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Anonymous
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Ven 10 Aoû - 22:01


lera & frankie


Un mois. Un mois que j’étais mère. Un mois que Katie était arrivée dans ma vie. Un mois qu’elle était devenue ma raison de vivre. Je n’aurais jamais pensé qu’avoir un enfant faisait cet effet là. J’avais eu peur de ne pas savoir comment faire, mais finalement, tout le monde avait eu raison de me dire que c’était instinctif : ça l’était. Ma vie avait changée, notre vie à Khris et moi…
Nous n’étions plus que les deux, nous étions trois. Ça changeait tout ; pourtant, entre lui et moi, rien ne changeait. J’avais eu peur qu’il face machine arrière et qu’avec l’arrivée de Katie, il se rende compte qu’il ne voulait pas de tout ça avec moi. Mais non.
Evidemment, avoir un bébé faisait que j’avais une personne de plus sur la liste des gens pour qui je m’inquiétait (et Katie arrivait bien sur en tête, désormais). Et sur cette liste… il y avait Lera.
Lera déconnait. Elle déconnait grave, ces derniers temps. Je savais que sa relation avec Hadryin n’était pas des plus faciles. Je ne savais pas vraiment si c’était une des raisons de son état, mais peu importe… Je remarquais depuis plusieurs jours que l’état de santé de ma meilleure amie se dégradait. Elle était de plus en plus maigre. Plus elle maigrissait, plus je m’inquiétais pour elle. Lera avait beau jouer le rôle de la femme forte, je savais ce qu’il en était et j’avais toujours peur pour elle… J’avais toujours peur de l’extrémité de ses réactions et de ses actes.
J’étais couchée avec Katie dans le lit, en plein après-midi. Khris était dans le salon. Je regardais Katie dormir, incapable de m’empêcher de sourire. Soudain à coté de moi, mon téléphone sonna. Je l’attrapais rapidement avant que la sonnerie ne réveille Katie. « Allo ? » « Mlle Ainsworth ? Hôpital de San Francisco. Nous vous contactons à propos de Mlle Lera-Ann Vilte, vous la connaissez ? » Je commençais à paniquer, pourquoi l’hôpital m’appelait à propos de Lera ? « Oui. Oui oui, je la connais. Qu’est-ce qu’il se passe ? » « Mlle Vilte vient d’être admise en urgence dans nos services, elle… » « Elle va bien ?! » Je me levais d’un bond. « Elle est dans un état d’anorexie sévère… » Je posais ma main sur mon front. Et pourquoi ils m’appelaient moi. Comme en lisant dans mes pensées, on m’expliquait. « Nous avons trouvé votre numéro dans les affaires de Mlle Vilte, nous nous sommes permis de vous contacter. » Je hochais la tête. « Vous avez bien fait, j’arrive. »
J’attrapais ma veste et me dirigeais vers Khris. « Khris, je vais à l’hôpital, Lera va mal. Katie est dans le lit. Je reviens vite. » Je l’embrassais et quittait l’appartement précipitamment. Quelques minutes plus tard, j’arrivais à l’hôpital. On m’expliquait que Lera avait fait un malaise, que son état été assez grave et qu’elle avait sévèrement besoin d’être hospitalisée… J’étais effondrée.
J’entrais dans la chambre de ma meilleure amie. Elle était toute petite et toute pale dans ce grand lit… Lera était endormie, je m’asseyais à coté d’elle dans le fauteuil et attrapais sa main. Je restais là, sans bouger. A attendre…
Je réfléchissais. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle avait besoin d’aider, qu’elle n’allait pas survivre à ça. Et que je ne supporterai pas de la perdre. Je n’aurais pas supporté de la laisser se consumer à petit feu de cette façon….
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Lera-Ann Litwinski-Vilte
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Sam 11 Aoû - 0:05


