-Ouais! Voilà! Comme ça c'est parfait! Magnifique, Chrystal, reste comme ça! Voilà! Sublime, tu es sublime! Géniale!
C'est exactement ce que j'ai entendu depuis 13h cet après-midi, non stop. Depuis 13h, j'ai été exposée aux flashs et aux ventilateurs, mes tympans explosés par les remarques incessantes du photographe. Depuis 13h, j'avais dû passer au moins une dizaine de tenues différentes, cachée sous une tonne de maquillage et les cheveux tirés en arrière ou en hauteur à un tel point que je ne sentais tout simplement plus mon cuir chevelu. Ce matin, pourtant, quand je suis arrivée sur le lieu du shooting, tout allait pour le mieux. On m'a accueilli comme une reine, montré les différentes tenues que je devrais porter, demandé mon avis par rapport à la mise en scène des clichés, proposé toutes sortes de soins, mise à l'aise. Tout le monde était vraiment adorable avec moi, y compris le photographe que je ne connaissais pas. Et même si je savais que le plus dur n'allait pas tarder, je me suis prise à m'y habituer méchamment. Du coup, quand on m'a indiqué le côté esthétique, avec la chaise face aux miroirs, où m'attendaient coiffeurs, maquilleurs et autres professionnels esthétiques et que j'ai commencé à me faire tirailler, gratter, chatouiller de tous les côtés, je suis rapidement descendue de mon petit nuage qui commençait à s'élever un peu trop haut dans le ciel. Je ne dis pas que je n'aime pas me faire coiffer, maquiller, me faire pouponner avant de poser pendant des heures et des heures sous les projecteurs, avec des vêtements sublimes. Au contraire, j'adore ça. Et c'est pour ça que je suis mannequin et que je le resterais aussi longtemps que possible. Je ne pourrais plus m'en passer, c'est sûr. C'est juste que des fois, la vitesse à laquelle vont les choses, le brusquement des tâches, la précipitation, le remue-ménage incessant, ... quand je ne suis pas dans mes meilleurs jours, j'ai un peu de mal à tout supporter. Surtout quand le matin même, alors que je me prévoyais une magnifique journée, lorsque j'ai commencé à courir dans les rues de San Francisco à 8h du matin, il s'est mis à pleuvoir des cordes et des cordes. Courte averse, peut-être, mais grosse averse quand même. Je suis rentrée trempée jusqu'aux os, avec 10 minutes seulement devant moi pour me préparer et partir bosser. Autant dire que j'avais assez speedé comme ça, et que la couche qu'ils ont remit lors du shoot', était légèrement en trop. Légèrement. A presque 16h, j'ai eu droit à une pause, pour me détendre un peu avant de prendre les dernières photos. Il faut dire que j'en avais grandement besoin et pas seulement pour mon estomac qui grondait. En même temps, une simple salade verte et 3-4 beignets de poulet à midi, ce n'étais pas suffisant pour que je tienne jusqu'au soir. Mon quart d'heure de repos était donc plus que le bienvenu. J'enfilais un top blanc et un gilet gris par-dessus, avant de me glisser dans mon jeans slim. Je sautais ensuite dans mes supra noires imitation serpent, puis m'attachais les cheveux en une queue-de-cheval haute, mais floue. Il ne fallait surtout pas croire que j'allais encore me promener avec une robe sexy et des escarpins de 14, assortis à une coiffure hypra-sofistiquée. Après tout, je ne ferais qu'un bond dans une boulangerie voisine et passerais en coup de vent au Starbuck du coin prendre l'un de leurs sublimes café. Alors au diable les heures passées devant le miroir pour cette fois! Sans compter que je n'avais pas l'éternité devant moi si je voulais achever cette séance photos au plus vite afin de rentrer chez moi prendre un bon bain chaud. Après avoir acheté un bon petit pain au chocolat, je me précipitais au Starbuck. Par chance, il n'y avait pas beaucoup de monde. Heureusement, parce qu'il ne me restait que 10 minutes avant de retourner sur le lieu du shooting. Je passais ma commande à emporter après un court instant de réflexion, quand j'aperçus un jeune homme de profil, presque dos à moi, à ma droite. Seul, il avait une tasse à la main et paraissait perdu dans ses rêveries. Sans pouvoir m'en empêcher, je le fixais un instant. Je savais qui c'était. Si seulement il pouvait tourner légèrement la tête, je le reconnaîtrais. C'est sûr. Jetant un coup d'oeil à ma montre, je constatais que j'avais encore un petit peu de temps devant moi; je ne perdrais donc rien à aller le voir. Soit je le connaissais vraiment, soit pas du tout. Ça peut arriver à tout le monde, il ne m'en voudrait surement pas si je me trompe. Mon café en main, je me dirigeais vers la petite table où il était assis. Je le dépassais pour venir me poster en face de lui.
