C’est mortel, la nuit dans un hôpital. On pourrait se croire dans un vieux remake de film d’horreur. Personnellement, je m’en fiche. J’avais été aux relevés toute la nuit et il me restait un patient à voir. Professionnel exige, je me rendis jusque dans la chambre du patient Weinmeister avant de voir que c’était quelqu’un qui était de la maison. Un étudiant spécialisé en cardiologie. J’étudiais son dossier pour voir qu’on avait dû le recoudre. Je fis une grimace. Qu’est-ce qui c’était passé pour qu’il ait une blessure pareille ? Enfin, ce n’est pas mes affaires. J’entrai dans la pièce. « Bonjour docteur, dis-je de ma voix mélodieuse consciente qu’il dormait à poings fermés, je viens vérifier vos constantes. » Je me rendis jusqu’aux moniteurs pour noter que tout allait bien en chantonnant légèrement du Nickelback sans savoir que mon patient était réveillé.

B o n j o u r ... d o c t e u r

J'ouvris doucement les yeux, réveillé par une voix très douce qui se déplaçait autour de moi. Qu'est-ce qui se passait? J'avais quelque peu du mal à replacer les événements et je me sentais plus perdu que jamais en cet instant précis. Mon regard balaya le plafond, puis je tournais légèrement la tête sur le côté, et là ce fut le choc: il y avait un moniteur à ma droite. J'étais à l'hôpital. Pas pour travailler. À l'hôpital, au sens strict du t'as eu un accident. Dans l'immédiat, je cherchais à replacer ce qui m'avait amené ici, et c'est en bougeant mes mains pour palper mon corps afin de trouver là où j'étais blessé que les souvenirs revinrent d'un coup. Ruslana. Où était Ruslana? Qui était dans la pièce?

La tension est à combien...?

Bah dis donc pour un premier jour, un blessé à l’arme blanche. J’étais surprise par tant de violence au final avant de rentrer dans la chambre pour regarder l’homme qui dormait. Il n’était pas foncièrement beau, ni foncièrement laid, je dirai que cet homme était assez gris en somme. Enfin dans mon monde à moi, tout le monde est gris. On n’est mauvais, ni bon, il n’existe que les juste milieux. Je vérifiais les constantes en chantonnant doucement quand j’entendis un froissement de drap et un murmure qui s’élevait dans la pièce. Alors, je fis un bond de souris en arrière avant de me tourner pour mettre ma main sur le cœur. « Vous m’avez fait peur docteur. » Je reprends cependant vite mes esprits avant de lui sourire gentiment. « Elle est bonne ne vous inquiétez pas mais vous devez vous reposer. Je suis le docteur Jenkins, c’est moi qui ferais votre suivi avec le docteur Phillips. »

Je m’excusais brièvement d’avoir fait sursauter la personne à côté de moi avant même de savoir de qui il s’agissait. Un réflexe, faut-il croire. Peu à peu, mon esprit se clarifia et je me tournais vers la gauche pour m’apercevoir qu’une charmante jeune femme se tenait là. Il me semble que je l’avais déjà croisée dans les couloirs car son visage me disait quelque chose, mais je ne me suis pas attardé sur les détails. Imaginez que je doive faire cela avec tous les employés en blouse blanche de l’hôpital… impossible. Mais quand même. Elle était vraiment jolie. Dans l’immédiat, j’étais cependant en train de réfléchir a toute vitesse et de commencer à paniquer parce que des flashs me revenaient. Il y avait un appartement avec un cadavre dedans, mon sang partout et un tas d’empreintes digitales à prélever à Croker Amazon. Il fallait que j’appelle Elyes… mais j’étais trop fatigué pour faire quoi que ce soit. La voix de la demoiselle me ramena à l’instant présent et j’étouffais un léger rire sans joie.

« Oh… on vous a assignée à Philips. »

Sous-entendu : ma pauvre, on sait tous très bien que ce type est un pauvre con, j’espère que vous vous en sortez avec lui.

« Quoi qu’il en soit… je suis enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle. Est-ce que j’ai dormi longtemps… ? »

Malgré mon déboussolement, je restais calme et posé. Je savais que si j’étais réveillé, c’est que l’opération s’était bien passée et que je ne risquais plus rien maintenant. Pour le reste… je m’en sortirais… comme je m’en sortais toujours.

Je lui souris en balayant ses excuses d’une main. J’aurais du être plus vigilante. Mais j’étais contente que le patient se soit réveillé. Je lui jetais alors un coup d’œil. Un homme très séduisant certes mais je devais rester objective. Alors, notais les constantes pour passer une main dans mes cheveux noués avant de me tourner vers lui pour le regarder sans pour autant le dévisager. Quand il prit la parole, je me mordillais la lèvre inférieure. C’est vrai que mon maitre de stage n’était pas quelqu’un de facile mais je devais faire avec parce que c’est ce qui me permettrait de faire mes preuves et donc d’effectuer mon internat à San Francisco. Près de Jared, Seth et près de ma sœur Bliss. J’allais retrouver certains de mes amis même si Londres commençait à me manquer. « Oui. On fait avec, dis-je doucement » J’approchais du lit sans brusquerie parce que je devais vérifier ses bandages à savoir si on devait les changer ou pas. Mais cela me gênait un peu qu’il soit réveillé. Etant timide, j’avais du mal encore avec le contact humain surtout quand il s’agissait de quelque chose d’aussi personnelle qu’une blessure. « La même chose pour moi-même si j’aurai préféré que les circonstances soient différentes, murmurai-je dans un énième sourire. Quelques heures pas plus. Vous êtes très… comment dire… fort surtout pour une blessure à l’arme blanche. » Je posai mes mains sur le lit avant de me pencher. « Je vais vérifier votre blessure si cela ne vous dérange pas. Histoire de voir si les bandages sont encore bons et si vous ne rejetez pas les sutures. » Je plantais mon regard dans le sien en rougissant avant de faire un espèce de sourire timide comme pour l’encourager à me faire plus ou moins confiance au niveau professionnel.