Je remonte mes bas transparents. Je regarde au passage autour de moi. Cette chambre d'hôtel est grande, mon père fait toujours tout dans la démesure, je ne sais pas pourquoi il a tant besoin d'exister, et par l'argent en plus. Si moi je suis aussi riche que lui, j'évite de le montrer, lui exhibe tout. Ce soir va encore être une soirée comme il en a le secret, il adore ça. Et cet hôtel c'est son hôtel. Je remet ma robe rouge, le rouge c'est la passion, la passion c'est le tango, le tango c'est ma spécialité. Je passe un peu de laque de ma coiffure et je déverrouille la salle de bain. Je retrouve Eliott qui se prépare. Je le regarde faire un instant avant de chercher dans mon sac une clope. Je l'allume, je sais que c'est interdit mais ici c'est un peu chez moi. C'est à mon père et je stresse. Pourquoi ? Parce ce soir c'est un bal masqué. Je regarde mon masque dans ma petite valise ou j'ai mis toutes mes petites affaires pour cette soirée. Je regarde mon ami, ou plutôt petit ami, ce soir c'est que nous faisons croire, même à mon père. La situation est assez compliquée comme ça.
- T'es pas mal en costume en faite ! j'adhère assez !
Je prend mes chaussures, elles sont simple et noires, enfaite parfaites pour danser, parce que je connais mon père et si je ne fais pas un petit show, ou si je ne fais pas honneur à la superbe danseuse qu'il me donne comme réputation, il râlera. C'est pour ça que j'ai préparé Eliott.. - Bon on va devoir descendre mon très cher petit ami. Tu es prêt ?
Je saisis nos masques et je me place derrière lui pour lui attacher le sien, puis il me met le mien. Le mieux appartenait à ma mère, il ne va pas avec ma robe mais j'en ai rien à faire, il est violet et vient de Venise, mon père l'a offert à ma mère lors de leur voyage de noce. Je met ensuite mes chaussures et je tourne sur moi même.
Will m’avait invité à venir dans la suite qu’elle possédait dans l’hôtel de son père, et je m’y dirigeais sans grande envie en considérant la soirée de ce soir. Cela allait être terrible, je le sentais. Rien qu’à l’idée d’être confrontée non pas seulement à Charlotte, mais à Charlotte et Elia me donnait la simple envie de faire demi-tour. Je n’avais pas envie de me mêler à eux, je ne voulais pas les voir, je voulais les oublier, les rayer de ma vie, et oublier toute la souffrance que j’avais pu ressentir et que je ressentais toujours suite à ma rupture avec celle que je considérais comme la femme de ma vie.
Enfermé dans la salle de bain, le loquet ouvert car il n’y avait jusque-là rien d’intime à dissimuler ni même quelque chose de gênant, j’ajustais le costume cravate que je portais. J’en avais porté de multiples fois, ce n’était pas comme si ce genre de soirées m’était réellement inconnu, je m’y reconnaissais même. Cela faisait depuis belle lurette que je n’avais pas côtoyé ce milieu mondain, et dans un sens j’avais toujours la même curiosité que dans mon enfance avant de m’en aller dîner dans de si beaux lieux et si nobles personnes. C’était toujours très particulier, mais j’aimais m’y glisser et fouiner. Lorsqu’on est enfant et plutôt sage, il ne vient pas forcément à l’esprit de vos parents dans de tels moments de surveiller vos faits et gestes. Alors je m’éclipsais, me glissais sur les tables. Bien évidemment je ne pouvais plus le faire désormais, mais je tendrais volontiers l’oreille pour me glisser dans des discussions croustillantes. Malheureusement, je craignais que ce plan tombe aisément à l’eau, devant me concentrer sur des objectifs très différents. Ce soir, c’était une occasion en or pour déstabiliser le jeune couple. J’allais impressionner Elia avec mes pas de danse, lui qui se moquait tant de moi et prenait un malin plaisir à me rabaisser, du moins j’allais faire de mon mieux. Ma partenaire sera d’une grande aide, étant excellente en danse. Et nous ferions tout pour les rendre jaloux au maximum. Elle se glissa dans la salle de bain, montrant sa jolie robe rouge et ses cheveux tressés d’une manière divine. Je la complimentais, sans aucune hypocrisie, et glissais une petite remarque. « Comment tu as pu tresser tes cheveux comme ça ? C’est impossible à faire. » dis-je en ricanant doucement pendant que je l’aidais à attacher son masque. Elle m’aida à attacher le mien, que j’aimais tant par sa finesse, et nous étions fin prêts à assister au diner, malgré ma nervosité grandissante.
