La soirée d’Halloween. Kahina adorait cette fête lorsqu’elle était jeune. Sa mère lui trouvait toujours un déguisement fantastique et elle arrivait toujours à surprendre ses camarades à l’école. Le soir, elle adorait aller toquer aux portes pour avoir des tonnes de bonbons qu’elle pourrait partager avec Domenico le lendemain, dans leur grotte secrète à la plage. C’était pratiquement sa fête préférée après Noël. Mais sa mère décéda et son père n’aimait pas réellement Halloween, alors Kahina arrêta de fêter cela. Elle avait quatorze ans de toute façon.
Aujourd’hui, la blondinette revenait tout juste de l’aéroport. Elle venait de passer une journée avec son père au Danemark. Elle avait prévue revenir deux heures avant la fête d’Halloween organisée par Ole. Elle souhaitait y aller question de se changer les idées, d’oublier le mois de mars dernier, de lâcher prise de ses travaux. Bref, de fêter un peu. Elle avait envie de délirer quelque peu, d’oublier. La jeune femme avait prévu son déguisement une semaine plus tôt : un déguisement d’avatar. Elle avait bien aimé ce film et trouvait le costume confortable alors elle avait posé son choix sur ce dernier. À son retour de l’aéroport, elle enfila donc son costume, puis des talons hauts noirs et une perruque noire. Elle se maquilla en avatar et prit son sac puis partit en direction de l’endroit de la fête.
À son arrivée, la fête était déjà commencée. Elle entra sans cogner puisque tout le monde traînait un peu partout dans la maison comme à l’extérieur. C’était le délire total. Les gens avaient tous des breuvages à la main et étaient très bien déguisés. Elle se trouva même quelque peu ringarde avec son costume d’avatar. Kahina se dirigea vers le ‘bar’ – ou plutôt la cuisine – où elle se prit un Sex on the Beach. Elle adorait cette boisson, bien que ça faisait longtemps qu’elle n’en avait pas prit. Elle se posta contre le mur et regarda autour d’elle qui était présent, souhaitant reconnaître quelques amis à elle.
En temps normal, je n'aurais jamais eu l'effronterie suprême de m'aventurer dans ce terrain-là avec qui que ce soit. Premièrement, parce que je n'aurais pas été fidèle à mes sentiments et deuxièmement, parce que je n'étais pas un salaud fini. Aujourd'hui, pourtant, mes principes et mes valeurs ne semblaient plus existantes. Je n'étais qu'un être humain vide, sans jugement et raison. Je ne vivais qu'au grès de mes pulsions et mes envies. Au final, je finissais par ressembler au personnage de douchebag que je campais plutôt bien. Dommage que ça tombait sur Lilas. Dans d'autres circonstances, je ne me serais pas laissé allé de la sorte. Comme on pouvait dire: c'était trop peu, trop tard. La machine était déjà en marche. Alors que je me resservais d'une généreuse portion de Jack Daniels, j'eus l'impression que mes idées s'éclaircissaient bien, qu'au contraire, elles ne faisaient que s'embrouiller. Du même coup, Lilas se rapprocha un peu de moi et déposa sa paume sur la partie de mon torse qui restait dénudé. Sa main était froide sur ma peau brûlante. Toutefois, je tressaillais à peine: mes sens semblaient s'atténuer. Entre deux rires, elle m'informa que c'était probablement son gel douche ou un truc comme ça. Je ne pouvais pas m'en foutre plus que tout. Pourtant, je ne pus m'empêcher de sourire à cette remarque. Si je me serais dédoublé et vu, je m'aurais giflé. Le Domenico que Lilas avait en face d'elle était loin d'être celui qu'elle avait rencontrée au début du mois de mai. Même très loin.
Ensuite, elle se mit à regarder comme un gamine en proposant d'aller ailleurs. L'idée me parut bonne. D'autant plus que son amie commençait à vraiment me taper sur le système. Je voulais avoir Lilas à moi tout seul pour discuter. Après tout, son amie restait un obstacle pour nous deux. Ma réponse fut presque automatique. Je lui volais son chapeau pour le mettre sur ma tête de façon stylisé et passais mon bras droit sur ses hanches.
- Suis moi, ma belle.
Bras dessous bras, nous essayâmes de nous guider dans les pièces sans trop se cogner contre les autres. Après tout, l'obscurité rendait difficile notre traversée dans la foule. Plus que la maison était pleine de murs à murs, il ne restait que l'option d'aller dans une pièce moins peuplée. À tout hasard, je tournais à gauche en entraînant Lilas avec moi. Je me cognais sur une surface dure. Je compris que c'était un sofa. Je me laissais tomber dessus et je forçais la pirate rousse à s'asseoir sur mes cuisses. Je lui fis un sourire splendide en buvant une autre gorgée de ma bouteille.
