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Halfway Gone - Cameron i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Lun 30 Juil - 0:47 | |
| Je jetai un regard à ma montre. 19h. Je devais rejoindre Cameron dans moins quart d’heure et dire que je n’en avais aucune envie d'y aller serait un doux euphémisme. Je ne voulais pas sortir de cette chambre dans laquelle je m’étais réfugiée depuis mon retour de New-York. J’étais bien là. Pas vraiment, mais au moins je me sentais protégée de ce monde qui semblait profiter de chaque occasion pour me précipiter un peu plus à terre. Je ne voulais voir personne. Y compris moi-même, si bien que j’évitai soigneusement mon image alors que je passais devant le miroir. La seule fois où j’y fus confronté, c’est-à-dire avant-hier, ma main alla frapper ce reflet qui me narguait outrageusement. Je voulais le détruire. Le piétiner. Le réduire à néant. Au lieu de cela, une douleur aigue naquit dans mon poing et se propagea rapidement à tout mon organisme. J’avais mal mais j’étais satisfaite. Je ne méritais pas mieux que cela. J’avais détruit une vie. Piétinée Abby. Et réduit ses rêves et espérances à néant. Sa mère avait raison, c’était moi qui aurais dû me retrouver à cette place et non l’inverse. Elle n’avait rien fait pour mériter de partir si jeune. Elle m’avait juste rencontrée. Voilà sa seule et unique erreur. Si seulement je pouvais retourner dans le temps et changer tout cela…pourquoi diable les regrets n’ont-ils lieu que bien plus tard ? Je soupirai et me levai, de mauvaise grâce. Je n’en avais aucune envie. Vraiment. Pourtant je le devais. Cameron avait été insistant et je devinai sans grand mal qu’il avait besoin de moi. C’était évident. J’avais encore du mal à croire que Styx nous avait quittés. C’était si…soudain. Si brutal. Un coup sec qui trancherait un morceau de viande. Bien trop violent. J’étais dévastée mais cela n’était sans aucun doute rien en comparaison à ce que ressentait Cameron. Et trop obnubilée par mes états d’âmes, je délaissais toutes les personnes qui avaient besoin de moi mais c’était le coup de trop. J’avais encaissé bien trop d’épreuves ces derniers temps. Plus que nécessaires et à force de tout conserver pour moi, comme je le faisais, pour m’occuper des problèmes des autres, je ne tarderais pas à m’écrouler. Ce qui était le cas. Je crois. J’enfilai un jean, un T-shirt plus grand que moi, des converses ainsi qu’une veste et j’étais partie. En franchissant la porte, je retins ma respiration un petit moment, appréhendant le moment où je me retrouverais à l’extérieur. C’était plus violent que je ne l’avais imaginé. J’inspirai profondément et me mis en route, ce n’était pas le moment de faiblir. Je hélai un taxi direction le Manchester, ne me sentant pas la force de conduire. Environ vingt minutes plus tard, j’y étais et ni une, ni deux je pénétrais dans le bar. Plus vite je le verrais, plus vite je pourrais retourner aux ténèbres réconfortantes de ma chambre. Je trouvai Cameron accoudé au comptoir, devant un verre et je me précipitai à ses côtés. Lorsqu’il me vit son regard s’attarda longuement sur ma main bandée, je me contentais de hausser nonchalamment les épaules. « Alors, tu tiens le coup ? » demandai-je en m’asseyant. Question stupide, c’était le cas de le dire mais je n’avais guère mieux sur la main. Je commandai un verre de vodka dont je bus immédiatement une gorgée. |
| | | | Lun 30 Juil - 22:33 | |
| J'étais en pleins cauchemars, cela ne pouvait pas en être autrement. Comme j'avais pu perdre les deux personne les plus importantes de toute ma vie en une seule journée, une seule horrible journée. Tout allait bien, trop bien peut-être pour cette salope qu'est la vie. J'avais mal, mal à en crever. Je ne savais même pas comment je pouvais tenir debout, comment je pouvais continuer à vivre sans elle. Cela faisait je ne savais combien de temps que j'étais là, assis au comptoir du Manchester. Je faisais vraiment peur à voir, tellement que personne n'était venu s'asseoir à côté de moi, ou étais venue m'importuner pour rien. J'enchainais les verres, sans faire le compte ou l'ayant perdu je ne sais plus. J'étais déconnecté