J’avais du mal à réaliser ce que j’étais sure le point de faire : aller à un bal. Aller au bal du père de la fille à qui j’avais « volé » le fiancé… J’étais mal à l’aise. Pas par rapport à Will, depuis qu’elle avait recouché avec Elia, je n’avais plus aucune considération pour elle ; mais par rapport à la situation en générale. Je n’étais pas habituée à ses soirées mondaines et je n’étais pas habituée à sortir avec un autre qu’Eliott. Savoir que j’allais passer la soirée dans la même pièce que lui et sa nouvelle copine… Ca me faisait peur. C’était égoïste, mais je n’étais pas prête à voir Eliott avec une autre fille que moi… Même si j’étais avec Elia. J’étais en train de mettre ma robe, me préparer à aller à un bal masqué, ce n’était tellement pas moi. Mais depuis notre dispute de mercredi, je ne voulais plus quitter Elia. J’avais eu tellement peur. Peur qu’il me quitte, peur qu’il ne revienne pas, peur d’être toute seule, peur d’être sans lui. Eliott s’était tellement acharné sur moi, je ne l’avais jamais vu aussi méchant, que je n’avais plus aucune envie de le voir ni de lui parler. J’avais essayé de faire en sorte que notre rupture se passe bien, mais c’était impossible. Je ne voulais plus avoir à m’inquiéter pour lui. Je devais faire en sorte que mon couple avec Elia marche, parce que je n’avais pas fait tout ça pour rien. J’avais, sans remords, promis à Elia de ne plus parler avec Eliott, parce que de toute façon, j’en avais plus envie… Je fermais la fermeture de ma robe et retournais vers Elia dans la chambre. Je tournais sur moi-même. « Je suis jolie ? » Je regardais Elia dans son costume, en souriant. « T’es beau. » Je m’approchais de lui pour l’embrasser. Il me fallait du courage pour affronter cette soirée. Je savais d’avance qu’elle n’allait pas se dérouler sous dans les conditions excellentes. Je pris la main d’Elia. Prête à partir et affronter le nouveau couple Eliott et Willa.
La douleur que ressent un coeur brisé est la plus exquise, tu l'as goûté mainte et mainte fois sans jamais la ressentir.. Jusqu'à maintenant. Tu n'aurais jamais pensé qu'elle t'effleurerait aussi fortement : la confusion des sens, que faire ou ne pas faire, que dire ou ne pas dire, pardonner ou partir, écouter son amour propre ou celui pour l'autre... Cependant, on ne te laisse pas le choix face à la souffrance, elle s'abat sans distinction aucune et ravage le bonheur trop éphémère. Le remord te paraissait être la pire des choses ? Tu découvres que la blessure que Charlotte vient de te porter est mille fois pire. Le gout amère qu'elle te laisse en bouche t'horrifie et tu ne cesses de te laver les dents à la recherche d'un échappatoire, quelque chose qui renverserait la donne. Lui rendre son coup ? A quoi bon, la voir pleurer à suffit à éteindre la colère que tu avais contre elle, ne laissant derrière que le sillon d'une peine jamais ressenti par toi. Elia.. la douleur sourde pointe dans ton crâne alors que tu perds patience avec ton noeud de papillon. Tu as l'habitude de les faire depuis toujours, mais tes mains tremblent. Est-ce de la peur face à ce soir ? De la tristesse face à Charlotte ? Ou de la colère contre Will et Eliott ? Ou les trois mélangés ? Peu importe, tu dois te maitriser et garder ton sang froid. Si Will décide de refaire sa vie avec... Eliott, tu sais que tu vas devoir faire preuve de respect. L'envie ne te manque pas de lui coller ton poing dans la gueule, mais peu importe, les apparences avant les histoires privées. Enfin, le noeud te semble parfait et tu te