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Le 6 janvier 2016, le forum a fêté ces 5 ANS ! Bon anniversaire POH It's time to escape -- terminée 79124 It's time to escape -- terminée 79124

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Anonymous
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Invité
Ven 12 Aoû - 3:07



Théodden Peter Vanswooger


Vanswooger ★ Peter ★ Pet' ★ 30 ans ★ Homme ★ Américain ★ Américain et Canadien ★ né à Vancouvers ★ 09 août 1981 ★ juillet 1993 ★ hétérosexuelle ★ très aisée ★ célibataire ★ marketing ★ money★ 1m83 ★ 78kg ★ bruns ★ bleus ★ tatouages sur les avants bras, les mains et un sur la clavicule ★ rock grunge ★ allergique aux poils de chats ★ impulsif maladif '-' ★ O-


★ une couleur: rouge.
★ un animal: une otarie.
★ une saison: hiver.
★ un plat: menu McDo.
★ une chanson: rape me de Nirvana.
★ un film: Minority Report.
★ un acteur : Samuel L. Jackson.
★ un chanteur : Kurt Cobain.
★ un groupe : Nirvana.
★ un dessin animé: Nemo.
★ un super héros: spider man.
★ un pouvoir: téléportation.
★ un pays: Thaïlande.
★ une devise: quitte à crever autant choisir comment.
★ un élément: feu.
★ un fruit: mangue.
★ un légume: carotte.
★ un métier: escroc.
★ un voyage: au paradis.

★ plus grand secret : j'ai tué mon beau-père.
★ plus grand fantasme : vivre sur une île déserte avec un frigo qui se rempli automatiquement !
★ plus grand rêve : les rêves c'est pour les faibles.
★ tic nerveux : faire les cent pas, tirer sur mes cheveux ou les poils de ma barbe, grincer des dents.
★ popularité : ★★★
intelligent ★ malin ★ observateur ★ drôle ★ énergique ★ intéressant ★ silencieux ★ sportif ★ rusé ★ bon comédien

tordu ★ sauvage ★ violent ★ calculateur ★ manipulateur ★ hypocrite ★ menteur ★ dangereux ★ impulsif ★ bagarreur

On me dit que :

★ j'ai le nez de mon père
★ les yeux de ma mère
★ la bouche de ma mère
★ les sourcils de mon père
★ les cheveux de ma mère
★ le caractère de mon beau-père
★ malin, comme personne
★ violent, comme mon beau-père
★ les talents de comédien de mon père
★ la même voix que mon frère décédé
★ je ressemble à moi


hors jeu


★ pseudo & prénom : Elodie alias Morphine.
★ âge : Bientôt 21 '-'
★ sexe : Fille !
★ nationalité : Française
★ comment je suis arrivé sur POH : Je sais plus comment je l'ai connu. Mais quand je l'ai connu, coup de coeur ! Je voulais m'inscrire mais Jared était un scénario gay et comme je joue uniquement Jared et toujours en couple avec ma Baylee donc... Wait x).

★ commentaire : Ce forum est so amazing !

★ je suis un : PI
★ avatar : Jared Leto
★ code du règlement :
Spoiler:

Ma fiche est complète à 100%




Code:
[size=12][color=crimson]★ [/color][font=Georgia]JARED LETO[/font] | [/size] [font=arial][size=9]T. Peter Vanswooger[/size][/font]
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Anonymous
Invité
Invité
Ven 12 Aoû - 3:07

ton histoire





« Epouse moi ! » « Pardon ? Tu plaisantes là j’espère ? » « Pas le moins du monde ! Tu portes mon enfant Vickie ! » « C’est pas une raison pour m’épouser… »

C’est par une grossesse que commença l’histoire de mes parents. Ou plutôt devrais-je dire mon histoire puisque la leur n’a finalement pas fait long feu comme à peu près toutes les histoires d’amour de ma mère. Quoi qu’il en soit, mon père qui se pensait sincèrement amoureux de ma mère à cette époque là. Raison pour laquelle il lui proposait le mariage en prétextant plus ou moins cet enfant à venir. Certes il n’avait pas prévu de se marier de sitôt mais le fait d’apprendre qu’il serait père, ne pouvait que le ravir au plus haut point et précipiter la chose. Contre toute attente, malgré ses premières réticences, la dénommée Vickie qui n’était autre que ma mère, accepta de l’épouser. Ce ne fut pas un mariage en grandes pompes avec le père de la mariée qui la guide dans l’église pour donner sa main à son promit ni avec des centaines d’invités. Ce ne fut pas non plus un mariage éclair à Las Vegas histoire de dire d’être mariés. En fait ce fut un mariage parmi tant d’autres que le maire célébra sans la moindre émotion, devant la vingtaine d’invités qui avaient prit la peine de se déplacer pour ces deux jeunes gens de dix neuf et vingt deux ans qui se mariaient sur un coup de tête selon eux. Certains semblaient surpris de voir s’unir ces deux jeunes gens qui n’étaient ensemble que depuis quatre mois. D’autres savaient quelle était la véritable raison de cette union. Et cette raison, c’était moi. Gosse conçu lors d’une soirée un peu trop arrosée durant laquelle mes parents s’étaient laissé aller à leurs envies tout simplement. Gosse non désiré mais qui, avec un sacré coup de chance, serait reconnu par son père qui avait décidé d’assumer sa paternité. Dans le fond je ne suis pas si malchanceux que cela. N’ais-je pas un père après tout ? Certes la suite de l’histoire fera que je ne l’ai finalement plus à l’heure d’aujourd’hui. Mais l’essentiel c’est de savoir que je porte son nom, à ce canadien d’origine américaine qui était né à Vancouver et y vivait depuis toujours avec ses parents. Pour en revenir au mariage, le fait que les invités soient peu nombreux, leur permit à tous de se contenter d’un simple restaurant après la cérémonie, avant de rentrer chacun chez soit. Vickie vivait dans un petit appartement en centre ville, avec son fils ainé âgé de cinq ans déjà, qu’elle avait eut à seize ans d’un illustre inconnu rencontré lui aussi lors d’une soirée un peu trop arrosée. Vous l’aurez compris, j’avais donc un frère ainé, appelé Jonathan. Il n’eut pas la même chance que moi d’avoir un père un jour puisque celui-ci n’avait même jamais rien su de la grossesse de cette fille totalement ivre et droguée, qu’il avait rencontrée au hasard d’une soirée. Mais dans le fond je ne doute pas que cela revient au même que s’il avait apprit cette paternité. Dans tous les cas, je doute qu’il l’aurait assumé alors qu’il n’avait encore que dix sept petites années et la vie devant lui. Enfin bref, tout ça pour dire que mes parents ont décidé de se marier quatre mois après leur rencontre et deux mois après ma conception. Mariage éclair qui se termina, pour les deux mariés, chez ma mère, avec Jonathan. Mon début d’histoire n’est-il pas merveilleux et digne des plus beaux contes de fées ? Ah vous aussi vous pensez que si hm ! J’en étais sûr !

« Espèce d’enfo*ré plus jamais tu ne poseras la main sur moi ! Fils de [*censuré 8D*] et de [*censuré 8D*] ! » « Allons chérie ! Allons du calme ! Respire ! Inspiration, expiration ! Tu te souviens comme pour les cours de prép… » « La ferme ! La ferme ! C’est pas toi qui es en train de te faire déchirer les entrailles par un morveux ! »

Sacré entrée en matière ! Au risque de passer pour un fils indigne, ce que je suis soit dit en passant, ou un monstre ou encore tout un tas d’autres choses à votre bon plaisir … Eh bien je suis plutôt fier de cette arrivée sur terre, je dois bien le reconnaître. Si je connais avec exactitude les mots que ma mère a proféré durant ces heures de souffrance et de galère, c’est pour une bonne raison. Laquelle ? Tout simplement parce que mon père assistait à cet accouchement des plus douloureux et insoutenables, armé d’une caméra. J’ignore encore et toujours pour quelle raison mes parents ont un jour décidé de me montrer cette vidéo alors que je n’avais que sept ans. Mais l’on peut clairement dire que cela m’a définitivement marqué. C’est une chose que personne ne devrait jamais avoir à vivre selon moi. A croire que sortir du ventre de sa mère n’est déjà pas une étape assez douloureuse et emmerdante dans une vie, pour en plus en rajouter en ressortant la vidéo de ce moment pénible, par la suite. Quoi qu’il en soit, pour revenir à cet accouchement, ma mère a du rester en salle de travail durant douze longues heures parce que tantôt je voulais sortir, tantôt je ne voulais plus. A croire qu’être prématuré d’un mois ne me suffisait pas, je voulais ennuyer encore un peu mes parents tant qu’à faire. Aujourd’hui je dois reconnaître que je suis clairement fier de leur en avoir autant fait baver l’un comme l’autre. Peut-être qu’inconsciemment, je savais parfaitement qu’ils m’en feraient voir de toutes les couleurs plus tard. Oui … Ce doit être ça tiens ! Je devais sentir par avance que je n’aurais pas une vie de tout repos avec ces deux imbéciles pour parents. Et je ne m’étais pas trompé en tout cas. Bref, il est encore trop tôt pour parler de ces moments où tout a basculé à mainte et mainte reprise. De toute évidence nous en sommes encore à l’accouchement. Né avec un mois d’avance et provoquant douze heures de souffrance, je pointais enfin le bout de mon nez en parfaite santé. Peut-être même avec un trop plein de vie puisqu’aucun médecin ne parvint à me faire cesser de pleurer bien après que je fus lavé et tout ce qui s’ensuit. Enfin ça c’est la version de mes parents. Et j’ai appris à ne pas trop faire confiance à ces deux êtres stupides qui me servent de géniteurs. Sans doute ont-ils dit vrai. Mais ça je ne le saurais très certainement jamais. Et puis dans le fond est-ce que je veux savoir ? Est-ce que savoir si j’ai oui ou non pleuré durant des heures le jour de ma naissance, va-t-il changer la face du monde ? Ma vie ? Non, rien de tout ça. Dans le fond … On s’en fout de savoir combien de temps j’ai plu pleurer ! Même le fait que ma mère ait fait une hémorragie interne lors de ma naissance, on s’en fout. Non on s’en fout pas ? C’est donc si important que cela de savoir qu’à quelques minutes près elle mourrait en me mettant au monde ? Selon moi ça n’a strictement pas la moindre importance. Je m’en fous royalement, elle aurait bien pu mourir que ça n’aurait pas changé ma vie. Ou alors j’aurais fini à l’orphelinat avec mon grand frère et on aurait été placés dans une famille. Et avec un peu de chance on aurait eut une vie heureuse. Ou du moins plus heureuse que celle que nous avons eus. Dans le fond je regrette presque que cette foutue hémorragie n’ait pas eut raison d’elle. Moi j’aurais aimé naître en tuant ma mère !

« Peter bouche toi les oreilles. Peter tes oreilles ! » « Mais pourquoi ? » « Je t’ai déjà expliqué ! Bouche toi les oreilles et va dans ton lit ! » « Mais pourquoi je suis puni ? » « C’est pas une punition. Fais-le ! »

Sans trop comprendre pourquoi, je finis par obéir à mon frère en filant dans mon petit lit d’enfant tout en me bouchant les oreilles de mes mains posées à plat dessus. Le regard tourné vers mon grand frère, je le regardais s’approcher lentement de la porte fermée de notre chambre pour tendre l’oreille et tenter de savoir ce qu’il se passait hors de cette pièce. Etant encore très jeune, je n’avais que trois petites années à cet instant là, je ne comprenais pas du tout ce qu’il se passait. Certes ce n’était pas la première fois que Jonathan me demandais de faire cela. A savoir, aller dans mon lit et me boucher les oreilles jusqu’à ce qu’il vienne me récupérer pour me dire que c’était bon. Mais il n’empêchait qu’à chaque fois je ne comprenais pas et je cherchais à comprendre. Et ce n’est qu’en grandissant que j’ai pu comprendre qu’il cherchait simplement à me protéger des disputes incessantes de nos parents qui se terminaient invariablement en jets d’objets, en pleurs et en hurlements. Il avait toujours été certain que tous les deux n’étaient pas faits l’un pour l’autre et que tôt ou tard, la rupture arriverait. Toutefois, cela ne nous empêchais nullement de continuer notre vie comme si de rien n’était. Nous vivions comme deux parents avec leurs deux enfants, puisque mon père s’occupait de Jonathan comme s’il s’agissait de son propre fils, bien qu’il ne lui ait pas donné son nom. Il ne fallait pas trop en demander non plus de toute évidence. Pour en revenir à l’épisode de ce jour là, j’étais allongé sur le dos, regardant le plafond et chantonnant doucement pour être certain de ne rien entendre, tandis que mes deux mains étaient posées à plat sur mes oreilles. En sentant mon matelas s’affaisser quelque peu d’un côté, je tournais la tête pour voir mon frère me rejoindre et s’allonger à mes côtés sans un mot, regardant le plafond sans parler. Comme il ne me disait toujours pas que je pouvais retirer mes mains, je les gardais en place en regardant à nouveau le plafond sans cesser de chantonner doucement, une comptine apprise à l’école. Mais même avec tout cela, je n’eus aucun mal à entendre les cris lorsque mes parents passèrent en trombe devant la porte de notre chambre pour aller d’un bout à l’autre de l’appartement. A croire qu’ils le faisaient exprès pour que nous ne manquions rien de leur petite comédie. Comme si nous n’étions pas trop jeunes l’un comme l’autre, pour avoir à supporter une chose pareille. Il était même fréquent de les voir s’injurier et hurler comme pas possible, en plein repas alors que nous étions tous réunis autour de la table. Bref ce n’était décidément pas la joie et jamais nous ne parvenions à trouver un instant de calme pour nous retrouver en famille comme n’importe quelle famille à peu près normale. Les seules sorties que nous faisions avec l’un de nos parents, étaient pour faire les allés et retour entre notre petit appartement à Vancouver et l’école. Ou encore, les courses hebdomadaires. Rien de plus et rien de moi, ça s’arrêtait là. Il est clair qu’à cette époque là je n’étais véritablement pas heureux. Mais je ne m’en plaignais pas. Jamais. J’avais un frère ainé pour me protéger et deux parents. Que demander de plus ? Rien si ce n’est peut-être une meilleure entente entre mes parents.

« Voilà … Votre mère et moi avons décidés de divorcer. Nous pensons que pour le bien de tout le monde, il est préférable que nous nous séparions. Est-ce que vous comprenez ? » « Peter il va rester avec moi ? » « Non il… » « Bien sûr Jonathan ! Si c’est ce qu’il souhaite lui aussi, alors nous vivrons tous les trois ensembles. » « Si c’est ce qu’il souhaite oui ! Peter ? Peter dis moi avec qui tu aimerais vivre ? Avec papa ou avec maman et Jonathan ? »

Regardant mes deux parents l’un après l’autre avant de tourner le regard vers Jonathan, je ne comprenais strictement rien à ce qui était en train de se passer et à ces questions si stupides et étranges. Pourquoi me demander cela ? N’allions pas continuer de vivre tous les quatre ensembles ? Pourquoi faire un choix au lieu de continuer comme nous l’avions toujours fais ? Certes je voyais bien que plus rien n’allait. J’avais beau n’avoir que cinq ans, je voyais bien que mes parents passaient plus de temps à se déchirer qu’à s’aimer. Je voyais bien que la vie dans notre petit appartement était des plus mouvementées. Nous n’avions jamais la paix, nos parents étant toujours trop occupés à se battre et à se disputer pour un oui ou pour un non. Oui on autorise Peter à regarder la télévision jusqu’à vingt deux heures, non il est trop jeune. Oui Peter a le droit de manger entre les repas, non il n’en n’a pas le droit. Oui Peter a droit à une guitare, non les moyens financiers manquent. Peu importait l’heure ou le jour à laquelle mes parents se disputaient, il fallait toujours que ça revienne à moi. Ils n’étaient jamais d’accord sur rien mais leur sujet favori était moi. Pourquoi moi ? Qu’en savais-je ? Etait-ce de ma faute si j’allais voir l’un quand l’autre me refusait quelque chose et que ce second acceptait ? Etait-ce de ma faute si je profitais du fait que mes parents n’étaient jamais d’accord sur quoi que ce soit me concernant, pour en jouer en ma faveur ? Je n’étais qu’un enfant de cinq ans et je ne comprenais pas encore vraiment. Tout comme je ne comprenais pas le sujet du jour, alors que nous étions tous les quatre tranquillement attablés pour le diner et que mes parents me demandaient avec qui je voulais vivre. Pourquoi faire un choix ? C’était une chose que je ne comprenais pas. Pourquoi aurais-je à choisir entre mes parents ? Etait-ce trop demander que de vouloir rester une famille unie ne serait-ce que par les liens du mariage ? Il était vrai que notre famille n’en n’avait jamais été vraiment une. Ce qui ne m’empêchait nullement de vouloir qu’elle le devienne un jour. Tout ce que je demandais du haut de mes cinq ans, c’était que ma famille soit comme toutes les autres familles. Ou du moins comme celles de tous mes amis. A chaque fois que j’allais chez l’un d’eux, j’étais fasciné de voir ses parents discuter ensemble, se regarder et se sourire alors que chez moi rien n’allait en ce sens. Au contraire. Ils ne se parlaient pas, ils se disputaient constamment. Quand ils se regardaient, c’étaient pour se tuer du regard. Et enfin, les sourires n’existaient pas. Ils étaient plutôt du genre à s’ignorer ou à éviter de se retrouver dans la même pièce tout simplement. Et c’était tout. C’était cela ma famille. Rien de bien glorieux en soit. Rien de quoi je puisse être fier. J’étais trop jeune pour comprendre réellement ce qu’il se passait à la maison. Mais j’étais tout de même assez âgé pour voir que ma famille n’était pas une famille comme toutes les autres. « Chéri ? Nous attendons ta réponse ! » Relevant la tête pour croiser le regard de ma mère puis celui de mon père et enfin celui de mon frère, je ne savais pas ce que je voulais. « Je peux ravoir du dessert maman ? » Finis-je par demander de ma voix enfantine et innocente.

« Tu vas où maman ? » « On Peter ! On ! Jonathan et toi vous venez avec moi. Et je te l’ai déjà expliqué mille fois ! » « Mais moi je veux pas maman. Je veux rester avec papa. Papa il est gentil il m’a offert une glace hier quand on est allés au match. » « Eh bien je t’achèterais des glaces ! »

Sans prendre la peine de me répondre ou même de m’adresser ne serait-ce qu’un regard, ma mère continua de fourrer ses affaires dans des sacs en toute hâte. De toute évidence mon avis ne comptait plus tant que cela finalement. Depuis deux semaines, la tension à la maison était plus que palpable. Il ne se passait pas un jour, pas une demi-journée, sans que mes parents ne me posent la question fatidique : avec qui voulais-je aller vivre une fois le divorce prononcé ? Ma réponse restait inexistante. Je n’en savais rien et ne comprenais toujours pas pourquoi j’aurais du le savoir. Pourquoi aurais-je du faire un choix entre eux alors que moi je voulais rester avec les trois ? Même mon frère s’était laissé aller à un bourrage de crâne intensif. Il tenait à tout prix à me convaincre de les suivre lui et notre mère. Mais plus le temps passait et plus je voyais que je m’entendais mieux avec mon père. Il était gentil, il riait avec moi, voulait m’apprendre la guitare, m’emmenait à des matchs de football américain, me laissait manger quand je le voulais, regarder la télévision le soir et bien d’autres choses encore plus ou moins différentes mais toujours plus plaisantes les unes que les autres. Quoi qu’il en soit, je savais que sans mon père je m’ennuierais pleinement. Raison pour laquelle en voyant ma mère préparer ses bagages pour de bon, je réalisais que j’avais besoin de mon père, de cet homme dans ma vie. Suivant ma mère lorsqu’elle quitta sa chambre chargée de deux sacs plein de ses affaires, je la suivais jusque dans l’entrée de la maison en lui citant toutes les raisons pour lesquelles je voulais rester avec mon père et non pas aller avec elle. Mais de toute évidence, j’aurais aussi bien pu parler au mur tant elle semblait se fiche de moi comme de son dernier achat. Par la suite, alors qu’elle remplissant un nouveau sac avec mes propres affaires cette fois, je voulus m’interposer en me plaçant entre elle et ma commode d’enfant, faisant barrage, sous le regard de mon frère qui n’osait pas intervenir pour sa part. Bien entendu, il était du côté de ma mère. Il ne voulait pas que nous soyons séparés l’un et l’autre, alors que moi je m’en fichais bien puisque je ne pensais pas le moins du monde à ce très léger détail pourtant de taille, il fallait bien le reconnaître. Alors que ma mère cherchait à me repousser pour atteindre les tiroirs remplis de mes vêtements, je restais totalement de marbre devant elle en empoignant la commode avec force. Excédée, elle me flanqua une gifle retentissante qui m’envoya valser sur le sol, mon oreille sifflant avec force. La joue rougit et brulante par la claque, j’y posais ma main en tournant un regard haineux vers ma mère qui semblait déjà regretter son geste. Cherchant à me prendre dans ses bras, je me débattis de mes bras et de mes jambes pour qu’elle me relâche, n’hésitant pas à la frapper de toutes les forces que je pouvais. « Lâche moi ! Lâche moi j’te déteste ! T’es qu’une salope ! » Définition du mot salope : Femme de mauvaise mœurs, salope. Sens que moi je lui donnais, du haut de mes cinq petites années ; Insulte que mon père utilisait à mainte et mainte reprise pour désigner ma mère lors de disputes virulentes.

