La vie à San Francisco était de plus en plus simple. Du moins, à mon gout. Certes, je n’avançais pas beaucoup avec Léo, mais j’avais pris mes marques ici. Je n’avais plus l’impression d’être une étrangère. Ce qui m’aidait beaucoup il fallait l’avouer. Peut-être que ça avait un rapport avec le fait que j’avais retrouvé des tas d’amis ici, comme Evelyn. Elle était comme une sœur pour moi et ça m’avait fait plaisir de la recroiser dans cette ville. C’était d’ailleurs chez elle que je me rendais ce soir. Je lui avais proposé de garder sa fille car elle était coincée. Je sortis de chez moi et pris un bus en direction de Sunset. J’avais mes écouteurs dans les oreilles et je regardais défiler les rues derrière la vitre du bus. Je souris. J’étais bien, en Californie. Mon téléphone vibra, un message de Lilas. Je me retins d’éclater de rire en voyant le contenu : elle et son prof. C’était trop mignon, et aussi trop bizarre. Mais je me réjouissais pour elle. Si ce mec était un brave type, alors je n’avais rien à lui reprocher. Sinon… sinon, il aurait à faire à moi assez tôt. Je proposais à Lili de me rejoindre chez Evelyn pour qu’on puisse discuter de tout ça, de son prof, dont j’ignorais le nom (ou alors, j’avais oublié, ce qui n’était pas impossible, me connaissant…) et aussi qu’on commence à discuter de notre retour en France pour les vacances d’été. Je me rendis compte qu’on aurait pu attendre demain : Luke m’avait invité à passer la soirée chez eux. Mais pendant que je discutais avec Lilas par sms, j’avais oublié ce détail. Tant pis, ce ne serait pas la première fois que Lil’ et moi nous voyions deux soirs de suites. J’arrivais devant chez Evelyn. Je sonnais et la voluptueuse blonde m’ouvrit. Elle me remercia de la dépanner ce soir et me quelques infos, au cas où, pour m’occuper de Mélodie. J’enregistrais tout ça dans ma tête. Evelyn faisait partie des femmes qu’on ne soupsonnait pas à première vue, avoir des enfants (j’avais été surprise quand elle m’avait appris ça, quand on s’était retrouvé, à San Francisco). « Bon, je file, bonne soirée. » Je hochais la tête « T’inquiètes pas, tout ira bien. » Elle déposa une bise sur ma joue et fila. Je changeais Mélodie et après avoir joué avec elle quelques instants, je la mis au lit. Je rejoignis ensuite le salon. J’ouvris une fenêtre et m’y appuyais, j’allumais une cigarette, en prenant soin de rejeter la fumé dehors. Je détestais fumer à l’intérieur. Après quoi, je m’installais sur le canapé en attendant ma meilleure amie. Je feuilletais un magazine qui trainait là. Tout en tendant l’oreille pour être sur que Mélodie ne pleurait pas. J’espérais que Lilas ne sonnerait pas, ce qui aurait réveillé la petite. J’essayais donc d’écouter pour voir si je l’entendais arriver et ouvrit avant qu’elle ne sonne. Mais je n’entendis rien. Au bout de quelques minutes, j’entendis quelqu’un frapper doucement. Je souris et allais ouvrir. Derrière la porte se trouvait la chevelure rousse de mon amie. Je la serrais dans mes bras. « Entre, ça va ? » Je repris la direction du salon, Lilas derrière moi. On s’assit dans le canapé.
Je me faisais chier. Clairement. Je n'osais pas reprendre contact avec Christopher et je ne savais pas si nous étions ensembles ou pas. Comment le décider ? Je ne pouvais pas le dire à sa place. Il n'avais pas mon numéro de portable et quelques jours s'étaient écoulés depuis cette fameuse soirée. Je soupirai, portable en main pour voir que Charlotte venait de m'envoyer un message pour prendre des nouvelles. Qu'est-ce que je pouvais lui dire ? Que j'avais flirté ouvertement avec mon professeur ? Que je pensais que nous étions un couple mais pas totalement ? Que je pensais avoir des sentiments pour lui plus que ce que je n'aurais du en avoir ? Je n'avais jamais eu de petit copain. Je ne savais pas ce que c'était que d'être en couple. Peut être ma meilleure amie pourrait-elle m'aider ? Sans trop réfléchir, je lui répondis que je venais la voir chez Evelyn et qu'on discuterait de tout ça. Je savais où cette femme habitait parce que je l'avais déjà vu sortir sur la plage auparavant. Alors, je décidai de m'y rendre aussi et relus bien le message. Apparemment ma meilleure amie faisait comme moi: du babysitting. Une pince dans les cheveux, un vieux jean troué et une bouteille de vodka planquée dans le sac, je décide donc de partir avant de laisser un mot à mon frère sur le frigo pour dire que je sortais voir Charlotte et que je rentrerai probablement tard. Nous devions préparer notre voyage et tout le bordel. Ça allait surement nous prendre la nuit. Je fermais la porte après avoir redonné à manger au chien et descendis par l'escalier en me dépêchant pour prendre un grand bol d'air frais et resserrer mon chandail autour de ma poitrine histoire de ne pas avoir trop froid. Le fait de ne pas avoir reparlé à Chris depuis un moment me troublait et je me posais la question de savoir si nous étions un couple ou pas. Merde. Une fois dans les rues, je me mis à marcher en direction de Sunset sans cesser de serrer ma bombe lacrymogène dans ma main valide. Mon enlèvement m'avait rendue quelque peu parano et pleine de tocs. Mais bon, j'étais vivante c'est le principal. Je soupirai une fois devant la maison. Devais-je genre, frapper ? Toquer ? Ou bien attendre devant que Charlotte me voit ? Je me décide donc à toquer quand la brunette vint m'ouvrir. Je la pris dans mes bras avant d'entrer dans la maison qui était pas mal. Modeste mais pas mal. Je me tournai donc vers ma meilleure amie qui m'avait posée une question. « Ouais ça va. » Pas totalement un mensonge mais à moitié. Je sortis la bouteille de vodka et la secoue devant elle avant de m'assoir. « Un peu de coca girl ? » Je lui souris parce qu'avec elle, je pouvais parler français, ce qui est cool. J'aurai bien aimé avoir un petit ami français et non anglais mais bon, ce n'est pas moi qui ait choisi mais mon coeur. « So, on commence par quoi ? Christopher ou le voyage en France ? » Je lui versai un verre avant de porter le mien à mes lèvres en attendant sa réponse. La soirée promettait. Pour changer...
