Une tasse de café à la main, je lis le message de Mareck sur mon mur. Ca m’intrigue et m’alarme…un peu. J’enfile rapide un jean et un pantalon qui trainent et j’y vais. Il a franchement de la chance que l’ordinateur de Rhia soit resté allumé sur ma page Facebook sinon il aurait poireauté encore un bon moment. Je suis surpris qu’il ait repris les bonnes vieilles habitudes puisqu’il avait promis à sa copine de calmer un peu le jeu sur les bagarres. Mais bon sang chaud un jour, sang chaud toujours. Elle devra bien faire avec. Personnellement, je le préférais ainsi, sauvage et libre. Il dégage beaucoup plus comme ça. J’entre dans le commissariat, main dans les poches et demande à le voir au premier policier qui passe. Il me regarde de haut en bas, avec mépris, mon allure doit être négligée, après tout je sors à peine du lit mais bordel qu’est-ce que je m’en branle. « Bon tu comptes me mater encore longtemps ou tu m’emmènes voir mon pote ? » Il serre les dents et tourne les talons. Je le suis. Je tombe sur un Mareck au visage tuméfié. « Bah mec tu t’es carrément fait refaire le portrait » je lâche en souriant. Je m’écarte tandis que l’officier ouvre la porte et mon pote sort. On remplit la paperasse inutile et on est libre. « Bon tu m’expliques ? » Je demande en arquant un sourcil.

Je jauge un instant mon compagnon et hoche plusieurs fois la tête. Il ne me dit pas tout et n’a pas à le faire s’il n’en a aucun envie. Ce sont pas mes affaires après tout et je ne doute pas qu’il soit capable de régler ses histoires par lui-même. Il est grand et sait se débrouiller. « Et il est devenu quoi l’autre mec, enfin pourquoi il était pas en taule avec toi ? » On continue de marcher mais cette histoire m’intrigue. Mareck c’est pas le genre de mec de revenir sur une promesse faite donc il aurait fallu une raison spéciale pour qu’il se laisse entraîner dans un combat. « Bon je suppose que tu veux passer chez moi nettoyer les dégâts avant de rentrer pour faire illusion auprès d’Eanna ? » C’est pas vraiment une question. Sa copine lui piquera à coup sûr une crise pour ses hématomes et autant minimiser l’effet autant que possible quand il la verrait. C’est ça d’être en couple. Tu dois justifier le moindre fait et geste. Adieu liberté et bonjour emprisonnement. Raison pour laquelle je ne le serai jamais en plus de ne pas suffisamment aimer les gens. Enfin de surtout me préférer aux autres. « Viens on passe à la pharmacie acheter des trucs » je ne lui laisse pas le temps de répliquer que je nous entraîne à la pharmacie du coin prendre le nécessaire pour soigner ses blessures.

Tandis qu’on marche, je l’observe. Quelque chose va pas. Quelque chose est pas à sa place. Ok, stupide de dire cela alors qu’il est complètement amoché mais ce n’est pas ça. J’ai l’impression d’avoir seulement vu la surface et le fond reste inaccessible. En gros, tout est pas aussi simple que ça parait. Ca m’a pas échappé la contraction de sa mâchoire ainsi que de ses muscles. « Ok, pas de soucis, tes affaires pour aller où ? » Je lâche toujours aussi décontracté. Rien ne sert de le rendre plus nerveux encore et de dramatiser la situation. C’est pas mon genre mais l’état de mon pote me préoccupe tout de même. Enfin un minimum. « Tu sais si t’as besoin de parler ou je sais pas quoi, je suis là » ton toujours aussi détaché. Je suis pas effusion des sentiments et veux pas que ca vire bizarre en déclaration mièvre amicale comme on en voit dans les films. Très peu pour moi mais je veux qu’il le sache. Même si nos avis divergent par moment, ca change rien, il est mon pote et s’il a besoin il a qu’à frapper, je répondrais. Malgré cette apparence je-m’en-foutiste extrême, j’ai quelques principes et l’amitié fait parti auquel je tiens le plus. J’ai peut-être tendance à trop resté centré sur moi mais ça veut pas dire que les autres sont forcément à jeter, que je m’en soucie plus et je parle ici de ceux qui ont réussi à s’attirer mes faveurs, ceux que je considère comme des ‘potes’. Je hèle un taxi dans lequel on s’engouffre en direction de leur loft qui contraste beaucoup avec mon appartement délabré dans lequel je vis avec Rhia.

Ethan, bonne idée. Je hoche la tête plusieurs fois, songeur. Je sais que ça ne dérangera pas ce dernier, toujours ravi d’aider des amis dans le besoin. Caractère que j’apprécie beaucoup chez lui mais qui risque de lui jouer des tours plus tard s’il continue d’être aussi gentil avec tout le monde. Ajoutons à cela son innocence qui le rend encore plus attachant mais une proie facile pour ceux qui aiment profiter des autres. Je sais que c’est pas le genre de Mareck et qu’il s’occupera de mon ami, plus que moi. Parfois je me sentais coupable de pas être capable de donner toute l’attention que Ken méritait et demandait. Non pas que je ne l’apprécie pas assez seulement je suis très solitaire comme personne et c’est pas dans mes habitudes d’aller vers les autres. Même avec Rhia qui pourtant est ma colocataire mais elle me ressemble pas mal sur ce point donc c’est pas mal. Enfin ça bien changé depuis qu’on a mis l’américano-japonais sur mon chemin puisque jusqu’ici j’avais vraiment personne que je pouvais qualifier de pote. Ce qui est une grande avancée je trouve. Et peut-être le maximum que je peux faire. Enfin, ça on verra bien plus tard, si ça bouge ou pas. C’est qui est drôle c’est que j’ai pas toujours été comme ça. Y a une époque où en tant que garçon le plus populaire de mon école j’ai été de toutes les fêtes, j’ai eu une horde de gens que je qualifiais d’amis mais dont je me foutais royalement. Inintéressants et moutons au possible. On pouvait pas avoir une conversation avec eux qui avait rien à voir avec le sport, les fêtes ou bien les meufs. Bref, la loose totale quoi. La confession de Mareck me sort de mes pensées. Je porte mon regard sur lui et l’observe simplement. Son ton est détaché, comme si ça a aucune importance pourtant on sait tous les deux que c’est pas vrai. Qu’importe, c’est pas notre style de dramatiser. Du moins le mien. Dans et en dehors du monde. « Je vois et tu comptes faire quoi ? Tu t’es expliqué avec elle ? » Je me demande ce qu’il est bon de dire dans ce genre de situations, s’il y a un code d’éthique à respecter, des phrases précises à formuler. Arf, tant pis on va le faire à ma manière. Le taxi s’immobilise. On est arrivé. Mareck sort, je le suis, mains dans les poches. Je me dis que ce serait mieux que la blonde soit pas là.