Oh my god ! Quoi ? Trois kilos en plus ? Je frappe contre le mur mécontente avant de me rendre compte que j'étais bien seule dans mon immense maison. Je ne pouvais pas contacter Lucan tant que j'étais grosse, j'avais trop honte. Ni Caïn. Il devait encore être occupé à courir après son Ephyre. J'ai l'art de tomber sur les nazes moi. Il doit y avoir une grande pancarte marquée « Nazland » au-dessus de ma tête. Je détache mes cheveux roux avant de regarder l'heure. Quel jour on était déjà ? Hum, le... QUOI ? Le cinq. Mais j'avais rendez-vous au Manchester dans dix minutes. Infaisable. Mais carrément. Je grogne en me dirigeant vers ma salle de bains pour me déshabiller et mettre une de ses affreuses robes de femmes enceintes. Gnagnagna. Nan, j'suis pas grosse. J'suis énorme. Bordel de merde. What the hell ? Jordane t'es trop conne ma pauvre vieille. Pis j'me voyais pas arriver devant Maël la bouche en cœur et lui balancer le gosse à la tronche. « Tiens il est de toi. Bon courage. » Et me barrer comme une voleuse – que je suis. Nan, nan, je ne suis pas comme ça quand même, j'ai un minimum de moralité. Enfin, je crois. Mais pour ma défense votre honneur, je ne savais pas qu'il était marié. Lentement, je dessinai mes lèvres avec la couleur adéquate, nouait une ceinture au-dessus du ballon qui me servait de ventre, fis un espèce de chignon trop débile qui me donnait un air de femme au lieu de gamine. Quewa, il te pose un problème mon visage ? Je soupire. Je suis fatiguée. Je veux dormir. Pitié, petit hybride qui grandit, laisse moi dormir. J'ai envie de baiser aussi. Et je crois que dans l'équation « Femme enceinte » Il y a la mention frustrée. Hé, j'ai pas signé pour ça moi. J'ai pas signé tout court de toute manière. Après avoir accroché mon collier, je mets mes bottes et sors de la maison en n'oubliant pas de fermer à clé. Le quartier est silencieux et je hèle un taxi. Bande de keunards mais arrêtez vous. Vais-je devoir montrer ma jarretière ? Visiblement nan ? L'un d'entre eux s'arrête et je monte dedans avant de lui indiquer la direction. Le bar de Kyler. Durant tout le chemin, je masse mon ventre pour apaiser le gamin qui danse la salsa à l'intérieur.

Une fois devant l'enseigne, j'hésite à descendre mais je n'ai pas le choix. Business is business. Je passe une main dans mes cheveux, arrangeant quelques mèches avant de sourire au vigile qui me connait bien. « Y'a du people, ce soir ? » Il hausse les épaules et je me renfrogne en entrant. En effet, personne. Je prends place à une table et commande un cocktail sans alcool, regardant l'assemblée. J'allais téléphoner à mon client quand je reçus un message qui me disait que l'opération était annulée. Fuck ! Tant pis, je range mon petit téléphone avant de voir un mec se diriger vers moi Nan, pas lui. C'est un boulet et il lâche jamais le morceau. Prise de panique, je prends mon verre et le pose sur une table où un blond n'avait rien demandé à personne. Puis, je plaque mes lèvres sur les siennes avant de me poser et de rire gêné. « Pitié sauvez-moi la vie. Juste quelques secondes, le temps que j'le dégage. » Je désigne le boulet qui semble choqué planter au milieu de la salle. Alors, je me retourne et le regarde en battant frénétiquement des cils. « Reste pas là mon chou, tu vas prendre racine. » Puis, je me remets en bonne position avant de détailler le gars à qui je venais de rouler une pelle.

Oh. My. God !

Canonnissime. C'est quoi ce beau gosse ? Et dans le bar de Kyle ? Mais il m'avait caché ça ce gros débile ? Alors, je lui lance un immense sourire colgate tenue extra blancheur garantie 24h et de lui tendre la main. « J'suis Jordane et vous ? Désolée pour le baiser, j'étais obligée. » Me jettes pas, me jette pas, me jettes pas. J'suis manque bordel. Et te manger, je veux.

Pas mal du tout, je devais dire. J'étais là, face à lui. Je devrais quand même faire attention à ne pas embrasser n'importe qui. C'est que je ne voulais pas chopper la mononucléose moi. Alors, je ne le fixai pas, me contentant de voir l'autre gros naze se barrer et un sourire victorieux illumina mon visage. « Hé bien, mister Renton, ravie d'avoir fait votre connaissance. Et ouais mais bon, la banalité, ça craint. » Je lui fais une vague grimace avant de regarder autour de moi puis je me lève doucement et me mets d'aplomb avant de souffler. « Bon allez, j'vais vous laisser à votre... occupation. A plus tard Keenan Renton. » Je me penche en avant et je dépose un baiser non pas sur ses lèvres mais sur sa joue avant de me diriger vers le bar où je commande un coca. Une pouffe ne peut s'empêcher de s'extasier mon ventre. Genre, oh mais vous êtes enceinte. Non sans déconner, je pensais que j'étais grosse au naturel, keunasse va . Je me tourne vers elle, la paille encore dans la bouche avant d'écarter une mèche de mon visage et là, elle commet l'erreur fatale. Me toucher le ventre. Je déteste ça. Je tique alors et pose doucement mon verre avant de lui chopper le poignet et de lui tordre. « C'est quoi cette manie de toucher le ventre des femmes enceintes ? Tu touches avec les yeux ou la prochaine fois, on va devoir te la recoudre ta main, pétasse. » Je reprends mon visage avant de m'éloigner d'elle avant que son mec rapplique. Les blondes dans ce genre ont toujours un mec. Et moi, j'suis toute seule. Personne veut de moi. J'vais ptèt en pleurer quoi. Je reviens vers ce Keenan et reprends ma place. « J'ai ptèt rester avec vous tout compte fait ! A chaque fois, on me tripote. » Je fais tourner la paille dans mon verre avant de faire coucou à quelqu'un que je connaissais.

Le Manchester. Je connaissais presque tout le monde ici. Même si j'avais plus de notoriété au Ruby Skye. Je passais presque tout mon temps avec la patronne, à lui dire que ouais, je remplirai ses contrats si elle me couvrait. Après tout, je suis une cambrioleuse – en congé – mais quand même. « Alors, monsieur Renton qu'est-ce qui vous amène ici ? Excusez ma curiosité mais vous me semblez un peu trop classe pour ce genre de bar. » C'est vrai, il suffit de le regarder pour savoir qu'il n'avait pas l'habitude d'être ici. Sauf peut être son verre d'alcool. Encore un mec marié qui est à moitié paumé. Je me penche alors en avant, laissant entrevoir mes attributs féminins et le regarde en me mordillant. « Etes-vous mariés ? Parce que j'préfère demander avant qu'on commence à se faire des avances. » Ouais, j'ai le mérite d'être direct mais ce n'est pas de ma faute. Je suis tout le temps comme ça. Et puis je n'aimais pas presque mon temps en banalités. S'il voulait qu'on baise ok, mais pas de préliminaires. Autant y aller tout de suite. Sans le quitter des yeux, je reprends ma paille dans la bouche – ça les rend dingue ce genre de trucs – et hausse le sourcil. Je sens qu'il a envie de moi, c'est certain. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres avant de reposer le dos contre ma chaise et croiser les bras sur mon ventre rebondi.