En faisant entrer Lilas dans l’appartement, je me disais que j’avais vraiment de la chance d’avoir retrouvé ma meilleure amie à San Francisco. C’est vrai, après tout, combien y avait-il de chance pour qu’on se retrouve ici les deux, après avoir été séparées ? Pas beaucoup, on était bien d’accord. Ce qui paraissait assez surréaliste, il fallait bien l’avouer. Mais je n’allais pas m’en plaindre, me retrouver ici, en Californie, avec Lilas était sans doute la meilleure chose qui m’était arrivée depuis que j’étais ici. Je savais que comme ça je pouvais penser à autre chose que mes histoires de tromperies etc… Surtout que Lilas n’était pas au courant de tous les détails, et même si c’était ma meilleure amie, j’avais un peu de mal à lâcher le morceau. Je culpabilisais peut-être de ce que j’avais pu faire, même si je savais que Lili ne serait pas du genre à me prendre la tête avec ça, ou alors, elle aurait eu une bonne raison. Elle était intelligente (ben oui, c’était ma meilleure amie quand même !). Elle sortit une bouteille de vodka et me proposa du coca, je rigolais, c’était un truc entre nous. Evidemment puisque nous n’étions pas majeures, l’alcool ne devait pas faire partie de nos habitudes. Paradoxalement, j’avais appris à très bien tenir l’alcool. J’évitais d’exposer ça comme une fierté, mais quand même, j’étais plutôt satisfaite de moi quand je voyais tout le monde s’écrouler, souls, autour et moi, je restais debout. Tel un héros. Ok, je sors. Je cherchais donc des verres dans le salon d’Evelyn. Je ne mis que quelques secondes à les trouver. Je posais les shooters sur la table du salon, pendant que Lilas nous servis. Lilas me parlait français. Il n’y avait qu’avec elle que je le faisais, et ça me rappelais toujours ma vie à Paris, ça ne me rendait pas nostalgique, mais quand même, j’étais bien contente de retourner à en France cet été. Avec Lilas. Ce serait comme remonter dans le temps. Mais quand c’était agréable. En plus de ça, j’avais appelé ma mère pour lui dire que je revenais cet été : « Ah super, mais papa et moi, on part en vacances. Tu comprends, on ne pensait pas que tu reviendrais si rapidement… » Ok, génial. D’accord, mes parents et moi n’avions jamais été très fusionnels ou proches, mais quand même j’avais espéré les voir un petit coup. Mais non. Tant pis, ça voulait dire que l’appartement nous appartiendrait à Lilas et moi, et que nous pourrions vivre notre vie sans rendre de compte à personne. Même si c’était déjà ce que nous faisons. Et point positif : là-bas nous étions majeures. Je décidais de commencer par parler de Christopher à Lilas, parce que c’était tout récent, et que je voulais en savoir plus (quoi ? oui, je suis curieuse). J’espérais qu’il n’était pas un affreux-vieux-prof. J’espérais aussi que tout irai pour le mieux entre eux, Lilas le méritait amplement. « Christopher. Raconte-moi, t’as de ses nouvelles, alors ? » J’étais assise sur le canapé, et je bu mon verre de vodka. Je devais tout de même faire attention, j’étais censée garder la fille d’Evelyn, pas l’abandonner parce que j’étais bourrée. Je tendis l’oreille pour vérifier que la petite ne pleurait pas. Avant que Lilas ne me réponde, j’enchainais avec une autre question. « Tu es sure de ce que tu fais avec lui ? »
Cette Evelyn devait être riche parce que vu la taille de la maison, je le supposai fortement. Elle faisait trois fois la mienne – en France – et je la regardai, restant estomaquée sans faire de bruits pour me diriger vers le salon suivi de mon amie et ensembles nous prirent place dans les canapés. Mais qu'est-ce qu'elle faisait comme métier blondie ? Aucune idée. Je me versai un verre de vodka en faisant attention à ne pas en mettre trop. Merci mais je ne tenais pas à finir comme à la bitch party. Puis, je regardai attentivement mon amie. La retrouver ici, à San Francisco me faisait tout bizarre puisque nous nous connaissions depuis le jardin d'enfants presque et que nous avions été inséparables jusqu'à ce que je commence à faire mes conneries et que je me fasse enlevée. J'aurai cru qu'en trois ans, elle m'avait oublié mais non. Elle était toujours à mes côtés et me faisait toujours confiance. Je ne la trahirai jamais de toute façon. La trahison n'était pas ancrée dans mes gênes et je savais que je pouvais tout lui dire. Elle était une des rares à savoir pour ma captivité et de toute manière, elle faisait partie de la famille. Nous avions tout faits, les quatre cents coups, boire, sortir, trainer dans les bars et nous voilà