- Comment ça va à la fac? demandai-je. J'ignorais que Lilas n'allait plus à l'université. T'a envoyé chier ton ex comme il le méritait?
C'est une connerie ma fille. Tu ne devrais pas le suivre, même pas le toucher. J'allais sans doute le regretter mais bon, je portais de nouveau la flasque à mes lèvres et je sentais que quelque chose clochait mais je m'en foutais. Je me fichai des autres depuis le message d'Enora sur mon Formspring. Allez tous vous faire foutre. Je me fichai pas mal de ce que les autres pensais. Alors, je suivis Domenico dans un haussement d'épaules en me répétant que je faisais n'importe quoi et le laissai évoluer dans le noir, repoussant mes angoisses et mon envie de me barrer en courant. Il avait changé. Beaucoup. Mais en mal ou en bien ? J'en savais rien. Il m'a toujours plu physiquement de toute manière. Alors pourquoi j'm'en priverai ? Sa copine a été stupide de le laisser à l'air libre comme ça.
Une fois dans une pièce, il se laissa tomber sur le canapé et m'attira sur ses genoux. Je me laissai faire docile avant de retirer le faux sabre et de le poser par terre. N'allons pas le blesser puis, je me tournai vers lui, posant ma main sur sa joue pour être sure d'où je devais regarder. « La fac... » J'éclatai de rires. J'avais démissionné de la fac dès que Christopher était parti. Du moins, celle de San Francisco mais j'ai appris quelques jours auparavant que j'étais admise à Berkeley en médecine pour être vétérinaire. « J'ai démissionné, il y a un moment. J'bosse à la SPA maintenant. » Puis, quand il me parla de Chris, je serrai la mâchoire ne voulant pas répondre à la question. Alors, je choisis de faire la chose la plus stupide qui soit. J'allais encore m'en mordre les doigts. « Tais toi » Et je plaquai mes lèvres sur les siennes, histoire de mettre mon ordre à exécution.
Je n’y étais pas allée fort. J’avais juste sortit ce que je pensais vraiment de la situation : j’avais été honnête quoi, comme toujours. Sauf que cette franchise, j’aurais dû la mettre de côté juste un instant. Pas autant pour faire ma hypocrite, mais juste pour essayer d’arranger les choses. Là, je savais pertinemment que je les empirais. J’avais voulu sortir une bonne fois pour toutes de ces toilettes, quand Domenico se leva brusquement. Sur le coup, je retirais ma main, l’observant presque surprise. Et là, il me l’annonçait : il cassait. Je sentis une grande vague de froid m’envahir. J’étais tellement sur le cul par ce qu’il venait de me dire que je bougeais à peine, la bouche entrouverte. Et pour coroner le tout, il me claqua carrément la porte au nez. Je restais plusieurs minutes comme ça, sans bouger. Je me sentais conne, vraiment conne. Puis j’entendis au bout d’un moment, une personne finit par ouvrir la porte des toilettes. Un mec déguisé en Superman. Ironie du sort. Il avait une lampe de poche qui m’éclairait complètement le visage et qui me faisait mal aux yeux.
« Alors, on se cache dans les toilettes Wonderwoman? »
Je n’avais pas envie de rire et encore moins de donner la conversation. J’avais juste terriblement mal en ce moment là. Je ne répondis donc pas et j’attrapais sa lampe de poche. Je l’entendis se plaindre, mais je n’en avais rien à faire. Je continuais ma route, guidée par la lumière. Je remontais les escaliers puis arrivait enfin dans le salon principal. Je voulais voir Domenico, il ne pouvait pas me laisser comme ça. Mais j’avais beau le chercher, c’était dur. Avec tout ce monde et l’obscurité qui y régnait… Je m’aventurais dans un coin plus tranquille. Alors que j’éclairais devant moi, je vis ce que je ne devais pas voir. Domenico et un pirate roux. Le tableau aurait été beau s’ils n’étaient pas en train de se rouler une pelle. Là, c’était encore pire. Je sentais une vague froide m’envahir une nouvelle fois. Mes yeux me piquaient. Je faisais demi-tour et je partais. Je croisais Kahina, mais j’avais envie de partir de cette fête. Sauf que j’avais complètement zappé que tout était fermé. J’avais beau y faire de toute mes forces, c’était impossible de sortir d’ici. Je m’asseyais alors dans un coin, les bras sur ma tête et j’attendais que ça passe.
