Jeudi, 19h37
Après une journée plus que chargée au travail, Kahina venait tout juste de franchir le seuil de sa porte. Son appartement – un luxueux 4½ à Sunset District – n’était que très peu présentable. Elle avait passé pratiquement toute la semaine au bureau avec tous les contrats qui émergeaient de partout. Elle ne s’en plaignait pas – en fait c’était tout le contraire – elle était très heureuse d’être occupée car elle pouvait se changer les idées. Bref, elle venait tout juste d’entrer chez elle et n’avait pas encore dîné. Par ailleurs, Domenico passait la voir vers vingt heures, ce qui était dans moins de trente minutes. La jeune femme retira ses talons, posa son sac à main par terre et ramassa les vêtements qui traînaient un peu partout. Le matin, elle avait énormément de difficulté à choisir quel ensemble porter et finissait toujours par ne pas ranger ceux qu’elle avait essayé, par manque de temps. Kahina n’avait par contre pas le temps de tout mettre sur un support adéquat dans son walk-in alors elle ne fit que les jeter à l’intérieur, puis fermer la porte. De cette façon, c’était caché et donc non encombrant. Il lui faudrait par contre les ranger plus tard. La blondinette alla par la suite dans la salle de bain pour retirer ses verres de contact qui commençaient à la faire souffrir. Elle enfila donc ses lunettes de vue Prada qu’elle ne porte que le soir, chez elle. Il était désormais dix-neuf heures quatre-neuf. Il lui restait dix minutes pour manger et ranger ses papiers qui traînaient un peu partout – dans le salon, dans la cuisine, même dans la salle de bain – avant que Domenico n’arrive. Elle décida de ne pas se compliquer la vie pour le dîner. Elle prit un yaourt avec des céréales. Ce qu’elle prend pour déjeuner habituellement. Elle mangea le plus rapidement possible sa petite portion et alla se brosser les dents. Vingt heures moins deux. Kahina était toujours vêtue de sa jupe assortie avec le tailleur, ainsi que de la chemise qu’elle avait porté aujourd’hui. Mais elle n’avait pas le temps de s’habiller plus confortablement, alors elle resterait comme ça. De toute façon, Domenico l’avait vu maintes fois habillée très proprement. La jeune femme commença à ranger les papiers qui traînaient, en prenant bien soin de lire les entêtes de chaque page pour être certaine de ne pas les mélanger. Ces papiers constituaient, pour la plupart, des rapports confidentiels de fiscalité de grandes compagnies. La jeune femme devait donc être la seule personne qui puisse les regarder. Par ailleurs, ces papiers étaient très importants pour ses contrats, ils constituaient la majeure partie de son travail. Elle les empila un par-dessus l’autre, tout en prenant bien soin de ne pas les mélanger. Puis ça sonna à la porte. C’était certainement Domenico.

Kahina alla ouvrir et, sans grande surprise, c’était le jeune homme. Elle s’éloigna de la porte pour le laisser entrer car son portique était très étroit. La blondinette ramassa au passage son sac à main qu’elle avait laissé traîner et qui encombrait réellement son entrée. Elle se dirigea vers la première pièce, qui était la cuisine et qui donnait aussi sur le salon. Deux petites secondes, je reviens. Kahina se dirigea vers le couloir et entra dans sa chambre, elle y laissa tomber son sac à main et revins ensuite vers la cuisine où elle vue ses papiers traîner encore sur le comptoir. Elle les prit et retourna rapidement vers son bureau pour y déposer les fameux papiers à côté de son ordinateur puis revint de nouveau dans la cuisine où Domenico était. Elle lui esquissa un sourire. Désolé, je t’avais avisé que c’était un peu le bordel. J’aurais ramassé un peu plus mais je viens à peine d’arriver. Comment vas-tu ? Elle s’asseya sur un banc qui était au comptoir lunch.

