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Anonymous
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Jeu 5 Juil - 14:25

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Une journée de plus. Lentement mes yeux s'ouvrent et la lumière de ma chambre me fait tressaillir. Je repousse machinalement les draps les longs de mes cuisses et je me sors doucement du lien. Encore une journée banale, sans actions particulières. C'est comme ça pendant les vacances, il n'y a absolument rien à faire. Bien sûr, je pourrais visité, seule avec mon appareil photo, en mode touriste pourtant, ça ne me tente pas le moins du monde. Je passe une main dans mes cheveux que je repousse en arrière avant de traîner les pieds jusqu'à la cuisine. Je me sens seule. Mes parents me manquent. Je n'ai vraiment personne avec qui passer mes journées, je suis juste la petite soeur d'Hadryin qui l'a suivit rien que pour apprendre à le connaitre. Je n'ai aucun repères, aucune marques. Il faut que je m'en fasse. Plus facile à dire qu'à faire. je n'ai pas ma place ici. Je suis loin de chez moi, je suis loin des miens. Pourquoi se voiler la face? J'ai le mal du pays. La solitude me pèse de plus en plus. J'aimerais tellement rencontrer des gens mais il y a toujours cette barrière que je m'inflige. Ils sont différents, ils ne comprennent peut-être pas ma manière d'être. Je soupire longuement alors que j'attrape le lait dans le friguo. Je porte la bouteille à mes lèvres et j'en avale quelques gorgées. J'imagine très bien Mère me voir dans cette situation. Elle en serait horrifiée. Boire à la bouteille, qu'elle horreur. Rien à faire. Je ne suis pas chez eux, je suis chez moi. Ma maison, mes envies, mes gestes. Pour une fois que ma vie n'est pas tracée au millimètre près. J'approche de ma stéréo et je pousse la musique à fond. Encore une de ses nouvelles chansons électros du moment. Tant pis. Je ne comprendrais jamais les artistes contemporains. En attendant, je me met à chanter même si je ne connais pas les paroles. Je danse, je me tortille entre les chaises. Je me défoule, pour une fois.

Après un moment passé, la musique à fond à danser et chanter, je décide de sortir. Pourquoi devrais-je restée constamment enfermée chez moi alors que j'ai une magnifique ville qui me tend les bras? Le beau temps est de la partie. Oh oui, un grand soleil comme on en voit jamais en Angleterre. Je souris alors que je passe le pas de la porte. J'ai rapidement enfilé un short et un haut tout banal. J'ai pris aussi le temps d'attraper ma guitare et de passer sa sangle autour de moi. C'est partit. Ma destination? Le premier parc qui passe. Histoire de pouvoir m'aérer, rencontrer des gens peut-être et surtout jouer de la guitare en toute liberté, sans craindre que ce putain de voisin d'à côté ne se plaigne du bruit. Il n'est jamais content, quoi que je fasse. Alors que je marche dans la rue, je me met à siffloter en tapant silencieusement dans mes mains. Depuis que j'étais ici, je n'avais pas pris le temps de sortir, du moins sans but précis. J'en avais toujours un avant. J'allais voir mon frère. Là, je sortais juste pour ne plus voir les murs ternes de mon appartement. Une véritable prison émotionnelle cet appart. Je croise quelques couples et je les regarde d'un air jaloux. Moi aussi j'aimerais avoir quelquu'n à mon bras, mais non. Tant pis, on est bien aussi tout seul. Ou peut-être pas. Je soupire. Rapidement, j’aperçois Alamo Square. Je rentre dans le jardin public et je vais me caler sous l'ombre d'un arbre et je me met à jouer sans prêter attention aux gens qui défilent devant moi. Je ne prête attention à plus rien. Juste à ma guitare.
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Anonymous
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Mer 11 Juil - 13:18

