« Ce matin, à l'aube, Mary était partie courir. C'était à la fois pour faire du bien à son corps, mais également à sa tête. Elle avait besoin de se changer les idées.
Elle était arrivée au pied de California Street, épuisée. Un regard au sommet de la rue, elle reprit sa respiration, ses mains prenant appui sur ses genoux. Elle savait qu'un Starbucks Coffee dominait la rue sur laquelle elle se situait. Elle se consola donc en pensant qu'elle pourrait se désaltérer ou renforcer son énergie une fois qu'elle aurait grimpé là-haut.
Elle remit en place ses lunettes et repris sa course. Il n'y avait personne à cette heure-ci, la grande rue était totalement déserte mis à part quelques bus et automobiles.
A l'embranchement de Devisadero St, elle s'arrêta de nouveau, le souffle court. Elle alla s'asseoir sur un banc et essaya de retrouver un pouls plus lent avant d'aller rejoindre le café auquel elle avait pensé.
Elle entra et se faufila dans la file d'attente. Devant elle, elle reconnu le frère de son meilleur ami, qui passait visiblement une commande. Culotée, Mary s'adressa à la serveuse.

MARY ▬ Et pour moi ce sera un Mocha, sans crème. C'est monsieur qui paie.

Elle quitta la file d'attente et alla prendre place autour d'une table, sur un fauteuil club, dans un coin légèrement isolé de la salle. »

Moment de pause, moment de détente. Peut-être pas pour lui, car il avait plutôt l'air d'avoir fait nuit blanche, vu le teint pâle de son visage. Mal rasé qui plus est, quoi qu'il ne portait qu'une fine barbe de la veille, si on peut dire ça. Une de plus à son actif. Ce n'était pas à vingt six années qu'il se calmerait. Son goût pour le jeu, lui prenait une partie de sa nuit, et le reste du temps il s'arrangeait pour vivre de cette addiction. Entre légalité et hors la loi, il n'y avait parfois qu'un maigre pas, à franchir.

Petite habitude à venir ici. Pas tellement mais vu l'heure, il se voyait mal se pointer chez l'un de ses proches, il n'avait pas l'envie de provoquer ce matin. Ça changeait pour une fois, et sa fratrie l'en remercieraient sans doute un jour. Une partie privée avait eu lieu, à deux ou trois rues d'ici, et en sortant à l'air libre, au levé du jour. Une quelque chose s'imposait, histoire de purger cette boisson alcoolisé, qu'il appelait couramment "Jack". «Un Frappuccino® sans café s'il vous plait et ...»

Pas le temps de finir la phrase, qu'on lui coupait déjà la parole. Un coin de l'oeil pour s'apercevoir de qui, il s'agissait. La meilleure amie de son frère, d'ailleurs il eu le réflexe de regarder si celui-ci était là, lui aussi. Payant la totalité, sans broncher, il vint la rejoindre. «Qu'est ce qu'on fête ?» dit-il en rapport, à ce qu'il a dû régler pour elle, juste avant.

« En attendant l'aîné Arnault, Mary avait arrangé ses cheveux et refait ses lacets défaits. Isaac se pointa avec le plateau et la commande passée.

ISAAC ▬ Qu'est-ce qu'on fête ?
MARY ▬ Cette rencontre imprévue. Au départ je voulais juste me faire plaisir après avoir passé une heure trente à courir, mais on peut se faire plaisir à deux.

Elle but une gorgée de son café brûlant avant de réaliser le sens de ses paroles.

MARY ▬ Et ne prend pas ce que je viens de dire comme une proposition indescente. C'était involontaire.

Elle réchauffa ses mains contre la tasse avant de demander :

MARY ▬ Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ?

Elle ne connaissait pas les habitudes du premier de la famille Arnault, et à vrai dire, elle ne le connaissait que peu. Les fois où ils se voyaient, ils flirtaient, par amusement, avec des gestes, des paroles ambiguës. Mais le hasard avait voulu qu'ils se rencontrent ce matin, et Mary souhaita en profiter pour apprendre à mieux le connaître...»

