« Fleur aux pétaaaaales d'or... » Je pleurai à chaudes larmes en regardant Raiponce. En même temps, je ne fais que ça de mes journées. Pleurer hein. Je ne regarde pas Raiponce tant que ça. Juste deux, trois, dix fois. Depuis que je suis en congé maternel, je m'ennuie à mourir. Enfin, non, je ne vais pas mourir mais des suites de ma grossesse et du fait que j'ai du arrêter mes médicaments, ma patronne (fausse patronne) m'a gentiment fait comprendre que des suites de ma maladie, je pouvais rester travailler chez moi. Je suis congédiée en fait. Je lui aurai bien collé un procès mais j'avais la flemme. C'est long, ça coûte cher et puis le FBI allait encore me taper sur les doigts. Moi, l'enfant rebelle. Ohlala, qu'est-ce que c'est grave ! Assise sur le canapé, je mangeai de la glace au roquefort – sisi, ça existe – en matant l'écran de télé comme si ma vie en dépendait. Depuis que je suis tombée enceinte de bébé alien dont j'allais sûrement connaître le sexe aujourd'hui. Je regardai ma montre Flik Flak quand je vis que oui, effectivement, je devrais déjà être chez mon obstétricienne. Oh mais j'ai la flemme. Sauf que si je n'y vais pas, Edward va me décapiter. Donc c'est à contrecoeur que je me lève pour m'habiller. Se rendre chez la gynéco avec une culotte et un chandail, bon ça peut devenir la tenue hyper-tendance mais en été. Je passe donc une de ses robes made for femme enceinte et une queue de cheval plus tard, je suis prête. « Miaaaaw. » Je baisse le regard pour rencontrer celui de Pikachu que je prends dans mes bras avant de poser sur une des nombreuses vestes de son papa chéri. Ce chat ne m'aime pas. J'espère que mon bébé m'aimera lui.
Une fois dans la salle d'attente, je me mets à feuilleter les magazines pour finalement apprendre que machin est enceinte quand la femme stricte arrive et me tend une main froide pour que je la serre et la suive dans son cabinet. J'allais tuer le père Liebestoll pour ne pas m'avoir accompagner aujourd'hui mais c'est moi qui avais voulu cet enfant, donc je devais assumer. Allongée sur la table, je la laissais mettre le gel froid sur mon ventre rebondi et me montrer mon enfant à l'écran. Tout était sur un DVD pour le papa bien entendu parce qu'il n'avait pas pu venir. « Voulez-vous connaître le sexe de l'enfant ? » J'aurai bien dit que sa question était débile mais je me contentai d'acquiescer. « C'est une petite fille. » Oh une petite Sophie. J'avais décidé depuis longtemps qu'elle s’appellerait comme ça et je sentis quelque chose couler le long de ma joue. Des pleurs. Ça change tiens. Je remerciai vivement la dame avant de partir, confuse. J'allais être maman, d'une petite fille. Je restai sans voix tout le long du trajet, la main sur le ventre et les yeux humides avant de rentrer chez moi
Qu'est-ce que foutent les bagnoles de mes collègues du FBI devant la maison ? Qu'est-ce que fout le FBI chez moi d'ailleurs ? Je fronçai les sourcils avant de pénétrer dans la maison jaune et d'appeler Edward. « Chéri ? » Pas de réponses. C'est calme, beaucoup trop calme. Je longeai le couloir avant de le trouver assis sur une chaise et l'un de mes supérieurs face à lui. « Salut les gars, on casse le croûte, dis-je alors les mains sur mon ventre. » Je les fixai d'un œil peu amical avant de voir l'un d'eux venir à moi. « Lilas mais qu'est-ce que tu fais là ? » Je me retins de lui en mettre une. « J'habite ici. » Il semblait gêner avant de passer une main dans sa nuque. « Ah, et lui, c'est ton mec alors. Il a téléchargé des trucs pas cool. Document confidentiel. » Je levai les yeux au ciel. Ed a encore touché mon ordinateur. « Combien de fois t'aies-je dit de laisser Pascal tranquille ? Bref, c'est une erreur vous pouvez vous barrer maintenant. »
Depuis que nous avons annoncé officiellement que nous allions sortir notre troisième album, le groupe et moi sommes harcelés par tout un tas de magazines à travers l‘Amérique, et même en Europe, ce qui est assez dingue. Le groupe devient de plus en plus connu et c’est quelque chose que j’ai du mal à gérer. Ca me rend fou de joie, mais je ne peux cesser de me dire que je risque d’être de plus en plus absent. Nous allons être poussés à faire de plus longues tournées, nous devrons jouer dans de plus grandes salles, participer à des festivals qui feront que je serais de moins en moins à San Francisco. L’avantage étant que comme Lilas est enceinte, elle pourra me suivre pour un petit moment. Enfin, espérons.