All I need is someone to save me.
Ft. Frankie & Lera
Légère. Je flottais. Ou peut-être volais-je. Je n’en savais rien et dieu que je m’en fichais. Cette sensation de légèreté me suffisait amplement. Je ne voulais pas me souvenir. Oublier. Demeurer là. A jamais. Toujours. Je ramenai mes jambes à moi en position fœtus et serrai un peu plus mes paupières, espérant ainsi les empêcher de s’ouvrir. Je ne voulais pas retourner à ce monde qui profitait de chaque occasion pour précipiter un peu plus à terre. Je n’étais pas prête. Je ne l’avais jamais été. L’on ne m’y avait pas préparée. Ceux qui étaient censés me montre le chemin, m’apprendre les choses de la vie s’en étaient allés avant que j’eus réellement le temps de les connaitre. Une lumière. Eclatante. Elle était de plus en plus vive et inconsciemment je me dirigeai vers elle. Je ne voulais pas. Peut-être que si. Je ne savais pas. Je ne savais plus. J’avais mal. Très mal. Maman. Soudain son image m’apparut. J’ai besoin de toi maman. J’avançai dans sa direction. Pourquoi m’as-tu abandonnée ? Je tendis le bras dans sa direction. Aussi aisément ? Je tendis l’autre. Je suis perdue. Je tentai un sourire. Reviens-moi. Elle se volatilisa. Je courrai vers l'endroit où elle se trouvait quelques instants plus tôt. Rien. Le vide. Le néant. L’obscurité. Soudain une chaleur. Dans ma main. D’où venait-elle ? Etait-elle réelle ou n’était-ce qu’une création de mon esprit un peu trop surmené ? D’ailleurs où étais-je ? Comment étais-je arrivée ici ? Mon dernier souvenir…j’étais dans les locaux de mon lieu de travail, plus précisément dans les couloirs me rendant à ma séance photo. Je ne me sentais pas bien mais ne m’en formalisai pas plus. Cela faisait des semaines désormais que j’étais dans un état pareil. Je m’y étais habituée aussi triste fut-il. La c’était différent. Les vertiges étaient nettement plus violents d’ailleurs je ne tardai pas à m’écrouler dans les bras d’une ou d’un inconnu. Classe. Donc si l’on suivait la logique des évènements j’étais sûrement l’hôpital. L’information mit un certain moment à atteindre mon cerveau. Puis l’angoisse suivit, se propageant telle une trainée de poudre dans mon organisme. S’il n’y avait eu cette main apaisante contre la mienne sans doute aurais-je paniqué. En y songeant je me demandais bien à qui elle pouvait bien appartenir. Il était temps d’immerger. Je n’en ressentais aucune envie mais c’était mieux ainsi. Je ne pouvais pas indéfiniment me retrancher dans cet univers d’inexistence. Aussi rassurant fut-il. Ce que je vis en premier c’était le plafond peint d’un blanc bien trop foncé à mon goût et ce fut l’odeur nauséabonde de médicament qui suivit tout de suite après, me soulevant l’estomac. Malheureusement je n’avais rien à régurgiter mise à part mes tripes. Peu ragoutant. Puisant dans ma dernière réserve d’énergie, je penchai la tête sur le côté pour rencontrer le regard inquiet Frankie. Merde. Cela ne m’étonnait même pas de la trouver là, après tout ce n'était pas la première fois que je me retrouvais inconsciente aux urgences pour cause d'anémie mais je regrettai qu’ils l’aient fait déplacer pour…si peu. Bullshit. Je ne voulais pas qu’elle me voie ainsi. Pas elle. Je devais sûrement faire peur. Je me redressai vivement pour lui prouver que son inquiétude était vaine, un peu trop vite car je fus assénée d’un nouveau vertige. Je m’efforçai de ne rien laisser paraitre…sans grand succès. Frankie était sans doute la seule personne à qui je ne pouvais mentir. « Salut » soufflai-je d’une voix épuisée en tentant un sourire. Je ne savais que dire de plus et ne me sentais pas la force d’ajouter quoique ce fût.
© Belzébuth

