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Anonymous
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Ven 27 Juil - 17:02

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JULIAN & RUSLANA
J’attrapais mon portable qui sonnait. Un nouveau message. 23:45, Bayview. J e regardais l’heure, il était déjà 23 heures. Ces clients qui décidaient au dernier moment qu’ils leur fallaient de la drogue… Je sautais dans mon short et laissais tomber un débardeur gris sur mes épaules. Je chargeais deux sachets de drogues dans les poches de mon short et roulais un joint avant de quitter l’appartement.
Ça me faisait de moins en moins bizarre de sortir de chez moi. Après mon histoire avec William, je m’étais renfermée sur moi-même incapable d’affronter l’extérieur. J’étais hantée par les images de cette fameuse nuit, je revoyais le corps, le sang, la blessure de William… J’avais toujours vécu dans un contexte difficile, mais ça avait été plus que je pouvais supporter.
J’avais donc passé plusieurs jours enfermée chez moi, à ne voir personne, mais j’avais pris sur moi, j’avais repris le cours de ma vie, et puis j’étais obligée de sortir, je devais bosser…
Je marchais doucement jusqu’à Bayveiw, la nuit était tombée mais la chaleur restait écrasante. Arrivée au point de rendez-vous, j’allumais une cigarette en attendant mon client. Un homme se pointa dix minutes plus tard. Il s’approchait de moi, j’écrasais le mégot de ma cigarette sur le bitume… Je tendais la main. « Ca fera 50 dollars. » Il se frotta la nuque gêné. Je fronçais les sourcils. « J’ai pas l’argent… C’est possible d’avoir une avance ? » Même pas en rêve connard. Je secouais vivement la tête. « Pas argent, pas de dope. » Je fourrais mes mains dans mes poches et commençais à m’éloigner. L’inconnu m’attrapa le bras et m’attira en arrière avec lui. Je lâchais un grognement. Il me colla contre un mur, appuyant son avant-bras contre ma gorge, ça m’empêchait de respirer. Je fermais les yeux. Merde. « Donne-moi la drogue ! » murmura-t-il a mon oreille. « Crève, connard. » soufflais-je. Il appuya un peu plus son avant-bras, me soulevant un peu du sol par la même occasion. J’avais la tête qui commençait à tourner. Il relâcha soudain son bras. Surprise, je m’écroulais par terre. Je n’eus pas le temps de réaliser, qu’il m’attrapait les cheveux. « Si tu me la donne pas, tu vas crever, tu sais ça ? » Je ne disais rien et le laissait faire. Il me poussa la tête qui heurta le sol. Aïe ! Je portais ma main à mon front. Putain, je saignais. Sans que je n’aie le temps de me retourner, il commença à m’asséner de coups, son pied s’enfonçait à chaque fois plus fort dans mon ventre, me coupant la respiration à chaque nouvelle frappe. Je fermais les yeux, et essayais de crier, mais sans succès. Le mec attrapa mon visage. « Toujours pas décidée ? » Je le regardais d’un regard noir. « Très bien. » Il me jeta un coup de poing dans la joue, qui allait laisser une vilaine marque. Il me releva en me tenant fermement par le cou et me jeta contre le mur avant de partir.
Je m’effondrais par terre, quelques minutes le temps de reprendre mes esprits. Je commençais à prendre conscience des coups et avoir mal partout. Je sortais mon téléphone de ma poche, je fis défiler les contacts, jusqu’à trouver le nom de Julian. Je laissais sonner, une fois, deux fois… Réponds ! Julian décrocha. « Viens me chercher, Bayveiw. Pose pas de question. » Je raccrochais directement, avant d’avoir à donner des explications. Je remontais mes jambes contre mon ventre en grimaçant. Dépêche putain, viens me chercher… Je posais ma tête contre mes genoux, en attendant que Julian arrive.
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Anonymous
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Ven 27 Juil - 17:58

La facilité.

C’est à elle qu’on cède le plus souvent.

C’est tellement plus simple de fuir au lieu d’affronter ses problèmes.