Tout ceci implique donc que j’ai pas mal de déplacements à faire à cause des interviews à droite, à gauche. En règle générale, c’est pas spécialement gênant, parce que c’est une part de mon métier, puis il y a certains interviewers que j’adore… Mais aujourd’hui, ma copine à une échographie importante et je ne peux même pas y assister parce que je ne rentrerais jamais à San Francisco dans les temps, même avec le décalage horaire. J’adore New York, mais aujourd’hui, c’est la pire ville qui soit. De plus, mon avion est en retard. Je suis hors de moi et malgré les efforts que font les gars pour m’apaiser, rien ne me fait me sentir mieux. Je sais que Lilas demandera une copie de l’échographie, mais c’est quand même différent que d’être à coté d’elle et lui tenir la main. « On aurait très bien pu faire cette interview au téléphone, ou par internet. On aurait très ben pu rester sagement chez nous, plutôt que de venir se casser le cul dans cette ville merdique au milieu de tout ces pigeons qui ne se bougent pas le cul! » criais-je en donnant un coup de pied dans une poubelle avant de m’asseoir dans un siège près de mon batteur. Personne n’ose parler, parce qu’ils savent tous pertinemment que si ils l’ouvrent pour me convaincre de me calmer, je vais déverser ma colère sur eux.
OK. J’ai envie de tuer quelqu’un.
Une fois arrivé à San Francisco quelques heures plus tard, je monte dans un taxi et avec l’heure qu’il est, il est inutile que j’aille rejoindre Lilas à son rendez-vous, tout simplement parce qu‘ils ne me laisseront probablement pas rentrer dans la salle pour la rejoindre, puis aussi parce qu‘il doit toucher à sa fin dans peu de temps. Encore en colère, je décide de rentrer à la maison. Je paye le taxi driver et récupère ma petite valise avant de rentrer dans ma grande maison jaune. Je pose ma valise au sol en soupirant un petit « Home sweet home… » Pikachu m’accueille en miaulant et en se frottant à ma jambe, visiblement content de me voir. « Coucou mon chaton. Maman a été gentille avec toi? Oh oui, ronron toi-même… » Je ris doucement et m’apprête à aller prendre une douche quand une petite alerte stridente m’interpelle. Je mets cinq minutes avant de réaliser qu’elle provient de l’ordinateur de Lilas. Je m’approche curieusement de celui-ci et soupire en grimaçant à l’entente du bruit qui agresse de nouveau mes oreilles. « C’est quoi ce bordel? Ta gueule. » Je veux appuyer sur la touche qui contrôle le volume pour couper le son de manière à avoir la paix. Rien de méchant, quoi. Je sais que Lilas n’aime pas que je touche à son ordinateur, alors je m’auto-rassure en me disant que je ne fais rien de mal.
Seulement une fenêtre s’ouvre en grand sur la page et m’empêche de faire ce que j’ai envie de faire en bloquant toute action. Je fronce les sourcils et me mets à souffler en tentant de déchiffrer le contenu du document. « Ah d’accord, c’est du français. » dis-je à voix haute, n‘étant pas étonné que Lilas lise des trucs écrits dans sa langue natale. Le bruit strident se fait encore entendre. Visiblement l’alerte se déclenche à cause de ce document à la con. Je clique sur le seul bouton qui n’est pas bloqué par ce ficher et l’écran revient à la normal. Plus de bruit. Je souris de satisfaction et me lève de manière à aller prendre une douche.
