« Petite soirée entre potes improvisée chez Will, en l'honneur de son BDay. Elle était contente de voir certaines personnes, d'autres moins... Elle se serait en effet passée de la présence de Soh' et également des embrassades de Gil & Dono... Même le fait que Ias soit présent l'irritait un peu. Et elle ne pouvait s'autoriser à boire, ayant proposé à Penny de la raccompagner chez elle après la soirée.
Elle n'avait pas traîné longtemps, laissant son amie monter se coucher, pensant faire de même afin d'être d'attaque pour un devoir important à la première heure le lendemain.
Cependant, quand elle arriva devant sa porte d'entrée, après avoir garé sa voiture, elle remarqua le corps de Iason affalé par terre. S'il n'était pas en train de ronfler et de faire des grimaces, elle aurait sûrement pris son sommeil pour un état d'inconscience grave.
Exaspérée, elle s'accroupi auprès de lui et le secoua doucement.

MARY ▬ Ias, rentre chez toi.»

« Lorsqu'il daigna ouvrir un oeil, elle se releva, s'appuyant à la rambarde. Il l'attendait, paraît-il...

MARY ▬ Tu m'attendais ? Parce que maintenant tu veux me parler ? C'est nouveau tiens...

Elle émit un rictus guère discret.

MARY ▬ Et tu t'es pas dit que j'aurai autre chose à faire qu'écouter tes sornettes ? [...] Rentre chez toi, ou dors sur mon paillasson, je m'en fou après tout.

Elle fit un pas pour enjamber le corps étendu de Iason et atteindre la serrure de sa porte d'entrée. Malheureusement, il s'était relevé et bloquait l'accès. Elle ignorait d'ailleurs comment il avait été capable de se relever aussi vite sans avoir le tournis... »

« "Claquement d'orteils"... D'ordinaire, elle aurait éclaté d'un grand rire tonitruant. Mais pas ce soir. Ce soir elle était blasée...

MARY ▬ A toi de me le dire... J'ai reçu un texto de Gillian à propos d'un retour en Australie... J'ai fait le lien direct, n'importe qui aurait pu... Et comme elle semblait limite prête à faire ses bagages, en effet, j'ai cru que tu partirai sans regarder en arrière.

Lorsqu'il parla de souvenirs, elle fronça les sourcils.

MARY ▬ Tu te moques de moi là ? J'ai des souvenirs ? Je te rappelle que ma famille est six pieds sous terre, à San Francisco, peut-être, mais c'est comme si elle n'était pas là. Des souvenirs ? J'ai rien gardé en mémoire. J'avais 7 ans à l'époque. Chez moi, c'est à Espérance. Et si tu penses que ta place est en Australie, pourquoi l'as-tu quittée alors ?

Elle hésita un instant avant de dire :

MARY ▬ Je trouve ça égoïste que tu veuilles partir... Tu es arrivé il y a 6 mois... Maintenant qu'on s'est retrouvés, tu me lâches. »

« Mary n'en revenait pas... Iason semblait montrer si peu d'intérêt à ces derniers mois...

IASON ▬ En arrière ... qu'est ce que je dois retenir d'ici, Mary ...
MARY ▬ Comment peux-tu seulement dire ça ? Tu comptes pour beaucoup de personnes ici... T'imagines la douleur et le vide que ton départ créerait ? Pense à Eli qui a besoin de soutien, pense aussi à Gillian, c'est ta meilleure amie, bon sang !! Et la troupe dans laquelle tu viens d'avoir ta place ? Et... moi... enfin... nous. Ça ne compte pas pour toi ? On est amis depuis qu'on est tous petits, et pourtant j'ai l'impression que partir ne t'affecterait pas...

Elle déglutit avec difficulté quand il répondit à sa question : "Pour toi", il avait dit.

MARY ▬ Il doit y avoir d'autres raisons qui t'ont poussées à venir ici.