J’avais emmené Lilas un peu plus loin. On était tombé sur un de ses amis que je ne connaissais pas. Ils discutaient tous les deux pendant que moi, je priais pour que la lumière revienne. Je commençais à me sentir oppressée, c’était très mauvais. Si je trouvais ce mec qui faisait cette soirée, j’allais lui en coller une, pour avoir fait une blague de ce genre. D’ailleurs, je trouvais que la plaisanterie avait assez duré. Je croisais plusieurs personnes avec une lampe de poche. Et moi alors ? Au bout d’un moment, je vis Lilas s’éloigner avec ce garçon, Dom, si je me souvenais bien. Je lui fis un petit sourire, en pensant « Fais attention à toi, Lilas. » Je décidais de me lever, et de partir à la recherche d’une lampe de poche moi aussi, ce serait toujours ça de pris. Je déambulais dans la maison, la plupart des portes étaient fermées. « Bordel de merde ! » lançais-je. Je crois que je revins sur mes pas, au bout d’un moment. Je tombais sur Lilas et son ami en train de s’embrasser. Ah bon, d’accord. Je lâchais un petit sourire et repris ma route. Au coin d’un couloir de la maison, je trouvais une Wonderwoman brune assise par terre, la tête cachée dans ses genoux. Je regardais autour de moi, personne ne semblait y prêter attention, trop occuper à chercher ses amis, ou de la lumière, comme je le faisais moi aussi. Je m’approchais d’elle. « Hm… est-ce que ça va ? » demandais-je. De toute évidence, non, mais je me sentais mal pour elle, toute recroquevillée dans un coin.
Comment il avait pu faire ça. Il venait juste à peine de casser avec moi et voilà que je le voyais mettre sa langue dans la bouche d’une autre fille! Il ne perdait vraiment pas son temps. Je me sentais vraiment conne comme ça, si vite délaissée. Et j’étais seule maintenant, dans un coin de la maison, sans pouvoir sortir de cet enfer. Personne ne faisait attention à moi. J’avais ma lampe dans ma main et je posais ma tête entre mes genoux. Mes yeux se mouillèrent instinctivement. Je fermais les yeux car je voyais tout flou. Une vraie bonne soirée de merde. Alors que je restais en retrait, j’entendis une voix. Elle m’interpellait car elle me demandait si ça allait. Je levais la tête et je découvris une jeune fille brune visiblement déguisée en Amy Whinehouse, version zombie. Je portais mes mains à mon visage, essuyant les larmes qui étaient tombées puis reniflant légèrement.
« Je l’air d’aller bien? »
La colère était encore restée en travers de ma gorge, même si cette fille me semblait gentille au premier regard. Sauf que ça, c’était tout moi : sarcastique, toujours à la lancer des pics aux gens. Je soupirais en lançant un regard au sol et en passant une main tremblante dans mes cheveux. Je ne pleurais plus mais mes yeux me piquaient énormément.
« Mon copain vient de casser avec moi et je viens juste de le voir avec une autre fille… Tout ce que je veux, c’est me barrer d’ici. Mais tout est fermé! »
Je donnais un coup de pied à la porte juste à côté de moi. La pauvre fille devait me prendre pour une folle.
Tout était embrouillé dans ma tête. Un instant, je semblais avoir les bonnes idées à la bonne place et l'instant d'après, je sentais un tambourinement dans ma tête. Il y avait longtemps que je n'avais pas pris autant d'alcool en un court lapse de temps. Depuis mon arrivée à San Francisco, j'avais été relativement sage et je n'avais jamais cherché à me défoncer comme un con. Prouvant mes capacités affaiblies, je terminais ma bouteille de Jack Daniels en espérant que cela modère l'impression de cognement dans ma tête. Grave erreur. Du même coup, j'envoyais à l'aveuglette ma bouteille qui alla se fracasser sur un mur et se brisa. Du moins, c'était ce que j'avais entendu. J'aurais pu blesser des gens par mon geste. Je m'en foutais carrément. Il me fallait d'autre alcool. Il fallait que j'éloigne le plus possible les pensées qui tentaient maintenant de gagner lentement mon cerveau. Je us interrompus par Lilas qui répondit à ma question en riant. Elle n'était plus à la fac. Elle travaillait maintenant pour la SPA. Si j'avais été en état normal, j'aurais été inquiété: lâcher les études comme ça? Qu'allait-elle faire de sa vie à présent? Pourtant, sur le moment, je me contentais de hausser les épaules, m'en foutant carrément. J'avais posé la question sans vraiment vouloir connaître la réponse. Puis, subitement, j'avais évoqué son ex en lui demandant si elle l'avait envoyé chier comme cette pourriture le méritait. Au lieu de répondre, elle m'ordonna de me taire et plaqua ses lèvres contre les miennes.