-Ah! Lenny!
J'étais soulagée. Au moins, je n'allais pas me faire rejeter par un toxico-depressif aux pulsions meurtrières.
❝ I 'm trying to find the words to describe this girl without being disrespectful. ❞
Les jours passaient et se ressemblaient tous plus ou moins les uns des autres. Ma vie n’était qu’une succession de journées toujours identiques sans jamais de quelconque changement. Le matin, je me levais assez tardivement , fumais quelques cigarettes et flânais dans la maison que je partageais avec Bryséis alors que cette dernière était au boulot en train de pouponner des filles venues des quatre coins de la ville. Je me faisais terriblement chier le jour , heureusement que mes soirées étaient toujours plus animées . Grâce aux services du soir que je rendais à certaines femmes seules et en manque de compagnie , sinon quelques fois, je m'invitais chez des potes pour m'éclater un peu. Pourtant, sortir ne m’aidait pas à combler ce vide à l’intérieur de moi. Même sombrer dans l'alcool et la drogue n’arrivait pas à me faire oublier ce sentiment de solitude profond qui me glaçait de l’intérieur depuis la disparition de Sergio . La vérité était que, aussi bien entouré que je l’étais, je me sentais profondément seul. Et dans ces moments-là, je regrettais plus que tout mon pays, ma ville. Ma famille. Cette famille que j’avais fuie l’année de mes vingt et un ans. Et je me demandais toujours ce qu’il serait advenu de moi si j’étais resté à Mendoza. Est-ce que j’aurais été plus heureux qu’ici, en Californie ? Je n'en avais strictement aucune idée … Ce jour-là je décidais de me rendre au Starbuck pour essayer de ne plus penser à mon passé & de profiter pleinement du présent . Il était bientôt seize heures . Après avoir passé la majeur partie de ma journée à la casa , j'enfilais les premiers trucs qui me passaient sous la main . C'est à dire un jean , un large sweat à capuche et des baskets basses . Je me dirigeais à pied vers le café . Le ciel était gris et de nombreux flaques jonchaient le sol . Je n'aimais pas vraiment ce temps pluvieux et attristant mais je préférais toujours sortir que rester une seconde de plus à la maison . Un quart d'heure passa et je me trouvais à l'intérieur du Starbuck où je commandais de quoi grignoter . Un donut et un frappucino goût caramel . Une fois servi , je m'installais près de là , sur une table . Je faisais dos à la clientèle et ne voyais donc pas les personnes qui commandaient jusqu'à ce qu'une jeune femme vint s'asseoir face à moi . Cette femme-là je pourrais la reconnaître entre mille . Chrystal , et elle le porte bien son nom : son sourire était tout aussi étincelant qu'un verre exposé à la lumière . Je ne cachais pas la trouver ultra canon . D'ailleurs mes yeux n'étaient pas resté bien longtemps dans mes poches . Elle avait beau être en jogging , coiffée à l'arrache … Chrys' restait plus que potable . « Ah! Lenny ! » s'exclama la demoiselle d'un air rassuré . « Hey oui , beauté . C'est bien moi ! Pas trop déçue ? » répondis-je en lui souriant en coin .
