Citation :

Il était parti rapidement du Ruby Skye à la fin de son service, ne prenant même pas la peine de se changer. Ça n’était pas dans ses habitudes : il aurait donné un coup de main, aurait eu une discussion avec Eva ou aurait pris un verre avec ses collègues. Vêtu de son costume de policier, il avait foncé vers sa voiture direction le quartier Castro, où habitait Gillian. Il l’avait aperçu à la boite, chose qui l’avait d’ailleurs surpris, et en un éclair, elle avait disparu. Désirant avoir plus d’informations sur ce passage en coup de vent, il était directement allé à la source. Il toqua alors à sa porte, son courage armé, espérant ne pas avoir droit à une crise ou à une dispute.

DONO : « T'es venue ? Au Ruby Skye ? Je t'ai vu partir. »
GILLIAN : «Pourquoi tu me demandes, si tu m'as vu ? »

Réponse froide et directe. Donovan soupira. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, en fait. Pourquoi cette réaction. Mais il était là pour avoir des explications. Et même s’il savait qu’à la base, elle n’était pas fan de l’idée d’avoir un petit ami stripteaseur, il se demandait pourquoi elle était venue ce soir. Néanmoins, il ne comptait pas laisser passer l’attitude désagréable de sa petite amie alors qu’il était venu plein de bonnes intentions.

DONO : « Tu m’expliques le ton nonchalant ? Et pourquoi t’es passée tout à l’heure ?

Il croisa les bras contre son torse.

DONO : « Où est-ce qu’il a bien pu foutre ce truc ?

Un quart d’heure que Donovan fouillait la chambre qu’occupait Baptiste à la recherche d’une clé USB qu’il lui avait filé il y a des semaines. Il avait déjà retourné plusieurs tiroirs, et maintenant, il passait à son armoire. Il ne pensait jamais tomber sur un petit sachet de cocaïne. Il resta figé, les yeux rivés sur la poudre blanche. Il était en colère, il avait bu, il n’était plus maître de lui-même. Le sachet en main, il était retourné dans sa chambre. Personne n’était à l’appartement pour l’empêcher de faire une connerie. La musique qu’il avait dans les oreilles le transportait. Il tremblait. Le contenu du sachet se déversait sur son bureau. Il dégainait sa carte d’étudiant, et bien vite, un long rail était formé. Un an et 5 mois qu’il n’avait pas touché à ça. Mais il était faible. Il s’assit sur sa chaise, les coudes sur la table, le regard toujours posé sur la drogue qui reposait sur son bureau. Il ne bougeait plus maintenant, respirant de manière saccadée. Si on lui demandait, il ne pouvait dire combien de temps il était resté là, dans cette position. Mais une main qui se posa sur son épaule le sortit de sa rêverie. Il fit un bond sur sa chaise, son regard se tournant maintenant sur la personne qui était derrière lui. Gillian. Ses dents se serrèrent.

GILLIAN : « Donovan, qu'est-ce que tu fais ? »
DONO : « J’y ai pas touché, j’te jure. Je… C’est … Pardon. C’est … »

Ses mains tremblaient. Sa voix tremblait. Son corps tremblait. Son regard était évasif, se concentrant un temps sur Gillian, un temps sur le rail de coke qui était sur la table. Panique. Rage. Incompréhension. Peine. Tout ça mélangé. Il ne voulait pas qu’elle le voit dans cet état. Mais grâce à elle, il avait un peu repris ses esprits. Un peu.