Sur le coup, je fus surpris, mais j'accueillis ce geste très rapidement. Mes mains glissèrent sur ses reins et je la serrais un peu plus contre moi. Je ne me rendais pas compte que j'embrassais Lilas. Dans ma tête, tout était un peu mélangée. J'en avais conscience et en même temps, pas du tout. La noirceur complète favorisait mon étourdissement. J'imaginais Denver à la place de Lilas lorsque je l'embrassais. Alors, je devins plus agressif et intense dans le baiser. Je forçais ses lèvres à s'entrouvrir pour laisser pénétrer ma langue. Je me foutais pas mal du monde aux alentours. Après un moment, je rompis le baiser et foutais mon visage dans sa nuque. J'échappais un rire niais.
- Avoue que t'attendais ça depuis longtemps, soufflai-je en laissant répendre la chaleur de mon haleine dans son cou.
La stupéfaction de la foule laissa place alors au silence, qui lui, laissa désormais place aux murmures paniqués. Dans tout ce brouhaha, je parvenais néanmoins à discerner quelque conversations. Des «J’ai peur…», des «C’est pas drôle!» ou encore des «La porte est fermée?». Je ne pus m’empêcher de sourire tout en me demandant si l’idée que tout ça soit une mise en scène ne leur était pas encore passée par la tête. Visiblement, non. Ole semblait très bien réussir son cou.
- Les hommes préhistoriques? Excuses-moi mais je comprends difficilement le fait que tu puisses trouver ça sexy.
Mon rire, qui avait toujours eu pour habitude de m’attirer des ennuis tant il pouvais être moqueur parfois, retentit alors dans la pièce désormais quasi-silencieuse, ce qui personnellement, ne me gênait pas. Si les lumières avaient été allumées, j’étais plus que sur que la totalité des regards se seraient posés sur moi à ce moment là. J’avais le truc pour attirer l’attention, involontairement ou non, dans l’obscurité comme à la lumière.
- Bien sur que je le sais! Une vrai fête d’Halloween serait-elle une vraie fête si l’hôte ne tente pas de faire peur à ses invités? Quoique là, en ce qui me concerne, c’est plutôt mal partit…
Il ne fallait quand même pas être sortit de Saint-Cyr pour comprendre que les portes, la musique et les lumières c’était trop gros pour être une simple coïncidence. Le soir d’Hallowenn de surcroit.
Je sentis alors Jordane venir se coller contre moi avant d’embrasser mes lèvres de façon toujours aussi passionnée. C’est-ce que j’aimais chez elle, elle savait quoi faire et où appuyer pour me faire démarrer au quart de tour sans pour autant être vulgaire. On ne s’ennuyait jamais tout les deux, c’était comme si on été fait pour se rencontrer. Nous partagions les mêmes délires, les mêmes gouts, sauf en ce qui concernait le régime alimentaire évidemment. Comme machinalement, je me contentais de passer mes bras autour de sa taille et de la serrer tout contre moi. Dieu merci, j’avais finalement pu convaincre Ariadna de m’épargner l’étape « rouge à lèvre » pour le moment. Mais si j’avais le malheur de tomber sur elle durant la soirée, je n’y réchapperai pas une seconde fois.
- Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?
Demandai-je à ma « toute nouvelle petite amie » -ça sonnait très bizarrement dans ma tête- après avoir mis subtilement fin à notre baiser. Le temps passait trop lentement à mon gout, et ce noir n’arrangeait en rien la chose. J’étais pas sortit de chez moi, vêtu en costard violet et maquillé comme un camion volé, avec une démarche douteuse pour arriver à une fête où visiblement, rien d’intéressant ne se passerait.
Qu'est-ce qui se passait là ?C'était étrange. Coincée dans le noir d'abord en proie à une crise de panique puis secourue par une Amy Winehouse en mode zombie et me voilà maintenant en compagnie d'un kéké des plages alias Domenico. Je crois qu'il appelait ça douchebag aux Etats-Unis. This is weird mais où était donc passée sa copine ? Le peu de conscience que je possédai s'envolait peu à peu avec la quantité d'alcool que j'ingurgitai au cours de cette soirée. Passant une main sur mon tricorne, je le suivis pour entrer dans la pièce et échouer sur ses genoux. Lucidité évaporée, il ne restait que la sensation grisante d'être saoule, nos deux personnes complètement à l'ouest et des questions qui n'avaient pas lieu d'être. Je répondis à sa première question le plus sincèrement possible même si je mourrais d'envie de l'envoyer se faire foutre. Ce n'est pas très gentil. Tandis que la seconde, très indiscrète me fit l'effet d'une douche froide et dans un geste irréfléchi, je plaquai mes lèvres sur les siennes pour la seconde fois. Décidément, il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. Mais je voulais qu'il me repousse, pas qu'il me le rende. Je ne vis pas Charlotte entrer dans la pièce, je ne vis pas la copine de Domenico nous voir, je m'en foutais. Je ne suis pas casée moi, c'est eux qui y sont. Alors, mes mains descendirent le long de son torse et je les plaçai sur ses hanches, me collant un peu plus à lui et lui sourire quand il me posa la question. T'es devenu quoi Dom ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?