Souriante, je m'assois en face de lui. Bizarrement, même si lui aussi s'était habillé avec les premiers trucs qui lui étaient tombés dans les mains, je me sentais idiote. Je devais avoir l'air vraiment bête et il devait vraiment me prendre pour une pauvre fille qui ne prenait pas soin d'elle. Mal coiffée, pas maquillée et habillée à la va-vite. Et puis son regard brillant, presque étincelant, fixé sur moi, n'arrangeait pas les choses. Ramenant mes jambes l'une contre l'autre sous la chaise, je posais mon café sur la table, l'entourant de mes mains.
« Hey oui , beauté . C'est bien moi ! Pas trop déçue ? »
Mon sourire s'élargit et je fixais mes pupilles sur son visage. Il avait l'air de ne pas trop mal aller. Et je ne sais pas si c'était voulu, mais il venait de me tendre une sacré perche me permettant de le taquiner!
-Écoutes, franchement, c'est vrai que j'aurais largement préféré Ryan Gosling ou Channing Tatum. Mais au final, c'est pas plus mal que ce soit toi, je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état, ajoutais-je après quelques secondes de suspens, prenant un ton faussement blasé. Non mais en fait, j'étais sûre que c'était toi, terminais-je avec un clin d'œil en me renversant sur le dossier de la chaise.
La pluie qui s'était arrêtée de tomber depuis ma fameuse douche, recommençait à perler sur les vitres du Starbuck. Je n'allais pas tarder à devoir courir sous les gouttes... Oh et puis zut, ils m'attendront. J'avais déjà beaucoup bossé et en plus, j'étais en bonne compagnie. Je n'allais pas me mouiller tout de suite. C'était peut-être étrange mais quand je me retrouvais avec Lenny, je me sentais bien. Même s'il m'arrivait de me sentir idiote, comme à ce moment-là. Je me sentais bien et je ne ressentais pas le besoin de continuer ce que j'aurais peut-être dû continuer, comme le shooting d'aujourd'hui par exemple. Et tout ça, je ne sais absolument pas pourquoi. En fait, je n'ai jamais véritablement cherché à comprendre tout ça. Pour moi, c'était comme ça et c'est tout. Pourquoi vouloir à tout prix mettre un nom, donner une explication à quelque chose qui n'en a peut-être pas besoin. C'est très bien comme ça alors pourquoi s'entêter à y réfléchir, si c'est pour, au final, ne plus dormir et avoir mal à la tête. En me redressant sur ma chaise, accoudée à la table, je faisais tourner le verre fumant, dont la vapeur venait me chatouiller les narines.
-En vrai, je suis tellement fatiguée que j'aurais pu te confondre avec n''importe qui.
Je jetais un oeil aux alentours. Le seul homme présent était un gros et vieux motard moustachu. Je regardais Lenny de haut en bas, faisant mine de l'analyser, avant de reporter mon regard sur l'inconnu et haussais les sourcils.
-Sauf lui, finis-je par dire en buvant une gorgée de café, un sourire se dessinant sur mes lèvres.
Je laissais ensuite un petit rire m'échapper, risquant de renverser mon café. Je me suis rattrapée de justesse, lâchant un « merde » presque imperceptible. Pas de café sur mon gilet, surtout pas. J'en avais assez eu pour aujourd'hui, de la malchance. Je re-dirigeais mon regard vers le jeune homme. Peut-être que si je l'appréciais tant, c'était parce qu'il était toujours gentil et amical avec moi, attentionné. Depuis notre première rencontre, d'ailleurs. Dès le début. Et je n'oublie pas les personnes aussi gentilles, qui valent la peine qu'on les aime en retour. Il y en a tellement peu, des vraies de vraies, qu'il serait dommage d'en laisser passer.
-Et toi alors? Dis-moi ce que tu fais là, tout seul? Tu attendais quelqu'un?