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L’emploi du temps de Kahina avait été, ces derniers temps, très demandant. La blondinette ne savait plus où mettre la tête. Elle adorait son métier par contre. Après tout, avocate était ce qu’elle avait toujours souhaité faire, bien qu’elle adore aussi le sport. La blondinette a toujours aimé défendre des causes pratiquement perdues ou alors tenter d’aider du plus possible les gens. Par contre, à ces débuts en droit général, elle s’était vite rendu compte qu’elle ne se voyait pas régler des cas de divorces tout le temps. Alors elle avait décidé de faire une maîtrise en droit fiscal international. Chose qu’elle s’est vite mise à adorer. Kahina aimait s’occuper de gros contrats entre compagnies multinationales un peu partout à travers la planète. C’était un boulot très gratifiant, de pouvoir jouer un rôle si important. Par contre, ça avait aussi ses inconvénients. La blondinette n’était que très rarement à la maison. Habituellement, elle était en voyage d’affaires un peu partout à travers le monde. Les contrats fusaient de partout. Mais depuis environ deux mois, elle avait avisé son employeur qu’elle souhaitait avoir des contrats aux États-Unis durant un certain temps – quatre à cinq mois – pour lui donner le temps d’être chez elle, un temps soit peu. Hors, les contrats fusaient tout autant. Au moins, elle pouvait revenir chez elle. Aujourd’hui, elle avait quitté le boulot à dix-neuf heures alors qu’elle était arrivée là à sept heures du matin. Ça avait été une très grosse journée, remplie de paperasse de tout genre et de téléphones ainsi que de conférences merdiques. D’ailleurs, c’était comme ça depuis trois semaines déjà. Autant dire qu’elle arrivait chez elle, se douchait et se couchait. Hors, ce soir Domenico venait. Elle ne savait refuser la venue de son meilleur ami. Il avait toujours été très important pour elle et malgré certaines déchirures passées, il avait toujours une grande place dans son cœur. La blondinette avait donc acceptée sa venue sur le champ. Le lendemain, elle serait fatiguée au boulot mais elle avait bien droit d’avoir une vie sociale de temps à autres.

Le jeune homme était arrivé à l’heure, ponctuel, comme à son habitude. Elle aimait ça de lui. Il avait toujours été très ponctuel et elle, étant super organisée, elle adorait la ponctualité. Elle se sentie par contre mal à l’aise de n’avoir pas sue l’accueillir comme à son habitude mais elle devait terminer de ranger quelques trucs. Il comprenait, comme toujours. Puis, une fois ses papiers et son sac à main rangé, elle put enfin s’asseoir. C’est parce que tu n’as pas vu mon bureau ! Elle rigola. Il était vrai que son bureau était un vrai fouillis depuis quelques temps. Elle avait peine à s’y retrouver. Fatiguée aussi, avec tous les contrats que j’ai ! Tu es la première personne que je vois depuis deux semaines au moins ! Elle n’avait – comme dit plus haut – que très peu de temps pour une vie sociale ces dernières semaines. Bien que très heureuse d’être aussi réputée dans son métier et de pouvoir être dans sa ville – San Francisco – elle aimerait bien avoir un peu plus de temps pour elle ainsi que pour une vie sociale. Après tout, Kahina est humaine et a toujours aimé le contact humain alors ça lui manquait, évidemment. Certes, elle avait eue le temps de parler au téléphone avec Robbyn et Emma, mais c’était différent. Elle n’avait jamais réellement considéré le téléphone comme étant un réel contact humain. La blondinette se releva et se dirigea vers son frigidaire. Tu veux quelque chose à boire ? À manger ? Pour sa part, elle sortie un verre de l’une des armoires et y versa de l’eau fraîche avant d’en boire une gorgée.