regardes entièrement vêtu dans le miroir de la chambre. Il te renvoie l'image d'un homme en costume noir et bleu roi neuf. Toi tu sais qu'il est assorti et a acheté avec la robe de Charlotte à Paris, lors de votre aventure française. Aucune note déplaisante ne sonnait alors à ton oreille, mais ce n'est plus le cas. Tu grimaces légèrement en époussetant le gilet bleuté. « Magnifique. » Le souvenir de mercredi assombrit ton regard alors que tu te tournes vers elle. Le bleu de sa robe met en avant celui de ses yeux, soulignant la teinte marmoréenne de sa peau et la noirceur de ses cheveux. Pendant un instant tu es époustouflé par sa beauté, par la fierté qui t'empli en pensant qu'elle est tienne.. « Merci.. Pas trop angoissée de revoir ton valeureux... Eliott ? » Tu la serres fort contre toi, désirant oublier toutes les complications apportées à votre avenir commun. L'oublie pourtant ne vient que lorsque ses lèvres touchent les tiennes, dans un dernier sursaut de courage. « Ca va aller. On est parfait. »
Je fais un noeud avec le ruban du masque d'Eliott. Il fait de même. Je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Je ne vois rien de beau, rien de bien. Je me trouva laide, égoïste, et sans vie. J'ai beau essayer de faire croire l'inverse j'ai peur que la mort m'habite. Je sens un violent coup dans ma tête, je fronce les sourcils. Ma maladie me rappelle qu'elle existe qu'elle est toujours là et me faut de quoi la soulager. Eliott me compliment et je lui répond par un sourire d'abord. Puis je me reprend.
- Le talent mon cher le talent ! - je lui fais un clin d'oeil sous mon masque. Non mais rien de compliqué deux tresses et des pinces, ça fait son petit effet.
Je me retourne vers lui avec un demi sourire, ce soir la Will détruite n'est pas, juste celle qui veut se venger de l'homme qui l'a fait souffrir. Eliott a raison, je ne dois pas craquer, je ne dois plus craquer, je ne veux pas être une fille stupide, je ne veux pas qu'on me prenne pour la méchante, dans l'histoire ce n'est pas moi, je ne me suis pas permise d'aller piquer le fiancé d'une personne. Je ne m'appelle pas Charlotte. Bref. - Bon il est temps de descendre, la soirée doit commencer.
Je le prend par la main, ce soir il est mon nouveau petit ami, mon père est au courant de la supercherie, je dis tout à mon père et je ne sais pas lui mentir, c'est la seule personne qui me connait par coeur, et à mon avis Elia devrait se tenir assez loin de lui. Mon père a beau être très ouvert d'esprit il me voyait déjà marié à lui. Nous descendons dans la salle de réception, nous croisons un tas d'invités, tous triés sur le volet. La salle est splendide, elle ressemble à une pièce que l'on pourrait trouver dans un château français. La décoration est pleine de finesse et tout à l'image de mon père. Sur toute la largeur on trouve un immense buffet, il y a des tables tout autour et au milieu un grande piste de danse. Mon père adore la danse, et il adore me voir danser, je sais qu'il attend un prestation de moi ce soir, c'est pourquoi j'ai préparé Eliott la veille, qui se débrouille vraiment bien finalement ! Je me stop devant l'entrée, arrêtant Eliott au passage. Je déglutis, je ne sais pas si je suis prête à voir Elia dans les bras de cette fille.. Je suppose qu'il le faut, avec un peu de chance je ne le reconnaitrais pas avec son masque..
- C'est parti..
Je reprend la main d'Eliott pour finir par lui prendre le bras, ce soir c'était notre spectacle, nous étions deux tourtereaux.. à nous de jouer.. soyons convainquant.