« Je veux papa ! Je veux papa ! Je veux papa ! » « Peter calme toi ! Tu vas le revoir mais arrête ! » « Non c’est pas vrai ! Maman c’est une menteuse ! Elle ment ! » « Peter tais toi ! »

Lançant un regard haineux à mon propre frère qui tentait tant bien que mal, et parfaitement en vain, de me calmer, je finis par me détourner de lui pour aller m’enrouler dans ma couette, me fichant de savoir l’heure qu’il était et ce que j’étais censé faire à cette heure ci. Cela faisait déjà trois mois que ma mère avait décidé de prendre la poudre d’escampette en nous embarquant, Jonathan et moi. Elle se fichait bien en vérité, de savoir ce que moi je voulais ou ne voulais pas. Elle n’agissait que selon ses envies à elle. Elle était juste égoïste en plus d’être une menteuse. En effet, depuis notre départ, elle n’avait eut de cesse de me jurer encore et encore, que je reverrais mon père. Mensonge et encore mensonge, j’attendais toujours. Et je n’avais pas eus la moindre nouvelle de sa part. J’ignorais s’il allait bien tout seul, s’il se remettait de notre départ et s’il ne se sentait pas trop seul sans nous. Pour ma part il était certain qu’il me manquait. Je voulais plus que tout le retrouver. Nos moments passés ensemble me manquaient terriblement. Je voulais de nouveau le regarder jouer de la guitare et apprendre avec lui. Je voulais parler avec lui, l’écouter me raconter des histoires le soir pour m’endormir, aller regarder un match avec lui et manger une glace à la sorte, aller au cinéma avec lui, au parc … Bref je voulais faire tout ce que faisaient un père et son fils. J’y avais eus droit durant un certain temps alors qu’il avait commencé à sentir qu’il était petit à petit en train de me perdre. Mais c’était maintenant terminé et je devais donc subir sans un mot et accepter cette séparation forcée. Je ne comprenais pas pour quelle raison je ne recevais ni de lettre, ni d’appel, ni de visite de sa part. Mais tout ce que je voyais moi, c’était que ma mère m’avait séparé de lui et ne m’en parlais plus. Je me retrouvais donc exactement dans la même situation que Jonathan. A savoir, que je n’avais plus de père. Malgré tout je gardais son nom, ce qui était tout de même une sacré différence par rapport à lui. La seconde différence résidait tout de même dans le fait que j’avais un tant soit peu connu mon père et eut la chance de connaître la vie avec lui. Chose à laquelle il n’avait nullement eut le droit pour sa part. Il avait bien entendu eut mon père mais ce n’était en rien la même chose, je n’en doutais pas un seul instant. J’ignorais totalement si Jonathan réalisait que notre mère me coupait totalement de mon père ou si vraiment, il continuait d’avoir suffisamment confiance en elle pour penser qu’elle n’aurait jamais le culot de me faire une chose pareille. A moins qu’il n’ait craint d’être séparé par moi si mon père venait à me revoir ? Je n’en savais strictement rien. Et à cette époque je ne cherchais même pas à le savoir. J’étais trop jeune pour me prendre la tête avec ce genre de questionnements et je ne voulais pas trop réfléchir non plus. Je me contentais de voir et de subir en silence. Je ne voulais même pas comprendre quoi que ce soit, je voulais simplement ma famille à nouveau réunie sous le même toit et pour de bon cette fois. Je voulais encore et toujours une vie de famille parfaitement normale et sans la moindre histoire. Deux enfants avec leurs parents, des soirées télé, des repas calmes et des sorties familiales intéressantes et amusantes pour tout le monde. Au lieu de cela, je n’avais plus de père, mon frère m’empêchait plus ou moins de parler de mon père, ma mère refusait de me laisser le voir et nous vivions à trois dans un petit studio minable et miteux. Autant dire que l’on peut rêver mieux.

« C’est qui ? » « Je sais pas … Mais je l’aime pas ! » « Pourquoi tu l’aimes pas ? » « Parce qu’hier je l’ai vu rouler une pelle à maman ? » « C’est quoi rouler une pelle ? » « C’est s’embrasser. Comme font les adultes qui s’aiment. » « Comme maman elle faisait avec papa ? » « Oui Pet’, c’est ça … »

Le regard rivé sur ma mère qui se trouvait accrochée aux bras d’un parfait inconnu, trois étages plus bas, sur le trottoir qui faisait face à l’immeuble dans lequel nous vivions depuis plus d’un an, je cherchais à comprendre qui était cet homme. De toute évidence c’était le nouvel ‘amoureux’ de notre mère. Et ça ne nous plaisait ni à l’un ni à l’autre, pour la simple et bonne raison que c’était déjà le quatrième depuis que mes parents étaient séparés. Chose parfaitement inacceptable lorsque l’on a deux enfants, il va s’en dire. Toutefois ce n’était en rien la conception de la vie de ma mère, de culpabiliser pour quoi que ce soit. Elle se contentait de vivre comme bon lui semblait et de faire ce que bon lui semblait. L’excuse de sa jeunesse était mauvaise selon moi. Peu importait son âge, elle avait tout de même des responsabilités et il était plus qu’évident qu’elle ne les tenait pas comme il se devait. La vie que nous menions était bien loin d’être idyllique. J’étais entré en première année à l’école primaire et mon frère était dans le secondaire. Jusque là rien que de très banale. Sauf que c’était sans compter sur le fait que nous devions aller et rentrer de l’école par nos propres moyens tous les jours. Et c’était mon frère qui s’occupait de me mener à l’école avant de filer lui-même au collège par la suite. Et le soir, notre mère ne rentrait que très tard soit disant à cause du travail. Mais l’un comme l’autre, nous doutions que son emploi la force à rentrer souvent en pleine nuit pour ne pas dire au petit matin alors qu’elle était déjà absente toute la journée. En fait ce n’est que bien plus tard, que nous comprimes qu’elle ne faisait finalement rien d’autre que … Sortir faire la fête. Toutes les nuits ou presque, elle se déhanchait sur toutes les pistes de danse possibles et inimaginables de la ville, pendant que ses deux enfants faisaient leurs devoirs seuls, mangeaient ce qu’elle avait eut la bonté de préparer, se douchaient, se préparaient pour aller dormir, regardaient un peu la télévision et filaient enfin au lit pour de vraies nuits de sommeil contrairement à ce qu’elle-même faisait. Elle ne semblait véritablement pas éprouver le moindre remord à cette vie dissolue qu’elle menait tranquillement de son côté. A croire qu’il était parfaitement normal que de vivre de la sorte avec deux enfants à charge. Deux enfants de deux pères différents à seulement vingt sept ans. De quoi se poser des questions sur la mère. Et à voir sa façon de vivre il n’était pas difficile de comprendre comment elle en était arrivée à là et à se douter qu’elle n’était pas prête de s’arrêter. Pourquoi s’arrêter alors que ça lui convenait plus que bien de mener une telle vie ? De toute façon, il était certain que Jonathan et moi n’avions strictement rien à redire à cela, étant bien trop jeunes pour avoir le culot de faire quoi que ce soit pour changer la vie qu’elle menait. Quant à mon père … Eh bien de mon père je n’avais pas eus la moindre petite nouvelle depuis notre départ de l’appartement que nous partagions tous les trois. Mais comme tout enfant de mon âge, à peine six ans, je me faisais à la situation comme à n’importe quelle autre. S’il m’avait manqué au départ, durant des semaines, j’avais fini par m’habituer à son absence et à faire avec bien qu’il m’arriva encore souvent de penser à lui bien entendu. Mais ma vie était dorénavant avec ma mère et mon frère et j’avais fini par le comprendre par moi-même.

« Quoi ? C’est avec lui que tu baises ? » « Jonathan ! Je t’ai déjà dis de parler correctement ! » « J’ai pas d’ordre à recevoir d’une trainée ! » « Jonathan je vais me fâcher ! » « Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? »

Totalement impuissant, je regardais la scène qui était en train de se dérouler sous mes yeux, sans que je ne puisse faire ou dire quoi que ce soit sans risquer d’attirer la colère de ma mère sur moi. Je ne voulais pas me mêler de leurs histoires et me contentais donc de regarder mon frère reprocher à notre mère de se taper une flopée de mecs, pour reprendre ses propres termes. Je n’avais que six petites années à peine et je ne pouvais tout bonnement pas comprendre ce que pouvaient signifier ces quelques mots. J’ignorais même où mon frère avait apprit à parler de la sorte, ce n’était en rien mon genre pour ma part. Bien que souvent je reprenne ses termes pour faire comme lui, car on fini toujours par faire comme son ainé un jour ou l’autre. Tout ce que je comprenais depuis quelques temps, grâce à Jonathan, c’était que notre mère sortait faire la fête toutes les nuits et que si elle ne rentrait parfois pas pendant au moins deux bonnes journées, c’était parce qu’elle était dans le lit d’hommes qu’elle venait à peine de rencontrer. Et de toute évidence, depuis quelques mois, elle avait un nouveau petit ami. Il s’agissait de celui que nous avions aperçu avec elle sur le trottoir, quelques temps plus tôt. Elle venait tout juste de nous présenter son quatrième officiel et selon elle, cette fois c’était sérieux. Chose que nous avions un mal fou à croire mon frère et moi. Certes ça faisait plusieurs mois qu’ils se connaissaient mais de là à dire que ça durerait toute une vie, il ne fallait pas non plus trop espérer. « Jonathan j’en ai plus qu’assez de ton langage ! File dans ton lit et vite ! Et toi aussi Peter ! » Totalement choqué, je retombais sur terre, mon regard allant à plusieurs reprises de mon frère à ma mère sans jamais se poser bien longtemps. Soit j’avais raté un épisode, soit … Quelque chose avait déraillé sans que je ne m’en rende compte. « Mais j’ai rien fais … » « Obéis à ta mère merde ! » A bien y réfléchir, il n’était pas si difficile que cela de comprendre d’où venait l’horrible façon de parler de mon frère lorsque nous entendions notre mère parler. Quoi qu’il en soit, je voyais bien qu’elle était pleinement énervée et qu’il était préférable pour moi que je ne désobéisse pas. Raison pour laquelle je suivis mon frère sans broncher un seul instant pour aller dans le lit superposé dans lequel nous dormions, le temps que notre mère fasse la vaisselle et range le studio. Contrairement à mon frère, je n’osais jamais rien dire concernant les petits amis de ma mère. Certes depuis mon père elle faisait de bien mauvais choix. Mais de là à intervenir, non, je n’en n’avais pas le culot. J’avais surpris son premier petit ami à regarder des films pornos en rentrant de l’école un jour. Le second m’avait parut très penché sur les drogues avec les traces de piqures visibles au creux de son coude. Quant au troisième j’avais rapidement compris que les enfants de ma mère, donc nous, l’intéressaient bien plus que ma mère elle-même. Et enfin son quatrième prétendant, je ne le connaissais tout simplement pas encore assez pour pouvoir en juger. Mais il était certain à mes yeux, que cette histoire ne durerait pas, comme toutes les autres histoires de ma mère.

« Nous allons nous marier ! » « Et j’espère sincèrement que nous pourrons former une vraie famille tous les quatre ensemble. Et que vous pourrez me voir comme un père. » « T’es pas mon père ! Tu seras jamais mon père ! »

Sans attendre de réponse de la part de qui que ce soit, je quittais rapidement la table pour monter dans le lit de mon frère qui avait l’avantage d’être en hauteur. Vivant encore et toujours dans un minable petit studio, je ne pouvais malheureusement pas aller me réfugier dans ma chambre. Sacré inconvénient de ne pas avoir assez d’argent pour prétendre à avoir un logement avec plusieurs pièces. Mais à cette époque là, nous avions au moins la chance d’être encore jeunes et petits Jonathan et moi. Autant dire que nous n’avions pas besoin tant que cela d’intimité et que nous pouvions nous contenter de ce studio de petite taille. Mais c’était sans compter sur l’entrée officielle de cet imbécile, dans notre vie, qui allait nous servir de beau père pour un bon moment. Un mariage … C’était clair, ma mère était complètement folle. Depuis quand les gens se mariaient au bout d’un an alors qu’ils sortaient déjà d’un mariage chaotique et avaient deux enfant ? Pourquoi ce besoin de refaire aussi rapidement sa vie alors que depuis le temps elle aurait du comprendre ses erreurs ? Je ne doutais pas un seul instant que ce mariage se solderait encore par un échec. Connaissant ma mère, elle aurait bien le temps de nous faire un ou deux gosses avant de réaliser que son époux n’était en rien l’homme de sa vie et que contre toute attente, elle voulait s’en séparer. De toute évidence il allait bien falloir se faire à l’idée qu’un de ces quatre nous allions vivre à trois enfants et une adulte dans un studio minuscule. Il ne pouvait en aller autrement dans l’esprit de mon frère et de moi-même. Comme notre mère aurait-elle put changer aussi rapidement, sans que nous ne nous en rendions compte ? C’était tout bonnement impossible malheureusement. Mais il était certain que nous aurions vraiment aimé y croire l’un comme l’autre. Toutefois, cela faisait bien longtemps que nous avions perdu tout espoir la concernant, aussi jeunes que nous fûmes à cette époque là. Nous n’étions pas aussi naïfs qu’aurait pu le faire penser notre jeune âge. La vie que nous menions avec notre mère, nous empêchait totalement toute trace de naïveté et d’innocence. Il nous avait fallut grandir avant l’heure et c’était bien ce que nous avions fait, parfaitement contre notre gré bien entendu. C’était une chose que nous n’avions nullement contrôlé et qui s’était faite toute naturellement. Il était certain que si nous avions pu choisir quoi que ce soit, notre vie n’aurait nullement été de la sorte. Comment aurions nous pu vouloir d’une telle vie ? C’était tout bonnement impossible ! La seule personne qui comptait pour moi à cette époque était mon frère et je savais que c’était réciproque. Nous étions tout simplement deux jeunes enfants projetés dans un monde d’adultes beaucoup trop tôt. Et nous n’étions pourtant pas considérés à notre hauteur par notre mère se fichait bien de notre avis et qui menait sa vie comme bon lui semblait. Nous n’étions nullement en droit de porter un quelconque jugement sur sa vie et encore moins, de toute évidence, sur ses choix concernant les hommes qu’elle fréquentait. Et ce, malgré le fait que nous devions les subir dans toute cette histoire.

« T’es sûr que ça va marcher ? » « Mais oui t’inquiète pas ! Il est allergique à l’argent alors ça va le démanger au point qu’il ne pourra plus supporter l’alliance. Et j’ai mis les épingles à couture de maman dans sa veste et ses chaussures. Il ne les verra pas mais crois moi qu’il les sentira ! » « John … C’est pas un peu trop méchant ? » « Pet’ te dégonfle pas maintenant ! »

Hochant simplement la tête de façon affirmative, je me tournais à nouveau face à l’entrée de la mairie en guettant l’arrivée de notre mère, aux bras de celui qu’elle allait épouser. Depuis des mois que ce mariage était en préparation, mon frère et moi continuions d’espérer encore et toujours qu’elle réaliserait sa connerie et annulerait cette mascarade stupide. Mais au lieu de cela, elle avait mit un réel entrain à préparer son mariage comme il se doit, avec grosse soirée à la clé et tout ce qui s’ensuit. Elle n’avait strictement rien eut pour son premier mariage alors autant dire que cette fois elle voulait vraiment faire les choses en grand et qu’elle le ferait dans la mesure de ses moyens ! En parlant de moyens, depuis que la relation de ma mère avec son fiancé était plus sérieuse et officielle, nous semblions ne plus manquer de rien. Nous avions déménagés dans un appartement avec trois chambres, ma mère ne bossait plus en tant que serveuse dans un petit restaurant et nous ne manquions plus de rien du tout. Au point même où mon nouveau beau père, m’avait offert une guitare. Difficile d’oublier ce jour où il m’avait tendu l’instrument, tout sourire, en me demandant tout heureux, de lui prouver que je méritais aussi d’avoir les cours de guitare qui allaient avec. J’avais beau n’avoir que sept ans, ma révolte contre ma mère me rendait mauvais. J’avais donc pris la guitare et avait fait mine d’en jouer bien que je le fasse alors parfaitement au hasard, ne sachant pas le moins du monde en jouer. Tout en ce faisant, j’avais alors interprété une chanson de ma composition, en inventant les paroles au fil des accords. La chanson parlait d’un beau père complètement con qui voulait acheter l’amour de son beau fils en lui offrant une guitare du tonnerre. Un beau père tellement con qu’il ne voyait pas qu’en fait il se faisait juste plumer par la femme qu’il comptait épouser. Un beau père qui n’était qu’un compte en banque pour sa fiancée et qui en plus de ça, était détesté par ses deux beaux fils. Autant dire que la chanson n’avait pas rencontré un franc succès auprès de mon beau père qui avait pâlis à vu d’œil sans que je ne m’arrête pour autant. Lorsqu’à la fin j’avais eus le culot de lui demander s’il avait aimé, il s’était contenté de répondre que c’était une très jolie chanson mais qu’il faudrait retravailler la guitare et qu’il me paierait les cours pour cela. En le regardant quitter ma chambre, je m’étais alors demandé s’il était trop con pour comprendre le sens de ma chanson ou s’il préférait simplement se voiler encore et toujours la face vis-à-vis de sa nouvelle ‘famille’. Quoi qu’il en soit, il n’avait pas parlé de mon petit scénario à ma mère, ce dont je lui étais tout de même reconnaissant. Il fallait bien avouer que je ne pouvais nullement lui reprocher d’être un rapporteur ou toute autre chose de ce genre. A moins que je ne l’ai sincèrement blessé. Dans le fond je n’en savais strictement rien et je m’en foutais royalement. Et puis dans l’immédiat j’étais bien trop occupé à regarder mon nouveau beau père se tortiller discrètement tout en s’approchant du bureau du maire, sous la douleur occasionnée par les épingles présentes dans sa veste et ses chaussures. Il était certain que cela devait être dérangeant et douloureux. Et il n’avait pas encore enfilé l’alliance. Cette soirée promettait d’être riche en émotions … Et en amusements !