Chacun a sa façon de contourner. Moi, j’avais la drogue. C’était mon seul moyen de survivre. C’était ma seule façon de m’évader. Ce n’était peut-être pas la meilleure des solutions mais, c’était la seule que j’avais à disposition. Je m’en contentais. J’essayais de m’en sortir sans y parvenir. C’était un cercle vicieux. Plus je tentais d’aller bien, plus je m’enfonçais. Je ne devais pas voir la volonté, je ne devais pas.

J’étais allongé sur mon lit. Ma tête était pleine. Je n’arrêtais pas de penser encore et encore. Je n’y arrivais pas. Je fermais les yeux. Dormir était ma seule façon de m’échapper, d’éviter de couler… et encore. Les cauchemars que je faisais me terrifiaient un peu plus à mesure que les nuits passaient. J’avais cette impression, l’impression que le temps jouait contre moi. Un jeu dont je ne connaissais pas les règles. Je devais les apprendre tout seul.

La mort hantait mes pensées, mes rêves et mes cauchemars. Ma vie, elle hantait ma vie sans jamais s’en lasser. Pas une seconde de répit. Pas une minute de silence. Je priais, je criais, je pleurais, j’espérais que tout ça n’était qu’un mauvais rêve. L’espoir fait vivre.
La facilité. Je m’y abandonnais. Et même rongé par les remords, je n’arrivais pas à en décrocher. Peut-être était-ce tout simplement mon destin ? Sans doute. Doucement, le sommeil commença à m’envahir. Mon cerveau ne commanda bientôt plus qu’un seul ordre : celui de respirer. Mon corps refusait de bouger. Comme si j’étais paralysé. Je ne rêvais pas. Je ne cauchemardais pas. C’était un sommeil léger, un sommeil qui ne tuerait pas. Pour une fois, j’allais bien.
Cet instant de bien être ne dura que quelques secondes. Mon portable vibra une fois. Deux fois. A la troisième fois, mes yeux se rouvrirent. Ma main attrapa mon iPhone et mes doigts appuyèrent sur décrocher.
    « Viens me chercher, Bayveiw. Ne pose pas de question. »

Je me redressais rapidement. Ruslana. Il était minuit passé. Que me voulait-elle ? Ca devait sans doute être important. Étrangement, pour elle, ça ne me dérangeait pas d’interrompre mon sommeil. Je soupirais et me levais. Heureusement, Eliott n’était pas encore rentré. Je me voyais mal lui dire que j’allais retrouver une… une amie dealeuse. Il valait mieux qu’il ne sache pas. Il en savait déjà trop. Je sautai dans mon jean et j’enfilais un tee-shirt propre et une veste. Je sortais de l’appartement, prenant soin de bien fermer à clef. J’ouvrais la portière de ma voiture pour aller à l’endroit indiqué par la jolie brune.

Le trajet n’était pas bien long. En dix minutes, j’étais arrivé. Je me garais rapidement je me mis à la recherche de mon… mon amie. Elle ne devait pas être loin. Ce quartier n’était pas rassurant et heureusement que j’étais courageux. Enfin, un peu. Je cherchais Ruslana du regard, parcourant la rue. Je n’étais pas rassuré. Le fait qu’elle m’appelle aussi tard. Elle était mystérieuse, certes mais, pas à ce point. Mon instinct me guida dans une ruelle plutôt étroite et sombre. Il ne me trompait jamais. Rapidement, j’aperçu une silhouette qui correspondait parfaitement à la personne que je cherchais. Elle était là, par terre, contre un mur et sans doute pas en très bon état. La chaleur était écrasante. Je m’approchais d’elle, rapidement. C’était elle, il n’y avait aucun doute là-dessus. Je pourrais reconnaître son visage entre mille même à la lueur d’un lampadaire dont l’ampoule commence à s’éteindre. Je m’accroupissais près d’elle, le visage inquiet.
    « Ruslana ? – Ma voix trahissait mon inquiétude. Je n’étais pas un méchant garçon. C’était sincère. – Qu’est-ce qui s’est passé ? Encore un accroc qui n’a pas voulu te payer ? » J’étais à la fois énervé et inquiet. J’étais peut-être mal placé pour dire ça mais… elle se tuait peu à peu avec ce fichu travail.