Ce qui l'avait porté jusqu'ici, c'était la flemme de rentrer jusqu'à chez lui. Pas flemmard dans le sens, se trainer après avoir rien foutu. Plutôt que de ne pas avoir fermé l'oeil de la nuit, et avoir été enfermé pendant des heures, faisait qu'il ne voulait pas 4 murs de plus. Certes un coffee shop c'était la même, mais ici on nous servait, et on débarrassait.

Rencontrer du monde. Pas sa tasse de thé de bon matin et pourtant la jolie Williams, s'était elle, porté jusqu'à lui. Le provoquant même, en s'immisçant dans son petit plaisir matinal. Il allait devoir taper causette, après avoir fait vœux de silence, toute la nuit. «Se faire plaisir à deux ...» voilà un argument de choc, pour le tenir plus qu'éveillé.

Haussant les épaules, l'air de rien. Comme s'il n'avait pas vu le côté plaisir, de cette phrase. «Moi qui laissait déjà, mes idées perverses m'inonder le cerveau ...» buvant son petit nectar chaud, un vrai régal ce petit jus. Un regard bleuté, et une peau teinté d'un blanc nacré. Une vraie poupée cette demoiselle, et ne sachant pourquoi, réellement, ça collait entre eux. «J'y suis depuis hier soir, mais je me trouvais à deux rues d'ici ... ne me dit pas, que tu tentes de raffermir ses jolies formes ...»

« ISAAC ▬ J'y suis depuis hier soir, mais je me trouvais à deux rues d'ici ... ne me dit pas, que tu tentes de raffermir ses jolies formes...

Mary reposa sa tasse brusquement, avant d'échanger un regard avec Isaac. Un regard électrique, dans le sens où ils étaient comme... connectés. Et pourtant, ils ne se touchaient pas, ne se parlaient pas. Mais il y avait un truc, un petit quelque chose.
Elle garda le contact visuel qui s'installait peu à peu entre eux, tout en répondant :

MARY ▬ Disons que ça ne peut pas leur faire de mal, et que moi, ça m'aère l'esprit.

A tâtons presque, elle saisit à nouveau sa tasse et but quelques gorgées de sa boisson fumante. Puis, petit à petit, elle détacha ses yeux des siens.

MARY ▬ T'as joué avec des potes hier soir ? J'espère que t'as gagné !

Elle avait entendu dire qu'il était un AS dans ce domaine, elle savait qu'il était doué pour les bluffs et les paris...»

Elle avait un regard puissant et lui avait le mental pour lutter contre. Souvent cela partait dans un duel, où finalement les deux finissaient par céder en même temps. C'était comme s'il ne pouvait pas lui parler, sans la regarder dans les yeux. D'ailleurs il oubliait presque de boire son nectar, entre ses doigts. Ce n'était que la chaleur du gobelet qui lui rappelait, ce qu'il tenait du bout de la main.

Le hasard ou le destin, nul ne sait. Et nul ne prévoit, tout compte fait. «Qu'as-tu à devoir évacuer, de si urgent ...» on s'aère pas l'esprit pour rien. Lui-même pratiquait le surf pour se détendre. Ou battait des cartes pour atténuer une certaine pression de vie.

Elle se la jouait bien curieuse, comme toujours. Parfois il la voyait rarement, du coup peut-être que le peu de temps qu'ils s'accordaient, elle en profitait pour tout savoir de lui, en un instant. «Ce n'est pas mes potes ... juste des inconnus, à ne pas vraiment connaitre plus que ça ...» une petite gorgée de plus. Se défaisant de son regard, pour voir un instant le monde autour. «Et puis il ne faut pas douter de mes atouts ...»

« ISAAC ▬ Qu'as-tu à devoir évacuer, de si urgent ?

Le regard rivé sur sa tasse, elle répondit d'un ton plutôt rauque :

MARY ▬ Des préoccupations personnelles. Des révélations, des découvertes dont je me serai bien passée.