J’observe Will, je vois que l’humeur n’est pas au beau fixe. Le ciel n’est pas d’un parfait bleu, d’étranges nuages orageux s’y placent et semblent ne pas vouloir en bouger. Je ne savais pas réellement ce que pensais Will, je ne savais pas si elle ressentait la même angoisse à moi vis-à-vis d’Elia et de Charlotte. Je sentais que les voir en face de moi, en train de danser, de s’embrasser, me rendrait dingue. Dingue de colère ou même dingue de désespoir, je ne savais pas réellement. En connaissant Will, je savais qu’elle ressentirait la même sensation mais ne l’exprimerait certainement pas de la même manière. Ce soir je sentais que tout un tas d’enjeux différents seraient à l’honneur. Mon angoisse était à leur hauteur. J’étais pétrifié, mais j’essayais de paraitre le plus détendu possible. Peur de faire un faux pas pendant la danse et me ridiculiser, peur de ne pas jouer assez bien la comédie avec ma prétendue copine, peur de mal réagir face au nouveau couple. Peur de tout un tas de choses. A ces pensées, surtout la dernière à vrai dire, je sentais mes poings se contracter. Je soupirais brièvement mais bruyamment et espérais garder mon sang-froid ce soir.
Will lança quelques plaisanteries, répondant à ma curiosité, et me fit un demi-sourire, comme pour me rassurer. Je pensais qu’elle essayait davantage de se rassurer elle-même. Je lui rendais ce sourire, plus vivace, et marchais à ses côtés vers le rez de chaussée, main dans la main. Ce soir nous allions former un nouveau couple, un faux couple, et nous ferions tout pour le rendre le plus crédible possible. Le père de Will était dans la combine, ce qui me rassurait en un sens. Je n’aurais pas aimé mentir à son père. Moi qui reprochais à Charlotte de mentir, j’avais bonne mine avec mes principes. Mais il fallait dire que mes raisons étaient fondées et qu’elle m’avait bien cherché. Elle le méritait, tout autant qu’Elia. La décoration était magnifique, et les invités semblaient être à leur aise. L’ambiance me rassurait légèrement, et c’est en me rendant compte du nombre de personnes présentes que la pression augmentait davantage. Aucun faux pas n’est autorisé. Will et moi nous arrêtâmes ensemble avant d’entrer. Je lui souriais et hochais la tête comme pour approuver ses paroles. Mon humeur n’était pas à la fête, ni même à sourire, mais le principal ce soir était de jouer et de convaincre. J’affichais donc un sourire amical et heureux, rempli d’hypocrisie, et m’avançais vigoureusement, Will à mon bras.
Je faisais le maximum d'efforts. Pour Elia. Je lui avais promis dès le début de l'accompagner à ce bal. Il savait que ce n'était pas ma tasse de thé et que je faisais vraiment ça pour lui. Le fait de savoir que cette soirée étai organisé par le père de son ex fiancée ne faisait qu'augmenter mon stress. Je n'avais pas envie de me retrouver face au père de celle à qui j'avais arraché le copain. On avait beau me dire que le fautif dans cette histoire c'était Elia pour m'avoir manipulé jusqu'à me faire rompre avec Eliott, je savais que j'avais mes parts - importantes - de responsabilités dans tout ça. Si j'avais résisté, cette soirée n'aurait jamais existé ; du moins pour Eliott et pour moi. « Merci.. Pas trop angoissée de revoir ton valeureux... Eliott ? » Je ne répondis même pas. Entre nous il fallait toujours à tout prix éviter de parler de mon ancienne relation. C'était une de nos faiblesses à tous les deux, de part sa jalousie envers lui et de part mon attachement toujours très présent envers Eliott. « Ca va aller. On est parfait. » Je hochais la tête et le serrais dans mes bras en fermant les yeux. « Je sais. » Nous nous rendions rapidement au lieu de rendez-vous, avant de passer la porte, un dernier élan de stress m'envahit. Elia poussa la porte et nous rentrions dans l'arène. Je regardais autour de moi, la décoration était superbe, je n'avais jamais rien vu de pareil, à tel point que je retrouvais mes yeux d'enfant en regardant partout. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Il y avait beaucoup de monde, si bien que j'agrippais rapidement la main d'Elia pour la nouer à la mienne. Dans un coin je repérais, masqué, Eliott, que j'aurais reconnu n'importe où. C'était la première fois que je le revoyais depuis notre rupture et avec une autre fille que moi. Ça me donnait envie de vomir. Je détournais vivement le regard, et m'approchais de l'oreille d'Elia, en souriant. « Merci de m'avoir amené ici ! »