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Anonymous
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Sam 11 Aoû - 12:15


lera & frankie


Lera était ma meilleure amie. Pendant quelques temps, après mon départ de Suède, je n’avais eu qu’elle, laissant derrière moi mère, soeur et frère. J'avais eu besoin d'une présence et Lera avait été là. Certes, aujourd’hui, je m’étais construite une vie de famille et peut-être que c’était de ma faute si Lera allait mal. Peut-être que sans me rendre compte, je l’avais abandonnée. Peut-être que je n’avais pas été assez là pour elle. Pourtant, j’essayais d’être là pour tout le monde. Même enceinte, je n’avais cessé de vouloir aider tout le monde, de vouloir prendre soin de tout le monde : Jared, Lera, Luca… Il me semblait que j’avais toujours été présente.
Cependant, aujourd’hui, assise dans ce fauteuil au chevet de ma meilleure amie, je devais reconnaitre qu’il y avait forcement quelque chose que j’avais mal fait. Elle était au plus mal, je n’avais rien venu venir. Enfin si. Mais je n’avais pas vu les choses empirer à ce point. J’avais essayé de parler à Lera et lui faire comprendre qu’elle avait besoin d’aider. J’avais cru comprendre que je n’étais pas la seule. Mais Lera était une tête de mule, je le savais elle n’écoutait jamais personne.
Mais si j’étais là aujourd’hui, c’était parce que j’avais l’espoir qu’elle m’écoute. Je ne voulais plus la voir se laisser mourir de cette façon. C’était impossible pour moi. Je me serais sentie coupable toute ma vie…
« Salut » Je levais mes yeux vers la voix qui s’était adressée à moi. Je fixais Lera sans rien dire. Je ne répondais pas. Je ne souriais pas. J’étais impassible.
Je savais que j’avais surement l’air dur, mais je ne voulais plus rire, je voulais qu’elle s’en sorte, je voulais que Lera comprenne qu’elle avait un véritable problème et que je ne la laisserai pas crever, qu’elle le veuille ou non.
Lera essaya de s’asseoir avant de se relaisser tomber dans le lit, trop faible. Je me retenais de me rapprocher d’elle pour m’assurer qu’elle était bien installée. Cette façon que j’avais de réagir me déchirait le cœur, mais je savais que je n’avais pas d’autre solution, désormais. Je devais être dure avec elle si je voulais qu’elle réalise l’étendue de la situation.
Je me laissais tomber contre le dossier du fauteuil, sans lâcher ma meilleure amie du regard, impassible. J’aurais aimé pouvoir sourire, mais j’en étais tout simplement incapable.
Je passais une main sur mon visage, cherchant comment faire en sorte pour parler à Lera de façon à ce qu’elle m’entende. Je savais que tout ce temps j’avais prêche dans le vide. Mais cette fois, je ne pouvais pas laisser tomber. Je ne voulais pas de « prochaine fois » parce que la prochaine fois, elle en mourrait. Et moi avec.
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Lera-Ann Litwinski-Vilte
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Sam 11 Aoû - 15:33


