La vie, la mort.. Deux contraires auxquels ont est confrontés tous les jours, on adule la vie et on craint la mort, certains d’entre nous prient chaque jour, pour que leur corps s’éteignent le plus tard possible et sans aucune souffrance, mais que connaît-on après tout de la mort ? Comment pourrions-nous savoir s’il existe un quelconque sentiment d’agonie dans le fait de disparaître à jamais de cette planète? On en sait rien après tout, on ne fait qu’imaginer, supposer, et croire sur parole ce que nos aînés nous narraient à propos de la mort et de l’au-delà. Je venais d’apprendre la mort de l’ex d’une amie très proche via Facebook. Il faut croire que l’on est tous devenu esclaves de ce réseau social, qui a en quelque sorte révolutionné le sens même de la communication dans notre société. Je me suis alors retrouvée dans une situation assez compliquée, mon amie devait sûrement être dévastée par cette nouvelle, et mon devoir c’était d’être là pour elle, ce qui semble évident. Pourtant à l’heure où j’avais appris cette nouvelle, il était déjà trop tard, parce que c’était presque l’heure pour moi de retrouver Elyes. Je ne saurai vous dire si c’est un ami, ou un ennemi, seulement je sais très bien qu’il n’est pas du tout le gentleman qu’il prétend être. Tout comme il sait que je suis une vraie garce en vrai, on a tendance à se moquer des autres entre nous, je crois que notre côté machiavélique nous unit. Le fait de ne pas pouvoir être là pour Lera m’attristait énormément, mais je savais qu’elle n’était pas toute seule, donc j’étais un peu moins inquiète. J’avais passé toute ma matinée à mémoriser mon speech durant l’événement de demain. Toutes les questions que j’allais poser aux stars, notamment à Johnny Depp. D’ailleurs, il fallait que je voyage demain assez tôt pour arriver à Los Angeles un peu avant les préparatifs, sinon mon manager va me tuer. De toute façon les réveils existent, je serai là à temps, enfin j’espère. Bizarrement, je ne stressais plus vraiment pour ce qui allait arriver le lendemain. Pas de prompteur, je ne pouvais compter que sur ma mémoire. Alors je relisais, encore et encore ces deux feuilles. J’étais cloîtrée chez moi, à apprendre, un peu comme si je me retrouvais quelques années en arrière, à l’époque de l’université ou du lycée ou quand j’étudiais en général. En fait, je n’ai jamais vraiment été très studieuse, j’ai toujours voulu allier amusement et réussite, ça n’a jamais vraiment marché en fait. Ou plutôt ça allait moyennement, je réussissais à valider mes modules à l’université avec quelques rattrapages la plupart du temps. C’est bizarre, je devais juste effectuer un travail de mémorisation, et je me retrouvais soudainement plongée dans le passé.
Au bout d’un certain moment, j’étais juste fatiguée. Il fallait que je pense à une surprise pour Elyes, je lui en avais bien promis une en plus du champagne. En fait j’avais déjà une petite idée en tête, je me suis souvenue de notre interview, et du travail si exemplaire qu'il a accompli et qui consistait à berner les gens qui le regardaient et l’écouter, à leur faire croire, qu’il était l’incarnation même de la bonté. Sauf que moi, je voyais très claire dans son jeu, parce que je faisais pareil. J’ai même dû voyager en Afrique l’été dernier pour faire croire que j’étais quelqu’un de très humain et de sensible, et tout cela pour réparer tous les scandales dont j’étais à l’origine. J’avais donc l’autographe d’une personne qu’il prétendait avoir comme idole, alors qu’en fait, il est plutôt claire qu’il n’a rien à avoir avec le grand Patrick Johnson, c’est un peu comme si Satan avait comme idole Jesus. Cela me semblait juste irréaliste et extrêmement ironique. Alors, un cadeau pour me moquer un peu de lui, c’était tout à fait approprié. De toute façon, je compenserai avec mes deux bouteilles de Dom Perignon. Puis cela nous fera un sujet de discussion durant le dîner. Comme un co-présentateur allait être présent à l’événement du lendemain, j’avais droit un CD pour voir un peu son travail, et comment il réussissait à couvrir ce genre de show. Je regardais donc rapidement la vidéo, mignon en plus, comme on pouvait s’y attendre et un brun. Je suis blonde, lui brun. J’imagine que c’est plus jolie de voir autant de splendeur pour animer tout ça. Je trouvais ce concept d’avoir deux