Penser. Vite. Le sang n'avait fait pas eu le temps de faire le tour complet de mon corps avant que j'ai raccroché à toute vitesse mon téléphone, attrapé mon sac, et essayait d'y voir clair dans la mini crise de panique qui commençait à m'attaquer. Et dire que je voulais un retour tranquille et sans ma faire remarquer (pour une fois). Je m'étais décidée à appeler quelques amis pour leur faire part de mon retour et m'excuser plus ou moins sincèrement de ma soudaine disparition. J'avais besoin de faire le point, c'est tout, pas besoin de s'étendre sur le sujet. Et voilà que Skye m'annonçait qu'IL était à l'hopital. Pour un stupide accident de voiture en plus. Je n'étais pas du genre émotive, mais, bizarrement parce que ça le concernait rien n'allait plus.

Lucas. C'était ... bizarre, entre lui et moi. Apparemment on avait été amis en Russie, mais mes souvenirs de la bas avaient décidé de le mettre de côté. Un petit jeu de drague s'était installé entre nous deux, et, une fois n'est pas coutume, ça me plaisait ces regards échangés et ces petits mots doux. Peut-être que j'avais espéré que quelque chose se passe ? Non. Ce n'est sans doute pas ça. Je suppose simplement que ça me plaisait de voir quelqu'un s'intéresser réellement à moi, et pas juste vouloir me clouer à un lit, et m'oublier le lendemain.

Bras balant, dans le hall d'entrée, quelque chose me stoppa. J'étais partie comme une voleuse. Qui sait ce qu'il allait en penser. Mais je n'avais pas le temps de penser à ça, chaque partie de mon corps me criait de le rejoindre. Déterminée e descendit les escaliers de l'immeuble luxueux ou je vivais à toute vitesse. Le chemin en taxi me parut une éternité et quand enfin j'arrivai à l'hôpital je tordis brusquement ma cheville sur le goudron. Stupide talons, vous êtes beaux, mais qu'est-ce que vous pouvez être chiants dans les pires moments. Je respirais calmement, et me reprenais. Cette histoire n'était pas une raison pour moi de perdre la face tout de même. Je restai Oksana, la déesse de l'apparence et du charme. D'une voix à motié assuré je demandais le numéro de chambre de Lucas Salvator, et perdue dans mes pensées, tapais fébrilement à la porte qu'on m'avait indiqué.

Hésitante, je regardai un regard dans la chambre de Lucas. Il ne disait rien, me regardai simplement. Ses yeux envoyaient des éclairs. Je retenais ma respiration, priant qu'il ne m'en veuille pas trop, priant pour que ce que j'ai fait soit rattrapable. Oh, et puis je n'ai rien fait de grave non plus, y a pas de raisons.

Il n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'on s'était vu. Légèrement plus amoché, certes, mais toujours aussi beau. Une vague de remords m'emporta quelques secondes, repensant à nos conversations, à nos mots qui se cherchaient et qui se testaient l'un l'autre, flirtant doucement et à la manière dont je m'étais enfuie. Je chassais ces pensées encombrantes de ma tête. Toutefois, si physiquement, il était le même, il y avait quelque chose en lui de différent. Son attitude envers moi. C'était probablement la première fois que je ne le voyais pas sourire à mon égard.

Est-ce que beaucoup de choses peuvent changer en un mois ? J'espérais secrètement que non, mais savait pertinemment que même si j'étais partie, sa vie avait continué normalement, comme celle de tous les autres.

Toujours aucune parole n'était sortie. De plus en plus mal à l'aise, je finis par dire :

O — Salut. Hum ... Comment tu te sens ?