Lorsqu'il parla de ses partenaires de jeu comme des personnes à ne pas fréquenter, elle haussa les sourcils. Elle ne comprenait pas trop comment il pouvait allier plaisir du jeu avec des étrangers à ne pas chercher à connaître. Mais elle lui demanda pas plus d'information, surtout qu'il avait déjà enchaîné, sous-entendu vers un autre sujet...

ISAAC ▬ Et puis il ne faut pas douter de mes atouts ...

Un sourire s'étendit sur les lèvres de Mary qui daigna enfin le regarder à nouveau. Un second regard, tout aussi fort, tout aussi inexplicable. Une sorte d'aimant. Quelque chose d'irrésistible. Elle voulu répondre, mais aucun son ne sorti d'entre ses lèvres. Elle détacha une nouvelle fois son regard du sien, pour se porter sur ses lèvres. Cernées d'une très courte barbe, elle avait subitement envie d'y goûter. Mais elle ferma les yeux et les rouvrit sur sa tasse de café qu'elle saisit rapidement.

MARY ▬ Tu sous-entends que... ? »

Il avait touché dans le mile. Mais il ne comptait pas jouer la carte de la curiosité. Il ne la jouait qu'à partir du moment, où il détectait chez une personne, le danger. Hors là c'était plutôt un côté mal à l'aise et rien de plus.

Il comptait la laisser tranquille, sur ce point. Il ne la connaissait pas plus que ça, pas d'intimité à aiguiser plus que ça.

«Tu viens souvent, au coin de cette rue ...» d'un sujet à l'autre, il valdinguait à la recherche du plus éloigné, de ce qu'elle tentait de peut-être oublier, encore maintenant.

Elle paraissait bloqué sur sa dernière phrase.Provoc' ou pas, il avait peut-être été trop vite en besogne. N'était-elle pas prête à entendre ça, de sa bouche. «Que devrais-je sous entendre, selon toi ...» Feintant l'ignorance. Il se complaisait à la faire marcher un peu.

«Je te trouve bien pâle en tout cas ... t'aurais pas l'envie d'une petite douceur»

Un air tout à fait neutre en apparence, mais dans son regard ...

« ISAAC ▬ Tu viens souvent, au coin de cette rue
MARY ▬ Ça m'arrive, quand je pars courir. Généralement, ce qui me motive à monter California Street, c'est ce Starbucks, au bout de la course.

Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se produire, mais elle ne pouvait le regarder et maîtriser son propre corps en même temps. Ses entrailles se contractaient lorsque leurs regards entraient en contact. C'était vraiment étrange, et Mary avait du mal à savoir si c'était juste le café qui était responsable de ce mal-être, ou si c'était réellement l'effet que lui faisait Isaac.

ISAAC ▬ Je te trouve bien pâle en tout cas ... t'aurais pas l'envie d'une petite douceur.
MARY ▬ Je... non. Ça... ça ira, mer-merci.

Elle avait croisé son regard une nouvelle fois, et avait bafouillé. Désormais, elle se sentait mal à l'aise, et elle savait que ça se verrait. Comme elle savait que s'il la touchait, elle ne pourrait pas se contrôler... Si un simple regard pouvait la mettre dans cet état de "faiblesse", elle n'osait imaginer ce qu'il se passerait s'ils en venaient à échanger un quelconque geste corporel. Elle évitait désormais d'entrer en contact direct avec Isaac. »

La voir ici. Etait-ce une habitude pour elle, que de venir jusqu'ici. Manière de savoir un peu plus sur elle, d'une manière non directe. Son but n'était pas de tout découvrir d'un coup. Il était dans le peu, mais utile.

Manière de savoir, à quel morceau de jeune femme il avait à faire. Plus jeune que lui certes, mais il savait que parfois l'âge ne voulait pas, dire, "différence". Il perçait en elle, de la maturité qu'il ne trouvait pas partout. Et rien qu'à lire le site facebook, il la trouvait si au dessus de la moyenne.

