J’avais l’impression d’être un oiseau. Mes mains étaient devenues des ailes, tout avait changé. Je flottais au-dessus du sol pour voir tous les environs de San Francisco. Vole, me disais-je, vole. Je pris mon élan pour sauter dans le vide et partir, je voulais partir loin. Vers ma chère Angleterre où je serai si bien. L’Angleterre, le pays où j’avais passé toute mon enfance, toutes mes amies étaient là-bas. C’était chez moi. Ma naïveté de croire en la vie humaine, tout me poussait à tire-d’aile de sortir de cette infâme tourmente et de me laisser porter. Etais-je morte ? Etais-je entre la vie et la mort ? Devais-je choisir ? Je ne pouvais pas choisir. Durant toute ma vie, je n’ai jamais été aimé, je n’ai jamais voulu avoir des amies et pourtant j’en ai. Avais-je des gens qui comptaient sur moi ? Comme Ciara, Will ou même Khloée ? Si je redescendais sur Terre, que se passerait-il ? Aurais-je mal ? Me ferais-je encore malmener ? Je me sentis alors redescendre vers le sol pour me poser doucement. C’est à ce moment que je me décidai d’ouvrir les yeux.

La lumière des néons m’aveugla et je hoquetais de frayeur avant de me redresser. Quand je voulus prendre ma respiration, l’air se bloqua dans ma gorge et je lâchai un gémissement. Avais-je des marques ? Des séquelles ? Que se passait-il ? Je cherchais mon médecin du regard mais ne vis que ma grand-mère. « Mam’s qu’est-ce que tu fais ici ? » Je la regardai en fronçant les sourcils tandis qu’elle s’approchait et caressait mes cheveux. « J’ai cru que tu étais morte, lâcha-t-elle angoissée, j’ai appelé ta sœur. » Je redressai en vitesse pour la regarder les yeux écarquillés. « MAIS TU ES DINGUE MAM’S, ELLE NE SAIT PAS QUE J’EXI… » J’allais dire quelque chose quand je vis une chevelure blonde passer devant la vitre et je sentis la panique monter en moi. « Mais ça va aller, tu verras. » Tu parles, tu parles ? Je me suis faite étrangler, j’ai un affrontement direct avec ma sœur jumelle. Je vis alors ma grand-mère se lever et voulue la retenir tandis que je croisais le regard de ma jumelle quasi identique au mien. Mince.

Je n'aurais jamais pensé tourner sur un véritable plateau un jour, je n'aurais jamais pensé aimé aussi cela. Et encore plus fort je n'aurais jamais pensé me marier avec un acteur aussi célèbre et bosser avec lui sur un plateau. Le hasard fait bien les choses. Ou le destin je ne sais pas à vrai dire. En tout cas la scène que je tournes est assez compliquée. Je la joue forcément avec Peter puisque nos deux personnages sont les personnages principaux de l'actions. Mais c'est surtout la première cascade que je vais devoir faire, alors que Peter les gère, moi pas du tout, je me suis entrainée un mois pour les réussir, mais ce n'était pas la même chose. Du coup c'est lui qui se moque un peu de moi, d'habitude c'est à moi de le faire rire juste lorsque les caméras disent "action" et du coup on doit refaire.. La c'est lui qui rigole lorsque je me rate. La cascade consiste à courir et sauter au dessus d'une faille. Les images de synthèses mettront les effets spéciaux ensuite.

Seulement je n'arrive pas à bien sauter.. Du coup ça fait trois voir quatre fois qu'on la refait. Les gens rigolent pour le moment mais je sens qu'ils vont perdre patience. Alors pour la peut-être cinquième fois je me lance à fond, je fixe Peter qui me regarde, je suis sûre qu'il a peur pour le bébé et j'avoue que ça me bloque un peu. Et cette fois j'y arrive.

- COUPEZZZ ! C'était parfait, on reprend vers avec vous deux vers 16, 17h !