DONO : Tu peux pas rester là … Je … Gillian … tu … va-t’en … s’il te plait. »

Citation :

GILLIAN : « Pourquoi? Pour faire des efforts. Parce que j'estimais que ca faisait assez longtemps qu'on était ensemble pour enfin venir te voir "travailler". Mais faut croire que non, j'suis pas prête à ça. J'voulais te faire plaisir, mais c'est l'échec total. Désolée mais, te voir te dessaper avec toutes ces nanas autour, c'est carrément pas possible. »

Les yeux de Donovan s’écarquillèrent. Il n’en revenait même pas, elle n’avait aucun droit de lui reprocher tout ça. Le blondinet était stripteaseur dans la même boîte depuis plusieurs années maintenant. Il avait trouvé ce job à son arrivée à San Francisco, voulant briser l’image de jeune homme de bonne famille qu’il avait à Paris. C’était sa façon d’avoir une nouvelle vie, de ne plus dépendre de quelqu’un et d’arrêter de faire croire à tout le monde qu’il était un saint. Et depuis qu’il avait entamé sa relation avec Gillian, jamais il ne lui avait demandé de passer au club pour le regarder faire son show. Bien au contraire, il savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas supporter de voir comment il jouait avec ses clientes. Alors, il s’était mis en tête que jamais elle ne passerait les portes du Ruby Skye. D’où la surprise quand il avait vu qu’elle l’avait finalement fait. Le fait d’entendre tout ça lui revenir en pleine face l’avait énervé pour le coup. De nature plutôt calme, il n’avait pas réussi à calmer ses nerfs cette fois-ci, et il sentait déjà la rage monter en lui. Ce soir, il ne tenterait pas de faire baisser la tension.

DONOVAN « Et j’t’ai demandé de venir peut être ? Non, j’t’ai jamais forcé à venir me voir au boulot parce que je sais que tu supporterais pas alors pourquoi tu me le reproches ? T’as vu comment tu me parles ? T’auras qu’à me rappeler demain quand tu te seras calmée. Là j’ai vraiment pas envie de te parler. »

Sur ces mots, il se tourna et fit demi-tour sans même lui adresser un regard, bien trop énervé par cette courte conversation. Il claqua la porte de l’appartement, la mâchoire serrée, se dirigeant vers sa voiture pour rentrer chez lui.

L’attitude de Donovan, ce soir, était bien différente de son comportement habituel. De nature calme et posé, souriant et toujours de bonne humeur, il avait troqué tout ça. A présent, il était tremblant, transpirant, stressé et sur les nerfs, prêt à exploser à n’importe quelle seconde. Dans cet état, il n’était pas bon de l’approcher, à part si on avait la force de se défendre contre lui. Il partait au quart de tour, la sueur coulait de son front comme une cascade. Il n’était pas beau à voir. Et il ne voulait pas qu’on le voit dans cet état, surtout Gillian. Elle devait tant l’idéaliser comme un gars presque parfait, que ce soir-là allait forcément changer sa vision des choses. Bientôt, des larmes se mirent à couler sur le visage de Donovan, qui ne pouvait pas se contrôler.

DONOVAN : Tu peux pas rester là … Je … Gillian … tu … va-t’en … s’il te plait. »

Il espérait qu’elle allait l’écouter. De tout son cœur. Car si pour l’instant, il arrivait tout de même à rester calme, il se doutait qu’il pourrait facilement péter un plomb si elle faisait quelque chose de travers. Et ça n’avait pas loupé. Ne désirant pas partir, elle fit même la boulette de prendre en main le sachet de drogue présent sur la table avec la ferme intention de le jeter, surement dans les toilettes, là où il ne pourrait la récupérer. Il sentit ses muscles se contracter et son inconscient prendre le contrôle de son corps. Se levant précipitamment, il rattrapa Gillian en un éclair. Il n’avait pas pris la peine d’enlever le casque qu’il avait autour du coup, la prise se détacha violemment quand il se releva. Se plaçant devant la porte des toilettes, Donovan faisait barrage, pour pas qu’elle ne puisse aller plus loin.

DONOVAN : Rends moi ça Gillian. »

Il était plus que sérieux. Son regard était noir. Mais Gillian ne semblait pas se démonter. Refusant toujours de lui rendre son bien, Donovan le lui arracha brutalement des mains et se précipita vers sa chambre. Il s’enferma et s’appuya contre sa porte. Se laissant glisser, les larmes continuaient de couler le long de ses joues. Les nerfs montant de plus en plus, il mit un énorme coup de coude dans la porte, et se mit à crier sans aucune raison apparente.