Khan avait enfin sauté le pas et était allé parler à Frankie, qui était entre autres l’une des raisons pour lesquelles il se retrouvait dans cette ville, en plus de son contrat. Ses recherches sur elle lui avait indiqué San Francisco comme son dernier lui de résidence mais il ne l’avait pas trouvé, après tout la ville était grande. Enfin, il l’avait trouvé à sa dernière visite mais ne trouvant pas le courage nécessaire pour aller chambouler sa vie et Arkadiusz étant formellement contre ça, il s’était contenu. Puis, il y a eu son installation récente et définitive espérait-il. Il s’était dit que c’était la bonne occasion, sauf que non, apparemment avait-elle déménagée. Une occasion manquée de former un semblant de famille, ce qui l’avait le plus manqué dans toute son existence. Il regarda brièvement sa montre et déposant rapidement son client, il décida qu’il était l’heure de sa pause. Il avait travaillé comme un fou ces derniers jours, l’on pouvait bien lui accorder ce petit moment de liberté. Il chatouilla beaucoup l’accélérateur et en moins de dix minutes il fut au lieu de rendez-vous. Il était stressé, un peu. Ce qui était rare chez lui. Au fond, il se demandait à quoi cela pourrait bien servir ou cela pourrait bien les mener ? Il ne savait rien d’elle et elle encore moins. En outre, elle ne semblait pas ravie d’avoir des nouvelles de son père, chose prévisible vu la manière dont les choses s’étaient passées. Il poussa un soupir avant de s’installer. Il y était maintenant, autant aller jusqu’au bout.

tu penses à ton père. tu penses à ce que ta vie aurait pu être s'il n'était pas parti. ça c'est sur, t'aurais jamais fini sur le trottoir. t'aurais jamais osé faire ça. t'aurais jamais osé partir en amérique non plus. ça veut dire que toute ta vie telle qu'elle est aujourd'hui, elle n'existerait pas. aujourd'hui, et les autres jours, récemment ; faut bien avouer que t'es assez triste tout le temps pour avoir envie d'effacer toute ta vie. avoir une autre vie. où... où quoi ? tu sais pas, où juste les choses ne seraient pas comme ça.
alors oui, t'as pas forcément envie de voir ce type qui veut te parler de ton père. c'est quoi le problème ? t'as pas envie de parler de lui. et puis d'abord, comment ce type... khan, pouvait connaître ton père. t'avais la nette impression qu'on se foutait de ta gueule... t'écrase ta cigarette. tu penses à katie quelques secondes. et puis tu pousses la porte. et tu cherches un blond des yeux. tu le trouve vite. khan a un coté nounours sécurisant qui se remarque. tu plaques un sourire sur tes lèvres et tu viens t'asseoir en face de lui. « bonjour. » tu dis sagement. tu sais pas quoi dire d'autre en fait ? « ça va » ? tu t'en fous un peu de comment il va.

Il leva la tête et la vit enfin. Quelques secondes elle vint prendre place devant lui. Et maintenant quoi ? Il ne savait pas. Machinalement il répondit à sa question « Oui, merci et toi ? » Il était un peu…impressionné ? Il n’aurait su le dire mais il faisait quand même plus de vingt centimètres que la jeune femme mais elle avait ce quelque chose d’imposant en commun avec son père. En plus de posséder le même regard franc et direct. « Tu veux boire quelque chose ? » Il gagnait du temps et alors ? Il ne savait pas quoi dire en fait, surtout, il ignorait par où débuter. Pfiou, mais qu’est-ce qu’il lui avait pris dans un premier temps de venir la voir ? « Pour commencer, je tiens à te dire que je suis pas là au nom de ton père, il sait même pas que j’ai approché » Bien, bien, bon début et ensuite ? Il avait juste senti le besoin de préciser que le fantôme de sa jeunesse n’était pas venu tenter de sa racheter une conduite. « il m’a souvent parlé de toi et comme j’ai su qu’on était dans la même ville, j’me suis dit que ce serait pas mal de faire connaissance » dit-il avec un sourire, au même moment une serveuse choisit de venir vers eux. Sauver par le gong. Il avait quelques secondes de répit.

t'as pas envie de parler de ton père en fait. t'as pas envie de l'évoquer. t'as pas envie de te souvenir que t'as un quelconque lien avec lui. parce qu'il t'as abandonné. il en avait rien à foutre de toi. et putain, t'es en train de reproduire le même schéma. faut que tu parles à khris. tu supporterais pas que katie subisse le même traumatisme. il faut que t'arranges les choses. au moins que tu sois capable de voir ton mari sans avoir soit envie de le frapper soit envie de le défroquer.
tu t'assoies en face de ce mec. qui qu'il soit, t'es un peu dégoutée. t'as pas envie de le détester, parce qu'il a l'air sympa. mais d'une façon ou d'une autre il est lié à ton père, alors t'as pas le choix de pas l'aimer... « tu veux boire quelque chose ? » il dit. « un café, merci. » tu réponds doucement, tellement bas que t'es même pas sure qu'il t'ai entendu. « pour commencer, je tiens à te dire que je suis pas là au nom de ton père, il sait même pas que j’ai approché » bien sur, parce qu'il s'en tape. tu hoches la tête, attendant la suite. « il m’a souvent parlé de toi et comme j’ai su qu’on était dans la même ville, j’me suis dit que ce serait pas mal de faire connaissance » encore une fois tu hoches la tête. « j'pense pas qu'il parle de moi. il s'est tiré, ça prouve bien qu'il s'en fout. » tu réponds séchement. « alors, qu'est-ce que tu voulais me dire ? » tu enchaines. après tout, ça sert à rien les politesses pendant deux plombs.