L'arène qui te paraissait si effrayante à l'appartement, te semble maintenant ridiculement familière. Le doux picotement d'excitation face à la foule parcoure tes membres alors que tu rentres dans la salle. La salle mériterait l'appellation d'oeuvre d'art : le plafond doré avait été restauré depuis ta dernière visite, des tapisseries françaises, couvertes de fleurs de lys, avait été drapé au mur tandis qu'un parquet neuf avait été installépour la piste de danse. L'ensemble dévoilait l'âme du père de Will avec délice, le décorateur était un véritable dieu. La pièce dégageait une sensation de royauté, de beauté... un instant de volupté tout droit sorti d'une romance parisienne à l'époque de roi. Les sculptures postées çà et là étaient d'une simplicité trompeuse, ton regard furetait partout à la recherche des moindres détails. Ce ravissement pour l'art te fait quelque peu oublié Will et Eliott, ravivant ta passion pour l'art. Derrière ton masque, tu sembles tout autre, retrouvant les principes inculqués par ton père. La main de Charlotte dans la tienne te parait plus fragile ,et tu la prends avec plus de douceur laissant tes tendres sentiments s'exprimer avec plus de faveur lorsque sa peau touche la tienne. Ses yeux bleus sont pétillants de beauté alors qu'elle découvre à son tour la salle et c'est avec fierté que tu t'avances avec elle parmi les invités sans même prendre la peine de repérer Will. La douleur qui regorge ton coeur n'est là que par sa faute, qu'elle fasse ce qui lui plait avec qui elle le souhaite, tu t'en moques, tu veux t'en moquer. « C'est un plaisir amour, souhaits-tu voir mes parents maintenant ? Boire quelque chose ? Manger quelque chose ? Danser ? » Tu lui embrasses chastement la joue, humant son odeur avec joie. Elle est à toi malgré l'attachement qu'elle peut avoir pour Eliott. Rien qu'à toi et Will peut aller se faire foutre. Ce que tu as gagné là est beaucoup plus précieux qu'elle... enfin tu le penses.. peut-être pas... Tu... Te reprendre en main, maintenant, tu dois te reprendre en main pour ne rien laisser paraitre du trouble qui t'habite. Seule Charlotte a de l'importance, enfin.. c'est l'idée que tu as lorsque ton regard croise celui de Will.
Nous sommes devons l'entrer. Je serre la main d'Eliott. Les gens entrent, ils dansent. La fête à déjà commencé en quelque sorte et elle ne fait que commencer. Je sillonne les visages, je ne suis pas sûre de réellement vouloir voir ou reconnaître Elia, je stresse déjà assez, je ne suis pas sûre que cela soit une très bonne idée. Je me demande ce qu'il fera. Non je ne me demande pas, il me provoquera, me blessera.. c'est toujours ce qu'il a fait. Je souffle un coup puis finalement on avance.
Un sourire se fige sur nos visage, n'oublions pas nous sommes fous amoureux, nous sommes jeunes, beaux. Les gens doivent y croire. Ils doivent y croire, nous savons que nous avons peut de chances de les récupérer. Mais si ils peuvent avoir de la peine, être blessé, je crois que c'est ce que nous désirons. Je cherche mon père. Je connais son masque par coeur, il va avec le mieux. Il à juste une couleur plus foncé. Noir, grisâtre avec un costume plutôt assortie, une belle homme vraiment, ma belle mère Jean, que je considère comme ma mère, est adorable dans sa petite robe chinoise. Son masque est très beau..Ils sont bien sur au courant. Ils savent que Eliott et moi on est là pour une vengeance et que nous ne formons pas vraiment un couple. Mon père me fait rapidement comprendre ce qu'il veut. Une chorégraphie. Eliott est entrainé, pendant une semaine presque, nous sommes le moment.. M ? Je me retourne et je croise un regard que je détourne aussitôt, je suis presque sûre que c'est lui. Je l'ignore, la meilleure des choses à faire. Je déglutis avant de me reprendre, j'esquive un sourire à mes proches, puis nous décidons d'y aller. Mon père va demander à la personne qui s'occupe de la musique de préparer la notre. Je quitte Eliott pour les besoins de notre danse, un tango. C'est ce que mon père préfère et ce que nous danserons ce soir, j'ai appris les pas à mon ami. Au milieu de la foule nous prenons plus. Les valses s'arrêtent d'un coup. Je souris à mon partenaire, je stresse. Mon coeur bat plus fort, au rythme de ma musique.