Je voulais oublier ce soir. Oublier que j'avais perdu mon bébé, mon copain. Qu'une fille voulait ma mort, que mon ex meilleur ami pour qui j'avais encore des sentiments sortait avec ce chewing-gum qui collait décidément beaucoup aux basques. J'aurais beau quoi faire, elle resterait là. Alors, j'allais employer la méthode forte et brûler la chaussure ainsi que la putain de bubble-gum et récupérer mon Edward Cullen en lui foutant sur la gueule. Bon pour l'instant, j'suis un peu occupée avec Jacob mais j'y retournerai plus tard. « Disons que depuis le mois de mai et que j'ai vu tes... » Je baissai le regard avant de me mordiller la lèvre inférieure « atout. Je dois admettre que mes pauvres hormones d'ado en ont pris un coup. » Je passais mes doigts le long de sa joue avant de me pencher à nouveau pour capturer ses lèvres à nouveau et me demander quoi faire now.
Babyyyyy loves to dance in the daaaaaaaark. J'ai cette chanson dans la tête depuis la lumière s'est éteinte. On se croirait dans une attraction de manoir hanté et je me retiens d'éclater de rire comme une grosse débile, parce que moi, je kiffe le noir. J'ai toujours su évoluer parfaitement dans ce genre de situations. Comme les chats. Je reste un moment entre les deux avant de voir Jack Sparrow se barrer enfin. Ouais t'as raison casse toi parce que j'me voyais mal retenir le Joker derrière moi. Surtout qu'il n'est pas réputé pour être un saint d'esprit le Joker. Je me tourne alors vers Duke qui me fait une remarquer que j'ai encore dit une connerie. Tiens ça change, c'est vrai que je suis réputée pour être saine d'esprit. Je ne danse jamais sur du Justin Bieber, ne chante jamais du Natasha nomdefamilleimprononçable et enfin, je ne cambriole pas les rockstar. Bon, c'est vrai que je pensais être une star du porn et refaire toute ma collection par la même occasion mais j'suis tombée sur une rockstar avec un cul à réveiller les morts – enfin les mortes dans le cas présent – et j'l'aimais pas ce petit gars – qui est immense – avec tellement de gel dans les cheveux que j'suis certaine qu'ils devaient être en rupture chez Dop. Puis bon, une putain de vidéo et une semaine plus tard, je me retrouve avec un gosse et un boyfriend. Et amoureuse aussi. Mais ce n'est qu'accessoire. Enfin, je crois.
« Ce n'est pas les hommes des cavernes que j'aime bien mais le comportement d'un mâle dominant. Un peu comme... » J'allais dire une connerie. Ferme ta gueule Jordane. Oh, Lady Gaga le retour. Babbyyyyyy... Okéééé, bon ta gueule maintenant Bon alors à la recherche d'un bon pigeon. Je regarde à droite et à gauche entendant les gens paniquer et j'eus envie de hurler un 'vos gueules' mais je me contentai d'un claquement de langue. « Moi j'suis morte de peur. » Puis je sentis une main sur mon poignet et je me rapprochai de Duke pour me pendre à son cou, un sourire colgate blancheur tenue 24h pour lui lancer une connerie doucement et l'entendre avoir un rire moqueur. On avait la même façon de penser, le même caractère, where's the trap ? Bon comme disent mes potes, stay calm baby. Je reste donc calme et m'empare de ses lèvres avec fureur. J'avais besoin de contact physique, j'étais avide de Duke. Dukesexuel, j'vous dis. L'essayer, c'est l'adopter. Je caressai son visage du revers de ma main avant de sourire à sa question. Je cherchai encore la réponse. On monte dans une chambre et on s'envoie en l'air ? Tu fais peur à tout le monde tandis que j'fais les poches ? Non trop gros, tout le monde sait qui je suis, donc je devais faire profil bas. Je ne voulais pas aller en taule alors que maintenant j'avais un petit gnome à charge. Je dépose un baiser dans son cou avant de relever la tête pour me coller un petit peu plus à lui. « On est dans le noir la possibilité de s'envoyer en l'air sur le bar est optionnelle ou alors, on visite la maison essayant de faire peur au plus de monde possible et on trouve une chambre. J'ai hâte de voir comment est le Joker dans le feu de l'action. » J'avais chuchoter tout ça à son oreille de manière aguicheuse, caressant doucement sa nuque du bout des doigts, me doutant clairement que tôt ou tard la lumière reviendrait et qu'on devrait faire ça à l'arrière d'un taxi en retournant à l’hôpital.
