Elyes & Julie

Il était 23h55. Le temps n'était pas fameux. Un vent léger soufflait de temps à autre, soulevant quelques un de mes cheveux. Je frissonnais à cette occasion étant donné que je n'étais que vêtue d'une robe rouge courte et d'un trench beige. Je sortais d'une avant-première et d'une petite fête avec toute l'équipe. A vrai dire, j'étais sortie plus tôt que prévu. J'adorais Paris. C'était ma ville favorite. Je préférais alors flâner dehors que de rester enfermée entre quatre murs. Et puis, ce soir, c'était spécial. Deux jours plus tôt j'avais envoyé à Elyes un message dans lequel contenait une sorte d'ultimatum. Il devait donc venir ce soir. Obligatoirement. Ca me rassurait de penser ainsi, et pourtant, rien n'était sûr. Peut-être que j'attendrais ici dans le froid, la nuit, seule, en vain. Je faisais les cent pas autour de la place à laquelle le rendez-vous était fixé. La Tour Eiffel. Quoi de plus romantique que de se retrouver ici... Romantique ? Pourquoi évoquer ça maintenant... ? Je chassai cette idée de mon esprit et me préoccupai des quelques passants qui s'y trouvaient. Un homme de la silhouette d'Elyes s'approchait en ma direction. Je n'avais aucune idée de si c'était réellement lui ou non. Je respirai un grand coup, arrangeai mes cheveux et attendis, immobile tout en fixant le grand homme qui se trouvait bien être Elyes. Je souris. Mon cœur battait si fort. Il était venu. Ca signifiait beaucoup. Mais en même temps, rien. Sans le saluer d'abord, je lui lançai rapidement des remerciements, très sincères. « Merci d'être venu. Vraiment. Merci beaucoup. » Je l'observais avec tant d'émotions que ça en devenant ridicule. Je devais me reprendre.

Elyes & Julie

Diable qu'il était beau. Je le fixais en repensant à la fameuse nuit que nous avions partagée, à New-York. C'était simplement inoubliable. J'avais pourtant essayé à plusieurs reprises, mais sans résultat. J'étais faible, j'étais incapable d'affronter mes émotions. Je ressentais des tas de choses en repensant à ce souvenir, à Elyes... Tout était pourtant confus. Une once de haine se mélangeait avec un brin d'affection et d'amitié. Il restait le responsable de la mort de mon père. Je m'étais résolue à oublier l'ami que m'était le jeune homme, au nom de mon père, de mon amour pour lui, mon respect. Et pourtant, ce n'était pas aussi évident. Toute la semaine, je luttais. Je luttais contre ce qui nous était arrivé, ce qui nous avait réuni. Mais là, je ne pouvais plus attendre et me voiler la face, agir comme si de rien n'était, ce qu'Elyes désirait. Ou peut-être que non au final, vu qu'il s'était rendu au rendez-vous dans lequel j'avais précisé que je disparaitrais de sa vie s'il ne venait pas. Je souris alors, vraiment séduite à l'idée que je n'avais pas à m'éclipser de la vie du jeune homme. « Oui. J'avais beaucoup de choses à te dire que je ne pouvais me permettre de te dire par téléphone ou autre. Puis, je voulais te voir... Même si je sais que tu préférais qu'on ne se voit plus, je suis d'ailleurs désolée de t'avoir un peu forcé la main. Cependant, j'apprécie vraiment que tu sois venu. » Silence. Je marquais une pause, pour réfléchir à ce que je devais lui dire. Pour le convaincre de ne pas me rayer de sa vie. « Tu me manques en fait. Et je ne supporte pas vraiment l'idée que désormais, tu es fiancé. C'est quoi ce délire Elyes ? Tu m'as dit que tu ne l'aimais pas. Je ne comprends pas. C'est quoi cette histoire ? » Je fronçais les sourcils et le regardais d'un air intrigué. D'abord, il fallait en savoir plus sur sa relation avec Narcissa avant d'aborder le reste.