J'avance.. vers lui. Toute la grâce que j'ai en moi ressort. Le tango. La danse de la passion, il faut que cette danse fasse ressentir un tas de choses, l'amour, la sensualité, la force, la passion. Je sens Eliott nerveux. Je me dois de l'aider, je lui dis quelques indications à voix basses pour éviter les erreurs là ou il avait du mal, mais il s'en sort parfaitement. Nous enchaînons les pas,les tours, les portés, les sautes.. fentes.. glissades.. jeux de jambes. Tout cela avec agilité et sensualité. Je ne note pas de faux pas. Je regarde le public qui forme un cercle autour de nous. Je repère mon père un sourire aux lèvres, qui semble ravie, je lui rappelle sa jeunesse avec ma mère, qui était une très bonne danseuse. Je joue avec Eliott.. le jeu de la danse, une séduction.. lui aussi.. nous ne faisons pas les choses à moitié. Je frôle certaines personnes du public. Et la dernière note, le dernier porté arrive.. pose de fin. Nous avons terminé. Dans la continuité je me redresse, juste pour le jeu, sans arrières pensées je crois, j'embrasse légèrement Eliott, un frolage de lèvre simplement. Puis j'entends les applaudissements, j'étais tellement dans ma bulle que j'en sursaute presque.
- Tu m'as épaté ! je dis cela à Eliott, car c'est lui a qui géré ce soir, moi je n'ai pas de mérité, j'apprends la danse depuis toute petite, lui en une semaine.. chapeau. Je crois qu'on a fait sensation !
Je souris sincèrement cette fois le stresse descend quelque peu. J'enlace Eliott fière de nous. Avant que le foule ne reprenne ses droits sur la piste.
Nous rentrons dans la salle, je me sens à l’aise. J’ai toujours été à l’aise de ce milieu, tant que je gardais un minimum de discrétion. L’idée du bal masqué pour la soirée ne pouvait alors que tomber bien. Cela n’empêchait pas de ne pas être reconnu lorsque les personnes qui vous scrutaient vous connaissaient d’ores et déjà, mais cela me procurait une sensation de sécurité. Je me sentais caché, je gardais une part de confidentialité. Bien sûr, cela n’autorisait pas les gens à déraper sous prétexte que personne ne nous connaît, mais je me sentais bien. Du moins jusqu’au moment où j’aperçus Charlotte au bras d’Elia. Vêtue d’une sublime robe qui me semblait bleue, malgré les éclairages et les invités s’interposant entre nous, je la reconnaissais malgré son masque. Je crois que j’aurais pu la reconnaître parmi mille. Mon cœur fit d’énormes bonds, et je sentais mes joues se colorer à vive allure. Je tournais la tête, cherchant un appui sur Will, qui elle ne semblait pas encore porter son attention sur eux. Peut-être même ne les avait-elle pas encore remarqués. Quoi qu’il en soit, je devais rayer Charlotte de ma vie, et cela commençait par l’ignorer au maximum ce soir, dans les limites de la politesse bien entendu. J’essaie de sourire, de paraître radieux. Tout cela se passe de manière plutôt hypocrite quand on y songe. Je sens que Will cherche quelqu’un, et je me doute qu’il s’agit de son père. Je le sais au courant de la supercherie, mais je ne peux m’empêcher d’angoisser à l’idée de le décevoir, lui mais aussi Will. Je rencontre sa mère, son père, et les saluais promptement. Je n’ai pas même le temps de faire connaissance que Will m’entraîne sur la piste de danse. La pression était redescendue lorsque j’avais été face à M. Callagher, pourtant à ce moment précis je me sentais si angoissé que j’identifiais et classais ce moment comme un des plus angoissants de ma vie. Je tiens la main de Will qui m’entraîne, et je regarde où se