J’étais toujours à côté d’elle, j’examinais sa joue. Elle allait avoir un beau bleu. J’essayais de me calmer, de reprendre mes esprits, je ne voulais pas m’énerver. Non, je ne devais pas. Le manque de sommeil, l’inquiétude, le mal-être… tout ça en même temps, c’était trop pour moi. Sans m’en rendre compte, je caressais sa joue. Un moyen d’apaiser la douleur ou bien de me rassurer ? Aucune idée mais, cette situation me rendait bien trop… moi-même à mon goût et c’est ce que je voulais éviter. Je retirais ma main doucement et j’attendais ses explications.
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Sam 28 Juil - 15:37

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JULIAN & RUSLANA
A une époque, c’aurait été William que j’aurais appelé dans cette situation. Il fallait reconnaitre que je le voyais plus capable de me sortir de ce mauvais pas que Julian. Et puis je n’avais pas spécialement envie de devoir quelque chose à Julian. Mais c’était trop tard, c’était lui que j’avais appelé et pas mon ex. mais ça aurait été déplacé de ma part d’appeler William, je n’avais pas eu de nouvelles de lui depuis un moment… Depuis notre rupture en fait, et je ne me voyais pas lui demander de venir me chercher au milieu de la nuit, surtout s’il voyait dans l’état dans lequel j’étais.
J’étais là en train de faire le point sur mes états d’âmes le front posé sur mes genoux, à attendre que Julian arrive. J’aurais du être plus précise…
Je me disais que si ça se trouvait, il n’allait carrément pas venir et me laisser là. Est-ce qu’il serait capable de ça ? Après tout, il ne me devait rien, j’avais été froide avec lui et rien ne l’obligeait à venir chercher une dealeuse dans un quartier pourri en pleine nuit… Je soupirais.
J’entendis soudain un bruit de pas. « Ruslana ? » C’était lui. je relevais la tête et je vis Julian apparaitre. J’essayais de lui sourire, autant le rassurer un peu. Julian s’accroupit à coté de moi, et j’eus un sursaut de peur. Peur de quoi ? J’en savais rien, j’eus juste l’image de ce mec en train de me tabasser ; avant de réaliser que ce n’était que Julian et que même si on passait notre temps à s’envoyer chier, il y avait peu de chance qu’il me frappe. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Encore un accroc qui n’a pas voulu te payer ? » Je soupirais. J’attrapais sa main pour qu’il m’aide à me relever.
Après quelques grimaces, j’étais enfin debout. J’avais du mal à tenir sur mes jambes, parce que j’avais mal au ventre, je voulais regarder si j’avais des marques, mais je préférais attendre que Julian ne soit plus là pour vérifier dans quel état j’étais. S’il voyait les marques, il allait m’engueuler et je n’étais pas prête à affronter ça.
« Laisse tomber, tu veux. Ramène-moi juste chez moi. » Bon, ok, autant être polie. « S’il te plait… »
Je frottais mon front, et regardais ma main, elle était pleine de sang. Merde, merde, merde. Combien de temps j’allais mettre à cicatriser ? Je prenais alors pleinement conscience de ce qui venait de se passer. Je m’accrochais au bras de Julian en pinçant les lèvres. Je commençais à avoir mal partout. « Excuse-moi de t’avoir dérangé. Je… savais pas qui appeler… »
Je plongeais mes yeux dans les siens et un sourire se dessina sur mes lèvres. J’avais beau lui en foutre plein la gueule, je savais que Julian était un mec cool, sur qui je pouvais compter. Le fait qu’il soit là ce soir ne faisait que le prouver d’avantage. « En vérité. Je pensais que tu ne viendrais pas, et que tu me laisserais là… » avouais-je.
Il fallait bien reconnaitre que j’essayais le plus possible de retourner la situation et lui faire oublier l’état dans lequel j’étais et comment j’en étais arrivée là. Je n’avais pas besoin de sa morale. Julian était mal placé pour me juger. Il devait le savoir aussi bien que moi.
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Sam 28 Juil - 16:30