« Un quoi ? Un bébé ? Encore ? Le pauvre ! J’espère pour lui que vous n’allez pas divorcer dans un an ou deux ! » « Chéri pourquoi es-tu toujours si pessimiste ? Nous nous aimons ! » « T’aimais aussi le père de Peter. »

Le silence retombant brutalement dans la pièce, mon regard alla des deux adultes à mon frère puis à nouveau aux deux adultes. Contrairement à mon frère ainé, je n’avais pas pour habitude de me rebeller face à qui que ce soit ni même de me mêler de ce qui ne me regardait pas. Ce qui signifiait par conséquent, que je ne cherchais pas à me mettre en travers de la route de ma mère qui venait justement de nous annoncer à l’instant même, qu’elle allait être maman pour la troisième fois, d’un troisième homme. Pas vraiment un exemple il fallait bien le reconnaître. Et pourtant je n’étais pas encore en âge de comprendre vraiment la chose. Je me contentais de subir en silence et de regarder les adultes vivre tranquillement leur vie. Il était clair que ça ne me concernait en rien et que je n’avais nullement à m’interposer dans toutes ces histoires trop compliquées pour moi. Je n’avais que huit petit années, autant dire que j’étais trop jeune pour tout, de toute façon. Contrairement à mon frère qui, du haut de ses treize ans, semblait tout comprendre et ne pas se priver de faire remarquer à notre mère qu’elle faisait tout bonnement n’importe quoi, constamment avec tout le monde mais surtout concernant ses relations avec les hommes. Il m’avait expliqué la signification du mot ‘salope’ et du mot ‘pute’ et je ne pouvais que reconnaître avec vigueur, que cela s’appliquait à merveille à notre mère. Elle était tout cela à la fois, elle ne se privait pas pour coucher à droite et à gauche et quand elle connaissait une histoire sérieuse, elle la considérait comme éternelle et la plus belle alors qu’au bout du compte ça se terminait toujours mal. Ce type qu’elle venait d’épouser ne serait qu’une simple et brève passade dans sa vie, tout comme l’avait été mon père malgré leur mariage, je n’en doutais pas un seul petit instant. Comment aurait-il pu en aller autrement alors que ma mère était une femme vraiment instable qui ne tenait pas bien longtemps dans une relation amoureuse sans se lasser et avoir l’envie subite d’aller voir ailleurs pour voir si elle ne trouverait pas mieux dans une autre relation, avec un autre homme ? Quoi qu’il en soit, mon frère et moi savions parfaitement que d’ici à quelques petites années, nous nous retrouverions à trois enfants vivant avec leur mère tous les quatre, sans père et sans époux. L’air de rien et sans avoir parlé le moins du monde au sujet de ce que nous venions d’apprendre à l’instant, j’aidais mon frère à débarrasser la table avant de filer avec lui dans notre chambre. Sans avoir à parler, avec un simple et bref regard, nous fumes de toute évidence parfaitement d’accord sur le fait que toute cette histoire était des plus lassantes et agaçantes. Nous n’avions strictement rien contre notre beau père à proprement parlé ni même contre cet enfant à venir. Mais bel et bien contre notre mère qui vivait sa vie sans se soucier le moins du monde de ses deux enfants ainés. A croire que nous ne comptions pas tant que cela dans sa vie finalement. Chose qui ne nous aurait nullement surpris dans le fond puisque nous en avions chaque jour un peu plus la preuve. Elle faisait tout comme bon lui semblait et nous n’entrions nullement en ligne de compte. Au point même, que ç’en était à se demander si elle nous aimait véritablement dans le fond. Jonathan affirmait que non. Quant à moi, je voulais lui laisser le bénéfice du doute …

« Soyez bien sages surtout les garçons ! On ne veut pas retrouver l’appartement sans dessus dessous à notre retour ! Si vous faim commandez quelque chose à manger, j’ai laissé un peu d’argent dans la cuisine ! Et ne sortez pas de l’appartement ! »

Sans attendre de réponse de notre part, notre beau père quittait l’appartement en embarquant notre mère avec lui, direction la maternité. Depuis de longues heures déjà, elle hurlait et insultait à tout va en affirmant qu’elle était sur le point d’accoucher et que son ‘putain de mari’, avait plutôt intérêt à l’emmener illico presto à l’hôpital s’il ne voulait pas ‘voir sa tronche encastrée dans un mur’. Oui, notre mère avait une sacré répartie. Et je ne doutais pas le moins du monde qu’elle était parfaitement capable de mettre ses menaces à exécution sur un coup de tête ou si l’on ne lui obéissait pas assez rapidement à son goût. C’était tout notre mère ça … « Il a cru qu’on était des gamins ou quoi ? Ca se voit que maman lui a jamais dis qu’avant lui elle nous laissait à la maison tout seul tous les jours ou presque. » Tournant la tête vers mon grand frère, je me contentais de hocher vivement la tête en signe d’assentiment. J’avais la fâcheuse tendance à voir mon frère comme un modèle que je me devais de suivre à tout prix. Chose que je faisais d’ailleurs à la perfection puisque je reprenais ses manies et même sa façon bien vulgaire de parler. Il était la seule personne à véritablement compter pour moi et la seule sur qui je savais que je pouvais compter dans n’importe quelle situation. Il était mon tout et je ne me voyais vraiment pas vivre sans lui, en arrivant même à me dire que s’il venait à partir, mieux valait qu’il m’emmène avec lui car je ne pourrais tout bonnement jamais vivre sans lui, c’était un fait indubitable. Comment l’aurais-je pu alors que je n’aurais eus personne à qui parler, à qui me confier et avec qui tout partager, s’il n’avait pas été là pour moi ? De plus, les épreuves que nous traversions, ne faisaient que renforcer plus encore notre lien déjà très fort et tenace. Et je n’ignorais pas que ce sentiment était pleinement partagé. Lui sans moi n’était rien et nous ne pouvions tout bonnement pas nous passer l’un de l’autre ne serait-ce qu’une toute petite journée. De toute façon nous ne le voulions nullement, pas même pour tester notre ténacité et notre courage. Dans le fond, nous étions un peu comme deux jumeaux mais avec cinq ans de différence. Même notre propre mère ne comprenait vraiment pas notre lien. Mais dans le fond … Comment aurait-elle pu comprendre quoi que ce soit nous concernant, avec le très peu de temps qu’elle nous accordait ? C’était tout bonnement impossible, il fallait bien le reconnaître. Les rares fois où elle s’adressait à nous cela semblait être par pure obligation. J’en étais même arrivé à me demander pour quelle raison elle m’avait prit à mon père alors que de toute évidence elle ne voulait pas vraiment de moi. Peut-être était-ce simplement par fierté ou par envie de contrarier mon père, je n’en savais rien. Et dans le fond je m’en foutais royalement. La seule chose que je ne regrettais pas, c’était bien de pouvoir être avec mon frère et ce, sans la moindre limite. C’était tout ce qui comptait pour moi. Même s’il fallait bien reconnaître que notre vie de famille qui n’en n’était pas vraiment une, ne me plaisait vraiment pas et ne me comblait pas le moins du de monde de joie et de bonheur. J’aurais vraiment donné cher pour avoir droit à des parents aimants pour former ce qu’on appelle une vraie ‘famille’. Mais de toute évidence je n’aurais jamais droit à pareille chose puisque malgré un second mariage, notre mère ne nous offrait pas une vie comme on pourrait en rêver pourtant.


« Ils sont encore en train de se disputer. » « Ils vont réveiller Noah… » « Ben je vais pas aller leur dire de baisser d’un ton. J’ai pas envie de me prendre une gifle au passage ! »

Soupirant franchement en entendant notre petit frère commencer à remuer franchement dans son sommeil, je filais rapidement jusqu’à son petit lit de bébé et me penchais pour caresser lentement sa joue. Il avait à peine un an et devait déjà subir ce que mon frère et moi-même avions vécut quelques temps plus tôt, lorsque sa relation avec mon père avait viré au drame et fini en divorce. Nous ne doutions pas un seul Jonathan et moi, que le divorce était très proche. Nous n’étions nullement devins mais nous connaissions parfaitement notre mère. Assez pour savoir que ses relations amoureuses ne duraient qu’un temps des plus limités. Ce n’était donc plus qu’une question de petits mois avant qu’ils n’en viennent en parler divorce. Mon frère avait justement eut la riche idée, ou du moins le sacré culot, de leur demander quand ils comptaient officialiser leur séparation. Pour toute réponse, ma mère l’avait giflé à la volée. De toute évidence elle n’avait pas franchement apprécier de voir que nous avions eus parfaitement raison quant au fait que son mariage ne durerait nullement, tout comme le précédent et ceux à venir si cela devait à nouveau se faire. Comment aurait-il pu en aller autrement de toute façon ? C’était tout bonnement impossible, à n’en pas douter. Notre mère n’était pas faite pour faire sa vie avec qui que ce soit c’était un fait imparable et l’un comme l’autre nous ne comprenions vraiment pas pourquoi elle continuait elle-même d’y croire et de nous faire tout cela de façon plus ou moins direct. Elle était égoïste et ne vivait que pour elle, nous laissant sur le carreau sans culpabiliser le moins du monde. Si mon frère continuait de se rebeller encore et encore pour lui faire comprendre que ce qu’elle faisait n’était pas bien le moins du monde vis-à-vis de nous, moi je continuais de rester en retrait pour ne pas me mêler des histoires des grandes personnes et pour ne pas avoir de problèmes avec ma mère. « Il est parti ! Je l’ai entendu il a claqué la porte et il est parti. J’entends maman pleurer. » Me retournant vers mon frère, je m’approchais rapidement de lui en laissant mon cadet dans son lit, pour filer à la porte et tendre moi aussi l’oreille à tout ce qu’il se passait en dehors de la pièce. « Tu penses qu’ils vont se séparer ? » « C’est même certain ouais ! Reste maintenant à savoir quand est-ce qu’ils vont se séparer … » A voir la mine jubilatoire de mon frère, pas le moindre doute n’était permit quant au fait qu’il rêvait de cet instant et l’attendait comme jamais. Chose à vrai dire, que je partageais pleinement. « On devrait aller voir maman non ? » « Pour quoi faire ? » « Ben pour être là pour elle. Elle pleure … » « Et alors ? Tu trouves qu’elle est là pour nous elle, quand nous on n’est pas bien ? » Il avait parfaitement raison, totalement et irrémédiablement raison. Mais je n’étais pas le moins du monde rancunier et ma mère restait ma mère dans n’importe quelle situation et quoi qu’elle nous fasse endurer. Raison pour laquelle, sans lui demander son avis et sans prévenir, je le poussais pour quitter la chambre et filer vers ma mère contre laquelle je me blottis sans un mot.

« C’est pourquoi nous allons … » « Divorcer ! C’est ce qu’on vous dit depuis le jour de votre mariage ! » « En effet nous allons divorcer. Et Noah restera avec nous. Son père ne veut pas le garder, tout comme ton père Peter, qui n’a pas voulu de toi. »

Sous le coup du choc, je fronçais franchement les sourcils en tournant un regard choqué et incompréhensif vers ma mère. Ce qu’elle venait de dire ne pouvait tout bonnement pas être possible. Bien sûr que si mon père avait voulu de moi et me voulait sans doute encore et toujours. Nous étions proches l’un et l’autre avant que le divorce ne soit prononcé et que les problèmes d’adultes ne nous séparent. Pourquoi ma mère lâchait-elle une bombe pareille et si fausse à souhait ? Pourquoi était-elle si mauvaise ? De toute évidence, elle espérait me séparer totalement et définitivement de mon père en m’empêchant de continuer à espérer qu’un jour je pourrais le retrouver. Mais c’était perdu d’avance, ça ne marchait pas avec moi je n’étais pas le moins du monde naïf, cela allait de soit. « Tu mens ! » Crachais-je alors d’une voix haineuse à l’adresse de ma mère tout en lui lançant un regard des plus mauvais. Je détestais le mensonge et pourtant je savais bien que ma mère ne faisait que mentir encore et encore, tout le temps, tout simplement. Et je ne pouvais tout simplement pas supporter cela le moins du monde. J’étais choqué et déçu de voir que ma propre mère était capable de maitriser à ce point le mensonge et tout ce qui s’ensuit. Et je ne savais pas à vrai dire, comment je faisais moi-même pour m’en sortir sans être un menteur. « C’est la stricte vérité Peter ! Si je ne te l’ai pas dis plus tôt c’est parce que je ne voulais pas que tu sois blessé d’une quelconque manière que ce soit ! » « C’est pas vrai ! Tu mens ! Il m’aimait ! Il était gentil avec moi, on faisait des tas de trucs ensemble ! » « Oui Peter mais il a rapidement changé d’avis quand il a réalisé quelle serait sa vie de père célibataire. Il voulait être totalement libre à notre divorce et pouvoir refaire sa vie sans encombre. » Incapable d’en supporter davantage, je filais rapidement hors de la pièce pour aller m’enfermer directement dans ma chambre, bientôt rejoint par mon frère qui me prit aussitôt dans ses bras en gardant le silence un long moment. « On peut aller le voir si tu veux, pour savoir ce qu’il en est. » Sans trop comprendre le sens de ses paroles, je redressais la tête pour le regarder en fronçant quelque peu les sourcils. « Ton père ! Comme ça on saura si maman dit vrai ou non. Même si je pense aussi qu’elle ment ! Il t’aimait et je suis sûr qu’il t’aime toujours. » « Et comment on le retrouvera ? » « Fais moi confiance Peter ! » Hochant simplement la tête, je fermais les yeux et me blottissais davantage dans ses bras. J’ignorais totalement comment il comptait s’y prendre mais oui, je voulais pleinement lui faire confiance, comme je l’avais d’ailleurs toujours fais. Contrairement à ma mère, il m’avait toujours prouvé de telle ou telle façon, que je pouvais sincèrement avoir confiance en lui. Autant dire que je n’avais strictement plus le moindre doute à son sujet et que je n’en n’avais même jamais eus. Il était le seul sur qui je pouvais compter et ça ne tendait pas à changer.


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Ven 12 Aoû - 3:07

ton histoire






« Peter range tes affaires ! » « C’est pas les miennes ! Elles sont à John ! » « Jonathan range tes affaires ! » « C’est Noah qui a tout sorti ! »

Sans broncher et sans quitter le lit sur lequel je me trouvais, je regardais ma mère aller et venir dans notre minuscule neuf mètres carré, pour tenter de se préparer pour le boulot. Elle venait de glisser sur la pile de vêtements qui se trouvait sur le sol et qui ne m’appartenait nullement. Je n’avais pu m’empêcher de rire en la voyant lutter pour retrouver son équilibre, chose qui l’avait plutôt énervé. Au point de penser que ces affaires étaient les miennes et que c’était bel et bien moi qui les avais mises volontairement sur le sol. Chose que j’aurais été parfaitement capable de faire au vu de ce que j’étais en train de devenir au fil du temps. Plus ça allait et plus j’aimais la faire tourner en bourrique et me venger d’elle et de tout ce qu’elle nous avait toujours fais subir à mon frère et à moi. Entre Jonathan et moi elle ne savait plus où donner la tête pour calmer les choses et tenter de retrouver un semblant de calme et de sérénité dans ce mini mini studio que nous partagions à quatre. Logement qui était encore pire que tout ce que nous avions pu connaître et tout ce à quoi nous aurions pu nous attendre. Neuf mètres carré pour quatre personnes … Autant dire une petite chambre pour quatre. Heureusement que nous n’étions encore, pour la plupart, que des enfants. Nous avions, en effet, trois, onze et seize ans. Certes Jonathan commençait à être vachement grand et à prendre de la place dans le studio. Mais il était de moins en moins présent puisqu’il sortait très souvent avec ses amis et même sa petite amie. Bref, petit à petit, il s’éloignait de nous, de moi surtout, et faisait sa vie de son côté avec son cercle d’amis qui n’avait de cesse de s’agrandir. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il lui arrivait et je devais bien reconnaître que je ne supportais vraiment pas de le voir s’éloigner de la sorte de moi. A croire qu’il était capable de tout oublier, tout ce qui nous concernait nous et notre relation. Tout ce que nous avions traversé à deux et qui avait pourtant tant compté pour moi. A croire que notre relation n’était plus qu’à sens unique. Sans parler du comportement qu’il avait lorsqu’il était pourtant présent, dans notre minuscule studio, avec nous. Dans ces moments là, il semblait ne même plus être le même. Il m’adressait à peine la parole, semblait être dans un monde dans lequel personne n’était le bienvenu si ce n’est justement ses nouveaux amis. Il sortait et vivait la nuit et dormait le jour et n’allait plus en cours que lorsque ma mère ne lui laissait plus le choix. Autant dire qu’il n’était plus du tout le même et que j’avais un mal fou à retrouver en lui mon frère, celui duquel j’avais toujours été proche comme s’il s’était agit d’un jumeau. J’avais la sensation sincère de l’avoir perdu pour de bon et pourtant je ne cherchais pas à m’interposer entre lui et ses nouveaux amis. Je ne cherchais pas à créer d’histoire inutile mais je prenais sa place en tant que fils qui cherchait à remettre sa mère en place. Puisqu’il n’était plus là pour remettre notre mère en place et la secouer un peu chaque jour quant à la vie qu’elle nous faisait encore et toujours mener, je m’en chargeais, tout simplement. Je ne cherchais même pas à changer les choses, tant j’étais persuadé que ça ne durerait qu’un temps. Qu’un temps avant que mon frère ne redevienne le même qu’avant et ne reprenne son rôle de chef de famille en tant que mâle ainé.

« Mais pourquoi on doit partir ? » « On va retrouver tes grands-parents à San Francisco ! » « Mais j’en ais rien à foutre d’eux, je veux rester ici. J’ai ma vie ici, mes amis, mon collège ! Et Jonathan veut pas nous suivre. » « On part sans lui ! »

Malgré mon insistance devant mon refus à partir de là, cette ville dans laquelle j’étais né et avais grandis, ma mère continuait de préparer les cartons en les remplissant de nos affaires et tout ce que contenait notre modeste studio. Depuis quelques semaines déjà, elle parlait de quitter la ville pour rentrer dans celle dans laquelle elle était née et avait vécut toute son enfance et adolescence. A savoir San Francisco. Elle voulait que nous allions vivre chez ses parents. Chose qui, pour ma part, ne m’intéressais nullement. Tout comme mon frère ainé d’ailleurs, qui avait clairement dit qu’il resterait ici, même sans nous. Fait qui avait de quoi me choquer lourdement, moi qui avais toujours été habitué à ce qu’il soit prêt à tout pour que nous ne nous séparions nullement, l’un et l’autre. La vie n’était pas sensée pouvoir nous séparer l’un et l’autre. Je ne voulais même pas que ça arrive et pourtant il en avait décidé ainsi et je ne pouvais rien faire contre cela. Je ne pouvais décemment pas l’attacher à moi pour qu’il ne suive de force. Il avait toujours beaucoup fait pour moi, pour notre famille, mais il semblait de plus en plus vouloir s’éloigner de nous et faire sa propre vie. Entre autres choses, il était parvenu à retrouver mon père comme promit pour que je sache une bonne fois pour toute si oui ou non il m’avait abandonné pour de bon à ma mère. Et sa réaction lorsqu’il m’avait trouvé devant sa porte, avait été plus qu’explicite quant au fait qu’il ne voulait sincèrement plus de moi. Et lorsque j’avais eus le culot de lui demander pourquoi, il m’avait simplement répondu que j’étais un obstacle pour la vie qu’il désirait avoir par la suite. Il voulait juste refaire sa vie, il était encore trop jeune à son goût pour s’entraver d’un mioche. J’avais compris que finalement ma mère avait bien du courage à supporter une telle vie, j’étais rentré et n’avais plus parlé de lui. Je n’étais pas pour autant le fils modèle dont toute mère pourrait rêver d’avoir. Je n’avais plus rien du jeune garçon calme, discret et obéissant. J’étais devenu un garçon qui répondait à sa mère, qui s’énervait pour un oui ou pour un non, qui se montrait un tant soit peu vulgaire et violent. J’étais tout simplement à l’image de ce qu’avait pu être mon frère dans le passé, lorsqu’il était encore un tant soit peu présent auprès de nous. Ce qui n’était plus le moins du monde le cas puisqu’il nous lâchait chaque jour un peu plus. Lorsque j’avais le culot de lui demander où il allait et ce qu’il faisait de si intéressant que cela, pour qu’il en arrive à nous oublier, m’oublier moi, il se contentait de me répondre que ça ne me regardais en rien. Pour autant, je ne me démontais pas et le laissais faire comme bon lui semblait, sans pour autant lui en tenir réellement rigueur. Toutefois, il était certain que je lui accordais aussi peu d’importance que lui-même m’en accordait. Il se fichait royalement de moi alors j’en faisais tout autant. Et je reportais cet amour fraternel sur mon petit frère, tâchant d’être le meilleur frère ainé qu’il soit. Un peu comme avait pu l’être Jonathan fut un temps. Un temps pleinement révolu toutefois. Mais un temps qui avait tout de même existé, ce qui n’était pas rien. Et en comprenant que, quoi que je dise et quoi que je fasse, ma père voulait toujours autant que l’on parte pour San Francisco, je comprenais surtout que c’était terminé. Je ne verrais plus mon frère ainé, tout comme je ne voyais plus mon père.

« On est bientôt arrivés ? » « Non ! » « On est bientôt arrivés ? » « Tu as demandé il y a cinq minutes. Non toujours pas ! » « On est bientôt arrivés ? » « … » « On est bientôt arrivés ? »

Voyant que mon petit frère semblait bien décidé à ennuyer encore et encore notre mère pour lui faire perdre la tête, je décidais d’en faire autant pour la rendre plus que folle et pour de bon cette fois. Elle faisait de ma vie un véritable enfer alors je ne pouvais qu’en faire de même, tant bien que mal. Toutefois, il était certain que je ne pourrais pas lui faire autant de mal qu’elle-même nous en avait fait à nous, ses propres enfants, ses garçons. Elle faisait de notre vie un véritable cauchemar et j’avais la franche impression qu’elle n’était pas franchement bien partie pour cesser cela. Mon instinct me soufflait même inlassablement que ça allait aller en empirant. Je n’avais pas pour habitude de croire en mes instincts mais cette fois ci, une petite voix me soufflait que je devais vraiment me méfier de la suite à venir. Ma mère ne nous avait pas encore fait vivre le pire apparemment. C’était du moins ce que je pressentais avec conviction. Restait à voir si j’avais ou non raison et si je devais faire confiance à mon instinct ou pas du tout. En attendant, nous arrivions enfin chez nos grands parents, après des heures d’avion et de voiture. Des grands parents que ni mon petit frère ni moi même, ne connaissions ou n’avions déjà vu. Tout ce qu’avait dit notre mère à leur sujet, était le fait qu’ils étaient démesurément riches, vivaient à San Francisco et n’avaient jamais été de très bons parents avec elle, étant toujours absents et trop occupés par leur vie professionnelle. Quoi qu’il en soit, qu’ils soient bons ou non, nous nous rendions chez eux, dans le but de vivre avec eux ne serait-ce que quelques temps. Le temps que notre mère se trouve enfin un vrai boulot qui lui permettrait de bien gagner sa vie et donc, de nous faire vivre tous les trois dans un bon appartement avec au moins deux chambres. Deux suffiraient amplement puisque, comme prévu, Jonathan ne nous avait pas suivit et était donc resté au Canada. Séparation qui avait été déchirante pour moi mais bien moins pour lui de toute évidence puisqu’il n’avait pas cherché à être présent le jour où ma mère, Noah et moi-même avions quittés le studio qu’elle lui avait laissé. J’ignorais totalement si je le reverrais un jour ni même dans quel état il serait. Mais à n’en pas douter, il n’était déjà plus le même. Il était passé de frère à parfait inconnu. Seul les liens du sang subsistaient bien que dans mon cas j’aurais préféré que cela aussi cesse de nous lier tant j’étais déçu par lu et presque haineux. Il avait par lui-même cessé de me considérer comme un frère, il était donc parfaitement normal que j’en fasse de même à présent. J’avais une fierté malgré mes douze petites années. Je n’allais pas continuer à me comporter comme un petit frère parfait sous tous rapports alors qu’il m’avait littéralement renié, faisant mine de ne pas me connaître même. Je n’étais pas non plus maso. Il m’avait suffisamment fait souffrir de par son comportement vis-à-vis de moi depuis quelques temps pour que je ne cherche pas à empirer la chose, par exemple. Ni même à sauver une relation qui filait de toute façon à sa propre perte d’elle-même. Pourquoi lutter quand tout était de toute façon perdu d’avance ?