dirige le père de Will. Mettre la musique en route, évidemment. Nous nous plaçons au milieu de la foule, rien de mieux pour attirer l’attention après tout, et ainsi faisons s’arrêter les danses des autres pour être observés. Je ne sais réellement si je suis prêt, je ne danse que depuis une semaine avec l’aide de Will, et là j’allais danser devant une masse énorme de personnes, trop énorme à mes yeux. Je stressais, je sentais une panique m’envahir à l’intérieur, et je ne disais absolument rien à Will ni même à personne d’autre, ce qui aurait pu trahir mon stress. La musique démarre, en un geste j’attrape ma partenaire et danse un magnifique tango. Je ne fais aucune faute, du moins je n’en ai pas l’impression. Je mets mon stress de côté et donne le meilleur de moi-même pour épater la foule, les parents de Will, et le nouveau couple. A la fin de la danse, Will me félicite, et je ne lui réponds que par un simple sourire en biais, encore tremblant. Elle m’enlace, je ne la repousse pas et la serre contre moi avant de lui voler un baiser furtif.
Il fallait que je me fonde dans la masse, autant que possible. J’avais toujours réussi à le faire à Paris, à cette époque où j’épurais les soirées mondaines dans lesquelles je n’avais pas ma place initiale. Mais j’avais toujours réussi à faire croire que j’étais « des leurs ». Je devais faire exactement la même chose ce soir. Mais le fait de savoir qu’Eliott était là, à quelques mètres de moi, rendais mon assurance plus incertaine et mon souffle moins régulier. Je reportais donc mon attention sur Elia, oubliant Eliott et Willa autant que je le pouvais. « C'est un plaisir amour, souhaits-tu voir mes parents maintenant ? Boire quelque chose ? Manger quelque chose ? Danser ? » Je fixais Elia avec attention. Rencontrer ses parents ? Hm… Je savais qu’Elia avait tenté de me rassurer mille fois à cette idée, mais rencontrer ses parents me terrifiait. Je n’avais jamais rencontré les parents d’Eliott ; j’avais rencontré le père de Léo et j’avais fini par coucher avec lui. Non, vraiment je n’étais pas habituée à tout ça. Même si je savais que ce moment arriverait, je pouvais le retarder. « Hm… je veux bien boire un verre d’abord. » souriais-je. Je serrais toujours sa main dans la mienne comme une sécurité. Soudain, la lumière changea et un tango commença à résonner dans la pièce. Deux personne investir le centre de la pièce et commencèrent à danser. Je mis quelques secondes avant de reconnaitre Eliott et Willa. Oh… Ils dansaient les deux, parfaitement coordonnés et impeccables… Je n’avais jamais vu Eliott comme ça, je ne savais même pas qu’il dansait aussi bien. J’étais incapable de décrocher mes yeux d’eux. Je les regardais traverser la pièce, tourner, faire leurs portés… J’étais malade de jalousie, je le savais très bien. Je ne supportais pas de le voir avec elle. Mais je le cachais bien, impossible pour moi de laisser ça paraitre, devant Elia, il ne méritait pas subir ma jalousie envers un autre que lui. La danse se termina et comme tout le monde, j’applaudis en souriant. J’allais tourner la tête vers Elia quand je vis les lèvres d’Eliott se poser sur celle de Willa. Mes jambes ne me supportaient alors plus. Je me tournais vers Elia. « On va boire un verre alors ? » L’air de rien. Malheureusement pour moi, je n’avais pas évalué la situation, et le bar se trouvait derrière Eliott et Willa. Serrant la main d’Elia, je me frayais un passage entre les invités pour atteindre le bar.
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