Je n’arrivais pas à comprendre. Non, je ne comprenais pas l’intérêt de se mettre dans un état pareil pour de la drogue. D’accord, elle avait besoin d’argent, comme tout le monde. Même moi qui étais dans la merde la plus totale, je ne vendais pas… Non, j’achetais. J’étais pire qu’elle. Un déchet de la société. Une ordure bonne à jeter. Elle ne voulait pas me répondre. Elle ne voulait pas me donner d’explications. Je n’étais pas idiot. J’aurais fais la même chose à sa place. Je l’aidais à se relever. C’était difficile pour elle, je le voyais bien. Elle souffrait. Ses traits étaient déformés par la douleur. Je ne pouvais rien faire. Ca m’énervait. Je devais l’aider mais, je ne savais pas comment. J’étais impuissant. Pourquoi m’avoir appelé, moi ? Nous n’étions pas si proches. Elle me traitait comme un chien. Pourquoi étais-je venu ? Aucune idée. Au fond, je l’appréciais. Un peu. Je crois.
    « Laisse tombé, tu veux. Ramène-moi juste chez moi. – Elle s’arrête quelques secondes avant de compléter. - S’il te plait… »

Je n’avais pas envie de laisser tomber. Il fallait qu’elle assume : elle m’avait appelé, je n’allais pas la laisser partir sans avoir d’explications. Elle n’était pas vraiment en bon état et je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. Je la soutenais du mieux que je pouvais, je l’empêchais de tomber. Je n’étais pas l’homme le plus musclé du monde. Je devais sans doute être celui qui avait le moins de muscle sur cette planète. J’étais mince voir même trop. Je n’étais pas le garçon le plus utile dans ce genre de situation alors pourquoi moi ? Cette question revenait sans cesse dans mon esprit. Je n’arrivais pas à la chasser. Elle s’accrochait à mon bras, sans doute par peur de tomber.
    « Excuse-moi de t’avoir dérangé. Je… ne savais pas qui appeler… » Elle avait bien d’autres… d’autres amis que moi, non ? Je restais perplexe mais, ce n’était pas le moment de me disputer avec elle.

Elle plongea ses yeux dans les miens. Elle esquissa un sourire. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui rendre ce sourire. J’étais gêné et c’était sans doute pour cette raison que je souriais. Elle était… perturbante comme fille. Après tout, j’étais venu la chercher alors que… alors qu’elle m’en foutait plein la gueule la majorité du temps. J’étais faible ? Non. Trop gentil, sans doute.
    « En vérité. Je pensais que tu ne viendrais pas, et que tu me laisserais là… » Cette pensée ne m’avait même pas traversé l’esprit. Lorsqu’elle m’avait appelé, j’avais sauté dans ma voiture pour venir la chercher. Je n’étais pas ce genre de garçon. J’haussais un sourcil, perplexe.

Je ne savais pas quoi lui dire. Je ne voulais pas paraitre trop gentil mais je ne voulais pas lui mentir. Je devais juste être sincère. Pour une fois dans ma vie, je devais l’être. Pas de mensonges, juste la vérité.
    « Cette pensée ne m’a pas traversé l’esprit. Pas une seconde. – J’esquissais un sourire, la voiture était loin de notre emplacement et elle n’arrivait sans doute pas à marcher jusqu’à là-haut. Ce serait difficile. – Je ne suis pas ce genre de garçon. J’ai sauté dans ma voiture suite à ton appel. »

Je passais une main dans ma nuque, gêné par la situation. Je n’étais pas habitué à sauver les demoiselles en détresse à minuit passé. Je devais la porter jusqu’à la voiture. Je n’avais pas le choix et je ne devais pas lui laisser. Je savais qu’elle refuserait et c’est pour cette raison que, sans la prévenir, je la pris dans mes bras pour la porter. J’avais sans doute du lui faire un peu mais, c’était le seul moyen. Au moins, elle ne souffrirait pas jusqu’à la voiture. Cette situation était… légèrement stressante. Mon cœur battait plus vite. L’adrénaline, sans doute. Je n’osais même pas imaginer ce que cet enfoiré avait pu lui faire. Je n’osais pas lui demander, j’avais peur qu’elle ne me réponde pas même si elle était plus mal placée pour essayer de me résister.
    « Je connais parfaitement ça. N’essaie pas de noyer le poisson. – Je soupirais, la voiture n’était plus si loin que ça. – J’attends toujours tes explications, tu sais. »