Lillas se réveilla en sursaut, une nouvelle fois en proie à un nouveau cauchemar. Plus la date échéante se rapprochait, plus son stresse croissait. Elle ne comprenait pas réellement ce sentiment qui lui triturait violemment les entrailles mais toujours est-il qu’il était là. Il ne restait plus beaucoup de temps avant la compétition et elle craignait de ne pas être à la hauteur. Certes, avait-elle été choisie parmi toutes les skateuses du club pour les représenter, mais la pression était plus énorme encore. Pression qu’elle se mettait elle-même en l’occurrence. Elle voulait tellement bien faire et était terrifiée à l’idée de décevoir tous ceux qui comptaient sur elle, notamment son coach et Jaxton, sa pompom girl personnelle, qui venait la voir. Aussi loin qu’elle se souvenait, c’était bien la première fois que quelqu’un se déplaçait pour la voir se mouvoir sur la glace et elle voulait bien faire, lui offrir un spectacle dont il se souviendrait, qu’il ne soit pas venu pour rien en somme. Depuis une semaine, elle enchaînait entraînements sur entraînements, parfois même jusqu’à l’épuisement. Elle ne se nourrissait que rarement, voir pas du tout, persuadée que cela était du temps perdu. Temps, chose dont elle était cruellement à cours. Ce qui devait arriver se produit donc, elle s’évanouit dans les bras de son coach et heureusement avant d’aller sur la glace. Ce dernier lui ordonna de prendre deux jours de congés ainsi que du repos. Elle en avait besoin. Elle avait bien sûr tenté de refuser mais c’était un ordre et non une requête dut-elle bientôt se rendre compte. Elle ne souciait guère de son avis et quitta le complexe sportif, la mine grave et la tête basse, honteuse. Elle avait la sensation d’avoir failli à son devoir, ce qui était loin d’être le cas bien sûr. Lillas était douée, très douée même mais si elle n’arrivait pas à contrôler son stresse, cela pourrait grandement jouer à sa défaveur et c’était ce que Henry, son coach, voulait lui faire comprendre. Enfin, plutôt l’aider à se tranquilliser. Fatiguée de tourner en rond dans son appartement, elle décida de sortir et s’aérer l’esprit. Elle ne pouvait décemment pas rester ici toute la journée à ressasser son soi-disant échec. Elle prit le chemin vers l’appartement de son Titou mais fit une escale par le jardin public. Ce qui devait n’être que quelques minutes, dura des heures. Elle se coucha sur l’herbe fraîche dans un coin, jambes et bras écartés façon étoile de mer et s’endormit presque instantanément. Elle n’était pas fatiguée, loin de là, mais la nature avait toujours eu un effet apaisant sur elle. Si elle l’aurait pu, sans doute passerait-elle toutes ses nuits dans les parcs de San Francisco mais cela n’était pas…bien, à ce qu’elle avait compris. Pourquoi ? Elle ne savait pas. Il y avait de tellement de choses proscrites dans ce pays qu’elle se retrouvait totalement perdue et au fond ne suivait en aucun cas les règles. Bientôt elle fut réveillée par une douce mélodie jouée à la guitare, curieuse, elle se rapprocha du son et découvrit une jeune fille brune qui jouait tellement avec passion qu’elle ne sembla ne faire plus qu’un avec son instrument. Lillas, fascinée, vint s’asseoir devant elle et la contempla un moment, les yeux brillants. Malheureusement pour elle, la brune s’arrêta, surprise de découvrir la blonde. « Ne t’arrête pas, tu joues tellement bien ! » déclara Azaria dans un sourire éclatant. « Sinon je suis Lilladys ou Lillas enchantée ! » Elle sourit une nouvelle fois. « Et toi, comment t’appelles-tu ? Tu viens souvent par ici ? »
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Anonymous
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Mer 11 Juil - 18:15

