What do you want from me ?

L'eau froide coulée le long de mon corps en sueur. J'avais chaud, trop chaud. Je revenais tout juste d'un jogging de plus d'une heure, comme je le faisais tous les matins. Il était à peine six heure et demi. J'avais encore fait un de ces cauchemars, et je n'avais pas pu me rendormir après, pour changer. J'aimerais que ça cesse, vraiment. Tout ces mauvais rêves m'épuisent au plus haut point. Malgré tout, j'ai récupéré, et j'ai repris du poids depuis ma sortie. J'ai un peu moins l'air d'un mort-vivant. Au bout de dix bonnes minutes, je coupai les robinets avant d'attraper ma serviette qui se trouver sur le lavabo. La salle de bain n'est pas bien grande, comme le reste de l'appartement. Mais c'est tout ce que j'ai trouvé en sortant de prison. Les locataires sont peu conciliants avec les anciens détenus. Ce n'est qu'un petit appartement délabré, dans un immeuble qui n'inspire pas confiance qui se trouve dans un quartier chaud, mais j'espère que ça ne restera que provisoire. Je pris soin de ne pas glisser sur le carrelage en sortant de la douche, puis je sortis dans la salle d'eau pour me diriger vers ma chambre. Je choisis l'un de mes seuls jeans qui n'était pas troué et délavé ainsi qu'un simple tee-shirt bleu uni. Une fois fait, du café tout chaud m'attendait sagement dans la cafetière. J'allais m'en servir une tasse que j'accompagnais d'une part de gâteau que ma voisine m'avait apporté la veille. C'est une gentille petite vielle qui n'avait rien à voir avec les autres voisins. Tout les deux, on se serre les coudes. Les autres voisins ne sont, soit jamais là, soit ils font du bruit à des heures qui n'ont pas de noms, soit ils sont vraiment pas nets. Nous devons être les plus normaux avec Madame Sterling. Elle est adorable, et toujours aux petits soins avec moi. Bien entendu, je l'aide dès que j'en ai l'occasion.

Je pris mon temps pour prendre mon petit déjeuner. Une fois fait, je déposai ma tasse dans l'évier, et j'allais me poser dans ce qui me sert de canapé. Je n'ai pas la télévision, je n'ai pas les moyens de m'en acheter une. Alors je lis parfois, ou j'écoute de la musique. J'ai réussi à récupérer un téléphone portable pour trois fois rien – je n'aurais pas eu les moyens sinon – qui me sert de portable, de fixe et de mp4. Tous mes anciens cds ont été transféré dessus. Je ne peux passer un jour sans écouter de la musique, c'est juste une torture pour moi. Je mis donc mes écouteurs, et lançai le disque d'un de mes groupes préférés. Je ne sais par quel miracle, mais je réussis à m'endormir. Ainsi, je me réveillai deux heures plus tard dans une position qui était des plus inconfortables. Malgré tout, j'étais content d'avoir pu dormir deux heures sans faire le moindre cauchemar. J'éteignis ma musique et me levai rapidement. Il fallait que j'aille acheter quelques provisions. Le strict nécessaire, je ne peux me permettre de plus. Je bus rapidement une deuxième tasse de café avant d'attraper mes clés. Je dévalai les escaliers et me retrouver dans le hall. Je jetai un coup d’œil à ma boite aux lettres – il n'y avait rien. Je poussai les portes vitrées et me retrouver à l'extérieur. Malgré l'heure matinale, la chaleur était déjà écrasante. Je rejoignis mon vélo qui était attaché à un poteau. Je n'ai pas les moyens d'avoir une voiture, donc le vélo reste le moins cher. De plus, le supermarché ne se trouvait pas très loin.