Je savais que c'était mal. Je savais que je ne devais pas faire cela. J'étais parfaitement conscient que je marchais par-dessus mes principes et mes valeurs. Pourtant, cela ne m'empêchait pas de le faire. Le Domenico gentil partait en vrilles pendant que le démon en moi s'éveillait. Je faisais pitié à voir. Heureusement, Lilas n'en glissait pas un mot. Elle embarquait même dans mon jeu. Je me questionnais sérieusement à savoir si elle était vraiment intéressée par moi ou si elle cherchait elle aussi à oublier ces propres problèmes. Ces derniers temps, je n'avais, pour ainsi dire, eu aucune nouvelle de sa part donc j'ignorais comment elle allait. J'aurais pu la questionner sur son étonnante chute de poids et son isolement. J'aurais très bien pu lui passer un interrogatoire et faire le protecteur. Toutefois, il n'en fut pas ainsi. Le costume de douchebag s'était empeigné en moi. J'étais en mode flirt. L'alcool y contribuait beaucoup. D'ailleurs, je sentais qu'elle me rendait aussi plus à pic et agressif. Comme ça faisait plus que deux minutes que je n'avais pas trempé mes lèvres dans un verre contenant une boisson alcoolisée, je commençais à être plus sur les nerfs. Je ne portais plus trop attention à Lilas qui était sur mes genoux. Je cherchais par tous les moyens de noyer mon désespoir. Je ne pouvais pas avoir les mains libres trop longtemps.
Elle commença par me dire qu'elle avait une attirance flagrante pour moi depuis le party de Gossip Girl au printemps dernier. Elle en profita pour m'embrasser à nouveau. Je fus toujours réceptif au baiser. Une partie de moi encore lucide me demandait ce que j'étais en train de faire, mais ma folie força la voix à se taire. Je mordillais légèrement la lèvre inférieure de Lilas et me dégageais tranquillement. Évaluant bien son corps dans la pénombre, je fus capable de distinguer où se situer à peu près sa flasque. Je la saisis et me servis une généreuse gorgée. Je lui planquais ensuite sur la poitrine avec un expiration satisfaite. Ce n'était pas très poli. Je m'en moquais pas mal. Je m'approchais ensuite de son oreille pour lui murmurer des mots doux en espagnol. Je savais qu'elle n'en comprendrait pas tout le sens, mais ça m'amusait. Quand j'étais soual, je me mettais souvent à oublier mon anglais. Du même coup, je lui caressais le bas du dos en sentant quelque fois sa peau à mon toucher.
- Je me demande pourquoi je ne m'étais jamais intéressé à toi avant aujourd'hui, déclarai-je l'esprit égaré.
Au bout de quelques secondes, Wonderwoman releva la tête vers moi, elle avait le visage baigné de larmes et déjà, je me demandais pourquoi j’avais posé cette question, pourquoi je m’étais arrêtée, pour je n’avais pas continué ma route pour tout simplement trouver de la lumière quelque part, comme tout le monde. D’un ton sarcastique elle me répondit. « Ca va, détends toi, je voulais juste être polie. » Je n’aimais pas trop l’idée qu’elle essaye de me remballer alors que pour une fois, j’avais juste voulu être sympa avec quelqu’un que je ne connaissais pas. Ce n’était pas mon genre, et j’avais fait un effort parce que je l’avais sentie mal, mais si c’était comme ça qu’elle le prenait, alors moi, je prenais mes clic et mes clac et reprenais ma traversée dans cette maison ! C’était d’ailleurs ce que je commençais à faire quand elle ajouta, une réponse plus claire et calme à ma question. J’eus soudain un flash. Je revoyais Lilas et ce garçon, Domenico ; était-il possible que je sois en train de parler à la copine de ce mec qui fourrait sa langue dans la bouche de ma meilleure amie ? Voila, c’était typiquement moi, ça me foutre dans des situations pareilles, il y avait pas à dire, je devais avoir un don. Bon… « Calme toi, cette soirée vire au cauchemar pour tout le monde, je crois, mais quelqu’un va bientôt faire cesser cette plaisanterie et tu pourras rentrer chez toi. » Quand à ton petit ami, et bien… Je préférais ne pas en parler, je n’aimais pas tellement qu’on se mêle de mes histoire, j’avais comme l’impression que c’était pareil pour elle. Donc, je préférais ne pas donner mon avis. « Ah, au fait, moi c’est Charlotte. » Aussitôt, je regrettais. Et si elle connaissait Lilas ? Et si elle savait que c’était ma meilleure amie qui était actuellement avec son copain ? Bon… Tant pis, on verrait bien, avec un peu de chance, elle ne connaissait pas Lilas.