Jamais trop. Jamais peu. Un juste milieu. C'était ce qui lui plaisait de voir, chez elle. Mais la réalité lui intéressait bien plus, que quelques paroles, sur un site. «Touché ...» Un sourire amusé. Un sourire charmé par ce petit imprévu. Il l'avait touché au vif, et la réaction ne se fit pas attendre, quelques bégaiements inattendus. Il ne s'en moquait pas, au contraire, ce petit "défaut" de prononciation lui avait donné un petit côté, fébrile, et presque enfantin.

«T'as prévu de repartir en courant ... d'ici jusqu'à chez toi ?»

Il voulait pas que ça dure. Il la sentait mal, comme en une transe de panique. Peut-être ...

« Elle ignorait si Isaac avait capté l'effet qu'il lui faisait, d'un simple coup d'oeil. C'était tellement peu ordinaire, pour elle, de voir son corps réagir sans qu'elle ne puisse le contrôler. Généralement, elle arrive à se maîtriser, qu'il s'agisse de dispute ou d'envie soudaine. Et pourtant, là, elle sentait son corps changer sous le regard de Isaac, et elle ne pouvait empêcher cela. Ce qui était étrange, c'est qu'ils s'étaient déjà rencontré quelques fois ; la différence aujourd'hui, c'est qu'ils se retrouvent seuls, par hasard. Mais Mary voulait y mettre un terme. Ou dans tous les cas, elle le devait. Ça n'engagerait rien de bon de se comporter ainsi. D'autant plus qu'elle commençait à suffoquer, comme si elle manquait d'air. Elle avait l'impression de respirer un air chaud, lourd, pesant...

ISAAC ▬T'as prévu de repartir en courant ... d'ici jusqu'à chez toi ?
MARY ▬ Je suis venue à pied, j'ai pas d'autre choix que de repartir à pied.

Toujours sans un regard, les yeux concentrés sur ses pieds, elle se leva. Elle porta sa main sur ses lèvres alors qu'elle toussait.

MARY ▬ C'était sympa de te voir, mais je devrais partir maintenant.

Il leva les yeux sur elle et elle crut fondre. Elle se raidit et fut parcourue de frissons instantanément. »

Buvant sa dernière gorgée. Il avait moins prit plaisir à déguster ce gobelet, qu'à la regarder. A croire qu'elle lui faisait un peu perdre la notion, de la réalité. Mais il ne montrait rien. Surtout qu'il avait pu voir, qu'elle dénotait chez elle, une réaction fort étonnante, à cause de lui. Il n'avait pas encore décelé ça en elle. Ce côté fragile. Peut-être même que ça donnait un peu plus de piquant, à leur rencontre.

«Tu pourrais l'avoir ... ce choix»

Elle bouclait bagages, un peu trop rapidement à son goût. Il n'aimait pas perdre sa mise. Surtout que si elle fuyait, il ignorait dès lors quand il recroiserait sa route. Ne pensant pas une seule minute, à ce site. Il y allait certes mais c'était avant tout, pour mieux guetter sa fratrie. Mais depuis peu, voir quelques images de la jeune Williams.

«Tu ... déjà ?»

Il ne savait pas trop, comment agir. Un seul faux pas, un seul mot de travers et elle quittait ce lieux ... jeu serré sur ce coup.

« ISAAC ▬ Tu pourrais l'avoir ... ce choix
MARY ▬ Non, justement, je ne peux pas.

Elle avait du mal à saisir comment les émotions pouvaient passer par un simple échange visuel, et surtout, comment elle pouvait les ressentir de l'intérieur. Et surtout, pourquoi aussi vite, aussi inopinément.

Cette émotion se présentait sous la forme d'une brûlure intense au niveau de l'estomac, mais c'était à fois blessant et merveilleux... Bizarre, vraiment. Cette attirance violente effrayait Mary qui n'avait pas besoin de ça en ce moment.

MARY ▬ Oui, il le faut.

Elle ne bougeait pas cependant. Elle était comme paralysée, à un tel point que ça aurait pu paraître ridicule pour toute personne extérieur à ce qui était en train de se passer.
Il existait une réelle cohésion, imprévue, puissante, soudaine. C'était indéniable. Mais il fallait là encore faire un choix.