complètement et le pire ? J'étais heureux de ça. Heureux de ne plus rien ressentir du tout, d'être vide, vide de tous sentiments, vide de toute chose. Ma peine et ma douleur avaient tout emporter sur leur passage et elles devenaient mes meilleurs amies et je les accueillais à bras ouvert. Je n'avais de rien, je ne voulais voir personne même si je ne devrais pas rester seul au vu des circonstances, mais je m'en foutais. Lera devait me rejoindre, je ne savais même pas pourquoi je l'avais inviter. Inviter pour quoi ? Pour boire et se lamenter sur la mort d'Aeterna ? Je n'avais pas besoin de ça. J'hésitais même à la rappeler pour annuler, mais jetant un oeil sur l'heure, elle devait déjà être en route. Merde. Je buvais mon verre, encore. Je soupirais et passais les mains sur mon visage. Du mouvement à mes cotés. Lera. Je regarde son poignet. Bandé. Je m'interroge, déformation professionnelle, mais la question ne sort pas. Je détourne les yeux, n'ayant pas envie de parler. « Alors, tu tiens le coup ? » Me demande t-elle en s'asseyant a côté de moi. Elle n'était pas sérieuse quand même si ? Elle me connaissait plutôt bien et elle avait quand même poser la question. Je me tournais vers elle, mon verre à la main, la regardant, les yeux vide, sans vie. « Je suis vivant, youpi ! C'est trop cool … » Je buvais mon verre cul sec. Je soupirais et le posais sur le comptoir afin qu'on me le remplisse encore et encore. J'étais fatigué, épuisé, lessivé et juste simplement vide à l'intérieur. « Tu me connais, est ce que c'est normal que je sois ici ? Je crois pas, alors non, je ne tiens pas le coup, je vais mal, j'ai même plus envie de vivre. Elle aurait du être toute ma vie, et la mère de mon enfant et … Et j'ai perdus les deux, je ne vois pas comment je pourrais tenir le coup. » Mon couer était comme mort ou mit sur pause. Je ne ressentais plus rien, juste un grand vide que personne ne pourrait combler. |
| | | | Mer 1 Aoû - 9:50 | |
| La réponse de Cameron ne me surprit pas. A vrai dire, je n'en attendais aucune, tellement c'était évident mais cela me permit néanmoins d’évaluer les dégâts. Il était dévasté. Littéralement. Quoi de plus normal ? Sa vie de famille parfaite qu’ils avaient presque construit venait de s’évanouir. Tellement facilement que cela en serait presque risible. Il était certain qu’il sombrait ou peut-être l’avait-il déjà fait, qu’importe, toujours était-il que je n’aimais pas le savoir ainsi. Je ne voulais pas assister à sa déchéance progressive mais qu’y pouvais-je ? Les phrases toutes faites que l’on avait coutume de sortir dans une telle situation ne lui conviendront pas et je doutais être convaincante, n’y croyant pas moi-même. Je ne trouvai rien à ajouter à sa tirade. Il n’y avait rien de plus à dire. Des mots de réconforts ? A quoi cela servirait-il ? Ils étaient totalement inutiles dans le cas présent. Rien ne pourrait apaiser sa douleur, j’en connaissais quelque chose. Des mots n’étaient que des mots. Volatiles et éphémères. Ils ne pouvaient agir sur une âme fissurée comme l’était la sienne. Je trempai une nouvelle fois mes lèvres dans mon verre. Je me demandais si j’étais vraiment la personne idéale à appeler dans pareil moment. Cela faisait des jours que je broyais du noir et mon escale à New-York n’avait rien arrangé à mon humeur, bien au contraire. J’avais chuté. Encore plus bas. Je n’aurais jamais cru cela encore possible. Et pourtant. Les paroles de la mère d’Abby résonnaient inlassablement dans mon esprit comme une mélodie entêtante. Elles me suivaient partout, où que j’aille. A peine avais-je fermé les yeux que sa voix s’élevait impérieusement dans ma tête, me crachant tout ce qu’elle ressentait avec hargne. Depuis, je ne dormais plus. Ou plutôt très peu. De toute manière que je dormisse ou non, le supplice était-le même. Quoique les rêves étaient plus cruels encore en mettant en scène des images d’Abby, notamment sa mort. Abby, mon plus grand regret certainement. Ma plus grosse erreur. Pourquoi diable nos chemins s’étaient-ils croisés ? Tout cela aurait très bien pu éviter. Si seulement…Je soufflai puis bus le contenu de mon verre d’une traite avant d’en commander un autre.