« Oh Noah et Peter c’est cela ? Vous êtes beaux les garçons ! Vous ressemblez vraiment à votre chère maman, c’est fou. Je suis tellement heureuse de vous connaître enfin ! Bien sûr je suis déçue de ne pas connaître votre frère Jonathan. Mais qui sait … Arrivera peut-être un jour où l’envie lui prendra de découvrir qui est sa famille. »

Si mes premières impressions vis-à-vis de cette femme âgée aux airs quelque peu austères avaient plutôt été négatives, ça n’était plus le cas à présent. En effet, de plus en plus, je la trouvais un tant soit peu charmante et sympathique. Malgré ses cheveux gris tirés en arrière par un chignon serré et sa paire de lunettes aux verres fins et rectangulaires, son sourire était sincère et son regard doux. Autant dire que j’étais franchement surpris de voir que cette femme, qui n’était autre que ma grand-mère, était bien loin d’être la personne froide, distante, absente et hautaine que ma mère m’avait pourtant décrite à maintes reprises. A peine étions nous entrés tous les trois dans leur immense et impressionnante villa, qu’elle nous accueillait à bras ouverts comme si nous nous connaissions parfaitement depuis toujours alors que pourtant, c’était bien loin d’être le cas. J’avais même totalement ignoré leur existence jusqu’à ce jour, c’était dire. A mes yeux, ma seule famille avait toujours été mes deux frères et ma mère malgré les différends qui pouvaient nous éloigner les uns des autres. Il n’empêchait qu’ils étaient au moins physiquement présents dans ma vie, ce qui était tout de même un point non négligeable. Et grâce à cette femme des plus sympathiques qui était justement en train de me faire visiter sa ‘modeste’ demeure, je réalisais qu’avoir un peu d’attention et de tendresse de la part d’un proche, ne pourrait décemment pas me faire de mal. Bien au contraire même, ça ne pouvait qu’être bénéfique pour la suite des choses. Comment aurait-il pu en aller autrement ? Je commençais à ressentir de franches flambées d’espoir et ce, de plus en plus puissantes et pressantes en moi. J’espérais que tout allait s’arranger. J’espérais que tout finirait par rentrer dans l’ordre tôt ou tard et que ce n’était qu’une question de temps avant que ça n’arrive enfin. Mais selon moi, c’était en très bonne marche en tout cas. Je voulais avoir enfin une vraie famille comme tout le monde pouvait rêver d’en avoir une. Je voulais avoir quelqu’un sur qui compter ou sur qui je pouvais me reposer sans me faire trop de souci. Mais ce n’était plus le cas depuis le jour où Jonathan avait décidé de devenir un autre et de me quitter pour de bon, d’oublier jusqu’à l’existence de ce petit frère pour qui il s’était pourtant souvent battu et duquel il s’était montré proche durant de longues années. Je n’étais pas certain de comprendre un tel revirement de situation. Mais je savais à présent que c’était bien mort entre nous et que notre relation ne pourrait jamais redevenir comme avant. Ne serait-ce que parce que moi-même j’avais définitivement changé de mon côté, en devenant un véritable jeune rebelle, impertinent, sauvage et parfois un tantinet violent. Je répondais à ma mère, ne lui obéissais plus et n’en faisais plus qu’à ma tête. Et j’étais avec Noah bien trop protecteur, au point de ne pas supporter lorsque notre mère faisait semblant de vouloir s’occuper de lui. Elle n’avait jamais été une bonne mère et ne le seras jamais, je n’en doutais pas un seul instant. Par conséquent, je voulais éviter à Noah toutes les désillusions que j’avais moi-même pu connaître de par le passé, la concernant. Une chose était certaine, je risquais de me montrer peu confiant à l’encontre de mes grands parents. Qui me disait qu’ils ne finiraient pas par me décevoir eux aussi, tôt ou tard ?

« Mais qu’est-ce que c’est que tous ces chiffres et ce mélange avec des lettres ? » « Eh bien … Des maths grand-mère. » « Hm oui je m’en serais doutée. Mais tu y arrives ? Ca fait sacrément peur tout ça. A n’y rien comprendre ! Cela fait tellement longtemps que j’ai cessé l’école que je ne garde aucun souvenir de toutes ces choses. »

Riant quelque peu avec ma grand-mère chez qui je vivais depuis plusieurs longs mois, j’interrompis mes devoirs pour passer un moment avec elle, la suivant près du piano où elle entreprit de jouer une mélodie pour que je prenne la suite. Depuis les quelques mois que je vivais ici, elle m’avait apprit à jouer du piano et selon elle, je m’en sortais à merveille. Elle prévoyait même de m’offrir une guitare et les cours qui allaient avec, en sentant que j’étais un mordu d’art et plus précisément de musique. Il était vrai que jouer d’un instrument me permettait de m’échapper un instant de ma vie. Vie dans laquelle je n’avais pas de père, plus de frère ainé et une mère absente qui semblait préférer sortir faire la fête toutes les nuits et rentrer ivre morte. Trop ivre pour s’occuper de nous à vrai dire. Si ma grand-mère s’occupait de m’aider à apprendre des arts qui m’intéressaient grandement, mon grand-père quant à lui voulait que je sois plus intelligent qu’artiste. En effet, d’un naturel froid et calculateur, il voulait que je bosse en cours pour décrocher des diplômes dans des choses que lui jugeait ‘intelligentes’ et utiles pour la suite de ma vie. Pour résumer, il voulait que je fasse soit du droit soit du marketing et rien d’autres. Il était celui qui commandait, qui avait toujours le dernier mort et j’en passe. Au vu de son comportement, je comprenais mieux pourquoi ma mère avait fuit leur immense villa. Il était à plutôt insupportable et se foutait bien de savoir si c’était là ce que moi je voulais. Et ce n’était pas le cas. Ces matières ne m’intéressaient nullement et je ne voulais même pas me pencher là-dessus. Mais je continuais d’étudier assidument tout de même, comme par peur de décevoir mon grand père malgré tout. Je sentais qu’il ne s’intéresserait à moi que si j’acceptais de bosser un tant soit peu dans les matières scolaires et qu’il se désintéresserait totalement de moi s’il finissait par penser que je n’étais pas digne d’être son petit fils. Même s’il était vrai qu’il ne me prêtait attention que sur certains sujets et si j’allais en son sens, ça n’empêchait pas qu’il m’accordait un tant soit peu d’importance et que c’était là tout ce que je voyais pour ma part. Et ça me suffisait amplement ! C’était la première fois que l’on m’accordait de l’importance et c’était un point non négligeable. C’était véritablement plaisant et je ne voulais pas que ça s’arrête de sitôt. J’aimais que l’on puisse m’accorder de l’importance et croire véritablement en moi et en mon potentiel, quel qu’il soit. C’était tout nouveau pour moi et je ne voulais pas que ça s’arrête, ça me donnait un semblant de bonheur. Principalement avec ma grand-mère qui respectait entièrement mes décisions, mes choix, mes goûts, mes envies. Elle ne cherchait pas à faire de moi un autre mais plutôt, elle m’aidait à me trouver et à être moi tout simplement. J’étais presque comblé et presque heureux. J’avais la sensation d’être un tant soit peu important pour quelqu’un et d’être aimé et regardé pour moi tout simplement. C’était un sentiment des plus plaisants et je ne voulais vraiment pas que tout cela s’arrête ni maintenant ni jamais. Il aurait fallut être vraiment idiot pour vouloir qu’une chose pareille cesse. Or, j’étais tout de même bien loin d’être idiot. Même à seulement douze ans.

« Et si moi je ne veux pas ? » « Eh bien tu n’as pas le choix Peter ! Je suis ta mère donc je décide ! Et j’ai décidé que tu vous veniez avec moi, Noah et toi. Tu n’es pas libre de décider où tu vivras. » « Mais moi je veux rester avec grand-mère ! » « Grand-mère ? Tu veux rester avec grand-mère ? Mais dans deux mois elle se sera lassée de toi, tu n’es qu’un jouet qui ne fait que passer dans sa vie. Elle avait oublié ce que ça faisait que d’avoir un mioche à s’occuper ! »

Choqué par la voix hargneuse de ma mère, j’en arrivais à oublier pour de bon, de me plaindre et de dire que je ne voulais pas la suivre. Notre répit n’avait finalement duré qu’une petite année. Un an avant que ma mère ne se trouve un nouveau petit ami et décide de faire sa vie avec lui. Un an avant qu’elle ne décide de l’épouser et emménager avec lui. Et à présent nous devions la suivre, ses fils, parce que nous n’avions nullement notre mot à dire tout comme mes grands-parents. Je savais que, que nous le voulions ou non, elle nous emmènerait avec elle et nous ferait très certainement encore une fois plonger dans une vie sombre, maussade, triste et tout ce qui s’ensuit. Pour ma part je ne voulais nullement changer de vie, celle que nous menions avec mes grands parents me convenait à merveille. J’aurais largement préféré qu’elle demeure ainsi sans jamais changer. Pourquoi changer une chose alors qu’elle nous plaisait telle qu’elle était ? C’était complètement idiot … Mais j’étais le seul à partager ce bien être de tout évidence. Du moins ma mère ne ressentait pas la même chose. Je n’aurais pu en dire de même pour mon petit frère de quatre ans qui ne m’avait jamais parut aussi bien et heureux que depuis que nous vivions dans cette immense villa avec ces grands parents jusqu’alors inconnus, qui semblaient prêts à tout pour nous combler en répondant au moindre de nos désirs. Sans doute était-ce une façon d’acheter notre amour ou quelque chose de ce genre. Mais pour ma part, je ne voyais nullement les choses de cette façon et ne me posais, à vrai dire, pas vraiment la question. A mes yeux, mes grands parents nous accordaient tout ce dont nous avions toujours manqué. A savoir, de l’attention. Certes pas de la même façon l’un et l’autre mais c’était déjà, ‘mortellement bon’ à mes yeux. c’était plus que plaisant et j’y avais déjà pris amplement goût. Au point de ne surtout pas vouloir que cela change. Pourquoi cela devrait-il changer ? Certes notre vie allait reprendre son cours comme un an plus tôt, à n’en pas douter. Mais cette fois au moins, nous vivrions non loin de nos grands parents, ce qui serait un sacré avantage pour le cas où le couple de ma mère prendrait encore une fois, fin. Ce qui allait rapidement arriver encore une fois, je n’en doutais pas un seul petit instant. Pour quelle raison cela aurait-il été différent cette fois ci ? C’était tout bonnement impossible et j’en étais pleinement et parfaitement conscient, sans le moindre petit doute. Quoi qu’il en soit, je savais que mon frère et moi pourrions tout de même compter sur la présence de nos grands parents en cas de problème majeur. Lorsque l’heure de la séparation serait arrivée, nous pourrions toujours loger quelques temps chez eux pour éviter les grosses galères que nous avions déjà du vivre de part le passé, au vu de la difficulté pour une mère célibataire, de vivre seule avec ses trois enfants, avec un salaire misérable. Salaire de femme de ménage ou de serveuse, cela dépendant des périodes de la vie de ma mère et de ce qu’elle trouvait lorsqu’elle avait besoin d’argent. Elle était justement serveuse dans un bar de San Francisco lorsqu’elle avait rencontré celui avec qui nous allions devoir vivre …

« Hey toi ! Ramène ton cul de pétasse par ici ! » « Je t’ai déjà dis de ne pas parler comme ça devant mes enfants ! » « Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Ils parlent encore plus mal que moi ! Va me chercher une bière ! »

Jetant l’éponge comme bien souvent, ma mère se détourna en soupirant doucement et levant les yeux au ciel. Malgré son manque d’envie évidente d’obéir, elle fila tout de même en direction de la cuisine d’où elle revint sans attendre, avec une bière pour mon nouveau beau père. Cela faisait six mois que nous vivions tous les quatre ensemble et quatre qu’ils étaient mariés. Un mariage bien trop précipité aux yeux de tout le monde. Surtout à ceux de mes grands parents qui avaient catégoriquement refusés d’assister à pareille chose. Elle commettait, selon eux, une nouvelle belle connerie. Avis que je partageais pleinement bien entendu. Et je ne me privais jamais pour en faire part à ma mère qui semblait de plus en plus excédée de me voir lui faire remarquer cela. Mais il était pleinement terminé le temps où je me taisais et gardais les choses pour moi. J’en étais arrivé à tout lui dire clairement sans la moindre gêne. A quoi bon être gêné de toute façon ? Il était temps que je lui fasse part de mes sentiments et ressentis. Et il était clair qu’ils n’étaient pas bons du tout concernant la vie merdique qu’elle nous faisait vivre. Je savais bien que Jonathan avait tenté mainte et mainte fois de lui faire redescendre les deux pieds sur terre mais toujours en vain. Mais cela ne m’empêchait pas de vouloir tenter encore et encore. Je continuais d’espérer qu’elle finirait par ouvrir les yeux, persuadé qu’elle ne pouvait tout de même pas être aussi stupide que cela. Et pourtant cela semblait être le cas puisqu’elle était lancée et enfermée dans une nouvelle relation avec les liens du mariage. Et ce n’était que depuis qu’ils étaient justement mariés, que mon nouveau beau père montrait enfin sa vraie personnalité. Lorsqu’il insultait ouvertement ma mère ou ne se gênait pas pour faire des gestes déplacés sous les regards plus ou moins innocents de mon frère et moi, je ne pouvais m’empêcher de lancer de brefs regards à ma mère, qui signifiaient clairement ‘je te l’avais bien dis’. Et si elle comprenait parfaitement la signification de ces regards, elle continuait de faire mine de rien et comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais nous savions tous parfaitement que ce n’était en rien le cas. Son nouveau mari n’était qu’un gros porc qui vivait à ses dépends, l’insultait, levait souvent la main sur elle, la considérait telle une esclave sexuelle et autre et qui n’accordait pas la moindre importance à ses enfants. Dans le fond, pour ce dernier point, j’en remerciais le ciel. Je ne voulais même pas qu’il m’adresse la parole au vu de la force avec laquelle j’étais capable de le haïr et ce, de plus en plus au fil des jours. Plus je le voyais et plus je le détestais. Plus je l’entendais parler et plus j’avais des pulsions meurtrières. Mais je prenais sur moi. Car dans le fond, je n’étais qu’un gosse qui avait à peine quatorze petites années. Autant dire, pas grand-chose. Du moins pas assez pour me rebeller ouvertement contre cet homme horrible à souhait et mari nul comme pas permit. Je ne voulais pas non plus attirer ses foudres sur mon frère ou moi, préférant ma mère subir tout cela. Dans le fond, elle l’avait ouvertement mérité et je ne pouvais que la regarder subir en silence. Tant qu’il n’en venait pas véritablement aux mains, je restais plus ou moins sagement dans mon coin sans pour autant me laisser écraser par qui que ce soit.

« Tais toi les enfants dorment ! » « Et alors ? J’en ai rien à foutre salope ! » « S’il te plais calme toi … » « Et pourquoi je me calmerais ? T’es qu’une trainée ! Tu m’entends ? Rien qu’une trainée ! Trainée ! »

Le bruit de la gifle retentissante qui se fit entendre, me fit enfin véritablement sortir de ma torpeur. Après une très courte hésitation, je repoussais les couvertures qui pesaient sur mon corps et posais les pieds à terre pour quitter mon lit. Sans attendre une seconde de plus, je filais à la porte de ma chambre pour l’entrouvrir quelque peu et regarder au dehors. De là, je pus apercevoir mon beau père qui tenait fermement les cheveux de ma mère en tirant sa tête en arrière, son visage proche du sien et semblant lui murmurer des choses haineuses à travers ses dents serrées. Comprenant que quelque chose n’allait pas, j’allais pour refermer la porte de ma chambre en songeant que ça ne me regardait en rien, lorsque je le vis tourner le regard vers moi. Regard haineux qu’il m’adressa sans gêne. Dans un simple petit regard, il était en train de me transmettre une grosse flambée de haine dont j’ignorais la provenance, ne comprenant nullement comment l’on pouvait bien ressentir autant de rage et de haine à l’encontre de qui que ce soit. Je n’avais pourtant jamais rien fais contre lui, préférant m’en prendre à ma mère. Dans le fond c’était de sa faute à elle si nous devions supporter un beau père macho, débile, vulgaire et un tantinet violent. Lui il n’était que le nouveau beau père idiot et ça s’arrêtait là. Je ne doutais pas que lorsqu’ils auraient enfin divorcés, je ne le reverrais plus jamais, contrairement à ma mère que je devrais supporter par la suite et ce, jusqu’à la fin de mes jours. « Qu’est-ce que tu regardes le mioche ? » Réalisant que c’était à moi que parlait mon beau père à cet instant, cet homme aux cheveux noirs et aux yeux tout aussi noirs, je lui adressais un bref regard avant de me tourner quelque peu vers ma mère. Croisant son regard effrayé et presque suppliant qu’elle m’adressait, je finis par regarder à nouveau mon beau père en haussant vaguement les épaules. « Rien … Je ne regarde rien. » Lâchais-je le plus sérieusement et le plus calmement du monde avant de faire demi-tour pour entrer dans ma chambre et en refermer la porte derrière moi. A mes yeux ce n’était en rien un signe de lâcheté de ma part que de faire cela. Non … Simplement une forme de vengeance de ma part. Bien sûr j’étais bien loin d’imaginer ce qu’il arriverait par la suite. Je pensais simplement au fait que ma mère n’avait là que ce qu’elle méritait dans le fond. A savoir, qu’elle méritait amplement que cet homme ne soit nullement ce qu’il paraissait être. Elle méritait de tomber enfin sur un homme qui lui ferait réaliser à sa manière, que ses choix de vie n’étaient en rien bons et encore moins vis-à-vis de ses enfants qui n’avaient véritablement pas à supporter tout cela. Il était largement temps qu’elle ouvre les yeux et prenne enfin de vraies leçons de vie. A trop vouloir avoir des hommes dans sa vie, elle finissait toujours par tomber plus bas que terre. Et je pressentais qu’avec cet homme là très précisément, ce serait pire que jamais. Alors que je me faufilais à nouveau sous mes couvertures, j’entendis une nouvelle gifle retentissante. Elle était tombée sur un homme violent … C’était son affaire ! Tant qu’il ne s’en prenait ni à mon petit frère ni à moi …

« On m’a dit que tu avais fais le con aujourd’hui en classe ? » « Et alors ? Qu’est-ce que ça peut te foutre ? » « Ce que ça peut me foutre ? Ce que ça peut me foutre c’est que je suis ton beau père et que ton vrai père n’en a rien à foutre de toi. Ce que ça peut me foutre c’est que maintenant c’est moi ton père et c’est moi qui vais m’occuper de ton éducation. » « Je t’emmerde ! T’es pas mon père et tu le seras jamais ! »

A peine avais-je terminé ma phrase, que son poing s’abattit sur mon visage, m’ouvrant la lèvre et m’envoyant valser à plusieurs mètres, mon corps s’écrasant violemment sur le sol. Encore sonné par le choc et le violent coup que je venais de me prendre, je passais le dos de ma main sur ma bouche pour regarder quelque peu le sang qui en coulait. Choqué, je tournais le regard vers mon beau père qui ne trouva rien de mieux à faire que de me cracher dessus. Lâchant un grognement haineux, je me relevais et me ruais sur lui, le frappant de mes poings et de mes pieds sans faiblir, du plus fort que je pouvais. Mais bien vite, il m’empoigna par les bras et me balança sur le canapé avant de retirer la ceinture de son pantalon. Avant même que je n’ai eus le temps de comprendre ses intentions, le cuir fouetta mon bras, me faisant lâcher un franc cri de douleur. En le voyant à nouveau la ceinture, je passais mes bras devant ma tête en signe de défense, pour éviter que le cuir ne me lacère le visage. Rapidement, les coups de ceinture se mirent à pleuvoir sur moi, lacérant mes bras, mes jambes puis mon dos lorsque je me tournais pour tenter de limiter les dégâts sur une même partie de mon corps. A chaque fois que le cuir entrait en contact avec ma peau, je lâchais de fort hurlement de douleur, sentant ma peau bruler sous les coups et me lancer comme jamais. J’avais l’impression que l’on me tranchait la peau, purement et simplement. S’il continuait à ce rythme là encore longtemps, je ne donnais pas cher de ma survie. Les coups pleuvaient et je finis par ne même plus trouver la force de hurler tant j’étais à bout de souffle et tant la douleur était intense et insoutenable. J’avais la sensation de ne même plus avoir de voix tant c’était horrible et tant j’avais hurlé sous la douleur lancinante qui semblait me traverser de part en part. Lorsqu’il fut de toute évidence soulagé par ce déferlement de haine, il cessa et s’éloigna sans un mot, me laissant à demi inconscient sur le canapé sur lequel je restais pleinement immobile, n’ayant plus la moindre force. La douleur était telle, que j’avais la sensation d’être simplement un brasier humain. La ceinture m’avait lacéré les bras, la taille, les hanches, le dos et même la joue lorsque j’avais commis la sottise de baisser un bras. J’avais si mal, que je fus tout bonnement incapable de retenir les larmes de douleurs qui coulèrent bien vite sur mon visage, humidifiant le canapé. Des larmes de douleur et de haine et non pas de peur ou de tristesse. Des larmes sans sanglots, simplement de l’eau salée qui s’écoulait de mes paupières fermées. J’étais dans un tel état, que j’étais tout bonnement incapable de penser à quoi que ce soit d’autre que la douleur omni présente. J’avais presque la sensation de ressentir encore les coups violents sur mon corps bien que cela se soit arrêté. Mais pour combien de temps ? Je doutais que mon beau père soit homme à se contenter de cela. Bien au contraire même. Je pressentais qu’il n’en n’avait pas terminé, malheureusement pour moi, pour nous. En voyant l’heure tardive, je sus que ma mère n’allait pas tarder à rentrer. Pour autant, je fus incapable de bouger d’un millimètre et ce fut elle qui me trouva recroquevillé sur le canapé, incapable de bouger, de parler ou de faire quoi que ce soit sans que la douleur ne se rappelle à moi. La seule chose qu’elle trouva à faire, fut de m’obliger à me lever pour me trainer dans la salle de bains où elle me fit couler un bain froid. Pas un mot, pas une excuse, rien. Juste un bain froid pour faire passer la douleur …

