Yes I can,no I can't, yes I can, no I can't, YES I CAN I swear to it, that's just how my brain works.
« Négatif ». J’ai cru que j’allais tomber dans les pommes en entendant ce mot, tellement le soulagement était grand. Je ne sais même pas pourquoi j’ai autant doué de moi alors qu’il n’y avait pas de raison à cela, mais maintenant c’était bon… la menace était écartée. Je ne pouvais pas effacer les derniers jours vécus de ma conscience, et pourtant j’aurais voulu. Si je m’étais contenté de fermer ma bouche et mon ordinateur, Helle n’aurait pas souffert. Je pensais avoir bien fait de la prévenir au plus vite de la situation, mais finalement ça n’avait pas été très sage de ma part puis-ce que nous nous étions inquiétés pour rien… et déchirés pour rien. Je n’avais presque jamais autant souffert que Samedi soir, 12 Novembre. Est-ce que la sincérité était un paramètre à gérer avec précaution, lui aussi? Il faut croire que oui.
Après avoir reçu la confirmation que Shell n’était pas enceinte de moi (et qu’en conséquence, c’est Andreas qui allait galérer… il fallait que je lui parle au plus vite à ce sujet d‘ailleurs) je me suis dirigé jusqu’à ma chambre pour m’arrêter devant mon miroir et fixer mon reflet alors que je me déshabillais machinalement, puis allais dans le dressing pour en sortir une chemise noire et un pantalon de la même couleur. Ce que je faisais? J’en sais trop rien, mon cerveau était en mode automatique, mais je n’ai cessé de faire des aller-retour entre la chambre et la salle de bain jusqu’à être satisfait de mon apparence. Une fois que ce fut le cas, je descendis dans le salon avec une impression étrange au bas du ventre. J’avais l’impression de vivre le jour le plus important de mon existence, pourtant c’était un après-midi d’automne comme les autres. Gris, froid, humide, silencieux.
J’ai récupéré les clés de la maison et de a voiture avant de sortir, puis me suis mis en route vers l’appartement de ma petite-amie en faisant une halte dans un commerce de la ville pour récupérer quelque chose. Une fois devant l’immeuble de la jeune femme, j’entrais et montais les escaliers jusqu’à arriver devant sa porte. Mes mains tremblaient, et j’avais peur de l’état dans lequel Helle serait, alors au lieu de la prendre au dépourvu en sonnant, je dégainais mon téléphone et lui envoyais un sms. « ouvre la porte ».
Depuis ce fameux soir, je n’étais pas sortie de chez moi. Je ne pouvais rien faire. Paralysée par la douleur, je commençais à me décomposer graduellement au fil du temps. Qu’est-ce que j’allais devenir ? J’attendais depuis des jours un appel de sa part, un message de sa part. Je voulais savoir. Je voulais ce qu’il allait devenir de nous. S’il y avait encore un nous. Si cet enfant était réellement de lui. Si ce test s’avérait « positif ». Je ne sais pas ce que je ferais. Si je pouvais encore vivre. Cet enfant, il sera toujours là pour me rappeler, la personne qu’Ole est. J’étais détruite. Le vide qui avait commencé à se mettre place en mois ce samedi-là s’emparait de moi, me démangeait de l’intérieur. Je n’étais plus qu’un simple pantin sans vie sans émotions sans rien. Vide de l’intérieur, en décomposition de l’extérieur, voilà ce que j’étais en train de devenir. Si pas ce que j’étais déjà devenue. Je n’avais aucune idée. Je ne voulais plus rien savoir. Un mot. Il y a cet un mot que je voulais entendre mais qui pour sure n’allait jamais pénétrer dans mes oreilles. Cet un mot que je n’allais jamais entendre parce que ces fichus 10% existaient.