« Il te reste Loisia » Ma voix brisa le silence qui s’était installé entre nous. « Elle aura besoin de toi maintenant qu’elle n’a plus sa mère. »
Dans le même temps, le barman déposa ma boisson devant moi et je ne tardai pas à en vider le contenu. Je doutais que Cameron m’ait fait venir pour lui remonter le moral, il me connaissait suffisamment pour savoir que c’était loin d’être mon domaine, alors pourquoi ne pas noyer notre peine dans l’alcool, oasis des âmes en peine. Saouls. Anesthésiés. Ne plus rien ressentir. Surtout le manque. En effet, le manque c’est l’overdose du vide. Sombrer. Je me demandais si tout ceci aurait un quelconque dénouement positif. Je jetai un regard discret à Cameron assis près de moi. Pourquoi le sort aimait-il tant s’acharner sur les personnes heureuses ? |
| | | | Mer 1 Aoû - 15:33 | |
| Il y avait cette douleur dans ma poitrine, cette douleur si forte qu'elle occultait tout le reste. C'était comme si on m'avait arracher le coeur d'un seul coup et que cette douleur était là pour me rappeler tout ce que j'avais perdu en une seule journée, une seule journée horrible. Je n'avais plus aucune raison de vivre, sans elle. Respire, bouger, penser, vivre tout simplement était devenue trop dur, trop futile alors que je n'avais plus rien à quoi me raccrocher sur cette terre, plus maintenant. Rien ne me faisait plus envie, plus rien, j'étais juste bon à rester assis sur ce tabouret de bar, un verre à la main, et un coeur qui s'était brisé en mile et un morceau et qui jamais ne pourrait être restaurer car trop abimé, trop mit à rude épreuve. Je regardais Lera, assise à coté de moi, et moi qui d'habitude m'inquiéter pour elle bien trop alors qu'elle n'était qu'une simple patiente, là, je restais muet, même en voyant son air, pas plus rassurant que le miens, et en sachant qu'elle avait perdu trop de gens récemment et qu'elle ne devait pas aller mieux que moi en cette instant et le bandage sur son poignet n'annonçait rien de bon, et je ne m'en inquiétais même pas. Elle bu son verre d'une traite et en recommandait un aussitôt au barman. « Il te reste Loisia. » Dit-elle en brisant le silence bien trop plaisant entre nous qui s'était vicieusement installer sans qu'on l'est demander. Je la regardais, avec un rire sans joie, secouant la tête en l'écoutant parler. Elle ne savait pas tout. « Elle aura besoin de toi maintenant qu’elle n’a plus sa mère. » Je fermais les yeux, chassant tout ça de mon esprit déjà trop noir, trop meurtrit et surtout trop vide. Je buvais mon verre d'un seul coup, le reposant sur le comptoir une fois terminé. Non rien n'allait bien, vraiment rien et c'était loin d'être un état passager. « Non … Je n'ai plus rien Lera. Plus rien du tout. » Je tapais du poing sur la table et le regrettais aussitôt que la douleur, fulgurante, paralysa partiellement ma main. Je grimaçais, et serrais mon bras contre moi, jurant à voix basse. « Loisia est avec son père. Il ne me reste plus rien d'elle, hormis des souvenirs et des ses affaires chez moi … Qu'est ce que je vais faire hein sans elle ? Tout devait être parfait, cela devait être mon « happy ending » et j'ai quoi à la place ? Un cauchemars horrible. Mais le problème, c'est que le réveil n'est pas une option. J'ai plus rien à perdre. Vraiment plus rien. » Lui expliquais-je vivement, haussant la voix en la regardant, maintenant plus perdu et malheureux que jamais. J'étais juste perdu, ne sachant pas quoi faire, ni comment m'en sortir, si c'était possible, ce dont je doutais fortement. |
| | | | Dim 5 Aoû - 17:04 | |