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La musique. Elle avait rythmé toute mon enfance, toute mon adolescence. Vivre pour elle. J'avais décidé ça dès la première fois où mes doigts avaient frôlé les cordes de ma toute première guitare. Je n'avais pas d'autre passions dans la vie, c'était la seule qui me tenait réellement à coeur. J'avais cette capacité à me couper entièrement du monde lorsque je jouais et c'était surement ce moment là qui représenter exactement ce que je cherchais dans la vie. Un coin de vraie beauté, sans craintes, sans noirceurs. Une innocence sans limite. C'était ça que j'aimais dans la musique. La continuité des notes et ce qu'elles provoquaient dans les oreilles des gens, ce qu'elles représentaient pour eux. Je ressentais tout un tas d'émotions lorsque je jouais. Je voulais les transmettre aux autres, ne rien garder pour moi. Ca serait trop égoïste de garder cette joie que je ressentais, pourquoi ne pas la partagée avec des êtres torturés par une douleur bien plus présente dans leur coeur qu'on ne le pense? Suis-je donc la seule à être un tant soit peu heureuse et à vouloir partager ce bonheur avec les autres? Qu'importe. Ce que je veux dire c'est que si j'arrive à être heureuse grâce uniquement à quelques notes de musique, pourquoi les autres n'y parviendraient-ils pas? Est-ce si compliqué? Je ne sais pas. Je ne comprend pas les gens qui m'entourent. Ils sont si... Brutes, si indisciplinés. A croire que je suis si différente que ça. Je ne leur ressemble pas. Je ne suis pas de ce monde. Je devrais peut-être rentrer avec ma musique, mes bonnes intentions et mes manières de lady. Devrais-je apprendre à me comporter comme eux? Être aussi malheureuse qu'ils peuvent l'être? Être antisociale? Me foutre de la société? Non, je ne suis pas comme eux. Je ne veux pas tomber si bas. Je n'ai pas été élevée dans cet esprit, loin de là. Je ne dois pas me fondre dans la masse, rentrer dans le moule. Je ne veux pas être un mouton aux yeux de tous. Je suis anglaise, c'est ce qui me différencie. Autant garder cette différence. C'est ce qui rend les gens plus attirants après tout. Suis-je attirante pour autant? Bonne question. Je n'appartiens pas aux stéréotypes de filles de mon âge qu'on peut trouver dans la rue. C'est peut-être pour ça que je ne trouve personne. Je ne suis pas désirable. Je ne devrais même pas chercher à l'être. Je ne changerais pas. Je suis concentrée sur mes mouvements, sur mes mains, sur la mélodie. Je sursaute légèrement alors que je découvre qu'une blondinette vient prendre place devant moi. Mes lèvres s'entrouvrent pour parler alors que mes mains ont cessé toute mélodie. « Ne t’arrête pas, tu joues tellement bien ! » La jeune blonde me sourit. Le rouge me monte aux joues et je baisse légèrement la tête, gênée. « Sinon je suis Lilladys ou Lillas enchantée ! » Mes yeux se relèvent et se posent sur la jeune femme en face de moi. Elle elle fait partie de ses belles filles que tout le monde désire. Ca m'arrache un sourire. Lillas. Quel joli prénom, très original. « Et toi, comment t’appelles-tu ? Tu viens souvent par ici ? » C'était l'unes de mes premières rencontres, l'unes des premières fois où une personne me demandait de lui parler de moi. Je n'étais qu'une décoration au fond, mais c'était toujours plaisant de faire des rencontres. « Je m'appelle Bailee et non, je viens très rarement. Je suis... Nouvelle disons ici. Je suis anglaise. » Et j'ai l'accent qui le prouve.


HJ; désolée, c'est nul ;__;
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Mer 11 Juil - 22:41

Sans la connaître, Lillas aimait déjà profondément cette jeune fille. La passion avec laquelle elle maniait son instrument de musique comme s’il eût s’agit du prolongement de son corps. Sa manière de rendre la mélodie qu’elle jouait presque vivante. En réalité, sa musique était vivante. Elle frappait, touchait, pénétrait à l’intérieur de la personne qui l’écoutait. Elle ne laissait pas indifférent. Encore fallait-il prendre le temps de l’écouter. Non pas l’entendre, mais réellement l’écouter. Les gens avaient désormais tendance à se satisfaire de la surface, sans aller au fond des choses ce qui leur faisait aduler des groupes qui à mon avis ne valaient pas grand-chose. Ils ne prenaient plus le temps et se contentaient de consommer. Encore et toujours plus. Ils étaient également dans la rapidité, il n’y avait qu’à voir à quel point les ‘artistes’ qui étaient incapables de sortir un nouveau titre sur le moment se retrouvaient bien vite mis au placard. Société de consommation. Lillas n’y comprenait pas grand-chose à tout cela, comme d’habitude cela dit, mais trouvait cela dommage que peu de personnes aiment vraiment la musique. Dommage, nous étions loin du compte.

« Je m'appelle Bailee et non, je viens très rarement. Je suis... Nouvelle disons ici. Je suis anglaise. »

Le sourire de la blonde s’agrandit en entendant la réponse de la brune. Elle était contente que cette dernière lui ait répondu, souvent elle se devait d’essuyer des silences froids. En effet, il n’était pas coutume dans une aussi grande ville d’aller s’adresser librement à des inconnus. Une nouvelle chose qui échappait à cette tête de linotte. Elle ne comprenait pas pourquoi les humains se mettaient autant de barrières, faisaient tant de problèmes pour si peu. Tout serait pourtant si simple si nous pouvions communiquer sans problème. Pourquoi en faire toute une histoire ? Elle ne trouvait pas de réponse à cette question et se promit de poser la question à quelqu’un.