À nouveau, je frappais mon poing contre la porte du dressing. Je le faisais respectivement à longueur de journée, m’énervant sur le premier truc qui se trouvait sous ma main. L’appartement ressemblait à pas grand-chose. Bien que j’essayais de le garder dans un état raisonnable. Je flânais comme à mon habitude dans l’appartement. Je ne sais même pas quelle heure, il était comme je me levais enfin. Le bruit d’un message reçu m’avait réveillé. Mais les gens ne pouvaient pas me laisser tranquille. Je me levais avec difficulté et traversait le salon pour récupérer le téléphone. J’eue un coup de choc quand je vis l’émetteur. Pourquoi il m’envoyait un message ? Je le craignais en plus. Un mot et ma vie s’arrêtait pour de bon. Un mot et j’allais faire la plus grosse connerie du siècle. Tremblante, j’ouvris le message « ouvre la porte ». Qu’est-ce que cela voulait dire ? Était-il là ? Devant ma porte. Automatiquement, je me dirigeais vers la porte, j’allais l’ouvrir. Mais non. Je ne pouvais pas. Pas avant d’avoir eu le résultat. « Le résultat d’abord. »
Yes I can,no I can't, yes I can, no I can't, YES I CAN I swear to it, that's just how my brain works.
Le résultat d’abord, hein? C’est de ça que dépendait l’ouverture ou non de la porte? J’ai planté les yeux sur l’œil du Judas en serrant les dents.
« C’était impossible que ce soit moi. Tout va bien. »
Je souris brièvement et baissais les yeux dans un premier temps. Qu’est-ce que je foutais là habillé comme ça? Je n’en savais rien du tout, mais j’avais le cœur qui battait et je me sentais à deux doigts de perdre connaissance tellement le sang circulait vite dans mes veines. Après une légère attente, la porte finit par s’ouvrir, et ma réaction fut tout aussi absurde que machinale, je me suis caché derrière un bouquet de roses tendues en direction d’Helle. Ça ne valait certainement pas ces jours de souffrance, mais le but n’était pas de les compenser avec ça, de toute manière. C’est juste que Lena aimait bien les roses rouges. Je ne trouvais rien à lui dire dans l’immédiat, j’avais envie de m’excuser, je m’en voulais de l’avoir faite pleurer, car je ne voulais rien d’autre que son bien. Ce n’était rien d’autre que les événements fâcheux qui m’avaient poussé au bord d’une telle « catastrophe potentiel ». Plus de peur que de mal? Non, autant l’un que l’autre, je me souviendrai toujours la douleur provoquée par cette nouvelle de la part de Shell, et je ne savais pas trop comment j’aurais survécus si le test avait été positif.
Mon regard parut enfin à travers les fleurs, mélange de beaucoup d’émotions différentes que je ne canalisais pas.
Ses mots traversaient la porte. Ce n’était pas lui. Une pierre venait de tomber de mon cœur. Je ne savais pas ce qui me faisait le plus plaisir : le fait que le test soit négatif ou qu’Ole se trouvait derrière ma porte. Qu’est-ce que je dois faire ? Je portais ma main sur la poignée de la porte. Ouvre. Il faut que j’ouvre. Non mais je ne peux pas lui ouvrir dans la tenue que j’étais. Je ne ressemblais à rien. Vêtue de simplement une chemise de mon père, j’avais les cheveux en bataille, mes yeux étaient rouges et gonflés de mes pleurs et je crois même avoir perdu 5 kilo pendant ces quelques jours d’enfermement. Je ne peux pas lui ouvrir comme ça. On allait enfin se revoir et moi je me présentais en zombie totale. Je n’avais pas le temps de me changer ni de prendre une douche. Ouvre-lui la porte. Doucement et tremblante, je tournais la poignée et ouvrit la porte. Je ne pensais jamais tomber sur ce que je suis tombée. Il était là. Un bouquet de roses rouges lui cachait le visage. Je crois que mon cœur s’était arrêté de battre à ce moment-là avant de reprendre à la chamade. Qu’est-ce que cela voulait dire ? J’adorais les roses plus que tout. Je ne savais pas quoi dire. Je lui réponds quoi. Je lui dis quoi. J’étais abasourdie, plantée dans ma porte d’entrée avec mon copain qui me tendait un bouquet de fleurs. Qu’est-ce qui était entrain de se passer dans ma tête ? C’était un chaos total. Je n’arrivais pas à discerner toutes les émotions qui circulaient en moi. Joie. Triste. Soulagement. Peur. Je ne savais plus quoi faire alors je me suis mise à pleurer. Non pas parce que j’étais triste. C’était l’émotion.
Soudain son regard bleu passait à travers les fleurs. Pourquoi est-ce que t’arrives toujours à rendre ces moments tellement parfait que j’ai envie de pleurer encore plus ? Je le laissais entrer refermant la porte derrière lui.
« I think we both have a lot to say…but first I want to have you in my arms. I missed you. »