ici, réunis à San Francisco. Je ne savais pas pourquoi elle était ici mais au moins, elle était là et c'est ça qui comptait. Je ne voulais pas juger Charlotte. Chacun est maitre de son destin et si elle avait fait des erreurs, je pense qu'elle devait s'auto-culpabiliser et donc pas besoin que quelqu'un en rajoute une couche. Je la regardai tandis qu'elle me posait des questions, décontractée et réfléchissais à quoi lui répondre. « Ouais, j'ai eu de ses nouvelles. On doit partir à Miami bientôt pour s'éloigner du peuple San Franciscain et donc essayer de comprendre ce qu'ils nous arrivent. » Elle me demanda si j'étais sure et je restai un moment songeuse. La question était pertinente. Je savais dans quoi je m'embarquai, quoi faire, quoi dire mais je ne savais pas ce qui en découdrait. Un mariage, un divorce couteux, une haine commune mais une bonne entente forcée pour le bien être des enfants ? Peut être, seul l'avenir nous le dira. Je la regarde et hausse les épaules. « Qui vivra verra. Et toi, qu'est-ce qui t'amènes ici ? Tu sais que tu peux tout me dire. » Je pose ma main sur la sienne, l'encourageant à me parler parce que ma meilleure amie n'avait pas fait tout ce trajet pour rien. Il y avait quelque chose.
C’était plus fort que moi, cette façon de faire : de vouloir être sure que tout allait bien pour Lilas. Après tout, elle en avait bavé et j’étais en droit de m’inquiéter pour elle (peut-être trop). J’étais fille unique, elle était comme une sœur pour moi. Ça plus ce qui lui était arrivée ces dernières années, c’était assez pour me rendre protectrice avec elle. Il n’y avait pas beaucoup de personnes pour qui j’agissais comme ça. Le peu que je savais sur Christopher n’avait rien d’alarmant, il n’avait pas l’air d’être un psychopathe-serial-killer-cannibale. Le seul problème restait relativement son âge. Mais avoir trente ans (ou environ) ne faisait pas de vous un schizophrène ou je ne sais quoi, jusqu’à preuve du contraire… Lilas m’annonçait qu’ils allaient partir quelques jours les deux. Je souris en buvant mon verre. C’était une bonne idée, ce retrouver hors du contexte de tous les jours, voir ailleurs, ça ne pouvaient que leur être bénéfique. Je hochais la tête. « C’est bien. Ça va vous faire du bien, de faire le point. » assurais-je. Puis j’ajoutais en riant. « Luke va être aux cents coups. Reste évasive, hein… » Puis on en vain à aborder un sujet difficile. Je savais très bien qu’un jour arriverait, où Lilas me poserait des questions sur ma venue ici, à San Francisco. Elle avait loupé tellement de choses, de ce coté là de ma vie… Je n’avais jamais prévu de mentir à Lilas, déjà parce que j’en étais incapable (alors que j’étais plutôt douée dans le domaine du mensonge, en général) et surtout parce qu’elle m’aurait démasqué en dix secondes. Elle me connaissait par cœur… Lili posa sa main sur la mienne. Je savais que c’était le moment de tout dire. « Je suis venue voir Léo. Tu sais, il est ici, à San Francisco. Et disons… j’aurais voulu qu’il me pardonne de ce que je lui ai fait… » En voyant l’air interrogatif de mon amie, j’enchainais avec de vraies explications. « Léo et moi, on s’était fiancé, je te l’avais dit, non ? Bref… on s’était fiancé et j’ai tout foutu en l’air. Bah, tu me connais, je suis une flippée des sentiments… Enfin, c’est l’excuse que j’ai sorti. J’ai… j’ai couché avec le père de Léo… plusieurs fois… Et Léo nous a surpris. Il est parti, il a quitté Paris et est venu se cacher ici, en Californie. J’ai continué de sortir avec son père, quelques temps. Parce que je croyais qu’il allait m’offrir tout ce que je voulais, tu sais des cadeaux, des bijoux… tout ça, quoi… Et je me suis trompée, en fait. Je me suis rendue compte que Léo me manquait, alors j’ai débarqué. Comment ça. En pensant que j’allais tout arranger… » Mais je n’avais rien arrangé du tout. Je n’avais revu Léo qu’une fois au bar où on s’était donné rendez-vous, il m’avait clairement fait comprendre qu’il n’était pas ravi de me voir – se que je comprenais. On s’était recroisé à la Beach Party de Gossip Girl, sans grande amélioration. Et aujourd’hui, j’attendais des nouvelles de Bethany qui avait accepté de m’aider à me faire pardonner… J’avais tout lâché comme ça, de but en blanc à Lilas et je me rendais compte que ça m’avait fait du bien d’en parler avec elle. Mais je ne préférais pas en parler mille ans. je n’aimais pas vraiment m’apitoyer sur mon sort. « Alors Paris ? Comment on s’organise… ? » m’exclamais-je, en souriant le mieux possible.