Je l’observai longuement, ne pouvant défaire mon regard d’elle. D’ailleurs ce dernier se baladait sur tout son être, me renvoyant dans le même temps les images de notre nuit à New-York. Je la désirais, ardemment, c’était certain. Bien avant que notre relation devînt ce qu’elle était désormais. J’avais tout simplement essayé de me défaire de cette attraction que je ressentais à son égard, sans réel succès. Et puis tout s’est précipité avec la mort de son père. Je me demandais toujours ce qui m’avait bien pris de lui avouer mon geste, ne ressentant aucune culpabilité quant à ce geste pourtant je semblais justement m’en vouloir d’être incapable de remords. Ce n’était pas moi. Je n’étais pas coutumier de ce genre de comportement et je devais bien reconnaitre que cela me déstabilisais beaucoup. La perte de contrôle semblait omniprésente dans ma relation avec Julie et j’avais beau essayé de contrôler tout cela, je n’y parvenais pas. Elle fronça les sourcils lorsqu’elle aborda le sujet Narcissa et je ne pus m’empêcher de la trouver démesurément craquante, adorable. « Cela n’a pas changé. Je ne l’aime toujours pas. » Je fis une pause. « Il en est de même pour elle. » Je ne savais qu’ajouter d’autre et j’espérai qu’elle se contenterait de cette réponse car il n’y avait rien de plus à ajouter sur le sujet. Le couple que je formais avec la blonde n’était qu’une mascarade dans le but de piéger le père de cette dernière. Mascarade dans laquelle je m’enlisais un peu plus chaque jour, j’en venais même à me demander quel dénouement obtiendrait toute cette histoire. Narcissa et moi étions très surveillés par mon beau-père mais maintenant avec cette nouvelle situation, étions désormais fiancés, je me demandais si son père relâcherait un peu sa vigilance. Je savais qu’il m’appréciait mais cela ne changeait rien au fait qu’il demeure méfiant à mon égard.

Elyes & Julie

Fiancés, sans s'aimer. Pourquoi s'amuser à prétendre être le parfait petit couple s'il était avide de passion amoureuse ? C'était illogique, si je comparaissais ça avec Elyes qui est d'ordinaire quelqu'un de très méticuleux et très malin. Cependant, ça devait cacher quelque chose tout ça. Ce n'était pas pour rien. Elyes devait avoir un plan. Je décidai de ne pas en ajouter plus. Malgré ma curiosité je restais satisfaite de sa réponse. Maintenant que son couple avec Narcissa n'était plus crédible à mes yeux, j'allais me pencher sur le cas de Genesis... Et oui, beaucoup trop de femmes tournaient autour du jeune homme. « Et si maintenant j'étais enceinte ? Je veux dire, si moi aussi je me retrouvais dans la même situation que Genesis, qu'aurais-tu fait ? » Je m'approchais vers lui, désireuse de connaître sa réaction. Le fait qu'Elyes se trouvait être parent d'un enfant d'une autre femme, m'agaçait. Et étrangement, lorsque j'eus des doutes sur mon cas, l'idée ne me déplaisait pas tellement. Non pas qu'il ne me dérangeait pas, au contraire, néanmoins, c'était bizarre de s'imaginer pendant un instant porter l'enfant d'Elyes. Bref, je me perdais dans mes songes farfelus, inutile pour la situation actuelle. Cette fois-ci, c'est dans son regard que je me perdais... « Dis-moi, Genesis et toi, vous êtes qui l'un pour l'autre... ? » J'espérais au fond de moi qu'elle ne s'ajouterait pas dans "la compétition".