La voiture était juste devant moi. Je déposais Ruslana à terre pour pouvoir l’ouvrir. Je l’aidais à monter avant de fermer la portière et de monter à mon tour. Je ne la démarrais pas, je voulais mes explications. Je la regardais avec insistance, le regard inquiet. Je ne comptais pas lui faire la morale, pas maintenant.
    « Il n'avait pas d'argent. Tu n'as pas voulu lui donner sa drogue. Il t'a frappé. » J'exposais les faits. J'étais quasiment persuadé que j'avais raison. C'était fréquent ce genre de chose. Je savais ce que le manque pouvait faire au cerveau. Je n'avais pas touché à cette merde depuis plus de 24h et je le ressentais ce putain de manque, de la tête au pied.
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Sam 28 Juil - 18:03

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JULIAN & RUSLANA
En six ans, et même un peu plus si on réfléchissait bien, j’avais souvent été mêlée à des histoires dangereuses, dues à la drogue. Je m’étais retrouvé dans des histoires de familles qui voulaient le pouvoir sur tel ou tel territoire. Mais comme je dealais principalement seule, il ne m’était que très rarement d’en payer les frais, j’essayais en général de ne pas être où il ne fallait pas. Ma petite gueule aidait à éloigner le doute sur ce que je faisais.
Je ne pouvais pas nier que je m’étais battue, à plusieurs reprises. Mais surtout avec des filles dans des boites, l’avantage étant que la plupart des mecs avaient assez de principes pour ne pas lever la main sur une fille. Je m’étais donc battue quelques fois et j’avais rarement perdu. Pourtant ce soir, je devais reconnaitre que je n’avais pas réussi à faire face.
Ce mec était arrivé tout penaud et je ne m’étais pas méfiée une seule seconde, ensuite il était trop tard. Je n’avais que pu encaisser les coups, sans crier. Crier lui aurait donné plus de satisfaction et l’aurait poussé à continuer. Je me devais de limiter les dégâts, je n’avais pas un boulot dans lequel je pouvais déclarer mes blessures comme « accident de travail » et me pointer à l’hôpital : « bonjour, je me suis fait taper dessus par un mec qui voulait pas me payer la drogue que je lui devais. »
Je détestais avouer que ça me faisait plaisir de savoir que Julian avait fait le déplacement pour moi. ok, peut-être qu’il était à deux pas, alors peu lui importait, mais le résultat était là : il était venu me chercher. Il n’était pas juste le pauvre con que je pensais. Ça me donnait envie de sourire, ça me rassurait, même. Savoir qu’il était là me rassurait, il n’était pas parfait, mais je savais qu’il n’arriverait plus rien, que je ne risquais plus rien, du moins pas ce soir…
J’étais perdue dans mes pensées quand la voix de Julian me ramena à la réalité. « Cette pensée ne m’a pas traversé l’esprit. Pas une seconde. » Je me mordis la lèvre, rassurée. « Je ne suis pas ce genre de garçon. J’ai sauté dans ma voiture suite à ton appel. » Ohoh.
Julian me souleva, non sans me faire mal, mais je ne disais rien parce que je savais que ce n’était pas intentionnel. Je serrais mes bras autour de son cou et posais ma tête sur son épaule, le temps de quelques secondes, le marteau-piqueur à l’intérieur cessa de marcher et le calme s’était installé dans ma tête. Ça faisait du bien. « Je connais parfaitement ça. N’essaie pas de noyer le poisson. J’attends toujours tes explications, tu sais. » Je me contentais de soupirer…
Je perdais plus ou moins le contact avec la réalité jusqu’au moment de me retrouver assise dans la voiture de Julian. Je me laissais tomber contre le dossier. Je fermais les yeux et respirais profondément. Ma tête tournait. J’avais un peu envie de vomir, il fallait le reconnaitre. Julian monta dans la voiture, je gardais les yeux fermés quelques secondes. Jusqu’à ce que sa voix brise le silence. « Il n'avait pas d'argent. Tu n'as pas voulu lui donner sa drogue. Il t'a frappé. »
Je tournais la tête vers lui et le fixais. « Pourquoi tu demandes, si tu sais déjà ? Tu veux des détails. Il m’a tabassé pendant dix minutes avant de se tirer et de me laisser comme une merde. » Je lâchais un petit soupire et tournais la tête vers la vitre. Je murmurais. « Ramène-moi s’il te plait. » Je sentais que mes yeux commençaient à briller et c’était mauvais signe. Je ne pleurais jamais.
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Dim 29 Juil - 16:53

