Souvent il suffit d'un petit rien, le battement d'aile d'un papillon peut semble-t-il créer une tempête à l'autre bout du monde, si ce ridicule mouvement peut créer un ouragan capable de détruire des villes entières, imaginez le peu qu'il faut pour détruire la confiance qu'un homme à en lui. Colosse au pied d'argile, jamais une formule ne m'avait autant convenu. Il fut un temps, quand on entendait le prénom Sonic et ces exploits on se gonflait la poitrine en se disant que ce petit gars deviendra la fierté de l'Amérique. Maintenant... Ouais, cible à abattre, perte de temps, danger public lâché dans la nature, loup au milieu des brebis, une folie de le laisser en vie et tout ces autres mots bien sympa dont j'préfère vous évitez la lecture. La CIA est la seule a connaître mon passé sur le bout des doigts, la seule à savoir tous le danger que j'peux représenter pour les autres et basiquement si j'fais une connerie c'est eux qui devront s'expliquer devant le président. Puis qu'après tout, je suis leur projet, c'est moi l'enfant soldat, l'agent de tout les espoirs. Les cons. Me tuer ? Ils s'y sont jamais résolu. Toujours des rappels à l'ordre plus ou moins subtile. Comme le massacre de ma famille quand j'ai commencé à hésiter en appuyant sur la gâchette. Il aurait fallu que je sois un robot pour qu'ils me laissent tranquilles. A quoi me sert mon putain dans tous ça ? Look at me. J'ai jamais rien oublier. Jamais rien. Qu'est ce que vous croyez que ça fait à un homme de pouvoir revoir tous les meurtres qu'il a fait ? Toute la tristesse qu'il a pu causer ? Toutes les vies qu'il a ruiné ? Il finit dingo hein ? Ouais. Dingo.

124. C'est le nombre de vie que j'ai prise depuis que je suis né. Le premier Jason McBamder quand j'avais 12 ans, mission d'infiltration, un gosse ça passe mieux qu'un adulte, une balle dans la tête, propre et net. Mes « parents » avaient fait une fête pour ça.
Tous ces cris d'horreurs, ces regards implorants, ces mères criant le nom de leurs enfants, ces pères qui se dressent entre eux et moi, ces agents qui répondaient coup pour coup balle pour balle sans jamais montrer le moindre signe de faiblesse, et cette petit fille.
Suzie.
J'ai ruiné sa vie. J'la laisse détruire le peu qu'il reste de la mienne. Elle a failli me tuer d'ailleurs récemment. Mon dos sera plus jamais le même. 1 mois et demi à l'hosto, j'me suis jamais senti aussi seul de toute ma vie.
C'était le 29 juin dernier, fin de soirée, mon esprit était encore empêtré dans la mare boueuse de l'héroïne et elle a débarqué. Affalé dans mon fauteuil entre rêve et réalité j'l'ai vu se planté devant moi, son regard était complètement fou ou c'est juste l'héroïne qui la rendait encore plus terrifiante. Elle m'a tiré le bras, j'me suis levé, elle me parlait, les mots rentraient et sortaient aussi sec. Bal, queen, déception, Robbyn, Keenan, malade, sale tête, trou, fond, creuse, mort, calamité.
Hache. Rouge. Sang.

Deux semaines plus tard j'me réveillais à l'hôpital. En manque. En sueur. Les yeux fous. La gorge sèche et cette putain de douleur. Suzie avait franchi le cap, plus d'action sans conséquence, j'meritais que ça. Deux longues cicatrices parcourent mon dos, ont détruit mes muscles et frappent contre mes nerfs chaque secondes. Chaque foutus secondes. La vie devient très différente quand on ne peut plus faire un mouvement sans être paralyser par la douleur. 3 semaines de coma m'ont était .. Prescrite ? On va dire ça. J'ai prévenu personne, j'avais pas envie que les gens me voient dans cette position de faiblesse. Je suis Sonic Thompson. J'ai pas le droit de faiblir, j'ai pas le droit d'être malade, j'ai pas le droit d'être faible. J'ai le droit d'être misérable, pathétique, pitoyable mais jamais j'aurais le droit de craquer. J'peux pas faire montrer une armure fissurée, j'ai pas le droit. Puisqu'il faut toujours un roc inébranlable dans toute histoire.

Suzie était donc la seule à me rendre visite, enfin visite, elle venait, souriait, soulignait à quel points elle avait honte, m'embrasser, me frapper ou me mordais tout dépendait de son humeur et elle repartait. J'ai pu sortir y'a deux semaines, j'dois encore passé à l'hôpital toute les deux semaines, je suis shooté au anti-douleur, la drogue m'est formellement interdite ( dois-je préciser que cette recommendation j'en ai rien à foutre ? ) et j'dois limité mes efforts. Well. Comment leur expliquer maintenant que Stuart Zimmer me prend pour son père et que ménager mes efforts avec ce gosse reviendrait à donner le feu vert au p'tit pyromane en lui ? Anyway. Le tout est de faire bonne figure, de porter le masque de l'indifférence et de rester assez asocial pour qu'on ne se mêle pas de mes affaires et tout se passera bien.

Si j'ai eu le temps de réfléchir durant ces quasi deux mois de convalescence ? Ouais. Et ma conclusion reste la même. Je suis un pauvre con. Une perte de temps pour tout ceux qui ont mis leur espoirs sur moi. Le problème visiblement c'est qu'ils ne veulent pas le comprendre.