| Cela me brisait le cœur de voir Cameron aussi misérable et désespéré. Je n’aimais pas ça. Face à tel malheur comment pouvait-on encore croire en Dieu ? A son existence ? Cela m’était tout bonnement impossible et absurde. Et si jamais existait-il je doutais qu’il soit conforme à la description que nous en faisait l’église, miséricordieux et soucieux du devenir de sa progéniture. C’était impensable qu’il fût ainsi au vu des malheurs dont les humains devaient faire face. Etait-il sadique dans ce cas ? Se délectait-il avidement du spectacle de désespoir que l’humanité était contrainte de jouer chaque jour ? Sûrement. Après tout, il ne pouvait en être autrement. S’il se souciait réellement de nous, il éviterait que nous ne soyons confrontés à tous ces malheurs. La réponse de Cameron me conforta dans cette idée. Il était seul désormais. Désespérément seul. Je ne comprenais pas. Enfin c’était compréhensible, il n’était pas ni le père, ni le tuteur légal de Loisia mais tout de même. On venait de tout lui ravir. Tout. Il n’avait plus rien à quoi se raccrocher. Cela m’échappait et m’effrayait en même temps. En une fraction de seconde tous ses espoirs, ses plans de futurs, son bonheur, sa famille, son amour s’étaient volatilisés. La rapidité avec laquelle il avait tout perdu me donnait le vertige. Je ne savais quoi dire. Y avait-il quelque chose de pertinent à dire dans ce genre de situation ? J’en doutais franchement. Je ne pouvais décemment pas sortir un « ca va aller » aussi impersonnel qu’absurde sachant très bien que non, ça n’irait pas. Bien au contraire. De toute manière j’avais une sainte horreur de ce genre de phrase bateau et inutile. Aucun mot ne pouvait lui apporter apaisement. Rien ne le pouvait. Mise à part l’alcool et son effet anesthésiant. Elle, seule, était capable de lui donner l’illusion de remplir ce gouffre qui avait pris la place de sa cage thoracique. Dans la douleur tout n’était qu’illusion. On était sans cesse à la recherche de choses susceptibles de nous faire aller bien, même l’espace de quelques secondes, au fond rien ne changeait. On se contentait de quitter un vice pour un autre et les deux mêlés, nous sombrions encore plus. Encore plus bas. Encore plus profondément. Encore plus violement. Je ne voulais de ça pour Cameron. Vraiment pas. Pourtant je n’avais pas d’opinion à fournir, tout d’abord parce que je ne savais que dire et ensuite pare que j’étais sans doute la plus mal placée pour donner des leçons de morale. Le regard qui me lançait, bien que je ne le montrasse pas, m’acheva. Je voulais trouver une solution pour alléger ses souffrances mais aucune ne me venait à l’esprit. Je n’aimais mais alors pas du tout le voir ainsi. C’était encore pire que je le pensais puisque l’option « je n’ai plus rien à perdre » entrait en scène. Je me sentis tellement impuissante tout à coup. Pour fuir son regard abattu, je pris mon verre et le vidai.
« Je sais que cela ne changera rien à ce que tu ressens, à tout ce qui s’est passé, mais sache que tu n’es pas seul. Il y a des personnes qui tiennent à toi. Tu peux compter sur elles, sur moi. »
En voilà une maigre compensation par rapport à tout ce qu’il avait perdu, mais qu’aurais-je bien pu dire d’autre ? Moi j’avais des personnes dont je devais prendre soin, ce qui me permettait de tenir plus ou moins debout alors que lui n’avait plus rien. |
| | | | Mer 8 Aoû - 14:30 | |
| Life is really a dirty bitch. Vraiment j'étais en colère, en rage même. Comment cela pouvait être possible ? Comment pouvait t-on accepter de perdre tout ce qu'on avait de plus cher au monde en quelque minutes et continuer à vivre ? C'était impossible. Jamais je n'oublierais ça. Et dire qu'elle avait survécus à son accident, qu'elle et le bébé aller bien. C'était juste incompréhensible pour moi, pour ses amis aussi. Elle aurait du être avec moi, durant encore de longue année. J'avais jurée de la protéger, d'être toujours là pour elle et maintenant, tout cela n'avait plus d'important, plus rien n'avait d'importance à mes yeux. « Je sais que cela ne changera rien à ce que tu ressens, à tout ce qui s’est passé, mais sache que tu n’es pas seul. Il y a des personnes qui tiennent à toi. Tu peux compter sur elles, sur moi. ». Je reposais mon verre et la regardais, la fixant un moment, sans rien dire, jouant du bout du doigts sur le bord de mon verre. Je soupirais, j'en avais marre, vraiment. Marre qu'on me dise des trucs censés m'aider alors que ce n'était vraiment pas le cas. Rien ni personne ne pourrait m'aider car pour le moment, je ne voulais pas