Lorsqu'il lui fit part de son envie, elle lança :

MARY ▬ Ça ne se commande pas, ça te tombe sur le nez un beau jour. Ça viendra pour toi aussi. Rien ne sert de courir la planète. »

« Mary resta silencieuse. Elle comprenait son sentiment de tristesse à voir chez les autres ce qu'on aimerait également vivre. Sa maladie en était en partie responsable. Il lui arrivait souvent d'en vouloir à la Terre entière et à personne en particulier... Pas d'avenir préalablement tracé, aucuns projets à réaliser, vivre au jour le jour et voir si un peu de bonheur est prêt à être grapillé ? Elle avait connu cet état l'année passée, avant qu'elle y mette bêtement un terme. Et puis son ami d'enfance était arrivé.

MARY ▬ Aussitôt que tu es arrivé ici, je me doutais que ce serait trop beau pour être vrai. Nous ici, à SF, ensemble. J'avais raison de croire que toute bonne chose a une fin.

Voilà qu'il allait partir. Et ça lui retournait l'estomac.

MARY ▬ J'suis pas prête pour ça... Pas prête à te laisser partir. Je ferai quoi moi maintenant, si tu t'en vas ?

Les yeux de plus en plus humides, elle baissa la tête, essayant de refouler cette émotion soudaine qui l'envahissait. Elle le poussa légèrement afin de dégager le passage. Enfoncer la clef dans la serrure devenait une épreuve tant sa vue se brouillait au fur et à mesure que l'émotion la submergeait... »

« Mary ne répondit pas à sa première réplique tellement elle ne comprenait pas qu'il puisse partir pour de telles raisons.

MARY ▬ J'suis pas prête pour ça... Pas prête à te laisser partir. Je ferai quoi moi maintenant, si tu t'en vas ?

Tandis qu'elle bataillait avec sa clef et la serrure, Iason s'était approché d'elle et l'avait entourée de ses bras. Elle frissonna à son contact.

IASON ▬ Mary, je... [...] J'ai pas réfléchit ... à toi ... à nous ... voilà pourquoi tu ne devais pas encore, savoir que j'avais peut-être l'intention, de partir ...

Elle réussit alors à insérer la clé dans la serrure. Les yeux mouillés, elle déverrouilla sa porte en deux tours. Mais avant de rentrer, elle se dégagea des bras de Iason et lui fit face.

MARY ▬ Tu ferai bien de réfléchir alors. Et je sais pas si mon avis compte un tant soit peu pour toi, mais... Je suis contre. T'as trouvé ta voie, tu fais partie d'une troupe maintenant. Tu as des gens qui t'aiment ici... Et... C'est peut-être à mon tour d'être égoïste mais je veux pas renoncer à ce "nous" qu'on s'est construit, je peux pas pas. Je ne veux pas tirer un trait sur nos moments passés... Toi venant partager mon lit des soirs à l'improviste, nos balades, et... et nos soirées nocturnes, à regarder les étoiles sur la plage... J'ai pas envie que ça se termine, Iason...

Elle respira un grand coup avant de tousser. Une main portée à son cou, elle continua, la respiration saccadée par l'émotion et son insuffisance respiratoire occasionnelle :

MARY ▬ Tu pensais quoi ? Que j'aurai [toussottement] rien à dire, que je te laisserai partir ? [...] Qu'est-ce qu'on fait maintenant, on se voit de temps en temps, attendant que tu [toussottement] que tu prennes une décision, en appréhendant que chaque jour qu'on passe ensemble sera peut-être le dernier ? »

« A sa demande, elle ne bougea pas et l'écouta parler...

MARY ▬ Chaussure à mon pied ? Ias, je ne recherche [toussotement] personne, tu sais. Pourquoi est-ce que je devrais [toussotement] renoncer à nous ? On se connait depuis un moment, et je ne t'ai jamais lâché... Même en venant ici, il y a 3 ans, on a [toussotement] gardé contact à ce que je sache. Je tiens trop à notre amitié.