J’étais ravi qu’elle ait passé outre l’affaire Narcissa mais déchantai aussi sec. Genesis. Je n’étais pas prêt à en parler ou peut-être n’en avais-je tout simplement pas envie. Que pouvais-je dire à son sujet de toute manière ? C’était une erreur. Une très grosse erreur que nous allions tous deux assumer toute notre vie. Je trouvais qu’elle était bien trop jeune pour autant de responsabilités, elle ne profiterait pas de sa jeunesse et c’était fort dommage. « Eh bien, tout comme avec Genesis nous aurions tout simplement assumé nos responsabilités. » C’était une pirouette et j’étais certain que la brune n’aurait aucun mal à s’en rendre compte mais au fond de moi je savais que cela aurait été différent, d’une certaine manière. Après tout ce n’était pas la même relation et à vrai dire cela ne m’aurait pas déplu, même si cela remettrait en question bon nombre de choses dans mon existence. Mais aurais-je été capable de faire tant de concessions qu’exigeait la venue d’un enfant. Concessions que je n’aurais seulement jamais songé à faire avec Genesis. « Nous étions comme des frères et sœurs du moins jusqu’à ce que tout ne dérape… » L’alcool et ses conséquences. Je me devais d’y faire face désormais. « Tu as d’autres questions… » Je ne pus terminer que, guider par mes instincts seuls, je me jetais sur ses lèvres avec avidité. J’en avais eu envie depuis que je l’avais aperçu.

Elyes & Julie

Ca m'énervait déjà le ton léger sur lequel il me répondait, comme s'il ne prêtait pas attention à ce que je lui disais. Pour moi, cela concernait des sujets importants et non futiles. Elyes m'offrait des réponses tellement banales que je tirais la tête. Il disait aussi que Genesis et lui n'étaient que très bons amis. Peut-être, pourtant elle allait être la mère de son enfant. Rien qu'à cette idée, je me sentis mal. Je me détournai donc du regard du bel homme pour fixer le sol. Moins intéressant. Elyes me demanda si j'avais d'autres questions. Effectivement, des tas même. Pourtant, je n'eus le temps de rien faire qu'il colla ses lèvres aux miennes. Ce geste m'enchanta étant donné que je désirais goûter une nouvelle fois à ses lèvres depuis que je les avais quittées il y a deux semaines. Et à cet instant, je me sentais tellement bien. Je répondis donc au baiser avec tendresse. Au bout de quelques instants, je du m'arrêter. Encore très proche de lui et de sa bouche, je chuchotais. « Je ne sais pas ce que Narcissa t'apporte, mais tu aimes ça et moi, je ne suis pas comme elle, pas aussi riche, je n'ai pas sa famille ou quoi que ce soit, mais je sais que je ressens vraiment quelque chose pour toi, que personne d'autre ne peut t'offrir. » Mon assurance me surprit moi-même, qui suis d'ordinaire bien plus réservée et peu confiante. Or, je ne lui dis que la vérité. Quelque chose se passait en moi, je ne savais mettre de nom sur toutes ses émotions, mais elles étaient vraies. Et étonnement fortes. Et elles étaient présentes bien malgré moi.

D’une certaine manière, nous étions tous les deux venus chercher des réponses. Elle semblait en avoir plusieurs alors que moi un seule qui importait réellement. Que ressentait-elle ? Nous n’avions cessé de tourner autour durant de longues semaines, il était désormais temps de clarifier notre relation. Après cette nuit, sans doute n’y aurait-il plus de retour en arrière possible. Ce serait comme un saut dans le vide, une fois que nous nous serions lancés, nous n’aurions plus aucun contrôle sur rien et devrons nous contenter de tomber en priant pour un atterrissage en douceur. Plus rien ne sera plus jamais pareil, c’était certain. Haletant, je l’écoutais et je me sentis envahi d’une émotion nouvelle. J’étais…ému. C’était bel et bien la première fois que je ressentais une telle chose, ce n’était pas si désagréable que l’on pourrait le penser. N’étant pas réellement doué pour des effusions de sentiments, pour me mettre à nu comme elle venait brillamment de le faire, je m’emparai une nouvelle fois de ses lèvres, essayant de faire passer dans ce baiser ce que je n’arrivais pas à dire à voix haute. J’étais très pudique lorsque l’on devait parler sentiments et mes incessantes déclarations à Narcissa, étaient encore preuve de la fausseté de notre couple. Un baiser plein de promesses, au pied d’une tour Eiffel illuminé comment éclairer notre futur incertain, quel beau cadre, summum même du romantisme. Les lèvres quittèrent les siennes et je portai mes mains à ses joues, collant mon front au sien. « Je ne sais pas où cela va nous mener mais j’aimerais que l’on tente quelque chose. Toi et moi. » Un grand sourire se dessine sur mon visage alors que je caressai doucement sa peau du bout des doigts.