Environ trente minutes plus tard, j'attachais mon vélo sur les parcs conçu pour cela. Une fois attaché, je rentrai à l'intérieur du magasin. La température baissa d'un coup. J'attrapai un panier qui se trouvait à côté des caisses, et me lança à la recherche des quelques courses qui m'étaient nécessaires. Je pris un paquet de pâte, du café, du pain et quelques autres bricoles. J'arrivai alors au rayon fruits et légumes. Je voulais voir si ils avaient quelque chose dans mes moyens, même si j'en doutais. « Silas Arkin ? ». Je ne rêvais pas, on m'avait appelé ? Je me retournai vivement et aperçu alors une jeune femme blonde. Je ne voyais pas comment elle pouvait me connaître puisque son visage ne me disait rien. Je hochai la tête en guise de salutation. Elle arriva à ma hauteur et me dit alors qu'elle ignorait que j'avais été libéré et que c'était une bonne surprise. Je restai muet devant cette inconnue. Elle s'excusa alors en disant que je devais la prendre pour une dingue. Elle se présenta comme une journaliste qui avait couvert mon procès deux ans auparavant. J'aurais dû m'en douter. Je soupirais doucement. Ce n'était pas la première. Il vienne, s'étonne, et mine de rien ils font leur interview. « Ecoutez, je n'ai pas le temps de répondre à vos questions. A vrai dire, j'en ai pas surtout pas envie. J'ai déjà assez croisé vos collègues dernièrement, je pense que vous en savez déjà assez. » dis-je doucement. Je n'ai pas pour habitude de dire ce genre de choses, mais c'était la goutte qui faisait déborder le vase. Elle n'avait pas l'air méchante certes, mais je voulais juste terminer mes courses et rentrer. « Je suis désolé. ». Mon regard fuya le sien, et se remit en quête d'un fruit qui ne me ruinerait pas.

What do you want from me ?

Je remarquai mes propos semblaient avoir touchés la jeune femme. Elle semblait un peu perdue à présent. Je préférais ainsi fuir regard en inspectant le prix des oranges. Je sais pertinemment que tout le monde ne me veut pas du mal, pourtant, je reste sans cesse sur mes gardes. Elle ne semblait pas bien méchante, pourtant dès qu'elle avait prononcé le mot « journaliste », je n'avais pu m'empêcher d'avoir des à priori. J'en ai tellement vu défiler. Des plus ou moins sympas, certains semblaient même avoir une pierre à la place du cœur. Je ne sais pas comment ils font pour couvrir des événements sans être touchés et ensuite dire des atrocités sur tout et n'importe quoi. L'affaire Arkin, avait été une affaire en or pour tout ces vautours. J'en avais vu des tonnes devant le tribunal, certains avaient demandé même des entretiens au parloir une fois que j'avais été emprisonné. A ma sortie, il y en avait pas mal, mais moins que la première fois. Comme si ils avaient honte de m'avoir mal jugé. Maintenant, j'ai bien du mal à regarder les informations à la télévision ou à lire le journal en sachant le mal que peuvent faire les gens qui sont à l'origine de ces histoires. En même temps, vue la mine dépitée de la jeune femme, je m'en voulais un peu.

Je m'écartais quelque peu, feignant un intérêt quelconque pour les bacs de fruits et de légumes bien au dessus de mes moyens. Mais je sentis soudain que la jeune femme me suivait. Elle n'avait pas l'air méchante, certes, mais très obstinée par contre. Je jetai un regard derrière mon épaule en la voyant me suivre à chaque pas que je faisais. Elle reprit soudainement la parole, m'obligeant de fait à me lui faire face. Elle me dit alors qu'elle n'était pas journaliste, qu'elle prenait juste des photos. Elle semblait s'embrouiller, et j'avoue que j'avais du mal à la suivre. Elle continua en disant qu'à l'époque de mon procès, elle croyait en mon innocence, malgré les preuves, et le seul témoin. Elle ajouta que ses collègues disaient d'elle qu'elle était bien trop naïve et jeune pour juger si j'avais commis ce crime ou non. Elle termina en disant que si j'étais dehors, c'est qu'ils avaient dû réaliser que j'étais innocent et que c'était fantastique. Elle s'excusa enfin car elle jugeait qu'elle parlait de trop. Contrairement à moi, c'est sûr qu'elle parlait beaucoup. Avant, j'étais au moins aussi bavard qu'elle, mais depuis la prison, je ne parle plus autant. C'est triste, je regrette beaucoup l'ancien moi. Parfois, j'essaye d'être celui que j'étais avant, mais pour le moment, c'est encore trop dur. J'étais quelqu'un de très souriant, très joyeux, un brin fou, presque l'opposé de ce que je suis aujourd'hui. Mon regard se plongea dans celui de la blonde. Elle semblait sincère. « Ca fait plaisir de savoir que certaines personnes croit en mon innocence. J'aurais aimé que certains le voient eux aussi. » dis-je en baissant le regard. « Je suis désolé si je vous ai blessé. » je l'avais mal jugé, ce n'était pas l'une de ces journalistes avides d'informations. Je tendais la main vers elle « On va peut-être refaire les présentations : Silas Arkin, enchanté. » dis-je en tentant d'esquisser un bref sourire – ce qui ne fût pas un franc succès.