Il posa une main sur sa poitrine et elle éprouva un nouveau frisson. Elle ferma les yeux et tenta de calmer ses émotions. Colère et tristesse étaient au rendez-vous.

MARY ▬ Je parlais de nous, spécifiquement. Car vivre au jour le jour, je sais très bien le faire, crois-moi. J'aimerai savoir ce que tu comptes faire de nous, si tu pars, ou en attendant.

Elle retira la main de Iason posée sur son coeur. Elle la garda entre les siennes un instant avant de la lâcher soudainement.

MARY ▬ J'y arriverai pas.... Te voir, t'entendre, te sentir chaque jour qu'on passera ensemble, en sachant que bientôt je devrais renoncer. Je sais de quoi je suis capable, et agir ainsi sera trop difficile... »

« Elle l'écoutait parler... Retourner en Australie pour rencontrer quelqu'un ? Etait-il nécessaire d'être "chez soi" pour être heureux ou ne valait-il pas mieux être heureux en restant soi-même n'importe où ? Bref, elle était confuse, et en effet, elle ne comprenait pas le fait qu'il soit prêt à parcourir des kilomètres pour une rencontre indéterminée.

MARY ▬ Si tu partais pour rejoindre quelqu'un, je comprendrais. Là tu pars pour personne ! Tu quittes ce que tu as ici pour... Ah non, c'est vrai, j'oubliais... Tu n'as rien ici, c'est bien ce que tu es en train de me dire, non ?

Elle hochait la tête de gauche à droite. Ils n'arriveraient pas à comprendre le point de vue de l'autre, la conversation ne menait nul part.

MARY ▬ On a réussi à rester en contact, mais c'était difficile de ne pas se voir, de ne plus rien faire ensemble. Ou en tout cas, ça l'a été pour moi. Tu débarques à SF et on commence petit à petit à retrouver ce qu'on a perdu quand je suis partie, et là d'un coup, tu penses repartir...
Et tu voudrais en plus qu'on continue de se voir, en attendant ton départ ? Qu'on fasse comme si de rien était, qu'on profite des derniers instants, et qu'ensuite on se retrouve à nouveau séparés par plus de 20 000 km ? Comme ascenseur émotif, on ne fait pas mieux. Mais bon, c'est ta décision, je t'ai juste donné mon point de vu... Pars si c'est ce que tu veux, si ça te rend heureux. Mais ne me demande pas de l'être aussi. »

« Un discours de sourd, comme toujours... Elle ne répondait rien mais croisa les bras. Cependant elle le coupa lorsqu'il dit :

IASON ▬ Cela l'a été aussi pour moi ... tu crois que je suis venu par hasard à SF ... Et je fais quoi alors ... je choisis de "souffrir" encore en voyant les autres obtenir à mesure, ce que je n'ai pas ... pour toi Mary ?
MARY ▬ Pour moi ?!? T'as rien compris du tout... J'ai parlé de ton départ de façon générale et quand est venu le moment de te donner mon point de vue plus personnel, évidemment je parle de nous, notre amitié. Parce qu'elle compte à mes yeux. J'ai jamais voulu que tu souffres, c'est pour ça que je te dis de partir si c'est ce qui te rend heureux. Mais ne me demande pas alors de sauter de joie.

Quand il aborda le sujet des coucheries occasionnelles, elle sourit ironiquement.

MARY ▬ Personne ne t'as forcé, si je me souviens bien. Et je ne parle pas que de moi. A toi de te fixer des limites. Si t'as pas envie d'histoire sans lendemain, il suffit d'être clair et net à ce sujet. Pas besoin de tout quitter pour ça.

Apparemment, il vivait mal le fait de ne plus se voir jusqu'à ce qu'il ait pris une décision.