Je fais un signe de tête au réalisateur et je suis Peter dans les coulisses. Une assistante me court après. Je me retourne, elle semble assez inquiète, et la nouvelle tombe, je dois me rendre à l'hôpital. Je fronce les sourcil, elle parle de ma grand mère et je stresse d'un coup ! Je préviens Peter que j'embrasse rapidement et je passe me changer. Je suis encore en costume de tournage. Et je dois avoir une atèle au pied alors pour courir à l'hosto c'est moyen. J'enfile ma grand jupe, le truc que je m'en tout le temps, j'ai encore une marque de ma chute dans l'escalier y'a un mois un peu près alors je déteste qu'on la voit. Je n'ai pas envie de mettre de collants par la chaleur.

Je suis prête, j'attache mes cheveux foncés maintenant. Pour le tournage je dois être brune. J'espère que ma grand mère me reconnaitra. Un taxi me conduit à l'hôpital, je déteste les hôpitaux, cela me rappelle mon passé de comateuse et surtout la mort de ma mère, mais ma grand mère a besoin de moi. Je rentre et je demande à l'accueil Madame Jenkins on me conduit dans un service et m'indique une chambre. Je fonce presque. Sans frapper j'entre et je vois ma grand mère.

- Mamie, qu'est ce qui se passe ? Tu m'as fait peur.. mais tu vas bien !

Je l'enlace et lui plaque un bisou sur sa joue. Elle m'a manqué, je ne les vois pas beaucoup ma mamie avec mon emploi du temps. Enfaite je la vois presque jamais. Je regarde alors d'un coup la personne sur le lit. Une blonde et son visage ne m'est pas inconnu. J'ai dû la voir quelque part mais j'ignore où. C'est elle qui semble malade ou blessée, elle est blanche tout de même !

- Bonjour, je suis Jude enfin les gens m'appellent Bliss, mais bon vous devez le savoir.

Je me retourne vers ma grand mère. Je l’interroge du regard, la jeune femme blonde devant avoir mon âge semble gênée.. ou je ne sais pas trop, j'ai l'impression que ma présence dérange un peu..

- Mamie c'est quoi le problème pourquoi tu m'as appelé ? - je chuchote - C'est qui cette fille ? -

- Ta soeur ma chérie.

Je me redresse - ma grand mère est plus petite que moi - je lui envoie un regard plutôt froid. Elle joue à quoi là, sait-elle combien c''est blessant de me sortir qu'une fille peut-être Teddy ? Sachant que Teddy n'aurait pas cet âge là. Je regarde la blonde dans son lit, c'est vrai qu'elle me ressemble étrangement. Même long cheveux, - certes les mieux là sont foncés, mais logiquement ils ont la même couleur que les siens - même couleurs d'yeux, un bleu-vert.. un sourire légèrement familier avec le mien et celui de Teddy. Je me retourne à nouveau vers mamie.

- Attends, c'est pas Teddy arrête ! c'est qui je suis perdue là.

Je regardai dehors un moment. Il faisait nuit. Je me sentais démunie. J’avais peur, j’avais eu peur de mourir. Certes la présence de ma grand-mère aurait dû être réconfortante mais elle ne faisait qu’attiser mes craintes. Depuis une semaine, je vivais un cauchemar éveillé. La rupture de Jared avec sa copine qui l’avait fait fuir, la maladie de ma meilleure amie, les autres… Je brûlais intérieurement faisant de leur douleur la mienne et j’ai cherché, j’ai cherché pourquoi le malheur des autres me faisaient aussi mal. Mais c’était avant tout mon empathie, mon empathie me faisait souffrir, me rongeait et me poussait à avoir de la compassion pour autrui. Je ne supporterai pas une goutte de plus et mon voyage à Londres tombait bien. La douleur physique ne me faisait rien, c’est la douleur mentale qui me rongeait. La peur, l’envie, le désir… J’avais besoin de m’éloigner et de me reprendre. D’apprendre de nouveau à accepter la vie comme elle était. Mais être auprès de lui serait légèrement risqué parce que je ne supporterais pas, ou plus, de le voir dans cet état. J’avais tenté maintes fois de le joindre et sans succès avant mon altercation avec le patient. Il hantait mes pensées et mes rêves et je ne le supportais plus. Est-il possible d’aimer au point de se consumer toute entière.