« Peter que t’ais-tu fais au bras ? » « Rien … Absolument rien Monsieur Miller. » « Peter … Tu sais que tu me peux me parler n’est-ce pas ? Je suis peut-être simplement ton professeur de guitare … Mais s’il y a quoi que ce soit qui ne va pas, je suis là pour t’aider tu sais… » « Je vous ais dis … Rien ! Vous êtes sourd ? »

Les adultes étaient tout autant sympathiques qu’ennuyeux et trop insistants à mon goût. De toute évidence, personne ne voulait croire que je m’étais simplement battu dans la cours du lycée. Il était plus que clair que tous étaient persuadés que je me faisais battre. Moi me faire battre ? Moi qui n’étais pas du genre à me laisser faire ? Moi qui remettais constamment ma mère à sa place et qui parlais mal à mon beau père aussi souvent que je le voulais ? Eh bien oui … Oui j’étais un enfant, adolescent plutôt, battu. Dès lors que je lançais un mot de travers à l’adresse de mon beau père ou que je faisais quelque chose qui ne lui plaisait pas le moins du monde, il faisait pleuvoir des coups de ceinture sur mon corps. Ayant pris l’habitude de ces traitements, je retirais toujours mon tee-shirt pour ne plus abimer mes vêtements qui finissaient invariablement en simples lambeaux de tissus. Mais aussi, je me mettais bien dos à lui pour que les coups de ceinture heurtent mon dos et aucune autre partie de mon corps. Il était malheureusement arrivé que ce morceau de cuir frappent mon crane, raison pour laquelle, j’enroulais mes bras autour de ma tête et me penchais en avant pour m’assurer que la ceinture ne frappe plus que mon dos et uniquement cette partie là de mon corps. Je ne voulais pas que qui que ce soit puisse découvrir que je me faisais battre par mon beau père. Et ce, pour la simple et bonne raison que je tenais à ce que cela reste entre lui et moi. Et ma mère bien entendu, pour qu’elle voit ce que sa bêtise provoquait. A savoir, que son fils se faisait battre par son nouveau mari. Je voulais que cela reste entre nous pour la simple et bonne raison que j’avais une fierté mal placée et que je voulais tout simplement arranger cela avec lui. Certes je n’arrangeais rien du tout puisque je me contentais de prendre les coups sans jamais chercher à les rendre. Mais je gardais tout en moi, sachant qu’arriverait le jour où je pourrais me venger, enfin. J’osais du moins l’espérer avec intime conviction. Si les premières fois où il m’avait fait subir tout cela, j’avais hurlé de douleur sans pouvoir me retenir, il n’en n’était plus rien à présent. En effet, j’étais parvenu à une grande maitrise de moi-même. Lorsque les coups pleuvaient sur mon dos, je serrais fortement les dents et pinçaient les lèvres pour ne plus lui laisser la joie de m’entendre crier de douleur. Même si je sentais parfaitement que cela décuplait sa haine et qu’il me battait avec plus de violence encore, laissant sans doute des marques définitives sur mon dos. Mais c’était ainsi. Je ne voulais vraiment pas lui laisser le plaisir de me voir faiblir ou capituler. Tout comme les larmes. J’avais trop pleuré de douleurs les premières fois et n’avais plus de larmes depuis longtemps. Et lorsque, entre deux coups de ceinture, il trouvait le temps de me demander si j’en avais assez, je trouvais encore et toujours le courage de lui répondre que non … A n’en pas douter, c’était complètement dingue, dangereux, suicidaire et masochiste de ma part. Mais jamais, jamais, je ne baisserais les bras devant lui et ne le laisserait prendre une place de dominant plus grande encore, que celle qu’il avait déjà prit vis-à-vis de moi. Je n’étais pas du genre à me laisser faire et je trouvais qu’il faisait déjà trop. Je n’avais pas la force de me retourner contre lui mais ce n’était pas pour autant que j’allais me rabaisser face à lui. Plutôt mourir. Oui … Je préférais amplement mourir sous ses coups de ceinture plutôt que de me rabaisser face à lui ou quoi que ce soit de ce genre. Tant qu’il ne s’en prenait pas à mon petit frère, j’étais prêt à prendre tous les coups qu’il voulait me donner. Quant à ma mère, je n’ignorais pas qu’elle avait droit aux gifles et aux coups de poings. Et de cela, je ne m’en souciais pas le moins du monde. Elle, elle le méritait amplement.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » « Eh bien … Une guitare … » « Oui ça je le vois bien ! Mais que fait-elle là ? Pourquoi une guitare ? Pour qui ? » « Pour Peter … Il a seize ans aujourd’hui … » « Peter ? Peter ?? Parce que tu crois que ce merdeux mérite de recevoir un quelconque cadeau ? »

Avant que quiconque n’ait pu faire ou dire quoi que ce soit, cet abruti s’était emparé de la guitare que je tenais encore dans mes mains, pour la fracasser contre un mur. En le voyant refaire ce geste à plusieurs reprises pour briser franchement le bois de l’instrument, je me figeais totalement en entrouvrant les lèvres sous le coup de la surprise. Celui là, je ne l’avais vraiment pas vu venir. Certes j’étais toujours aussi insolent à souhait vis-à-vis de lui. Mais j’avais toujours pensé qu’il se contenterait encore et toujours de me battre à coups de ceinture. Jamais je ne me serais imaginé une seule petite seconde, qu’il pourrait en venir à faire … Ca ! Je n’avais même pas eus le temps de jouer de cette guitare qui m’avait appartenue quelques très courtes secondes à peine, avant qu’il ne la détruise comme pas permis. C’était un crime, un véritable crime, que de faire une chose pareille. Je savais qu’il me détestait et était prêt à tout pour me rendre le plus malheureux possible. Mais de là à détruire une chose que ma mère s’était sans doute saignée comme jamais pour me l’offrir, je n’aurais jamais pu l’imaginer. Mais dans le fond ça n’aurait pas du me surprendre venant de lui. Lui qui était prêt à tout. « Qu’est-ce que t’as merdeux ? Tu pleures sur les débris de ton stupide instrument ? Tu veux sans doute finir de la même façon ? » Crispant les mâchoires, mon regard se fit haineux alors que je le posais sur lui pour le défier ouvertement du regard. Il m’avait déjà battu jusqu’à l’inconscience mais je le savais incapable de me tuer. Du moins l’espérais-je. J’avais sans doute toutes les raisons de vouloir mourir et pourtant, je ne le voulais en rien. Etrangement, je tenais sincèrement à la vie. Sans doute à cause de mon frère pour qui je voulais toujours être là. Quoi qu’il en soit, mon envie de vivre ne m’empêcherait jamais de dire ses quatre vérités à mon beau père ou de lui tenir tête encore et encore. « Tu pourrais toujours essayer … » Finis-je par lâcher d’un ton de pure bravade, le laissant par la suite s’approcher de moi d’un air menaçant, en levant le poing. Lorsqu’il abattit son poing, je parvins à l’éviter et lui flanquer le mien en plein estomac. Mais avant que je n’ais eus le temps de dire ouf, il se redressa et me poussa violemment contre un mur, ma tête le heurtant avec brutalité, au point de me sonner franchement. Gémissant de douleur en me portant une main à la tête, j’eus tout juste le temps de lever le regard vers lui, que son pied se cogna avec violence sur mon ventre, me coupant le souffle avec force. Alors qu’il fonçait droit sur moi pour me frapper à nouveau, je n’eus même pas la force de me redresser ou quoi que ce soit, subissant ses coups violents et incessants qui me firent rapidement perdre connaissance, ayant à peine conscience des supplications de ma mère pour le faire cesser. Lorsque je repris connaissance, je mis un très long moment avant de comprendre que j’étais dans une chambre d’hôpital. En tournant le regard vers ma mère, je gémissais de douleur en sentant mon cou faire barrage et la douleur qui me lança vivement. Lançant un bref regard à ma mère qui accourra à mes côtés, en larmes, je fronçais quelque peu les sourcils mais cessais aussitôt en sentant que même ce simple geste me faisait un mal de chien. « Mon chéri ! Combien de fois faudra-t-il que je te dise de ne pas trainer dans les rues sombres de San Francisco hein ? » Entendant un léger bruit dans la chambre, je tournais simplement le regard pour voir une infirmière. Je compris aussitôt que ma mère avait inventé un pur bobard pour que son stupide mari ne risque rien. « Et toi il t’es arrivé quoi ? » Demandais-je en voyant son œil au beurre noir. « Une porte … Je me suis prise une porte ! » « Bien sûr … Coup classique … » Marmonnais-je en détournant le regard et fermant les yeux, pour ne plus avoir à supporter la vu de cette mère indigne qui osait pleurer alors que tout était de sa faute. La sienne et celle de personne d’autre.

« C’est quoi ce dix sur vingt ? Tu te fous de ma gueule ? Tu vas retourner bosser et tu vas nous ramener de bonnes notes c’est moi qui te le dis mon bonhomme ! Et plus vite que ça ! Dégage ! File ! Vite ! » « Tu vas lui parler correctement … C’est pas ton chien. » « Qu’est-ce que t’as toi ? T’as un problème ? » « Oui un très gros problème même ! Du genre qu’un gros enfoiré est en train de mal parler à mon petit frère ! »

Sachant parfaitement que je venais encore une fois de dépasser les limites, je le laissais venir à moi dans l’intention de me frapper, pour ne pas changer. Cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas levé la main sur moi au vu de l’état dans lequel il m’avait mis la dernière fois qu’il m’avait frappé. Mais cette fois j’étais allé bien trop loin à son goût, à n’en pas douter. Quoi qu’il en soit, à cet instant là comme à chaque fois, je ne me rabaissais pas devant lui et le laissait venir à moi dans l’intention de me frapper. Sauf que cette fois j’étais bien décidé à ne pas me laisser faire sans broncher. Lorsqu’il me frappé, je lui rendis ses coups pour la première fois, lui faisant sans doute autant de mal que lui parvint à m’en faire. J’avais beaucoup trop pris au cours de ces dernières années, pour le laisser faire et il était plus que temps que je le lui fasse comprendre. Je n’étais plus un jeune adolescent incapable de se défendre face à un adulte. Mais bel et bien un jeune homme qui commençait à avoir des forces et dont la haine animait. C’était une haine franche et intense que j’éprouvais à son encontre et je le lui faisais clairement comprendre alors que nous nous battions véritablement sous les yeux effrayés de ma mère et de mon petit frère. Lorsque les coups cessèrent enfin de pleuvoir, nous avions l’un comme l’autre les poings et le visage en sang. Je lui avais rendu coup pour coup et je ne doutais pas qu’il était très certainement choqué de voir que c’en était terminé de l’époque où je me laissais faire. Lorsque je me redressais tant bien que mal pour m’éloigner de lui sans lui adresser le moindre regard, ce fut pour m’approcher de mon frère et l’entrainer avec moi doucement mais fermement jusqu’à notre chambre. Le temps qu’il reprenne ses devoirs, je filais dans la salle de bains pour nettoyer le sang et laver mes quelques blessures causées par les coups de mon beau père. Par la suite, je regagnais notre chambre pour m’occuper de mes propres devoirs en faisant mine de rien, bien que je sache parfaitement que tout risquait dès lors de changer. Le soir même, lors du diner, mon beau père fut absent. Ce qui eut le don de me faire un bien fou étrangement. J’avais l’impression de revivre en son absence et ça faisait un véritable bien fou à n’en pas douter. J’aurais voulu qu’il ne revienne jamais. Malheureusement pour moi, il était de retour lorsque je me réveillais le lendemain suivant. Et je savourais grandement ma victoire en voyant qu’il n’ouvrit pas une seule fois la bouche et ne tourna même pas le regard vers moi. De toute évidence, je venais de le remettre clairement à sa place et il avait un mal fou à s’en relever. Mais je ne voulais pas me faire trop d’espoir si c’était pour tout me reprendre en plein visage par la suite. Ce qui signifie, que préférais me dire qu’il y avait tout de même encore quelques chances pour qu’il se retourne à nouveau contre moi et veuille reprendre ses actes barbares et violents. Je me méfiais de lui comme jamais je ne m’étais méfié de qui que ce soit et rien ne pourrait changer cela. Je le détestais et le savais capable des pires choses. Raison pour laquelle je surveillais mon petit frère plus que jamais. Je ne tenais vraiment pas à ce qu’il s’en prenne à lui car dans un tel cas, il était plus qu’évident que je pourrais devenir encore plus mauvais que jamais. Aucun doute que je n’aurais pas le moins du monde peur de commettre un meurtre si c’était pour le tuer lui. Jamais je ne pourrais même culpabiliser si je venais à faire une chose pareille. Toucher ne serait-ce qu’un cheveu de mon frère, reviendrait à signer son arrêt de mort et je voulais qu’il le sache.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé … ? » « Il est … Tombé … » « Tombé ? Tu te fous de ma gueule ? Tombé ? C’est ce salopard qui lui a fait ça hein ? Où il est ? Dis le moi ! »

Sans lui laisser le temps de faire ou dire quoi que ce soit, je filais rapidement dans l’appartement à la recherche de mon beau père que je ne trouvais malheureusement pas. Le lâche avait prit la fuite sans doute en réalisant l’état dans lequel il avait mit Noah et en songeant que je risquais très certainement de lui tomber dessus. Et il avait bien raison car je ne le laisserais pas passer cela. Plutôt mourir même, que de laisser courir alors que mon frère était vraiment très mal en point. En constatant qu’il n’était plus dans l’appartement, je rejoignis mon frère, poussant vivement ma mère qui me barrait la route, pour le regarder. « Faut l’emmener à l’hôpital et vite ! » « Quoi ? Mais non on ne peut pas … On va nous demander ce qu’il lui est arrivé. » « Et alors ? J’en ai strictement rien à foutre moi. Il serait peut être temps de faire quelque chose non ? Il a faillit me tuer et là il a faillit tuer Noah et tu veux rester sans rien faire ? Putain de malade ! Si t’as envie de crever avec ce fou furieux, libre à toi. Mais ne nous entraine pas avec toi ! » Sans attendre de réponse de sa part, je me penchais pour glisser mes bras dans le dos de mon frère et le soulever lentement, frémissant en l’entendant gémir de douleur. Sans plus tarder, je filais rapidement à ma voiture, que j’étais parvenu à m’offrir ainsi que le permis, grâce à mon petit boulot de vendeur chez un disquaire. Filant à vive allure sur la route, je pris la direction de l’hôpital en grimaçant à chaque gémissement de douleur que laissait échapper mon petit frère. Il n’avait que onze petites années et il avait subit ce que j’avais moi-même subit quelques temps plus tôt, lorsque j’avais été roué de coups par mon beau père au point de finir à l’hôpital. Si ce n’est même pire au vu de l’état dans lequel il était à cet instant là. Rien de bien rassurant, c’était plus que clair. J’avais même peur qu’il ne me lâche sur le chemin bien trop long à mon goût. Raison pour laquelle je fonçais encore et encore sans me soucier de respecter le code de la route ni même les limitations de vitesse. Une vie était en jeu. Et pas n’importe quelle vie. Il s’agissait de celle de mon frère, mon petit frère, Noah. Celui de qui je m’occupais depuis toujours comme personne. Celui pour qui j’étais prêt à tout, absolument à tout. J’aurais donné ma vie pour lui et pourtant il était là, dans cet état, si proche de la mort. Je n’avais rien pu faire pour empêcher qu’il n’ait à subir cela. J’étais faible, j’étais nul, j’étais un bien mauvais frère. Mais dans le fond je n’y étais pour rien. Seule ma mère était la coupable dans toute cette histoire et je ne pouvais que le reconnaître. Si la santé de mon frère était compromise par sa faute, je lui ferais payer au centuple et je tuerais son enfoiré de mari. Il ne pouvait tout bonnement pas en aller autrement, je le refusais purement et simplement. Je l’avais peut être laissé me frapper et me battre comme personne durant des années. Mais lorsqu’il était question de mon petit frère, tout était différent, je pouvais rapidement devenir mauvais, très très mauvais. Lorsque j’arrivais à l’hôpital, mon frère était inconscient et ne répondait pas à mes appels incessants. Sans perdre de temps, je le portais alors jusque dans le bâtiment blanc pour qu’il soit prit en charge rapidement. Un moment plus tard, alors qu’il était en salle de réanimation, ma mère arriva en trombe et me demanda des nouvelles. Pour toute réponse, je me contentais de lui lancer un regard assassin avant de m’éloigner d’elle en quittant la salle d’attente. De trop longues heures plus tard, lorsque le médecin vint m’annoncer le décès de mon frère, je restais totalement con, incapable de dire ou faire quoi que ce soit et restant immobile et silencieux devant ce médecin qui semblait s’attendre à des larmes ou toute autre réaction de ma part. Mais ma mère pleura pour deux. Des larmes et des cris hypocrites que je fus incapable de supporter.

Ce soir là, je restais totalement immobile dans le salon, laissant toutes les lumières éteintes, dans l’attente du retour de mon beau père. Mes intentions étaient plus que claires. J’allais mettre fin à son règne, sans doute même à sa vie pour trancher plus carré. Je ne supporterais plus une seule petite minute que cet homme soit là, à nous gâcher la vie. Il venait de tuer mon frère et c’était un acte impardonnable. J’étais tout bonnement incapable d’accepter la chose. Je n’avais pas encore versé la moindre larme. Sans doute étais-je encore trop sous le choc pour comprendre quoi que ce soit et vraiment accepter ce fait imparable qui était que mon petit frère était mort. Je l’avais perdu lui aussi. Mais de manière bien plus franche et plus cruelle. A choisir j’aurais préféré enterrer mon ainé plutôt que lui. Tout simplement parce que cet abruti m’avait un jour quitté et avait cessé de se comporter comme un frère. En entendant le bruit d’une clé dans la serrure, je me figeais quelque peu en guettant l’entrée de mon beau père, qui ne se fit pas attendre. En apercevant sa silhouette se dessiner dans l’encadrement de la porte du salon, je le fixais du regard, ne bronchant pas lorsqu’il alluma la lumière et sursauta en me voyant assit là, dans le canapé. Sans le quitter du regard, je me relevais, le dépassant d’une bonne tête. En quelques mois, j’avais pris pas mal de centimètres, atteignant le mètre quatre vingt trois du haut de mes dix neufs ans. « Qu’est-ce que tu fais là toi ? » Souriant en coin de façon narquoise en voyant qu’il faisait mine de rien et gardait ses grands airs, je le détaillais longuement du regard. « Tu sais très bien ce que je fais là. » « Arrête de jouer au petit insolent avec tes énigmes à deux sous et dis moi ! » Sans répondre quoi que ce soit, je m’approchais de lui sans le quitter de mon regard noir, m’arrêtant à un petit mètre de lui en le défiant du regard. « Frappe moi ! » « Quoi ? » « Frappe moi ! » Lâchais-je d’une voix sèche et claquante. « Il faut bien que je puisse faire passer ça pour de la légitime défense qu’est-ce que tu en penses ? » Lâchais-je le plus sérieusement du monde en lui lançant un regard complètement fou. Voyant qu’il n’agissait pas, je m’approchais plus encore de lui d’un air menaçant, ma tête voltigeant quelque peu lorsqu’il me flanqua un coup de poing. Tournant légèrement le visage, le goût du sang dans ma bouche, je m’essuyais quelque peu les lèvres du dos de ma main en souriant de façon complètement folle, relevant le regard vers lui. « C’est tout ce que t’as ? C’est avec cette force là que tu m’as mené droit à l’hôpital et que tu as tué mon frère ? C’est tout ce dont tu es capable ? Faible ! Tu es faible ! » De toute évidence, j’étais parvenu à l’énerver. En effet, sans attendre une seconde de plus, il se rua sur moi et me frappa avec rage. Sans chercher à me défendre, je le laissais faire un moment avant de m’emparer du premier objet qui me tombait sous la main. A savoir, une bouteille en verre posée sur un buffet. Lâchant un cri haineux, je l’abattis avec violence sur son crane, la brisant en mille morceaux. Le regardant s’écrouler, je grinçais des dents en le regardant tenter de se relever, le crane en sang. Sans lui en laisser le temps, j’abattis à plusieurs reprises la bouteille à demi brisée sur son crâne, encore et encore, me tailladant les mains avec le verre, sans pour autant cesser. Ce ne fut que lorsque j’entendis les hurlements de ma mère que je me stoppais, regardant le corps sans vie de mon beau père, souriant franchement en balançant le verre sur lui. En guise de geste symbolique, je lui crachais dessus.