présentateurs, un de chaque sexe, un peu ridicule. J’aurais très bien pu m’en occuper moi-même, je sais gérer, et je fais très bien mon travail sans l’aide de quiconque. Bref, si je continuais à ce rythme, j’allais sûrement être en retard. Je me levais donc pour me préparer rapidement, la douche, les cheveux, un peu de maquillage et enfin la tenue. Il m’aura fallu presque deux heures pour me préparer, j’aime prendre mon temps. Ayant enfin terminé, j’ai fini par porter mes talons, je pris ensuite mon sac, puis je fis appel à mon chauffeur. C’est vrai que plusieurs personnes ne peuvent pas se permettre le luxe d’avoir quelqu’un pour les conduire là où ils aimeraient aller, mais moi je le pouvais, grâce à mon travail en premier lieu puis aussi grâce à mon beau père, qui est extrêmement riche. Ma mère sait choisir ses hommes, elle le fait toujours en fonction de leur porte monnaie. Je rebutais tout cela avant, mais plus je grandis et plus je commence à comprendre. J’aurais sûrement fais pareil à sa place, sauf que j’aurais choisi quelqu’un de plus beau au lieu de ce vieux chauve pervers. Même son argent n’arrive pas à me faire oublier son affreuse apparence. Je le vois très rarement, je ne fais que bénéficier de ses avantages encore un peu. Même si j’arrive aisément à subvenir à mes propres besoins toute seule.
J’avais passé presque une demie heure de route, avec l’embouteillage monstre qu’il pouvait y avoir à San Francisco à cette heure-ci. Donc le temps pour moi de relire ces fameuses deux feuilles, qui étaient plus un cauchemar qu’autre chose. En arrivant, je finis par descendre de la voiture, puis je me dirigeais ensuite vers la porte de la maison d’Elyes. Je pris un petit instant pour la contempler de l’extérieur, elle semblait immense, je dirais même plus grande que la mienne. Je finis ensuite par sonner deux fois de suite, juste pour être sûre qu’il m’entende.
J’accélérai un peu plus. Je ne tenais pas à être en retard dans mes préparatifs lorsque ma délicieuse invitée viendrait frapper à ma porte. J’étais de ceux qui appréciaient véritablement la ponctualité et qui ne supportaient pas de se savoir en retard. Je braquai brutalement à gauche, peu enclin à baisser la vitesse de mon engin. Bien que tout fût déjà dans le frigo, il me fallait encore cuisiner, mettre la table et me préparer, ce qui ne se faisait pas en un claquement de doigt. La principale raison de cet empressement était mon travail au foyer, les services sociaux m’avaient emmenés, il y a peu, un adolescent de seize ans qui était littéralement incontrôlable. Il n’écoutait personne et ne supportait en aucun cas qu’on lui dise quoi faire. Il semblait être en colère contre tout. Il y avait de quoi vu ce qu’il avait vécu. Il était balloté de famille d’accueil en familles d’accueil depuis ses cinq ans. Dans la plupart d’entres elles, il fût soit abusé sexuellement –ou physiquement d’ailleurs- ou considéré comme un meuble de plus dans la demeure ou bien encore relégué au rang de vulgaire paillasson sur lequel tout le monde s’essuyait les pieds, adultes comme enfants. Toutes les familles dans lesquelles il était tombé, n’étaient pas toutes de ce genre, bien entendu, mais après avoir vécu tout cela, il était certain qu’il changerait. Ce fut le cas. A tel point qu’aucune des futures familles qui l’accueillirent ne le gardèrent pas plus de trois mois à cause de son insolence exacerbées, de ses fugues à répétitions et j’en passais. L’on comptait désormais sur moi pour le remettre sur le droit chemin, vu le nombre de gamins que j’avais réussi à sortir de la rue et à redorer le blason. Le cas présent s’annonçait plus complexe que les autres et le défi, loin de m’apeuré, m’attirait. Plus c’était complexe, plus j’étais intéressé. Sortir Jeremiah de sa déchéance serait aussi bon pour mon égo et mon image que pour lui. Tout le monde y gagnait dans l’histoire. J’aimais ces enfants dont je m’occupais. Peut-être pas assez. Peut-être pas assez pour les placer en priorité dans ma vie. Il y avait ma revanche et le reste. Cela me faisait sûrement passer à côté de beaucoup de choses mais je n’en avais cure. Je ne vivais que pour détruire cet homme qui m’avait tout ravit. Et j’étais bien trop pris dans l’engrenage pour faire marche en arrière, si j’en avais envie. Ce qui était loin d’être le cas.