Être avec ma meilleure amie me faisait un bien fou puisque de toute façon, nous passions beaucoup de temps ensembles et notre amitié était en quelque sorte fusionelle. Elle était comme une sœur pour moi, une vraie sœur, celle que je n'avais jamais eu. Bien entendu j'avais un frère mais je savais que je pouvais compter sur elle. Elle pourrait me couvrir auprès de mon frère et je n'étais pas franchement pressée de dire à tout le monde que je sortais avec mon professeur. Bon, il n'y avais aucune loi qui interdisait une étudiante de sortir avec son enseignant du temps qu'elle avait atteint la majorité sexuelle mais je devais faire attention. Luke serait capable de le tuer comme un gros con et je crois qu'aller voir mon frère en prison ne faisait pas partie de mes plans. Je me resservis un verre avant de l'avaler cul sec. « Tu sais que... on n'a pas... Enfin on était sur le point mais j'ai dit que je voulais attendre et il a été très respectueux. C'est même lui qui a proposé à ce qu'on quitte la ville pour quelques jours. » Je souris car pour une fois que j'étais heureuse un peu partout. Que ce soit avec mes amis, ma famille, mes études, mon petit copain, tout me réussissait. Et tant mieux. Quand elle mentionna Luke, mon visage s'assombrit. C'était pour ça que je voulais garder les choses secrètes, parce que je savais que mon frère deviendrait totalement débile. « Je n'ose pas lui dire que... je suis avec Christopher. Je sais qu'il réagira au quart de tour et se comportera comme un con. » Je tapotai nerveusement sur mon frère tandis qu'elle commençait son récit. Sur ce que j'avais manqué dans sa vie.
Donc Léopold était le blond que je voyais souvent sur internet qui tournait autour de cette blonde, Joyce et c'était l'ex petit ami de Charlotte. Jusque là, ça va, j'assimilai à peu près tout. Ensuite, ils s'étaient fiancés et what ? Attendez, ma meilleure amie s'était fiancée. Je fis les gros yeux mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Elle s'était fiancée, et l'avait trompée. Ouais beh quand t'as peur, c'est normal. Je hochai la tête la poursuivant à continuer et quand elle eut fini, je la pris dans mes bras. J'étais incapable de tromper Christopher mais je comprenais ses raisons. « Faut juste évincer la blonde qui lui tourne autour et ensuite, tu l'auras peut être mais essaies de passer à autre chose quand même... C'est juste un conseil. » Je lui caresse doucement les cheveux avant passer une main dans mes cheveux. « La France... Hmm... Je pensais d'abord aller à Paris puis me rendre vers Lancanau pour faire du surf. Je crois que ma mère doit encore avoir un appartement là-bas et puis, elle me doit bien ça. Je t'avouerai qu'aller à Londres une journée m'avait traversé l'esprit. » Je me tus. J'étais vraiment accro à ce mec mais je n'allais pas le voir pendant deux mois et deux mois c'était long. « Christopher a de la famille là bas. » Je lui fis un sourire en coin. « Et puis faut à tout pris voir cette gare et le quai 9 ¾. Je veux aller à Poudlard. »
Depuis son enlèvement (et qu’elle s’en était sorti, évidemment) j’avais mis un point d’honneur sur le fait de plus laisser personne toucher à Lilas. J’étais pleine de ressources en général… Non non, ce n’est pas une menace, je fais juste bien comprendre les choses. Personne ne touche aux gens que j’aime… sauf si il veut mourir, bien sur, ça c’est à vous de voir… Un sourire se dessina sur mon visage quand Lilas me dit qu’ils n’avaient rien fait, que Christopher avait été parfait avec elle. C’était trop mignon à voir. J’étais vraiment contente pour ma meilleure amie. C’était beau à voir. Bien sur j’étais en train de me dire que je n’aurais pas été contre une histoire dans le genre, mais ce n’était visiblement pas au programme. Ou alors j’avais oublié de le noter dans mon agenda… Les romantiques me diront que se sont des choses qui ne se notent pas dans un agenda… certes, mais des fois, ça aidait. Bref… Le visage de Lilas s’assombrit quand on évoqua son frère. « C’est ton frère, C’normal qu’il s’inquiète… surtout après tout ce qui est… arrivé… » Elle avait comprit de quoi je parlais. « Si il ne comprend pas, je lui expliquerai moi, t’en fais pas ! » ajoutais-je, avec un clin d’œil. Après mon monologue sur Léo, j’étais épuisée, comme si j’avais couru un marathon. Raconter tout ça, surtout à ma meilleure amie, c’était pas facile. Mais finalement, ça me faisait aussi du bien, comme si je me libérais d’un poids. J’éclatais d’un petit rire à l’entente du « plan » de Lilas. Je m’interrogeais au sujet de la relation de Léo et Joyce, surtout qu’il me semblait que cette Joyce était celle qui j’avais connu quand j’étais gamine. Mais je me disais que ce n’était pas possible que ce soit elle… Ca faisait trop. « Même si je la fais dégager, pas sur que Léo me retombe dans les bras, au pire il me détestera encore plus, tu vois genre… si il est amoureux d’elle… » J’avais du mal à le dire mais il fallait bien que je me fasse à l’idée que Léo vivait sa vie et que je n’en faisait plus vraiment partie… Je devais, comme le disais Lilas, passer à autre chose. Oui, c’était pas une mauvaise idée. J’y avais pas pensé, tiens. Lilas m’annonça ce qu’elle envisageait de faire en France. Elle voulait aller voir sa mère, ce que je comprenais. Et j’avais promis de l’accompagner, elle aurait besoin de moi. J’étais sur le point de demander pourquoi elle voulait aller à Londres quand elle ajouta que son « prof » avait de la famille la-bas. Aaah… je souris. « A Paris on sera que les deux, mes parents sont pas là, mais je te l’avais dit. ? Et oui, on ira à King’s Cross, alors ! Si tu as le temps...» sous-entendais-je.