« En Angleterre ? Vraiment ? J’y ai vécu une année ! A Manchester, tu connais ? Et tu étais où toi ? Pas trop dur le changement ? »

Lillas reprit sa respiration, étant restée en apnée durant toute sa tirade. La jeune fille en face d’elle lui plaisait énormément et curieuse comme elle l’était, elle voulait en savoir plus sur elle. Comportement qui pouvait en agacer plus d’un, c’était certain, généralement cela ne plaisait pas trop que l’on se montre autant indiscret mais ça la jeune Azaria s’en fichait pas mal. Les modes et les coutumes lui passaient bien au-dessus. Elle aurait beau s’y intéresser, qu’elle ne comprendrait rien ou plutôt ne le voulait-elle pas. C’était bien trop de travail que de vouloir s’intégrer, cela voudrait également dire renoncer à sa liberté, chose à laquelle elle tenait le plus au monde.

« Dis, tu ne veux pas encore jouer ? »

Sa voix sonnait comme une supplique. L’espace d’un moment la musique de cette belle inconnue lui avait permis de s’éloigner un peu de la compétition et tous les enjeux que cela représentaient. Et puis, elle voulait tout simplement l’entendre. D’ailleurs, elle regrettait de n’avoir pas pris son violoncelle avec elle, ainsi elles auraient pu jouer ensemble.
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Jeu 12 Juil - 11:50

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Je ne comprenais pas la façon d’être des américains. Ici, j’avais l’impression d’être la dernière des tarées. Tant de grossièreté, tant de non-respect des autres. A croire que vivre en Angleterre était l’inverse de la vie ici. Tout me paraissait plus compliqué, comme un obstacle à franchir à chaque pas que je pouvais faire, l’impression d’avoir des poids aux pieds qui vous retiennent au sol sans que vous puissiez vous en défaire. Je refuse de devenir comme eux pourtant il faudrait que je m’adapte, que je sache être comme eux. Je ne veux pas pour autant perdre ce que j’ai toujours eu, loin de là, juste le mettre en sourdine et … Me lâcher un peu plus. Qui sait, les gens viendront peut-être plus facilement vers moi si ils voient que je suis comme eux, que je ne suis pas un extraterrestre. La solitude est surement la pire des choses qu’il pouvait m’arriver. Après tout, j’étais venue avec un seul but, le reste j’en ai toujours eu strictement rien à faire. Me voilà devant le fait accomplie, avec ses conséquences. Je ne suis peut-être pas si seule que ça, pourtant c’est l’impression que j’ai. Seule avec mes espérances. D’autant plus que mon frère ne semble pas perturbé plus que ça de mon arrivée. Et puis tant pis, je vis ma vie, pas la sienne. Je serre doucement ma guitare contre moi. Heureusement que je l’ai, en plus des cours. Sinon, je passerais mon temps à déprimer de n’avoir rien à faire. L’équitation me manquerait presque. Ce sport fascinant avec cette prof particulière qui ne fait que me crier dessus. J’esquisse un léger sourire en repensant à elle. Si il y a bien une chose qui ne me manque absolument pas, c’est bien elle. Ses façons de vieille fille ne me plaisaient pas, mais pas du tout. Ravie d’être loin d’elle tiens. « En Angleterre ? Vraiment ? J’y ai vécu une année ! A Manchester, tu connais ? Et tu étais où toi ? Pas trop dur le changement ? » Je souris pleinement. Un peu de conversation avec une inconnue ne me faisait pas de mal. D’autant plus que je la trouvais fort mignonne. Elle était vraiment adorable. Une future amie ? Qui sait. Ça ne me ferait pas de mal d’avoir quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui s’intéresse à moi. Je n’avais pas vu de personne aussi curieux depuis longtemps, mais ça ne me dérangeait pas. Les gens étaient tellement coincés ici. On ne parle certainement pas à un inconnu dans la rue. Sait-on jamais, il pourrait être notre futur mari et nous n’en avons aucunes idées puisque ce n’est pas dans la rue qu’on rencontre des gens. Et c’est les anglais les coincés ? Société de mes deux qui fait que personne ne parle à personne. « Oui, vraiment. Et je connais Manchester oui, mais je viens de York. Le changement ? –Je ris légèrement- Très dur, je n’arrive pas à me faire aux habitudes des américains, c’est fou. » Je pose mes yeux sur elle et je l’observe quelques secondes. Elle est trop mignonne. Loin de toutes ses nanas anorexiques qu’on peut voir partout autour de nous. Au fond, je commençais à bien l’aimer. J’avais beau ne pas la connaitre, je l’appréciais déjà. C’est souvent comme ça, le premier abord, le meilleur. « Dis, tu ne veux pas encore jouer ? » Sa voix se fait suppliante ce qui me fais sourire. Personne ne m’a jamais demandé de jouer. Enfin, je n’avais jamais encore joué pour quelqu’un en particulier. Je jouais toujours pour moi, sans public, sans rien, juste pour mon propre plaisir. Je souris et me met à jouer une balade que Mère m’avait chanté quand j’étais petite, pour m’endormir. Je ne me souvenais pas des paroles, je me contentais de la jouée. « Bien sûr » Je me concentre à nouveau sur mes mouvements, oubliant tout le reste, même sa présence.
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Ven 3 Aoû - 14:58