Après une vingtaine de minute, je sors de la douche en chantant l’air qui passait à la radio dans le taxi dansant un peu, en caleçon, les cheveux encore mouillés. Soudainement, sans que je comprenne ce qui m’arrive, je me retrouve plaqué contre le mur. Un gars me maintient fortement contre celui-ci en me tordant le bras dans le dos. « FBI. T’es grillé, mec. Le fichier nous a mené jusqu’à chez toi, et maintenant tu vas être arrêté. »
Autant ma première pensée allait vers des cambrioleurs, maintenant, je ne suis plus sûr de rien. C’est une blague? Je fronce les sourcils en tentant de me débattre. « Mais de quoi vous m’parler? J’comprendre rien! J’ai jamais rien fait d’mal, je vois même pas de quoi vous m’parlez! » Le gars me décolle du mur et me force à m’asseoir dans une chaise, près de l’ordi de Lilas qu’il me pointe du doigt. Je lève les yeux vers lui, complètement paumé. Un autre gars en costume cherche dans les tiroirs de chaque meubles. C’est quoi ce putain de délire? Pendant deux secondes, je me demande si c’est vraiment ma maison, la réalité, si c’est pas un truc que je regarde à la télé. J’ai pas pris de drogue, je ne suis pas en pleine hallu. En parlant de drogue... Est-ce qu’il m'en reste dans cette maison? Si ils en trouvent, je suis foutu…
Mais au fait, qu’est-ce qu’une employée d’Apple peut avoir à foutre avec le FBI? Il s’agit de son ordinateur, là! Qu’est-ce qu’elle fout avec son PC? « C’est quoi ça, alors? » aboie-t-il, en me toisant du regard, comme pour m’impressionner. Je le regarde en haussant les épaules. « C’est l’ordinateur de ma copine. Le mien est dans ma valise. A l’entrée là bas. » Pile au moment où je pointe l’entrée du menton, la porte d‘entrée claque. Lilas. « Chéri ? » Le type et moi échangeons un regard, l’autre qui fouillait dans la maison se stoppe net. Lilas fait irruption dans la pièce, avec son gros ventre trop mignon un boitier à la main, contenant le DVD de l’échographie, ce qui m’arrache un sourire. « Salut les gars, on casse la croûte... » Celui qui m’a plaqué contre le mur s’approche vivement d’elle. Je me penche un peu pour tenter de percevoir ce qu’ils se disent, toujours assis dans la chaise. Je n’entends que des chuchotements.
« Combien de fois t'aies-je dit de laisser Pascal tranquille ? » Je me retiens de lui faire un doigt d’honneur et hausse les épaules d’un air de dire « C’est pas moi, j’ai un alibi, j’étais au cinéma. » Elle semble agacée maintenant et leur demande de partir, ce qu’ils font assez rapidement, tout en s’excusant. Une fois seul avec elle, je me lève finalement de la chaise en croisant les bras sur mon torse. « C’est quoi ça, alors? » Dis-je en imitant l’accent et la voix du type du FBI.
« This is a part of me. » Je ne sais pas pourquoi mais je chantais du Katy Perry à tue tête toute la journée. Mais je n'ai strictement rien à faire de mes journées. Je me faisais chier. Hacker des trucs me manquaient et j'avouerai que quand on m'a envoyé à San Francisco pour me tester et voir si je ferai un bon agent, j'ai vu rouge. Pis en attendant que le FBI me rappelle, je devais bien me trouver un boulot parce que payer le loyer avec l'argent de mes délits, pas top non ? Mon bébé ne serait pas trop d'accord. J'avais caché à Edward mon passif de délinquante et j'avouerai que je me sentais un peu mal parce que lui m'avait tout dit. Mais qu'est-ce qui me disait qu'il n'allait pas me briser le cœur. « Parce que tu es enceinte de lui et qu'il ne s'est pas sauvé en courant, me susurra une petite voix mesquine. » Ah mais ta gueule la conscience. Je n'avais pas de conscience avant. Je passais mon temps à faire des trucs pas bien. Sauf à coucher avec tout le monde. Je ne sais pas si c'est mon imposant cerveau ou mes amies qui se tapaient tout ce qui bouge mais le sexe a toujours été un répulsif pour moi. Je n'avais jamais eu de relations sexuelles avec quelqu'un avant Edward. Il m'a appris à aimer ça. Enfin « aimer » est un bien grand mot. Je ne suis pas une nymphomane non plus. Quoiqu'en ce moment, mon corps est en feu. Mais c'est de la faute aux hormones. Je n'aimais pas quand Edward était loin de moi. Tout en lui me manquait. Son air niais, badaud, son odeur, ses mimiques, ses cheveux hérisson, sa barbe de quatre jours, je ne savais plus où j'en étais sans lui. Je tournais en rond.