Assise dans le lit, je pris le miroir face à moi d’une main tremblotante tandis qu’on me disait que je n’étais pas obligée. Mais je devais voir. Je devais voir quelles traces il avait laissé sur moi. Quand mon reflet me sauta aux yeux, je descendis doucement l’ustensile avant de constater que des marques encore rouges étaient visibles sur mon cou. On pouvait discerner la marque des doigts et je les effleurais avant de sentir les larmes me venir aux yeux. C’est à ce moment-là qu’on lâcha la bombe comme quoi ma sœur jumelle venait à l’hôpital. Si j’étais venue en Amérique, c’est pour la voir, la rencontrer mais je n’en avais jamais eu le courage. Je suppliais ma grand-mère du regard tandis qu’elle entrait dans la chambre faisant comme si je n’existais pas. « C’est ta sœur. » D’accord, okay. Je vais y aller. Et la voilà qui se met à dire que je ne suis pas Teddy. Non Teddy est morte. Je me pinçais la lèvre inférieure avant de lever la main toute tremblante avant d’essayer de prendre la parole. « Mam’s laisse-nous s’il te plait. » Elle hoche la tête avant d’ajouter qu’elle sera dehors pour finalement s’asseoir sur une chaise dans le couloir. « Elle n’y va pas par quatre chemins hein, tentais-je de dire d’une voix enrouée, je suis Lullaby et elle a raison, je suis ta sœur. Jumelle. Nos parents ne voulaient pas deux enfants à la naissance, ils m’ont confié à leurs parents qui m’ont mis dans un pensionnat. » Je secouais la tête avant de tousser puis de gémir devant la douleur. « Je suis désolée. Tu me dois me détester de te dire ça comme ça… Je savais pas… Je te jure que je savais pas. » Ce fut trop d’émotions pour moi dans la journée. Je sentis les larmes me gagner avant de les laisser couler abondamment sur mes joues. J’avais besoin de lui maintenant mais il n’était pas là. Je me retrouvais toute seule dans un lit d’hopital avec mon double presque parfait qui me toise comme si j’étais une pauvre folle et il n’était pas là… Alors que j’avais besoin de lui plus que jamais… too bad.

J'ai toujours rêvé de retrouver ma soeur, je parle de Teddy, j'ai toujours rêvé qu'elle ne soit pas morte à cause de moi, j'en rêve régulièrement, je fais régulièrement des cauchemars, mais je sais qu'elle ne reviendra jamais. Alors je ne comprend pas. Mes parents savaient que je voulais retrouver une famille, une soeur, pourquoi n'avoir jamais rien dire. Ma soeur.. jumelle en plus ? C'est quoi cette connerie ? Je me sens totalement perdue, j'ai l'impression d'avoir loupé un tas d'épisodes. Comment j'ai pu ne pas m'en rendre compte. Comment ? Et pourquoi me l'avoir caché ? Pourquoi avoir fait en sorte que je n'apprenne jamais que j'ai un soeur? Franchement c'est juste atroce ! Ou a-t-elle vécu ? Qui me l'a caché ? Ma vie n'a été qu'un mensonge enfaite, je pensais être seule et je me retrouve avec une soeur. Et ma grand-mère a l'art d'annoncer ça. Ca fait l'effet d'un boulet de canon dans le ventre. J'en presque envie de vomir. Je repense d'un coup que je suis enceinte, parfois j'arrive à l'oublier, je n'ai pas 24h/24 des nausées et on ne voit absolument rien. J'ai à deux mois de grossesse, ce qui n'est rien. D'ailleurs ma grand mère ne m'a pas sermonné pour cela. Elle ne connait pas encore Peter, enfin d'un coté elle le connait, tout le monde le connait, mais pas en personne.

La fille, blonde, demande à ma rand mère de sortir. Je regarde ma grand mère me sourire et fermer la porte de la chambre d'hôpital, il faut que je me m'assoie, je vais faire un malaise, c'est un peu trop. Entre grossesse, hôpital, et nouvelle choc.. enfaite c'est surtout l'hôpital qui me pèse un peu trop. Je ne suis pas le seule à penser que ma grand mère parfois est un peu trop cache. Puis elle se présente. Je la détaille, je trouve qu'elle me ressemble de plus en plus c'est assez bizarre. Lullaby Jenkins, elle possède le même non de famille que moi. Je pourrais penser que c'est un coup monter pour m'atteindre maintenant que je suis célèbre mais je ne crois pas, ma grand mère ne serait pas mêler à tout ça. Et puis elle me ressemble.. et elle connait bien ma grand mère, non je la crois. J'encaisse, mais je la crois.