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« Hey oui , beauté . C'est bien moi ! Pas trop déçue ? » demandai-je en souriant en coin à cette charmante demoiselle . « Écoutes, franchement, c'est vrai que j'aurais largement préféré Ryan Gosling ou Channing Tatum. Mais au final, c'est pas plus mal que ce soit toi, je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état . Non mais en fait, j'étais sûre que c'était toi ! » finit-elle par me répliquer bien adossée à sa chaise . Ses yeux étaient rieurs je comprenais vite qu'elle me taquiner gentiment . Pour ma part je me contentais de lui lancer un faux rire , genre AHAH , trop nulle la blague ! avant de manger une bouchée de mon donut . Je fixais Chrystal sans faire disparaître le sourire dans mes lèvres . C'est bizarre parce qu'à chaque fois que je me trouvais face à Chrys , j'avais le sourire aux lèvres . J'avais aussi l'imression de me sentir totalement niais , mais j'arivais à resté insensible à ses yeux de biche et son sourire digne d'une publicité de dentifrice . C'était Chrystal quoi , et c'est limite si elle ne me troublait pas en un seul battement de cil . Je n'étais pas habitué à de telles sensations donc ça me faisait tout drôle , mais c'était malgré tout assez plaisant . En tout cas je saisissais mon verre de frappuccino afin d'en boire quelques gorgées lorsque Chrystal m'avoue : « En vrai, je suis tellement fatiguée que j'aurais pu te confondre avec n''importe qui. » Je la regardais les yeux grands ouverts de surprise avant de me tourner discrètement et de faire le tour des personnes présentes dans le café . En faite le Starbuck était presque vide . Il y avait Chrystal , moi et … un vieux motard obèse et tatoué . Je reposais mon attention sur Chrys en la regard toujours les yeux écarquillés . « T'es sérieuse quand tu dis que tu peux me confondre avec n'importe qui ? » la questionnais-je en arquant un sourcil et grimaçant un peu en me remémorant intérieurement le physique ingrat dont la nature avait fait cadeau à ce pauvre rider.« Sauf lui ... » finit-elle par déclarer après avoir constaté les différences qui nous opposaient l'un à l'autre . « Mouais … heureusement que tu t'es rattrapée hein ! » déclarai-je d'un air amusé . Chrystal riait légèrement en buvant son café & c'est limite si ce dernier n'a pas faillis tacher son haut . J'aurais rigolé si ça serait arrivé . Moqueur , vous dites ? Juste un peu (a) Mais Chrys sait bien qu'on fond je suis adorablement irrésistible . « Et toi alors? Dis-moi ce que tu fais là, tout seul? Tu attendais quelqu'un? » demanda-elle avec curiosité . Je grimaçais en lui répondant : « Je suis dégouté ! Aomi Campbell devait me rejoindre ici mais apparemment elle m'a oublié , la garce ! » Je me retenais d'explosais de rire et gardais un air faussement abattu . Quelques secondes de silence passèrent puis « Mais bon tu es là , ça peut faire l'affaire ! » lui affirmais-je en clignant de l'oeil .
Voilà ce dont j'avais besoin. De la bonne humeur. Des sourires. Du calme. D'une ambiance agréable. Voilà ce qu'il me fallait précisément à ce moment-là. Et voilà ce que Lenny m'avait apporté. Volontairement ou pas, je n'en sais rien et ça ne m'intéresse pas. Il m'a apporté exactement ce dont j'avais envie, au moment où j'en avais envie. Comme d'habitude, d'ailleurs. Car c'est vrai qu'à chaque fois que je me trouvais en sa présence, si je me sentais déprimée, il trouvait le moyen de me faire sourire, si j'étais fatiguée, il trouvait le moyen de me réveiller, si j'étais triste il arrivait à me consoler et si j'étais heureuse, il parvenait à me rendre encore plus de bonne humeur. Son regard, sa façon d'être, de parler, sa façon de voir les choses, la manière qu'il a de montrer tel ou tel sentiment ou opinion... En gros, je ne pouvais plus m'en séparer. Rien que d'y penser, j'en avais des frissons partout.
