Le truc le plus nul dans une rupture, c’est l’état « post-rupture » C’était vraiment de la merde. Je ne sentais comme une petite souris qu’on avait abandonnée. Et je détestais cette position de faiblesse dans laquelle je me trouvais désormais. Pour compenser et m’éviter de penser, je sortais tous les soirs, jusqu’à l’aube et puis enfin, j’allais me coucher ; pour dormir jusqu’à ce que le jour tombe et que je puisse ressortir à nouveau. Peu à peu, j’oubliais Julian, mais il restait la parfaite excuse de ma décadence. Je n’avais rien ni personne pour me dire que je déconnais à plein tubes, c’était parfait.
Même ma nouvelle colocataire était parfaite pour ça, elle aussi ; parce qu’elle ne posait pas de question. Kate était le genre de personne que j’appréciais parce qu’elle ne fouinait pas dans ma vie et quant bien même elle l’aurait fait, il n’y avait plus rien à déterrer dans ma vie, désormais, j’étais sereine.
Je respirais un grand coup, pour disperser la poudre à l’intérieur de moi, la cocaïne inspirée. Je n’avais pas la moindre idée de l’heure qu’il était, mais à en juger le ciel, noir et la lune excessivement blanche, il était l’heure de sortir.
Après m’être baladée pendant plusieurs minutes, j’entendis un brouhaha venir d’une ruelle. Une foule entourait deux hommes en train de se battre. Je m’approchais et me frayais un chemin. Là, je découvris une tête que je connaissais tellement bien… Sergej. Fidèle à lui-même, il était là, en train de se battre pour une raison x ou y, ou pour aucune raison du tout.
Le combat dura encore quelques minutes et je restais là, fixe, pendant que tous se remuaient autour de moi, au rythme des coups donnés par Sergej et son adversaire. Le combat ne se termina que lorsque Sergej eu suffisamment détruit l’autre, qui était soudainement entouré des ses « amis » pou s’assurer qu’il était au moins encore en vie.
De mon coté, je m’éclipsais et allumais une cigarette, en attendant que Sergej, sorte de son arène. Je savais qu’il passerait devant moi, je n’avais plus qu’à attendre.
Quelques secondes plus tard, il était là. «
Je vois que l’on reprend les bonnes habitudes » Je ne pus m’empêcher de sourire. Oui, j’avais été repliée sur moi-même, mais en fait, j’avais voulu faire fonctionner un couple qui était de toute façon voué à l’échec, ça m’avait épuisé et maintenant, je reprenais le cours de ma vie. «
Tu es là depuis combien de temps ? » dit-il, en s’approchant de moi.
Je fis une moue d’incertitude. «
Quelques minutes, pas plus. » Je le jaugeais, lui et son tshirt plein de sang. «
T’es dans un état dégueulasse. » Derrière nous, le blessé et ses amis disparaissaient. Je les regardais en me questionnant. «
Quel effet ça fait ? » Je n’avais pas besoin de préciser de quoi je parlais, j’imaginais bien que Sergej comprenait que je faisais allusion à ce qui venait de se passer.
Et si un jour je voulais ressentir quelque chose de nouveau, quelque chose de fort est-ce qu’il faudrait que j’en arrive là ?