être aider, je voulais être seul, seul avec ma peine, seul avec mes souvenir, et surtout, je voulais qu'on me laisse du temps, qu'on me laisse le temps de faire mon deuil, qu'on me laisse le temps de relever la tête, de savoir comment continuer à vivre sans elle. Je comprenais que Lera veuille m'aider mais je ne voyais pas comment elle pouvait le faire, à part me faire oublier mes souvenirs, ma peine et alors en ramenant Aeterna et ça, c'était impossible. Je fermais les yeux et détournais mon regard d'elle. Je soupirais, lasse, lasse de souffrir, de sentir ce vide en moi. « Écoute Lera, je sais que tu veux m'aider, et crois-moi, j'apprécie plus que je ne peux le montrer mais tu ne peux pas m'aider, personne ne le peut car la seule chose qui pourrait m'aider, c'est d'avoir Aeterna près de moi et c'est impossible … » Je frissonnais. Rien qu'en parler me dévaster totalement. Je me savais sur la corde raide et à un pas de craquer. Jamais je ne m'étais sentis aussi mal, aussi vulnérable et j'avais l'impression d'être seul malgré que je savais que mes amis étaient tous la pour moi mais ils ne pouvaient pas comprendre. Personne ne pouvait comprendre ce que je vivais, ce que je ressentais. Je fixais le poignet bandé de Lera. « Qu'est ce qu'il s'est passer ? » Lui demandais- je en lui désignant sa main. J'affichais un léger sourire sur mes lèvres. Elle pensait surement y échapper mais ce n'était pas le cas. Chasser le naturel est il revient au galop. Je m'inquiétais pour elle, comme toujours alors que je devrais surement me faire du soucis pour moi mais j'étais comme ça, toujours à me faire du soucis pour les autres avant moi-même. « Tu comptais quand même pas y échapper n'est ce pas ? Je veux toute l'histoire hein ! Comment tu t'ai fais ça ? » Je commandais un autre verre et tournais la tête vers elle pour écouter ce qu'elle avait à me dire. Oui, je créais une diversion et alors ? Parler pendant des heures n'arrangerait rien et en parler me faisait plus de mal encore. |
| | | | Mer 8 Aoû - 20:13 | |
| J’entendais bien ce qu’il me disait. Je le comprenais fort bien même. L’on ne pouvait rien faire pour apaiser sa peine. Pour la simple raison que l’on ne pouvait pas lui ramener Aeterna. C’était ainsi. Il était ardu de continuer à avancer et même s’il l’on était entouré des personnes les plus compréhensives, rien ne changeait. On se sentait tout bonnement seuls. Abandonnés sur le bord d’une nationale peu fréquentée. Personne ne pouvait comprendre. Personne ne l’ayant vécu personnellement n’en était capable. De plus lorsqu’une douleur était encore vive comme la sienne, on avait plutôt tendance à vouloir y demeurer qu’à s’en sortir. Il n’y avait qu’à voir la manière dont je fonctionnais pour comprendre. Je ne voulais pas être aidé. Je me complaisais dans toute cette peine. Au final cela devenait plutôt rassurant. En effet, quand l’on s’en sortait un peu, on appréhendait le prochain malheur qui nous précipiterait encore un peu plus au sol. Si jamais l’on n’était jamais sorti de cet état de deuil, la douleur est moins vive. Du moins puisque l’on y est déjà accoutumé, c’est nettement moins violent que si l’on avait retrouvé la joie de vivre. Je hochai la tête à plusieurs reprises, lui signifiant ainsi que j’avais compris mais le message était passé. S’il avait besoin de parler ou de quoique ce soit humainement réalisable, il savait où me trouver. C’était le plus important. « Qu'est ce qu'il s'est passé ? » me demanda-t-il alors que je réceptionnai mon nouveau verre auprès du barman. Je suspendis mon geste quelques secondes dans les airs, surprise par sa question. J’en avais presque oublié ma main. L’alcool avait réussi à l’anesthésiée. Comme les autres douleurs d’ailleurs. Illusions, que diable ferait l’Homme sans elles ? Oasis pour nos cœurs asséchés. « Tu comptais quand même pas y échapper n'est ce pas ? Je veux toute l'histoire hein ! Comment tu t'es fait ça ? » rajouta-t-il presque taquin. Je savais que ce n’était pas simplement par altruisme, bien que ce fusse le genre de Cameron mais