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Ven 12 Aoû - 3:08

ton histoire






« Installe toi donc tranquillement et tu peux rester ici aussi longtemps que tu le voudras, tu ne nous gêne en rien mon chéri. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite surtout pas à venir me le demander d’accord ? Je veux que tu te sentes bien ici et que tu puisses te reposer. Après tout ces mois de jugements tu dois être fatigué. »

Sans un mot, incapable d’ouvrir la bouche tant j’étais lessivé, je hochais faiblement la tête en laissant ma grand-mère déposer un bref baiser sur ma joue avant de se détourner pour quitter la chambre. Elle avait prit soin de me faire préparer une chambre d’ami autre que celle dans laquelle mon frère ou même moi, avions dormis lorsque nous vivions ici. Chose dont je lui étais énormément reconnaissant. Elle avait un gros cœur et une sacré conscience des choses. Elle comprenait parfaitement que cela puisse être dur pour moi et je la remerciais du fond du cœur. En un an, ma vie avait prit un tour auquel je ne m’étais nullement attendu. Mon frère mort et mon beau père tué de mes propres mains, j’avais presque du supplier les policiers pour qu’ils m’autorisent à assister à l’enterrement de mon petit frère. Ils avaient finalement accepté en pensant aux sévices que nous avions subis l’un et l’autre. Car il était clair qu’ils ne pouvaient que me croire au vu de l’état dans lequel mon frère avait fini, sans parler des restes de cicatrices sur mon corps et de ma visite quelques années plus tôt, à l’hôpital. Les coïncidences étaient bien trop nombreuses pour en être. Raison pour laquelle d’ailleurs, j’avais été jugé non coupable du meurtre de mon beau père puisque c’était soit disant de la légitime défense. Bien sûr je l’avais ouvertement provoqué pour avoir des preuves de poids comme quoi je n’avais rien fais d’autres que me défendre. Mais ce fut en voyant les cicatrices dans mon dos, que les jurés avaient décidés de passer outre la barbarie que j’avais mise dans le meurtre de mon beau père. A leurs yeux, il méritait amplement cette mort violente et sanglante. C’était plaisant d’apprendre qu’ils étaient pleinement de mon côté. A part cela, je venais tout juste d’être officiellement relâché et pleinement libre. Jusqu’alors, j’avais du loger chez ma mère et me rendre régulièrement au commissariat pour leur montrer que je n’avais pas pris la fuite hors du pays. Et vivre avec ma mère avait été un terrible calvaire pour moi. En un an, je ne lui avais pas une seule fois adressé la parole. Je n’avais même jamais trouvé le courage de la regarder tant je la haïssais et tant l’envie de la tuer elle aussi, avait été des plus puissantes en moi. Je m’étais donc contenté de vivre à ses côtés sans lui parler, sans la regarder et faisant mine d’être seul tout simplement. C’était toujours mieux que de faire l’hypocrite à lui parler alors que j’aurais amplement préféré la voir morte que là, à mes côtés. Pourquoi n’était-elle pas morte à la place de Noah ? Pourquoi ne se défoulait-il pas plutôt sur elle plutôt que sur mon frère et moi ? J’aurais tellement préféré … Mais au lieu de cela j’avais perdu mon frère et devrait avancer en haïssant ma mère et en songeant que je n’avais finalement pas été un frère irréprochable et parfait. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait fallut que cette imbécile de mère tombe dans la drogue et l’alcool de façon vraiment poussée. A croire qu’elle n’avait pas suffisamment foutu sa vie en l’air cette abrutie. Lorsque mon jugement fut passé et que j’eus pleinement retrouvé ma liberté, ma grand-mère ne tarda pas à venir me chercher pour me ramener chez eux avec toutes mes affaires. Elle semblait plus que décidée à s’occuper de moi comme jamais et à prendre soin de moi. Chose que je comptais bien la laisser faire, sachant qu’elle était bien la seule personne encore vivante en qui je pouvais avoir pleinement conscience. Durant les premières semaines, je préférais rester enfermé dans ma chambre sans parler à qui que ce soit et sans faire quoi que ce soit d’autre que déprimer et attendre que le temps passe. Jusqu’au jour où ma grand-mère m’apporta une guitare. A partir de là, tout en jouant quelque peu, je repris goût à la musique, aux instruments puis peu à peu à la vie. Je n’avais pas l’impression de sortir d’une dépression mais plutôt de faire mon deuil. Rien de plus et rien de moins.

« Installe toi donc tranquillement et tu peux rester ici aussi longtemps que tu le voudras, tu ne nous gêne en rien mon chéri. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite surtout pas à venir me le demander d’accord ? Je veux que tu te sentes bien ici et que tu puisses te reposer. Après tout ces mois de jugements tu dois être fatigué. »

Sans un mot, incapable d’ouvrir la bouche tant j’étais lessivé, je hochais faiblement la tête en laissant ma grand-mère déposer un bref baiser sur ma joue avant de se détourner pour quitter la chambre. Elle avait prit soin de me faire préparer une chambre d’ami autre que celle dans laquelle mon frère ou même moi, avions dormis lorsque nous vivions ici. Chose dont je lui étais énormément reconnaissant. Elle avait un gros cœur et une sacré conscience des choses. Elle comprenait parfaitement que cela puisse être dur pour moi et je la remerciais du fond du cœur. En un an, ma vie avait prit un tour auquel je ne m’étais nullement attendu. Mon frère mort et mon beau père tué de mes propres mains, j’avais presque du supplier les policiers pour qu’ils m’autorisent à assister à l’enterrement de mon petit frère. Ils avaient finalement accepté en pensant aux sévices que nous avions subis l’un et l’autre. Car il était clair qu’ils ne pouvaient que me croire au vu de l’état dans lequel mon frère avait fini, sans parler des restes de cicatrices sur mon corps et de ma visite quelques années plus tôt, à l’hôpital. Les coïncidences étaient bien trop nombreuses pour en être. Raison pour laquelle d’ailleurs, j’avais été jugé non coupable du meurtre de mon beau père puisque c’était soit disant de la légitime défense. Bien sûr je l’avais ouvertement provoqué pour avoir des preuves de poids comme quoi je n’avais rien fais d’autres que me défendre. Mais ce fut en voyant les cicatrices dans mon dos, que les jurés avaient décidés de passer outre la barbarie que j’avais mise dans le meurtre de mon beau père. A leurs yeux, il méritait amplement cette mort violente et sanglante. C’était plaisant d’apprendre qu’ils étaient pleinement de mon côté. A part cela, je venais tout juste d’être officiellement relâché et pleinement libre. Jusqu’alors, j’avais du loger chez ma mère et me rendre régulièrement au commissariat pour leur montrer que je n’avais pas pris la fuite hors du pays. Et vivre avec ma mère avait été un terrible calvaire pour moi. En un an, je ne lui avais pas une seule fois adressé la parole. Je n’avais même jamais trouvé le courage de la regarder tant je la haïssais et tant l’envie de la tuer elle aussi, avait été des plus puissantes en moi. Je m’étais donc contenté de vivre à ses côtés sans lui parler, sans la regarder et faisant mine d’être seul tout simplement. C’était toujours mieux que de faire l’hypocrite à lui parler alors que j’aurais amplement préféré la voir morte que là, à mes côtés. Pourquoi n’était-elle pas morte à la place de Noah ? Pourquoi ne se défoulait-il pas plutôt sur elle plutôt que sur mon frère et moi ? J’aurais tellement préféré … Mais au lieu de cela j’avais perdu mon frère et devrait avancer en haïssant ma mère et en songeant que je n’avais finalement pas été un frère irréprochable et parfait. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait fallut que cette imbécile de mère tombe dans la drogue et l’alcool de façon vraiment poussée. A croire qu’elle n’avait pas suffisamment foutu sa vie en l’air cette abrutie. Lorsque mon jugement fut passé et que j’eus pleinement retrouvé ma liberté, ma grand-mère ne tarda pas à venir me chercher pour me ramener chez eux avec toutes mes affaires. Elle semblait plus que décidée à s’occuper de moi comme jamais et à prendre soin de moi. Chose que je comptais bien la laisser faire, sachant qu’elle était bien la seule personne encore vivante en qui je pouvais avoir pleinement conscience. Durant les premières semaines, je préférais rester enfermé dans ma chambre sans parler à qui que ce soit et sans faire quoi que ce soit d’autre que déprimer et attendre que le temps passe. Jusqu’au jour où ma grand-mère m’apporta une guitare. A partir de là, tout en jouant quelque peu, je repris goût à la musique, aux instruments puis peu à peu à la vie. Je n’avais pas l’impression de sortir d’une dépression mais plutôt de faire mon deuil. Rien de plus et rien de moins.

« Alors Peter comment veux tu fêter l’obtention de ton diplôme ? Je ne vais pas te proposer d’aller dans un parc ou un truc de ce genre. Je suppose que tu as passé l’âge ! Sans doute aimerais-tu quelque chose comme un piano ? Une nouvelle guitare ? Un appartement en centre ville ? Une nouvelle voiture ? » « Grand-mère, sérieusement je ne veux rien. Crois moi tu as déjà bien assez fais pour moi. »

Lui adressant un faible sourire, je la pris faiblement dans mes bras et la serrais contre moi un court instant avant de me détacher lentement d’elle en lui souriant plus franchement. Dans l’immédiat, la seule chose à laquelle je pensais, c’était que je ne savais strictement pas quoi faire de ma vie. Certes j’étais diplômé ce qui était un excellent point pour entrer dans la vie active. Mais ce diplôme je l’avais passé plutôt pour mon grand père qui ne s’était jamais imaginé une seule petite seconde que je pourrais faire autre chose que ‘marketing’. Tout ça parce qu’il espérait de toute évidence que je reprenne son entreprise. Une multinationale qui faisait je ne savais quoi mais qui brassait en tout cas, des milliards de dollars tous les jours. Autant dire que c’était plaisant et intéressant … Pour quelqu’un d’autre que moi. Moi je voulais l’argent mais pas le boulot. Je voulais la sécurité financière mais pas l’emploi qui allait avec. Etait-ce possible ? Je sentais bien que non. Non, pour être riche, il allait vraiment falloir que je trouve une solution digne de ce nom pour remplir mon compte en banque tout en faisant une chose qui me plaisait un tant soit peu. Qu’est-ce qui me plaisais vraiment ? La musique bien entendu. Mais de là à en faire mon métier ? Non je voulais que ça reste du domaine de la passion. Gérer une entreprise ou toute autre chose de ce genre qui se faisait dans un bureau, très peu pour moi. Rien ne me plaisais ni ne m’intéressais, j’étais perdu. Tout ce que je voulais, c’était vivre. N’était-ce pas un bon début ? Si bien entendu … Dans le fond ça devait l’être un tant soit peu. Pour autant, je ne m’inquiétais pas trop de l’argent dans l’immédiat, sachant parfaitement que je pouvais en avoir autant que j’en voulais le temps que je vivais chez mes grands parents. Même si je sentais bien qu’arriverait un jour où mon grand-père s’énerverait et me menacerait de me jeter dehors si je ne faisais pas quelque chose de ma vie. Et par ‘faire quelque chose de ma vie’, il entendrait forcément reprendre son entreprise. Entreprise qui ne m’intéressait en rien. Mais je ne voulais pas lui dire cela trop rapidement, par peur qu’il ne me foute dehors avant que je n’ai véritablement décidé de ce que je ferais de ma vie. Et la seule chose à laquelle je pensais à cet instant là, était le fait que je devais me venger. Me venger de quoi et pourquoi ? Me venger de ma mère et de mon frère. Tout simplement parce qu’à mes yeux ils étaient les derniers fautifs encore en vie. Ceux à cause de qui mon petit frère était mort. Je savais que j’étais du genre rancunier mais je découvrais avec quelle puissance, seulement à ce moment là, alors que je ne pensais qu’à venger la mort de mon frère. Mon ainé nous avait lâchés. Sans cela, il aurait pu empêcher cet énième beau père de nous faire autant de mal. Quant à ma mère, sa culpabilité n’était même plus à prouver tant tout cela me semblait plus qu’évident. Il était évident qu’elle était presque autant coupable que son défunt époux. Après tout elle l’avait vu me battre durant des années et n’avait pourtant jamais rien fait. Et il était temps, à présent, de les faire payer. Restait encore à trouver de quelle façon j’allais m’y prendre. Entre ma décision quant à savoir comment mettre en place ma vengeance et le choix que je devais faire vis-à-vis de mon métier, j’avais tout de même de nombreuses choses à penser.

« Tu es sûr de vouloir aller là bas ? Je doute que ce soit une très bonne idée … » « Mais oui t’inquiète pas grand-mère, je sais ce que je fais ! J’ai 24 ans, je suis adulte hm … Bon je file, prend soin de toi et je reviens vite ! »

Sans lui laisser le temps de me répondre pour éviter de rallonger les au-revoir, de façon inutile, je me détournais et m’éloignais bien vite en direction de ma voiture. Une fois à bord de celle-ci, je filais rapidement sur la route sans même me retourner. Je faisais sans doute une grosse connerie en partant pour Vancouver, en direction d’une personne qui m’avait sans doute oublié tout en laissant derrière moi, la dernière personne à compter pour moi. Mais j’avais ce besoin presque vital, d’aller le retrouver pour mettre un terme à sa vie. Pourquoi mettre un terme à sa vie ? Simplement parce que je ne pouvais plus supporter l’idée qu’il puisse vivre alors que de façon indirecte, il était coupable de la mort de Noah. Autant dire qu’il allait passer un sale quart d’heure avant de mourir. Je n’allais pas le laisser tranquille aussi facilement et rapidement. C’était même mal me connaître que de penser cela une seule petite seconde. J’avais une sorte de besoin vital de me venger et de venger, plus encore, la mort de mon petit frère. Toute personne coupable de près ou de loin de cette perte tragique, verrait sa vie interrompue de manière significative. C’était aussi simple que bonjour ! Et durant tout le temps que me prit le trajet pour arriver à Vancouver, qui n’était décidément pas la porte à côté, je ruminais mes plans de façon inlassable, pour savoir ce qu’il adviendrait, en fin de compte, de Jonathan. Qu’allais-je lui faire pour lui faire pleinement passer le message avant de le tuer ? Comment lui faire comprendre ce que je lui reprochais et ce que je ne lui pardonnerais jamais ? Mais surtout, comment le tuer sans risquer de finir derrière les barreaux ? Car j’étais du genre à aimer la vie mais uniquement en liberté. Je ne voulais pas passer le restant de mes jours dans une petite cellule. Mais plus encore, prendre le risque de finir sur la chaise électrique ou autre façon de donner la peine capitale à un condamné. Mourir n’était décidément pas l’une de mes priorités ni immédiate ni lointaine. Je tenais beaucoup trop à la vie malgré tout ce que j’avais du vivre et tout ce que j’avais eus le temps de souffrir jusque là. Lorsque je foulais enfin le sol canadien un bien trop long moment plus tard, je ne savais toujours pas comment j’allais m’y prendre pour le tuer. Et pourtant, je ne comptais pas baisser les bras de sitôt et envisageais toujours le plus sérieusement du monde, de mettre fin à ses jours. Il ne serait pas une grande perte pour qui que ce soit de toute façon, c’était plus que clair et évident ! A moins qu’il n’ait eut le temps de fonder sa propre famille et de se faire tout un tas d’amis. Ce serait bien dommage pour eux mais au moins je les sauverais tous de ce type sans cœur. Car il me semblait plus qu’évident qu’une vie avec un homme pareil était tout bonnement impossible. Il pouvait bien être mon frère que ça ne changeait rien à ce que je ressentais à son encontre. De la haine à l’état pure et rien d’autre. Une fois à Vancouver, je louais rapidement une voiture avec l’argent que ma grand-mère avait eut la bonté de me prêter, retrouvant sans mal le studio dans lequel nous avions vécut à quatre fut un temps. Bien entendu, j’avais mené ma propre petite enquête avant de venir, pour m’assurer qu’il n’avait pas déménagé depuis notre départ. Et j’avais été un tant soit peu surpris de constater que ce n’était nullement le cas. Mais je n’allais pas non plus m’en plaindre. Cela m’épargnait de trop longues recherches.

« Oui ? » « Jonathan … » « Peter … ? » « Qu’est-ce que… » « Oh bon sang frérot quell accueil, arrête donc t’en fais trop ! Non sincèrement, j’en pleurerais presque d’émotion ! »

Sans attendre de réponse de sa part, j’entrais tranquillement dans le studio et le poussant quelque peu, enfouissant mes mains dans mes poches en regardant tout autour de moi. Une fois ma rapide inspection terminée, je me tournais à nouveau vers lui pour le détailler longuement du regard, le passant en revu de la tête aux pieds. Il avait beaucoup changé tout en restant toujours le même pourtant. Ses cheveux châtains étaient coupés très courts, ses yeux bleus étaient vitreux et rouges sang, sa peau pâle paraissait même grisâtre et il avait grandit de quelques centimètres tout en maigrissant de façon choquante. Il semblait flotter dans ses vêtements. Autant dire qu’il n’était vraiment pas à son avantage. Au final il avait encore plus mal continué sa vie que moi. Moi qui mesurait un mètre quatre vingt trois et pesais soixante dix huit kilos. Moi qui avais des vêtements de luxe, des chaussures cirés, des cheveux un brin trop longs, plaqués en arrière, la paire de lunettes de soleil qui allait avec. Bref … J’avais bien fière allure contrairement à lui qui n’était plus l’ombre de lui-même. Si j’avais eus un tant soit peu de pitié, j’en aurais presque oublié le besoin de vengeance qui m’avait poussé à venir ici. Mais je n’avais pas la moindre pitié et mes plans étaient de plus en plus clairs dans mes pensées. C’était terminé pour lui. Il avait lui-même signé son arrêt de mort. C’était ainsi, il était inutile de vouloir changer le cours des choses. Surtout pas avec moi en tout cas ! Grimaçant de dégout en détournant le regard de lui, je me mis à farfouiller lentement dans ce studio, l’air de rien, dénichant enfin ce que je cherchais. Entre mon pouce et mon index, je sortis lentement un sachet de poudre blanche d’un tiroir, le soulevant quelque peu en regardant mon frère dans les yeux. « Hm … Toi aussi ? » Souriant en coin lorsqu’il s’approcha pour le récupérer vivement, je le laissais faire sans broncher. « Touche pas à ça toi ! » « Trop tard c’est fait ! Depuis combien de temps tu consommes ? » « Ca te regarde pas ! » « Mais tout ce qui te concerne me regarde grand frère ! » Lâchais-je d’une voix faussement sincère en lui lançant un faux regards d’adoration avant de rire franchement sans pouvoir m’en empêcher, lâchant un rire des plus déments. « Oh putain ce qu’il faut pas dire ! Non sérieusement … Quoi de beau ? Sexe, drogue, rock ? Drogue à quel point ? Au point ou ta mort est proche ? Oh non stp rassure moi ! Dis moi que t’as pas déjà fais tout le boulot ! » Ne pus-je m’empêcher de lâcher en plissant le nez et lui lançant un faux regard déçu et inquiet. Qu’il meurt donc de lui-même si ça lui chantait. Dans le fond je m’en foutais. Ce serait simplement un peu moins drôle ! Mais au moins la terre serait débarrassé de ce crétin ! « Depuis longtemps … Et tu ne m’as toujours pas dis ce que tu venais faire ici. » « Oh j’ai oublié ce détail ? Bof deux trois bricoles. Dont m’assurer que tu portais bien. Parce que si c’est le cas ça me ferait sacrément chier ! » S’il fut d’abord choqué et surpris par mes paroles, il ne tarda pas à comprendre que je ne plaisantais en rien et que j’avais véritablement l’envie, loufoque ou non, de le voir mort.