Ce qui était bien avec Charlotte, c'est qu'on s'entendant à merveille sur tout. Certes, nous avions des différents pendant notre enfance mais plus maintenant. A rester trois ans séparées l'une de l'autre, cela n'avait fait qu'accentuer notre fusion et faire en sorte que nous ne pouvions pas rester éloignées l'une de l'autre très longtemps. Assise sur le canapé d'une femme que je ne connaissais ni d'Eve – Haha, la bonne blague – ni d'Adam à boire un verre de vodka et discuter garçon, c'est comme ci nous étions encore à Paris pour discuter de ses aventures et moi de mes théories de physique. J'avais toujours été la plus rationnelle des deux. Sauf que là, j'avais une attitude qui ne me ressemblait pas avec Christopher, avec Drake, avec tout le monde. Je soupirai en pensant à tout ce qu'elle avait du endurer et je m'en excusais d'avance. « Je suis désolée ne pas avoir été là pour toi pendant ce temps-là mais je suis là maintenant et tu peux tout me dire... » Ma phrase restait en suspens et je songeai à tout ce que je ne lui avais pas dit. A la fois où j'avais couché avec Drake. « J'ai couché avec Drake. Tu sais, le gothique. Et je crois que j'ai ressenti, enfin, vaguement quelque chose pour lui. » Je soupirai en avalant mon verre cul sec. M'éloigner de cette ville ne me ferait pas de mal après tout. Je détestais devoir fuir mais prendre des vacances ne seraient pas de trop. Je souris timidement à mon amie avant de me resservir. Je buvais trop décidément. Alors, je reposai doucement le verre et attendis qu'elle est finie de parler. Charlotte était toujours d'accord avec moi, pas chiante et quand elle m'apprit que ses parents ne seraient pas là ce fut un soulagement. J'avais du mal avec sa mère. Elle était un peu chiante. « Ouais, ouais, tu me l'avais dit. Et ils partent où cette fois ? Genre, ils ont pas vu leur gamine depuis des lustres et ils peuvent même pas changer leurs projets. » Je laissais échapper un juron avant de sourire quand elle dit le nom de cette gare que je n'arrivais jamais à prononcer. « Tu sais, c'est à peu près le seul truc qui n'a pas changé... Harry Potter existe toujours. » Je ris comme une enfant avant de dégager mon épaule de ma masse capillaire, enthousiaste à l'idée de ses vacances...
Comment aurais-je pu en vouloir à Lilas ne pas avoir été là pour moi, ces dernières années. C’était tout bonnement impossible. En fait, je m’en voulais surtout à moi de ne pas avoir fait d’efforts pour la retrouver. J’avais baissé les bras si rapidement… J’étais un peu lâche comme fille, enfin surtout sur ce coup là. Je n’aurais pas su dire pourquoi j’avais abandonné. « Dis pas n’importe quoi. Comment je pourrais t’en vouloir.. ? L’essentiel c’est que tout soit fini… » J’étais en train de me dire que je prenais le même chemin pour Léo : je n’avançais pas dans ce que j’avais entrepris pour le récupérer, et je me disais que finalement, je n’avais plus qu’à tourner la page et trouver quelqu’un d’autre… Mais je n’en étais pas encore là, j’avais toujours un mince espoir qu’il me pardonne et qu’il veuille me revoir… Lilas parla de Drake. Je ne le connaissais pas, mais je n’arrivai pas à me faire une idée sur lui. et peut-être que finalement ça n’avait pas d’importance, je ne le connaitrais sans doute jamais. Je haussais les épaules, je ne savais pas quoi lui dire à propos de ce garçon. Et quant bien même qu’est-ce que j’aurais pu dire ? Que ce n’avait pas été une bonne idée de coucher avec lui ? Ou qu’au contraire elle avait bien fait ? J’en avais pas la moindre idée… Je souris en regardant le sol quand Lilas parla de mes parents. Ah, mes parents ces héros qui quittaient le pays quand leur fille unique arrivait, après des mois d’absence... Depuis que j’étais à San Francisco, j’appelais souvent mes parents, mais jamais très longtemps, nous n’avions malheureusement presque rien à se dire. Je n’avais jamais eu une relation très fusionnelle avec eux. J’avais vite grandi et appris à être autonome. A quatorze ans, je faisais mes courses toute seule. Mais j’en avais jamais voulu à mes parents, ils étaient comme ils étaient, tant pis. Je les aimais quand même. Cette distance m’avait même arrangée au moment de mon départ pour la Californie ; ils n’avaient pas cherché à me dissuader et me faire rester. Cette relation platonique faisait qu’aujourd’hui bien sur j’étais déçue de savoir que je n’allais pas les voir à Paris, mais je relativisais… « Bah, je m’en doutais un peu… Ils partent jamais, ils ont disons… mal choisi leur moment pour le faire… Tant pis. Et puis tu sais comment sont mes parents… » Elle savait. Pas besoin de développer…