au-delà de ça il voulait écourter cette discussion qui ne nous mènerait franchement nulle part, mise à part le blesser un peu plus. « Une crise de colère, un miroir et une main, ça donne ça » répondis-je en buvant ma boisson. Autrefois je me serais contenté d’un petit soulèvement des épaules accompagné d’un « c’est rien » mais là non, c’était signe que j’acceptais sa diversion. S’il y avait possibilité de lui changer les idées pendant ne serait-ce que quelques secondes, je m’y attelais. « Etant de nature violente, j’ai toujours eu du mal à canaliser tout ça si bien que mes crises de colère ne sont jamais douces. » Lançai-je en fixant ma main et pensai immédiatement à New-York, à Abby, à sa mère. Je bus. Encore. Unique moyen d’oublier. « Mais bon c’est rien ça, y a eu bien pire. » Je souris nostalgiquement tout contre mon verre, les souvenirs du foyer affluaient. A cette époque j’étais inapprochable. Un véritable enfant sauvage. |
| | | | Sam 18 Aoû - 12:23 | |
| Je me sentais comme spectateur de ma propre déchéance et je restais là, sans rien faire pour remonter la pente. Avais-je seulement envie d'aller mieux, d'être à nouveau heureux sans elle ? Bien sur que non, je n'avais pas envie, et je ne le pouvais de toute façon pas. Mon corps, mon esprit n'était qu'un énorme brasier. Je brûlais et brûlais, sans interruption depuis qu'elle n'avait été enlever et mon feu était si fort que personne ne pouvait rien faire a part attendre que tout ait été détruit. Et moi je regardais ma raison, mes croyances, mon bonheur, et même ma vie partirent en fumée par ce que cela n'avait plus aucun sens maintenant. Plus rien n'avait de sens à mes yeux sans elle. En tant que psychologue, je savais que le deuil était quelque chose de primordiale, mais aussi de hasardeux. Je connaissais les étapes, leur conséquences sur la personne mais maintenant que cela me toucher de près, c'était comme si j'avais tout oublier de mes connaissances, j'étais simplement déconnecté du monde, de mon monde. Être seul en étant entourés. Surement le pire fléau au monde, pire encore quand on savait qu'on en était atteint. Je soupirais quand je me rappelais de la présence de Lera à mes cotés. Lera. Je ne savais même pas pourquoi je l'avais appeler, je le regrettais je crois. Elle n'avait pas besoin de me voir comme ça, aussi mal. Je savais qu'elle ne faisait qu'essayer de m'aider, mais elle savait mieux que personne que rien ne m'aiderait, pas vraiment en tous cas. Hormis l'alcool ! Je savais qu'a cette instant là, je ne la méritais pas. Je n'étais pas de bonne compagnie mais elle restait là, à me parler, à m'aider en ne me laissant pas seul. Pour changer de sujet, en ayant de parler de moi, je l'interrogeais sur son poignet bandés, comme je l'aurais fait normalement, au cabinet. Mais je savais qu'elle savait que ce n'était pas simplement par ce que je tenais à elle que je demandais, qu'elle savait que c'était pour changer de sujet et nous éviter une conversation sans fin et barbante qui ne nous mènerait à rien de bon. « Une crise de colère, un miroir et une main, ça donne ça. » Me répondit t-elle en buvant son verre. Répondit t-elle en buvant son verre. Bénit soit t-elle. Non vraiment. Elle me connaissait si bien et on se comprenait sans même se parler, c'en était troublant. Le fait de changer de sujet, de m'intéresser à une autre personne que moi-même, de me replonger dans l'écoute des autres, cela me faisais du bien et je pensais alors légèrement à autre chose. « Étant de nature violente, j’ai toujours eu du mal à canaliser tout ça si bien que mes crises de colère ne sont jamais douces. » M'appris t-elle alors qu'elle fixait sa main, comme perdue dans ses pensées, ses souvenirs. Je me doutais qu'il y avait plus que ça sous la surface, mais j'étais pas en consultation là, j'étais là en ami, enfin je crois et essayais de creuse, ne ferait, comme toujours, que la mettre sur la défensive. « Mais bon c’est rien ça, y a eu bien pire. » Je n'osais pas imaginer ce que bien pire avait été mais je me doutais que ce n'était pas beau, vraiment