    « Pourquoi tu demandes, si tu sais déjà ? Tu veux des détails. Il m’a tabassé pendant dix minutes avant de se tirer et de me laisser comme une merde. »

Mon cœur venait de s’arrêter de battre, l’espace de quelques secondes. Je ne savais pas si c’était l’énervement ou l’inquiétude. Elle tourna la tête vers la vitre en soupirant. Je fermais les yeux quelques secondes pour reprendre mes esprits. Je n’avais pas l’habitude de la voir comme ça, aussi… vulnérable. Elle donnait l’impression d’être impassible. A chaque fois qu’on se parlait ou qu’on se voyait, elle s’arrangeait pour me faire comprendre qu’elle ne me portait pas dans son cœur et que je n’étais qu’un idiot sans cervelle. Ca ne devait pas être le cas sinon je ne serais pas là. Le plus étrange était ma venue. Dès qu’elle m’avait appelé, je n’avais même pas pris le temps de prévenir Eliott en lui laissant un mot. Non, j’étais partit en quatrième vitesse sans me soucier de quoi que ce soit.
    « Ramène-moi s’il te plait. »
Ce n’était qu’un murmure et pourtant.
Je passais une main dans mes cheveux avant de démarrer la voiture. La route risquait d’être longue et silencieuse. Je n’avais pas l’habitude d’être en sa compagnie. Pas dans cette situation. Je ne voulais pas la vexer, je ne voulais pas la faire pleurer, je ne voulais pas lui faire la morale. Je conduisais sans vraiment faire attention à ce que je faisais. J’étais fatigué, je ne dormais pas depuis de nombreuses nuits. J’étais défoncé la plupart du temps. Sauf aujourd’hui, sauf ce soir. Une chance. Une coïncidence. Je fermais les yeux quelques secondes. On était à un STOP. Il n’y avait aucuns risques. Ou presque. J’avais mal à la tête. J’avais envie de dormir et je savais parfaitement que je ne pourrais pas… ou quelques heures. Une image traversa mon esprit. Un cauchemar de quelques secondes. Je sursautais et j’ouvrais les yeux. Je redémarrais. Le silence était trop pesant, j’avais besoin de me changer les idées. Je ne voulais pas lui demander pourquoi elle faisait ça, je voulais lui montrer à quel point c’était dangereux.
    « Hm… - je me raclais la gorge – Ça va aller, tes blessures ? »
Je regardais la route tout en parlant, je ne voulais pas avoir d’accident et être responsable de la mort de qui que ce soit. J’étais déjà responsable de la mort de ma mère.
C’était débile comme question. Ca devait être douloureux. Je connaissais ça. Enfin presque. Je m’étais déjà fait tabasser par un mec qui me prenait pour un dealeur. Sans doute à ma dégaine et au fait que je sois défoncé la plupart du temps. Ma main se crispa sur le volant. J’appréciais sa présence, d’une certaine façon. Je glissais ma main du volant pour la poser sur sa main. Juste pour qu’elle sache que j’étais là. Pour la rassurer. J’étais… gentil. Oui, je l’étais. J’avais de la compassion, en quelque sorte. Ca devait être ça.