Schmitt disait "Un homme est fait de choix et de circonstances ; Personne n'a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix". Mary ne voulait pas être lâche avec elle-même, mais il était nécessaire qu'elle s'en aille et mette fin à ce moment embarrassant qui ne mènerait de toute façon nul part.

Elle récupéra son téléphone portable sur la table, puis s'éloigna d'Isaac, sa main parcourant la première, la seule, l'unique, et dernière caresse dans le creux de son épaule, avant d'enfin quitter le café... »

Il ignorait le temps écoulé. Celui qui s'était comme figé, à la minute même où elle lui avait coupé la parole, pour se faire offrir un réconfort. Elle avait attiré son attention. Aucun doute, mais ça ne datait pas d'aujourd'hui. Sauf que ce petit moment avait marqué ses esprits.

Dès lors, il connaissait un de ces points faibles. Lui.
«...»

Point le temps de dire un mot. Il entendait déjà la clochette sonner, et en un rien de temps pour le voir, elle n'était déjà plus là. N'oubliant pas un détail. Elle était à pied, et il devinait plus ou moins, le chemin de retour qu'elle empruntait. Elle semblait fatiguée et surtout fébrile. Est ce que à ce jogging ou bien à sa rencontre. Nul ne le sait, pas même peut-être elle. Ni une, ni deux. Il empruntait sa voiture pour un chemin qu'il ne connaissait peu. A la recherche de la perle rare. Une de celles, qui attire son attention bien plus qu'une suite de cartes au poker.

Là voilà. Qu'elle fuit avec un doute parmis d'autres, qu'il soit pas si loin d'elle. Klaxonnant un bref instant.
«T'as l'air épuisée ... grimpe avec moi et ... met toi à l'arrière et oublie ma présence ... »

Il lui cherchait un bon compromis pour qu'elle, se stoppe. Pour qu'elle ne fuit pas encore. Voiture décapotable, juste à souhait. Celle-ci qu'il trainait depuis déjà une paire d'années. Mais qui lui rendait de fier bon service. «... libre à toi de te faire conduire où bon te semble ...»

« Sortie du café, Mary avait repris sa course. Elle tailla un spint en descendant Devisadero St. Elle tourna à gauche sur Golden Gate Avenue. Il lui fallait quelques efforts avant d'atteindre l'embranchement de Baker St, mais pour le moment, elle reprenait son souffle, adossée à la façade d'une maison bleue.

Elle se forçait à penser à autre chose que ce qui venait de se passer avec Isaac. S'il y a bien quelque chose qu'elle détestait, c'était être en position de faiblesse, surtout devant un homme.

Elle toussa quelques instants à s'en cracher les poumons. Elle avait couru trop vite, et c'était une erreur qu'elle n'aurait pas du commettre. Se calmant légèrement, elle fit quelques pas, sans courir, sur l'avenue. Elle tourna à l'angle de Baker Street. C'était en descendante tout le long, donnant sur Buena Vista Park. Mais elle ne pensait qu'à rentrer chez elle et se calmer pendant un moment.

Le hasard encore, ou plutôt une vive initiative fit qu'Isaac, au volant de sa voiture, arriva à la hauteur de Mary qui marchait doucement sur le trottoir.

ISAAC ▬ T'as l'air épuisée... grimpe avec moi et... met toi à l'arrière et oublie ma présence...

Mary ne le regardait pas. Lorsqu'elle tourna la tête, son regard se porta sur la voiture uniquement, uniquement dans l'optique de ne pas croiser le bleu d'Isaac. Sauf qu'il avait les yeux posés sur elle, et qu'une nouvelle fois, comme un aimant, ses yeux se tournèrent vers lui, et un nouvel échange se fit. Elle y mit un terme instantanément, les mains de part et d'autre de son nez.

MARY ▬ Merci, mais non merci. Passe une bonne journée.