MARY ▬ Parce que si on continue à traîner ensemble, à partager de bons moments, etc... tu crois que ça te fera changer d'avis ? Tu crois que tu resteras à San Francisco ? Moi j'en suis pas si sûre. Alors oui, j'aime profiter de tous les instants, vivre les choses jusqu'au bout, mais pour le moment j'suis perdue. Je ne m'attendais pas à ce que tu partes tout de suite... et ça me fait plus de mal que ce que je pensais. C'est tout. »

« Nouvelle info : il se donnait un mois pour prendre une décision. Cela signifiait qu'elle aurait un mois pour imaginer tous les scénarios possibles.
Quand il montra sa déception de la voir baisser les bras, elle ne su quoi répondre sur le moment. Il s'éloigna légèrement et s'assit sur les marches qui menaient à l'allée. Un instant, elle pensa le laisser là, seul avec ses pensées, et rentrer chez elle. Mais elle se retourna et la vision de lui déprimé lui fit mal au coeur. Elle s'avança et s'assit à côté de lui, déposant son sac près d'elle. Elle passa une main dans le dos de son ami, avant de remonter dans sa nuque.
D'une voix plus posée, plus calme, elle demanda :

MARY ▬ Qu'est-ce que tu attends de moi ? Ou plutôt, qu'est-ce que tu veux de moi ?

Sa main se baladait doucement dans sa chevelure, ses yeux cherchant son regard. »

« Sa réponse lui fit l'effet d'une claque en pleine figure. Elle se mordit la joue et cessa tout contact corporel avec lui. Il avait déglutit difficilement, signe d'une possible rancœur.
Il lui en voulait certainement, c'est pour cette raison qu'elle arrêta aussi de le regarder. Elle porta son attention sur tout et n'importe quoi : un arbre au loin, les enjoliveurs de sa voiture, la peinture écaillée de la rampe d'escaliers, puis enfin ses ongles, qui devinrent soudainement intéressants.
Ils ne pipaient mot. La lune était pleine ce soir et éclairait la rue noire et dépeuplée ; une brise légère parcourait les airs ; le silence devenait pesant.
Mais elle ne voulait pas rompre cet instant, savant pertinemment que quoi qu'elle dirait, ça ne changerait rien au fait qu'il lui en voulait d'avoir parlé trop vite... Elle ne se leva même pas pour ouvrir la porte à Wifi qui les avait entendu et qui jappait pour sortir. »

« Elle avait à présent croisé les bras et attendait qu'il réagisse. Cependant, elle aurait souhaité une réaction différente...

IASON ▬ Ravi de t'avoir connu ... Mary ... Faith Williams.

Elle fronça les sourcils et tourna brusquement la tête vers lui. Qu'est-ce qui lui prenait de dire ça ? Elle essayait de capter son regard mais rien... C'était de l'évitement pur et simple.

IASON ▬ Un jour on pense qu'on a avancé un peu ... mais le jour d'après on se rend compte que non, on a rien.

Il avait dit d'un ton si neutre mais en même temps si sûr. Iason était blessé, Mary en était responsable. Il descendit les marches, une allure peu assurée. Il avait atteint le bout de l'allée quand Mary se leva enfin.

MARY ▬ ATTEND !

Elle courra le rejoindre. Avant de se poster devant lui, elle attrapa une de ses mains. Puis, face à face, elle lui demanda de la regarder.

MARY ▬ Je... j'ai parlé trop vite. Sans réfléchir... Un mois, c'est mieux que rien. Tu as raison... Je réalise que si on continue de se voir, on pourra se rappeler ces moments toute notre vie. Et tu pourras retourner en Australie avec ces bons souvenirs, et moi... j'pourrai partir en me remémorant ce qu'on a partagé... J'ai été ridicule de penser à l'idée de ne plus se voir... Encore une fois, je tiens à notre amitié, et j'ai pas envie de la voir faner.

Elle se rapprocha de lui, une main doucement posée sur son torse.

MARY ▬ Je m'en voudrai de t'avoir laissé filer en étant en froid avec toi... Je veux pas te perdre, je t'aime trop tu sais. »