Et quand on est intelligente, on ne réfléchit pas forcément avec son cœur. Je n'ai jamais écouté mon palpitant et je trouve l'image assez idiote. Les chansons d'amour telles que Someone Like you ou autres me laissaient de marbre parce que je n'y trouvais aucune logique. L'amour n'existe pas, c'est une notion qui a été inventé par les poètes pour coucher librement. Alors qu'est-ce que je ressentais pour Edward si ce n'est de l'amour ? Une affection profonde ? J'avais l'impression que si un jour il me quittait, j'y perdrais bien plus qu'une bouillotte dans le lit le soir. C'est ce qui faisait que j'avais peur de lui dire que je ne bossais pas seulement chez Apple mais aussi pour le FBI. J'avais eu un mauvais pressentiment toute la sainte journée et quand je suis rentrée chez moi, que j'ai vu les blousons avec le sigle, Edward assis sur une chaise, je sentis mon cœur s'arrêter. J'étais coincée, il allait me demander des comptes et tout me ramenait un an plus tôt. Je regardai mon collègue qui tentait de m'expliquer ce qu'avait fait Edward et visiblement l'information circulait mal chez eux. Je levais les yeux au ciel avant de lui intimer de dégager et encore j'ai été bien gentille puis mon attention se retourna sur Edward.
J'hésitais entre me jeter sur lui et le couvrir de baiser ou bien me barrer en courant. Son regard me fit tressaillir et je décidai d'aller me chercher ma glace au roquefort. Fuck mais je suis enceinte. Je revins dans la salle des ordinateurs avant de chercher une chaise du regard et poser mon gros derrière dessus. « Ce que je vais te dire est strictement confidentiel. J'attendais... je ne sais pas trop ce que j'attendais pour te le dire mais disons que c'est assez compliqué. » Je mis une cuillère de nourriture dans ma bouche avant de commencer mon récit. « Tu as bien du remarquer que je ne suis pas comme tout le monde. Hormis mon trouble de l'attention, j'suis surdouée. J'ai été diplômée de la fac à l'âge de 15 ans, amen. Et je ne savais pas quoi faire de ma vie. J'ai donc commencé à hacker des trucs. Pour de l'argent. Sauf que j'me suis faite choper par les mêmes gars que toi, j'ai été extrader à leur siège à la con et à 17 ans, je suis entrée à leurs services. » Je me mis à rire, gênée avant de passer une main dans ma nuque. « Vois-tu, si j'suis ici, j'en sais rien. Mais je t'aime vraiment hein. Te sauves pas en courant. J'ai beau avoir une vie dite fictive, aucune famille et une envie de roquefort H24, ce qu'on vit tous les deux est réel. J'espère bien parce que bon, là, j'ai un peu mal partout et j'aimerai me foutre dans le canapé pour regarder le film de l'échographie si tu veux bien. » Je soupirai avant de m'approcher de lui et de me mettre à genoux. « Tu vas pas te sauver en courant hein ? » Je posai la tête sur ses genoux en lui lançant un regard de chien battu. Regard auquel il avait du mal à résister. Garce manipulatrice que je suis.
A l’aéroport de New York ma seule envie était de rentrer, retrouver Lilas, m’installer dans le canapé, la prendre dans mes bras - en me demandant probablement comment elle faisait pour manger de la glace au roquefort - et l’embrasser une vingtaine de fois avant que son haleine ne sente trop le fromage.
Les français ont un truc avec le fromage. Je n’avais jamais entendu parler de roquefort avant que ça ne devienne sa nouvelle lubie. Et je ne m’en portais pas plus mal, en fait. Ce truc est vraiment écœurant. Mon père m’avait raconté que ma mère mangeait des tonnes et des tonnes de meringues quand elle était enceinte de moi. Je trouve ça mignon comme petite gourmandise. C’est bon, c’est une pâtisserie et puis c’est jolie une meringue. Mais allez dire à votre gosse que le péché mignon de sa mère durant sa grossesse était la glace au fromage qui pue, allez-y!
J’avais envie de regarder ce DVD, j’avais envie de pleurer comme une fille devant la vidéo de mon petit spermatozoïde devenu grand après une pauvre journée de merde passée à répondre à des questions bateau auxquelles les gars et moi avions déjà répondu un demi milliard de fois. Autant certaines interviews étaient drôles et un peu originales, celle là était complètement inutile.
