J’observai William et Elijah, un regard attendri par les retrouvailles entre le père et le fils. William, le plus souvent sur la retenue, du moins, je le qualifiais ainsi, ne pouvait réellement dissimuler la joie qu’il éprouvait en compagnie de sa progéniture. Et moi non plus, mon sourire en était la preuve. Désireuse de leur laisser une certaine intimité, je m’étais éclipsée dans la cuisine pour faire du café, plus pour moi que pour mon invité et me permis de souffler un peu. Comment diable allais-je pouvoir procéder ? Y aller de but en blanc ? Je n’avais le courage nécessaire pour cela, il aurait fallu que je descende plusieurs verres de Whisky auparavant, ainsi si j’aurais pu lui dire tout et n’importe quoi…surtout n’importe quoi, ce qui n’était pas franchement une bonne idée. Je m’emparai d’une capsule que je mis dans la machine avant d’aller à la recherche de deux tasses. Frankie avait raison, cette situation avait plus que durée, une année à se chercher, plus ou moins, il était temps d’éclaircir les choses, d’autant plus que je m’en retrouvais hautement perturbée. Je n’aimais pas cette sensation de ne rien contrôler, de passer à quelque chose d’important. J’avais longuement repoussé cette discussion, préférant de loin faire l’autruche plutôt que d’ouvrir les yeux sur l’évidence…quoiqu’encore aujourd’hui, je ne fusse pas certaine d’y être parvenue. Pourtant, il le faudra. Il fallait clarifier la situation, ce que nous étions l’un pour l’autre, où nous allions et ce que nous attentions respectivement de l’autre. A bien y penser, Frankie avait eu raison de qualifier notre relation de bizarre, ce qui ne m’avait pas frappé jusqu’ici, mais il était difficile de savoir si nous étions ensembles ou pas du tout, si sentiments il y avait, surtout côté Weinmeister dont les pensées m’étaient toujours obscures. Enfin, disons plutôt que je ne tenais pas spécialement à me mettre à attendre quelque chose qui n’arriverait sûrement jamais. Je poussai à nouveau un soupir. Comment allais-je faire ça ? Je remplis les deux et retournai au salon, auprès d’un William n’ayant de yeux pour Elijah, nul doute qu’il n’avait pas remarqué mon effort vestimentaire du jour, j’avais troqué mes sempiternels jeans et gros sweat pour une petite robe décontractée jaune à fines bretelles ceinturée au niveau de la taille par une petite ceinture marron. Je vous l’accorde volontiers, l’on fait sûrement mieux dans le genre, mais pour une mordue de pantalons, c’était une révolution. « Tiens » Je posai sa tasse devant lui avant de prendre la mienne que je remuai pensivement, cherchant toujours la meilleure façon d’amorcer cette conversation. « William… » Murmurai-je, doucement, en quête de mes mots « On en est où ? » Demandai-je sans plus de cérémonie, Lera et le tact, une longue histoire. « Je veux dire, toi et moi… »