Le hasard ou le destin ? Je ne sais pas lequel des deux est le plus fourbe. Je n'en avais absolument aucune idée mais quoi qu'il en soit, j'avais retrouvé ma meilleure amie. Ce qui était bien. Je passais une main dans ma tignasse, humectant mes lèvres avant de finir mon verre. Je devais vraiment me calmer sur l'alcool où, j'allais mal finir. Avoir Christopher me faisait du bien. Pas au sens charnel du terme mais je ne savais pas si je pouvais lui dire. Si je devais lui dire. L'air embêté, je regardai Charlotte. « Est-ce... enfin... Tu crois que je devrais en parler à Christopher ? » Je ne savais plus trop quoi faire des suites de cette relation. Nous ne couchions pas ensembles, on était en quelque sorte en train de flirter et ce voyage à Miami serait un bon moyen de tout lui déballer non ? Enfin quoi que je commence sérieusement à douter de ma capacité de jugement. C'est vrai que cela simplifierait ma vie de tout lui dire mais cela pourrait la compliquer aussi. Je veux dire et s'il réagissait comme Drake ? Impossible. Personne ne pouvait réagir comme Drake l'avait fait parce que ce gros con était tout simplement unique. Et dire que j'avais eu des sentiments pour lui. Partagé entre deux hommes. Mais plus maintenant. J'avais fait mon choix. Celui d'aimer Christopher comme je le pourrais et d'oublier Drake Malefoy. Sans trop comprendre pourquoi, je commençai à me sentir ma, que j'avais envie de courir dans ses bras et de lui demander de me pardonner. Choses extrêmement difficiles. J'en avais parlé au téléphone avec Charlotte. Elle savait par quoi je passais et donc que cela n'était pas facile. Comme elle avec ses parents. Quelle bande de cons, et dire que sa mère n'a jamais pu me saquer. E soupirai avant de lui servir un nouveau verre. « Aux parents indignes. » Puis j'avalai mon verre cul sec. L'alcool brula un peu mais je m'en fichai. J'en avais besoin. Bordel. Je tournai plus rond. Me levant, je regardai la liste de DVD de cette femme avant d'en choisir un et de le tendre à Charlotte. « Je pense que pour commencer la soirée, ça devrait aller. » Titre du film: John Tucker doit mourir. Ou comment démolit un mec correctement.
Je réfléchissais à ce que j’aurais fait si je m’étais retrouvée dans la situation de Lilas : avec Christopher après avoir couché avec Drake. Évidemment, mon instinct m’aurait conseillé de ne rien dire. Mais de toute évidence, je ne disais jamais rien. Ma vie était une perpétuelle suite de choix de ce genre : ne pas dire avec qui j’avais fait ceci ou cela. Surtout avec qui je couchais. La France était forcement le meilleur exemple pour illustrer ceci. Je haussais les épaules en regardant mon amie. « Bah… je sais pas trop. Tu sais que moi j’aurais tendance à rien dire, mais tu n’es pas moi. » Heureusement pour toi, pensais-je, avant d’ajouter : « Si tu as la sensation que tu devrais lui dire, dis lui. Mais à mon avis, tu devrais rien dire, tant qu’il ne te demande pas des comptes à ce sujet là. » Ce que je voulais dire par là c’est que je ne lui conseillais pas d’aborder le sujet de but en blanc, mais plutôt d’attendre de voir si dans une conversation, le sujet s’imposait. Je ne savais pas si j’étais très claire. Mais moi-même, je ne savais pas vraiment quoi lui conseiller. C’était une situation difficile, je l’imaginais bien. Surtout que je me doutais bien que Lilas se demandait comme réagirais Christopher à cette « nouvelle » même s’il y avait prescription aujourd’hui puisque visiblement Lilas & Drake ne se parlaient plus (ou moins). Mais j’imaginais que cette histoire, et les conditions dans lesquelles tout ça avaient eu lui, auraient pu perturber Christopher. Après quoi Lilas leva son verre, portant un toast aux parents, aussi indignes puissent-ils être. Je levais mon verre à mon tour. « A nous. Ce sera plus rentable. » On but toutes les deux nos verres. Ça me tardait qu’on parte de San Francisco, pas que je n’aimais pas cette ville, au contraire, je m’y plaisais bien. Mais plutôt de retourner à Paris, et surtout, juste de voyager, avec ma meilleure amie. Je regardais Lili chercher dans les DVDs de Evelyn. Elle en sortit un, que je ne connaissais pas. Je hochais la tête. « Installe tout le bazar, je vais voir si tout va bien avec la petite en attendant. Je reviens. » Je posais mon verre, bien décidée à calmer le jeu rapport à la vodka : j’avais des responsabilités ce soir. Et puis je n’avais pas envie de finir à genoux pour une fois que je passais une soirée juste avec ma meilleure amie. Puisque nous avions l’habitude de sortir, certes, mais rarement les deux, nous étions toujours avec d’autres gens, que ce soit Luke, Khris, ou d’autres amis à nous. Je me levais et allais tout doucement jeter un coup d’œil à Mélodie qui dormait à poings fermés. Je retournais ensuite dans le salon.