J’avais envie de me mettre à niaiser devant le petit film de mon bébé comme une groupie devant le vidéoclip de son boys band préféré, mais non.
Mais non parce que l’ordinateur de Lilas, parce que les types du FBI pas contents, parce que secrets dans mon dos. Parce que. Parce que rien n’est jamais simple avec Lilas, parce que rien ne peut se passer sans que l’un de nous ne fasse un truc de travers. J’étais en colère parce que j’étais presque à poil, parce que je venais de sortir de la douche détendu et que j’étais de nouveau stressé, crispé, mal. Je venais de sortir en serviette en faisant une petite danse devant des types en uniforme armés jusqu’aux dents. Je venais de me taper l’affiche et sans réellement savoir pour quoi. Et maintenant je réclamais des explications. Quoi de plus normal, après tout?
Je regarde donc Lilas passer près de moi et se diriger vers le frigo dans la cuisine. Je ne bouge pas de ma place en soupirant doucement, sans un mot. Quelques secondes après, elle s’installe dans la chaise sur laquelle le monsieur du FBI m'a fait asseoir de force un peu plus tôt et tout en commençant à manger sa glace affreusement dégueulasse, elle se met à parler. « Ce que je vais te dire est strictement confidentiel. J'attendais... je ne sais pas trop ce que j'attendais pour te le dire mais disons que c'est assez compliqué. Tu as bien du remarquer que je ne suis pas comme tout le monde. Hormis mon trouble de l'attention, j'suis surdouée. J'ai été diplômée de la fac à l'âge de 15 ans, amen. Et je ne savais pas quoi faire de ma vie. J'ai donc commencé à hacker des trucs. Pour de l'argent. Sauf que j'me suis faite choper par les mêmes gars que toi, j'ai été extrader à leur siège à la con et à 17 ans, je suis entrée à leurs services. Vois-tu, si j'suis ici, j'en sais rien. Mais je t'aime vraiment hein. Te sauves pas en courant. J'ai beau avoir une vie dite fictive, aucune famille et une envie de roquefort H24, ce qu'on vit tous les deux est réel. J'espère bien parce que bon, là, j'ai un peu mal partout et j'aimerai me foutre dans le canapé pour regarder le film de l'échographie si tu veux bien. »
Je fronce les sourcils, et reste silencieux. La vérité, c’est que je ne sais pas trop comment réagir face à sa petite histoire. Je suis vexé, peu surpris et en même temps en colère. Vexé par rapport au fait qu’elle m’ait caché ceci, même si c’est « confidentiel » comme elle le dit. Je lui ai dit tout ce qu’il y avait à savoir sur moi et mon passé et je pensais qu’elle en avait fait autant. Je lui ai parlé de mon père, de Silver, Sierra, de mes problèmes avec la drogue et tout ce genre de chose. Peu surpris parce que c’est Lilas. Lilas est la personne la plus étrange que j’ai jamais rencontré. Elle ne fait rien comme les autres et c’est principalement ce qui me plait chez elle. Le fait qu’elle ait ce genre d’activité ne m’étonne pas vraiment. C’est elle, quoi. Je crois que la fusion de ces deux pensées met en colère. Je suis en colère qu’elle m’ait caché quelque chose. Quelque chose qui ne me surprend même pas. Si j’avais su cette chose, je n’aurais jamais touché à son ordinateur. Et j’aurais pu éventuellement anticiper l’arrivée du FBI en cas de maladresse de ma part.
