Je n'aime pas parler de ma vie. A quoi bon se pencher sur le passé ? Ce n'est pas ainsi qu'on va de l'avant, qu'on se construit. Au contraire, on peut se terrer dans les souvenirs sans jamais évoluer. Je m'y refuse. A vrai dire, je ne pose pas réellement de question quand à ma vie, mon passé, mon présent et encore moins mon futur. Je m'en moque, je vis au jour le jour. Comment ? Il le faut vraiment ? Pfff ! Ca me soûle déjà ! Mais soit...

Je suis née un 4 avril, il y a de cela 21 ans. Super, hein ? T'as pas intérêt à oublier la date et faire chauffer ta carte de crédit pour me faire un cadeau ! Quoi ? Autant que ça serve à quelque chose ce baratin sur ma petite existence. Bref ! J'ai passé les 11 premières années de ma vie au Portugal, dans un petit village appelé Donim, non loin de Braga. Je vous épargnerais volontiers mon enfance, mais vous ne semblez pas décidé à me l'accorder. Je n'ai pas eu la chance de connaître mon père. Il est mort durant la grossesse de ma mère, du coup cette dernière a dû m'élever seule. Et je dois bien avouer qu'avec une petite turbulente comme moi, ça n'a pas dû être facile tous les jours. Mais de mon côté, je n'ai pas eu à me plaindre. J'étais même plutôt heureuse, me plaisant à jouer le rôle de la véritable tornade aux airs angéliques. J'ai toujours été ainsi, avec deux facettes tellement opposées -que je manie à la perfection désormais, soit dit en passant.

A l'âge de onze ans, j'ai déménagé. Jamais je n'aurais imaginé un truc pareil d'ailleurs ! La Californie. Moi ? La petite gamine du village, je suis partie vivre aux States ! Dingue, non ?! Bon ok, au départ ça ne m'a carrément pas emballé. Lâche une gosse de presque douze ans dans un milieu comme celui-là, alors qu'elle est capable de te décrocher deux mots d'anglais seulement. « Hello ! » et « Cat ». J'ai eu beaucoup d'appréhension, ayant un niveau plus que faiblard. Heureusement pour moi, je n'étais pas seule. Si nous étions partie si loin, c'était pour une bonne raison. Ma mère n'avait pas eu une envie soudaine de vivre son petit rêve américain. Oh non ! Elle avait tout bonnement signé un contrat pour être la femme de maison des Owens. Nous connaissions cette famille depuis des années maintenant, et je m'étais tout de suite bien entendu avec leur deux fils.

C'est grâce à Sohfyièn et Noham que j'ai pu prendre rapidement mes marques. Et puis c'est aussi un peu à cause d'eux que je suis devenue cette jeune femme. Sans entrer dans les détails, je me suis comme qui dirait attachée à eux. Enfin d'une manière assez particulière je dois le reconnaitre. Je ne suis pas du genre à partager, et sans pouvoir l'expliquer je suis des plus possessives envers eux. Ils sont à moi, alors inutile de préciser que je me fais une joie d'éjecter la moindre nana qui ose avoir l'espoir de mettre le grappin sur eux. C'est plus fort que moi. J'ai toujours été capable du meilleur comme du pire, quoique le meilleur n'a pas été franchement présent. Du moment où les amourettes ont débuté pour nous, j'ai sorti les griffes. « La tigresse » ce n'est pas pour rien ! J'ai fait capoter un grand nombre de leurs rendez-vous galants. Au dép art ça m'amusait. J'y ai vraiment pris goût. Et puis je me suis finalement rendu compte que je ne supportais pas de les voir avec une autre. Joujou numéros 1 et 2 ne pouvaient pas avoir une autre fille que moi en tête. J'ai tenté de mettre un bordel incroyable dans le couple de Noham et Joyce. Cette fille, je n'ai jamais pu l'encadrer. Elle me sort par les yeux avec ses airs de sainte. Je suis même allée jusqu'à prétendre que le beau gosse l'avait trompé avec moi, avec des arguments de chocs : grains de beauté et compagnie m'ont été d'un grand atout ! Et il va falloir que je recommence. A croire qu'elle ne peut pas aller voir ailleurs que chez les Owens ?! Avec Soh, elle me tape sur le système. Je sais comment m'y prendre avec chacun des deux Owens. L'un se veut plus sentimental, il me faut jouer la carte de la fille bienveillante, ici pour le consoler. Avec l'autre, je sors le grand jeu. Dans tous les cas je suis bien décidé à les avoir à ma botte ! Dans la vie, il faut se donner les moyens d'obtenir ce que l'on désir... On me l'a toujours dit, je ne fais que l'appliquer, voyons... (a)