« C’est ça que t’aimes dans les drogues ? Décoller à en oublier qui tu es, ce que tu fais, et pourquoi ? Te réveiller avec la sensation de crever sans savoir où tu es ni ce que tu as fais ? » « Tu comprends pas … Ce besoin de tout oublier, de … » « T’as pas assez vécut pour avoir quoi que ce soit à oublier ! »

Il n’était pas moi … Il n’avait pas vécut ce que moi j’avais vécut. Il n’avait pas été régulièrement battu par un beau père violent, n’avait pas manqué la mort sous ses coups et n’avait pas non plus vu son frère mourir sous les coups du même homme. Non, décidément, il n’avait pas de quoi se plaindre non plus. Certes avant tout cela, nous n’avions pas eus une vie idyllique. Mais s’il avait été un tant soit peu moins égoïste, il nous aurait suivit pour s’assurer que ses deux petits frères continueraient d’aller bien. Au lieu de cela, il était resté à Vancouver. Et j’apprenais seulement à cet instant là, pour quelle raison il avait fait un tel choix. La chose était fort simple. En effet, il était un dealeur de drogue à l’époque où nous vivions tous ensemble ici. Et c’était pour cela qu’il n’avait pas pu partir en même temps que nous. Chose que je ne comprendrais sans doute jamais tout de même. Surtout au vu de la richesse de nos grands parents. Mais de ça, il n’aurait pas pu s’en douter. Tout comme moi je n’en n’avais rien su jusqu’à ce que nous arrivions chez eux. Et j’avais fort rapidement pris goût à la richesse, soit dit en passant. Raison pour laquelle j’avais décidé que je serais riche, peu importe comment. Cela pouvait paraître des plus étranges, à n’en pas douter. Je voulais être riche mais j’ignorais encore totalement comment j’allais m’y prendre pour cela. Comme quoi, le goût de l’argent pouvait arriver très rapidement et de façon surprenante même. Occupé à regarder mon frère se prendre une nouvelle dose de drogue à peine les effets de la précédente passés, je cherchais toujours comment j’allais bien pouvoir le tuer. Ce ne fut qu’en le voyant se laisser tomber en arrière en gémissant de bien être, que la réponse me frappa de plein fouet. C’était d’une telle évidence que c’en était presque choquant. Pour qu’il meure sans que cela ne puisse passer pour un meurtre et ainsi éviter que je ne me fasse prendre, il suffisait que sa mort paraisse accidentelle. Et pour cela, rien de mieux qu’une stupide overdose. Il suffisait simplement de l’inciter à consommer encore et encore, beaucoup trop d’un seul coup, pour que son corps puisse le trahir en le lâchant brutalement. Ainsi, aucune chance que je ne sois soupçonné même un minimum. Et l’affaire était dans le sac. Non vraiment, que demander de plus ? Je tenais l’occasion en or pour continuer ma petite vengeance. Tout était réuni pour cela. Sans parler du petit ‘commerce’ de mon frère, que je pourrais tranquillement reprendre à sa mort. A savoir, le fait qu’il était ni plus ni moins qu’un dealer. Et aucun doute qu’avec mon intelligence, je saurais faire grandir cela à ma manière. Là encore, restait à trouver comment. Mais je ne doutais pas un seul instant que j’y parviendrais haut la main, intelligent, malin et doué comme je pouvais l’être. Alors que je regardais Jonathan rire doucement en regardant le plafond et en faisant de bien étranges mouvements de ses bras, je ne pus m’empêcher de sourire quelque peu en coin, savourant par avance ma victoire. La vengeance était un plan qui se mangeait froid, disait-on. Eh bien il avait eut tout le temps de se refroidir durant toutes ces années sans que mon frère ne cherche à me donner la moindre nouvelle. Ni à moi, ni à notre mère, ni à Noah. Etait-ce donc cela être un frère selon lui ? Nous n’avions décidément pas la même conception de ce mot.

« Peter putain aide moi je suis vraiment pas bien là. J’ai trop … Trop … Aide moi ! » « Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? J’entends pas parle plus fort ! »

Mine de rien et sans me cacher le moins du monde, je montais encore un peu plus le son de la musique pour le rendre totalement fou, sans le quitter du regard. Il était au sol, semblant agoniser et attendre que la mort veuille bien enfin venir le chercher. Quant à moi, j’étais tranquillement debout à le regarder s’éteindre petit à petit sans broncher le moins du monde. Le pauvre était en train de claquer … Trop dommage et trop triste ! Plus la musique était forte et plus l’ambiance était oppressante. Moi-même j’aurais presque pu me sentir mal si j’avais consommé un tant soit peu de cette foutue poudre blanche. Mais ce n’était nullement le cas, pas ce jour là, pas à cet instant là alors que je voulais être pleinement lucide pour le voir nous lâcher. Je voulais le voir s’éteindre, ni plus ni moins. En le voyant me lancer des regards effrayés et perdus, je me mis à chanter par-dessus la musique sans le quitter du regard, mes yeux brillants de haine et de folie. Lorsque les dernières notes retentirent, il s’écroula pour de bon sur le sol, tel un gong de fin. Le rideau tombait, tout était terminé. Tranquillement, je récupérais une carte de visite qui appartenait au trafiquant de drogues qui faisait bosser mon frère. Cela fait, je filais tranquillement, en prenant bien soin d’enjamber mon frère inconscient. Mort, pour être exact ! Avec la sensation d’avoir accomplis une chose des plus merveilleuses, je m’éloignais loin de cet appartement qui fut mon logement, bien des années plus tôt. Je m’éloignais loin de ce frère qui avait été tout bonnement indigne de son vivant et dont la mort ne me chagrinait pas le moins du monde. Pourquoi aurais-je été triste de sa mort, à lui ? Au contraire, je m’en réjouissais sans limite même ! C’était foutrement bon ! Et en plus de sa mort, je venais de récolter un début de boulot et un début de richesse. Que demander de plus ? Strictement rien si ce n’était, aussi, la mort de ma mère. Mais ça je voulais la faire durer dans le temps pour bien la savourer comme il se devait. Quant au boulot que je m’étais ‘trouvé’ ce n’était ni plus ni moins que la revente de drogues. Bien sûr, je ne comptais nullement me contenter d’être un petit dealer comme l’avait été mon grand frère. Je comptais bien faire cela à grande échelle et n’avoir rien à faire d’autres qu’être celui qui se trouverait des petits dealers comme mon frère, pour revendre la marchandise que j’aurais préalablement acheté en grande quantité. J’avais largement de quoi bien démarrer avec l’argent que ma grand-mère avait aimé à me donner fort régulièrement. Ne me restait donc qu’à trouver ce trafiquant pour faire affaire avec lui ou bien en trouver d’autres plus manipulables, plus exploitables. Il fallait que je puisse payer le transport d’un camion entier de marchandise jusqu’à San Francisco, trouver un endroit où le stocker et trouver plein de petits dealers stupides, naïfs et qui n’avaient que ça pour vivre. Ca n’allait pas être bien compliqué à trouver. Il suffisait de sortir trouver qui vendait de la drogue, pour leur dire clairement que je serais leur nouveau fournisseur. Pourquoi chercher plus loin alors que tout pouvait être si simple à souhait ? Décidément, tuer mon frère allait vraiment m’être plus qu’utile dans un avenir proche et lointain. Grâce à lui j’avais une demi-vengeance, un job et des tonnes d’argents à venir. Je ne pouvais vraiment pas rêver mieux !

« J’aimerais … J’aimerais que tu disperses mes cendres dans le plus beau coin de Thaïlande que tu trouveras d’accord ? Promet le moi… » « Grand-mère … Tu ne vas pas mourir … » « Bien sûr que si Peter. Et tu le sais aussi bien que moi. Mais ce n’est pas grave du tout d’accord ? Tout ce qui compte pour moi c’est que toi tu ailles bien… » « Je n’irais pas bien sans toi … » « Promet le moi Peter ! »

Quand une personne qui nous tient fortement à cœur, est sur le point de mourir et nous demande en guise de dernière faveur, de disperser ses cendres dans un pays lointain, quelle autre solution avons-nous que celle de lui promettre ? Aucune autre solution bien entendu. Pourtant, j’étais tout bonnement incapable de lui promettre une chose pareille. Et ce, pour la simple et bonne raison que j’aurais bien trop l’impression d’accepter sa mort. Oui, ce serait comme de dire haut et fort, que oui, elle était en train de mourir et aller me quitter pour de bon. Or, je le refusais plus que tout. Je ne voulais pas que ma grand-mère meurt. Elle était la dernière personne qu’il me restait, la seule à compter sincèrement pour moi. Certes ma mère était encore là mais je comptais bien la tuer elle aussi, tout comme mon frère ainé. Quant à mon grand père, je savais parfaitement qu’il était responsable de la mort de ma grand-mère. J’avais fais cette terrible découverte lorsque j’avais trouvé de l’arsenic dans la cuisine, dissimulé au fin fond d’un placard. Bien entendu ce n’était pas tout un à fait un hasard si j’avais trouvé cela ici. En effet, j’avais du le chercher pour le trouver. Et la raison pour laquelle j’avais cherché était bien simple. En effet, c’était un jour comme un autre, alors que je prenais le café avec mes grands parents, un involontaire échange de tasses avaient eut lieu entre ma grand-mère et moi. Et mon grand-père ayant vu cela, il s’était écrié un peu trop vivement, que nous avions confondu nos tasses, prétextant la différence de dosage du sucre dedans, pour expliquer sa réaction pourtant bien trop disproportionnée. Comme la santé de ma grand-mère semblait de moins en moins bonne en parallèle de ce petit évènement, j’avais testé un soir, en plein diner, mon grand père, en faisant mine de piocher dans l’assiette de ma grand-mère. Certes, la très faible quantité de nourriture que j’avais avalée ce soir là, n’était en rien un danger pour moi. Mais en voyant le regard effrayé de mon grand père, j’avais compris que quelque chose clochait vraiment. Ce soir là, alors que je faisais mine de vouloir tenir compagnie à ma grand-mère pendant qu’elle jouait du piano, je lui avais parlé de mes soupçons. Et sa réponse m’avait totalement cloué sur place, puisqu’elle m’avait ouvertement dit qu’elle le savait parfaitement puisque son époux n’était en rien discret. Et de toute évidence, elle était plus que prête à mourir, alors que pour ma part, je refusais plus que tout qu’elle me quitte d’une quelconque façon que ce soit. C’était tout bonnement impossible qu’elle me laisse à nouveau. Je le refusais et pourtant cela ne comptait nullement dans la balance puisque c’était ce qu’elle, elle avait décidé. Et de toute évidence, mon avis ne comptait pas le moins du monde dans cette décision morbide et que je ne comprenais pas le moins du monde. Quelle idée que d’accepter d’être tué par son époux …Je ne pouvais donc rien faire d’autre que de la regarder s’éteindre à petit feu. Et ce jour terrible et inacceptable durant lequel elle allait me quitter, semblait être arrivé. Depuis des heures, elle se plaignait de maux de ventre insupportable et d’un mal de tête persistant et puissant. Ignorant totalement mon grand père tant j’étais inquiet pour elle, je l’avais accompagné dans l’une des chambres d’amis pour lui tenir compagnie, sachant parfaitement ce qui était en train de lui arriver. Plus je la voyais s’éteindre et plus j’éprouvais une haine sans limite à l’encontre de mon grand père. Regardant les yeux bleus de ma grand-mère se voiler petit à petit, je posais une main sur sa joue en luttant contre les larmes. « Promet le … » « Je te le promet grand-mère. J’irais en Thaïlande pour … Disperser tes cendres. Promis … » Lâchais-je d’une voix mécanique sans la quitter du regard, comme pour mémoriser chacun de ses traits, chacune de ses expressions. Un dernier regard pour moi et ses paupières se refermaient pour de bon. Un dernier sourire se figea sur ses lèvres et tout était déjà terminé.

« Ca va, c’est bon grand père ? Ton steak, tes haricots verts, ton verre ? » « Bien sûr oui … Pourquoi me poses-tu cette question ? » « Non comme ça … Je voulais juste savoir si tout allait bien pour toi. »

Lui adressant un sourire des plus hypocrites mais d’apparence bien trompeuse, je continuais de manger tranquillement en levant de fréquents regards vers lui, croisant de temps à autre le sien sans pour autant laisser paraître quoi que ce soit. Lorsque le dessert arriva, mon grand père semblait pâlir à vu d’œil. Tant bien que mal, il s’éventait de sa main alors que la sueur coulait sur son visage des plus pâles. Entendant alors sa respiration se faire pénible, je haussais un sourcil en lui lançant un regard inquisiteur. « Ca ne va pas ? » Demandais-je alors l’air de rien, prenant tout mon temps pour manger tranquillement le contenu de mon assiette. « Si si … tout va … Très bien … » Une violente quinte de toux le secouant, je ne pu m’empêcher de sourire en coin en portant ma cuillère à ma bouche l’air de rien, sans le quitter du regard. Le regardant porter une serviette à sa bouche en toussant, il regarda le papier dans sa main, taché de sang. Comme s’il était traversé par une brutale lumière de raison, il redressa la tête en me lançant un regard choqué, déçu et effrayé. « Peter … Peter tu as … » « Mort aux rats ! En très grande quantité. J’ai pris soin d’en faire de la poudre, très fine. Tu aimes au moins ? Ca relève le goût de ton plat ? » « Peter tu n’es qu’un … un … » « Petit fils indigne ? Bof non je trouve pas trop moi. Dans le fond je suis même le petit fils idéal tu trouves pas ? Je venge la mort de ma grand-mère en tuant son meurtrier et je compte bien me charger de jeter vos cendres. Parfait non ? Je précise que j’ai donné leur soirée à tous tes employés de maison bien sûr. Personne ne verra ça ! Non franchement mon plan est parfaitement parfait, dans les moindres détails ! Je t’ai convaincu de ne pas te faire autopsier après ta mort, comme ça je ne serais jamais soupçonné. Et je suis ton seul héritier. A moins les millions. Non attend … t’es millionnaire ou milliardaire toi ? » « Peter va te … » Faisant longuement claquer ma langue contre mon palet en lui lançant un regard faussement sévère, je laissais par la suite échapper un bref soupir. « Ton langage grand-père ! » Mangeant tranquillement le reste de mon dessert, je le regardais se tortiller dans son siège, s’accrocher violemment à ses accoudoirs et porter une main à sa gorge, tandis qu’il agonisait bruyamment. Tandis que de longs râles douloureux s’échappaient d’entre ses lèvres, je levais vaguement les yeux au ciel avant de lui lancer un regard agacé. « Moins de bruit, je ne m’entends plus mâcher ! » De longues minutes plus tard, alors qu’il était totalement inconscient, mort, sur sa chaise, je me relevais tranquillement pour venir m’asseoir sur la table de son côté. « T’auras plus besoin de ça de là où tu es. » Dis-je l’air de rien en prenant son dessert pour le manger tranquillement en regardant autour de moi, me demandant déjà si j’allais garder sa villa ou la revendre. Sans doute m’en trouver une plus à mon image. Oui … Pourquoi pas ? Une fois mon dessert terminé, je débarrassais rapidement la table avant de porter péniblement mon grand père jusqu’à son lit où je le changeais pour le mettre en pyjama et le laisser sous ses draps. Mort de vieillesse … N’était-ce pas beau ? Tranquillement, j’allais dans ma propre chambre pour me coucher, l’esprit léger. C’était une très bonne chose de faite !

« Peter je croyais qu’il y avait personne ! » « Ben y’a personne … » « Et c’est quoi ce putain de serpent ? Je t’avais dis de compter aussi les animaux domestiques ! » « Un serpent c’est un animal domestique … ? » « Putain d’abruti ! On peut pas compter sur toi ! »

Haussant les sourcils en faisant mine de ne pas comprendre, je suivis Clark du regard, tandis qu’il déverrouillait la porte d’entrée avec une épingle, ouvrant la porte avec extrême précaution. Tandis que mes deux collègues entraient sur la pointe des pieds, pour ma part j’entrais tranquillement dans cette immense villa en prenant soin de refermer la porte derrière moi, la claquant même un peu trop fort. « Putain ! Moins de bruit l’abruti ! … Bon sang dites moi que ce foutu serpent dort … » « Il dort ! » Comme s’il n’attendait que ces mots de ma part pour bouger, le reptile se déplaça de plusieurs centimètres, faisant se figer mes deux collègues. Clark se tourna vers moi, mâchoires serrées et le regard me fusillant sur place. « Ben quoi ? Tu as demandé à ce qu’on te dise qu’il dormait … » « Seulement si c’était le cas ! Comment on fait maintenant ? » « Aaaah mais fallait être plus clair mec ! Ben quoi comment on fait ? C’est rien qu’un serpent … T’as pas peur des serpents quand même si ? » Sans attendre de réponse de sa part, je filais d’un pas assuré vers le serpent. Sans perdre une seconde, je l’empoignais un peu plus bas que la tête et fis mine de serrer en me redressant, sans le relâcher, regardant les deux qui semblaient des plus choqués et effrayés. « Putain mais t’es complètement barge toi … Comment t’as fais ça ? » « Hein ? Fais quoi ? Ben … J’ai vu ça à la télé, dans un documentaire. Quand on le prend par là, ça l’endort. Tu veux essayer ? » Demandais-je l’air de rien en m’approchant de lui, tenant toujours fermement le serpent inconscient, le regardant reculer de peur sans que je ne bronche plus que cela pour ma part. Evidemment, je n’allais pas leur avouer ni à l’un ni à l’autre, que j’avais administré une sacré dose de tranquillisant à ce foutu serpent, avant que nous ne venions. Non, je préférais leur faire croire que je n’étais rien d’autre qu’un abruti fini. Et de toute évidence j’étais un sacrément bon comédien au vu du fait qu’ils se comportaient vraiment avec moi, comme avec le dernier des demeurés. Et ça m’allait à la perfection puisqu’ils ne se doutaient pas que je faisais cela surtout pour le cas où nous serions attrapés un de ces quatre. Je prendrais toujours moins que le chef de bande. Même si le vrai chef n’était autre que moi, je faisais croire que c’était Clark. Et jusque là, il n’y avait jamais eus le moindre problème. « Hey Clark ! Ca ferait une jolie écharpe tu trouves pas ? » Demandais-je en riant franchement et enroulant le serpent autour de mon cou. Souriant en coin lorsqu’il se détourna de moi, totalement excédé, en s’éloignant rapidement. De mon côté, j’entrepris de parcourir lentement le salon, farfouillant quelque peu et embarquant quelques objets au passage. Vingt sept ans et de l’argent à gogo. Vingt sept ans et j’étais tout autant trafiquant de drogues et d’armes, que cambrioleur. Business que j’avais découvert en allant de trafiquant en trafiquant. Et rapidement j’avais fondé ma petite équipe, faisant mine de n’être qu’un idiot riche voulant encore plus d’argent et des sensations fortes. En réalité, j’étais un tout nouveau riche qui voulait juste baiser un peu les riches qui l’étaient trop à mon goût. Et si je venais moi-même à être cambriolé … Eh bien ainsi soit-il ! C’était le règne animal, les lois de la jungle … Bref, chacun pour sa gueule ! « Peter putain ton chewing-gum ! » « Oh ça va ! Tu crois que ça va réveiller qui ? Les murs ? » De longues minutes plus tard, alors que nous étions largement chargés en objets de valeur et en argent liquide trouvé dans un coffre fort –pas plus fort que nous-, nous filions rapidement dans le silence de la nuit. « Peter t’as pas oublié quelque chose par hasard ? » « Quoi ? » « Le serpent abruti … Le serpent ! » « Ah oui merde … Non en fait je le garde … » Lâchais-je le plus sérieusement du monde en filant rapidement en leur compagnie pour rentrer chez moi. Le temps de partager le butin et ils étaient partis. Lançant un bref regard au serpent, j’allais l’enfermer dans une chambre d’amie en attendant, prenant soin de fermer la porte à clés, au cas où. Alors que j’allais tranquillement me coucher, j’eus une très brève pensée pour ma mère. Depuis des mois, des années même, je la faisais courir, je l’emmerdais comme pas permis et la faisais tourner en bourrique. Je la poussais de plus en plus dans la drogue et l’alcool. Parfois je l’hébergeais une nuit et le lendemain je la foutais dehors avec pertes et fracas. Bref … Je la rendais complètement folle. Et j’avais peut être trouvé la solution à sa tourmente. Peut-être … Je l’espérais … Je n’y connaissais strictement rien en serpent dans le fond…

« La merde retourne à l’état de merde … Il était temps que je trouve une urne pour toi … Je voulais quelque chose à ton image et je suis tombé sur cet urne super thaïlandaise. J’ai pensais que tu ne pourrais qu’aimer et approuver ce choix. Il faut dire que l’ancienne était déprimante, toute noire … C’était pas ton genre ! »

Comme si je parlais à ma grand-mère, je tenais son urne dans une main tout en entrant dans une déchetterie, à la recherche du coin le plus dégueulasse et le plus repoussant de tous. Lorsque je fus satisfait, je posais la boite à chaussures qui contenait les cendres de mon grand-père. Bouh quelle insulte à sa mémoire ! Ca m’excitait presque … Une fois la boite posée, à la regarder j’éprouvais une certaine frustration. Raison pour laquelle je l’écrasais de mon pied avant de sourire franchement sous le coup du soulagement. Tranquillement, je quittais alors cette déchetterie pour filer à ma voiture, direction l’aéroport où j’allais prendre l’avion pour aller en Thaïlande. Ce n’était l’histoire que de deux trois jours. Le temps d’arriver puis de chercher le plus beau coin possible et enfin, le temps de revenir. Trois jours plus tard, je revenais chez moi plus seul et abattus que jamais. C’était dingue comme j’avais pris l’habitude de parler à ma grand-mère, comme si elle était là, alors qu’il n’en n’était rien. A mon retour, tout ce que je trouvais à faire, c’était d’aller me faire faire un énième tatouage pour marquer le coup. J’avais la fâcheuse tendance à me faire tatouer à chaque évènement marquant de ma vie. Parfois même sans réelle autre raison que ce besoin de marquer mon corps. Lorsque le serpent que j’avais hébergé durant un temps, avait étranglé ma mère dans son sommeil, j’avais été tenté de me tatouer un serpent sur le corps. Mais j’avais finalement oublié l’idée et préféré me faire tatouer un simple « fuck you » sur mes doigts et un fuck sur l’un de mes majeurs. Ridicule ? Pas selon moi en tout cas. Certain aimaient à se faire percer, moi j’aimais les tatouages. A part le fait que j’étais plus seul que jamais dans le fond, mon business fonctionnait à merveille. En effet, le trafique de drogues et d’armes me rapportait gros. Et les cambriolages étaient aussi bons pour mon moral qui avait sincèrement besoin d’action et de danger, que pour mon compte en banque qui allait grandissant au fil des jours. Compte en banque gracieusement garnit grâce à la mort de mon grand père. Mort dans son sommeil à l’âge de quatre vingt six ans. Aucune autopsie pratiquée comme l’avait demandé le vieil homme auparavant. Bien sûr personne n’était capable de se douter un seul petit instant que quelqu’un pouvait être derrière tout cela. Peter par-dessus le marché. Qui aurait pu soupçonner un petit fils d’avoir empoisonné son grand père ? Et qui aurait pu soupçonner que ledit grand père avait tué son épouse en l’empoisonnant ? Personne bien entendu. Ces histoires là n’avaient lieu que dans les films ou les séries bien entendu. Pas dans la vraie vie. C’était bien trop gros pour être vrai. Et pourtant c’était ma vie. Du moins juste un extrait de ma foutue vie qui n’allait décidément pas en s’arrangeant. Quoi qu’à cet instant là, tout juste vingt neuf ans, je n’avais plus personne qui comptait pour moi. Autant dire que je ne risquais plus de perdre un être cher. Mon esprit de vengeance semblait s’être calmé et pourtant mes pensées partaient souvent du côté de ce père qui m’avait un jour abandonné. Dans le fond, du fond, du fond, n’avait-il pas aussi des torts dans toute cette histoire ? Pourquoi ne pas achever ma vengeance sur lui ? Sans doute parce que je craignais de ne prendre trop goût au meurtre. J’étais déjà un meurtrier, inutile donc, de devenir un tueur en série. J’allais sincèrement devoir contenir mes montées de rage et mes instincts violents et sauvages.