Tu fais une connerie Lilas. Repousse-le tout de suite et quitte cette putain de soirée. C'est vrai quoi Domenico était mon ami à la base, un peu comme mon grand frère. Ouais mais bon on avait aucun lien de parenté donc osef. Je me penchai sur lui pour l'embrasser et il me rendit mon baiser à ma grande surprise plus férocement, sauvagement. Ce n'était pas comme à la fête du mois de mai où je l'avais embrassé parce qu'il me plaisait, là, il y avait un facteur immense dans l'équation. L'alcool. Nous étions tous les deux presque ivres et l'embrasser découlait d'une action involontaire. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me le rende de toute manière. Je ne m'en remettrai jamais. Enfin si je m'en souvenais demain matin. A mon avis c'est fort peu probable. Je prolonge alors le baiser avant de me rapprocher un peu plus de lui et lui répond honnêtement. C'est vrai que la manière dont il m'avait posé la question qui aurait pu sembler gênante mais je n'avais rien à perdre, je m'en fichai. J'en avais marre d'être la petite fille sage, celle qui ne boit pas, ne couche pas. Je voulais profiter un peu. Ma vie est si plate que je commençai à songer à mettre les conseils d'Enora à exécution. Je me redresse un peu, le voyant caresser mon corps pour prendre ma flasque et la porter à ses lèvres. Je le regardai, caressant toujours son torse quand il replaça ma flasque dans mon soutien-gorge. Un sourire naquit sur mon visage. Puis il me murmura des mots doux en espagnol à l'oreille. Etait-il au courant que je parlais couramment l'espagnol. Je lui avais dit. Il a du oublier. C'est l'anglais avec lequel j'ai encore du mal. Et je ris à sa remarque. « Trop jeune, pas assez pulpeuse. C'est pas faute d'avoir essayé pourtant mais non... Et tu ne t'intéresses pas à moi. T'as besoin de réconfort, moi aussi. » Je commençai à déposer des baisers dans son cou avant de relever la tête jusqu'à son oreille et de lui murmurer en espagnol qu'on allait pas faire ça ici, au risque de se faire surprendre.
Mes pensées commençaient à se confondre. En fait, ça ou prendre une drogue hallucinogène n'aurait pas fait grand différence. Dans ma tête, je n'étais plus Domenico Maïke Torrès. J'étais quelqu'un d'autre. Si ça se trouvait, j'en venais à croire qu'un esprit malin s'était emparé de mon corps et me possédait tout entier. Présentement, j'avais encore moins conscience que la personne à qui je rendais les baisers n'était nul autre que Lilas Martin-Andrews, une amie. Je baignais totalement dans un autre univers. C'était comme si tout le passé n'avait jamais existé. Comme si les évènements derniers n'avaient jamais eu lieu. Je repartais à zéro dans cet endroit obscur en agissant comme si mes actions n'auraient aucune conséquence sur le monde dans lequel je vivais. À la limite, je me prenais pour un inconnu dont tout le monde se fichait. Même les baisers torrides échangées avec la belle rousse ou mes gorgées d'alcool divers ne suffisaient pas à me secouer. Comme personne n'osait nous déranger, cela accentua encore plus ma confusion puisque, à ce moment, je n'étais plus capable de savoir si c'était bien ou mal ce que je faisais. Quelques minutes avant, j'avais assez de jugeotte pour savoir que c'était mal, mais maintenant, ça me semblait quasi banal à la limite. J'avais vraiment perdu la tête.
M'aventurant dans son cou, je déposais de légers baisers accompagnés de mots espagnols. Lilas sembla appréciée. Son gloussement en tout cas me laissait présager qu'elle était plus que réceptive à mes tentatives de séduction. Du même coup, pendant que j'étais occupé à parcourir son cou, elle répondit à une question que je lui avais posée. Je l'avais d'ailleurs déjà oubliée. Alors, sa réponse me laissa perplexe. Elle s'empare de mon audition pour me murmurer des mots en Espagnol. Aussitôt, un sourire niais se dessina sur mon visage. J'eus la vague idée de me demander si c'était ma personne ou mon parfum qui lui faisait tant d'effet. Je la tirais un peu vers moi pour elle se couche sur le sofa. Je forçais au passage le retrait de la personne assise à côté de nous. Au passage, je lui volais son alcool en la menaçant en Espagnol.
-Si usted toca aquella botella, le perforo en la cara*.
Par chance, elle était pleine. Je la bus en entier en lançant de nouveau dans le vide. J'en avais un peu échappé sur Lilas, mais je m'en foutais. J'étais au-dessus de Lilas.
- No me preocupo si ellos nos ven.*
J'allais pour m'élancer sur son corps allongé, mais je tombais à côté, sur le plancher, face première. Je restais immobile sur le plancher en riant stupidement.
