Toute la journée, j'ai pensé à cette soirée. Je n'ai pas arrêté de me demander ce que nous allions pouvoir nous dire, j'appréhendais surtout que la soirée soit un désastre. Et puis, j'ai eu un doute, s'il ne venait pas ? J'ai passé ma journée le nez fourré dans les disques poussiéreux de la réserve parce que je ne voulais voir personne. J'me sentais mal par rapport à la réaction d'Hahdrim, j'me sentais mal parce qu'il avait tapé un scandale pour rien et du coup j'passais pour une conne incapable de se défendre. Bon okay, cette fois il n'y avait rien à défendre. J'aimais bien cette photo de mes cuisses... Finalement, je m'étais décidé à lui envoyer un texto pour avoir confirmation de sa présence ce soir. Et là, j'étais confortablement installée entre ses jambes. AHAH ! J't'ai niqué ! Encore ! criais-je en levant les bras en l'air et en me tournant vers lui pour le narguer. Il faut toujours que j'en fasse des tonnes. Bon, on remet ça ou on fait une pause bière ? lui demandais-je en le fixant toujours avec cet air de victoire. Je savais que tôt ou tard, nous ne pourrions plus faire comme si et nous finirions par parler du sujet "compliqué". Sinon... toujours pas de nouvel du pitbull ?

Je me décalais pour le laisser passer. Lorsqu'il me tendit une bière, nos regards se croisèrent et nous restions un instant silencieux. J'avais décidé d'aborder le sujet la première. Buvant une gorgée de ma bière je l'écoutais me dire qu'il n'avait pas de nouvelle et je ne pus retenir un soupire de soulagement. Je savais parfaitement qu'Hahdrim était imprévisible et qu'il pouvait être capable du pire. Je souriais en entendant sa dernière phrase et ce à quoi elle faisait référence. Comme par exemple photographier les cuisses d'une fille... disais-je sourire en coin. Installée en tailleur à côté de lui, je me tournais vers lui, buvant quelques gorgées de ma boisson. Un silence s'installait et j'allais parler mais il m'avait devancé, faisant référence à notre baiser et à notre conversation sms. C'était rare ces moments où j'me sentais un peu cucul mais là Felix avait réussi à me mettre dans un drôle d'état. Les lèvres sur le goulot de la bouteille, je marmonnais. Je ne regrette pas... J'en avais envie. Pause courage. Sûre que tu ne t'ai pas laissé faire par pitié ? Je le fixais avec de grands yeux, attendant une réponse.

Je me mordais la lèvre inférieure suite à son aveu. Il aimait mes cuisses, je devais avouer que j'étais flattée. Tout ça n'était en rien pervers ou malsain, non. C'était juste... mignon. Disons que tu as su les mettre en valeur... ajoutais-je. Mais c'était vrai, je n'avais pas pensé aux réactions que ça pouvait déclencher. Hahdrim m'avait déjà questionné à propos de Felix, qui il était pour moi, et je dois avouer qu'à cette époque la réponse me semblait claire mais depuis ce baiser que nous avons échangé, je me sens perdue. Ma question pouvait paraître idiote, mais dans le contexte je me suis souvent dis que s'il ne m'avait pas repoussé c'était avant tout pour ne pas me froisser. Mais il me rassurait... Sa main sur ma taille nous poussait à nous rapprocher et je le regardais droit dans les yeux, comme si je cherchais à scruter son âme. Il en avait envie, c'était la deuxième fois qu'il me le confirmait. Je laissais mon front se poser contre le sien sans le lâcher du regard. Nous étions proches, peut-être trop proches. Ce serait raisonnable si je t'avouais que là, tout de suite, j'ai..., je marquais une pause comme pour tenter de trouver le courage. Ma main libre glissait aussi sur sa taille. J'ai envie de recommencer, avouais-je finalement.

Après ce rapprochement, je sens sa main s'éloigner de ma hanche. Il semble hésitant et je le comprend parfaitement. Moi même, je ne sais pas vraiment ce que je veux. J'me sens totalement perdue face à cette situation. Parce que d'un côté, il y a Hahdrim. Avec lui, ça dure depuis un moment, mais j'ai l'impression que ce nouveau tournant ne nous correspond pas. Je tiens énormément à lui, mais je n'ai pas envie que tout cela devienne étouffant. Le voir péter un câble comme ça pour une photo m'a mit une belle claque en pleine face. Serait-ce donc à ça que ressemblerait notre relation ? Je ne peux pas non plus lui en vouloir d'être jaloux parce que de l'autre côté, il y a Felix... Ces deux là sont tellement différent. Quand l'un est plus chien fou, l'autre semble plus posé et m'inspire plus de stabilité. Je tortille mes doigts entre eux, sa question me déroute. J'inspire. J'en ai envie au point que ça m'obsède depuis notre conversation par texto..., avouais-je finalement. Je soupire. Mon regard croise le sien au moment où je relève la tête. Mais... est-ce bien raisonnable ? Tu vois. Je ne voulais pas qu'il s'imagine que je jouais avec les deux, mais là tout de suite, je me sens complètement perdue.

