Growing up won't bring us down. J’ouvre péniblement les yeux à l’entente de mon réveil et frappe dessus rapidement, de manière à ne pas réveiller Lilas qui dort paisiblement près de moi. Je referme les yeux quelques minutes en grognant de mécontentement. Je tente de me souvenir pourquoi est-ce que j’ai mis mon réveil si tôt. Je caresse doucement les cheveux roux de ma copine en prenant le temps de sortir du coltard, avant de m’étirer puis de me lever pour aller me laver. Ce n’est qu’une fois sous la douche que je me rappelle que j’ai une interview pour un magazine sympa.
Hier, en fin d’après midi, j’ai reçu un coup de fil de la part d’Alternative Press, et la secrétaire m’a demandé si j’étais disponible pour une interview dans la matinée, pour parler du nouvel album qu’on a commencé à enregistrer avec les gars. Étant le seul membre sur San Francisco, je serais le seul à assurer l’interview, ce que je fais rarement, mais qu’importe.
Je me prépare donc rapidement et après avoir laissé un petit mot à Lilas, donné quelques grattes-grattes sous le menton du chat, avoir enfilé mes chaussures, je quitte finalement ma grande maison jaune. Quelques minutes de marche et je regagne un carrefour, au bout du lotissement, où un bon nombre de voitures passent déjà. J’appelle un taxi qui passe par là de manière à me rendre à l’adresse que m’a indiqué la femme, hier, au téléphone.
Le taxi sent le chewing-gum à la menthe et le café, ce qui est, il faut se l'avouer, plus agréable que la transpiration et l’odeur du Axe. C'est la différence entre les taxis du matin et les taxis du soir. Après m’avoir déposé face au grand bâtiment de l’AP, le taxi fonce et disparait au coin de la rue. Je me rends compte que j’ai un peu d’avance. Par chance, un café se trouve proche de là, j’en profite pour y prendre un thé et une part de tarte aux pommes avant d’aller me faire harceler de questions par un type que j’imagine un peu étrange avec des lunettes et un piercing au nez.
Des questions que bien évidemment, on nous a déjà posé un demi milliard de fois depuis qu’on a annoncé l’arrivée d’un nouvel album. Et moi, je vais me charger de répondre les mêmes choses, ces choses en question que les fans connaissent déjà parce qu’on les a mises sur notre MySpace, sur notre site et j’en ai aussi parlé sur mon Twitter. How interesting.
Mon déjeuner engloutit, je quitte le petit café pour remonter la rue et m’engouffrer dans le siège du magazine. Je m’approche de la secrétaire qui me reconnait immédiatement. « Edward Liebestoll! Vous êtes très ponctuel, c‘est rare de voir quelqu‘un arriver à l‘heure ici. Je vais signaler votre présence à la personne qui se charge de votre interview, vous pouvez prendre place dans la salle d’attente et prendre quelque chose à boire, il y a une machine juste ici. » Je lui adresse un sourire que je veux poli et lui tourne le dos pour aller m’asseoir alors qu’elle s’empare directement du téléphone. Je sors mon BlackBerry de ma poche et commence à rédiger un tweet.
Une fois fait, je regarde un peu autour de moi, écoute les conversations de certaines personnes qui vont et qui viennent, puis les appels de la standardiste et tout ça en attendant patiemment de voir mon interviewer débarquer, s’approcher, me serrer la main et m’inviter à rejoindre une pièce pour prendre en note tout ce que je vais lui raconter sur notre nouvel opus. Houra.