« Je suis dégouté ! Naomi Campbell devait me rejoindre ici mais apparemment elle m'a oublié , la garce ! »
Pour ma défense, ce qui m'arriva ensuite était dû à la fatigue. Vraiment. Ce n'est pas ma faute. Quand je suis fatiguée, je n'ai pas vraiment l'esprit très ouvert et alors n'importe quelle petite touche d'humour, d'insinuations ou je ne sais quoi, tout ça, je le prenais au premier degrés. Je suis comme ça, je n'y peux strictement rien. Je ne me contrôle pas. En tout cas, pas cette partie de mon cerveau. Quand je suis fatiguée, il faut mieux rester complètement neutre, réaliste et éviter de faire de telle petite plaisanterie. Voilà pourquoi, quand cette phrase atteignit mes tympans, j'ouvris des yeux aussi grands qu'une soucoupe volante. Je n'en revenais tout simplement pas. Lenny attendait vraiment Naomi Campbell? LA Naomi Campbell? Cette question me chatouilla un court instant les neurones, avant que je me rende compte qu'il venait simplement de reprendre mon ironie. La même que je venais de faire quelques minutes auparavant. Il confirma d'ailleurs ma soudaine illumination.
« Mais bon tu es là , ça peut faire l'affaire ! »
Son clin d’œil me fit revenir à moi, me fit comprendre que je venais largement de passer pour une idiote. Une sacrée idiote. De plus, j'aurais bien dû remarquer qu'il était mort de rire et avait du mal à se retenir d'éclater. Ouvrant grand la bouche, je m'apprêtais à lui crier dessus, mais me retint au dernier moment. Après tout, si je lui reprochais sa taquinerie, il me reprochera la mienne et nous entrerons dans un cercle vicieux infini. Je me contentais donc de tordre la bouche et de croiser les bras. Si je ne voulais pas m'enfoncer davantage, il fallait mieux que j'évite de trop parler de ça. Voir même essayer de changer de sujet. J'éviterais ainsi trop de moquerie, même si je savais pertinemment qu'il n'abuserait pas. Il était quand même gentil, mon Lenny. -Je n’émettrais aucun commentaire. Juste peut-être que je fais LARGEMENT l'affaire. Elle commence à se faire vieille, la Campbell.
Bon, j'avoue, ce n'était absolument pas un commentaire utile. Mais après tout, je reste une femme: la concurrence féminine, je n'aime pas ça. Je finis la dernière gorgée de mon café et reportais mon attention sur Lenny. L'horloge numérique derrière lui me confirmais ce que je redoutais: il fallait que j'y retourne. Sauf que je n'en avais pas envie. Pas tout de suite en tout cas. Je voulais rester là, assise ici avec Lenny. Je trouverais une excuse, n'importe quoi, mais je reste là. -Et dire que dans pas longtemps, je vais devoir sortir sous la pluie pour recommencer à poser pour cet abrutit de photographe qui ne sait absolument pas diriger de shooting... C'est littéralement déprimant. Parle moi un peu de toi pour me changer les idées. Un truc à raconter? Une grande nouvelle à m'annoncer?