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Kahina avait toujours eue tendance à trop travailler pour oublier des mauvais souvenirs ou alors passer le temps lorsqu’elle n’avait strictement rien à faire. De plus, elle ne savait pas refuser un contrat qui lui tenait à cœur, alors elle se ramassait toujours avec du travail à faire à la maison. Mais le droit était sa vie, comme elle aimait si bien le dire. Elle avait toujours espéré que sa vie tournerait autour du droit fiscal, et c’était le cas, même si parfois elle exerçait le droit civil pour venir en aide à des personnes lui étant chères. Bref, depuis le mois de mars, Kahina s’arrangeait pour se tuer au travail. Elle travaillait pour ainsi dire tout le temps. Pas un seul moment de relaxation. Quand elle dormait, elle faisait des cauchemars sur la nuit du quatre mars dernier. Alors elle prenait des somnifères avant chaque nuit pour s’endormir paisiblement et ne rien se rappeler. En travaillant autant le jour, elle n’avait pas le temps d’y songer et alors, lorsqu’elle arrivait chez elle, elle se dépêchait de prendre ses somnifères et d’aller dormir. Son médecin s’inquiétait de la situation, et Robbyn aussi. Le médecin se demandait d’où venait cette insomnie persistante, alors que Robbyn savait mais se demander comment elle pouvait prendre autant de cachets pour dormir sans en souffrir. À vrai dire, Kahina avait toujours détesté les médicaments mais depuis son viol, elle se sentait incapable de ressentir une quelconque douleur. Alors elle prenait ces médicaments. Oui, c’était légal, mais son médecin commence à s’inquiéter. Et à vrai dire, elle aussi… Personne d’autre que Robbyn n’était au courant de ce que Murderer lui avait fait subir. Personne. Ça peut aussi expliquer le pourquoi la blondinette est encore plus proche de Robbyn qu’avant. À chaque fois qu’elle repense à ce qui lui est arrivé en mars dernier, elle l’appelle et il décroche. Ils parlent pendant des heures durant, jusqu’à ce que Kahina réussisse à s’endormir au bout de la ligne. Parfois, la blondinette se demande si elle ne devrait pas aller rencontrer un psychologue pour tenter de soigner son traumatisme, mais c’est toujours au moment d’entrer dans le bureau qu’elle renonce et repart, bredouille, sans avoir ne serait-ce qu’essayé. Et Domenico n’était pas au courant de tout cela et elle ne souhaitait pas le mêler à tous ces évènements la hantant désormais. Avant son arrivée, elle avait pris le soin de cacher ses médicaments antidépresseurs et pour le sommeil au fond de sa pharmacie, évitant ainsi tout questionnement qu’il pourrait avoir en les voyant. Elle était par contre bien heureuse de sa visite ce soir. De un, elle ne serait pas seule. De deux, elle aimait bien lui parler. Il la connaissait si bien, depuis leur tendre enfance. Il avait connu les endroits magiques d’Hawaii et l’avait côtoyé – certes peu mais tout de même – lorsque la jeune femme vivait le décès de sa mère. Domenico et Kahina avaient toujours été inséparables, jusqu’au départ de la jeune femme. Départ qui les sépara. Mais le ciel fait bien les choses, et ils se retrouvèrent. Ava, la défunte mère de Kahina, avait toujours dit à la blondinette que Domenico était comme son ange gardien sur terre. Peut-être avait-elle raison. Elle aimait bien le croire, croire qu’il ne la laisserait jamais tomber. Elle regarda le jeune homme, lâchant ses pensées, et lui souria. Je te fais ça ! Elle se retourna vers sa cafetière et y mit des grains de café dans un filtre. Elle mit aussi de l’eau pour l’équivalent de deux tasses. Elle prendra un café elle aussi. Elle partit le tout. Dix minutes et ce serait prêt. Mais c’est tellement bon du café ! Alors ce désagrément en vaut la peine ! Elle se tourna de nouveau vers lui et se rendit pour s’asseoir dans l’autre canapé de son salon, faisant ainsi pratiquement face au jeune homme. Alors, comment vas-tu depuis le temps ? Leur dernière rencontre remontait tout de même à leur café prit chez Starbucks un midi il y avait environ un mois de cela.

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