« Tu vas pas te sauver en courant hein ? » Je n’avais même pas remarqué qu’elle s’était mise à genoux devant moi. Je me retiens de sourire, tentant d’adopter une moue boudeuse. J’évite son regard avant de croiser mes bras sur mon torse. « Je suis vexé que tu ne m’en aies pas parlé. Je pensais qu’on avait plus de secret l’un pour l’autre et ça me met en colère. » Je prends son bras et la tire doucement vers le haut pour l’aider à se relever. Je dépose ensuite mes mains sur ses hanches avant d’embrasser le bout de son nez. « Plus rien ne me choque, venant de toi Lilas. Vraiment, je comprends pas pourquoi tu ne m’en as pas parlé. Ce qu’on vit tout les deux c’est réel, pourtant tu continues de me cacher des trucs et ça me laisse penser le contraire, justement. J’comprends pas pourquoi tu as gardé ça pour toi et ça me blesse. Vraiment. »
es gens ont visiblement du mal avec le concept de ‘confidentiel’. Mes amis ne savaient pas pour ma double-vie, mon petit-ami (et accessoirement père de mon enfant) non plus. Je voulais lui dire parce que lui mentir m’était insupportable mais j’attendais la naissance du bébé pour lui avouer la vérité. En l’occurrence la naissance de ma fille. De notre fille. J’avais été recruté jeune. Parce que je me suis faite chopée mais sinon, je pense que je serai toujours hacker. Dire à tout le monde que la gentille et la sweet petite Lilas travaille gentiment chez Apple, rentrait faire à manger à son doudou d’amour pour ensuite faire un enfant alors qu’elle n’a même pas vingt ans. Mais quelle irresponsable. Mesdames et messieurs les jurés, j’ai un super cerveau. Oui, il est gigantesque. Un QI supérieur à la norme. Tandis que votre fils de vingt-trois ans apprenait à compter, je savais déjà faire des divisions. J’aurai pu être diplômée de n’importe quoi. Avoir trois doctorats, sortir avec un vieux boutonneux à lunettes et me faire royalement chier. Sauf que la souris que je suis à besoin de sa dose d’adrénaline. Voilà pourquoi je sortais avec un mec (pas très futé, je vous l’accorde), accessoirement drogué (en prend-il encore, mystère et boule de gomme.), incapable de discipliner ses cheveux et très porté sur la musique. Et bisexuel aussi. Donc, je risquais à tout moment de le retrouver mort d’une overdose, avec les cheveux plats ou de me faire quitter pour un mec. Enjoy ! Mais c’est le frisson d’excitation qui faisait que je lui sautais dessus tous les soirs et que j’avais son gosse, sa gamine, sa loutre des champs qui grandissait en moi.
BREF (comme la série débile qui passe en France), je rentrais chez moi quand mes collègues ont décidé de me rendre une petite visite de courtoisie. Enjoy x2. Cette fois-ci, ils veulent arrêter mon mec. Qu’est-ce que cet abruti a encore fait ? Je jette un regard sur lui, je comprends. Il a tripatouillé Pascal. Agacée, je lève les yeux au ciel tandis que mes collègues mettent les voiles. C’est ça, barrez-vous, j’dois avouer un truc à mon mec qui va surement me larguer ou me hurler dessus jusqu’à temps que je me mette à chialer parce que c’est comme ça les femmes enceintes. Ca pleure pour un oui ou pour un non. Je vais donc chercher cette glace dont j’ai envie puis je reviens vers Edward qui continue de me fixer d’un œil critique. Aie aie, je suis dans la merde. Je soupire avant de me poser sur la chaise et de lui débiter mon histoire comme si je servais au tennis. J’ai l’art de raconter ma vie vraiment. J’aurai du faire romancière. Un jour, on lira les ‘extraordinaires histoires de Lilas Martin’. Non c’est moche comme truc. Je soupire avant de me mettre à genoux devant lui pour lui lancer mon regard de cocker. Il me relève alors de mon mètre quatre-vingt (et tant mieux parce qu’à cause de la crevette, j’ai mal partout) avant d’embrasser le bout de mon nez. « Plus rien ne me choque, venant de toi Lilas. Vraiment, je comprends pas pourquoi tu ne m’en as pas parlé. Ce qu’on vit tous les deux c’est réel, pourtant tu continues de me cacher des trucs et ça me laisse penser le contraire, justement. J’comprends pas pourquoi tu as gardé ça pour toi et ça me blesse. Vraiment. » Il fait sa précieuse encore. Bon, c’est vrai qu’il m’a tout dit mais chaque femme à sa part de mystère. Je soupire donc avant d’enfourner une cuillère dans ma main et de gémir parce que j’ai mal partout.