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Comment en étions-nous arrivées là ? Voilà la question qui tournait en boucle dans mon esprit. Aucune réponse ne me vint. J’avais merdé. Profondément. Et cela ne datait pas d’aujourd’hui. Déjà après la mort de ma mère, je m’étais réfugiée dans ce principe d’autodestruction qui devint au fil du temps mon seul recours. Je n’avais connu que ça. Et c’étai tellement plus facile de se laisser sombrer que de remonter la pente. Il n’y avait aucun effort à fournir, les choses s’écroulaient sans que l’on ait à intervenir. C’était comique de constater avec quelle facilité nous avions plus tendance à toucher le fond qu’à sortir la tête hors de l’eau. Il n’y avait eu personne pour me faire comprendre que j’empruntais la mauvaise fois, rejetant tous ceux qui avaient tendance à m’approcher, je me retrouvais bien vite isolée et cela ne m’offusquais pas plus que cela. J’aimais la solitude et puis je n’avais jamais eu personne donc cela ne changeait pas grand-chose pour moi. Les hostilités furent lancées. Et ma lente et douloureuse chute pouvait commencer. Elle se poursuivit jusqu’à maintenant, moment qui signerait peut-être la fin des haricots. Si l’on songeait bien cela faisait dix ans que je m’enfonçais dans les abîmes de mes regrets et de mes souffrances. Dix ans. 87 658,1277 d’heures. 5 259 487,66 minutes. Et sûrement un bon milliard de secondes. En voilà une longue chute, je supposais donc que cela ne pouvait plus continuer ainsi. La fin était imminente. Je soutins le regard impassible de Frankie, tentai du moins car j’étais épuisée et mes paupières avaient du mal à rester grands ouverts. Le sommeil m’appelait. Lequel, là était toute la question. Un silence. Un silence de plomb nous enveloppait. Un silence que j’avais toujours détesté, me sentant forcée de le remplir et Frankie ne semblait pas prête à le faire à ma place, se contentant de me fixer. Parle. S’il-te-plait. J’avais besoin d’entendre sa voix. Qu’elle me rassure sur l’issue de toute de cette histoire. Même des mensonges, je m’en accommoderais. Elle ne fit rien. Elle demeura là, immobile, ses prunelles vrillées dans les miennes. Bientôt je n’eus plus la force de les soutenir. Trop intense. Elles me faisaient penser à un miroir et dieu seul savait à quel point je voulais échapper à mon reflet. Je ne voulais pas mesurer l’étendu dans dégâts. Je ne voulais pas y faire face. Je tournai donc la tête sur le côté et contemplais le ciel d’un bleu éclatant, indifférent aux sorts d’êtres humains, à mon sort. Immense à m’en donner les vertiges. Je me demandais quelle serait la prochaine étape. Je doutais qu’ils me laissèrent sortir par mes propres moyens comme les autres fois –Oui ce n’était bel et bien pas la première fois que j’atterrissais aux urgences ces dernières semaines- et la présence de ma meilleure amie à mes côtés me confortaient dans cette idée. Tout ce dont je désirais dans l’heure, c’était de rentrer chez moi prendre une bonne douche et aller me coucher. J’imaginais sans grand mal que ce n’était pas ce qui avait été prévu.
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Anonymous
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Sam 11 Aoû - 17:12


lera & frankie


Reviens Lera, ne me laisse pas. J’ai besoin de toi. J’ai besoin que tu ailles bien. J’ai besoin de ne pas avoir peur pour toi. J’ai besoin de me dire que tu ne risques rien…
J’aurais du dire tout ça. C’était ce que j’avais à dire, mais j’en étais incapable. Je ne pouvais pas dire ce genre de choses. Je devais être forte, être dure, être l’opposée de ce que je voulais être. Je ne devais pas m’attendrir. Je devais lui faire comprendre qu’il était temps de ce reprendre en main. Si elle ne le faisait pas, tout allait s’écrouler.
Ces dernières années, j’avais laissé Lera faire ce qu’elle avait à faire ; faire le deuil de sa mère, faire le deuil de Gareth, en quelque sorte aussi. Je savais que tout ça était dur, alors je l’avais laissé gérer ça à sa manière. Je n’avais jamais vécu ce genre de chose, alors je me serais sentie incapable de lui dire quoi faire. Moi… j’avais juste abandonné ma famille… Pas de drame, si ce n’était six ans de prostitution…
Mais maintenant, je ne pouvais plus me taire. Je ne pouvais plus la laisser se détruire sans rien dire. Je savais que j’allais devoir arrêter d’être gentille, pour que Lera intègre le fait qu’elle était malade. Et peu importait ce qu’elle croyait, elle avait autour d’elle des gens qui l’aimaient et qui avait besoin qu’elle aille mieux, j’en faisais partie.
Lera tourna la tête dans la direction opposée de moi. J’appuyais mes coudes sur mes genoux et cachais mon visage dans mes mains. Comment j’allais m’y prendre ? Je ne voulais pas faire ça, je ne voulais pas lui balancer la vérité nue de la sorte. Mais je n’avais plus le choix, la situation était trop critique, il fallait que Lera s’en sorte.
Je redressais la tête. « Regarde-moi. » J’attendais qu’elle s’exécute. Je plongeais mon regard dans le sien. C’était maintenant, il fallait que je parle, que j’expose les faits, que je la convainque qu’elle avait besoin d’aide, pas la mienne, pas celle de Hadryin ; celle de médecins.
« Je me fais plus de soucis pour toi, que pour Khris et Katie réunis. » Petit silence. « Tu t’es vue ? T’as vu dans l’état dans lequel tu es ? Jusqu’où tu vas continuer comme ça ? Tu te trouves maligne ? » Bon… Il fallait que je redescende un peu en pression. Je me levais et me dirigeais vers la fenêtre. Je regardais quelques instants dehors, avant de me retourner vers ma meilleure amie. « J’te signale quand même que t’as failli crever, si jamais ça t’intéresse… »
J’étais brusque. Je n’avais jamais fait dans la dentelle pour dire ce que je pensais, ceci dit. Je savais que Lera était fragile, particulièrement en ce moment, mais si je ne la faisais pas réagir, alors tout continuerait comme ça, indéfiniment, jusqu’à… jusqu’à.
J’attendais la réaction de Lera.