Ces derniers temps j'avais l'impression que je pouvais passer par toutes les émotions. La joie, la tristesse, la confusion, le dépit. La perte de mon amie y était pour beaucoup, c'était comme si quelqu'un m'avait mit une belle gifle, comme si tout à coup je devais tout remettre en question. Parce que si je devais mourir demain aussi brutalement que Lullaby, est-ce qu'il y a des choses que je regretterais ? Ne pas dire à Felix mon envie de l'embrasser à nouveau en ferait certainement parti. C'était pour cette raison que je lui avais avoué. Nos regards se croisaient et sa main sur ma taille m'invitait à me rapprocher de lui. Je sentais son souffle venir s'écraser sur mes lèvres, sa main tendrement posé sur ma joue. Je ne réfléchissais plus, je me laissais faire, prolongeant chaque geste, désirant tout à coup que le temps s'arrête. Mais les bonnes choses ont une fin et nos lèvres se séparent. Passant mes mains dans sa nuque, je ne pouvais m'empêcher de le regarder droit dans les yeux. C'est encore meilleur que dans mes souvenirs, avouais-je avant de les retrouver une seconde fois dans un baiser plus bref, mais plus passionné.

Je me blottissais dans ses bras. C'était doux, c'était tendre. Ça ne ressemblait en rien à tout ce que j'avais pu connaître. La violence, la destruction. Non. Felix ne ressemblait à aucun des hommes que j'avais pu fréquenter. Il était simple, tendre, sans prises de têtes. J'entourais son visage de mes mains et après notre second baiser, je le regardais. Je l'écoutais aussi. Ce que nous allions faire ? Je n'avais pas de réponse directe à cette question. Je caressais sa joue d'une main, la naissance de ses cheveux de l'autre. Je soupirais. Je savais que je ne pourrais pas faire durer cette situation éternellement. Tôt ou tard, il faudrait que je l'avoue à Hahdrim. J'avais toujours été honnête mais je n'avais jamais eu besoin de me cacher. "J'en sais rien." avouais-je dans un premier temps. "Je vais tout lui dire. J'ai toujours été honnête." Je n'allais pas commencer à faire des cachotteries maintenant. "Mais là tout de suite, j'ai pas envie de penser à demain. J'ai envie que. . que tu restes avec moi, ce soir." Avant de continuer, je devais tout de même lui poser une question. "Et toi, qu'est-ce que tu veux Felix ?"

Si c'était une bonne idée ? T'avais un doute là-dessus tout de même. Felix avait peut-être raison, il allait fortement t'en vouloir, peut-être même te menacer de te faire du mal, mais tu refusais de devoir avoir des secrets. Les seuls secret que tu gardes en toi sont ceux qui concernent le passé. "On verra bien... Il est hors de question que je cache ça." Savoir que Felix acceptait de rester avec toi te réjouissait. T'avais pas envie de le laisser partir, en tout cas pas maintenant. Parce que tôt ou tard, il le faudrait. Tu le laisses t'embrasser à nouveau lorsqu'il te confit avoir envie de ça, sa main sur ta cuisse te fait frissonner, et au moment où vos lèvres se séparent tu gardes ton front collé au sien. "C'est qu'en plus, monsieur est sensuel quand il veut..." Il venait de provoquer en toi, un millier d'envies, de désirs alors bien sûr quand il t'avoue vouloir prendre sa revanche à mario kart, t'exploses de rire. "Bah tu vois là tout de suite c'est pas vraiment ce que j'avais en tête..." Tu attrapes les manettes posées sur la table basse et lui tends la sienne. "Mais si t'insistes pour te faire encore niquer, pas de soucis !"

Tu dois l'avouer, tu avais joué sur les mots, parce que t'étais comme ça, pleine d'insinuations, pleine de provocations. Alors même si le mot 'niquer' n'était pas le plus élégant, tu étais ravie de voir que ça avait bien siffler dans les oreilles de Felix qui était en train de rigoler. D'ailleurs, tu le vois dans son regard, dans ses expressions, il n'a plus très envie de jouer aux jeux vidéos. Sa main toujours posée sur ta cuisse est un signe qui ne trompe pas et toi, tu continues de te mordre la lèvre inférieure. Il prend sa gueule et son air d'ange et toi ça te fait sourire quand il te demande ce que tu avais en tête en sentant sa main remonter légèrement. Tu reposes ta manette sur la table basse et tu le pousses légèrement en arrière pour qu'il s'adosse au canapé. Sans un mot, tu t'installes à califourchon sur lui, posant tes mains de part et d'autre de son visage, et tu captures à nouveau ses lèvres. Puis tu glisses tes mains son haut et tu lui murmures à l'oreille. Plus un truc où déjà, tu n'aurais pas besoin de ça...

Tu sens dans le ton de sa voix comme un air de défi et tu ne peux pas t'empêcher de te torturer la lèvre inférieure avec un petit sourire en coin. Tes mains toujours au chaud sous son tee-shirt lui arrachent d'un geste vif alors qu'il te donne un coup de main en levant les bras. Très vite, c'est le tien qui disparaît aussi. Tu passes ses mains dans ses cheveux, prenant le temps de le regarder quelques instants. Felix a ce petit truc qui te fait craquer, son style, son caractère, son corps, ses lèvres, tout te fait craquer. Alors tu ne résistes plus, tu l'embrasses à nouveau, caressant son torse alors que lui s'attarde sur tes seins. Tu pouvais sentir la chaleur grimper d'un niveau dans le bas de ton ventre et tu continuais de frotter ton bassin au sien. Tu t'écartais de lui pour te débarrasser de ton soutien gorge et pour ainsi lui laisser le champ libre. Après ça, tu glissais tes doigts sur son bas ventre, le sentant frissonner sous ce contact. T'enlevais sa ceinture, tirant dessus pour t'en débarrasser et la jeter au sol. Tu galérais et ça te faisait rire, tes lèvres contre les siennes. Contre lui comme ça, tu profitais de chaque caresses, de chaque contact, tu te sentais vivre...