Ce qui était bien avec ma meilleure amie, c'est qu'elle était toujours de bons conseils. Ne rien dire à Christopher à propos de Drake, noté. Mais peut être devrais-je lui dire à propos de mon passé ? C'est une question qui mérite réflexion... Je ne sais pas, peut être, je restai songeuse avant d'opiner. C'est vrai qu'elle avait raison, je ne dirai rien. Je resterai silencieuse sauf s'il me posait des questions. Des questions, des questions. Je connaissais Chris et je savais qu'il ne dirait rien mais quand même. « Être amoureuse, ça craint, finis-je par lâcher avant de porter mon verre à mes lèvres. Mais vraiment. Je ne sais plus quoi faire. J'ai l'air d'une parfaite idiote quand je suis en sa compagnie et je le regarde comme s'il était la huitième merveille du monde. Fuck! » C'est vrai que j'avais un peu tendance à devenir une guimauve en sa présence mais c'est normal puisque je suis amoureuse non ? J'aimerai tellement complaire à le penser. Mais c'est si difficile. Je soupirai à nouveau, again, again and again. Je n'avais jamais connu l'amour. Je ne savais pas ce que c'était mais je ne tarderais pas à le découvrir avec mon petit copain. Il allait tellement me manquer pendant ces deux mois que j'aurai du mal à ne pas l'appeler toutes les cinq minutes pour lui demander de venir me voir. Je sentis une larme couler le long de ma joue avant de porter un toast à nos parents et Charlotte avait bien raison. Nous étions plus rentables. « Wii are sexy bitches, clamai-je avec mon vieil accent. Comment tu fais pour parler si bien anglais ? » C'est vrai que j'avais quelques lacunes mais je ne m'en sortais pas si mal au final.
D'un coup, je me levai pour aller choisir un DVD qui roxait puis elle me dit d'installer tout le bazar. Visiblement cette femme devait avoir de l'argent parce qu'elle avait le dernier lecteur blu-ray à la mode. Je sortis le disque que j'insérai dans le lecteur avant d'appuyer sur la télécommande de la télé. En attendant que ma meilleure amie arrive, je regardai la mer qui s'agitait et j'étais jalouse de la propriétaire des lieux. Moi aussi, je voulais une maison sur la plage, de beaux enfants et un beau mari. Mais j'avais déjà une famille en or (mon frère, cet homme que j'admirai), des amis en or et un petit ami qui était fou de moi apparemment. Je croisais les bras comme ci j'avais froid. Je sentais toutefois un vide. Un vide de trois ans qu'il me serait difficile à combler. Ce mal être constant que je ressentais. Je finis par me retourner et aller m'assoir avant de vider un nouveau verre de vodka. Trois ans. Ce calvaire si long que j'avais du mal à me rendre compte qu'il était terminé...
Je me disais que malgré tout ce qui avait pu nous arriver chacune de notre coté, Lilas et moi, on était quand même de sacrées chanceuses ; de se retrouver là, que rien n’ai changé entre nous, qu’on puisse partir (rentrer ?) ensemble cet été en France. C’était le genre de truc qui n’était pas à la portée de tout le monde. Une autre que moi, aurait pu lâcher l’affaire et ne pas reprendre contact avec Lilas, après tout ça. Mais si on pouvait me trouver tous les défauts du monde, que j’étais méchante, superficielle et n’importe quoi d’autre ; je n’étais pas du genre à laisser tomber mes amis, loin de là ! C’était même tout le contraire, c’était peut-être la seule chose qu’on ne pouvait pas me reprocher. Je haussais un sourcil lorsque Lilas affirma que « love sucks ». Qu’est ce que j’en savais ? Du moins, j’étais très mal placer pour affirmer le contraire. « J’en sais rien, Lil’… » C’était la vérité. « Bah, je sais pas trop, mais j’imagine que c’est normal, non ? C’est tout nouveau vous deux… » J’ajoutais en souriant. « On reparlera de la huitième merveille du monde dans six mois. » J’avais toujours fait partie des filles qui détestaient la routine dans leur couple, malheureusement, ça m’était tombé dessus plus d’une fois… Je trouvais ça mignon de voir Lilas aussi heureuse dans cette nouvelle relation. J’étais contente pour elle. Je lui souris quand elle versa une larme pour le « toast » à nous deux, merveilleuses que nous étions (QUOI ?). « Laisse tomber les larmes, Lilas. Rien de tout ça en vaut la peine. » Je disais ça d’une manière générale. Pour ma part, je ne pleurais jamais. Enfin, j’essayais. J’étais un mur, en quelque sorte. Ouais, un vrai mur, que j’aimais croire indestructible… Comment je faisais pour parler anglais ? Je ne m’étais jamais tellement posé la question, j’étais partie avec ce que j’avais appris en cours et dans la vie en générale. Vivre à Paris vous faisait parler anglais plus souvent qu’on le croit. En fait, j’avais appris l’anglais sur le tas. J’aimais bien satisfaire mon égo en me disant que j’étais autodidacte et que j’avais appris toute seule, mais ce n’était pas tout à fait vrai. Je haussais les épaules en buvant un coup. « Tu sais, au feeling… Tu t’en sors plutôt bien je trouve. » Après quoi, je me rendis dans la chambre de Mélodie, puis quand je revins, je retrouvais ma meilleure amie regardant la plage au loin. Il fallait bien avouer qu’il y avait une belle vue depuis la maison d’Evelyn. Lilas avait un air que je n’arrivais pas vraiment à définir ; nostalgique, peut-être. « Ca va ? » Elle revint s’asseoir, et je m’assis à ses cotés.