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« Je n’émettrais aucun commentaire. Juste peut-être que je fais LARGEMENT l'affaire. Elle commence à se faire vieille, la Campbell. » rétorqua Chrystal d'un air assez agacé . Son air de petite fille irrita m'amusa assez et pour en rajouter une couche je répondis alors à la demoiselle . « Non mais Naomi devais venir avec Adriana Lima . C'est pour ça que je suis aussi degouté qu'elle m'ait posé un lapin en faite ! » Je finissais alors ma boisson après cette phrase . Mon regard finit par rencontrer celui Chrys avant que la jeune femme ne le détourne pour croiser l'horloge qui affichait l'heure . J'espérais qu'elle n'allait pas devoir s'en allait … Pas maintenant . J'étais tellement content de la voir et d'avoir la chance de passer un peu de temps avec elle . Parce qu'être mannequin lui demande beaucoup de temps et puis avec nos emplois du temps respectifs c'était donc assez dur de pouvoir se voir rien qu'une heure ou deux . Malheureusement ce dont j'avais le moins envie d'entendre sortit tout de même de la bouche de Chrystal : « Et dire que dans pas longtemps, je vais devoir sortir sous la pluie pour recommencer à poser pour cet abrutit de photographe qui ne sait absolument pas diriger de shooting... C'est littéralement déprimant. » La mine déconfite et le ton blasé je finis par lui lâcher : « T'es sérieuse là ? Tu vas me lacher pour retourner à ton shooting . Vilaine , je te retiens :o » J'avais sorti ça comme un gamin qui en voudrait à ses parents . C'était complètement stupide de ma part au fond… Comme si l'un de mes caprices de gosses réussirait à la retenir un peu plus . Intérieurement j'espérais que ça marcherait et je crois que le résultat fut finalement à la hauteur de mes espérances puis , comme si de rien n'était , Chrystal décida de continuer la conversation plutôt que de prendre ses clics et ses clacs et de retourner à son activité de modèle . Un nouveau sourire apparût sur mes lèvres . Comment cacher mon contentement à ce moment-là ? « Parle moi un peu de toi pour me changer les idées. Un truc à raconter? Une grande nouvelle à m'annoncer? » Je réfléchis un court instant avant de lui déclarer :« Pas grand chose à te dire à oart que ça me fait très plaisir de te voir:) » Dragueur vous dîtes ? C'est vrai mais cela fait entièrement parti de ma personnalité . En bon latino que je suis , j'aime bien un peu baratiner et draguer ces demoiselles .
« T'es sérieuse là ? Tu vas me lâcher pour retourner à ton shooting . Vilaine , je te retiens »
J'ai eu beaucoup de mal à retenir l'éclat de rire qui voulait sortir de ma bouche. Face à son expression boudeuse, presque enfantine, je peinais à garder mon sérieux. Finalement, la décision que j'avais prise de rester ici en sa compagnie n'était pas si mauvaise. Étant donné l'effet que lui faisait la simple idée de me voir partir, je ne le quitterais pas tout de suite, surement pas. Basculant sur ma chaise, je me mordillais la lèvre inférieur, posant rapidement mon regard sur lui avant de le reporter sur le liquide noir que je n'allais pas tarder à engloutir entièrement. C'est dingue ça, je n'avais pas l'habitude d'être aussi touchée par une simple moue, une simple phrase. C'était mignon, ça me touchait, mais de là à me rendre nerveuse, jamais. D'habitude, si l'on m'avait sortit quelque chose comme ça, même Lenny lui-même d'ailleurs, j'aurais tout de suite rétorqué qu'il me faisait penser à l'un de mes petits cousins, lui pinçant la joue affectueusement ou alors je l'aurais nargué, lançant un truc ironique du genre "C'est comme ça que tu comptes me retenir?!". Ouais, d'habitude, j'aurais trouvé un truc à rétorquer sans même réfléchir. ça serait venu tout seul, d'un coup. Mais là, rien. Je restais sans rien dire, amusée mais silencieuse, incapable de parler sans réfléchir. Je pesais le moindre de mes mots dans ma tête, cherchant s'il n'y aurait pas de doubles sens, de quiproquos, cherchant des synonymes, des contraires, réfléchissant à l'impact de chacune des phrases que j'aurais pu dire. C'est comme ça que l'on finit par ne rien dire. Ne trouvant pas la phrase parfaite, on se tait et on attend que l'autre enchaîne. Et ça, d'habitude, ça ne m'arrive pas. Perdue dans mes pensée, je ne captais pas le début de sa réponse. Seulement la fin.
« ... ça me fait très plaisir de te voir »
Le sourire qu'il me lança ensuite finit par m'achever. Si fondre avait été possible, je crois que j'en serais à l'état de flaque d'eau. Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait bon sang?! Me faire draguer comme ça, aussi ouvertement, j'avais l'habitude. Étant mannequin, je passais des heures et des heures à me faire complimenter après un shooting ou un défilé, le regard des hommes se posait sans cesse sur moi dans la rue, alors pourquoi là, maintenant, alors que je ne me laisse jamais attendrir par la drague incessante, énervante des autres, pourquoi là, j'en perdais tous mes moyens? Où était passée la vraie Chrystal, celle qui ne se laissait pas faire et qui avait réponse à tout? Il fallait que je me réveille, ou il allait penser que je suis une fille bizarre, étrange. Alors ce n'est absolument pas le cas. Engloutissant ce qu'il me restait de café, je reportais mon attention sur Lenny, un sourire aux lèvres. Aller, ce n'est pas le moment de se laisser avoir par les hormones. Des beaux gosses comme ça, il y en a à tous les coins de rues, ce n'est pas celui-là qui me fera craquer. Pas maintenant. Je ne suis pas comme ça.