Elle passa devant la voiture et traversa la route avant qu'un 4x4 n'arrive à toute vitesse. Elle tourna sur une rue dont elle oublia le nom. En d'autres circonstances, elle aurait accepté la proposition d'Isaac mais là, c'était tout bonnement impossible. »

Etrange personnage. Il ne pensait pas qu'elle partirait si rapidement. Surtout que ce petit instant au café, lui l'avait trouvé plaisant. Bien la première fois qu'une fille, lui procure un si réel bien être. Lui ne se posait pas de questions. Pas le moins du monde il songeait à l'état instable de la jeune Mary, à cause de lui. D'ailleurs il tendait le bâton pour se faire battre, puisqu'il décidait de partir, après elle. L'air de rien.

Mais ça se passait pas comme prévu. Là non plus.
«C'est pas vrai ...»

Se mordant le rebord de la lèvre inférieure. Voilà qu'il la regardait fuir. Ne serait-ce encore plus rapidement, que la fois précédente. Aucun doute pour lui, qu'elle rentrait chez elle. Du coup il optait pour une dernière tentative. A distance cette fois-ci.

<SMS>
«Dois-je insister ... »

Inutile de lui partir après, si l'envie ne lui convenait pas. Et puis il avait passé l'âge, à courir derrière une brebis égarée. Montant le son de la musique. Histoire de se détendre un peu. Resongeant rapidement, au peu de paroles échangés. Il ne pensait pas avoir commit d'impair.

« Mary continuait ses pas le long des maisons colorées d'une rue inconnue. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve bloquée par un grillage surmonté de barbelés.

MARY ▬ Shit !

Un regard à droite, un regard à gauche : aucune ruelle ne permettait de regagner une autre rue. Elle devait revenir sur ses pas. Elle réfléchit un instant : Isaac devait avoir filé, ayant deux fois proposé de la ramener et ayant dû encaisser deux refus consécutifs. Le souffle court, elle remonta l'impasse dans laquelle elle se trouvait. Puis son portable vibra au fond de sa poche, tout en continuant de marcher.
Un SMS d'Isaac. Le premier : "Dois-je insister ?".
Elle regagna le bout de la rue et aperçu donc le jeune homme, toujours dans sa voiture, le soleil tapant sur sa tête. Avec un hochement de tête, Mary s'avança vers lui. Elle posa ses mains sur la portière mais ne le regarda pas directement. Elle se contentait de poser ses yeux sur son front, ou de porter son regard derrière son épaule.

MARY ▬ N'insiste pas... C'est pas tenable.

Elle n'avait pas besoin de le voir pour comprendre qu'il ne saisissait pas la fin de sa phrase. Et comme Mary faisait preuve de franchise, elle lança :

MARY ▬ Tu m'as bien vue, au café. Il se passe un... un... un truc.

"Un truc". Un peu maigre comme explication, certes, mais ne sachant expliquer son ressenti, le mot convenait parfaitement. »

Où était-elle, il n'en savait rien. Pourquoi une telle réaction, il avait bien pu deviner qu'il en était la cause. Sans pour autant songer à ce qu'elle prenne l'initiative de le fuir. Premier contact échoué. Il l'avait déjà croisé, de par son frère mais rien de plus, qu'un regard. Quoi que ...

Le temps de jeter un oeil sur son rétroviseur, pour en apercevoir son propre reflet. Il l'entendait, à nouveau.
«Et tu avais besoin de venir jusqu'ici, ... pour me l'avouer»

Un brin amusé, qu'elle ne lui ai pas répondu par sms mais plutôt en ayant fait le chemin inverse jusqu'à lui. Lui dire que c'était pas tenable, d'être devant lui et pourtant, venir quand même jusqu'ici. Il la sentait à ses côtés, mais elle fuyait son regard. Prenant ses lunettes de soleil sur le tableau de bord, il les enfilait dès lors sans attendre.