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Mer 15 Aoû - 18:50


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Les mots de Frankie étaient comme de centaines de poignards qui s’enfonçaient en moi. Je ne supportais pas l’idée de l’avoir inquiéter, elle ne devait pas. Je n’aimais pas quand mes proches s’inquiétaient pour moi, c’était mon rôle, non le leur. Ils n’avaient pas à s’embêter en se souciant bêtement de mon sort. Personne ne l’avait fait. Enfin, surtout elle. Ma mère. Si elle n’avait pas pris la peine de prendre mon existence en considération, pourquoi d’autres le feraient-ils ? Ce n’étaient pas leur place. Je ne voulais pas qu’ils le fassent. Pourtant je ne faisais rien pour changer leur en empêcher. Je m’enlisais chaque jour un peu plus. Silencieusement. Tentant d’oublier mes maux en absorbant ceux des autres, essayant d’être leur refuge mais comment le pourrais-je avec des fondations aussi fragiles voire même inexistantes ? C’était tout bonnement absurde, pourtant je m’évertuais à jouer superwoman avec tous mes amis…je ne pouvais pas m’occuper de tout le monde dans l’état actuel des choses. La pensée que j’eus immédiatement à la phrase de Frankie me fit baisser les yeux, chose qui ne me ressemblait, aimant trop la confrontation même si le combat était perdu d’avance. En effet, j’aurais préféré que l’on me laisse crever et je m’en voulus pour ça, ma meilleure amie ne méritait pas que je me comportasse ainsi. « Cela t’aurait fait un poids en moins à tirer derrière-toi. » Je me rendis compte trop tard que j’avais parlé à voix haute. Après tout c’était vrai, elle n’aurait plus à s’en faire pour moi et pourrait enfin sa parfaite petite vie de famille, chose impossible si j’étais toujours dans son sillage. Ouais, ce serait tellement plus simple si nos chemins ne s’étaient jamais rencontrés. Si un le boulet que je suis ne s’était pas accrocher à elle, y voyant un moyen d’avoir une existence meilleure. Je souris. J’ignorais à quoi ressemblait ce sourire. Sans doute las à l’image de mon état d’esprit. J’étais lasse de combattre. Lasse de me démener à garder sans cesse la tête hors de l’eau. Lasse de résister à ce gouffre qui m’attirait inexorablement. Tout serait si aisé si je me laissais tout simplement glisser jusqu’au fond. Ne plus se débattre. Se noyer tout simplement. Je doutais de tomber plus bas que je l’étais déjà. C’était scientifiquement impossible. « Ils n’auraient pas dû te prévenir.» lançai-je sans me départir de mon sourire, brisant ainsi le silence dans lequel nous étions enveloppées. « Tu n’aurais pas dû venir. » Je pensais tout ces mots, elle n’avait rien à faire ici. Sa place était auprès de Khris et de sa fille, et non pas d’une fille en pièces qui attendaient patiemment d’être au premier loge de sa fin. Mon sourire s’élargit. Je m’allongeai et fermai les yeux, éreintée.
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Lun 20 Aoû - 11:38