-C'est gentil...
C'est gentil? J'avais vraiment dit "C'est gentil"?? Wouaw, c'était de pire en pire. Après le sourire niais, la réponse niaise. Ce n'est vraiment pas mon jour!
-Enfin, je veux dire que moi aussi, ça me fait plaisir de te voir. Pour une journée comme celle-là, je suis bien contente de tomber sur un ami pour pouvoir un peu déconnecter du monde extérieur. C'est stressant, des fois.
J'avais tellement pitié de moi à ce moment-là que je me mis à penser que je ne pouvais pas tomber plus bas. Il y a des jours comme ça, où on ne se reconnait plus du tout. Et ces jours là, il faudrait mieux rester enfermé dans sa chambre à regarder "Dirty Dancing" avec une bonne glace au chocolat.
❝ I 'm trying to find the words to describe this girl without being disrespectful. ❞
Plus je passais de temps avec Chrystal , plus j'apprenais à la connaître . En effet ça faisait déjà pas mal de temps que l'on se fréquentez tous les deux en tant qu'amis et j'avais cru comprendre que c'était une fille pied à terre et bavarde . Ce jour-là je ne la reconnaissais pas trop … Elle avait l'air si pensive ! Comme si son corps était sur terre mais son esprit ailleurs . J'ignorais si elle était vraiment avec moi et suivait tout ce que je lui disais . Cependant une chose était sure : j'étais content de la voir et lui fis d'ailleurs clairement savoir par mon sourire le plus enjoué qu'il soit . La jolie brune me répondit avec enthousiasme que c'était gentil . Gentil ? C'est tout ce qu'elle trouvait à redire . Je ne m'attendais pas à cette réponse mais venant de sa part , je me dis que ça ne pouvait qu'être mignon . Quoique cette phrase me laissait un peu sur ma fin . Normal quoi … Je lui dis que je suis content de la voir et Chrys me répond juste que c'est gentil. Oh et puis y a pas de quoi en faire un flan . Je tirais mes cheveux faussement mal coiffés à l'arrière et plongeais mon regard ténébreux dans celui de la bunette . Dragueur vous dites ? Exact , Georges Clooney peut aller se rasseoir quand j e suis dans la place . J'avoue que j'étais doté d'une certaine et surprenante confiance en moi pour ne pas parler d'arrogance . Mais il est vrai que lorsque l'on désire quelque chose , tous les moyens sont bons pour l'obtenir , non ? Parce que oui , bien que Chrystal et moi étions lié d'amitié, j'avais irrémédiablement envie de faire d'elle plus qu'une simple amie . J'allais donc la séduire à ma façon et observer jusqu'où cette séduction me mènera . En espérant ne pas me faire rejeté par la demoiselle … Si non mon orgueil serait alors durement blessé . La règle numéro 1 de séduction c'est de toujours écouter sa locutrice avec attention . Ce que je faisais donc le plus naturellement possible . Chrystal , voyant ma réaction tout à l'heure , s'était sentie obligée de justifier son « C'est gentil » . Elle m'expliqua alors qu'elle était aussi contente de me voir car elle avait besoin d'une échappatoire en ce moment . Simultanément et en souriant je lui répondis alors : « Je ne savais pas que le métier de mannequin était aussi stressant . C'est dur à se point de poser devant l'objectif ? » Un ton ironique s'était dissimulé dans ma voix mais bien sur dans le seule but de la taquiner car règle numéro 2 : la plaisanterie est aussi une part importante dans la séduction .
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