« Sweet dreams Suzie Q...» Ces mots bourdonnaient dans ma tête, tel une chanson. Une comptine qui avait bercer toute mon enfance, mon adolescence, et qui me hantait chaque nuit depuis désormais dix-sept affreuses années. Ces mots étaient les souvenirs qui restaient. Les dépouilles. Mes souvenirs. La haine qui émanait en moi, cette soif de vengeance qui me brûlait la peau était à cause de ces quatre petits mots. Oui. Quatre mots et un simple son réussit à ruiner et écrabouiller une existence. Une vie entière. Il suffit de me remémorer ces mots sussurer froidement au creux de mon oreille d'enfant pour me souvenir quelle est la raison de cette rage. Et alors un frisson parcours mon corps d'une manière désagréable, électrise ma peau, me serre le coeur, forme une boule dans mon ventre, fait serrer mes poings, et me transmet toute cette haine dans le regard. Ces courtes images datant de dix-sept ans tournent alors en boucle dans ma tête. Et j'entends les cris. Les bruits sourds, et encore les cris. C'était la fin pour eux. Et seulement le début de l'horreur pour moi.
Il y a maintenant dix-sept ans, Sonic Christian Thompson a assassiner mes parents.
Et je suis prête à tout pour me venger.

Je suis normale. Je suis normale. Je suis normale. Je suis normale « JE SUIS NORMAAAAAALE.» Un cri strident venait de s'échapper du fond de ma gorge. Et je m'arrachais le gosier à leur faire comprendre que ces cachets qu'ils voulaient me faire ingurgiter ne m'aidait en rien. Que je n'avais pas besoin de ça. Je ne comprenais pas pourquoi ils pensaient le contraire, eux, les hommes en blancs. Toutes filles de quatorze ans faisaient sûrement toujours le même cauchemar. Toutes les filles de quatorze ans avaient le désir de détruire tout sur leur passage. Toutes les filles de quatorze ans ont tenté de tuer une personne qui l'agaçait tout particulièrement. Oui, j'étais normale, j'étais comme les autres. J'en étais persuader. Il fallait que je sorte d'ici. Et vite. Il fallait que je le tue. Que je lui arrache la tête. Que je le pende avec ses propres boyaux. Que je l'égorge lentement. Que je disloque chaque membre de son corps, un par un. J'eus alors quatre ans à imaginer toute les manières et façon possible de tuer Sonic Thompson. Et également à manigancer un plan pour sortir de ce trou à rats. Après plusieurs tentatives d'évasion, je compris que l’hôpital psychiatrique était bien trop sécurisé pour que je puisse faire une feinte. Je pris quatre ans à trouver enfin la bonne solution. Tout les moyens étaient bons : les paroles, puis le silence, la rage, ou bien la gentillesse. J'enchaînais les rôles pour voir lesquels allaient convaincre les hommes en blancs que je n'étais pas folle. Je m'étais casser la tête pour rien, pendant quatre ans. Car il n'y avait qu'une seule façon pratique, simple et valable pour réussir à sortir d'ici: coucher avec le quinquagénaire de docteur.

Vous voyez, ce grand sourire, qui cache tant de haine. Ce regard tendre, qui recouvre tant de tristesse. Cette voix douce, qui a tellement envie de crier à en devenir muette. C'est moi sans l'être. C'est celle qui se contient, celle qui fait bonne figure. Celle qui à l'air d'être normale. J'avais passer treize longues années à détester un homme dont j'avais une vague mémoire. Treize années à me détruire moi-même. A manigencer un plan pour le faire tomber. A écouter en boucle ces paroles qui raisonnaient dans ma tête sans que je ne le veuille. C'était fini, tout ça. Fini, l'auto-déstruction. Les hallucinations folle, les cris infernals pousser sans même s'en rendre compte, les cauchemars.. Fini. Il était temps de passer a l'acte. Enfin. J'allais pouvoir me délecter et évacuer cette haine.

C'était un jour ensoleillé de mai. Cela faisait désormais quatorze ans. Quatorze ans de malheur. De désespoir. Maintenant quatorze ans que j'avais vu cette tête brune par ma fenêtre. Tête qui se retrouvait de nouveau en face de moi. Jaffar. Il n'avait pas changer. La même expression au visage, les même traits, les même yeux .. Non, rien ne l'avait changer. Rien ne l'avait marquer. Il continuait de vivre sa vie, lui. Et je le détestais rien que pour ça. Sonic n'avait pas l'air marquer par le passé. Il était loin de l'être.
Nos regards se sont croisés, pour la première fois depuis quatorze ans. Et je sais qu'il à tout de suite su qui j'étais. Il n'avait pas oublier. Comment je peux le savoir ? Il avait suffit de regarder le changement d'expression de son regard lorsqu'il avait poser son regard sur moi. Et son visage pétrifié. Je ne savais pas s'il faisait ça parce qu'il était étonné de me voir vivante, du surplus de souvenir, ou a cause du sourire malsain couvrant mon visage.
C'est en croisant son regard que j'enlevais alors ma main de la gâchette du pistolet se trouvant dans mon sac à main. Changement de plan. Le tuer ne durerait que quelques secondes. Quelques secondes contre quatorze ans de souffrance, c'était trop peu.

J'avais passé la première partie de ma vie à le haïr; je pouvais très bien passé la dernière à le détruire.