Trois ans. Trois ans de ma vie envolées, comme ça, comme par magie et je me retrouvais dans un monde que je ne connaissais pas. Quand Charlotte partit voir la jeune demoiselle qui dormait dans son berceau, je me regardai au loin voyant les images, les images déferler comme une vague immense, un tsunami en moi. J'avais beau l'avoir tué, j'avais l'impression qu'il vivait en moi, comme Voldemort vivait en Harry Potter. Mais ici, nous étions dans la réalité. La réalité, oui, c'est bien Lilas, la réalité, tu ne dois pas avoir peur, tu ne dois pas avoir peur. Il est mort, il pourrit dans la Terre mais rien ne partait comme ça. J'avais beau avoir un petit ami, les cauchemars étaient vivaces. Quand Charlotte revint, je ne la regardai pas, me contentant de regarder la mer calme, bien qu'elle ne le soit pas vraiment. Je n'entendis pas sa question, je m'en fichai. Je le revoyais me noyer, une fois, me plonger la tête dans la cuve pour me rendre docile. J'en étais ressortie in extremis. C'est pour ça que je voyais un psychologue, que je vivais maintenant.
Brisée. J'étais brisée.
Alors, je devais apprendre à me reconstruire lentement. Perdue dans mes pensées, je me rendis compte que j'étais en train de pleurer. J'essuyai mes larmes avant de reprendre place à côté de mon amie, en silence, n'osant la regarder. « Je... désolée. Je n'arrive pas à me sortir ces images de la tête. » Ma voix n'était qu'un murmure mais je ne savais pas trop quoi dire d'autre. Alors, je posai ma main sur la sienne. « Comment ? Pourquoi ? Après tout ce temps ? » Certes, je parlais par énigmes souvent mais Charlotte comprenait le 'Lilas' donc je n'avais pas à m'en faire mais quand même.
J’avais hâte qu’on puisse partir à Paris, Lilas et moi. Ça allait nous faire du bien à toutes les deux, j’en étais certaine. Moi, de toute évidence, ça allait m’aider à ne plus penser à Léo, il fallait que je tourne la page, que je trouve quelqu’un d’autre. Je n’étais pas contre une relation saine pour une fois. J’étais même prête à faire des efforts pour avoir une vraie relation/vie de couple. Je me disais que c’était un bon départ, non ? Lilas et son histoire avec Chris, faisait rêver. Qui n’aurait pas voulu vivre la même chose ? A part mon sale caractère et ma manie de tout gâcher, je ne voyais pas… Et c’était aussi une bonne chose pour Lilas de partir un peu, j’imagine. Elle avait vécu pas mal de choses en peu de temps. Je la connaissais trop bien, ça devait être le bordel dans sa tête, encore plus que dans la mienne. Après être revenue dans le salon, et après que j’ai observé ma meilleure amie, je découvris qu’elle était en larmes. Elle essuya ses larmes en m’expliquant ce qui se passait. Après quoi, elle vint s’asseoir vers moi. Je me rapprochais d’elle sans rien dire et la prit dans mes bras. Je posais mon menton sur son front et caressais ses cheveux, pour la calmer. Ma mère faisait ça quand j’étais petite et que je pleurais. C’était vraiment le seul truc qui arrivait à me réconforter. Alors c’était instinctivement que j’avais pris Lilas dans mes bras. Je fermais les yeux en l’écoutant. Merde, ce salaud avait bien de la chance d’être mort, j’aurais été capable de retourner toute la terre pour le retrouver et lui faire la peau, sinon. Lentement mais surement, je l’aurais anéanti. Comme un enfant tue une fourmi : d’abord les pattes, etc… Je me doutais bien que Lilas craquerait, c’était vraiment trop à vivre pour un aussi petit bout de femme. Elle savait qu’elle pouvait compter sur moi, le jour comme la nuit. « Chut, calme-toi. C’est fini, d’accord ? » Sans m’en rendre compte je m’étais mise à me balancer d’avant en arrière, Lilas toujours dans mes bras. Merde, il fallait que j’arrête, j’étais en train de la secouer dans tous les sens. « Tu sais aussi bien que moi que « tout ce temps » c’est pas assez. Mais tu sais aussi que je serai toujours là, d’accord ? Ton frère, Chris, moi, n’importe… Ca prendra le temps qu’il faudra pour que tu ailles mieux, mais on sera toujours derrière toi. »
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