Première fois de ma vie que je voulais défoncer un mur avec mon pauvre poing. Ok, j'avais des muscles, mais j'avais vu trop grand. Trop énervé, trop blessé, trop tout. Ca m'avait pris dans les tripes et j'avais cogné. Une, deux... ok, trois fois. Je voulais vraiment y aller. Résultat : le mur avec limite aucune fissure et moi j'avais un plâtre. Adieu mon beau boulot de tatoueur pendant plusieurs semaines et bonjour la vie vu d'un droitier qui doit se comporter comme un gaucher maintenant. Franchement c'était pas simple. C'était même chiant. Relou. Ok, j'étais toujours avec Gaïa. Je l'aimais toujours comme un taré. Mais je savais tout maintenant. Enfin, la vérité m'avait éclatée à la figure. Je m'étais toujours doutée qu'elle tenait encore à Svetlana... mais à ce point, non. Elle voulait être avec moi néanmoins, et c'était ça qui m'avait calmé. Qui m'avait fait comprendre qu'elle me choisissait moi à la blonde. Alors qu'est-ce que je pouvais faire. C'était Gaïa. C'était cette brune aux grands yeux bleus dont je ne pouvais plus me passer. C'était ma faiblesse. Sans aucun doute.

On toqua à la porte, alors que j'essayais lamentablement de me raser... de la main gauche. C'était un putain de sketch. Sérieux, c'était à filmer. Mon bras droit dans le bandage, je pouvais à peine me raser l'autre côté. Et je maudissais ce putain de rasoir. Sauf que là, à moitié rasé, et encore tout plein de mousse, je devais aller ouvrir la porte. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Me regardant une dernière fois dans le miroir, je soupire puis je sors de la salle de bain pour aller jusqu'au hall d'entrée. Toujours de ma main gauche, je tourne la poignée, pour découvrir Miss Rara en chef derrière. T'as pas intérêt à rire. Je la préviens avant de me rabattre un peu pour la laisser passer. Je ferme la porte derrière elle avant de me retourner, ouvrant grand mon bras gauche (et mon bras droit au maximum), fixant Sierra avec un sourire tout plein rempli de mousse à raser, J'suis sûr que tu veux me faire la bise là ! Je dis en m'approchant d'elle.

J'aime la faire chier. C'est mon jeu préféré avec les gens que j'aime. Et j'y réussis toujours à merveille avec la petite Sierra. Rien qu'à voir sa tête quand je m'avance vers elle, tout sourire, je jubile. Casse-toi ! Genre ça va m'arrêter. Je continue d'avancer, terminant par coller ma joue sur la sienne, bougeant ma tête pour lui en foutre un peu partout. Je suis partageur c'est tout. Elle est mignonne à essayer de me dégager avec ses petits petits muscles. Elle me ferait presque des chatouilles à force. Mais t'es trop nul. Je lui montre toujours mon beau sourire. Sérieux, je dois ressembler à un pauvre con comme ça, mais j'en ai rien à foutre. Elle me tend son sac en plastique, je l'attrape, et j'y plonge ma main en y ressortant un nounours habillé en infirmière. Ce qui m'arrache un rire. Je vais dormir avec lui toutes les nuits à partir de maintenant ! Je dis, tout content, avant de passer ma main dans les cheveux de Rara pour la remercier. Bon, elle est où ta salle de bain ? Que je me nettoie et que je te rase. Je coince le nounours entre mon jogging et mon boxer, histoire de le faire tenir comme une maman kangourou avec son bébé, puis je passe mon bras droit autour de la rousse, l'amenant à la salle de bain. Voilà chef Rara. J'espère que tu sais raser, sinon gare à tes fesses. Je lui dis, avant de lui ouvrir l'eau et lui lancer une serviette pour qu'elle puisse se sécher.

Je sais pas trop dans quoi je m'embarque mais bon. J'lui fais confiance on va dire. J'suis bien obligé, je vais pas rester rasé que d'un côté et en plus trop mal fait. Je la regarde s'essuyer toute la mousse à raser que je lui ai foutu un peu partout... ça me fait rire. La pauvre quand même. Pfff mes cheveux collent. Je ris. Encore. Puis j'hausse les épaules. Si elle veut prendre une douche, elle est libre de le faire ! Puis c'est là qu'elle devient sérieuse. Elle monte sur le lavabo et je ne rigole plus. Genre pas du tout, du tout. C'est la première fois que je vais raser un mec, je suis émue. Je fais la grimace. J'espère que Dieu est avec moi alors... Je dis d'un air las, en joignant mes mains pour faire semblant de prier. Je la vois prendre le rasoir, elle m'attrape le menton d'un air décidé. Bon... ça peut pas être pire que moi. Je ferme les yeux, je veux même pas voir le massacre. Puis je sens les lames sur ma peau. Je la laisse faire quelques secondes. J'suis pas une tête à coiffer, ou à raser hein. Ne tente pas d'expériences cheloues sur moi. Je dis en ouvrant un oeil pour l'observer d'un air qui se veut sérieux.