Elyes & Julie

Un frisson parcourait tout mon corps après avoir révélé ce que je ressentais pour Elyes. C'était l'instant fatidique où il aurait pu me briser comme n'importe quel homme, effrayé par ce genre de confidence, surtout que Elyes n'était pas du genre très ouvert pour exprimer ses sentiments. Une phrase et il aurait pu me détruire, pour que je me confronte à mes désillusions. Cependant, il ne fut rien de tel. Au contraire, il m'attrapa à nouveau pour m'embrasser. Avec tellement de passion que son baiser ne pouvait que prouver qu'on était sur la même longueur d'onde. Je m'accrochais alors à lui, plus sûre de moi que jamais et je me sentais si bien, heureuse et rassurée. Il partageait les mêmes sentiments que moi... C'était si réjouissant, si beau. Elyes décolla ses lèvres des miennes et posa ses mains sur mes joues ainsi que son front sur le mien. Il confirma alors ce que je compris plus tôt, il était pour tenter quelque chose, bien que cela s'avérait être nouveau et étranger. Et en effet, on se lançait à l'aveugle dans une aventure inconnue et mystérieuse compte tenu de tous les événements survenus entre nous. De plus, je comprenais aussi que pour Elyes c'était faire le grand saut. Je souris alors à mon tour, craquant sur son magnifique sourire qui m'éblouissait sous cette belle nuit d'automne. Je hochais alors la tête en signe d'approbation et l'embrassa à nouveau, avec fougue, toute enthousiaste. « J'irai n'importe où avec toi, je te suivrai peu importe où ça nous mène... » Je le serrai alors contre moi, j'avais besoin d'être dans ses bras, pour sentir que tout irait bien. « Tu as le temps, pour encore rester ce soir ? » Evidemment, il était hors de question que je le laisse s'en aller aussi vite après ce qui venait de se passer. Je le regardais alors avec un petit sourire qui en disait long sur ce qui se produirait s'il restait encore pour quelques heures.

L’aveu de Julie me fit plus plaisir que je ne l’aurais pensé. En fait, il me rendit heureux. Cela sembla remplir un vide dont je n’avais jusqu’ici jamais soupçonné l’existence. C’était…curieux comme sensation mais je ne m’en formalisai pas plus. A quoi bon ? Il était fort inutile de gâcher un tel moment par des réflexions de cet ordre. Je la serrai contre moi, fort, comme si je craignais que tel un mirage elle ne s’évapore dès le moment où j’aurais commencé à croire en son existence. Sa place me paraissait être dans mes bras, comme si c’était le lieu auquel elle avait depuis toujours appartenu. Je voulais que nous restions ainsi pour toujours. Cela ne me convenait tellement pas ce genre de pensées que je laissais volontiers aux adolescents découvrant pour la première fois ce qu’était aimé. Je l’étais d’une certaine manière lorsque l’on y songeait. Je n’avais jamais été amoureux, non pas que je l’étais déjà mais je n’avais jamais ressenti de si fort sentiments pour quelqu’un. « Bien sûr, j’ai toujours du temps pour toi. » mes doigts caressèrent lentement sa joue puis mes lèvres se joignirent aux siennes. Cette nuit promettait d’être belle.


THE END