«Et comme ça ... »

Pas même il ne savait si se tourner un peu plus, la ferait fuir. Il était comme bloqué, dans la position où elle l'avait trouvé. Bien la première fois, qu'on le contrôlait si on veut, à distance. Il bougeait pas, pour pas la faire fuir, ça promettait. Et là le déclic, chez elle, se produisait. «Que tu fuis ... pourquoi»

« ISAAC ▬ Et tu avais besoin de venir jusqu'ici... pour me l'avouer ?
MARY ▬ La rue dans laquelle je me suis engagée était une impasse. Elle roula les yeux. J'étais obligée de remonter, mais j'ignorais que tu serais resté là...

Elle ne fût pas gênée d'éclater de rire lorsqu'il déposa les lunettes sur son nez. Elle osa alors le regarder. Elle ne voyait que son reflet dans les verres teintés d'Isaac.Cet accessoire dressait comme un barrage entre eux.

MARY ▬ C'est mieux, comme ça...

Cela donna l'avantage à Isaac de voir sans être vu.
Lorsqu'il lui demanda pourquoi elle fuyait ce petit "truc" qui était en train d'arriver, elle releva la tête et porta son regard au loin. Elle remit en place ses cheveux, en quête d'une réponse adéquate.
Pourquoi fuyait-elle ? Par faiblesse... Parce que face à lui, et lui uniquement, sans personne de leur entourage à leurs côtés, elle se sentait comme un pantin, libre d'aucun de ses mouvement. Par principe aussi... Parce qu'elle savait très bien qu'elle devait mettre un terme à toute histoire lorsqu'elle devient sérieuse. Or laisser entrer une personne dans sa vie pour ensuite la fuir menait à trop de conséquences regrettables, trop de souffrance. Elle le savait, elle l'avait vécu.

MARY ▬ Ça ne mènerait à rien de bon. »

Une impasse. La menant tout de même à sa portière. Elle aurait pu fuir sans parole mais non. Du coup, ça lui paraissait moins crédible. Peut-être qu'elle le fuyait mais que c'était plus fort qu'elle, le besoin de revenir, se faisait plus fort.

Et puis lui n'encaissait pas le fait, qu'elle fuit. Plus exactement qu'elle le fuit. Inconcevable que, ces sensations nouvelles et étrangères, s'arrêtent. Quand parfois on goûte à l'inconnu, on y prend goût. Comme il dit souvent, suffit parfois d'un regard ...
«J'ignorais que tu étais toxique ...»

Un air intrigué, à travers ses lunettes, se dessinait. Il comprenait pas, ce qu'elle pouvait avoir de néfastes. Elle semblait pas courir les hommes, pas écarter trop souvent les jambes. Et ne semblait pas toucher à la mauvaise cam' du coin. En apparence du moins. FB ne dit pas tout, hélas.
«Et l'envie me prend, de me faire une intraveineuse, de néfastes ... »

Se penchant vers elle. Mieux à l'aise sans doute, il le constatait bel et bien. Il devinait qu'elle ne parlait pas pour rien dire, un point à creuser mais lequel. «Alors tu mets aucune mise, sur ton compte ... tu te couches sans même, avoir fait un tour ...»

« ISAAC ▬ J'ignorais que tu étais toxique...
MARY ▬ Tu vois... On en apprend tous les jours.
ISAAC ▬ Et l'envie me prend, de me faire une intraveineuse, de néfastes...

Mary tourna son regard vers lui, plissa les yeux mais ne répondit pas. Il se pencha vers elle. Pas assez pour tenter quoi que ce soit, mais assez pour que Mary fut prise d'un élan de panique. Elle savait qu'elle était sous son contrôle, qu'elle le veuille ou non. Mais elle continuait de lutter.

ISAAC ▬ Alors tu mets aucune mise, sur ton compte ... tu te couches sans même, avoir fait un tour.

Elle sourit lorsqu'elle l'entendit parler. Cette métaphore était bien trouvée, elle devait l'admettre.

MARY ▬ Je ne peux pas miser sur moi, sur ma vie. C'est pas possible. Et même si le tour serait sympa, sans aucun doute, le jeu n'en vaux pas la chandelle. »

*si [je l'ai oublié :gla:]

Loin d'elle tout de même, elle éprouvait le besoin naturel, de s'éloigner. Ca va qu'il n'y avait pas de trou en arrière, car sinon il aurait joué à celui qui la ferait tomber le plus rapidement, tant elle le fuyait.
«Il faut de tout, pour avoir une terre pourtant ...»