* Si tu touches à cette bouteille, je te frappe au visage * Je m'en fous qu'ils nous voient.
Je fis une petite moue à Levanah. Elle aurait put me dire plus tôt que son voisin romain était attiré par Mars et non par Vénus. Je soupirais avant d'éclater de rire, bon et bah j'allais devoir me trouver quelqu'un d'autre alors. Je vis alors mon amie sortir une autre cigarette de son corsage, moi je commençais à ne pas me sentir bien. "Excuse-moi Levy, je vais m'aérer un peu dehors je ne me sens pas très bien." Je m'éloignais jusqu'à la porte d'entrée, mais lorsque j'essayais de l'ouvrir celle-ci refusa de m'obéir. Et merde, je n'aimais déjà pas être dans le noir, mais si en plus on était enfermé j'allais péter un câble. Bon ok pas de panique Angie, respire et tout va bien se passer, tu es juste a une soirée d'Halloween, pas il y a 3 ans chez toi. Je me calmais un peu avant de regarder aux alentours afin de localiser Ole. Oui il faisait quasiment noir, mais j'avais toujours eu une excellente vu dans les endroits sombres ce qui peut-être parfois pratique et puis j'avais aussi mon téléphone portable.
Bref je pensais avoir trouvé Ole déguisé en personnage de mangas. Hum, oui des cheveux comme ça ce ne pouvait être que lui. Je m'approchais discrètement du jeune homme, en entendant Jack Sparrow lui parler je compris que je ne mettais pas trompé. Je rangeais mon téléphone avant de me glisser derrière lui. Rien qu'à son odeur je pouvais dire que c'était lui, j'adorais son parfum. J'approchais mes lèvres à son oreille afin que lui seul entende ce que j'avais à dire : "Hum...Ole, tu compte remettre la lumière bientôt ?? Non, parce que si on reste dans le noir trop longtemps, je vais faire des bêtises... et tu pourrait bien être ma victime." Je laissais un sourire s'échapper de mes lèvres avant de déposer un baiser dans le cou du blond. Bon, ok j'étais peut-être un peu culottée, mais bon faut savoir s'amuser dans la vie hein ! Et puis de faire ça me permettait de ne pas paniquer et de rester calme.
Les gens pensaient certainement que tout ceci était une bonne blague du cher Ole, mais si seulement ils savaient...alors comme ça, ils voulaient fêter Halloween ? Avec leurs déguisements à deux balles, ils avaient envie d'avoir peur ? Eh bien, ils allaient être servis ! La lumière ne s'était toujours pas éteinte, et même si ils essaient d'appuyer sur l’interrupteur, ça n'aurait pas fonctionné. Il commença à pleuvoir dehors et l'orage grondait, quand tout à coup, la télévision du salon s'alluma. Elle commença tout d'abord à changer de chaîne toute seule, puis, plus aucun signal : des petits points noirs et blancs suivit par le bruit désagréable que cela engendrait. Un hurlement se fit entendre dans la maison, on ne pouvait pas distinguait s'il s'agissait d'un hurlement de femme, ni d'où celui-ci provenait...
Levanah se positionna non loin de la fenêtre, de façon à être plus ou moins visible à la faible lumière de la une. Les teintes blanchâtres des rayons lunaires donnaient à son costume une atmosphère d'autant plus glauque. Clope au coin des lèvres, la Keynes sortit son briquet et alluma la tige cancérigène. La première bouffé qui emplit ses poumons lui firent fermer ses yeux un instant. Elle avait besoin de cela. Depuis qu'elle ne buvait que très peu, ne consommait plus de drogues et prenait un traitement draconien la cigarette restait son seul plaisir interdit. Les convives murmuraient, soufflaient. A quoi s'attendaient-ils ? A ce que la dame blanche vienne les écouter ? Que les Grimlins se tapent l'incrustent ? Que Jack l'éventreur leur fassent un high five ? C'était Halloween, ce qui signifiait légendes urbaines amplifiées, peurs conçues par le cerveau humain. Levanah le savait et assumait d'avoir peur des fruits de sa propre imagination. Bzzzz. Lumière. La télévision. La jeune hawaïenne sursauta, l'objet électrique brisant sa réflexion. La blonde brûla même une personne à côté d'elle du bout de sa cigarette.
- Excusez moi... dit-elle, toujours absorbée par la télévision qui venait de s'allumer. Au fond, la situation l'angoissait même si elle souriait, déposant sa cigarette à ses lèvres.
Mélange d'humour et de crainte. Fête de jeunes débauchés mêlé à une situation glacialement glauque. Levanah rejeta un coup d’œil à la personne qu'elle avait brûlé par inadvertance. Dans la pénombre ambiante, elle n'aurait pu dire avec certitude si elle connaissait cette personne ou non.