« J’avais remarqué que c’était réel Edward parce que sinon, je n’aurai pas envie de pisser toutes les deux minutes. J’te l’ai pas dit pour te protéger. Tu veux te donner l’air fort mais crois-moi, ma vie était un chaos avant que j’vienne ici et te rencontre. J’ai fait beaucoup de conneries, j’avais peu de scrupules. J’ai vendu des infos et ça ne me faisait rien. Donc, ils m’ont choppé, j’ai fait de la taule mais j’ai pas de tatouages. Oui, j’ai l’air fragile mais avec mon super cerveau et tout le reste, j’me sentais incomprise, du coup, j’ai sauté un câble. Bref, ta fille me tape sur le système est-ce qu’on peut aller s’asseoir, s’il te plaît ? » Dans la foulée, je lui lance que c’est une fille (bien Lilas) et que j’suis pas quelqu’un d’honnête. Putain mais j’suis trop conne ! « Mais j’t’aime réellement. J’ai toujours été honnête. J’suis un peu débile, complètement tarée mais notre amour pour moi, this is real. »
« J’avais remarqué que c’était réel Edward parce que sinon, je n’aurai pas envie de pisser toutes les deux minutes. J’te l’ai pas dit pour te protéger. »
Pour me protéger, ouais. Si elle avait voulu me protéger, elle m’aurait dit la vérité tout de suite et elle m’aurait raconté pourquoi j’ai pas le droit de regarder son ordinateur débile et au moins, personne n’aurait jamais débarqué dans la maison pour m’arrêter alors que j’étais en serviette et en train de danser comme un… ouais, comme un débile.
D’ailleurs en parlant de débilité, si il y a bien quelque chose qui m’agace, c’est le fait que Lilas me prenne pour un type stupide. C’est sûr que lorsque t’as un cerveau comme le sien, le reste du monde te parait con, attardé, manquant énormément de jugeote. Mais le fait qu’elle pense que je suis totalement incapable de comprendre les choses qui ont bien pu se passer dans sa vie, ça me dépasse. C’est vraiment se sentir comme le dernier des cons, et j’aime pas ça. Je veux bien passer pour un bouffon devant n'importe qui, tant que ce n’est pas elle, ça me va. Mais là, c’est dévalorisant. Je soupire bruyamment en levant les yeux au ciel. Je n’ai même pas envie de répondre à tout ce qu'elle me raconte. Elle est enceinte, c’est ma copine, c’est elle la fille et c’est à moi de la protéger. Bon, mon discours est un peu machiste, mais merde, j’ai une virilité, quoi!
« Tu veux te donner l’air fort mais crois-moi, ma vie était un chaos avant que j’vienne ici et te rencontre. J’ai fait beaucoup de conneries, j’avais peu de scrupules. J’ai vendu des infos et ça ne me faisait rien. Donc, ils m’ont choppé, j’ai fait de la taule mais j’ai pas de tatouages. » Je tente d’en placer une pour la stopper, parce que je suis affreusement vexé et j’ai même plus envie de savoir ce qui se passe dans sa double vie trop cool de hacker de documents top secrets écrits en français. Ca m’énerve et puis j’ai vraiment envie de mettre un caleçon, maintenant… « Oui, j’ai l’air fragile mais avec mon super cerveau et tout le reste, j’me sentais incomprise, du coup, j’ai sauté un câble. Bref, ta fille me tape sur le système est-ce qu’on peut aller s’asseoir, s’il te plaît ? » J’ouvre grand les yeux et reste totalement interdit à l’entente de ses mots. Je la regarde longuement dans les yeux et même si je remarque sa gêne soudaine, alors qu’elle commence à trépigner pour se rattraper, je fais un pas en arrière. Donc, on a une fille. C’est pas de cette manière que je comptais l’apprendre, encore moins jeté au milieu de cette conversation. Puis la colère monte de nouveau et c’est la journée de merde que je viens de passé qui me revient en tête dans son intégralité.
Si j’avais été là plus tôt, je l’aurais su en même temps qu’elle que le bébé marmotte n‘avait pas de petit oiseau. Je n’aurais pas touché à son Pascal, parce qu’on serait rentré ensemble et elle l’aurait arrêté elle-même son bip bip bip… Et puis on aurait prit une douche ensemble, qui sait? On aurait mangé pour six devant la télé, en niaisant sur toutes les choses possibles et imaginables qu’on aurait pu faire faire à notre fille… « Putain. » C’est tout ce que j’arrive à lâcher. « Mais j’t’aime réellement. J’ai toujours été honnête. J’suis un peu débile, complètement tarée mais notre amour pour moi, this is real. »
Je me dirige vers la chambre en plein milieu de sa petite déclaration de manière à m’habiller. Au lieu de me réjouir, de la serrer dans mes bras et de passer une soirée tranquille avec elle, je suis l’homme le plus remonté de la Terre. Après avoir enfilé mon t-shirt et mon jeans, je passe mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux. « J’ai dû faire un truc terrible dans une vie antérieure pour passer une journée aussi pourrave, putain. Je suis tellement en colère… » Je me tourne vers elle pour la regarder. Je ne sais pas quoi dire de plus. J’aurais aimé ne jamais vivre cette situation. C’est insupportable d’être aussi impuissant.
