Just in love. Just Pregnant! C A L V I N & E V E L Y N
Un mois et onze jours de grossesse. Je comptais les jours avant mon accouchement qui devait avoir lieu le 14 mai. Mon bébé serait donc un taureau. Je me caressai le ventre tout le temps et j'avais pris quelques kilos maintenant. J'étais même devenue énorme selon moi. Calvin n'arrêtait pas de me répéter que j'étais belle, même s'il passait tout son temps à louper les échographies. Cependant, je le comprenais. Nous allions avoir un enfant et il devait travailler pour qu'on puisse se nourrir. Je continuai toujours d'aller travailler et mon patron m'avait convié dans son bureau pour me féliciter de ma grossesse et me dire que je serais promue comme convenue à mon retour de congé maternité. Je ne savais même pas si je comptais en prendre un. Ma mère m'avait conseillé au téléphone d'en prendre un pour que cela tisse le lien avec le bébé mais je restai sceptique. Nous avions vraiment besoin d'argent et je refusai que Calvin paye tout tout le temps. Enfin une espèce d'harmonie s'était instaurée entre Calvin et moi et nos plus grosses disputes étaient souvent dues à son absence aux échographies et aussi le fait qu'il ne me laissait plus rien contrôler. Je soupirai la plupart du temps et continuai à faire ce que je faisais en ignorant les jérémiades de mon fiancé.
La routine quoi. Je dormais paisiblement dans ses bras comme toutes les nuits, affutée d'une de ses chemises parce que mes nuisettes ne m'allaient plus et que j'étais devenue une grosse vache. Mon amoureux caressait mon ventre inconsciemment pendant son sommeil et en quelques sortes, cela m'apaisait parce que depuis notre voyage à New York, je faisais le même cauchemar. J'étais dans un champ et je me baladai en promenant ma main sur les germes de blés quand soudain, je croisais le regard de mon frère qui portait un enfant dans ses bras. Mon enfant. « Jasper, poses le à terre tout de suite, l'intimai-je en courant vers lui. » Mais à la place mon frère sourit et disparut. Alors le décor changea et je me retrouvai dans une sorte de morgue avec un médecin légiste. Le rêve s'était changée en souvenir. J'avais le ventre plus rebondi, j'étais enceinte de Matthew et le médecin me demandait si j'étais prête. Je hochai la tête et il souleva le drap. Sauf que cette fois-ci, je ne vis pas Jasper. Mon frère jumeau. Mais Calvin.
Je me réveillai en sursaut trempée non pas de sueurs mais par mes propres larmes. Je les essuyai du revers de la main et repoussai gentiment la main de Calvin, toujours maintenue sur mon ventre que je remis sur le matelas bien à plat avant de me pencher et de lui donner un baiser sur le front comme je le faisais toutes les nuits quand je faisais un cauchemar. Puis un coup de tonnerre retentit et je courus jusqu'à la chambre de Stuart pour voir que le petit dormait d'un sommeil de plomb. J'avais mal au dos et je retournai m'assoir sur le canapé où je fus accueilli par Dora le chien de Calvin qui vint se poser sur mes épaules. Dehors, le temps n'était pas à la fête et j'eus froid d'un coup. Et faim. L'horloge m'indiquait trois heures du matin et j'avais faim. Le bébé et moi avions faim. Je me levai doucement quand je ressentis une crampe dans le bas du ventre. Le bébé me faisait souffrir mais je me voyais pas le dire à Calvin qui allait s'affoler comme une mère poule. Déjà qu'il me surprotégeait quand j'étais malade mais maintenant que j'étais malade et enceinte, je ne pouvais même plus me servir des plaques pour me faire une omelette. « Hmm, une omelette. » Cette perspective était alléchante et je me dirigeai vers la cuisine pour fourrer ma tête dans le frigo et sortir des œufs.
Saphir, Dora et Debussy arrivèrent et Saphir se mit à aboyer. « Chut, tu vas réveiller Papa, murmurai-je avant de leur donner un bout de lard, ne le dites pas à votre père hein. » En guise de remerciements, je reçus un coup de patte de la part- de Saphir et Debussy vint coller sa tête contre mes genoux. Mon chien avait peur de l'orage et quand je vivais seule, moi aussi. Mais la présence de Calvin me rassurait en quelques sortes. Et j'étais certaine que les chiens l'avaient réveillé. Cependant, je continuai de cuisiner, alertée par ma faim qui me rongeait l'estomac petit à petit. Je cassai les œufs dans le plat quand j'entendis une porte grincer. J'allais encore me faire engueuler parce que j'étais debout à trois heures du matin et que je ne restai pas avec lui dans le lit. Bon c'est vrai que je n'étais pas particulièrement jolie. Pas désirable du tout. Je portais une de ses chemises trop grandes qui laissaient entrevoir une partie de mes jambes devenus légèrement gonflés et sur l'avant ouverte sur ma poitrine devenue plus généreuse. J'avais presque gagné un bonnet. Mes cheveux roux flamboyants étaient emmêlés et tombaient négligemment dans mon dos. Pendant que je faisais sauter le mélange presque cuit dans la poêle, je salivai par avance de manger. Faire des omelettes, manger de la glace et me goinfrer de tomates. Selon ma mère, je retrouverai ma taille fine et gracieuse après ma grossesse car je ne mangeai que de l'eau. Je n'ingurgitai que ça plutôt. Puis, je sentis quelqu'un derrière moi, alors je me retournai pour le voir, devant moi. « Je suis désolée de t'avoir réveillée mais j'ai encore fait un cauchemar et nous avions faim, dis-je. » Un nouveau coup de tonnerre résonna dans tout l'appartement et je souris à mon amant. Peut-être n'était-ce pas de nourriture que j'avais faim mais de tendresse ?