pas. Je la regardais sans rien dire. Je la connaissais bien je savais pertinemment sa prédominance pour la violence, surtout dirigée contre elle, malheureusement, rarement vers les autres. Elle se sentait coupable de tout ce qu'il pouvait se passer de mal autour d'elle, pour ses amis, alors qu'elle n'y était pour rien. « Je vois … Tu sais, je me disais que peut-être tu devrais te mettre à un sport, mais un sport qui te défoule, dans lequel tu puisse mettre toute ta rage, toute ton énergie quand ça va pas. Ça t'aiderais tu crois pas ? » Lui demandais-je en la regardant avant de prendre une gorgée de mon verre tranquillement. Je la regardais, légèrement tourner vers elle. Je m'inquiétais vraiment pour elle et j'avais même peur de ce dont elle était capable. Mais j'avais mes propres problèmes et je n'avais pas la force pour gérer Lera aussi. Je ne pouvais simplement pas. Je finissais mon verre cul sec, la regardant toujours. « Je crois que je dois te remercier … Merci d'être là, avec moi. Vraiment. Au début j'étais pas sur d'être toujours chaud pour que tu me rejoigne mais finalement, j'ai bien fais de t'appeler. » Dis-je en riant nerveusement, et en baissant la tête. Je soupire, passais mes mains sur mon visage. Lasse de tout ça. |
| | | | Ven 31 Aoû - 4:51 | |
| Je souris à la suggestion de Cameron, me souvenant que c’était également ce que m’avait conseillée le psychologue du foyer. Enfin ce n’était pas vraiment à moi, ce dernier me craignait bien trop, comme beaucoup de personnes en ce temps, j’étais une véritable terreur. Non pas que je les frappais, pas les adultes dans les tous les cas, avec le psychologue, j’utilisais ses méthodes pour le contrer. Malheureusement pour ceux qui ont dû s’occuper de moi à cette époque, j’avais des connaissances en psychologie que je n’avais qu’une hâte, mettre en pratique. Ils étaient en quelque sorte mes cobayes sur lesquels j’utilisais toute sorte de formules dont l’effet était toujours le même ou presque leur démission. Je me sentais bien. Je voulais faire autant de mal que l’on m’avait fait. Mais ce n’était jamais réellement concluant puisque, même en colère, j’avais horreur de blesser les gens lorsque ceux-ci ne m’avaient rien fait alors j’allais me punir, je frappais contre tout ce qui me tombaient sur la main et c’était généralement un mur. Cette douleur avait quelque chose de cathartique. J’avais la sensation d’avoir expié mes fautes. Enfin je n’ai compris tout cela qu’il y a peu. Bref, le psychologue devant mes accès de rage, le plus souvent dirigé contre moi, que j’avais besoin de quelque chose pour me vider et il me fut donc proposer un sport de combat. Je choisis la boxe thaïlandaise pour la simple et bonne raison que de son vivant, mon père adorait ce sport et le pratiquait d’ailleurs. J’avais ainsi l’impression d’être un peu plus proche de lui-même s’il n’était plus là. « Oh mais je pratique déjà la boxe dan ce but mais ces derniers temps je n’ai pas vraiment eu le temps ni l’envie de m’y rendre. » Je préférais largement rester cloitrée entre les quatre murs de ma chambre et broyer du noir, me flageller mentalement de tout le mal que j’avais infligé à Abby. Pour ce faire, je me remémorais le regard, les mots, les gestes de sa mère, tel une vidéo qui tournerait en boucle. Masochiste, sans aucun doute. Mais après ne méritais-je pas cela ? Il ne fallait pas que j’oublie ce que j’avais fait souffrir à Abby, je m’y refusais. Je me devais de toujours le garder en mémoire, ainsi j’aurais l’impression que son souvenir m’accompagnerait à jamais. Un fantôme de plus à ajouter dans mes placards, il y en avait tellement désormais. Je souris à la déclaration de Cameron. « Il n’y a pas de quoi, si je peux être utile. » De nouveaux verres nous furent servis, je me tournai vers mon compagnon d’infortune et nous trinquâmes. « A la perte et au vide ! » Et je bus. Nous prendrons encore un verre, un autre puis un autre, jusqu’à que nous arrivions à atteindre notre but, oublier. HJ : Fini ? |
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