Je me garai devant la maison et entrai direction la cuisine. Il n’y avait pas un instant à perdre si je ne voulais pas délaisser ma charmante convive pour mes fourneaux. Heureusement pour moi, j’avais déjà plus ou moins tout préparé puisque je devais, à l’origine, avoir Chrystal à ma table mais cette dernière s’était désistée à la dernière minute ce qui, j’avouais honteusement, m’avait mis hors de moi. J’avais en horreur ces personnes qui ne daignaient pas respecter leurs engagements, c’était une marque d’irrespect indiscutable. Je faisais en sorte d’honorer mes promesses, même les plus ridicules et je ne comprenais qu’il n’en fût pas de même pour tout le monde. Qu’est-ce que cela leur coutait de le faire ? C’était une chose qui me demeurait incompréhensible. Lorsque mon plat fut au four, j’allais par la suite mettre la table sur la terrasse, vu le beau temps, il ferait sûrement bon d’y dîner. Je disposais les assiettes de manière à ce que nous ne soyons ni trop éloignés, ni trop proches l'un de l'autre. Je dressais une belle table, disposant ci et là quelques fleurs, quelques objets fantaisies donnant beaucoup d’allure à l’ensemble. Lorsque je fus certain que tout était plus ou moins prêt, j’empruntai le grand escalier arrondi jusqu’à l’étage. Je devais reconnaitre que ma maison était immense avec chacune de ses douze pièces pouvant recevoir une famille entière. Certains diront que c’était de la folie d’habiter dans pareil endroit tout seul, qu’importe. Encore un rêve d’enfants. Forcé de vivre dans un deux pièces à cinq, je m’étais promis de ne jamais manquer d’espace, quitte à voir les choses en grand. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, je ne me sentais seul, loin de là. Et j’avais aménagé les pièces à mon goût, laissant quelques unes à la disposition d’éventuels invités. Je me positionnai devant mes penderies et me mis à farfouiller à la recherche de la tenue adéquate.
Ce fut prêt que je me rendis directement à la cuisine qui était un bon exemple de la grandeur dont je parlais avec ses cinquante portes d’armoire. Je nous sortis deux verres de vins ainsi que la bouteille, sachant pertinemment que Narcissa ne tarderait pas à arriver. L’on sonna d’ailleurs à la porte et je me dirigeai vers cette dernière d’un pas décontracté. Je laissais mon invité pénétrer dans la demeure non sans un regard sur sa tenue. « Tu es très en beauté ce soir, il ne fallait pas te donner tant de mal pour moi. » dis-je en esquissant un petit sourire. C’était un petit jeu entre nous. Elle était l’une de ceux, si ce n’est pas la seule à avoir sur voir au-delà de cette image de gentleman altruiste que je plastronnais en permanence, ce qui la rendait donc intéressante à mes yeux. Cela me changeait positivement de toutes les personnes manipulables et naïves que j’avais coutume de côtoyer. En jeune homme bien élevé, je l’aidai à se débarrasser de sa veste, la cintrant dans le meuble prévu à cet effet puis l’invitai à faire comme chez elle. « J’en oublie mes bonnes manières, bienvenue chez moi ! » m’exclamai-je alors que nous prenions le chemin de la cuisine. Je contrôlais rapidement la cuisson de mon repas puis remplirent nos verres posés sur le comptoir de ce délicieux liquide écarlate et tendis le sien à la blonde après avoir mis au frais la bouteille de champagne qu'elle m'avait remise. « Sinon comment vas-tu ? » Une petite pause afin de boire une gorgée de ma boisson. « Et le travail ? »