« C’est tout ce que tu prends aujourd’hui ? » « Ben j’ai … Perdu des clients. » « Pardon ? Redis moi ça pour voir … » « J’ai … Perdu des clients … » « Quoi ? T’as perdu des putains de clients ? Et tu m’expliques comment t’as fais ? » « C’est pas de ma faute … J’ai entendu dire qu’une putain d’association aidait les drogués à s’arrêter … »

Une association qui se mettait en travers de ma route en détruisant mon business ? Ce n’était décidément pas bon. Ni pour moi, ni pour eux. J’allais trouver les coupables et les détruire comme jamais. Je ne supportais pas que l’on se mette en travers de mon chemin et c’était bien ce que venaient de faire ces foutus imbéciles. Il était plus que clair que j’allais mener ma petite enquête, retrouver les coupables et leur couper l’envie de recommencer ces idioties. Aider des drogués à arrêter ? Et puis quoi encore ? Si cela n’avait pas attenté à la bonne poursuite de mes petites affaires, je n’en n’aurais pas fais autant. Mais là, ils tapaient en plein dedans. Ce n’était tout bonnement pas acceptable. Ils allaient rapidement comprendre à qui ils avaient à faire. A croire que l’on pouvait ainsi s’en prendre de manière plus ou moins directe, à Peter Vanswooger. En moins de temps qu’il n’en faut, j’avais contacté tous mes dealers pour leur faire passer le message. A savoir, qu’ils devaient me communiquer un portrait fidèle, de toute personne qui aurait le culot de mentionner l’idée qu’ils pourraient arrêter ce métier ou plus simplement de consommer. Au fil des jours, l’on m’apporta plusieurs descriptions différentes mais l’une d’entre elles revint plus fréquemment. Une jeune fille, pas encore majeure, fine, de grande taille, blonde, très belle. J’ignorais totalement ce que cette imbécile de gamine s’amusait à faire avec les drogués, mais ça ne pouvait plus durer. De toute évidence, elle était celle qui venait le plus déranger mes hommes. Autant dire qu’elle serait donc ma cible première. Et ce qu’il lui arriverait, j’ignorais encore quoi, allait très certainement faire passer le message aux autres, quant au fait qu’il était préférable pour eux tous, qu’ils cessent de suite leur petite activité qui nuisait à mes affaires. Au début, je gardais une certaine patience, attendant de voir si elle n’allait pas se lasser d’elle-même de faire cela. Mais au fil des semaines, je du me rendre à l’évidence en comprenant que seule une bonne leçon allait la convaincre d’arrêter tout cela. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je trouvais son nom et ses coordonnées. Pour m’aider, je portais mon choix sur l’un des plus grands drogués, sans le sou, que je connaissais, qui était prêt à tout faire pour moi, en échange d’une dose de drogue. Durant plusieurs semaines, je demandais à l’un de mes revendeurs de la surveiller de loin et de noter le moindre de ses faits et gestes. Ce fut avec son emploi du temps précis, que je la guettais un soir, en compagnie du drogué. L’attendant dans une ruelle, je tirais longuement sur ma clope sans encore savoir ce que j’allais lui réserver, lorsqu’enfin des bruits de talons claquant le sol, se firent entendre. Me figeant, je lançais un bref regard interrogateur à Matthew qui se contenta d’un hochement de tête pour me dire que c’était elle. Tirant une dernière fois sur ma clope, je la jetais au loin avant d’enfiler des gants pour préparer le linge imbibé de chloroforme. Une fois prêt, je le tendis à Matthew pour qu’il s’en charge lui-même. Chose qu’il fit sans se faire prier lorsque la jeune femme arriva à notre hauteur. Elle n’eut pas le temps de se débattre qu’elle perdait déjà connaissance dans ses bras. Restant en retrait, je le regardais avancer péniblement en la faisant trainer sans pitié. Levant les yeux au ciel, je l’arrêtais bien vite d’une tape sur l’épaule. « Je me charge de la porter jusqu’à la voiture ! A ce rythme là son corps va se détacher en petits morceaux au fil du trajet ! » Sans attendre de réponse de sa part, je me penchais pour la récupérer, passant un bras sous son dos et un autre sous ses jambes, sans trop lui prêter attention. Ce ne fut que lorsque nous montâmes à bord de la voiture et que je l’allongeais sur la banquette arrière, que je la regardais enfin vraiment. Laissant le volant à Matthew sous prétexte que j’allais m’assurer qu’elle ne se réveillait pas, je m’asseyais sur le bord de la banquette pour regarder la jeune femme, déglutissant avec difficulté devant cette vision presque trop parfaite pour être vraie. Indéniablement, elle était la plus belle femme que j’avais pu voir de ma vie. Soupirant quelque peu à l’idée de sa bêtise qui la poussait à se mettre en travers de ma route, je parcourais son corps du regard en baissant sa robe sur ses cuisses pour les recouvrir un tant soit peu, avant de repousser lentement une mèche de cheveux, derrière son oreille. Pourquoi avait-il fallut qu'elle fasse un truc aussi con ?

« Patron vous comptez faire quoi d’elle ? » « J’en sais rien Matthew ! J’en sais rien ok ? » « Elle est plutôt canon … On pourrait peut-être s’amu… » « N’y pense même pas ! »

Après un énième regard noir à l’adresse de Matthew, je tournais la tête vers la pièce principale de l’appartement miteux et abandonné, pour apercevoir par la porte entrouverte, la jeune femme étendue sur le sol, totalement inconsciente. Après une brève hésitation, je finis par entrer et m’approcher lentement d’elle sans la quitter du regard. C’était bien la première fois de ma vie que je perdais totalement mes moyens et que je ne savais plus ce que je devais faire ni même pourquoi je le faisais. Tout ce que je savais, c’était que cette fille m’avait totalement chamboulé l’esprit et mit le cerveau sans dessus dessous. Chose complètement idiote soit dit en passant ! Depuis quand Peter pouvait-il ainsi perdre ses moyens devant une femme ? Il était plus que temps que je me secoue ! Chose que je fis sans tarder en posant une main sur son épaule, frissonnant quelque peu sous sa peau douce, avant de la secouer faiblement. Voyant qu’elle ne bronchait pas, je tournais un bref regard vers Matthew avant de prendre les choses en main. La faisant rouler sur le dos, je claquais faiblement sa joue, attendant qu’elle bronche, en vain. Perdant patience, je finis par lui mettre une gifle retentissante qui résonna dans la pièce et teinta sa joue pâle, de rouge. J’en éprouvais presque aussitôt un sentiment de culpabilité, qui ne m’empêcha toutefois pas de claquer son autre joue avec tout autant de force. Sans que je ne m’y attende, Matthew balança alors un seau d’eau glacée sur la jeune femme, m’éclaboussant au passage. « Evite les initiatives de ce genre espèce d'abruti ! » Lâchais-je d’une voix froide et claquante avant de me tourner à nouveau vers la jeune femme qui était à nouveau consciente. Croisant son regard marron verdâtre, je boguais durant de longues secondes sans la quitter du regard. Son regard allant de Matthew à moi, je ne doutais pas qu’elle cherchait à comprendre dans quoi elle était tombée. « Qu’est ce que vous me voulez ? Si c’est de l’argent, je n’en ai pas… Autant me tuer sur le champ si c’est ce que vous voulez… » De l’argent ? Comme elle était naïve. Au vu de tout ce qu’elle m’avait fait perdre, je doutais bien entendu qu’elle ait assez pour me rembourser. Quant à la tuer … Ce n’était en rien dans mes projets et l’idée d’un tel gâchis me déplaisait grandement. La regardant se relever pour s’éloigner de nous, de toute évidence effrayée, je me relevais à mon tour, sans la quitter un seul instant du regard. Comme si, telle une vision trop parfaite, elle risquait de disparaître en un clignement de paupières. « Ecoutez… Je ne sais pas ce que vous avez en tête… Mais… Me tuer ou me faire du mal, n’arrangera rien… Je connais du monde… Ils vous retrouveront… » « Oh vraiment ? Tu te laisses volontairement tomber dans ta tombe ? » « Ouais… Je suis une fille morbide ! » Toujours aussi calme, je demandais par la suite à Matthew, de faire se mettre à genoux la jeune fille et de lui maintenir les bras en arrière, lâchant alors un bref ‘môme’, la concernant. « La môme t’emmerde ! » Comme incapable de m’en empêcher, je lui flanquais alors franchement mon poing dans son visage. Si ce que je ressentis en premier fut un intense soulagement, je fus bien incapable de regarder sa pommette sans éprouver une once de culpabilité. Abimer son si joli visage était une abomination. Mais plus le temps passait et plus elle me provoquait. Elle ne s’en rendait sans doute pas compte mais elle avait une chance folle d’être encore en vie au vu du traitement qu’aurait subit une autre personne qu’elle, devant de telles provocations. Quelque chose chez elle, m’empêchait de lui faire sincèrement du mal … En dehors de quelques gifles, quelques coups de poings et une petite taillade sur la joue, de la machette que je tenais. Dans le fond ce n’était pas grand-chose à comparer de ce que j’aurais pu lui faire …

« Mais tu as raison. Qui voudrait baiser avec moi hein ? Tu sais ce que font les types comme moi ? Ils attrapent des filles comme toi et ils les baisent jusqu’à ce que mort s’ensuive. » « Les filles comme moi ? Genre ? Mince ? Grande ? Jeune ? Rebelle ? Volontaire ? Quel critère te plait chez moi ? Pourquoi tu aurais envie de... Me baiser ? Car je suis jeune ? C'est ça qui te ferait kiffer? » « Je te plais ? J’espère que ça t’excite… Pervers ! »

Plus le temps passait et plus cette fille me paraissait complètement folle. Que dire d’autre d’une fille qui provoquait ouvertement son ravisseur, dans tous les sens du terme, et qui en arrivait à parler plus ou moins de sexe ? Il était certain qu’elle n’avait nullement conscience de ce qu’elle provoquait en moi. A savoir que je la désirais comme jamais je n’avais désiré aucune femme. Il était vraiment dommage qu’il s’agisse justement de la femme, du moins jeune fille, que je séquestrais depuis plusieurs longues minutes déjà. Alors qu’elle attendait toujours une réponse de ma part, j’empoignais sa main pour la lui poser sur mon membre sans la quitter du regard, me figeant brutalement sur le coup, sans pour autant laisser paraître quoi que ce soit. Presque aussitôt, je repoussais franchement sa main. « Tu sais pourquoi j’ai envie de te baiser ? Oh oui il est certain que t’es une jolie môme. Mais à la vérité je n’en avais rien à foutre de ça. Non le fin mot de l’histoire c’est que maintenant j’ai envie de te couper l’envie de jouer à la plus maline avec moi. Comme je te l’ai dis tout à l’heure, tu as voulu jouer, alors jouons ! » Lâchais-je froidement, mon visage tout proche du sien. Un instant plus tard, je quittais les lieux en la laissant aux bons soins de Matthew. Je savais qu’il ne lui ferait strictement rien, par peur que je ne lui donne pas sa foutue dose. Rentrant chez moi pour finir ma nuit, je ne revins que de longues heures tard, avec un sandwich pour Evohà. Sandwich que j’entamais tranquillement en la regardant dormir, la réveillant bien vite pour le lui donner. Sans un mot, je la regardais manger en silence, sans penser à rien d’autre que le fait qu’elle était foutrement belle. Pourtant, lorsqu’elle se leva dans l’intention de s’éloigner de moi, mon regard descendit sur son corps et je me figeais quelque peu sous l’afflux intense de désir. « Ou tu vas je ne t’ai pas dit de partir ! Allonge-toi sur le sol ! » Sans lui laisser le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait, je la fis brutalement tomber sur le sol, allongée sur le ventre. Et sans attendre, je m’allongeais rapidement sur elle. La minute d’après, j’unissais nos corps avec brutalité entreprenant de combler ce désir des plus sauvages qui brûlait en moi. Plus elle se débattait et plus je me faisais sauvage. C’était une envie, un besoin, que j’étais tout bonnement incapable de contrôler tant qu’il n’était pas enfin pleinement comblé. Serrant les dents avec force pour ne rien laisser transparaitre du plaisir qui me submergeait, ce ne fut qu’un bref moment plus tard, que je laissais échapper un involontaire gémissement en finissant pleinement. Un moment plus tard, je me réinstallais tranquillement contre le mur sans la quitter un seul instant du regard, alors qu’elle s’éloignait de moi sans un regard, pour sombrer dans le sommeil. Le lendemain matin, au réveil, alors que je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’elle sembla me prendre pour quelqu’un d’autre, je ne tardais pas à l’allonger sur le sol pour la prendre à nouveau, avec plus de lenteur cette fois ci et sans la quitter du regard. Au réaction de son corps, j’aurais pu croire qu’elle prenait du plaisir à cela et pourtant je ne pouvais tout bonnement pas le croire. Et plus cette idée montait et enflait en moi, plus je me faisais sauvage en songeant que quoi qu’il arrive, ce rapport n’était pas voulu de sa part. Et plus je me faisais sauvage, plus elle criait de douleur, plus j’en arrivais à me dégoûter moi-même, ce qui n’était en rien dans mes habitudes. Lorsque je fus submergé par le plaisir, je laissais échapper un bref gémissement avant de m’éloigner d’elle presque aussi vite. « Un matelas serait franchement apprécié dans cette pièce… » Me contentant de lâcher un bref rire moqueur et narquois pour toute réponse, je me figeais franchement lorsqu’elle se tourna vers moi pour me flanquer une gifle. Sans réfléchir, je lui retournais un brutal coup de poing avant de quitter la pièce avec perte et fracas. Plus je lui faisais mal physiquement et plus je me détruisais. C’était une sensation étrange et effrayante dont je ne voulais pas et qui m’effrayais comme pas permit. Avant de quitter l’appartement pour les heures à venir, je lançais à Matthew de lui apporter un matelas quand il le pourrait.

« Patron êtes-vous sûr que tout va bien ? » « Bien sûr que tout va bien ! Pourquoi ça n’irait pas ? J’ai l’air de pas aller bien ? Occupe toi de tes affaires ! Va bosser feignant ! »

La porte se refermant rapidement sur mon majordome, je soupirais longuement en me laissant tomber en avant, posant mon front sur le bureau en fermant les yeux. Non ça n’allait pas. Ca n’allait pas du tout. Toutes mes pensées étaient accaparées par cette idiote. Je rêvais d’elle, je pensais constamment à elle, je la voulais dans tous les sens du terme. C’était bien que quelque chose clochait fortement non ? Sans compter que je m’attendais à la voir débarquer avec son putain d’ami haut placé qui voudrait me faire la peau. Merde je ne voulais pas crever ! Tournant le visage pour poser ma joue sur le bureau, j’entendis à peine les coups frappés à la porte d’entrée, laissant mon majordome faire son boulot. Fermant les yeux, je soupirais longuement en comptant les jours. Trente ou trente et un je ne savais pas exactement. Mais ça faisait un mois que je l’avais relâché et que je vivais dans la crainte des représailles. Un mois que je rêvais d’elle et étais incapable de penser à quelque chose ou quelqu’un d’autre qu’elle. Allait-elle bien ? S’était-elle remise ? Parviendrait-elle à se reconstruire ? Ses nuits étaient-elles parsemées de cauchemars abominables par ma faute ? Aurait-elle peur des hommes ? Je n’en savais rien et ne le saurais sans doute jamais.


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Ven 12 Aoû - 4:11

Bienvenue chez toi It's time to escape -- terminée 79124 It's time to escape -- terminée 79124 Jared bave
Tiens... on est dans la même situation ! Je joue toujours Nina D. et en couple avec celle qui joue Maël sur le forum :gla:
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Ven 12 Aoû - 4:14

Merci beaucoup *-*

Han et vous aussi vous envahissez les forums ? xD
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Ven 12 Aoû - 9:10

Bienvenue r3456 !

(Anne Marie et Jared owi :6789: )
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Ven 12 Aoû - 16:45

JAREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEED
Moi aussi je joue presque que Scarlett, ERW et Karen. J'peux faire des exceptions pour Citizen avec qui je suis presque toujours en couple.

Et oui, je l'admets cette situation de Jared en homo, j'en ai voulu à Santana. Y'a pas plus viril que Jared.

Bienvenue (a)
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Ven 12 Aoû - 17:00

Bienvenuuuue :6789:
Jared dans Panic Room r3456
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Anonymous
Invité
Invité
Ven 12 Aoû - 17:25


    Je ne vais faire que répéter inlassablement la même chose que les autres; omfg Jared t'es trop beau MARRY ME !
    & sinon bienvenue dans la famille & surtout bon courage pour ta fiche ♫
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Anonymous
Invité
Invité
Ven 12 Aoû - 17:28

Merci beaucoup à vous j'aime cet accueil *-*

Kaylee : Mercii :D C'est un couple qu'on expérimente xD On aime bien changer de fille x).

Evelyn : eh beh je me sens moins seule >0<. Oui Jared en homo c'est un sacrilège ! :O

Ugo-Marley : Merci *-*. Ouais j'aime Jared dedans x) -comme dans tous ses films à vrai dire (a)-.

Caïn : Merci ! xD.
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Ven 12 Aoû - 22:58

T. Peter Vanswooger a écrit:
Merci beaucoup *-*

Han et vous aussi vous envahissez les forums ? xD

OUI 3425

Bienvenue r3456
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Sierra Desrosiers
Sierra Desrosiers
all i care about is love
AVATAR : Hayley Williams.
✱ ÂGE : 33
✱ QUARTIER : SOMA.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
all i care about is love
Ven 12 Aoû - 23:00

Bienvenue Razz

Je valide ton code au passage :heart2:
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Ven 12 Aoû - 23:11

Merci beaucoup à vous =D
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Dim 14 Aoû - 0:42

Pour une fois que c'est pas moi qui valide Arrow

Bref, bienvenue dans notre grande famille 34242
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Anonymous
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Dim 14 Aoû - 0:46

Merci beaucoup =)
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Anonymous
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Dim 14 Aoû - 22:58

    Bienvenue!
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Anonymous
Invité
Invité
Dim 14 Aoû - 23:05

Merci =)
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Anonymous
Invité
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Dim 14 Aoû - 23:11

Bienvenue parmi nous (a)

JARED *-*
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Anonymous
Invité
Invité
Dim 14 Aoû - 23:14

Merci beaucoup =)

Kaya *-*
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Anonymous
Invité
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Lun 15 Aoû - 14:57

Bienvenue sur POH \o/
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Anonymous
Invité
Invité
Lun 15 Aoû - 14:58

Merci beaucoup ! =D
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Anonymous
Invité
Invité
Lun 15 Aoû - 23:11

T. Peter Vanswooger a écrit:
Merci =)

    Y a pas de quoi!
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Anonymous
Invité
Invité
Sam 20 Aoû - 17:50

BIENVENUE Oh l'homme de ma vie :6789:

Bon fais bien ta fiche hein mon violeur, homme, futur mari, père poule et j'en passe :D Vend moi du rêve comme tu sais si bien le faire ma barbie ! Je t'attends au tournant '-' *va faire sa fiche de liens*
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Anonymous
Invité
Invité
Mer 24 Aoû - 16:53

J'aimerais, si possible, demander un délai supplémentaire d'une bonne semaine. Tout simplement parce que je ne suis pas chez moi donc je passe bien moins de temps sur mon pc et comme je fais une longue histoire je mets du temps.
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It's time to escape -- terminée

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