« Je te promets que t'es la fille la plus rapide à me demander si elle peut se déshabiller en ma présence ! » Je tournais le regard en le voyant arriver. Un sourire automatique se figea sur mon visage alors que je répondais du tac au tac « T’en as de la chance dis-moi. » C’est dingue comment il pouvait me mettre de bonne humeur rapidement. J’avais encore Domenico en tête, trouvant mon lit trop vide chaque soir, à lui laisser des messages qu’il répondait plutôt tard assez souvent… J’avais l’impression de me sentir une nouvelle fois seule, comme au tout début de ma carrière. Où je n’avais que ma sœur pour me confier. Et bien là, c’était la même chose, sauf que c’était Camil qui avait pris sa place. Je ne savais même pas si Domenico était trop occupé pour me voir ou pour avoir l’envie de me voir. Peut-être que je descendais dans son estime, tout ce temps à ne pas se voir, je commençais franchement à me poser des questions… Et autant dire que j’en avais plutôt gros sur le cœur. Je suivis l’indication de Camil indiquant la salle de bain alors qu’il ajoutait « Une nuisette... parfait, pile dans les plans de true lie pour que je te drague !!! » Je soupirai, jetant un regard en biais à mon ami. Celle-là aussi me tapait sur le système, et elle n’arrangeait pas du tout les choses. « Elle va croire que je l’ai fait exprès… » Je passais une main sur mon visage puis je me rendais dans ladite salle de bain pour me changer. Je troquais mes vêtements de ville pour la nuisette noire que j’enfilais rapidement, perdue dans mes pensées. D’habitude, le regard des autres ne m’affectait pas, au contraire. Mais là, je ne savais pas pourquoi, l’attitude de Gossip Girl m’avait atteint un peu. Et le commentaire de Domenico qui allait avec… Repoussant ma chevelure brune en arrière, je m’observais un instant dans le miroir. Me mordant la lèvre inférieure, je sentis ma gorge se serrer. Je craquais rarement, même très rarement. Voir jamais. C’était peut être la goutte qui faisait déborder le vase. Et puis je ne voulais pas que Camil me voit comme ça, je n’étais pas une fille vulnérable, ça non. Mais j’étais humaine. Je sortis donc discrètement de la salle de bain pour aller dans la chambre de mon ami. Je pris le soin de poser mes affaires sur un côté, puis je me couchai sur son lit, me recroquevillant, essayant de penser à autre chose. Mais rien à faire, ma vision devenait floue et je sentis quelques gouttes me mouiller les joues.

Stupide. J’avais l’air plus que stupide bon sang. Ressaisis-toi Denver, mince. Pleurer pour un homme, surtout quand on est en couple avec, fallait pas exagérer. Ce n’était pas moi ça… De toute façon, j’avais beau essayer de contrôler ce surplus d’émotions, je n’y arrivais pas. C’était plus fort que moi pour une fois. La boule ancrée au fond de ma gorge me faisait mal et pour y remédier il fallait que je lâche ces foutues larmes. Heureusement, je ne chougnais pas. Je pleurais en silence, priant pour que ça passe et que Camil ne me retrouve pas dans cet état là. « Tu sais je déconnais, je sais que tu le fais pas exprès. » Mince. Il avait remarqué. En même temps, j’aurai dû rester enfermée dans la salle de bain et attendre que ça passe. Sauf que je n’étais pas une si bonne actrice que ça, il aurait tout de même compris que je n’étais pas dans mes baskets. La vue encore un peu floue, je distingue Camil qui vient se coucher à côté en me tapotant l’épaule « Savoir qu'en pleurant t'éviteras d'aller trop aux toilettes, ça te remonte le moral ? » Qu’est-ce qu’il pouvait être bête des fois. Mais il réussit, grâce à ce que j’adorais chez lui, à me faire légèrement sourire. Comme quoi je le savais, il n’y avait que lui qui pouvait me redonner le moral quand ça n’allait pas. Je sentis sa main virer sur mon bras, se mêlant à une petite caresse alors qu’il se rapprochait un peu plus de moi « Tu me racontes? » Alors que je sens sa main sur ma joue, tentant d’essuyer mes larmes, je renifle doucement, passant mes doigts sous mes yeux histoire d’enlever l’eau qui s’était un peu accumulée « C’est Dom… J'en peux plus... Je je… je ne sais plus quoi en penser. D’ailleurs… je sais même pas pourquoi je réagis de cette manière là, c’est pathétique… » répondis-je en tremblotant un peu. Je levais mes yeux pour plonger mon regard dans le sien. Je le distinguais mieux maintenant, même si j’avais toujours les yeux humides. Instinctivement, je me rapprochais de lui, me blottissant contre son torse « Heureusement que tu es là toi… » murmurai-je. Je restais un moment comme ça, blottie contre lui, avant de relever la tête, me retrouvant presque nez à nez avec lui « Tu ne m’abandonneras pas toi… ? »