lera & frankie


J’avais vécu des trucs vraiment horribles dans ma vie, j’étais obligée de le reconnaitre. En étant prostituée, je ne pouvais pas m’attendre à vivre un conte de fées (et pourtant, mais ça c’était une autre histoire). Aujourd’hui sortie de tout ça je me rendais compte à quel point j’avais galéré et à quel point ce que j’avais vécu était malsain. La mise à la prostitution par Dan que j’avais cru par amour me donnait envie de vomir. Mais je ne pouvais pas nier que sans tout ça, j’en aurais jamais été à ce point précis de ma vie. Alors je ne pouvais pas me plaindre complètement. Mais j’avais donc quand même vu des trucs assez horribles, pourtant, voir ma meilleure amie plus maigre que jamais dans ce lit d’hôpital me coupait littéralement le souffle. Je me sentais démunie, incapable de faire quoi que ce soit.
« Cela t’aurait fait un poids en moins à tirer derrière-toi. » J’allais exploser, Lera était incapable de comprendre ce que j’essayais de lui dire. Je passais une main sur mon front, prenant quelques secondes pour savoir comment j’allais faire. Lera ne voulait rien entendre mais il était hors de question que je parte sans qu’elle accepte de se faire aider et de s’en sortir. Je ne m’imaginais pas sans elle, et je ne voulais pas avoir à le faire un jour.
La voix de Lera me fit relever la tête. « Ils n’auraient pas dû te prévenir.» J’avouais moi-même ne pas avoir très bien compris comment l’hôpital en était venu à me téléphoner à moi. « Tu n’aurais pas dû venir. » Je haussais les sourcils. « Oui, j’aurais du te laisser crever. » lançais-je, ironique.
Je me relevais et commençais à faire les cent pas, cherchant une solution à ce problème qui ressemblait plutôt à un cul de sac. Je me tournais vers elle. « Que t’en ai rien à foutre que ça me fasse du mal de te voir là, soit. Je veux bien l’admettre. Mais que tu sois égoïste au point d’être prête à laisser tomber tous les autres… je parle pas de moi, hein. Je vois bien que tu t’en contrebalances de ce que je peux ressentir. Je parle de tes autres amis, de ton copain. Alors oui, je trouve ça égoïste que tu te laisses crever, alors qu’il y en a qui sont là pour toi, qui font tout pour t’aider chaque jour, et qui t’aime et toi… t’es juste en train de foutre en l’air tout ça, en l’espace de quelques secondes. » Je pointais mon pouce sur ma poitrine. « Personnellement, si tu continues comme ça, je vais m’enfoncer aussi, mais ça à la limite, tu t’en fous. Mais les autres, Lera, les autres n’ont rien demandé. Alors fais-toi soigner. Pas pour moi, pas pour toi. Pour eux. Tu leur doit au moins ça. »
J’avais les larmes au bord des yeux. Prête à craquer devant la dureté de ce que je venais de dire, mais il fallait que je fasse réagir Lera, c’était un mal pour un bien, tout le monde s’en rendrait compte plus tard. Pour l’heure il fallait juste que je cache ma culpabilité au fin fond de moi-même.