- Euh ok, Lullaby.. jumelle tu dis ? Pourquoi ils ne voulaient pas de deux enfants ? Ils ont eu une fille après ..

C'est vrai que mes parents n'ont eu tôt, ils n'étaient peut-être pas près, et peut-être que Teddy était un accident.. quoi que non, ma mère aurait été du genre à avorter.. je crois qu'ils se sont fait avoir avec leur mensonge, mes parents n'ont jamais été très affectif et bosser beaucoup. La preuve, ma mère m'a limite abandonné après l'accident et mon père a fait la même chose. J'ignore où ils vivent aujourd'hui. Je crois qu'ils se fichent que j'ai réussi dans la vie. Et finalement c'est un peu grâce à eux. J'essaie de me concentrer pour comprendre tout ce qu'elle m'explique. Hum, j'emmagasine. Elle me dit que je dois la détester.. Je relève la tête vivement vers elle. Un peu trop vite, j'ai en la vision qui se brouille un instant. Je lui souris e lui prend la main. Non je ne la déteste pas c'est tout l'inverse, je déteste mes parents de me l'avoir cacher, de nous avoir séparer, mais elle a autant souffert de cela, voir encore plus !

- Non dis pas ça.. euh, c'est un peu bizarre, je ne pensais pas avoir une autre soeur.. j'espère que tu ne m'en veux pas de n'avoir jamais compris.. mais tu es ma soeur et jumelle, on est liée toutes les deux .. tu ne crois pas ?

Je tente un petit sourire rassurant..

Me retrouver face à elle reste bizarre surtout dans ma tête. Je n’ai jamais voulu avoir une sœur ou autre. Même pas des parents. Je me suis faite à l’idée que mes parents ne m’aiment pas, que personne ne veut de moi. Ce soir, j’ai encore failli mourir. Cela n’est pas la première et ce n’est pas la dernière. La mort est capricieuse. Un coup, elle veut de toi, de l’autre, elle ne veut pas. Et tout est à bon compte. Saleté. Je suis là dans draps propres qui grattent face à une fille qui doit me prendre pour une folle. Sauf que je ne le suis pas. La ressemblance entre nous est frappante. On nous confondrait presque puisque nous sommes des jumelles. Il y a bien entendu quelques dissemblances entre nous au niveau physique mais deux grandes blondes aux traits identiques. Je passe une main dans mes cheveux avant d’inspirer un bon coup. « Toute cette histoire est complètement… enfin, c’est fou. » Ma voix n’était pas la même. Pas du tout. Elle était cassée à cause de l’appui sur mes cordes vocales. J’aurai été un homme, je serai morte à cause de la pomme d’Adam. Parce que quand on appuie dessus, couic. Je fixai le mur devant moi avant de me tourner vers elle. Elle avait beaucoup de chances et je suis certaine que Peter doit être super comme garçon. Bon j’ai suis leur histoire dans la presse.

« Félicitations pour ton bébé. » Je fis une mine désolée avant de sentir les larmes me monter aux yeux encore. Je passais mon temps à pleurer en ce moment. Pour tout et n’importe quoi. Pour Judicaëlle, pour Jared, pour tout le monde. Je suis une madeleine. « Je ne sais pas Judicaëlle, je n’en sais rien. Papa a dit que c’est parce qu’à l’époque, ils ne pouvaient pas gérer deux enfants et quand ils ont eu Teddy… c’était trop tard pour me récupérer. » J’essaie d’essuyer mes larmes mais je n’y arrive pas. « La vérité est que… qu’ils ne m’aimaient pas. La preuve, on les a appelés et ils ne sont pas là. Je ne sais pas ce que j’ai fait. Franchement, je ne sais pas. » Je dois sembler pathétique à pleurer devant ma sœur comme ça. Mais si les situations avaient été inversées, si tout avait été inversé. Si elle avait été abandonné et moi à sa place… « Oui, oui on est liés. Je suis juste… fatiguée je crois. Je… enfin je suis totalement perdue. » Je passe une main sur mon visage avant de prendre un mouchoir pour essayer d’essuyer mes larmes.