de danseurs pour la retrouver, ce qui n'était pas forcément évident pour une personne de petite taille comme moi. Et lorsqu'enfin mon regard se posa sur elle je la vis finir une petite affaire, très certainement avec un dealer. Je serrais la mâchoire, elle m'avait promis qu'elle avait arrêté, était-ce la première fois qu'elle en reprenait ou me mentait-elle depuis déjà un moment ? Lera se retourna à ce moment là, croisant mon regard plein de colère et sachant très bien que je ne me ferais pas entendre je lui fis signe de me rejoindre dehors. J'avais bu, et ça m'énervait de la voir replonger dans ces putains de merdes qu'elle semble tant aimé. Elle avait un gosse bordel et elle valait plus qu'un putain de sachet. « Qu'est-ce que tu fous Lera là ? » demandais-je calmement mais froidement. |
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