La jeune blonde n’était pas dans ce pays depuis longtemps et dire que le changement avait été dur serait un doux euphémisme. Bien qu’elle ne s’en rendait pas réellement compte, elle avait beaucoup de mal à s’accoutumer à son nouveau lieu de vie. Peut-être n’était-ce pas cela exactement. Sans aucun doute. Lillas était un diamant brut dont les personnes qui avaient dernièrement croisé son chemin, n’avaient qu’une envie la façonner à l’image de la société à laquelle elle appartenait désormais. Vous savez, l’on accepte difficilement les gens complètement libre comme l’était cette tête de linotte. Ils nous rappellent bien trop notre propre emprisonnement, notre propre dépendance à des choses inutiles dont l’on nous avait convaincu qu’elles étaient nécessaires. Azaria ne voulait pas entrer dans le moule. Je doutais qu’elle le puisse d’ailleurs même si elle le désirait. Je ne le répéterais jamais assez mais Lillas était un enfant sauvage que l’on aurait violemment retiré de sa jungle pour l’abandonner au milieu de cette immense ville qu’était San Francisco. Elle se retrouvait sans repaire. Sans personne vers qui se tourner. Seule. Remarque, il en fut toujours ainsi. Inexorablement seule. Peut-être était-ce son sort se répétait-elle souvent lorsque la déprime venait frapper à sa porte. Elle n’aurait pas dû s’en sortir vivante de cet accident de voiture car maintenant sa vie ne rimait à rien. C’était le cas de le dire. Enfin ceci était son avis et elle devait sans cesse combattre cette envie d’y mettre fin.

« Oui, vraiment. Et je connais Manchester oui, mais je viens de York. Le changement ? Très dur, je n’arrive pas à me faire aux habitudes des américains, c’est fou. »

Lillas sourit. Elle n’était pas la seule qui avait du mal à ce nouveau mode de vie. Enfin quelqu’un susceptible de la comprendre. Enfin quelqu’un à qui elle pourrait éventuellement parler sincèrement des angoisses qui venaient lui dévorer les entrailles la nuit. Pour une femme-enfant au cerveau complètement détraqué de son calibre, c’était un véritable enfer que de côtoyer toutes ces inquiétudes sans sombrer une nouvelle fois dans sa maladie. Ce qui n’était pas une mince affaire. De plus l’activité qu’elle pratiquait et les compétitions que cela impliquaient ne tarderont pas à avoir raison de sa santé mentale, car oui, la jeune fille réagissait mal au stresse. Néanmoins le patinage artistique lui permettait aussi d’aller mieux. Drôle de combinaison, je ne vous le cache pas. C’était tout simplement Azaria. Jour et nuit cohabitaient en elle. Puis son esprit devint blanc. Bailee avait recommencé à jouer, pour le plus grand bonheur de la blonde. Elle ferma instinctivement les yeux et se laissa bercer par la douce mélodie qui prenait plus d’ampleur à chaque fois. Belle. Douce. Profonde. Avec un brin de nostalgie. Nostalgie qui étreignit violemment le cœur de la jeune Azaria. Ce sentiment ne lui était pas étranger, bien au contraire. Cela renvoyait quelques années en arrière, en compagnie de sa nourrice qui avait très vite pris la place de sa mère à la mort de cette dernière. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait, n’arrivait pas de mots sur ce qu’elle ressentait mais elle ne se sentait pas bien. Triste. Ce n’était pas exactement ça. C’était un genre de tristesse réconfortante. Je ne saurais l’expliquer moi-même. « Les souvenirs, c'est quelque chose qui vous réchauffe de l'intérieur et qui vous déchire violemment le cœur en même temps » est sans aucun doute la citation qui décrirait parfaitement son état d’esprit actuel.

« C’est beau !»

Elle se laissa tomber dos contre l’herbe, les yeux toujours clos. Elle aurait pu passer l’après-midi à l’écouter que cela ne l’aurait pas dérangé. Pour la première fois depuis un moment, elle ressentait quelque chose. Quelque chose de vrai. Quelque chose de profond. Quelque chose de spontané.

« Tu n'as jamais pensé à devenir musicienne ?»
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