Saskia Angèle Vadja, 30 ans, célibataire, mère d'un enfant dont le père est en prison. Récemment battue par un homme à qui elle était fiancée, vit mal la séparation d'avec le père de son enfant, zoologiste. Russe. Venant d'arriver à San Francisco pour oublier. Pour l'oublier. Saskia, la personne que je suis. Saskia, la personne que j'étais. Saskia la personne que je deviendrai. Saskia...
Chapitre un
Saskia : prénom d'origine hollandaise. Venant du saxon « saks. » signifiant aigu, acéré.
Musique : Born this way – Lady Gaga
Je suis née dans une petite ville dans la contrée de Moscou. Mes parents étaient tout deux des gens honorables, riches, habitant une belle maison au sud de la ville enneigée. Je suis venue au monde un soir d'hiver, le soir du jour de l'an alors que ma mère faisait la fête, heureuse d'avoir enfin un enfant. En effet, mes parents essayaient depuis des années mais n'y parvenant pas. On a alors cru que ma mère était stérile mais j'ai pointé le bout de mon nez. Enfant unique, je n'ai jamais eu le privilège d'avoir un frère et une sœur. Je suis donc ce qu'on appelle l'enfant roi de la famille. La petite fille qui aurait du être capricieuse, une vraie petite peste mais non. J'ai toujours été un bébé calme. Une petite fille qui ne disait jamais un mot plus haut que l'autre. Une petite fille modèle.
Bien entendu, cette histoire n'aurait pas d'intérêt s'il n'y avait pas le petit garçon rebelle qui viendrait chambouler le quotidien de la demoiselle. J'étais à l'école dans la cour de récréation, assise dans mon coin me contentant de manger mon gâteau quand tout d'un coup, un enfant est venu me voir pour me demander de lui donner. «
Non. T'as qu'à demander à ta maman de t'en acheter un. » Que vouliez-vous qu'une fille de cinq ans réponde à cette attaque ? Le gamin m'a alors tiré les cheveux pour me forcer à lui donner. C'est là qu'un autre est arrivé pour lui taper dessus. «
Laisse là tranquille. » Puis, j'ai fini la tête la première dans la neige. Il m'a alors relevé et je l'ai regardé pour planter mes yeux dans les siens, le dévisageant étrangement. «
Je m'appelle Aaron et toi ? » Je tremblais parce que j'avais froid mais je lui ai souri avant de le prendre dans mes bras. «
Enfin un copain. Je suis Saskiaaaa. » Il a éclaté de rire et nous sommes devenus inséparables passant par tous les stades. Meilleur ami, protecteur, petit ami et enfin amants. Mes parents n'approuvaient pas cette amitié parce que Aaron était issu d'une famille de pauvres. Mais moi, je m'en fichai parce que finalement mon meilleur ami était ma lumière. Le seul avec qui je voulais être. Celui grâce à qui j'étais là. J'étais Saskia.
Chapitre deux
Amour : nom masculin, premier sens : sentiment d'affection, d'attirance sentimentale et sexuelle entre deux personnes. Synonyme : adoration. Anglais : love.
Musique : With me – Sum 41
J'étais allongée sur lui et je caressai son bras. Du haut de mes quinze ans et de nos dix ans d'amitié, j'éprouvais un étrange sentiment en ce qui concernait mon meilleur ami. «
Tu sais que je ne la supporte pas cette salope. » J'étais jalouse de cette fille et j'entendis son rire. «
Tu es jalouse Sask'. » Je rougissais parce que j'avais trop honte de le reconnaître mais bien sûr que j'étais jalouse. Je grognai avant de mettre mon visage à sa hauteur et de lui tirer la langue. «
N'importe quoi. » Je partis dans un coin avant de le voir mettre son manteau pour aller voir sa nouvelle conquête. Je n'aimais qu'il me laisse pour aller coucher avec une autre. Je n'aimais pas qu'il aille la voir. «
Attends. » Je lui courus après dans les escaliers avant de le choper par le col pour poser mes lèvres sur les siennes. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me le rende et me regarde avec son putain de sourire à la con. «
Beh t'en as mis du temps. » Il s'en est mangé une. Puis, bon, je suis une fille facile. Ouais, j'ai honte mais pour une fille de bonne famille, j'ai couché dès le premier soir.
