l’allemagne, ça te fait un bien fou, étrangement. pas après tout ce que t’as vécu ici, tout ce que t’as vu et tout ce que t’as fait, pourtant, y a qu’ici que tu te sens bien. tu te sens comme chez toi. ca te surprend ouais, plus jeune t’as toujours tout fait pour t’éloigner de ce pays et t’as embrassé l’europe de l’est. t’avais faim d’aventures, t’avais faim de découvertes et dès que t’en as eu l’occasion, tu t’es cassé. sans dire un mot. de toute façon, t’avais personne pour te pleurer, t’as jamais eu quelqu’un dans le genre et ça ne te dérange pas plus que cela. a quoi bon. a quoi bon perdre du temps à verser des larmes pour le néant. tu te dis que toi tu seras plus là pour en profiter, perdu dans la non-existence, il y a rien ou presque qui te retient ici. et ça te va, t’es pas sentimental et t’as pas peur de la mort ; après tout, quand on meurt, on meurt, point.
tu regardes autour de toi, plutôt sian en fait. elle est fascinée par ce qu’elle voit, parce qu’il y a autour d’elle et tu te demandes bien pourquoi. l’histoire n’a jamais été ta tasse de thé et tu ne comprends pas l’intérêt que l’on peut porter à des ruines, certes faisant partie intégrante de l’histoire du pays mais puisqu’elle a insisté, tu n’as pas eu d’autre choix que de t’y plier. elle sait se montrer très persuasive quand elle s’y met et dans ces moments là, tu n’es qu’un pauvre homme qui remue la queue à la moindre de ses demandes. tu aurais bien envie de te moquer de toi-même, cette relation commence à prendre une certaine importance dans ta vie et ça ne te plait pas. tu aimes ce que tu vois ?

ce n'était qu'un projet, tu rêvais de voyager, de découvrir le monde. tu en avais eu l'occasion à une époque, mais San Francisco est arrivé sur ta route et tu n'as pas pu te résoudre à quitter cette ville. jusque là. l'allemange, berlin, l'europe. ça te semblait si . . inaccessible. et pourtant, t'es là, marchant dans les rues d'une ville si inconnue, si lointaine. tes yeux sont fascinés par ce qui t'entoure. les bâtiments, les habitants, t'as l'impression d'être une enfant émerveillée devant un comptoir rempli de bonbons, même si gamine tu n'as jamais connu l'émerveillement. sous tes airs de blondasse insensible, tu es absorbée par l'histoire de ce pays. les ruines en témoignent.. tout ce vieux mélangé à cette modernité. tu as les yeux qui brillent. tu aimes ce que tu vois ? demande-t-il. tu as presque un sourire moqueur aux lèvres. aimer n'est qu'un faible mot. tu le regardes, lui et cette barbe imposante. je suis fascinée. par tout ça, par toi, voulais-tu ajouter. tu secoues la tête pour chasser ces idées. et toi, ça te fait quoi de revenir ici ? est-ce que . . ça te manquait ? tu n'as décidément pas de tact, sian. Toi qui croit naïvement que les gens ont toujours envie de parler de ce qu'ils ressentent.