Etre collée à lui m’aider à me calmer. A me sentir en sécurité. Ca me rappelait Domenico quand il me prenait dans ses bras et où je me sentais chez moi. Et étrangement, je ressentais la même sensation de bien être dans ceux de Camil. De toute façon, c’était inné chez lui cette façon de me rendre différente, heureuse. Il avait carrément changé mon point de vue sur moi-même et je lui en étais reconnaissante. Tout comme Domenico. Sauf que Camil avait réussi à révéler l’excitée qui sommeillait en moi depuis longtemps. Il avait réussi à me briser les chaînes et à vivre ma vie à fond. Je continuais quand même à être la Denver sérieuse quand il le fallait, mais j’avais aussi appris à me lâcher, à profiter des moments et m’amuser comme il le fallait. J’étais jeune et j’avais besoin de tout ça. Et comme un bon ami, Camil savait être présent H24 7j/7. Même dans les moments de faiblesse, qui pour moi, résultait être la première fois. Il était là. Toujours là. Et d’ailleurs je n’avais jamais vraiment remarqué ses yeux… Ils avaient une jolie forme… Je m’égarais là. « ouais... non... j'suis du genre scotch double face, on peut pas se débarrasser de moi. » Encore un sourire. Il arrivait à me faire sourire avec ses blagues. Je voyais son regard divaguer sur moi et un silence s’installa entre nous. Je n’avais même pas envie de le rompre sur le coup, j’étais trop bien pour cela. Je ne pleurais plus, même si mes yeux continuaient à être humides et rouges. Mon regard était toujours plongé dans celui de Camil et je me mis à détailler lentement son visage. Je me sentais tellement bien, même aussi proche de lui. Je crois que je ne contrôlais même pas ce que j’étais en train de faire, mon visage s’avançait de plus en plus vers le sien. Qu’est-ce que je faisais… Non, Denver, pense à Domenico. Entrouvrant mes lèvres, je m’arrêtais finalement dans ma lancée. Je déglutissais lentement « Qu’est-ce que je dois faire à ton avis… ? » J’étais perdue, ça ouais.

J’aurai peut être du rester chez moi. En fait, non. J’avais bien fait de venir, j’allais sûrement me sentir mieux en sortant. C’est toujours l’effet que ça me fait après avoir vu Camil. Je me sentais toujours bien, sereine et plus heureuse. Une vraie thérapie à lui tout seul ce type. Mais c’est vrai que je n’étais pas bien sympa de lui gâcher l’après-midi en me mettant à pleurer comme ça. Il était tellement gêné que ça en devenait mignon. Et puis, je ne sais pas trop pourquoi je m’approchais autant de lui. J’avais besoin de lui et de son côté rassurant sans doute. J’étais tellement paumée que j’avais envie de trouver des réponses, je voulais qu’il m’aide à trouver des réponses. « Sérieusement Denv'... c'est pas à moi de te dire quoi faire... tu commence à me connaître, tu sais très bien se que je ferais... dans ce genre de situation. » Bon c’est vrai, je ne savais pas tellement pourquoi je lui avais posé cette question, mais puisque j’avais besoin d’aide, c’était la seule chose qui m’était venue à l’esprit. Je trouvais ça curieux que Camil ne fasse aucun geste pour maintenir une distance raisonnable entre nous. Je n’eus même pas le temps de répondre à ce qu’il venait de dire, que je le sentis s’avancer, brisant la barrière imaginaire qui restait entre nos deux visages, sentant ses lèvres se joindre aux miennes. Un frisson me parcourut l’échine alors qu’il m’embrassait. Malheureusement, je dus me résigner à y mettre un terme, m’écartant de son visage un peu plus que tout à l’heure. Mes yeux replongèrent dans les siens alors que je laissais planer un silence de quelques secondes avant de murmurer « Qu’est-ce que ça signifie… ? » Je ne savais pas trop pourquoi il avait fait ça, si c’était pour me réconforter ou pour… en profiter ? Non, Camil ne ferait jamais ça, j’en mettrais ma main à couper. Et puis, je ne l’avais pas repoussé immédiatement non plus… Mon dieu, j’étais encore plus paumée.

Je me sentais un peu bête. Je pensais à Domenico surtout. J’avais l’impression d’avoir encore foiré. Pourquoi avait-il été aussi absent ces derniers temps ? Je me sentais encore coupable… J’allais devoir lui annoncer encore un autre truc du genre. Mon dieu… En fait non, je n’aurais pas dû venir voir Camil. Rien de tout ça ne serait arrivé. Sauf que, en petite femmelette que j’étais, j’ignorais le pourquoi de son geste. Je n’avais jamais vraiment perçu chez Camil cette sorte de sentiments. On était de bons amis, voilà tout… Ou alors j’étais encore complètement novice et il fallait que j’en apprenne un peu plus sur les mecs, parce que là, j’étais pire qu’aveugle. « Désolé... j'aurais pas du faire ça. » Il avait ce sourire navré aux lèvres… Comment je pouvais lui en vouloir. A n’importe qui d’autre, j’aurais porté ma main sur leur joue, une belle gifle. Mais Camil… non. Je baissais la tête, fixant les draps et me mordant la lèvre inférieure. Qu’est-ce que je devais faire ? Il ne me donnait même pas d’explications en plus. Bon sang. Je me redressais sur le lit, évitant encore son regard « Je… je crois que je vais rentrer chez moi. » Ce n’était pas à cause de lui. Mais je me sentais tellement perdue, que je devais réfléchir à ce qui venait de se passer.