Enfin, notre histoire a duré douze ans. J'ai été heureuse. Réellement. Il m'accompagnait partout, me protégeait et je n'ai pas hésité à renier mes parents pour emménager avec lui tandis que je poursuivais mes études de zoologiste. Le soir de mon vingt cinq ans alors que nous étions tous les deux en train de manger à la lueur des chandelles. Oui, c'est romantique mais disons que nous avions eu juste une coupure de courant. Quand tout d'un coup, Aaron s'est agenouillé pour me déblatérer un discours tout droit sorti de Twilight. «
Veux-tu m'épouser Saskia ? » J'ai pleuré. Beaucoup avant de dire oui et d'avoir une modeste bague que j'ai toujours d'ailleurs. «
Tu me quitteras jamais hein ? » Je l'ai alors regardé pour entourer sa nuque de mes bras et lui sourire timidement. «
Ma petite princesse. » Je l'embrassai doucement avant de l'embrasser et de rire. «
Rien ne peut savoir de quoi est fait l'avenir. Mais je serai toujours avec toi. » Je coupai une de mes mèches de cheveux avant de la mettre dans un médaillon de famille que j'affectionnais particulièrement. «
Peu importe où j'irai, tu me retrouveras. »
Chapitre trois
Trahir : verbe transitif, livrer, abandonner quelqu'un à qui l'on doit fidélité. Synonyme : abandonner. Anglais : to betray
Musique : Rolling in the deep – Adèle
J'étais assise sur la table du médecin à attendre qu'il revienne avec mes résultats. L'absence d'Aaron me pesait de plus en plus depuis six mois tellement j'avais envie de l'avoir auprès de moi. Mais il était une fois de plus en prison alors qu'il m'avait promis qu'il arrêterait ses conneries. «
Mademoiselle Vadja, me clama le médecin, ce qui me fit sortir de ma torpeur. » Et je relevai la tête. «
Mes félicitations. Vous êtes enceinte. » Enceinte ? Moi ? J'en tombais de la table avant de sortir de la salle pour aller me jeter dans les bras d'un de mes amis qui m'avait accompagné en l'absence de mon fiancé. Andreï Petrovski était le meilleur ami d'Aaron et un enfant issu de la haute bourgeoisie Russe comme moi-même. Contrairement à ce que j'avais cru, il était amoureux de moi depuis nos six ans. Il m'a alors écarté de lui pour poser ses lèvres sur les miennes. «
Épouses moi Saskia, j'aimerai cet enfant comme si c'était le mien. » Et démunie, sous le choc, me disant qu'Aaron serait mieux sans moi, j'ai accepté.
Quelques jours plus tard, je me retrouvais dans le parloir à n'oser croiser le regard de l'homme que j'aimais. «
Princesse, tu es venu, enfin. Je commençai à m'inquiéter. » Les sanglots nouaient ma voix et je retirai ma main de dessous la sienne avant d'oser le regarder. «
Que se passe-t-il princesse ? » Je voulus ouvrir la bouche avant de la refermer, muette comme une carpe. «
Je suis enceinte. » Il parut content puisqu'il fit le tour de la table afin de me prendre dans ses bras mais je me dérobai à son contact. «
Je suis désolée. Il m'a... m'a dit qu'il serait là. C'est fini, Aaron. Je t'aimerais toujours mais je... je... peux plus. Je supporte plus les séjours en prison. Le bébé va avoir besoin d'un père. Tu seras... tu seras mieux sans nous. » Il a alors tiqué avant de planter son regard sombre dans le mien, les dents serrées, vert de colère. «
Qui ça « Il » ? » Je me reculai avant de prendre mon sac. «
Andreï. Nous allons nous marier. Je suis navrée. Je t'aime. » Dans un dernier baiser d'adieu, mouillé de mes larmes, je partis sans me retourner. Trois mois plus tard, naissait Illarion Vadja. Mon fils. Son fils. Le souvenir d'Aaron qui restait à jamais à mes côtés m'aidant à survivre aux années de cauchemars qui allaient suivre...
Chapitre quatre
Déception : nom féminin sens : déconvenue, désillusion synonyme : chagrin. Anglais ; desapointement
Musique : Someone like you - Adèle
Du sang coulait le long de ma mâchoire tandis que je pliais sous le poids des coups. «
Tu vas m'aimer oui ! Hurla Andreï. » J'avais cru ses belles promesses au début. Notre déménagement à San Francisco pour ses affaires, notre mariage sans cesse retardée mais depuis la naissance d'Illarion et même avant, Andreï s'était montré violent. Pourquoi suis-je restée avec lui ? Parce qu'il m'a fait comprendre que j'étais faible, que je ne survivrai jamais sans lui ou sans Aaron. Il me rappelait tous les jours que j'étais une garce qui avait trahi l'homme que j'aimais. Une salope. Mais nous n'avons jamais couché ensembles. Ou du moins, pas de manière consentie. Mais ce n'est que ce jour-là que j'ai décidé de tout changer. Qu'est-ce qui m'a fait me réveiller ? C'est quand je l'ai vu s'approcher de mon fils qui pleurait debout dans son lit. «
Mais tu vas te taire, le batard. » Il a commencé à lever la main pour le frapper quand j'ai pris le premier objet qui me venait sous la main pour l'assommer. Vingt minutes plus tard, la police embarquait ce malade, menottes aux poignets. Je restai dans l'ombre mais les journaux diffusaient déjà ma photo où j'étais couverte de sang et de bleues avec Illarion qui continuait de pleurer dans mes bras.
ANDREÏ PETROVSKI, LE MAGNAT DU PETROLE ARRETE POUR COUPS ET BLESSURES, TENTATIVE DE MEURTRE SUR UN ENFANT ET VIOL A REPETITION SUR SA COMPAGNE.
J'assistai au procès impuissante avant d'entendre qu'il était placé en résidence surveillée. Je bouillonnais de rage. Mais au moins, j'étais libre. J'ai repris le travail après deux années sans activité, placée Illarion dans une crèche et j'ai revu de nombreux amis qui m'avaient tant manqué. Mais son absence me pesait, je le voulais près de moi. J'espérai au fond qu'il tomberait sur une photo de moi dans la presse, sur un reportage à la télévision aux informations. J'ai appelé en Russie. Il avait été libéré. J'avais alors soupiré de bonheur avant de me dire qu'il avait du refaire sa vie et m'oublier comme je lui avais demandé...