Le soleil était revenu. Les gens en semblaient ravis. Mademoiselle Dwitth semblait … impassible. Le nez collé à la fenêtre comme à son habitude. Quelques minutes de contemplation et elle alla se réfugier dans le placard. Un gigantesque placard en bois. Le temps ne semblait avoir aucun impacte sur ce meuble… imposant. De ci de là quelques fleurs et un angelot au sommet semblait maitre. La petite fille aimait ce meuble. Elle en connaissait chaque détaille, chaque millimètre. Sans doute aurait-elle pu, les yeux fermés en faire un dessin, mais cela est inutile alors bon. Elle s’était enfermée pour s’adonner à l’un de ses plaisirs : la lecture. Une lampe frontale installée, les jambes mises en place, le livre ouvert et voilà. Elle partait. Ce jour-là, elle partait avec le capitaine Achab à bord du Péquod et allait chasser la baleine. Malheureusement quelqu’un vint l’interrompre dans son voyage. Trois grands coups sur le meuble. C’était stupide. Pourquoi trois coups ? pourquoi pas quatre ou bien deux ? pourquoi toujours faire les choses par trois ? voilà une des grandes questions qui peuplaient l’existence de cette petite fille. Malgré la manifestation, elle ne bougea pas, attendant qu’on lui annonce la réclamation. « Hélhèïnha, on est mardi, tu avais promis, alors sors et vas jouer avec la voisine. Ton livre ne se détruira pas je t’en fais la promesse. » son père. Il avait peur pour elle. Peur qu’elle ne se sociabilise pas assez. Qu’elle soit seule. Sans doute avait-il peur parce que son enfance à lui fut remplie de diverses relations, pas toujours bénéfiques mais il était entouré. Voir sa fille aussi solitaire l’inquiétait. La petite ne se manifesta pas. Mais deux minutes et trente-sept secondes plus tard elle sortit de son refuge et se planta devant la porte d’entrée. Elle avait abandonné la chasse de Moby Dick, la baleine blanche aura encore quelques heures de répit… On lui donna des gâteaux et l'a fit sortir. Elle alla chez la voisine. Elle y passa deux heures et quelques minutes. Elle s’appelait Clara. C’était un joli prénom. Elles passèrent un moment agréable. Mademoiselle Dwitth parvint même à oublier la baleine blanche. Puis il fut temps de partir. Clara était conviée à un diner. Un dernier sourire, la promesse d’un rendez-vous le lendemain et les deux petites se quittèrent. Un éclat de rire, un large sourire et puis elle quitta la maison. Un sourire s’invita sur son visage, elle avait passé un bon moment, il fallait l’admettre. Ce sourire resta, il s’agrandit quand elle s’imagina de nouveau à bord du Péquod. C’est avec légèreté qu’elle fit quelques pas. Ils étaient voisins, mais les maisons étaient espacées de manière importante. Plus de pas étaient faits plus une odeur étrange venait aux narines de la demoiselle. Doucement, son sourire disparu. Une odeur de brûlé. Elle aimait cette odeur, mais elle n’était pas normale. Personne ne faisait brûler de feuilles puisque l’automne n’était pas encore là. C’était donc anormal. Quelques pas de plus et elle vit la cause de cette odeur. Plus rien. Son corps se relâcha complètement. Son cœur s’amusa. Elle manqua de tomber. Impossible. Cela devait être un rêve. Plus, c’était un rêve ! elle rassembla ses forces pour se pincer. Malheureusement ce n’était pas un rêve. Elle sentit le pincement. Pourtant la petite Dwitth ne réalisait pas. Devant ses yeux, sa maison brulait. Sa famille brulait. Un instant elle crut voir son frère à la fenêtre, désespéré. Une illusion ? Impossible de le savoir. Un état second s’était emparé de son corps. Et puis un cri. La voix de sa mère. Et de nouveau le calme. Une brise légère passa. Une de ses brises qui font virevolter les cheveux et vous offre une douce odeur. Cette fois-ci la douce odeur fut remplacée par une odeur désagréable : celle du feu. Sans savoir comment, Hélhèïnha cria. Cria. Cria encore. Plus de souffle, elle s’arrêta et s’effondra sur le sol. Regardant ce spectacle horrible : celui de la vie.
Le nez contre la fenêtre, les yeux grands ouverts. Elle contemple. La neige est venue en avance pour son plus grand plaisir. Les moufflets, les imposantes écharpes et les gros manteaux sont de retours. Les longues balades aussi. « Sohnora, habilles-toi plus, tu vas attraper froid ! » Sohnora c’est comme cela qui faut la nommer désormais. Plus Hélhèïnha. Hélhèïnha c’était avant. Avant l’incendie. Maintenant c’est Sohnora, sa tante la protège, veut la rendre heureuse. Sohnora aime le froid. Elle se sent en vie grâce à lui. Les yeux posés dans le vide elle revoit la maison et entend un cri …
On oublie jamais. Même en le voulant de toutes ces forces. Le feu est une chose qu’elle voudrait oublier. Elle est prête à y mettre le prix. Malheureusement, personne ne lui a encore proposé de potion magique pour perdre cela. Ce n’est pas faute de vouloir. Elle voudrait, ne serait-ce qu’une journée qu’on lui prenne.
Etudiante en science politique et symbolisme. Peu courant, mais elle est passionnée. Pour subvenir à ses besoins elle travaille dans une pâtisserie qu'elle adore. Elle a grandit mais elle reste cette personne distante, complexe qui veut s'attacher aux autres sans s'y attacher. Ce n'est pas clair ... c'est Sohnora. Pas à pas, elle a dû se construire quitter sa dépendance pour les médocs, faire face à ses cauchemars. Alors quand vous croiser la demoiselle dans la rue avec son sac, MP3 dans les oreilles, livre à la main on n'imagine pas qui elle est et qui elle veut être.