Ca faisait cinq minutes qu’on roulait. Je savais où elle habitait. On n’était plus très loin. Bientôt cette soirée ne serait plus qu’un mauvais souvenir pour elle. Bientôt on ne se reverrait plus. Ou très peu. Après tout, pourquoi se verrait-on autrement ? On n’avait rien en commun. Absolument rien. Mais, certaines choses, même improbables, peuvent se produire. Surtout quand on s’y attend le moins. Je retirais ma main pour la remettre sur le volant. Elle et moi, on avait rien en commun si ce n’est la drogue.
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Lun 30 Juil - 23:26

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JULIAN & RUSLANA
Je savais que Julian ne me connaissait pas comme ça, mais aujourd’hui j’étais vulnérable. Je n’étais plus moi-même, j’avais l’impression que ce mec qui m’avait tabassé m’avait pris toute ma force. Il me restait un peut de fierté cachée. Qui m’empêchait de carrément fondre en larmes devant Julian. Je ne le connaissais pas assez pour me laisser aller comme ça avec lui. D’ailleurs en y réfléchissant bien, je n’avais jamais pleuré devant qui que ce soit. Sauf William, mais j’imagine que ça ne comptait pas, puisque c’était le soir ou il avait tué un mec presque sous mes yeux et qu’il m’avait demandé de garder le cœur dudit type, après avoir l’avoir vu en sang. J’imagine que ça me laissait le droit de pleurer en public…
Je regardais toujours par la fenêtre, incapable de faire le moindre mouvement. Je commençais à avoir mal partout et je savais que se serait de pire en pire. J’avais envie de rentrer chez moi, de me faire couler un bain chaud et de me noyer dedans. J’avais envie d’oublier cette soirée de merde. Oublier tout ça…
Julian démarra et je continuais de fixer l’extérieur. Je regardais les lampadaires défiler en silence. Qu’aurais-je pu dire, de toute façon ? Lui et moi, nous passions notre temps à nous foutre sur la gueule, je passais mon temps à lui en foutre plein la gueule. Je ne savais pas vraiment pourquoi d’ailleurs. C’était ma protection contre tout, mais pourquoi je me protégeais ? Mais je connaissais Julian depuis de nombreuses années et il en avait toujours été de la sorte entre nous…
Je ne me rendais même pas compte que Julian s’était arrêté avant qu’il se racle la gorge. Je tournais un peu la tête et fixais la route devant moi. « Hm… Ça va aller, tes blessures ? » Je commençais par garder le silence, moi-même n’ayant pas la réponse. J’avais du mal à évaluer les dégâts pour le moment.
J’allais répondre quand je sentis la main de Julian sur la mienne. Je retins mon souffle quelques secondes et baissa mes yeux sur sa main. Je serrais alors ses doigts dans ma main. Comme un besoin de le faire. J’étais comme soudain… en sécurité. Je savais que le pire était derrière moi ; même si Julian et moi n’arrêtions pas de nous envoyer chier à longueur de temps, je savais qu’il… était là pour moi, disons… C’était comme si c’était ce qu’il essayait de me dire, juste en posant sa main sur la mienne.
Il conduisait en laissant sa main et moi, je ne bougeais pas non plus. J’en avais pas envie. Pour la première fois de la soirée, j’étais bien, j’étais apaisée et calme. Et putain, ce que ça faisait du bien. Je n’avais plus envie de bouger, plus envie de parler, plus envie de rien. Juste rester là, et laisser Julian conduire aussi loin qu’il le voulait. J’en avais rien à foutre du silence, de la complexité de la situation, du fait qu’on soit tous les deux gênés de se retrouver que les deux dans un si petit espace… Je voulais juste ne plus bouger, ne pas sortir de la voiture.
Lorsqu’il enleva sa main, je revins alors soudainement à la réalité. Je tournais ma tête vers lui, pour enfin répondre à sa question. « Ca va aller. Je vais, prendre une douche et me coucher. Demain tout ça sera un mauvais souvenir. Cette soirée n’aura jamais existée. » Je laissais un petite sourire timide se dessiner sur mes lèvres. Je ne pouvais pas clairement lui dire que plus que l’idée que quelqu’un me soit venu en aide, ça me plaisait que ce soit lui.
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