our Edward tout semblait si facile, si naturel. Pour moi, j’étais en terre inconnue. Depuis toute petite, je ne cesse de me dire dans mon fort intérieur que si mes parents m’ont abandonné, ce n’est pas pour rien. J’étais un ovni. J’étais incapable d’être aimée et tout ceci m’est entré dans la tête. Certains pourraient dire que c’est de la connerie, que je suis aimée mais c’est faux. J’aimerai bien les voir moi les gens à ma place. Déjà quand j’étais petite, j’étais traitée comme un alien par la plupart des enfants. Trop intelligente, trop ronde, trop tout. Je me suis renfermée sur moi-même au point de ne plus avoir de contact qu’avec une personne. Charlotte. Je la considère comme ma seule amie et quand je me retrouve en face de gens comme Edward, comme son amie Sierra, c’est la panique à bord. Je dois admettre que si Edward n’avait pas été un geek comme moi, jamais je ne l’aurai rencontré, jamais je n’aurai été avec lui et pourtant… ensembles, avec un enfant à venir. Mais comment avoir un enfant quand on est nous-même un enfant ? C’est une question que je me pose sans cesse et au fur et à mesure que je vois mon ventre s’arrondir, ma tête me tourner et mes humeurs changer, je ne cesse de me demander… En suis-je réellement capable et qu’est-ce qui ne me dit pas que je ne fais pas une erreur. Rien, malheureusement.
J’aurai réellement voulu tout dire à Edward pour mon travail. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Parce que dans mon esprit surdéveloppé et incompris, je pensais le protéger. En quoi est-ce que cela l’aurait aidé de savoir ce que j’ai fait ? J’ai vendu des informations, j’ai fait des choses pas très nettes et je peux encore le faire avec mon ordinateur, mais jamais il ne comprendra. Il est le premier pour moi. Il est le premier et sera le dernier. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça. Il n’y a que lui pour aimer une personne comme moi. Cependant, ma part de secret, l’abandon de mes parents, mon associabilité commençaient à nous peser et je me demandai sans cesse quand aurait-il le courage de partir et de me quitter ? Cette incertitude, cette peur profonde de l’abandon était ressorti quand je suis partie en Irlande sans lui dire pour le FBI. Bosser pour eux est une contrainte, une corvée mais je n’ai pas le choix. C’est ça, ou la taule et à préférer, je préfère le FBI.
« J’ai dû faire un truc de terrible dans une vie antérieure pour avoir passé une journée aussi pourrave. Je suis tellement en colère. » Je le regarde à la dérobée entre mes cheveux, assise les mains croisées quand je les sentis rouler sur mes joues. Les larmes. Mes sauts d’humeur deviennent de plus en plus fréquents et je ne les supporte plus. Je lâche alors la glace qui tombe sur le sol avant de hoqueter pour me relever et partir en courant jusqu’aux toilettes rejetant tout ce que j’avais pu ingurgiter jusque là. « Quelle horreur ! » Dégoutée de cette maudite glace, je mets ma main sur mon front avant de me relever, maudissant intérieurement le bébé qui défendait son père. « Tu ne vas pas t’y mettre aussi ! » Je prends une pastille à la menthe avant de retourner près d’Edward et de prendre ses mains, continuant de trembler. « Je suis… sincèrement… désolée. Mais le mal est fait. Tu sais que j’suis pas normale comme fille. J’sors que peu, j’suis associable, j’ai du mal avec les gens et j’ai l’impression d’être un ovni. Dans ma tête, tout était clair, je veux dire, je comptais te le dire après sa naissance mais maintenant, j’sais plus. J’suis perdue. En plus avec ses hormones qui me travaillent… Ah et cette horreur… » Je pris la glace pour la jeter à la poubelle. « Je crois que je peux m’en passer… » Je le pris doucement par la main pour le faire s’asseoir sur le canapé avant de lancer le DVD pour lui montrer notre fille. « ça n’arrivera plus, j’te cacherai plus rien… I promess. » Je pose doucement sa tête sur son épaule avant de m’endormir, fatiguée de la journée.