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Lera-Ann Litwinski-Vilte
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Ven 31 Aoû - 2:40


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Me laisser crever…Il en était question désormais. Mourir ou ne pas mourir. Il ne s’agissait même pas de vivre mais juste de m’empêcher de fermer les yeux à jamais. Cela faisait bien longtemps que je me contentais de garder la tête hors de l’eau…en fait c’était plutôt la bouche et le nez pour pouvoir un minimum respirer. Tout avait commencé avec le départ de Gareth. Sans doute était-ce démesurément niais d’exprimer les choses comme cela mais c’était la vérité. J’étais morte à son départ et ça me faisait mal de n’être plus capable de remonter la pente. De n’en avoir plus envie, c’était certainement ce qui m’abattait le plus. Ne plus être capable de quoique ce soit en son absence. J’étais dépendante de lui. Je voulais qu’il revienne. J’avais besoin de lui. Je m’en voulus de penser ainsi sachant que j’étais présentement en couple. Pourquoi ne pouvais-je pas passer à autre chose ? Pourquoi ne pouvais-je avancer ? Bordel. Une rencontre à seize ans et j’étais condamnée à être marquée à vie. A ne plus pouvoir m’en remettre. J’avais pourtant espérer que ce serait la bonne, mais non, il n’en était rien. Abby s’était ramenée et s’était suicidée car elle ne supportait plus les sentiments qu’elle ressentait pour moi. Puis il y avait eu la mort d’Aeterna, aussi violente que brutale. C’était plus que je ne pouvais supporter et puisque je n’étais déjà pas solide, cela m’a juste mise à terre. Je me noyais sous le poids de la culpabilité et la douleur. Je me sentais coupable de la manière dont ma relation avec Gareth s’était envenimée et le fait que je n’y sois pas parvenu à y mettre un terme. Contradictoire.

Plus Frankie progressait dans son discours, plus l’envie de plaquer mes mains contre mes oreilles se faisait pressante. Je ne voulais pas entendre tout cela. Non, non, non. Je secouai la tête plusieurs fois, impuissante face aux mots qui lacéraient le cœur. J’étais égoïste, oh que oui, une putain d’égoïste qui inquiétait tout le monde et était incapable de faire les choses comme il fallait. Je le savais. On n’avait cessé de me le répéter. Voilà la raison pour laquelle je ne voulais pas m’attacher. Je finissais par faire souffrir tous ceux qui tenaient à moi par mon égoïsme exacerbé, il n’y avait que moi et encore moi. Gareth et ma mère avaient raison. Je ne méritais pas l’attention que l’on pouvait me porter ainsi que l’inquiétude qui en découlait, c’était d’ailleurs pour cela que je préférais le faire. C’était mon rôle, un moyen de racheter mes comportements égoïstes passés. Il n’en était pourtant rien aujourd’hui. Des larmes me montèrent aux yeux et ne tardèrent d’ailleurs pas à déborder, s’écoulant lentement sur mes joues.

« Je suis désolée…désolée, désolée, désolée »

Je m’excusais ainsi durant un long moment, ne sachant que dire et les mots me manquant. J’essuyai mes larmes mais elles furent vite remplacer par d’autres, ce fut bientôt une pluie diluvienne. Je n’étais pas de celles qui pleurent rapidement et je m’arrangeais toujours pour ne pas le faire ou au moins pas en public, même devant ma meilleure amie.

« Dis pas des choses pareilles, je m’en fous pas de toi, je supporterais pas de te voir t’enfoncer, je veux pas. Je veux pas, je veux pas. Je vais le faire…je vais me soigner…il le faut… »

Je tentai d’adopter le ton le plus convaincant que j’avais en réserve et de m’auto-persuader dans le même mouvement. Je ne pouvais décemment pas continuer sur cette voie. L’idée d’avoir fait de la peine à Frankie, de voir ses larmes me faisait mal au plus profond de moi. Il fallait y mettre fin. Je n’en pouvais plus de tout ça et elle aussi, le supposais-je. Elle ne pouvait sans cesse me relever ou plutôt me trainer pour que j’arrête de sombre. Elle aime certainement d’autres préoccupations personnelles plus importantes. Il fallait que j’arrête de dépendre d’elle comme je le faisais.
© Belzébuth

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