Cela ne l'empêchait en rien, d'avoir son attention. Elle pourrait lui dire qu'elle avait la peste, que c'était pas même sûr, que ça l'effrayerait. Levant un sourcil, il ne comprenait pas pourquoi elle n'adhérait à aucun trip. N'aimait pas jouer, peut-être. Peut-être qu'il la sur-estimait trop, concernant le côté libertin sexuel possible.
«Le jeu n'en vaut pas la chandelle ... si ça c'est pas une porte qui se clos »

Il le prenait pour lui. Pensant qu'il ne valait pas le coup, à ce qu'elle joue avec lui. Un vent de plus, tant pis. Cela lui était déjà arrivé. Mais tout de même, il ne croyait pas, avoir pu se tromper, autant sur elle. «Je m'en vais alors ? Et tu poursuis ton bout de chemin ... sans suite»

« ISAAC ▬ Le jeu n'en vaut pas la chandelle ... si ça c'est pas une porte qui se clos.
MARY ▬ Isaac... Je peux pas jouer. Pas dans ce cas précis. Il y a un "truc", je te l'ai dit. Mais c'est flou, je vois pas le bout, je vois pas où ça me... nous mènerait.

Mary soupira. Comme souvent, elle était tiraillée entre vouloir bien faire et faire ce qu'elle voulait.

MARY ▬ J'ai pas envie que tu t'en aille. Tout comme je n'avais pas envie de partir du café... Seulement il y a une grande différence entre ce que je veux faire, et ce que je peux faire.
Mais quand bien-même tu resterai, et admettons que je grimpe à tes côtés pour que tu me ramènes chez moi... Il se passera quoi ensuite ? On voit jusqu'où va ce "truc" que l'on ressent, mais après ? Il se passe quoi après ? Tu as ta vie, et on n'appartient pas au même monde, Isaac. »

En fait savoir où elle habite, ne l'intéressait pas. Trop commun, trop rapide. Enfin pas comme ça. Peu importait l'endroit précis, ce coin de rue ou ce recoin de table. Cela ne changeait pas la donne, ne changeait pas ces picotements, ces frissons. Scintillant au fin fond de son corps, par instant précis. A cause d'elle.
«Ai-je supposé que je te ramènerais ... chez toi»

Naturel. Lui-même. Il ne voulait pas qu'elle se justifie. Pas sûr même qu'il l'écoutait jusqu'au bout. Les excuses il n'en avait pas l'utilité. Il voulait juste, un moment. Leur moment.
«Je ne t'ai point donné de raison, à te suivre ... ne m'en donne pas pour m'éviter ... »

Il ne lui coupait pas le sifflet. Juste qu'il voulait, lui faire comprendre, que tous les possibilités s'offrant à eux, il n'en voulant pas. Juste une. Qu'elle le suive.

«Il n'y a pas de monde ... juste des voies différentes ... pouvant se percuter, à l'infini»

« Mary l'écoutait parler. Il n'avait pas tord dans ses dires. Sauf en ce qui concernait la partie sur les voies pouvant se percuter "à l'infini". Elle aurait eu des choses à dire à ce sujet, et des arguments solides, mais ce n'était pas le moment, et pour une fois, elle souhaitait espérer à cet "infini".
Elle le regarda et soupira à nouveau. Puis elle se redressa et fit le tour de la voiture, avant de prendre place sur le siège passager, sans prendre la peine d'ouvrir la portière.

MARY ▬ Roule.

Elle se cala au fond du siège, le coude sur la portière. Elle porta son index sur sa tempe, le pouce à mi chemin entre l'oreille et le menton.
En un quart de seconde, il l'avait décidée à changer d'avis. Elle se laisserait aller, pour une fois, et elle verrait alors, ce qui l'attendait au bout du chemin... »